Description bijouterie HenryMax:

Suite d'un passé sans ombres

Les deux jeunes gens se dirigèrent vers le Quartier Sud. Russel à la question de Yui avait simplement souris en mettant son index devant sa bouche pour lui intimer de rester silencieuse. Bien trop occupé par l'excitation d'avoir retrouvé le collier, il n'avait même pas remarqué à quel point ses actions étaient audacieuse. Sa main tenait fermement celle de Yui, son regard se posait tantôt sur son téléphone portable, tantôt vers l'horizon. Sa marche était ferme et quelque peu rapide et son visage était tout simplement comblé de joie.

Lui qui avait douté un instant plutôt de son propre plan, voyait tout ses efforts récompensés. Il tenait dans sa main une jolie fille et s'en allait pour lui illuminer le visage. Du moins, c'est ce qu'il pensait. Il ne connaissait pas le Quartier Sud, ni même sa réputation. Mais, il eut rapidement la possibilité de le voir de ses propres yeux. Des rues malfamés, des mendiants à chaque coin. Des bâtiments ne connaissaient malheureusement pas d'entretien et des fissures ainsi que de la peinture vieille les ornaient. Ce n'était concrètement pas un endroit où traîner et le jeune homme s'en rendit compte rapidement. Sur le coup, il s'en voulut d'avoir emmener Yui avec lui. Ce n'était pas un endroit pour une jeune fille comme elle.

Sa marche devint un peu plus lente, jetant un coup d’œil à chaque ruelle, méfiant. Ses sourcils se froncèrent tout naturellement lorsqu'il voyait un groupe de gens parler de l'autorité comme une plaie. Des insultes et des menaces s’enchaînaient, et même si ces derniers ne leurs étaient pas adressés, il n'aimait pas ça. Finalement, avec l'aide du GPS de son téléphone, il arrivèrent dans une ruelle où la seule vue possible était des sacs poubelles. A croire qu'on avait prit ce petit chemin étroit comme une déchetterie. Il engagea l'avancée dans cette ruelle, sa destination était là. Il n'avait pas lâché des mains Yui, et il avait même serré légèrement sa poigne.

Ils arrivèrent devant la bijouterie puis entrèrent, un autre monde s'offrait à eux. Une peinture or couvrait les murs de pars et autres. Des vitrines contenant des bijoux brillaient de mille-feu. Comment une telle boutique pouvait exister dans un tel lieu ? Cette interrogation resta sans réponse. Il croisa finalement du regard le gérant qui lui donnait un œil suspicieux. Il se présenta rapidement, lâchant finalement la main de la jeune fille.

« - Bonjour, je suis Russel Blake, la personne que vous avez eut au téléphone. Je viens pour... Vous savez quoi. »

Le propriétaire afficha un sourire faux avant de s'en aller vers l'arrière de sa boutique. Il revint avec un collier qui semblait correspondre à la description que Yui avait faite.

« - Le voici...C'est à la jeune femme ? »

Russel hocha la tête positivement en voyant le collier qui correspondait parfaitement à la description qu'il en avait eut. Il se pressa à mettre sa main dans la poche arrière de son pantalon pour sortir son porte-feuille.

« - Oh oh oh... Ne soyez pas si pressé jeune homme. Il présenta le collier pour que la jeune fille puisse le voir puis poursuivit ses paroles. Est-ce bien le vôtre ? J'ai entendu votre histoire à partir de ce garçon. »

Un sourire sournois au visage avait remplacé son faux sourire. Russel n'arrivait pas à s'enlever cette mauvaise impression qu'il avait. Mais pourquoi ? Il s'agissait bien du bon collier pourtant, n'est-ce pas ?

Russel ne répondit pas à la question de Yui quant à savoir où il l'emmenait. Il se contenta de poser son index sur ses lèvres en la regardant, son visage éclairé d'un large sourire avec un regard malicieux.

Ce geste finit d'achever Yui, complètement perdue entre l'incompréhension de la situation, ses sentiments inconscients et sa gêne. Les forces qu'elle avait réussies à réunir pour lui adresser la parole s'échappèrent et elle se tut complètement pour le reste du trajet.

La joie et l'excitation transparaissent ostensiblement sur le visage de Russel dont la marche rapide les avaient désormais fait sortir du quartier est. Mais Yui était bien trop concentrée sur sa marche et sur le fait de ne pas tomber dans les pommes qu'elle ne se rendait compte de rien.

Aussi elle ne reprit ses esprits qu'une fois engouffrée dans le quartier sud. Comme la plupart des habitants de Palema elle savait qu'il ne faisait pas bon traîner dans ces rues le soir si l’on n’était pas accompagné ou tout simplement, si l'on était une jeune fille d'un quartier tranquille et modeste comme elle.

*Mais, pourquoi m'emmène-t-il jusqu'ici ?*

Russel avait ralenti le pas, il avançait avec prudence et méfiance et serrait d'autant plus fermement la main de Yui. Celle-ci sentit un autre sentiment monter en elle, rien de positif comme les précédents. Elle commençait à avoir peur.
Elle cramponna son autre main sur le poignet de Russel et continua à avancer avec lui dans le quartier aux rues sombres et sales, tout en gardant la tête baissée, de peur de croiser des regards malveillants.

Toujours en regardant son téléphone portable, Russel les guida jusqu'à une ruelle qui n'avait rien à envier aux autres rues par lesquelles ils venaient de passer.
Continuant à l'agripper fermement, Yui se laissa entrainer à l'intérieur de ce qui ressemblait à une boutique miteuse.

*J'ai peur, qu'est-ce qu'on fait là...*


L'intérieur de la boutique était à l'exact opposé de l'extérieur. Tout y était brillant, scintillant, éclatant, il s'agissait apparemment d'une bijouterie plus que richement fournie. Yui en resta bouche-bée d'étonnement et alors qu'elle admirait ce qu'il se trouvait autour d'elle avec émerveillement, elle sentit la main de Russel quitter la sienne.

*Oh ...!*

Sans un mot pour lui expliquer la situation, elle le vit se rendre vers le comptoir de la boutique et engager la conversation avec celui qui semblait être le gérant.
Après quelques échanges très brefs, celui-ci dirigea son regard sur elle et lui posa une simple question.

- Est-ce bien le vôtre ? J'ai entendu votre histoire à partir de ce garçon.

L'homme avait entre les mains un collier qu'il lui tendait pour qu'elle puisse le voir.
Yui s'approcha du comptoir et le reconnu de suite.

- Oh ! C'est mon collier ! C'est le collier de mon arrière-grand-mère !!!

Sans même s'en rendre compte elle sauta sur le bras de Russel, celui dont la main était fourrée dans la poche arrière de son pantalon, et entoura les siens autours, son enthousiasme emportant toute raison sur son passage. Yui trépignait de joie et de surprise.

- Mais comment l'avez-vous eu ?
Russel, c'est toi qui l’as retrouvé ? Oh merci !! Merci milles fois !!

Elle resserra son étreinte sur le bras de Russel, pour se dessaisir de lui l'instant d'après. Elle se pencha pour toucher le collier afin de s'assurer qu'il s'agissait bien du sien, bien que la forme et les motifs ne laissent place à aucun doute possible.

- Est-ce, est-ce que je peux le récupérer ? Je vous dédommagerai bien sûr !!

Sa joie s'entendait très clairement dans sa petite voix fluette alors qu'elle posait la question innocemment au gérant de la bijouterie, le sourire aux lèvres et les yeux brillant d'espoir.

Russel resta inerte, légèrement choqué d'avoir eut son bras si soudainement enlacé par la jeune fille. Elle lui demanda toute enjouée si c'était lui qui avait retrouvé le collier mais il n'avait pas de mot à émettre à cet instant. Le mal-aise ne s'en allait pas. Apparemment il s'agissait du bon collier, mais alors pourquoi tant de mise en scène de la part du bijoutier. Celui-ci en observant la réaction de Yui et en entendant le mot dédommagement, laissa place à un sourire à pleines dents, dévoilant alors une couleur nacre qui dépassait de ses gencives et une canine droite dorée. Cela laissa un frisson dans le dos du jeune homme qui sentit son corps se tendre.
Le vieil homme arrêta soudainement de sourire et ouvrit alors la bouche expliquant quelque chose.

« - Laissez moi vous raconter une histoire jeune gens. Il était une fois un homme riche qui entama un long périple dans le désert. Il avait sous-estimé la cruauté de ce lieu sec et aride et avait rapidement manqué d'eau. C'est alors qu'un marchand sur un chameau croisa son chemin. Ce marchand détenait la chose la plus importante pour lui. L'eau qui pour lui ne valait rien se trouvait être à ce moment précis la chose la plus précieuse qu'il soit. Il a supplié le marchand de lui fournir de l'eau. Le marchand voyant sa détresse en profita, vendant l'eau qui à priori n'a que peu de valeur pour une somme colossale. L'homme n'était plus assoiffé ni même riche. »

Il laissa un silence, reprenant son souffle, puis remontra son sourire quelque peu éblouissant. Il demanda alors.

« - Vous comprenez là où je veux en venir, n'est-ce pas ? »

En somme, il faisait une analogie entre leur situation et celle de l'homme riche assoiffé vendant son or pour de l'eau. Ici, l'homme riche représentait Yui ; l'eau, le collier et enfin le marchand d'eau peu scrupuleux, le bijoutier. Est-ce là où il voulait en venir ? Russel montra alors un visage contrarié. Si c'était le cas alors il voulait une somme d'argent importante pour le collier qui intrinsèquement ne valait pas grand chose aux yeux du commun. Mais ce n'était pas le cas pour la jeune asiatique. Ce collier était très précieux pour elle. Quel est le prix qu'elle serait prête à mettre pour l’obtenir ?

« - C'est différent de notre accord, Monsieur Maxwell. » répliqua sèchement Russel.

« - Oh oh oh... Ce n'est point à vous que je vends ce collier, jeune homme. Laissez donc la jeune fille parler. » dit-il amusé observant la jeune fille droit dans les yeux, attendant la réaction de celle-ci.

Le bijoutier fit un grand sourire à Yui. Mais pas un sourire satisfait de voir le visage illuminé de quelqu'un, non, plutôt celui d'une affaire bien juteuse en vue.
Mais Yui trop folle de joie et de soulagement face aux retrouvailles avec son très cher collier, ne perçut pas cette petite, mais ô combien importante, nuance.

Le bijoutier leur raconta alors une petite histoire pour illustrer ce qu'il attendait d'elle.
Celle-ci eut l'effet d'une douche froide sur Yui.

De l'extorsion, ni plus ni moins.
Sachant combien le collier était précieux aux yeux de Yui, il tentait de voir jusqu'où cette dernière serait prête à aller, combien elle serait prête à mettre, pour le récupérer.

*Mais... ! ... J'aurai dû m'en douter, c'était trop beau pour être vrai...*

Russel essaya d'intervenir mais il fut vite mis à l'écart par le gérant. Celui-ci avait l'air très au fait de ce genre de pratique, il ne semblait pas à son premier coup d'essais. Il savait exactement où frapper, à qui s'en prendre, à la personne la plus faible.

- Je....

*Je veux récupérer mon collier à n'importe quel prix bien sûr mais... Je ne peux pas lui dire ça, jusqu'où serait-il capable d'en profiter...*

Il n'était pas le premier a essayer de soutirer de l'argent à la jeune fille, elle avait plus ou moins l'habitude. Elle avait toujours céder, de peur d'empirer les choses, de représailles. Elle se disait que si elle était si souvent la cible de gens mal intentionnés ce devait être parce qu'elle était faible et seule.

Mais cette fois si c'était différent, pour la première fois de sa vie elle n'affrontait pas la situation seule. Elle était avec quelqu'un, Russel.
À cette pensée elle prit son courage à deux mains, et d'une voix qui essayait d'être ferme elle fit face au vendeur, dont elle évitait tout de même au maximum le regard moqueur et malsain.

- Je comprends très bien où vous voulez en venir ! Mais je, je dois parler à Russel avant de prendre une décision, excusez-nous.

Elle attrapa alors le bras de Russel et le tira doucement loin du comptoir.

-Ne discutez pas trop longtemps mademoiselle, c'est une offre limitée dans le temps. Si vous ne vous décidez pas ou que vous n'en voulez pas, je trouverai toujours un repreneur vous savez.

Tout en rejoignant un coin de la boutique pour ne pas être entendu, Yui regarda l'affreux bijoutier qui venait de lui adresser la parole. Des menaces à peine déguisées, prononcées par un homme affreux, avec un sourire narquois et le visage satisfait d'avoir trouvé un si bon pigeon.

- Russel, je ne sais pas quoi réagir ou dire... En réalité je me fais toujours avoir dans ce genre de situation... Qu'est-ce que je dois faire ?? Je, je veux vraiment le récupérer... Dis-moi ce que je dois faire... Russel...

Tout en chuchotant pour que le gérant n'entende pas leur conversation, elle demanda une fois de plus l'aide de Russel. Le pauvre, dans quoi s'était-il embarqué, et pour une inconnue rencontrée la veille qui plus est. Intérieurement elle le plaignait, tout était de sa faute, mais avait en même temps cruellement besoin de lui.

Alors que ses premiers mots étaient emprunts de culpabilité et supplication, ses derniers étaient emprunts d'anxiété et de désarroi.
Comment allaient-ils réussir à tirer leur épingle du jeu ?

Yui se montra très courageuse envers le vieil homme. Et elle avait exécuté la meilleure option selon Russel. Celle de gagner du temps pour réfléchir. Le soucis était à présent de savoir comment régler le problème.  Le jeune homme n'était pas riche et sans doute que la jeune fille ne l'était pas non plus.

La jeune asiatique lui demandait de l'aide, mais lui-même était perdu sur la marche à suivre. Réfléchissons, calmons nous était ce qu'il aurait voulu dire mais l'irritation de la situation l'en empêchait. Ils étaient si proche du collier physiquement et pourtant ils étaient si loin de le récuperer. Le plan du jeune homme s'était retourné contre eux. Que faire ?

L'analogie qu'a fait le bijoutier n'est pas totalement correcte. Même si Yui ne récupère pas le collier, elle n'en mourra pas. De là, il y avait moyen de négocier un prix abordable... Non, le vieil homme n'a même pas dit un seul prix pour l'instant. Il attendait une proposition de prix. Une histoire d'offre et de demande...

Cela fit tilt dans la tête de Russel. Dans le cas présent, le bijoutier détenait le collier qui pourrait faire penser qu'il avait la main prise sur eux. Néanmoins, ils étaient à priori les seuls acheteurs. Sa dernière phrase était donc forcément du bluff. Ils étaient les meilleurs clients avec le meilleur prix qu'il pouvait trouver. Aucun doute là dessus au vu de la valeur intrinsèque du collier. Donc s'ils mettaient un prix légèrement supérieur à la valeur du collier, le marchand n'aurait aucune raison de refuser. Il partagea ce qu'il venait de déduire avec sa compagne d'une voix assez basse pour que le vieil homme ne puisse les entendre.

« - Yui, il bluff, il n'a aucun acheteur à part nous. Toi-même tu me l'as dit, ce collier n'as de valeur que pour toi. Inutile de dire un prix qui soit important, juste dit un prix qui soit légèrement supérieur à la valeur réel du collier. Il n'a aucune raison de refuser. Ça restera une bonne affaire pour lui. » Expliqua-t-il du mieux qu'il pouvait.

*J'espère que ça va marcher. * songea-t-il en observant Yui d'un regard inquiet.

Il n'était pas sûre que ce soit aussi simple. Le vieil homme joue avec l'importance qu'a le collier pour les deux jeunes gens. Peut-être que ce que Russel laissait entendre n'était qu'une erreur maladroite d'un jeune homme pensant avoir raison. Peut-être que le but du bijoutier était tout autre...

Yui voyait bien où Russel voulait en venir, et il était visiblement irrité par la situation tendue dans laquelle ils se trouvaient. Et si ce n'était pas aussi simple ? Pleine d'angoisse Yui envisageait les pires cas.

- Mais Russel, et s'il me demandait trois fois, dix fois la somme que je lui proposerai ? Et s'il me demandait autre chose que de l'argent ? Et s'il me demandait de faire quelque chose d'illégal ? Après tout il a acheté mon collier volé, il veut peut être me faire faire quelque chose d'illégal aussi que je ne puisse pas porter plainte ?
J'ai, j'ai tellement peur de ce qu'il pourrait me demander Russel, je n'ose pas lui répondre...

L'anxiété avait fait place à la panique dans la voix de Yui et ses paroles s'étaient accélérées en même temps que son rythme cardiaque. Ses mains commençaient à trembler et Yui serraient fort son sac afin de ne rien laisser paraître.
Elle aurait voulu que Russel la rassure et trouve une solution miracle, mais elle savait bien que ça n'existait pas, pas avec un homme malhonnête comme celui qui se dressait entre eux et le collier.

Elle avait pensé à voler son propre collier au bijoutier, et partir en courant le plus vite possible, après tout elle avait sur elle bon nombre de photos d'elle avec ce collier qui auraient pu faire office de preuve si le bijoutier portait plainte.
Mais son plan comportait plusieurs failles. Et si le bijoutier l'empêchait de prendre le collier, il pourrait alors l'éloigner d'elle, et elle ne le reverrait plus jamais. Ou alors il pourrait augmenter considérablement son prix, sa demande pour le récupérer.
Et si elle arrivait à le récupérer, elle n'avait aucune garantie qu'un homme si malhonnête dans un quartier si mal famé ne soit pas armé, et qu'il ne lui tirerait pas dessus pendant sa fuite.
Et si encore elle arrivait à s'en sortir et qu'il portait plainte contre eux, il avait le nom complet de Russel, il pourrait lui créer des ennuis avec la police. Il n'y avait pas non plus la garantie que les forces de l'ordre croiraient Yui, même avec ses photos comme preuve, plutôt que le bijoutier. On croit plus facilement un gérant d'une boutique que deux adolescents en règle générale dans ce genre de situation ....
Il y avait trop de questions, trop de risques, Yui ne pouvait pas se résoudre à prendre la décision de récupérer son collier par la force.

*Non je ne peux pas prendre le risque de créer des ennuis à Russel, ou pire. Il a été tellement gentil depuis hier. Non je ne peux pas, si lui arrivait malheur je....*

À cette pensée les tremblements de Yui se firent plus forts, plus violents, à tel point qu'il lui était impossible de les cacher désormais.
Elle plongea ses yeux humides dans ceux de Russel, comme pour y trouver une réponse, comme pour oublier tout ce qui était en train de leur arriver.

A l'anxiété de Yui qui était justifié, Russel resta sans mot. Son cerveau tournait à pleine allure. Ce n'était pas une situation de vie ou de mort, mais le temps qu'il avait, était limité. En prenant en compte le chemin qu'il devait parcourir pour rentrer chez lui... Oui, il lui restait environ trente minutes. Il devait régler cette affaire le plus rapidement possible.

*Je ne vais pas partir sans être sûre que Yui a son collier.*

Il inspira et expira profondément, reprenant son calme. Il ferma les paupières puis se remémora la situation depuis qu'ils étaient rentrés dans ce magasin. Le contraste entre l'extérieur et l'intérieur de la bijouterie, l'aspect et l'histoire du bijoutier, sa volonté de marchander avec la jeune fille...

*!*

Lorsqu'il rouvrit les paupières, les yeux en larme de Yui l'observait, il fit un bref sourire comme pour la rassurer. Peut-être que ce qu'il venait de penser était faux et qu'il se trompait. Mais à priori, le vieil homme n'était pas intéressé par l'argent. Il s'avança vers celui-ci d'un pas assuré, laissant la jeune asiatique derrière. Le bijoutier ouvrit la bouche en premier.

« - J'ai dit que c'était avec la jeune fille que je voulais parler, jeune homme. »

Ignorant cette phrase, Russel commença à parler.

« - En réalité, vous vous fichez bien de la somme qu'elle peut vous proposer, non ? »

Le vieil homme afficha alors pour la première fois un visage surprit, suivit par de l'intrigue. Il observa le jeune de ses yeux noirs comme pour le percer. D'une voix rauque, il questionna ce que venait de dire Russel.

« - Que voulez-vous dire ? 
- Votre magasin contient des bijoux de haute valeur, son emplacement, pourtant, contraste avec cette richesse. Je me suis demandé pourquoi choisir un tel lieu pour ouvrir une bijouterie. Aucune raison logique ne m'est venu à l'esprit. Si ce n'était le simple fait que vous ne vouliez pas vendre, dans un premier temps, vos bijoux. »

Le bijoutier montra un air intéressé, il montra une nouvelle fois son sourire dentée, laissant le jeune homme continuer son raisonnement.

« - Tout les bijoux qui sont ici, sont les vôtres n'est-ce pas ? Vous n'avez pas d'emprunt sur eux et donc n'avez aucune obligation de les vendre. Vous êtes une personne riche. »
« - Oh, et qu'est-ce qui vous fait dire ça. »

Russel ferma les paupières, résolu, il prit une inspiration puis s'exclama.

« - Vos dents ! »

De la sueur froide coulait sur le front du jeune homme. La tension qui n'avait cessé d'augmenter, chuta d'un coup.

« - Mes dents ? » fut la réponse du bijoutier. Ce qui suivit fut un long silence.

*Raté ?* se demanda Russel, un peu paniqué.

Le vieil homme reprit légèrement confus.

« - Ahem, jeune homme, même si ce que vous dites est très intéressant et sans fondement véritable. Quel est le rapport avec le collier ?»

*Le rapport ?* Songea Russel qui sentit la sueur coulée de plus en plus sur son front. Il y en avait un quand il a commencé. Il voulait prouver quelque chose. Que le bijoutier se fichait de l'argent en réalité car il en avait déjà assez mais en fait tout ceci était un gros pari sans véritable fondement. Sans oublier que ça ne justifiait en aucun cas l'attitude du bijoutier jusqu'à maintenant.

« - Euh... Au final, je voulais dire, vous êtes riche alors pourquoi ne pas nous donner tout simplement le collier ? »

Le ridicule ne tue pas et fort heureusement. Mais là, il venait de rayer en un instant toutes ses belles actions pour impressionner la belle.

*AAAAAAAAAAAAAH* un cri embarras retentissait dans sa tête et il aurait voulu se cacher dans un trou pour s'y enterrer.

Tremblante Yui regarda Russel lui sourire pour la rassurer et partir se confronter au bijoutier. Il se posta devant lui l'air confiant tandis que l'homme véreux le regardait l'air hautain et le visage crispé de dédain.
Yui retenait aussi bien ses larmes que son souffle. Qu'allait dire Russel ? Qu'avait-il en tête ?

Et là, surprise générale.
Le bijoutier avait été visiblement aussi pris de court que Yui par l'intervention de Russel.

*Russel, qu'est-ce tu essayes de faire ? Et s'il te répondait oui... ?*

Celui-ci continuait d'observer l'homme, le visage déterminé face au regard intrigué et amusé de ce dernier. Sa voix grave raisonna dans la boutique tandis qu'il demandait à Russel de poursuivre son raisonnement.

En effet l'homme devait être riche. En effet il ne devait pas avoir besoin de vendre des bijoux dans un quelconque besoin de finance pour vivre. Le simple fait que sa boutique soit si pleine dans un quartier si mal famé était la preuve de son aisance financière.
Alors Russel avait fini par penser comme elle ? Le bijoutier n'en avait pas après son argent finalement ? Mais dans ce cas qu'allait-il demander à Yui ? Qu'attendait-il d'elle au fond ?
L'homme amusé et intrigué avait demandé comment Russel en était arrivé à une telle conclusion. La tension était presque palpable dans la boutique et Yui suffoquait presque.

Russel marqua un temps avant de répondre. Puis il répondit sûr de lui que c'était à cause des dents en or que le bijoutier arborait dans son immonde sourire tordu, qui l'avaient aidé à déduire qu'il était riche. Il n'avait pas tort, là où les gens "banals" ne portent qu'une ou deux dents en or, le bijoutier devait bien en avoir une dizaine... C'était une marque de richesse et d'arrogance de très mauvais goût et conforta Yui dans sa mauvaise impression de malhonnêteté de cet homme.

Elle ne savait que penser de l'échange des deux hommes et se contentait de les observer à tour de rôle, perplexe.

*Et maintenant, que va-t-il encore se passer ? Si Russel le vexe il pourrait le blesser, ils trop près ! Non je ne dois pas penser à ça...*

Yui tentait de contenir les signes de plus en plus apparents de sa panique intérieure, tandis qu'elle assistait à la scène, impuissante.

Le bijoutier fut de nouveau surpris et ne manqua pas de montrer son irritation et son impatience face à Russel. Il ne voyait pas où il voulait en venir et cela ne réglait pas l'affaire du collier.
Celui-ci fit preuve d'audace alors en lui demandant de rendre le collier sur le champ, ni plus ni moins. Sa voix était quelque peu hésitante, son front perlait de sueur tombant lentement le long de ses tempes, mais il avait osé tenter sa chance.

*Oh non ! Il n'acceptera jamais !! Comment va-t-il réagir, que va-t-il nous faire ?!*

Le bijoutier regarda avec insistance Russel et le silence s'installa dans la boutique. Un silence qui ne dura qu'un instant en réalité mais qui parut une éternité pour Yui. Elle retenait sa respiration de toutes ses forces, n'osant laisser échapper le moindre son.
Puis l'homme se mit à rire, mais à rire, son rire gras raisonnait comme jamais.

- Tout ça pour ça ?! Mouahaha Bien tenté mon garçon !! Tu te prends pour un détective en herbe c'est ça ?! Tu m'as bien fait rire !  Rendre le collier, et puis quoi encore ?! Tu l'as dit toi-même, je suis riche ! Comment crois-tu que je le sois devenu, en rendant leurs affaires aux gens ?! Mouahaha !!

L'homme semblait ne plus pouvoir s'arrêter de rire et celui-ci était à vous glacer le sang. Yui et Russel le regardait, la peur au ventre, ne sachant comment réagir. Le bijoutier avait en cet instant plus que jamais le dessus sur eux.

- Aller, assez plaisanté jeune homme, je n'ai pas de temps à perdre avec toi. Laisse la jeune fille parler maintenant ! J'ai une affaire à conclure moi !

Yui s'approcha doucement de Russel qui s'était rapproché du comptoir et toute tremblante réussi à prendre la parole.

- Alors tout ce que vous voulez c'est de l'argent ? Rien d'autre ?

L'homme esquissa un sourire, visiblement amusé par ce qu'elle venait de dire. Il comprenait aisément ce qu'elle avait pu imaginer et cela l'enchantait terriblement d'avoir pu la terroriser. Même si bien sûr il cherchait à lui faire peur, son but n'était pas qu'elle se fasse un film, celui-ci et l'amusement que cela lui procurait était comme une sorte de bonus en plus de l'argent qu'il allait lui extirper.

- Dans la vie jeune fille tout est une histoire d'argent ! Il n'a jamais été question d'autre chose ! Vous êtes allé bien loin, vous imaginant je ne sais quoi ! Vous me faîtes bien rire vous aussi !
Alors dîtes-moi, quel prix allez-vous mettre sur la table ?

Yui ne put s'empêcher d'être soulagée par cette déclaration. Bien que l'affaire était loin d'être conclue, elle senti comme un poids s'échapper de ses épaules et cessa de trembler. Elle restait toujours sur ces gardes et c'est avec timidité qu'elle continua le marchandage.

- Ce collier est très vieux et n'avait pas coûté beaucoup déjà à l'époque, je doute qu'il vaille plus de 10 dollars, et je doute d'ailleurs que vous l'ayez payé plus...  Je suis prête à vous en donnez 10 fois plus ! Si c'est vraiment l'argent si vous intéresse alors vous savez que vous ne pourrez obtenir meilleur prix de quiconque à part moi. C'est une proposition honnête, non ?

Elle avait parlé sans hésitation, d'une voix qui se voulait ferme. Elle avait mis toutes ses forces dans ses paroles et sentait ses jambes prêtes à se dérober sous elle si elle relâchait sa concentration. Il fallait qu'elle tienne, au moins jusqu'à temps d'avoir quitté la boutique.

- Honnête oui... Mais je suppose que vous avez remarqué que je ne l'étais pas tellement, n'est-ce pas ?

*Quoi ?! Mais !*

Le bijoutier avait répondu avec un immense sourire aux lèvres et tout en regardant Yui, lui avait adressé un clin d’œil provocateur.
Yui, clouée sur place par cette réplique ne savait plus quoi dire. Apparemment le bijoutier avait décidé qu'il n'en avait pas encore fini avec elle.

Après son dernier échec, Russel s'était légèrement écarté du vieil homme, laissant place à Yui. Le choc fut telle qu'il broyait du noir. Ressassant l'insulte du bijoutier dans sa tête qui se répétait inlassablement et l'enfonçait toujours plus dans une mini dépression.

*Détective en herbe...Détective en herbe...*

Ça faisait mal. Comme si une flèche lui avait transpercé violemment le corps. Quand on dit que les mots font plus mal que les coups, c'était donc de ça que l'on parlait. Il n'avait pourtant pas eux cette prétention. C'est vrai qu'il avait voulu impressionner Yui, mais...

*Aaaah...*

Il soupira, baissant la tête. Son regard se posa alors sur une des vitrines de la bijouterie. Elle contenait une montre en argent. Quelle jolie montre pensa-t-il intérieurement de façon las. Dommage qu'elle ne marche pas remarqua alors le jeune homme. Il questionna son détenteur actuel à ce sujet.

« - Votre montre, elle ne marche pas. »

Le bijoutier posa alors son regard vers Russel, intrigué, légèrement contrarié puis finalement amusé.

« - Hein !? Ah oui, cette montre en argent massif... Impossible de m'en débarrasser à cause de ça. Si vous me l'achetez, je peux vous en faire un prix. Héhéhé.»

Le jeune homme observa le vieil homme se demandant alors pourquoi il ne l'avait pas réparer. Le prix de la montre était une jolie somme de 3 chiffres. Il pensa alors.

« - Plutôt qu'un prix, si vous pouviez accepter l'offre que vous fait mon amie... Si vous refusez, la seule solution restante sera la police, vous savez. »

Il avait dit ça de façon nonchalante. Toujours choqué par les propos du vieil homme dont il avait été victime. Il n'aimait pas le chantage car cela pouvait apporter des complications par la suite comme des règlements de compte. Mais il partait de la ville d'ici quelques heures. Donc pas de risque de ce côté là. Le bijoutier dévoila alors un visage irrité parce que venait de dire Russel.

« - Vous me menacez, jeune homme ? »
« - Du tout, je vous propose une bonne affaire, sans complication. Cette discussion a duré assez longtemps, vous ne croyez pas ? »

Il se dirigea vers le comptoir où se trouvait le vieil homme avant de redemander son avis.

« - Alors ? »

Yui laissée sans voix observait le bijoutier qui lui, observait Russel, en état de choc. La violence émotionnelle des mots du bijoutier l'avait entraîné dans une profonde déprime.

Dans une tentative de diversion ou en laissant son esprit divaguer, Russel attira l'attention du bijoutier sur une de ses montres, très belle mais qui ne fonctionnait plus.
Le bijoutier était amusé par le comportement des deux adolescents, qui tentaient péniblement de ne pas se faire arnaquer par ses soins, lui le professionnel en la matière. Il était amusé, tel un enfant avec une loupe au soleil effrayant des fourmis de ses rayons brûlants. Mais son amusement fit vite place à du mécontentement à l'évocation d'une possible intervention des forces de l'ordre.

Se sentant menacé son attitude changea du tout au tout. Il devint alors méfiant, sec et agacé. Mais Russel, toujours un peu absent insista, las et pressé que la situation se débloque. L'arnaqueur décontenancé essaya alors de reprendre le dessus sur les deux adolescents. Il ne pouvait pas se permettre de perdre la face, il se devait d'affirmer sa position de supériorité et que c'était lui le maître de la situation.

- Je n'aime pas du tout vos allusions jeune homme, mais vous m'avez beaucoup amusé et divertit aujourd'hui, alors je vais vous donner un conseil.
C'est bien beau de vouloir secourir les personnes en détresse comme votre petite copine, mais ne le faîte pas si vous n'avez pas les moyens de régler la situation par vous-même. Ne croyez pas que les autorités seront toujours là pour vous tirer d'affaires.
En ce qui me concerne je ne les crains pas, beaucoup viennent ici pour diverses raisons, que vous pouvez imaginer facilement, n’est-ce pas ?

Se tournant vers Yui il lui fit un large sourire narquois, il avait retrouvé son regard malsain et moqueur. Il voulait lui aussi en finir, et après avoir décontenancé Russel, il espérait bien faire de même avec la jeune fille, il les dominait et devait leur soutirer le maximum d’argent.

- Alors jeune fille, êtes-vous prête à continuer les négociations ?

Yui toujours sous le choc et tentant toujours de rester droite sans trembler sur ses deux jambes, avait l’esprit complètement perdu et ne savait plus quoi dire au bijoutier. Elle lui avait proposé 100 dollars et apparemment ce n’était pas suffisant…

- Quoi ? Euh… Je ne sais pas quoi vous proposer d’autres….

- Vous me laissez faire tout le travail hein… Bien, alors ne venez pas vous plaindre ! Voici mon offre jeune fille, vous doublez le prix que vous m’aviez proposé je vous laisse votre collier, et si vous doublez encore ce prix je peux même vous laisser cette montre en argent, alors ? Qu’en pensez-vous charmante demoiselle ?

Le bijoutier avait réussi son coup, il avait complètement déstabilisé les deux jeunes adolescents, perturbés par la succession d’émotions suscités par cette négociation difficile. Il pouvait maintenant annoncer son prix avec la quasi-certitude qu’ils accepteraient sans marchander davantage.

* Si je lui en offre 200 dollars j’aurai mon collier et 200 de plus pour la montre…. C’est ma dernière chance mais… Je n’ai pas les moyens de payer une telle somme !!*

De la sueur perlait sur le front de Yui, ses mains se trituraient mutuellement pendant qu’elle réfléchissait et la détermination dont elle avait fait preuve précédemment commençait à faiblir de nouveau. Le temps de réflexion de Yui semblait durer indéfiniment pour le bijoutier dont l’agacement et l’impatience se faisait sentir par ses soupirs exaspérés et sa main tapotant son comptoir rapidement.

- Je vous rappelle que c’est une offre limitée dans le temps jeune fille. Vous m’êtes sympathique alors je vous ai fait un prix, mais ma patience a des limites. Vous êtes pressé d’en finir, moi aussi, je ne me répèterai pas.

Yui se tourna vers Russel, en espérant croiser son regard et trouver dans celui-ci du soutient et une réponse à donner au bijoutier…

La menace apparemment n'intimidait pas le vieil homme qui par ailleurs montra amplement son mécontentement d'avoir eut à subir une telle chose par une personne bien plus jeune que lui. Sans aucun doute, Russel avait l'âge d'être son petit-fils, mais contrairement aux vieilles personnes qui en majorité sont d'un naturel gentille et aimable envers la jeune génération, toujours le mot pour les conseiller de ne pas faire ceci ou bien faire cela. Le bijoutier représentait la minorité qui pensait apprendre la vie aux jeunes de façon drastique, une vie certainement pleine d'amertume qui n'était pas aidé par l'avarice qui devait ronger l'homme.

*Qu'il est pénible !* pensa Russel en écoutant l'homme renégocier un prix.

Un total de 400$ pour le collier et pour la montre en argent massif. Ce vieil homme pensait réellement que les deux jeunes gens se baladaient avec une telle somme sur eux ? Avaient-ils l'air riche à ce point ? En y repensant, l'homme riche dans son histoire donne tout son argent mais ne peut pas donner plus que ce qu'il n'a pour l'eau. Alors pourquoi ce bijoutier disait des prix qui allait au delà de leurs moyens ? Il croisa le regard de Yui, encore une fois. La jeune asiatique ne savait pas quoi faire et montrait visiblement qu'elle n'avait pas l'argent demandé. Sans doute n'avait-elle pas 200$ pour acheter ne serait ce que le collier.

Le jeune homme trifouilla dans sa poche, sortant son porte-feuille. Il calcula l'argent qu'il avait. Environ 120$.  Si Yui avait 100$ alors le collier pouvait être acheté.

Il déposa l'argent sur le comptoir, dirigeant un regard noir envers le vieil homme. Il n'aimait pas jouer dans la paume de la main du bijoutier mais concrètement, il n'avait plus de temps à perdre pour penser à une autre idée. Il lâcha, irrité.

« - C'est tout mon argent. Je ne peux pas vous donner plus que ce que j'ai. Combien avez-vous acheté ce collier ? » demanda-t-il en reprenant son calme.

Celui-ci, posa ses coudes sur le comptoir, comptant du regard la somme, puis répondit à la question du jeune homme, très calmement et en souriant comme pour le narguer.

« -10$ »

Un profit de 190$. Il le disait comme pour les frustrer de payer une telle différence. En théorie, un revendeur ne vend jamais à plus de trois fois la somme qu'il a acheté son bien. En clair, le prix adéquat pour le collier serait de 30$ et non pas cette somme ahurissante. C'était une grosse arnaque et le bijoutier n'en cachait rien. Il jouait avec eux comme un chat joue avec une souris, les acculant jusque dans un trou sans issue. Était-ce vraiment le seul moyen ? N'y avait-il pas quelque chose qu'il pouvait faire ? Son raisonnement avait été faux et il en avait encore honte. Ses menaces furent inutiles et la tentative de négociation semblait bien hors de portée de deux jeunots.

Involontairement, Russel se mordilla la lèvre inférieure avec ses canines, montrant toute sa frustration au bijoutier qui s'en réjouissait avec un petit rire moqueur. En soi, le collier était à portée de main, il suffisait de payer la somme demandée et il sortirait avec sans accro. Mais, une telle conclusion était-elle réellement satisfaisante ? Ne devait-il pas montrer sa valeur à la jeune asiatique en tant qu'homme majeur ?

« - Pourquoi faire une chose pareille ? Vous ne devez pas attirer les clients avec une telle attitude, non ? »

Sans donner un gros intérêt à la question, il répondit brièvement, accordant ensuite son attention à son autre client.

« - Ce ne sont pas vos oignons, jeune homme.  Allez, jeune fille, déposez l'argent manquant. 80$. »

Lorsque le regard de Yui croisa celui de Russel, elle put y voir de l’agacement. Lui aussi avait visiblement très envie d’en finir avec ce marchandage pénible et interminable.
Elle le vit alors fouiller dans son portefeuille et en sortir de l’argent qu’il laissa tomber un peu bruyamment sur le comptoir de l’homme véreux. Il n’y avait pas assez, mais déjà plus de la moitié de la somme demandée pour récupérer le collier, seulement le collier.

*Oh non ! Il ne faut pas qu’il paye pour moi… Je dois trouver une solution….*

Un autre échange entre l’adolescent et l’homme continua de glacer l’atmosphère déjà chargée de la bijouterie. Russel semblait encore plus crispé et Yui voyait bien qu’il contenait sa colère et son indignation pour ne pas faire empirer la situation.
Puis le bijoutier se tourna de nouveau vers Yui pour lui réclamer la somme manquante.
Yui fouilla son portefeuille à son tour et eut soudain une idée.

Yui se rapprocha timidement de Russel et lui chuchota tout doucement ce qu'elle avait trouvé.

- Russel, je n'ai que 50 dollars sur moi... Mais j'ai ça aussi.

Yui retira une bague de son doigt. C’était une très belle bague en or blanc surmontée d’un véritable petit diamant. C'était un cadeau, aussi elle ne connaissait pas sa vraie valeur, mais elle devait valoir assez cher pour permettre un échange. Elle tenait à cette bague bien sûr, mais pas autant qu’à son collier. Et pourtant sa valeur marchande semblait bien plus grande que celle du collier.

- C'est ma grand-mère paternelle qui me l'a offerte pour mon anniversaire cette année. Je lui expliquerai, elle, elle comprendra. Je n'aurai qu'à dire à mes parents qu'elle était trop grande et que je l'ai perdue. Avec ça tu crois qu'on pourrait récupérer mon collier ? Et la montre en argent aussi... non ?

Elle regarda Russel avec un regard inquiet. C'était sa dernière chance, sa dernière option. Si le bijoutier n'acceptait pas de faire l'échange alors elle ne récupérerai jamais son collier.
Et puis elle espérait aussi avoir la montre pour l'offrir à Russel. Après tout il avait tant fait pour elle, elle lui devait bien cela en compensation. Elle se remémorait tout ce qui c'était passé en à peine deux jours et culpabilisant affreusement d'être la cause de tous ces maux.

*J'espère que Russel sera d'accord, j'espère que ça va marcher....*

Sa tentative de prise de parole avec le bijoutier un peu plus tôt s'était soldée par un échec, elle y avait mis tout son courage et n'avait désormais plus la force de lui faire face.
Tandis que ses tremblements reprenaient de plus belle, Yui ferma les yeux et attendit l'intervention de Russel, perdu dans ses réflexions, alors que le bijoutier s'impatientait de plus en plus.

Après avoir écouté Yui qui affirmait n'avoir que 50$, il s'interrogea sur comment payer le reste. C'est alors qu'elle s'enleva de son doigt un autre objet. Une bague très discrète et au vu de l'apparence il s'agissait d'une bague en or blanc montée d'un petit joyau. De ce que savait Russel, l'or blanc est un alliage d'or et d'argent. La valeur de l'or ne change pas malgré son mélange avec l'argent. Ainsi entre une pièce en argent et une pièce d'or blanc d'une masse équivalente, l'or blanc sera plus chère. Mais ce qui intriguait le jeune homme c'était ce qui ornait cette bague. Ce n'était tout de même pas un diamant ? Il écouta par la suite l'histoire entourant la bague. C'était apparemment un cadeau de sa grand mère paternelle. En somme, il était hors de question de la donner au vieil homme. Réfléchissant sur la marche à suivre, il confia finalement à Yui d'une voix basse.

"- Cache cette bague. Il reprit d'une voix ferme en prenant les 50$ de Yui et en les mettant sur le comptoir. Comme vous pouvez le voir c'est tout ce que nous avons. Affaire conclu ?"

Le bijoutier observait la somme avec un air mécontentant. Il manquait pour ainsi dire 30$ pour correspondre à la somme voulu. Mais il était hors de question d'échanger la bague de Yui pour compenser cette somme manquante.

"- Si vous ne voulez pas, nous nous en allons."

Il prit la monnaie puis la main de Yui afin de sortir du magasin avant de sortir définitivement. Il lâcha d'une voix désinvolte.

"- Je suis sûre que la police va grandement apprécier votre petite bijouterie."

Face à ce commentaire sarcastique, le bijoutier rehaussa la voix d'un air peiné. Même si à priori, il n'avait pas peur de cette menace, il ne voulait pas voir les agences de police débouler dans son magasin. C'était après tout de la mauvaise pub et le collier n'avait guère cette valeur à ses yeux.

"- Attendez un peu, jeune homme... Ne voulez-vous pas réfléchir un peu ? Un objet peut combler ce manque, n'est-ce pas ?"

Russel se retourna puis observa le vieil homme. Après un léger échange dans leurs regards, le jeune homme resserra sa poigne avant de se précipiter une seconde fois vers l'entrée. Le bijoutier les arrêta alors une seconde fois.

"-Très bien jeune homme... vous avez gagné, je ne suis pas à 30$ près."

Russel s'approcha du bijoutier, déposa l'argent voulu avant d’empocher vivement le collier. Avec un grand sourire qui était sincèrement faux, il remercia le vieil homme.

" Ce fut un plaisir de faire affaire avec vous." Il empocha le collier puis prit la main de Yui afin de sortir rapidement du commerce. Russel ne voulait plus entendre la voix du vieil homme et encore moins être à l'intérieur de son espace. Une fois dehors, il demanda concerné, n'ayant plus beaucoup de temps.

"- Est-ce que ça va Yui ? Désolé ça ne s'est pas passé exactement comme je l'avais prévu. Mais on a récupéré ton collier. C'est le plus important pas vrai ?" Dit-il avec un large sourire.

Il grimaça ensuite légèrement gêné par sa petite erreur. Mais le plus important avait été accompli. La jeune japonaise avait récupéré son collier, en échange de 170$. C'était honnête en prenant en compte qu'elle avait eu peur de ne jamais revoir ce collier dont la valeur sentimentale dépassait sa valeur matériel.

En voyant qu’elle était prête à troquer une bague qui semblait précieuse contre son collier, Russel lui dit d’une voix ferme de la cacher. Son ton était si sec, et sa colère si contenue, qu’il lui en donna presque l’ordre. Yui s’exécuta en remettant la bague à son doigt et en mettant son autre main par-dessus celle-ci, pour la cacher loin des yeux du bijoutier.

Russel dans son élan, pris les 50 dollars de Yui et les mit sur le comptoir avec l’argent qu’il avait déjà sorti de son portefeuille. Cela faisait 170 dollars en tout. Le compte n’y était pas. Russel proposa tout de même de conclure l’affaire avec cette somme, en affirmant qu’ils ne possédaient pas davantage.
Le bijoutier fit une moue montrant bien qu’il n’était pas du tout satisfait par cette proposition.

Mais Russel dont la colère semblait avoir pris le dessus ne lui laissa pas le temps de répliquer. Il récupéra toute la somme qu’il avait posée précédemment  sur le comptoir, saisit la main de Yui, et après avoir lancée la menace de leur départ et de contacter les forces de l’ordre, l’entraîna vers la sortie.

Le bijoutier le stoppa en prenant la parole. Bien que les forces de l’ordre ne semblaient pas lui poser de problème, les voir débarquer dans le quartier sud ne lui aurait pas fait une très bonne presse. Cela aurait pu lui porter préjudice auprès de ses clients et contacts professionnels. Aussi tenta-t-il une dernière manœuvre en proposant un objet pour compenser la somme manquante, comme Yui l’avait proposé à Russel quelques instants plus tôt.

Yui toujours tremblante et incapable de faire face au bijoutier ou de s’opposer à Russel, se laissait porter par la scène, passive, spectatrice. Sa main dans celle de Russel, elle observait l’échange de regard équivoque entre ce dernier et l’homme véreux. Russel serra la main de Yui au point de lui faire mal et repris le chemin de la sortie.

*Aïe ! Hmm Russel… Il est vraiment hors de lui… Il peut être effrayant lui aussi…*

Le bijoutier le stoppa alors une seconde fois. Mais cette fois, ce fut pour accepter le marché de Russel. Après tout il n’avait plus le choix, l’attitude de Russel l’avait mis au pied du mur.
Ce dernier lâcha alors Yui, qui restait toujours silencieuse et apeurée, à la fois par le bijoutier et par ce Russel hors de lui, et se dirigea vers le comptoir. Il y remit l’argent et se saisit du collier en échange. Il lança un sarcasme au bijoutier avant de tourner les talons, de ressaisir Yui par la main et de sortir définitivement de la bijouterie.

Une fois dehors il lâcha enfin Yui qui était restée impassible, incapable de la moindre réaction, tout le long de l’altercation. Il lui demanda avec un grand sourire qui se voulait réconfortant comment elle se sentait.

Elle lui répondit alors par un timide sourire, tout en se frottant le poignet qu’il avait si fortement serré.

- Ça, Ça va. Merci Russel, sans toi je n’aurai jamais pu m’en sortir. Mille mercis, ce collier... Merci vraiment. Je ne sais pas ce que j'aurai fait sans toi. Je te promets de te rembourser les 120 dollars…. Si tu veux… on pourrait passer chez moi, j’ai quelques économies de côtés, je suis sûre d’avoir la somme.

Il avait beau lui sourire, sa contrariété était plus qu'évidente. Aussi elle espérait que Russel accepte sa proposition une fois de plus. Elle voulait au moins pouvoir le rembourser. Elle avait une énorme dette envers lui, et se sentait terriblement mal. Ces deux jours avaient été plus qu’éprouvants et Yui culpabilisait terriblement d’avoir entraîné Russel dans toute cette histoire.

Le jeune homme avait fait tout ce qu'il pouvait dans cette affaire pour récupérer le bien de Yui. Certes, cela avait été des plus laborieux. Sa première tentative ratée lui laissait encore un goût amer dans la bouche. Il n'y avait pas à dire, juste y penser était suffisant pour apporter une teinture rosâtre sur ses joues. Fort heureusement, au final, il était parvenu à récupérer le collier. Simplement, en face de la jeune fille, il aurait souhaité apparaître un peu plus classe. Pourquoi ? Certainement par orgueil qu'un garçon de son âge possède.

Après, il avait une certaine fierté pour avoir réussi à convaincre le bijoutier d'accepter le marché. Donc au final son échec et sa réussite créait une bonne balance qui lui permettait d'excuser l'un. En somme, ça aurait pu être pire. De plus, les paroles reconnaissantes de la jeune asiatique lui réchauffaient le cœur. Il savait en la regardant que s'être donné à fond contre ce Maxwell avait valu le coup. Quand bien même s'il avait été légèrement blessé dans son amour propre.

Mais ainsi, ils étaient tout deux là, l'affaire conclu, mais tout de même dans une ruelle où les ordures s'entassaient. Autant dire que ce n'était pas l'endroit le plus romantique au monde. En même temps, Russel était conscient que cela ne servait à rien de désirer plus. D'ici quelques minutes à présent, il partirait avec dans l'esprit de ne jamais revoir Yui. Il se sentait particulièrement triste à cette réalisation puisqu'en l'espace de ces quelques heures avec elle, il en était venu attaché. Sur le coup, il ne savait pas trop comment réagir. Il souriait, mais c'était fébrile, une main derrière son crâne à se frotter les cheveux un tantinet gêné.

En effet, il lui était impossible d'accompagner la japonaise chez elle. Il n'en avait pas le temps. Et en même temps, la laisser toute seule dans le Quartier Sud était quelque chose qu'il ne pouvait imaginer. Malheureusement, il n'avait plus de quoi payer un taxi pour qu'elle rentre chez elle en toute sécurité. Sur le coup, il était bien coincé sur la marche à suivre. Dans tout les cas, il fit savoir à Yui son refus pour lui rendre cette somme.

"Tu n'as pas à t'en faire. J'ai un petit boulot, cette somme est dérisoire pour moi !" Insista-t-il avec un sourire.

C'était en réalité faux, cette somme qu'il avait donné pour le collier correspondait à des longues heures de plonges dans un restaurant pour lequel il travaillait à temps partiel. Cependant, jamais il ne l'avouerait à la jeune adolescente. Après cette phrase explicatives, son expression devint plus grave, il avoua finalement.

"De plus, je n'ai pas le temps de passer par chez toi. Je dois rentrer."

Il tenta de reprendre un sourire, mais échoua à la moitié de son action. Finalement sa main caressa les cheveux de la jeune asiatique doucement. Il demanda concerné.

" Est-ce que ça ira pour rentrer ? Ou bien si tu veux, tu peux m'accompagner jusqu'au Quartier Est. Néanmoins, je pense que ça va te rallonger pour rentrer chez toi." Conclut-il en continuant son action.

Russel continuait à lui sourire, sourire teinté de gêne, de soulagement et de profonde gentillesse à la fois. Il avait l’air vraiment gêné, une main grattant l’arrière de sa tête de façon presque automatique, refusant la proposition d’un remboursement. Apparemment il avait un petit travail qui le payait bien et ce n’était qu’une broutille pour lui.
Quand bien même Yui se sentait désolée et gênée à son tour, de ne pouvoir lui redonner son argent, celui qu’il avait gagné, et qu’elle ne méritait certainement pas.

Mais elle n’eut pas le temps de protester, d’insister, que les sourires de Russel firent place au sérieux sur son visage. Il ne pouvait pas non plus l’accompagner, et ils allaient bientôt devoir se séparer. Russel essayait de continuer à sourire, mais celui-ci était visiblement faux et forcé, il ne devait pas vouloir rentrer chez lui, il ne devait pas vouloir que cela se termine de la sorte.
Yui pressentait qu’elle ne le reverrai plus après cela, et une angoisse montante l’envahit. Pas la même angoisse prenante à la gorge et donnant la nausée, comme celle qu’elle avait ressenti dans la bijouterie. Non, une angoisse prenante à la poitrine, la serrant, accompagnée d’un sentiment de désarroi.
Elle ne voulait pas que cela se finisse comme ça. Elle ne voulait pas qu’ils se quittent pour s’oublier comme si de rien ne s’était passé…

Alors qu’elle réfléchissait, en proie à une tristesse grandissante, Russel lui proposa tout en caressant ses cheveux de ne faire ne serait-ce que le trajet ensemble jusqu’au quartier est.  Yui et sa grande timidité furent prises de court.

*Oh mais, mais, mais !!*

Ce geste qui paraissait si anodin l’avait mise de nouveau dans tous ces états, les mêmes que lorsqu’il lui avait pris la main en sortant de la pâtisserie où ils s’étaient retrouvés un peu plus tôt dans la journée. Elle perdit de nouveau ses moyens, devenant de nouveau aussi rouge qu'une pivoine, mais consciente du peu de temps qu’il leur restait, se concentra pour ne pas laisser son esprit divaguer, et lui répondit timidement.

- Tu dois partir... Je, si ça ne t'ennuie pas, je préfèrerai t'accompagner jusqu'au quartier est... Je ne me sens pas de sortir d'ici toute seule... Je suis désolée, je te crée tous ces problèmes...

Elle appréhendait de se retrouver seule, perdue au milieu du quartier sud qui lui faisait si peur. Aussi elle profita de cette proposition pour ne pas sortir seule de cet endroit mal famé, et pour passer quelques instants de plus auprès de Russel.
Il lui fallait réfléchir à un moyen de compenser ce qu’elle lui devait pendant leur trajet. Il le fallait absolument. Elle avait une énorme dette envers lui.

*Je suis un boulet... Il est tellement gentil et patient... Et je ne le reverrai plus jamais... Qu’est-ce que je peux faire pour lui, pour le remercier…*

Son cœur se serra dans sa poitrine, alors qu'elle n'osait de nouveau plus croiser le regard de Russel, un mélange de honte, de gêne, de reconnaissance et d'un autre sentiment qu'elle ne connaissait pas encore l'envahissant.

Russel fut soulagé d'entendre l'acquiescement de Yui. Au moins, il était rassuré quant à la sûreté de cette dernière jusqu'à leur séparation. Mais c'était un poids au cœur que de savoir qu'il ne la reverrait plus. Ainsi, il continuait de caresser les cheveux de l'adolescente comme si la chaleur qui parcourait sa main allait rester éternellement après qu'il se soit dit au revoir. Sur le coup, Russel se sentit légèrement stupide.

Habituellement, il ne faisait pas preuve d'autant de sentimentalisme. Était-ce à cause de l'endroit où il était ? Le quartier Sud de Palema semblait relativement dangereux et il y avait une théorie comme quoi on tomberait aisément amoureux lorsqu'on est dans ce genre de lieu. Enfin, c'était la théorie du pont suspendu. Or, ici, il n'y a pas de pont et donc ce n'est pas relatif à ce qu'il se passe... Les émotions fortes et la prédisposition à tomber amoureux n'est donc pas d'actualité... Puis en plus, c'est dans une ruelle rempli d'ordure, franchement y a mieux pour le romantisme ou pour développer des sentiments amoureux, non ? Sans oublier, qu'il était fort probable qu'il ne reverrait jamais Yui...

*A quoi je pense sérieux...* Songeait Russel dont l'esprit rationnel tentait toujours de prendre prise sur ce qu'il ne comprenait pas forcément.

Visiblement, Yui n'était pas non plus des plus à l'aise, le jeune homme la regardait dévier son regard du sien et il remarqua alors qu'il avait toujours sa main posée sur la tête de la japonaise. Il la retira avant de refaire son sourire gêné et détourner son regard à son tour. Finalement, comme pour briser cette situation inconfortable, il prit la parole.

"Bon et bien allons-y."

Cette fois-ci, il tendit sa main, observant, souriant et attendant que Yui la prenne pour marcher. Autant dire que comme l'aller, le retour n'était guère des plus agréables. Ce quartier abritait vraiment les gens de la pire espèce. Mais pas seulement, il y avait autre chose, comme une sorte d'ambiance malsaine, une aura négative semblait sortir de la plupart des personnes habitant ce lieu. Après, le jeune homme n'était guère croyant dans ce domaine, mais juste être dans ce lieu, suffisait pour le convaincre du contraire. C'était définitif, deux jeunes gens ne devraient jamais aller dans un tel lieu. Rien que de voir, les regards se déposer sur eux étaient suffisant pour que Russel soit littéralement tendu. Le Quartier Est... Vivement le Quartier Est répétait le jeune homme dans son esprit comme pour expier de son esprit ce mauvais sentiment qui l'habitait. Mais ne marchant pas, il détourna son attention vers Yui, engageant un sujet de conversation.

" Je t'avais dit que mes parents étaient tout deux dans la police ? Ah et j'ai une sœur aussi, un peu plus jeune que toi je crois. D'ailleurs, tu as quel âge ?"

Il engageait la conversation sur un sujet banal, espérant ainsi faire disparaître son début de nervosité. Bon sang, il se sentait ridicule... S'il commençait à se montrer nerveux, alors Yui aurait peur. Il devait se montrer confiant et sûre de lui. Hors de question de montrer une autre de ses faiblesses en face de l'adolescente. Mais il n'appréciait vraiment pas les regards pervers à l'intention de la japonaise. Il prit son courage à deux mains puis, fusilla du regard l'un d'eux avant de retourner son intention vers la jeune adolescente en souriant.

Russel continuait nonchalamment de passer ses doigts dans les cheveux de Yui qui sentait les battements de son cœur à travers ses tempes tellement ce dernier s'emballait. C'était la première fois qu'un garçon était si proche d'elle, si attentionné, qu'elle ne savait comment réagir, comment gérer la situation.
D'autant plus que les circonstances qui avaient amené ce rapprochement des deux jeunes gens étaient plus que compliquées et inhabituelles.

*....................*

L'adrénaline dégagée par la peur que Yui avait ressentie tout au long de leur entrevue avec le bijoutier véreux ne s'évacuait pas. Elle se mélangeait plutôt avec ce nouveau sentiment dont elle n'avait pas encore vraiment conscience. Il était né, s'était immiscé progressivement dans son cœur, dans sa tête au cour de ces deux derniers jours pleins de hauts et de bas.
Ses émotions avaient été telles des montagnes russes, et maintenant que la pression et la peur retombait, seuls restaient des sentiments positifs, bien que timides, que l'esprit naïf de Yui n'avait pas encore identifié formellement.

Russel devait avoir remarqué l'état de gêne de Yui puisqu'il enleva sa main de ses cheveux, pour la lui tendre gentiment, en signe de départ de ce quartier dangereux.
Elle tendit sa main timidement, mais sans hésitation, et agrippa fermement celle de Russel, comme pour être sûr qu'il ne lâche pas.

Progressivement, tout en traversant ce quartier dans lequel elle souhaitait ne jamais avoir à revenir, elle diminua la distance qui la séparait de Russel, se collant de plus en plus à lui, jusqu'à agripper son bras de son autre main.
Elle se sentait en sécurité près de lui, et il lui fallait bien ça pour oublier le lieu où ils étaient, en attendant de se sentir en sécurité dans le quartier est.

*Je ne suis qu'une personne encombrante... J'espère qu'il ne me déteste pas pour ça... Et voilà que je me colle à lui comme une sangsue, je ne suis vraiment qu'une personne misérable. Mais c'est plus fort que moi, je n'arrive pas à me détacher de lui....*

Russel semblait lui aussi être mal à l'aise puisqu'il prit la parole, pour essayer de leur faire penser à autre chose et de détendre l'atmosphère. Il lui souriait, il se voulait rassurant, et Yui plus que respective à ses sourires ne remarqua pas les raisons sous-jacentes qui poussaient Russel à agir de la sorte.

*Des parents policiers ! Mais c'est pour ça ! C'est... impressionnant !*

Il lui racontait un peu de sa vie et la questionnait sur la sienne, comme pour avoir un sujet de conversation qui les occuperait le temps du trajet.
Il avait des parents policiers, ce qui expliquait bien des choses. Cela expliquait pourquoi il avait eu envie de l'aider, la rapidité avec laquelle il avait enquêté et trouvé des pistes, et son sang-froid et son assurance devant le bijoutier.
Cela confirmait ce que Yui pensait de lui, c'était quelqu'un de bien, quelqu'un de droit.

Il avait une petite sœur, avec des parents et un grand-frère aussi bien, elle devait être elle aussi une bonne personne. Yui l'enviait.

- J'ai 15 ans... Et toi ? Tu as de la chance d'avoir une petite sœur, moi je suis fille unique. Et je ne suis pas très proche de mes parents... Ils sont très exigeants et je les déçois souvent... J'espère les rendre fiers un jour. Toi tu dois rendre fier tes parents, enfin.. je veux dire... tu m'as aidé, un peu comme un policier, comme eux... Tu comptes devenir policier plus tard ?

Elle voulait en savoir plus sur lui, peut-être qu'en connaissant un peu plus de lui, elle saurait comment lui faire plaisir pour le remercier.

Peine perdue. Elle n'en aurait jamais le temps, car déjà leurs pas les avaient conduits hors du quartier sud, et le quartier est ne sera pas bien long à atteindre. Elle n'aurait pas assez de temps pour le remercier convenablement.

*Oh non ! On est presque arrivés... Il va bientôt partir...*

Un sentiment de tristesse envahissait progressivement Yui tandis que l'adrénaline commençait enfin à retomber doucement, et des larmes coulèrent alors silencieusement et sans que Yui ne puisse les retenir le long de son visage.

Le jeune homme sentait Yui se coller à lui, infligeant à ses joues, une teinture rose. Le fait qu'elle compte sur lui était loin d'être une gêne, bien au contraire. Pour Russel, c'était une forme de fierté qu'il avait de sentir qu'une personne comptait sur lui. En ce sens, cela développait son sentiment de vouloir protéger la jeune asiatique. Il sentait la chaleur du corps de cette dernière sur son bras, ce n'était pas désagréable. Il observa la jeune adolescente, délivrant un sourire qui se voulait rassurant.

Il ignorait ce à quoi pensait Yui alors qu'il parlait de sa famille. Mais il espérait parvenir à se détendre, se faisant. Il ne voulait pas particulièrement se vanter. Néanmoins, dire qu'il n'était que peu fière de ses parents seraient faux. Il les admirait et en soi, ses deux parents étaient toujours des héros à ses yeux. Ainsi, ce sujet était comme pour lui inspirer un peu de courage en songeant à ses parents.

A son tour, la jeune adolescente évoqua sa famille. Elle expliquait qu'elle était fille unique et qu'elle ne se sentait pas particulièrement proche de ses parents, qu'elle les décevait beaucoup. Russel aurait voulu affirmer le contraire, mais la vérité était qu'il ne connaissait pas la situation familiale de Yui. Affirmer le contraire serait juste déplacé de sa part. Ainsi, il ne la reprit pas, se contentant d'un petit sourire amère à ce sujet. Elle lui posa la question s'il comptait devenir policier plus tard. Il acquiesça fermement, ajoutant ses sentiments sur sa sœur.

« Oui, j'en ai l'intention. Mais cela n'a rien de chevaleresque. C'est résoudre une affaire qui me plaît et pas tellement enfermer les mauvais types... Et une sœur est plus une plaie qu'autre chose en réalité. Surtout la mienne, elle a tendance à me faire des coups fourrés... Ah ah ah, désolé si je te déçois. » S'excusa-t-il une grimace gêné apparaissant sur son visage.

La part de résolution de l’enquête l’intéressait davantage que retrouver l'assassin ou le criminel. Mais en soi, étant donné que les deux sont liés, on pouvait dire qu'indirectement, il faisait le bien.

Tandis que la discussion se poursuivait sur un sujet relativement léger, ils arrivèrent enfin aux abords du Quartier Est. Il se mordilla la lèvre inférieure en songeant qu'il était sans doute temps de se séparer de sa compagne. Comment lui dire au revoir ? Les pensées coulaient dans sa tête comme le courant d'un fleuve sans jamais s'arrêter. Il avait sans conteste un pincement au cœur alors qu'il observait le visage maquillé de la jeune demoiselle à ses côtés. Encore une fois, il était éprit de la beauté de cette dernière, encore une fois, il voulait la complimenter et lui dire qu'elle était belle.

Pourtant, les mots ne vinrent pas, et sa gorge se serrait naturellement quand il tentait d'émettre un son. Il se maudissait en songeant qu'il avait le comportement d'un adolescent qui tombe amoureux pour la première fois... En soi, n'était-ce pas le cas ? Il trouvait Yui aussi bien mignonne physiquement que mentalement. C'était compliqué à mettre en mot. Pour tout dire, afin de mettre de l'ordre dans ces sentiments, il devrait sans doute passer plus de temps avec cette dernière. Mais le temps ne lui laissait pas de répit. Au moins, il pouvait lui dire au revoir...

« Est-ce que ça ira ? » Demanda-t-il dans un premier temps. Cherchant un quelconque prétexte pour éloigné leur séparation. Ses yeux étaient fixés dans ceux de la demoiselle comme envoûtés par ces derniers. Il tenta, une seconde fois d’exécuter un contact physique avec elle, mais pas en lui caressant les cheveux, non il voulait lui caresser les joues. Un geste, peut-être déplacé, mais qu'il ne parvenait pas à contrôler.

*Qu'est-ce je fais ?* Songeait-il, lui-même surpris par un tel acte de sa part.

Yui n'avait pas eu le temps d'essuyer les fines traces qu'avaient laissé ses larmes sous chacun de ses yeux, que déjà Russel s'était détaché d'elle pour mieux se mettre en face et la regarder.
Il avait plongé ses yeux dans les siens, et si Yui avait bien tenté de ne pas le regarder directement dans un premier temps comme à chaque fois, son regard avait finalement été happé par le sien. Elle le regardait fixement, incapable de détacher ses yeux de ceux de Russel, et incapable de comprendre pourquoi.

La gêne et la tristesse l'envahissaient de plus en plus, son cœur battait à très vive allure, quand Russel eu un geste d'affection pour elle, un geste qui la perturba encore plus que tous les autres depuis leur rencontre.

*Il me ...! Que... ! Que ...!*

Complètement prise de court, le souffle coupé, elle sursauta et en était comme tétanisée, ne sachant comment réagir une fois de plus. Son cœur fit un tel bon dans sa poitrine qu'elle eut l'impression qu'il serait arrêté, colle bloqué.
Russel venait de poser une main sur sa joue, essuyant d'une légère caresse l'humidité laissée par ses larmes, d'un geste nonchalant, presque automatique.
Elle sentait la chaleur de Russel à travers sa main, bien plus que lorsqu'elle la prenait dans la sienne.

*Mais que que que que.... !!!! Qu'est-ce qu'il lui prend !? Et qu'est-ce qu'il m'arrive enfin ?!*

Elle était bien incapable les raisons qui poussaient son corps à réagir de la sorte, le cœur stoppé, le souffle coupé, le regard bloqué... Elle était tout aussi incapable de comprendre les raisons, sans doute identique, qui avaient poussé Russel à une telle initiative.
Silencieuse, elle continuait l'observer qui attendait une réponse à sa question, et qui devait être pressé de partir.
Le voile qui s'était posé sur ses yeux tandis que cœur recommençait à s'emballer de plus belle tomba, et reprenant tant bien que mal ses esprits elle lui répondit d'une toute petite voix, presque un murmure.

- Oui, à partir de là ça ira....

Elle ne voulait pas dire au revoir à Russel, elle ne voulait pas que cela finisse. Mais toutes les choses ayant une fin, elle devait bien se résoudre à le laisser partir.
Yui ne pouvait néanmoins pas le quitter sans l'avoir réellement remercier, une idée lui vint alors, comme un flash.

- Mais avant de partir j'aimerai te donner quelque chose. Pour que tu n'oublies pas, j'ai une dette envers toi, et je te la paierai dès que je le pourrai. En attendant j'aimerai vraiment que tu prennes ceci.

Détachant enfin son regard de celui de Russel, Yui se tourna vers son sac, duquel elle sorti son téléphone portable. Elle en détacha un des nombreux porte-bonheurs japonais qui y était attaché et le tendit timidement à Russel.

- Ce n'est pas grand-chose mais, j'espère qu'il te portera chance. C'est un porte-bonheur sur lequel il faut écrire un vœu. Je ne savais pas quoi écrire alors je ne m'en suis pas servi. Prends-le, s'il te plait.

Il ne leur restait que peu de temps ensemble, à peine quelques minutes, et c'était bien le maximum qu'elle pouvait faire pour le remercier en si peu de temps. Mais elle espérait profondément que ce petit porte-bonheur serait un moyen de sceller une promesse, celle de se revoir un jour.

L'heure de la séparation entre les deux jeunes gens étaient arrivés. Cette rencontre fut brève, quelques peu timides, mais tout de même rempli d'événements. Pour Russel, ce qu'il s'est passé avec cette jeune adolescente avait eut le mérite de rendre son séjour à Palema des plus 'actives'. Quand bien même cela n'avait pas été de tout repos, le jeune homme avait fait une rencontre qui en valait largement la peine.  Autant dire que c'était de la bonne sueur qui coulait. Même si cette sueur se voyait aisément refroidir par l'inexorabilité des adieux. Dans l'esprit de Russel, il était clair qu'il ne reviendrait jamais dans cette ville. En conséquence, il ne reverrait plus Yui. Un pincement au cœur, une boule au ventre, tout ça semblait se coordonner parfaitement pour lui donner ce regret.

Alors que l'heure était venue, la jeune asiatique chercha dans son sac quelque chose après avoir évoqué le mot dette. Le jeune homme laissa une grimace apparaître sur son visage. Selon lui, elle n'avait nullement besoin de se sentir endettée. Il l'avait aidé de son propre chef et sans même demander l'avis de Yui. En ce sens, il devrait presque s'excuser pour l'avoir amené dans ce Quartier malfamé. Pour ainsi dire, il se sentait toujours coupable. S'il avait su, il y serait allé seul. Cependant, par principe, il accepta volontiers cette promesse. Même si, elle ne serait sans doute jamais accomplie. Après tout, il s'en allait vers un autre état. Les chances de se revoir étaient donc nulles.

Elle sortie un portable duquel elle détacha ce qui semblait être un porte-bonheur orientale qu'elle lui donna ensuite. Elle ajouta quelque chose qui toucha profondément Russel. Naturellement, un sourire s'inscrivit sur son visage.

« Merci, j'en prendrai soin. »

Écrire un vœu... Peut-être qu'il pouvait souhaiter devenir un inspecteur de police. Il préférait grandement le faire par ses propres moyens que de compter sur un charme. Cependant, on pouvait dire que l'obtention de porte-bonheur était du à ses propres moyens. Ainsi, lorsqu'il aurait le temps, le jeune homme écrirait ce vœu. Il le garderait comme souvenir pour cette rencontre, quelque peu atypique. Un large sourire sur son visage alors qu'il fit un geste amical à la jeune asiatique.

« Bonne continuation et au revoir. » Exprima-t-il envers Yui, caressant une dernière fois la chevelure de jade noir.

Ce geste accompli, il s'éloigna, légèrement réticent dans un premier temps. Il observait le porte-bonheur, et finalement une sorte de sensation paisible s'empara de lui. Il était simplement heureux d'avoir rencontré Yui. Même s'il était probable qu'il ne la reverrait plus, ce charme lui permettrait de ne jamais l'oublier, peu importe le temps qui passera.

Il rentra chez lui, accueilli par ses parents et sa sœur qui se demandaient bien ce qui le mettait de si bonne humeur. Russel exprima simplement un sourire heureux en disant qu'il avait fait une rencontre merveilleuse qui lui avait donné un baume au cœur. Et ainsi, ce petit passage à Palema, se termina pour lui.

[Hrp: Voilà, fini de mon côté, ce fut fantastique. Merci Yui x)]

Russel pris le porte-bonheur que Yui lui tendait, avec un grand sourire. Elle l'observait le mettre dans sa poche après l'avoir légèrement regardé, il devait être pressé et ne devait guère avoir le temps de l'examiner en détail de suite.
Yui quant à elle, observait Russel, prête à fondre en larme. Le sourire de Russel, si envoûtant, si lumineux, était en total contraste avec l'état d'esprit dans lequel elle se trouvait à ce moment.

Elle sentait son cœur se serrer dans sa poitrine, et commençait à penser que la raison était sans doute un sentiment d'amitié si intense qui se terminait déjà, incapable de comprendre vraiment ses sentiments. Néanmoins, quel que soit sa compréhension de ce qu'elle ressentait, elle était sûre d'une chose, elle était triste, terriblement triste.

Il était temps. Temps qu'il parte retrouver les siens, temps de se séparer, et Yui n'en avait aucune envie.

Russel caressa une dernière fois ses cheveux avant de lui dire au revoir. Son cœur s'emballa de plus belle et une grosse sensation de chaleur l'envahit de l'intérieur, inondant sa poitrine tout entière, et occultant complètement la chaleur suffocante de l'été. Elle étouffait de l'intérieur. La gorge de Yui était tellement serrée, qu'elle eut grand mal à laisser s'échapper quelques mots en retour.

- À toi aussi Russel, au revoir.

Il fit alors quelques pas à reculons, comme pour ne pas perdre Yui de vue, puis se retourna finalement en direction opposée de celle de Yui.
Elle l'observa partir, de dos, dans un premier temps, avant d'elle aussi tourner les talons pour rentrer chez elle.
Elle se retourna quelques fois, pour observer comme une dernière fois la silhouette de Russel, se faisant de plus en plus petite, avant de disparaître définitivement au loin.

*Est-ce qu'au moins je le reverrai un jour ?*

Cette pensée fini d'achever Yui qui fondit en larme. Elle pleura à chaudes larmes en traversant tout le quartier Est jusqu'à arriver devant sa maison en sanglotant. Ses larmes étaient autant des larmes de tristesse que des larmes de joie, car elle était heureuse d'avoir rencontré Russel après tout, malgré toute la peine que cela lui causait à présent qu'il était loin.

Il avait été si gentil, si serviable, si attentionné, si prévenant... Elle espérait qu'en rentrant chez lui il observe mieux le porte-bonheur, remarque les inscriptions écrites dessus. Les caractères étaient ceux du courage. Cela lui allait si bien.

En rentrant chez elle, elle fut accueillie par sa mère comme toujours, qui remarqua les yeux rougis de sa fille.

- Ah enfin ! Mais où étais-tu encore passé !? Yui ? Tu as pleuré ?

L'évitant hâtivement, elle se précipita dans sa chambre et s'y enferma. Comportement inhabituel qui n'alerta pas pour autant sa mère qui repartit continuer ses affaires dans la plus grande indifférence.
Yui quant à elle, allongée sur son lit, son oreiller sous la poitrine, avait pris son calendrier sur lequel elle s'était empressée d'entourer en rouge les dates des deux jours qui venaient de s'écouler.

*Je n'oublierai jamais...*




[hRP : Merci à toi Russ Tout pareil pour moi ^^ C'est fini !]