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 [Quartier de Bunker Hill] Pill for the Ride [Rp Solo & Terminé]
MessageSujet: [Quartier de Bunker Hill] Pill for the Ride [Rp Solo & Terminé]   [Quartier de Bunker Hill] Pill for the Ride [Rp Solo & Terminé] Icon_minitimeMar 17 Mar 2015 - 22:55
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Invité -

Spoiler:

« The dirty game we keep playing
Let's take a walk to the other side
Let's take a long walk
And a pill for the ride »


Dit, murmura, hurle Saskia. Où se dissimulent les clochards une fois le jour levé ? Où se perdent les chemins des autre une fois tous les sentiers empruntés ? Où se cultive l'herbe une fois le dernier plant calciné ? Où vit Moscou une fois son visage révélé ? Où pleure Saint-Pétersbourg une fois ses rêves poignardés ? Pleure, geint, gémit Saskia. Sniffe, piqua, fume Saskia.

Juste la fumette pour rêver et son âme pour exister. Elle se gratte la tête, éberluée, sous le choc, ayant du mal à se souvenir de ce paysage. Tout est noir. Avec des touches de gris par ci par là. Des bâtiments qui se ressemblent. Des couvertures, des draps, des oreillers. Les êtres sont innombrables, son œil ne sait plus quoi fixer, la nuit s'est déjà emparée de ce lieu ainsi que de son esprit. La lune s'élève, belle, ronde, étincelante. Elle ne sait plus où elle est et cela l'importe peu. Du fond de l'inutile, elle salue son inexistante mort tranquille. Même pas mal, yeah ! Toujours vivante, yeah ! Merde, si quelqu’un pouvait lui expliquer ce tour de passe-passe, elle ne serait pas contre. Un prestidigitateur dissimulé derrière un mur? Entre deux lattes, c'était fort probable. Elle se leva, regarda derrière une porte mais rien si ce n'est le vide entre les mains. Pas de magicien pour lui raconter ce qui venait de lui arriver. Personne pour lui parler de l'overdose, ni de sa gueule bleuâtre ni de ce sang mêlé à l'air. Et plop. Saskia qu'a failli partir en fumée, Saskia qu'a failli se désagréger, Saskia que personne n'a su incliner sur le côté. Un nénuphar dans le cœur, non, dans la gueule, non.

Bref regard vers sa peau. Ces veines sombres sont-elles les siennes ? Ces lignes bleues disparues pour certaines, bouchées pour d'autres, lui appartiennent vraiment ? Dis, à quoi ça sert si ce n'est à conduire à bon port la cocaïne ? C'est bizarre de les revoir ici, de prendre à nouveau conscience de leur existence. Pour combien de temps ? À quand la prochaine dose ? Putain, rien que d'y penser, ça la démange, l'idiote ! Coup d’œil dans les environs. Non, ça ne se cache pas sous les matelas. Ce serait trop beau. Alors, on fait quoi maintenant ? On attend et on se dit que tout ça n'est rien qu'un beau rêve ? Quel le réveil sera cruel car un retour à la réalité, au taudis, à l’humidité, à la faim et à ce putain de manque ? Au vol, à l'illégalité, et à cette existence de merde ? C'est déjà comme ça. Dis, on fait quoi maintenant ? Dis, dis, dis, dis, dis.

Flap, flap, flap.

L'ange descendit de son piédestal, lorgnant sa proie depuis longtemps déjà. Leurs yeux se rencontrèrent. Gueule béante, corps en mouvement, crocs vers cette nuque offerte. Mains puissantes aux coques d'acier. Déchirement. Cris.
Saskia se relève, incapable d'agir, incapable de comprendre. Un ange ici. Ses ailes majestueuses dissimulent le Soleil. Elle tombe sur les fesses, incapable de réaliser ce qui lui arrive. L'heure n'est pas à la compréhension. Son briquet s'enfuit, Marie-Jeanne roule, la fille du coupeur de joints ne mérite pas même une ode. Tout juste une lamentation. Ses yeux écarquillés n'assimilent pas la figure qui lui fait face. Un conte paraît avoir pris vie sous ses yeux. Un conte dont le personnage principal aurait une paire d'ailes en guise d'attribut, l'auréole absente.
Saskia baisse les yeux. Elle n'essaye pas de comprendre. Elle n'a pas besoin de ça pour se sentir bien. L'adrénaline l'a quittée, le spleen s'est enfui, tous ces mots barbares lui ont faussé compagnie, ne reste plus que la mélancolie et le jeûne qui commence déjà à se faire sentir. La descente est dure. Elle a autre chose à foutre que de fixer un putain de corbac blanc bipède.

- Petite Saskien'ka a joué à la junkie, commença l'ange, la voici dans son ancien foyer. Dans le cortège des araignées grouillantes puantes. Dans le cortège des nuisibles de la société. Tu as failli mourir, petite Saskien'ka. Viens et respire ma vie. Tu m'as oubliée. N'aie crainte, petite Saskien'ka. Pas avec moi. Pas avec ton premier amour. Que tu as trompé avec la drogue, ton dernier si séduisant. Avec lequel tu as traîné dans les rues deux années durant, côtoyant les clochards célestes. Ou dans les commissariats où ils accumulent ton herbe divine. Je perçois son parfum de sueur. Des cris, petite Saskien'ka. Tu l'as finalement  autant aimée. Oh Kochka. Je te l'avais répété, c'est une salope. La sangsue aux lèvres mouillant tes sens.

Le langage prend son envol, l'ange est toujours là et scande toujours son nom ! PremierAmour ! PremierAmour ! PremierAmour ! Et Saskia, pauvre enfant perdue, croit rêver, pourtant elle est bien ailleurs et c'est bien un ange qui la regarde en répétant son nom. PremierAmour.
PremierAmour aux doigts de seringues, aux veines de serpents noirs, à la gueule bleue, à l'odeur de goudron et de pourriture, à la langue râpeuse, à la faim dévorante, aux yeux rougeâtres comme deux rubis, aux éclats de rire suffocants, à la verve hâbleuse, aux pupilles explosées, à la bouche sèche, aux tremblements incessants, à la respiration effrénée,  aux gestes lents et décalés.

PremierAmour écarte ses ailes, plus imposantes que jamais. Sa colère se lit sur son visage. Des chérubins l'entourent, tournent autour de ses plumes, les lui arrachent une à une pour les déposer en tas devant Saskia. Le blanc quitte peu à peu ce corps, ne reste plus qu'une chair tendre et rose, vive, écarlate.

- La voici décharnée ta véritable nature, la voici déplumée ta vérité. Une ultime parole, si tu souhaites y retourner, et ils te raccompagnent là-bas, Moloch, Moscou, la Mère. Veux-tu être mon enfant, petite Saskien'ka. M'aimes-tu. Voilà la bouche qui t'a baisée. (Un chérubin lui trace de grandes lèvres.) Elle se rappelle de ton corps, Saskia Kochka. Voilà les seins qui t'ont nourrie, petite Saskien'ka. (Le chérubin farde ses mamelons.) Ils n'ont pas oublié ta bouche ni ta salive. Voilà la peau qui a séché tes larmes. Voilà les bras qui t'ont bercée. Voilà les flancs qui t'ont laissé voir la lumière du jour lors de ta naissance qui assèche mes ailes. (Le chérubin lui peint une paire d'ailes blanches.) Remarques-tu les ailes blanches.  

Tournant la tête pour écouter ce nouveau discours qui ne lui est pas familier. Ah ah. Les chérubins qui l'entourent, font cercle autour d'elle. Le nom des Kochka résonne. Hymne impersonnel pour cette junkie aux dents blanches. PremierAmour fait taire cette tribune improvisée. Elle n'en a pas fini avec elle. Dernier coup de peinture en perspective.

- Petite Saskien'ka ne sait plus pleurer. Elle ne sait que hurler et sourire. (Les chérubins tracent des larmes sur ses joues.) Vois-tu. Sais-tu. Voilà le fleuve que tu n'as jamais versé, prenant sa source depuis ton sang saturé. La coke s'écoule par tes yeux. Sale. Veux-tu réapprendre à pleurer, enfant. C'est d'accord.

Elle – c’est Saskia – se blottit au sol. Elle ne se bouche pas encore les oreilles – pas encore car cela ne devrait plus tarder – mais souhaite dormir et faire taire les battements soudain de son cœurs, les frissons perdus de son corps. Oust, lyrisme ! Nouveau langage ne doit pas rimer avec pathétique – rime pauvre et inexistante. Saskia à terre, blessée par un nénuphar ? Une fleur de lotus ? Par-delà la mort ? Saskia, Saskia, Saskia ! N'avez-vous pas fini de l’exhorter à se lever ? Debout, junkie de malheur, camée misérable, clocharde céleste boiteuse ! Pour traîner la patte, encore faudrait-il qu'elle se remette à marcher ! Aucun effort. Pitoyable.

- Sais-tu comment on tue en Russie les nuisibles de la société. On les affame dans le froid. Et c'est ainsi que je veux récupérer, junkie Kochka, ce que ta salope la drogue m'a dérobé, ma possession. Ta leçon va commencer.

Oh PremierAmour, encore là ? PremierAmour, la Russie est plus loin. PremierAmour, cette âme est déjà prise. PremierAmour, c'est inutile.

- Avec mes dents, je veux extraire de tes oreilles la marque de mes éclats de rire, de mes sanglots, mes hurlements d'inquiétude. Avec l'acier de mon froid couper dans ta chair les couches de mes enfants. Ton haleine, qui empeste les poèmes des beatniks, la traduire dans la langue de la surconsommation qui est celle de Moscou. Je veux manger ton sexe et accoucher d'un loup qui dévorera le soleil dont la lumière ternit mes ailes traversées par les neiges éternelles.

PremierAmour est vexé. PremierAmour est trahi. Non, non, les traits de la trahison ne se dissimulent pas derrière cette figure féminine – les anges ne seront pas forcément asexués, ici, ange et femme vont de pair. Il est encore trop tôt pour lever le voile sur cette identité. Ses ongles sont plantés dans la chair de la Russe. Ses dents se perdent dans le palpitant de la mourante. Du rouge sur du blanc. Image psychédélique. Le blanc de la poudre se disperse, neige insaisissable, voletant et semant de nouveaux fruits. Herbe maudite en devenir. Cachets divins dans un futur proche. Le sang gicle, le corps est immobile. Poupée fragile, poupée brisée. Membres tordus. Descente, descente, descente.

PremierAmour n'en a pas fini avec Saskia. Son amante, sa princesse, son passé. La trahison lui a laissé un goût acide en bouche. Du bout des lèvres, elle baise cette bouche autrefois aimée, insufflant en Saskia un nouveau poison. Celui des regrets. Ses larmes sont ses armes. Son chant, son cri. La Russe ne réagit toujours pas. Son corps est décharné, méconnaissable bouillie infâme. Le pus lui sort par tous les orifices, des mouches arrivent, posant leurs gros culs sur ses yeux vitreux et percés, pondant dans ses cavités des œufs blancs, toujours plus blancs, sa chère couleur. Ses dents blanches ont viré au noir, sa peau craquelle sous la poigne de PremierAmour. Ô poupée désarticulée ! La souffrance n'aura pas suffi à la préserver de la vengeance ! L'ange de l'Histoire est venu reprendre son bien, car chaque chose a un prix, la trahison se doit d'être payée au prix fort. Souffrir une fois n'aura pas suffi. Descente, descente, descente. Les vers qui rongent les phalanges, les os qui transpercent la peau, le sang qui s'enfuit loin de la vie. La mort qui l'escorte, l'ange qui l'épie, le diable qui ricane. Le bédot qui roule au sol, ultime provocation, ultime lien du réel, fragile et cassable.

- Je vais te faire don de ce chat, petite Saskien'ka, afin que tu le lèches de ta salive toxique. Mais avant, je vais le faire brûler, afin que vos cendres se mélangent. M'aimes-tu, Kochka. Il ne faut pas laisser seule une mère.

Reine des morts, reine demain. Princesse des camés, princesse des squatteurs. Tant de titres de noblesse qui s'accumulent, qui s'ensuivent comme une belle brochette de scolopendre rougissante à souhait. Le brasier se calme, les ardeurs se taisent, la colère retombe. Comme un seul océan, tout recule, tout s'enfuit. Tout disparaît. Les plumes s'envolent, s'arrachent, distillant une dernière goutte de sang comme preuve de son existence. PremierAmour a cessé de hurler, Saskia n'a jamais cessé de se taire. Le mutisme s'installe, les médicaments défilent, le squat se dessine. Les insectes refluent, les mandragores s'enterrent, les paumés le sont toujours autant et les dingues n'ont pas fini de clamer que la folie n'a rien d'une maladie envieuse.  

Le cœur est recraché, replacé, débordant de vitalité. Les blessures refermées, cicatrisées, oubliées, invisibles. Les griffures dissimulées, disparues, jamais existées. Le fiel s'envole, expulsé par ce réseau de veines, circulation abondante mais entravée par quelques substances douteuses l'ayant amenée ici. En cet instant. À ce voyage qui prend fin, mal commencé, mal terminé. Les tissus se regroupent, les pores se referment, tout est reconnaissable. Le rouge s'enfuit, ne reste plus que le blanc. Encore. Adieu nuisibles, adieu nécrophages. La vie recule pour laisser place à cette âme, celle d'une Kochka, celle de Saskia, intacte et intègre à elle-même. Le joint glisse entre ses doigts, comme une lame trop aiguisée pour cet ancien monde, poignard de fortune capable de pourfendre les âmes les plus récalcitrantes. Une bouffée, la première, la pire peut-être, car tout part de là. Et l'endoctrinement commence, l'accoutumance aussi.
Tête baissée, la fumeuse n'est pas de ceux ayant de telles pensées. Elle est de ceux qui hurlent quand ils se brûlent. Pas avant, pas après. Juste au moment fatidique. La mort n'a rien de tragique à ses yeux. Vivre vite, mourir jeune, yeah ! Rit, sanglota, s'énerve Saskia.


Dernière édition par Saskia Kochka le Mer 18 Mar 2015 - 21:37, édité 1 fois
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