Ruelle de Fleurs :

Je me réveille. Dans un tas d’ordure.
Nous sommes aux petites heures du matin. Je le sais, car je suis présentement à l’extérieur, dans une petite ruelle me donnant une vue sur un ciel bleu-orangé. Je baille et m’étire. Ces grands mouvements me retirent quelques douleurs.
À oui, mon corps est couvert de cicatrices.

Cette situation initiale sous-grenue est venue de la soirée précédente. Hier soir, je me suis fait tabasser par trois voleurs. Au Quartier Nord, pouvez le croire? Et lorsque je me promène au Quartier Sud, il ne m’arrive rien… De la putain de malchance ça.
Évidemment, il ne s’agissait que d’humains ayant la force du nombre. Mais même en ayant la capacité de lire dans les pensées, rien de ce que je puis dire ne me permit de me sortir de ma situation. Ils étaient idiots comme des ânes. Ils refusèrent catégoriquement d’écouter la moindre de mes paroles. De vrais sauvages. J’aurais bien voulu invoquer mon arme pour me défendre, ou mettre mon Kekkai, mais on m’avait bien dit de ne pas s’en servir sous le regard des humains… Alors j’ai encaissé leurs railleries. De vrais petits sadiques.
Après leurs petits jeux, j’ai tenté de retourner au QG Nephil, mais sans taxi, et devant marcher la distance phénoménale, mais je suis tombé inconscient dans une ruelle, encore bien loin de mon objectif. Et je suis resté là à ronfler, le corps couvert de bleus, et complètement épuisé, jusqu’au moment présent.

Je suis sans le sous, dans une veste de laboratoire complètement déchirée et sale. Je suis couvert d’ordure et j’empeste. Je suis loin du QG Nephil, incapable de retourner vivre au Quartier Ouest, et je suis recherché par la police pour ma disparition après le meurtre de mon frère. Franchement, j’aurais envie de pleurer. Je viens de toucher le bas fond. Heureusement, j’ai encore mon pouvoir, et j’arriverais bien à faire mon chemin jusqu’au QG un jour, sur mes jambes bien mal en points.

J’essaie de me relever et de faire quelques pas, puis je trébuche sur un autre sac à mes pieds. Je m’écrase au sol, le visage dans une pelure de banane brune. J’essuie mon visage de mes mains tremblotantes et blessées, lançant la banane plus loin. Merde, je suis tellement misérable, heureusement que personne ne m’a vu…
Et au moment où cette pensée entre dans mon esprit, une ombre vient cacher le soleil levant au bout de la ruelle. Quelqu’un m’a vu.

Ah merde.



[HRP: J'ai fais court, dis moi si quelque chose te dérange ^^ ]

Un jeune homme blond arrive à la marche rapide. Il vient déposer ses sacs d’ordure pour augmenter la masse de ce qui représentait mon « lit » de la nuit passée. Ah merde, il semble avoir environ mon âge. Je ne suis nul avec les gens qui ont mon âge. Surtout parce que je suis plus à l’aise avec les gens matures et que, de façon générale, bien que je n’aime pas m’adonner à des généralisations hâtives, les jeunes de mon âges sont tous des adolescents attardés qui se refusent à vieillir. Ainsi donc, j’aurais nettement préféré être retrouvé par un vieil homme, le genre qui n’a aucune honte et aucun jugement à apporter envers ma personne couverte de ce qui pourrait être communément désigné de « merde ».

Mais étrangement, le jeune homme semble avoir de la compassion plutôt que de la moquerie, puisqu’il s’agenouille à côté de ma carcasse, et passe un moment à me regarder avec une sorte d’incrédulité. Si bien que je le regarde en retour, un air confus au visage. A-t-il l’intention de parler ou est-ce que…

-Monsieur, monsieur vous allez bien ? Avez-vous besoin d'aide ? Je vais vous ramener chez moi, je suis docteur, enfin presque.

Je glousse, alors que j’essaie de me redresser dans une position qui est plus pratique pour la discussion. Si bien que je me redresse sur mes fesses, adossant mon dos contre un empilement de boites de carton.

-Moi aussi, je suis presque Docteur… Et je peux en effet dire que mon pronostic n’est pas très bon et que tout aide est la bienvenue.

C’est vrai que je suis presque Docteur, je suis un génie passionné de biologie ayant mémorisé la majeurs parties des manuels médicales du laboratoire dans lequel j’ai passé mon enfance. J’espère que mon ton articulé et intelligent le convaincra que je ne suis pas un SDF qui s’injecte les veines d’héroïne… Attendez une minute! Il vient de dire qu’il veut me ramener chez-lui? C’est une vraie proposition honnête, ou il me prend pour un petit chien perdu? Je n’ai pas tendance à suivre n’importe qui n’importe où…
Je dis ça mais en vérité, si tout tourne mal, je peux toujours disparaitre dans un Kekkai. Suivre un inconnu, même s’il semble dangereux, n’est pas ce que je crains le plus.
D’ailleurs, je devrais peut-être m’essayer à lire dans ses pensées. C’est épuisant, et trop le faire me donne un mal de tête mais… Comme je viens de me réveiller, je devrais être bon pour activer mon pouvoir sans trop de douleur, non?

Ainsi donc, je saute dans la tête du jeune homme blond.

*Euuuuuhhh, John, j'ai une impression de... d'être observé..*

*Ta gueule Wilfrid. Tu vois pas que je suis occupé ?*

*Connard...*

"Ben monsieur, j'ai le matériel nécessaire pour vous soigner chez moi. Allez, levez-vous"

Je lui pris par le bras et le levai. Je me demandais vraiment comment il avait pu arriver dans les poubelles à côté de chez moi. Je le sentais étrangement calme. Le mec venait de se faire retrouver dans une poubelle et il était tranquille. Il faisait même des blagues. C'était extrêmement suspect, mais bon, ce n'était pas vraiment le moment de parler de ça.

"Monsieur, comment êtes-vous arrivez là ?"

Je le hissa et je mis son bras sur mes épaules. nous marchâmes lentement vers la rue où se trouvait mon appartement. D'ailleurs il était complètement en bordel. Mon appartement, et mes cheveux d'ailleurs. À la place d'être hérissés comme d'habitude, ils tombaient en me couvrant une partie du visage.

*Sérieux, je me sens observé...*

*JE M'EN FOUS ! Wilfrid je ne te fais plus confiance !*

*Tout ça parce que j'ai voulu toucher les coussins à confort d'une fille !*

*Oui ! TOUT ÇA POUR ÇA !*

*TU ME FAIS CHIER ! SI JE POUVAIS PARTIR JE LE FERAIS ! CONNARD*

*J'ai hâte du jour où je me débarrasserais de toi, Wilfrid. Tu es une plaie dans ma vie.*

[Très très long retrd, je m'en excuse sincèrement j'ai eu un lot de problème ces temps-ci.]

[HRP : Revenu de mon voyage en Europe!]

Alors ça alors.
Le jeune homme blond me dit quelque chose, mais je n’y prête même pas attention. Mon esprit est occupé ailleurs. Et par ailleurs, je veux dire par le sien. Je reste avec mes fesses sur le sol plein de saletés, le fixant de mes yeux dorés.
C’est la première fois qu’une telle chose m’arrive. Quelqu’un qui a un trouble de personnalité. Différentes voix dans sa tête. Je peux attendre sa conversation entre ce Wilfrid et ce John. John semble être celui présentement en contrôle et ce Wilfrid… Il semble savoir que je suis dans sa tête! Pourtant aucun humain n’en a jamais rien su jusqu’à maintenant. J’étais certain que c’était impossible! Est-ce que je suis simplement paranoïaque tout comme ce Wilfrid, et que ce dernier fait simplement une psychose où il croit être observé et je suis simplement par coïncidence dans son esprit au même moment?
Le jeune homme me tire de mes pensées et des siennes en me tirant vers le haut, me relevant du sol. Je le remercie, il me demande comment j’en suis arrivé là, alors qu’il m’amène lentement avec lui.

-Je suis un être extrêmement malchanceux. J’ai tendance à créer ma propre chance, et hier soir, disons que je n’ai pas réussi.

Et alors que je dis cela, tout en écoutant les voix se chamaillant dans sa tête, j’en viens à une réalisation. Je me suis endormi dans la ruelle à côté de sa demeure. C’est LUI qui habite dans l’appartement à fleurs. Et donc, c’est lui qui jette les sacs à poubelles qui m’ont servi d’oreiller. Cette pensée me fait sourire :

-Merci de ne pas avoir jeté de lames de rasoir aux poubelles hier, j’aurais bien mal dormi!

Et parlant de poubelles je me demande à quoi ressemblera son appartement. Alors qu’il m’y guide, je lance une présentation :

-Merci de votre aide Monsieur Presque-Docteur, je m’appelle Diechi. Pourrais-je savoir votre nom?

Inutile de dire que je sais déjà qu’il se nomme John. Mais lire dans les pensées ne devraient pas empêcher les politesses.

[Heureux que tu sois revenu ^^]

Tout me semblait bizarre…  Wilfrid semblait vraiment paniqué. Il n’avait pas l’habitude de paniquer. Il avait un caractère assuré, et prétentieux. Il avait le melon quoi ! Mais là, il se sentait observé. Était-il paranoïaque ? J’espérais que non… C’est chiant de vivre avec un paranoïaque ! Pendant que je pensais à ceci, l’homme me fixait de ses yeux dorés. Plutôt majestueux, j’ai envie de dire. Il avait l’air plutôt préoccupé, et tout ceci me faisait flipper. Je commençais à me demander si le (probable) paranoïa de Wilfrid ait un lien avec l’attitude bizarre de l’homme que j’avais en face de moi. Mais je tombais peut-être fans la paranoïa moi aussi ? Je laissais échapper un petit sourire à cette réflexion.

Je le relevais, et il avait l’air sorti de ses pensées. Retour à la réalité. Je commençais à l’emmener vers mon appartement tandis qu’il me parlais. Il dit qu’il créait sa propre chance… Je ne compris pas ce que ça voulu dire. Tout ceci me paraissait de plus en plus douteux, au fil de la conversation. Je lui répondis par un simple haussement de sourcil, signé de mon incompréhension totale. Il enchaîna ensuite sur une petite blague sur le fait que son lit fut une part de mes ordures. Honnêtement, je ne trouvais pas ça drôle. Je fis un petit rire forcé, et avec mon talent de comédie ça ne passait pas du tout. Disons que je n’avais jamais eu un grand talent au théâtre. Wilfrid était silencieux depuis quelques temps et je trouvais ça bizarre. Mais bon ça me faisait des vacances, donc je n’allais pas m’en plaindre ! Je n’en avais rien à battre, littéralement. L’homme me demanda ensuite mon nom, tout en me donnant le sien, Diechi… C’était, poétique comme nom. Ne me demandez pas pourquoi, mais ça l’était.

« Je suis John Merden. J’étudie en médecine légale. Malgré que vous ne soyez pas un cadavre, je pourrai vous donnez des soins de bases. »

Gardant le contact mental, je remarque que Wilfrid s’est complètement tût, et que John s’en inquiète lui aussi. Peut-il vraiment sentir ma présence? J’entends aussi John penser au fait que je mon attitude le désempare, et que mes plaisanteries n’ont peu ou pas d’effet.
Et alors qu’il me guidait, je suivais ses pensées : il commençait à me trouver vachement douteux. Est-ce vraiment ce que je dégage comme première impression? C’est vrai que la veste de scientifique, plus mon phrasé aux doubles sens peuvent prendre par surprise. Sans parler de mes longs monologues lorsque je m’embarque sur un sujet…

Je passe ma main dans mes cheveux, soupirant, et essayant de reprendre une attitude et une impression plus normale. Après ma demande, John me réponds et j’apprécie qu’il ne me mente pas sur son nom. Pourquoi il trouvait mon nom poétique, je ne pouvais dire, mais il avait bien raison. Un nom plein de sens. J’avais même pensé changer d’identité depuis mon changement en Nephil. Et il faut dire que c’est ce que j’ai fait aussi un peu pour éviter les répercussions du meurtre de mon frère Ottavo.

Sentant mon esprit s’enfuir en loin, je me ressaisis et souris à la remarque du médecin. Peut-être devrais mieux me présenter, gagner sa confiance un peu plus… Du moins jusqu’à ce qu’il me guide à une trousse de premier soin.

-Enchanté John! Comme je l’ai dit, je m’appelle Diechi, je suis un biologiste de spécialisation moléculaire et cellulaire. Je me suis fait voler et agresser hier soir, au Quartier Nord, pas croyable. Ils m’ont aussi pris mon cellulaire.

Ce qui ne me dérange pas trop, puisque je comptais le jeter de toute façon, pour ne pas être retracé par la police, ou pire, Ottavo. Je viens aussi de réaliser que de dire que je suis un biologiste spécialiser à cette âge a de quoi le rendre encore plus suspect… Mais bon, pourtant ce n’est pas un mensonge, un des bonus d’avoir grandi dans le Quartier Ouest, entourés de scientifiques.

On en arrive finalement devant la porte de chez-lui. Je me demande ce que je trouverais derrière.

Nous continuions à marcher vers la porte de ma maison, et Diechi continuait à paraitre suspect, à mes yeux en tout cas. Déjà le fait qu’il se soit fait agresser en plein milieu du Quartier Nord, le quartier sensé être un peu plus « civilisé » que les autres. Peut-être mentait-il ? Peut-être avait-il un secret à cacher sur le fait qu’il se soit endormi ici ? Ou peut-être que je devenais paranoïaque, tout simplement. Il se passait la main dans les cheveux de temps en temps, comme quoi même après s’être fait agressés les gens pensaient encore à leur physique. Je n’allais pas lui reprocher le fait d’avoir une bonne hygiène de vie. J’ai toujours eu une tendance à titiller les gens pour rien, Hugo me le faisait souvent remarquer avant de mourir. Une expression de tristesse se forgea sur mon visage à la pensée d’Hugo. Je décidai de ne plus parler beaucoup, de me contenter de le soigner et de le laisser partir. Revenir dans ma solitude, manger de la crème glacée en pensant à Lucy… Putain que je fais pitié.

« J’espère que vous avez de bonnes assurances. »

Avec ces formations, il doit probablement venir du Quartier Ouest. Ce quartier rempli de scientifique hyper super intelligents qui reste enfermés toute la sainte journée. Je me suis toujours demandé quelle sorte d’expérience faisaient-ils là-bas. Sûrement des expériences ultrasecrètes sur des extra-terrestres écrasés sur Terre. En pensant de ces genres de trucs, je me suis toujours demandé s’il y a des espèces d’humains mutants, avec des genres de pouvoirs. Ce serait peu probable, mais avec le gouvernement qui nous cache tout, il y aurait des probabilités. Après avoir monté les marches jusqu’au troisième étage (non sans peine), nous arrivâmes devant la porte de mon appart. J’ouvris la porte puis… C’ÉTAIT LE BORDEL PUTAIN DE MERDE ! Des vêtements par terre, la crème glacée dans la cuisine, tout était sens-dessus-dessous. Je l’amenai sur le canapé où je l’allongeais, Je partis chercher rapidement des trousses de premiers soins dans mes placards, tout en lui disant quelque chose.

« Sur l’échelle de la douleur, de 1 à 10 c’est combien ? 1 étant rien à battre de la douleur et 10 étant l’agonie. »

*Bravo le tact John, sérieusement tu m’impressionnes*

*Va te faire, Wilfrid. C’est sûr que tu es un grand gentleman toi. *

Oh je vois.
Mon esprit envahissant toujours le sien, je vois qu’il pense à un certain Hugo, une mort récente, et aussi à une Lucy, auquel un autre drame doit être lié. Il semblait triste et la phrase qui explosait dans son crâne « Putain que je fais pitié » était assez véridique. Ce John me faisait bien pitié. Mais pas d’une connotation négative, plus qu’il attirait la sympathie. J’aurais bien aimé pouvoir lui redonner le moral, le faire rire…
Mais je suis juste un pauvre intellectuel sans capacités sociales, et je ne trouve pas les mots.

-J’espère que vous avez de bonnes assurances.

Je ne lui réponds pas, le regardant seulement avec un sourire que j’espère tendre. Pourquoi devrais-je lui répondre de toute façon, c’est assez évident que ma réponse n’aurait aucune importance. Ce type n’en a rien à foutre de ce que je peux bien avoir comme assurances. Du « blabla ». De la petite communication de pacotille pour camoufler les choses importantes. Alors je le regarde simplement avec un sourire...
Jusqu’à ce que ces pensées sur le Quartier Ouest se pointe dans son esprit, et alors, je glousse. J’essaie de cacher ma grimace souriante. Quelles théories idiotes qu’il avait! Et pourtant, il n’était pas loin de la vérité! Ce que la vie peut-être étrange. Je ne pensais pas que l’ironie était ma forme d’humour préféré, mais de voir à travers les yeux de quelqu’un d’autre ce qu’il pense de l’endroit où j’ai grandi est assez distrayant.

Finalement, lorsqu’on arrive dans son appartement, je ne suis plus capable de me retenir. Alors qu’il hurle dans son crâne à cause du « bordel putain de merde », j’éclate de rire. Je sais bien que j’ai l’air idiot, fou peut-être même, que je lui semblerai encore plus suspect. Et pourtant, je ne peux pas m’en empêcher, les pensées de ce type me font rigoler.
Pour ma part, je ne trouvais pas que c’était le bordel. M’aurais-t-on laissé le choix, que j’aurais laissé tout ainsi, sans rien arranger. Certes, ce n’était pas propre comme lieu, ce n’était pas beau ou majestueux, mais c’était…

-C’est vivant.

C’était bien. Tout autour dans cette pièce, on peut y voir des traces de vie d’un être avec des émotions, quelqu’un de vivant, très différent de mon ancienne maison bien rangée et stérile du Quartier Ouest, ou encore du petit lit d’hôpital qui me servait de chambre au QG Nephil.
John revient vers moi après m’avoir allongé sur le canapé, avec une trousse de soin à la main. Il me demande de juger ma douleur, que je note d’un « Trois pour la douleur, mais je me sens affaiblis à 7 ». Puis, j’entends la seconde voix dans sa tête qui revient, ce Wilfrid.
Je regarde John dans les yeux, un sourire amical au visage :

-Toi, t’es foutument plus intéressant que ce que tu laisses croire.

Je continuais à me morfondre dans les basfonds de mon esprit, où personne ne pouvait m’entendre. En tout cas, je le pensais. Après plusieurs « gloussage », je me demandais ce à quoi il pouvait penser, mais lorsqu’on entrait dans mon appart et qu’il éclata de rire, je pensais comprendre qu’il se moquait de moi. J’avais peut-être (probablement) tort, mais c’est ce qui me lassait paraitre. Après le petit commentaire « C’est vivant », je lâchais un petit sourire discret. Ce n’était absolument pas vivant. C’était vide. Mon comportement de la dernière semaine était sans âme. Toute mes journées se passaient comme ça : Réveil, retard, embrouille, pizza, dodo. Donc voilà, ce n’était pas vivant. Après m’avoir dit son évaluation de douleur, je commençais à regarder les blessures évidentes. Puis un commentaire de sa part me fit perdre mon sourire en coin. Il me fit un peu… déprimé.


« -Toi, t’es foutument plus intéressant que ce que tu laisses croire. »

« … »

« Tu ne crois pas si bien dire… »

*Je peux prendre les contrôles ? *

*Va te @#%&& @?&% &@&&  @%&@% $&@*

*Mémémémémémémémé…*

*Ferme ta gueule.*

*Techniquement je n’ai pas de gueule.*

Une espèce de silence s’installa après sa phrase : Tu ne crois pas si bien dire. Je veux dire, qu’est-ce que je réplique à ça? « Je sais, je dis bien les choses, hein? » Alors je reste silencieux, à le regarder alors que les deux voix dans sa tête s’affrontent. Nous ne sommes pas loin du malaise honnêtement, et toute cette rencontre est, depuis le départ, assez déstabilisante et nous en sommes tous les deux nerveux. Cette situation est nouvelle pour moi, et j’ai l’air suspect de mes réactions. Je vais devoir sérieusement commencer à travailler plus fort sur mes poker-faces, je devrais avoir un bien meilleur contrôle de mes pouvoirs et pour les cacher aussi.

Bon allez, le silence à assez durer, je devrais dire un truc :

-Merci pour les soins. Je dis peut-être n’importe quoi, mais j’ai aussi étudié la psychologie et la neurotique moléculaire. Mon ancienne petite amie était aussi une psychologue de génie. Et, sans vouloir paraitre outrageusement grossier, je pense qu’il y a quelque chose qui tourne pas rond chez vous.

Merde qu’est-ce que je raconte? Cette matinée ne pourra pas aller plus mal. Je pense que je vais simplement ouvrir un Kekkai et foutre le camp, je gère trop cette situation de façon merdique. J’essaie de sourire et de ramener le tout sur une note moins dramatique :

-Bref, ce que je veux dire, c’est que, puisque vous m’avez soigné d’un côté physique, tel qu’enseigner par votre profession, je pourrais faire mon travail et vous soigner en retour du côté psychologique.

Toujours pas mieux. Continuons, voyons à quel point je peux m’enfoncer dans ce dialogue incohérent. Je glousse de rire :

-Dans le fond, ce serait le genre moment où je vous donnerais ma carte d’affaire et mon numéro de téléphone, mais comme on m’a tout volé, je me retrouve dans cette situation un peu ridicule qui…

Heureusement pour moi, le téléphone de l’appartement se met à sonner. Oh Dieu merci, sauvé par la cloche. Qu’il parte répondre et oublie mon jargon.

Je le regarde partir vers le téléphone, l’air à moitié calme, à moitié dérangé. Il ne me répond pas. Et voilà, je me prends un vent. Il ne m’accorde même pas un seul regard. En fait, il a l’air de sauter sur le téléphone, que ce soit pour s’enfuir de la conversation ou parce qu’il attendait cet appel depuis bien longtemps.
Mais à l’ instant où il porte le téléphone à son oreille, son expression change. Aussitôt m’empare le désir d’entrer dans sa tête. Mais un petit mal de tête me retient. Ah, après tout, n’y avait-il pas une époque où je respectais la vie privée d’autrui?
En fait, maintenant que j’y pense, pas vraiment.

Ah, peu importe. John m’invite à sortir, le téléphone encore en main et une expression troublée au visage. Voilà qui est un peu brusque, mais bon, ce devait être une sorte d’urgence. Je quitte son appartement, lâchant un dernier petit merci.
Je me retrouve seul, devant la porte de sa demeure et des sentiments étranges au creux du cœur. J’essaie un instant de les assimiler, mais à ma grande frustration, je n’y arrive pas. QU’est-ce que c’est que ce sentiment de vide que je ressens? Et pourquoi? Enfin bon, je suis sur mes deux pieds, et je me sens déjà bien mieux qu’à mon réveil. Je m’éloigne, mettant mes mains dans mes poches, un petit sourire se dessinant au coin de mes lèvres.

John Merden, ses dernières paroles rejouent dans ma tête. « Tu ne crois pas si bien dire… »

Sur le chemin de retour vers le QG Nephil, une envie étrange me prend.
Je me mets à courir.


[RP TERMINÉ J’IMAGINE ^^]