Je peux vous aider ?

A

ssis sur une chaise, rien ne se passe jusqu'à ce que...

“...Dring… Dring…“

La sonnerie du téléphone résonne dans la salle alors que j'attrape le combiné en commençant :

- Oui Allô Bonjour, Janku Shop Heibon à l'appareil, que puis-je faire pour vous ?

J'entame la discussion au téléphone, un stylo à la main, attendant la réponse d’un potentiel client qui semble plutôt hésitant concernant un composant pour son ordinateur et après un long moment à bégayer, voilà qu'il commence à me demander timidement si je suis libre après le boulot.

《 Encore ? Mais ça n'arrête pas depuis une semaine : ça commence à me gaver 》

Malgré les paroles étranges de l'homme, je reste professionnel en gardant le même ton sympathique :

- Merci, je suis flatté, fis-je en changeant de sujet, mais malheureusement il ne nous reste que les anciens modèles. Terminé-je tout en tapant sur le clavier pour vérifier les stocks.

- ..mais… bégaye-t-il toujours alors que je n'en prend pas compte.

- Au lieu de ça, je peux vous proposer de faire une précommande pour les nouveaux processeurs qui arriveront bientôt en magasin.

- ...euh...O-oui…

- Je vous en réserve un et vous venez nous voir quand le produit sera arrivé ?

- D'accord !

- Très bien, je peux prendre vos coordonnées ?

Une discussion entre vendeur et client se termine après quelques minutes de professionnalisme tandis que je le remercie avant de raccrocher au téléphone en soupirant d’exaspération.

《 Enfin tranquille ! 》

Ça m'est déjà arrivé d'être confondu avec une fille physiquement et ça me saoule un peu mais quand même : au téléphone quoi…

《 Sérieusement ? 》

J'ai pas une voix de crécelle non plus : ça s'entend que je suis un mec non ?
À moins que ces gens ne soient…
Je secoue la tête avec une légère appréhension tout en déposant le combiné, poussant un nouveau soupir avant de retourner sur l'ordinateur. Le seul avantage que j'en tire ceux sont des ventes plus faciles mais je n'aime pas vraiment ça… enfin bon… il faut quand même que je m'y remette avant que le patron ne me passe un savon.
La journée continue donc et je reste sur ma chaise à travailler, ainsi, quelques heures passent alors que les commandes s'enchaînent de plus en plus à mon plus grand étonnement… Et je n'ai pas le temps de me détendre que 5 min après avoir fini une discussion téléphonique on reçoit encore un appel mais cette fois-ci pour un renseignement et ce n’est pas terminé puisque la clochette de l'entrée résonne, prévenant l'arrivée d'un client au moment où je m'apprête à répondre à la personne au téléphone : autant de gens intéressés par la boutique, c'est rare...

Je peux vous aider ?

U

n jeune homme aux cheveux roux entre dans la boutique alors que j'ai toujours le téléphone en main mais je fais en sorte de finir l'appel rapidement pour enfin raccrocher.
J'allais lui demander s'il cherchait quelque chose mais il ne m'en a pas laissé le temps :

- Salut Monsieur Murasaki. Z'auriez un adapteur pour jouer au jeu jap sur la super nintendo ? J'ai 'Man qui aimerait bien rejouer à Angélique, le premier otome game du monde. Et vu que notre Super famicom à lâché, me faudrait un moyen d'y jouer sur notre Super Nintendo. Ou bien si vous avez une Super famicom, je prends aussi hein.

《 Are* ? 》

Il a parlé si vite que j'ai eu un peu de mal à suivre mais… Comment ce mec connaît mon nom ?
C'est curieux mais je préfère ne pas demander, comme si c'était une mauvaise idée.
Me remémorant certaines de ses paroles, un léger sourire sympathique mais cachant mon étonnement vient se dessiner sur mes lèvres.

《 Angelique… C'est pas tout les jours qu'on peut voir des mecs qui jouent à ce jeu. Enfin bon, je ne juge pas hein ? C'est juste étonnant. 》

- Une seconde, répondé-je poliment en jetant un oeil sur l'ordinateur mais en voyant les résultats de recherche, je pousse légèrement ma chaise, un peu navré, hm… Malheureusement, on attends encore les adaptateurs Famicom to NES depuis que les stocks ont été écoulés et on a bien quelques Super Famicom mais... c'est plutôt difficile de s'en procurer alors elles ne sont pas données. Terminé-je en croisant les bras pour réfléchir.

Peu importe qui est devant moi, je cherche toujours une solution pour remédier à cela et après quelques secondes, une idée me vient en tête et je cherche une nouvelle fois sur l’ordi pour être sûr avant de proposer.
Et… Bingo ! Il y a peut être une alternative : enfin… si ça lui convient.

- Mais si vous tenez tant à jouer à ce jeu, je peux vous proposer de prendre “Angelique Retour”, c'est une version remasterisée d’Angelique, la seule différence c'est le fond de l'histoire qui cache des secrets un peu plus sombres : donc du contenu en plus si on peut dire et ce jeu est disponible sur PsVita et PSP : ça vous reviendra bien moins cher. Intéressé ? Fis-je avec un autre sourire.

Traduction au cas où :

Je peux vous aider ?

J

e ne m'attends pas forcément à ce qu'il accepte, après tout, je peux comprendre qu'on préfère jouer à l'original : c'est plus authentique en quelques sortes et mes appréhensions se révèlent être vraies :

- Nan, 'Man l'a déjà. Je vais t'acheter une Super Famicom Aoba, si ça te dérange pas. Fit-il directement alors que je penche la tête sur le côté, de plus en plus intrigué…

Mon nom de famille à la rigueur, je veux bien le croire mais… mon prénom ?
On est de purs inconnus : c'est impossible et pourtant ce type connaît mon identité.

《 C'est bien trop gros pour n'être qu'une coïncidence : ya forcément un truc. 》

Je me méfie du jeune homme sans le montrer alors que j'affiche un visage souriant comme devant tout client mais je n'ai pas le temps de cogiter qu'il me sort l'équivalent en dollar de plus de 100 000¥ pour les poser sur le bureau comme si c'était normal.


- Voilà. J'espère que c'est suffisant. Et essaie pas de m'arnaquer hein.

Décidément… Je ne comprends vraiment pas cet adolescent.

《 Quand je disais pas donné, je parlais en terme de rapport qualité/prix : c'est une vieille console.
Une console plus moderne reviendrait moins cher… Hm… Il vient sûrement d'un milieu plus aisé que le mien. 》

Je retiens un facepalm et me penche vers la table, de plus en plus dubitatif sans pour autant le montrer.

- Quand je disais cher, je ne demandais pas autant, rié-je doucement, 65 000¥ C'était largement suffisant. Terminé-je en me relevant de la chaise tout en lui demandant d'attendre quelques secondes tandis que je me dirige vers la réserve.

Je passe mes doigts sur chaques cartons, cherchant le bon produit avec sérieux jusqu'à ce que je m'arrête devant la bonne boîte. Je saisis donc doucement cette dernière en faisant attention à ne pas la faire tomber et revient devant le client, le carton en main avant de le poser sur le bureau.
Je me rassoit ensuite pour scanner le code barre et prend seulement le montant nécessaire, laissant le reste sur le comptoir pour qu'il reprenne le surplus. Une fois l'argent rentré, j'attrape le ticket de caisse pour lui tendre.

- Tenez, fis-je avec le même sourire, vous voulez un sac pour transporter la boîte ?

Je peux vous aider ?

L

’achat est maintenant effectué, je lui ai donc proposé un sac mais le jeune homme préfère le porter directement chez lui à la main : peut être qu'il n'habite pas loin d'ici.

- Fin Aoba, t'es un chic type. En vrai, tu me sauves la vie. Attends, permets moi de te remercier. Fit-il en me sortant un billet qui arrive presque au prix de la console que je viens de lui vendre.

Il me dit même que c'est pour me remercier de mon honnêteté. Les anciennes consoles peuvent être cher, voir plus que les nouvelles comme dans ce cas précis (surtout que le patron n'arrange pas les choses non plus avec les prix qu'il fixe sur certains articles) mais… je ne peux m'empêcher d'être surpris devant autant de générosité : c'est la première fois qu'on me donne un pourboire aussi élevé.
Il est vrai que ma tante et moi avons besoin d'argent pour payer les frais médicaux de Len mais...

- Merci beaucoup mais, je ne peux pas accepter. C'est beaucoup trop, lui répondé-je en m'inclinant légèrement avant de lui sourire avec sympathie.

Et alors qu'il prend la boîte, il me sourit à son tour, me saluant une dernière fois en complimentant la boutique : il reviendra apparemment et je me contente de lui rendre son salut :

- Revenez quand vous voulez, sourié-je doucement.

Ce gars est étrange, oui, même carrément louche. D'ailleurs je reste sur mes gardes mais… Il me semble sympathique en quelques sortes : on ne doit pas s'ennuyer avec lui.

Je peux vous aider ?

L

e jeune homme sort du magasin et je le salue en souriant tandis que je m’affale sur mon siège en soupirant.

《 Il est gentil mais… Comment se fait-il qu'il connaisse mon nom ? 》

J'ai beau me triturer l'esprit, rien n'y fait : je ne trouve rien.
Posant ma tête sur la table, je commence à réfléchir à cette situation pour le moins perturbante jusqu'à qu'un bruit vienne interrompre mes réflexions.
Le téléphone comme toujours…

《 Peut être que je cogite un peu trop ? 》

Je soupire une nouvelle fois, me relève et inspire un coup avant de décrocher.

- Oui Allô Bonjour, Janku Shop Heibon à l'appareil, que puis-je faire pour vous ?

Et la journée de travail continue ainsi.
Le lendemain se résume à la même chose d'ailleurs : répondre au téléphone, accueillir les clients… sauf que cette fois-ci, le patron n'a pas trop de livraisons à faire mais on a reçu quelques produits donc j’aide à ranger les cartons.
Une boîte en main à côté de la porte du personnel je m’apprêtais à y entrer mais au même moment, la sonnette de la boutique retentit.

- Bienvenue, salue le patron tandis que je me retourne pour remarquer avec étonnement qu'il s'agit du jeune homme d'hier.

- Yo ! Je suis revenu. Je te présente ma mère. Fit-il en me montrant la femme à côté d'elle qui semble assez joyeuse tandis que je m'incline légèrement de la tête avec un sourire.

- Oh, Aoba, Tu connais ce jeune homme ? Me demande le quadragénaire avec un sourire.

- euh… oui, enfin, c'est lui qui a acheté la Super Famicom hier.

- Je vois… eh bien je te laisse gérer ça, sourit-t-il toujours en continuant son rangement tandis que j'acquiesce doucement en posant la boîte que j'avais dans les mains sur l'étagère derrière la caisse.


En voyant mon patron, il paraît tout de suite plus taillé pour le métier de commerçant que moi : aucuns doutes là-dessus et même s'il peut être très pointilleux avec les prix, il reste néanmoins sympathique.
Par contre, il a tendance à me refiler toutes ses corvées… j'en soupirerais presque mais la “mère” de l'adolescent s'avance ensuite vers moi en me demandant si on avait des otome games rétro.


- Bien sûr, sourié-je en me dirigeant vers une des petites étagères avant de m’accroupir pour fureter à travers les jeux, vous avez une préférence pour une licence en particulier ?

Je peux vous aider ?

J

e me remet à chercher en entendant sa réponse, passant mes doigts sur chacunes des boîtes pour trouver un nom intéressant jusqu'à ce que je m'arrête sur plusieurs jeux.
J’attrape ces derniers et les tire doucement du meuble depuis ma position toujours accroupie et vérifie la jaquette de chacuns avant de me relever.

- Je peux vous proposer Tokimeki Memorial Girl’s Side, c'est assez stéréotypé mais c'est rempli d'humour, dis-je en regardant les trois autres boîtes, On a aussi Hiiro no Kakera, l'héroïne est un peu un boulet mais l'histoire est intéressante, d'ailleurs il y a même eu plusieurs suites.
Et sinon ya Will o’Wisp et Edel blume : l'un est assez court mais avec une bonne dose de grand n'importe quoi, l'autre est meilleur niveau scénario mais ça reste un jeu considéré comme mauvais, néanmoins, si vous aimez les personnages un peu bishônen ça devrait vous plaire. Ils sont tous sur ps2 mais certains ont eu des portages sur ds si vous préférez. Terminé-je en lui tendant les jeux avec le même sourire tandis que j'aperçois le jeune homme en regarder d’autres sur une étale à côté.

Un coup il agit étrangement, l'autre coup il a l'air d'un adolescent parfaitement normal.
Je me demande ce qui se cache derrière tout ça mais je ne cherche pas plus loin et attends la réponse de la cliente.

Je peux vous aider ?

J

e souris un peu gêné en entendant sa réponse.
Je ne suis pas un expert en otome game mais il m'arrive d'essayer certaines choses, bon, après s’il m'arrive d'y jouer c'est surtout parce que je ne me cantonne pas qu’à un seul type de jeu.

- Eh bien, en fait je suis un peu touche à tout, rié-je légèrement en passant une main dans mes cheveux, donc ça m'arrive de temps à autre.

J'ai passé ma vie dans un quartier qui n'est pas très recommandable mais depuis l'enfance on a toujours eu des jeux vidéos à la maison, j'aime aussi bien le rétro que le moderne puisque j'ai grandi avec les deux. Je ne me souviens même plus le nombre de parties qu'on passait sur la megadrive ou la N64 avec Len.
En même temps je pense que tout ceux qui ont connu le rétro en gardent un bon souvenir.
Mais je n'ai pas le temps de continuer à discuter que le téléphone sonne, résonnant dans la pièce.

- Je vais vous laisser réfléchir, Sourié-je tout en lui montrant l'étagère, n'hésitez pas à regarder ici, il y en a pleins d'autres.

Je lui souris encore une fois et me dirige vers la caisse avant de décrocher avec la même et éternelle phrase du magasin.
Ça paraissait être un client qui demandait où en était sa commande, un appel normal en somme alors je commence à m'installer sur la chaise puis je pianote un peu sur l'ordinateur pour lui donner quelques informations mais au fur et à mesure de la discussion, je lui explique calmement qu'il lui faut attendre encore un peu mais ce dernier commence à s'énerver pour une raison des plus obscures : ce qui me dépasse totalement.

- Oui, je comprends mais nous ne sommes pas les fournisseurs, il nous faut attendre un certain délai avant de recevoir votre commande. Répondé-je poliment tandis que la personne au téléphone commence à hausser le ton.

Après un moment à essayer de le raisonner calmement, la discussion se termine en me raccrochant au nez. Je pose le combiné, lassé et soupire.

《 Quand est-ce qu'ils vont comprendre qu'une livraison ça prend un minimum de temps ? 》

Mais je trouve quand même ça bizarre. C'est toujours moi qui tombe sur les clients étranges et/ou mal lunés : le patron, lui, se retrouve toujours avec des gens “normaux” si on peut dire.

《 Ou peut être que c'est juste moi qui n'ai pas de chance 》

Enfin bon, j'espère juste ne pas avoir d'autres appels de ce genre et je reste assis sur la chaise, attendant de voir le choix qu'avait fait la mère de l'adolescent.

Je peux vous aider ?

L

a cliente s'approche de la caisse alors que je suis toujours sur la chaise pour ensuite m'annoncer qu'elle les prends tous.
Après avoir scanné chaques boîtes, je prend le montant nécessaire et lui sourit :

- Ce sera avec plaisir.

La mère de l'adolescent s'en va et je ris légèrement en l'entendant parler au roux avant qu'elle ne s'en aille. J'allais d'ailleurs retourner sur l'ordinateur mais le jeune homme se dirige vers moi.

- Hey dit moi, tu aurais pas l'adresse du type qui vient t'appeler ? Me demande-t-il directement alors que je le regarde, un peu intrigué.

《 Le type qui vient de m'appeler ? Ah, il doit parler de l'autre client mais… Pourquoi ? 》

- euh… Puis-je savoir pourquoi ? Fis-je avec le même air.

Même s'il me donnait une raison valable, il y a très peu de chances que j'accepte : la confidentialité est une règle très stricte, je ne peux pas donner ce genre d'informations au premier venu, ça ternirait la réputation de la boutique et en plus ça m'amènerait de gros problèmes. En tout cas, c'est la première fois que je vois ça.
Un client qui s'intéresse à un appel téléphonique : c'est plus que suspect.
Il connaît mon identité et ensuite il me demande des informations strictement confidentielles, j'ai du mal à croire que ce ne soit que de simples coïncidences.
Je vais devoir rester sur mes gardes, je ne sais pas à quoi m'attendre avec ce garçon.
Il a beau m'être sympathique, je ne peux m'empêcher de le trouver très intrigant, voir même flippant parfois.

《 À moins qu'il ne soit juste qu'un adolescent très étrange… 》

Je peux vous aider ?

L

es bras croisés, j'attendais de connaître sa réponse avec le même air dubitatif : je ne vois franchement pas pourquoi il veut savoir qui est ce type mais je ne m'attends pas du tout à la suite : Le jeune homme pose un billet sur la table.

- Allez mec, ça restera entre nous. T'inquiètes. Murmure-t-il en poussant le billet vers moi avec un clin d'oeil comme si c'était normal.

《 Je rêve ou il essaie de me soudoyer là ? 》

Je soupire, un peu agacé et très embarrassé en même temps avant de pousser ma chaise en arrière.
Pinçant mon front entre mon pouce et mon indexe en fermant les yeux avec concentration pour montrer la gravité de la situation.

《 Mon dieu…  C'est vraiment très embarrassant… 》

- Je ne sais pas ce que tu veux à cet homme mais je ne peux pas donner ce genre d'informations, c'est strictement confidentiel, lui répondé-je dans la même position avec un ton sérieux, presque froid avant de continuer avec un air à la fois gêné et dépassé,
Et j'ignore également si tu te rends compte de la gravité de ce geste : je préfère oublier ce que je viens de voir.

Je suis stupéfait par son comportement.
Ne se rend-t-il pas compte que c'est très grave ce qu'il vient de faire ?
Je suis un peu hébété par la scène, cet adolescent est vraiment bizarre : il n'y a aucuns doutes là-dessus.

hrp:

Je peux vous aider ?

E

n voyant que j'essayais d'oublier l'incident, je pensais que cet adolescent comprendrait la situation et laisserait tomber mais à ma grande surprise, ce dernier continue, pire, il propose d'augmenter le montant comme si mon refus avait pour but de faire monter la somme.

《 Mais c'est qu'il insiste en plus !?

Je dois lui dire comment pour qu'il comprenne que la corruption c'est mal ?! 》

Bon, restons calme, je garde donc mon sang froid, évitant de m'énerver même après son geste un peu trop familier : on ne se connait pas mais il n'a aucune gêne, aucune retenue même.
J'ai l'impression qu'il n'a pas du tout compris où je voulais en venir.
Quand je dis non, c'est non. Les règles sont strictes : à moins d'être un mauvais vendeur ou face à la police, on ne diffuse pas les informations personnelles de ses clients à n'importe qui.

- Écoutes, soupiré-je en écartant doucement sa main de mon épaule avant de me relever, Max c'est ça ? Ce n'est pas une question d'argent : je n'ai tout simplement pas le droit de te donner ce genre d'informations. Lui dis-je avec la même exaspération.

- Comment t'expliquer… Diffuser la vie privée de ses clients n'est pas une pratique commune chez les commerçants. Et obtenir ces informations par la corruption, c'est très grave. La corruption en tant que telle n'est pas une bonne chose et je suis contre ce genre de pratiques. Tu ne peux rien espérer de moi en procédant de cette manière. Soufflé-je en passant une main dans mes cheveux, fatigué de la situation.

- Enfin, tout ça pour te dire que ça ne sert à rien d'insister. J'ignore quels sont tes motivations pour en venir à une telle requête mais ce n'est pas ici que tu trouveras des réponses, surtout avec moi.

J'espère qu'il a compris cette fois-ci...

Je peux vous aider ?

J

e soupire encore et éternellement…

《 Mais quand est-ce qu'il va comprendre que ce qu'il vient de faire est grave ? 》

- Arrête d’insister… La situation est déjà assez compliquée et il vaudrait mieux que tu en restes là, lui expliqué-je les bras toujours croisés, et je te l'ai dit : j'exècre ce genre de méthode, augmenter le montant ne sert à rien.

J'allais continuer de parler à propos de son comportement mais une voix résonne à travers la boutique, coupant la discussion :

- Aoba-san, j'ai besoin de ton aide, appelle le patron à l'arrière de la boutique tandis que je me retourne.

- Hai, répondé-je avant d’aller à sa rencontre tout en lâchant un léger soupir, laissant le jeune homme seul dans la boutique quelques instants.

Une fois dans la pièce du personnel, le vieil homme me demande où nous avons rangé les nouveaux CPU, un sourire aux lèvres alors qu'il me montre un papier où est imprimé une adresse.

- Je dois aller livrer un colis à cette adresse, je te confie le magasin, fit-il chaleureusement tandis que je m'en vais chercher le carton correspondant, encore un peu troublé par la réaction du garçon.

Une fois la requête accomplie, je donne l'objet au vieil homme avant de m'avancer, revenant à l'avant de l'établissement mais mon supérieur m'annonce au loin :

- Ah ! Et Aoba, tu pourras fermer la boutique pour moi ? Pas besoin de m'attendre, tu pourras rentrer directement chez toi, Sourit-il tandis que je lui rend son sourire en le remerciant avant de passer vers le magasin.

《 Il est étonnamment pressé aujourd'hui... Enfin, je ne vais pas m'en plaindre, la journée sera plus courte au final. 》

Je suppose qu'il s'agit d'une commande importante s'il me laisse la garde de la boutique même si… livrer des microprocesseurs n'a rien d'extraordinaire mais il faut avouer que ça ne me dérange pas. Enfin… Ça ne m'aurait pas dérangé, si je ne voyais pas toutes ces choses et surtout si ce garçon n'était pas aussi étrange…
Je soupire à nouveau en pensant à tout cela, saluant de la main le patron avant qu'il ne parte.
Je reviens donc vers le jeune homme, me demandant comment faire pour qu'il cesse de se comporter bizarrement.

《 Quel journée crevante… 》

J'aurais pu en parler à mon supérieur, lui dire que l'on avait un client suspect demandant des informations privées sur nos consommateurs mais je ne l'ai pas fait. Non, ça n'attirait que des ennuis au pauvre adolescent et je préfère le convaincre de s'arrêter là. Je m'en méfie toujours, bien évidemment mais je ne compte pas me défiler, surtout devant les méthodes qu'il emploie pour me faire “parler”.

- Bref, pour en revenir à cette façon d'agir, peut être que trouver ces informations est facile sur le net et que cet établissement est loin d’être exceptionnel mais tu n'obtiendra rien en me le demandant, je ne travaille pas ici pour jouer, oui je suis sérieux mais c'est parce que je prend ce travail au sérieux. Il faut que tu comprennes que ce n'est pas très professionnel de céder devant une somme conséquente pour ce genre de choses. Qu'ai-je à gagner en acceptant ton argent ? Une vie plus facile ? Sûrement mais à quel prix ? Je préfère gagner ma vie honnêtement même si ça te paraît stupide. Lui dis-je sans perdre mon air impassible avant de m'avancer vers la caisse.

- Gardes tout ça, je n'en veux pas à moins que ce soit pour acheter ce qu'il y a dans le magasin. Terminé-je en m’asseyant sur la chaise pour revenir sur l'ordinateur, soufflant à nouveau.

Va-t-il laisser tomber ? J'aimerais croire que oui mais je me prépare à entendre sa réponse jusqu'à ce que la porte de la boutique s'ouvre, laissant entrer un autre client. L'inconnu n'a pas l'air de bon poil, non, en fait, vu la tête qu'il fait autant ne pas le provoquer mais en me remarquant, ce dernier s'avance sans se soucier de la discussion que j'avais avec le jeune homme.
Il ne se gêne  d'ailleurs pas, se mettant entre nous deux pour m'adresser la parole.

- Eu… Oui…? Fis-je à l'étranger, un peu étonné, je peux vous aider ?

- Ça m'étonnerait que vous ne puissiez pas, répond-t-il avec un air se faisant menaçant.

《 Quand on parle du loup… 》

J'ai vraiment pas de chance aujourd'hui… D'un côté, j'ai l'adolescent qui veut me soudoyer et de l'autre le consommateur hargneux de tout à l'heure…
Mais comment peux-t-on avoir aussi peu de chance ?!

Je peux vous aider ?

L

a situation devient de plus en plus agaçante… Pourquoi ça tombe toujours sur moi ?
Je peux l'affirmer sans aucuns doutes : Je n'ai vraiment pas de chance !
Il a fallu que le patron sorte pour que tout dégénère en seulement quelques secondes mais l'homme devant moi ne semble pas prêt à montrer un visage avenant : pire, il martèle la table de la caisse avec la paume de sa main d'un coup sec et se penche vers moi, toujours menaçant :

- J'attends toujours ma commande !

Sursautant au même moment, je soupire en le regardant : pourquoi ai-je l'impression d'être devant un autre gosse ?

- Je comprends bien mais… Comme je vous l'ai dit au téléphone, une commande prend du temps… répondé-je gêné.

Comment une personne peut-elle s'énerver pour si peu ?
Je ne comprends vraiment pas…

《 Faites que cet homme laisse tomber rapidement… 》

Mais mes prières ne s’exaucent pas : au contraire, en un éclair le client décide de m’attraper par le col pour hausser le ton avec violence.

- Vous vous foutez de moi ?! S’écrie-t-il en me tenant fermement alors que je le regarde, abasourdi.

《 Que- ? 》

Alors là je n'en revient pas… Un homme qui en vient aux mains pour ce genre de broutilles, c'est une première pour moi.

Je peux vous aider ?

J

e regarde l'homme avec un air interloqué, soupirant en imaginant la situation prise de tête avant de lever les deux mains devant moi pour lui indiquer de rester calme.

- On se calme monsieur, ça ne sert à rien d'en venir aux mains, lui expliqué-je doucement, une goutte de sueur venant perler sur mon front alors qu'au même moment l'adolescent vient tapoter l'épaule du client.

Ce dernier découvre sans surprise qu'il s'agit du consommateur au téléphone dont il n'arrêtait pas de m'harceler pour connaître son adresse…

《 J'ai un mauvais pressentiment… 》

En effet, la question du jeune homme est assez directe puisqu’il lui demande cash s'il est le client insatisfait mais son interlocuteur l'envoie balader tout naturellement : il a d'autres choses à faire comme... agresser un vendeur pour une commande en retard…
Non mais je vous jure…
Je pose un bref coup d'oeil sur le garçon en essayant de le dissuader de continuer du regard. Il va être en danger s'il se montre aussi insistant mais ce qui vient ensuite, je ne m'y attendais pas le moins du monde.
Max attrape l'homme par le col et celui qui me tenait tombe à terre, me lâchant au passage tandis que le jeune garçon commence à le tirer sous mon regard frappé.

- Je vais m'occuper de lui ! A plus Aoba ! Merci encore ! Dit-il en commençant à sortir de la boutique.

《 Wo wo wo wo…! Nanja sorya ?! 》

Il va lui faire quoi là ?! S'occuper de lui ?
De quoi il parle ?! Le choc est tel que je me suis relevé sur le coup, effaré.

- Chotto- ! Fis-je instinctivement même si l'adolescent ne m'écoute pas et part sans attendre.

Quelques secondes à réfléchir et je sors de la caisse avec précipitation et anxiété  pour rejoindre l'adolescent.

《 Mais, qu'est-ce qui ne va pas avec ce gamin !? 》

Je peux vous aider ?

D

e tout ce que j'ai pu voir… jamais j'aurais pu imaginer une telle chose…

J'ai essayé de rattraper le gamin et suis donc sorti du magasin en trombe. Mais il était sacrément rapide car je l'ai perdu à une vitesse fulgurante.

《 Chikusho…! 》

J'ai regardé partout pour tenter de le repérer : difficile de ne pas être angoissé tant la situation avait viré d'une étrange façon… Aussi, lorsque je l'ai aperçu au loin, j'ai foncé pour le rejoindre. J'avais un très mauvais pressentiment, il fallait que je me dépêche.
Et apparemment… mon pressentiment était juste. Lorsque je suis enfin arrivé, le spectacle qui m'attendait était des plus effroyables : Max se tient debout, tranquillement tandis que le client est à terre, ensanglanté.

- Hey Aoba, comment on s'occupe de quelqu'un ? Enfin, surtout d'un client insatisfait. J'ai tout essayé, mais j'y arrive pas… fit-il comme si ce qu'il venait de faire était normal.

Le choc est tel que je ne peux m'empêcher de reculer d’un pas.

《 Comment peut-il… être aussi calme…? 》

Il vient de le passer à tabac et il me demande ça comme ça.

- …

Voir ce pauvre homme dans cet état me rappelle quelque chose… Quelque chose dont je ne veux pas me rappeler.
Mon poul s'accélère et ma vision se concentre sur ce rouge que je connais.

《 Qu'est-ce qu'il ne va pas avec lui bon sang ?! 》

Je secoue la tête pour chasser des souvenirs désagréables et m'approche de Max, toujours aussi effaré.

- Mais qu'est-ce que tu racontes ?! Répondé-je à la fois énervé et perdu alors que je m'accroupis près du blessé pour constater les dégâts.

- faut appeler une ambulance, fis-je en sortant mon téléphone de ma poche avant d’inscrire un numéro d'urgence.

Je réagis instinctivement en oubliant un peu qui est le responsable de cette boucherie. Intérieurement, je refuse de voir que cet adolescent en est la cause mais tout est là. Impossible de nier quoi que ce soit.

《 Comment en est-on arrivé là…? 》

Un appel de passé et plus qu’a attendre les secours mais je me demande bien ce qui lui est passé par la tête pour en arriver à de telles extrémités.

- Tu m’expliques ?

Mon ton est un peu plus autoritaire, je suis volontairement sévère : je ne compte pas dénoncer son comportement mais qu'il ne s'attende pas à éviter un sermon. Même si je tente surtout de cacher mon angoisse par rapport à la situation, je ne compte pas en rester là. Le pauvre gaillard a l’air sonné donc je doute qu'il comprenne quoi que ce soit autour de lui vu la difficulté qu'il a eu pour répondre à mes questions sur son état.

hrp:

Je peux vous aider ?

J

’attends la réponse de Max, pris entre plusieurs émotions que je m'efforce de cacher alors que je reste près de la victime.
Pourquoi ? Pourquoi tabasser un inconnu ? M’avoir soudoyé ? Comment connaît-il mon prénom ? Et puis surtout… Qui est-il à la fin ?!
Je ne comprends vraiment pas… Aussi, après un moment à réfléchir, je pensais naïvement qu'il me répondrait mais l’adolescent en décide autrement.
En un instant, le jeune homme tourne les talons pour foncer à une allure fulgurante tout en criant stupidement.

《 ...He…? 》

- Ma- !? MODORE ! Crié-je dépassé en me redressant.

J'ai failli lui courir après d'ailleurs mais deux choses m'en ont empêchés : la vitesse du gamin et surtout… le blessé.

《 Mâtaku… 》

Le voilà qui s'en est allé comme un voleur sans me fournir la moindre explication… pff… Cette journée est vraiment harassante… Je me remets donc près de l'inconnu par précaution avant de lâcher un soupir tandis que j'attends les secours

《 Au final, ce garçon restera un mystère. 》

Non seulement je ne comprends toujours rien mais en plus j'ai l'impression que je ne suis pas prêt de le revoir. Mais sait-on jamais… Dans le cas où ça arriverait, il aura intérêt à tout m'expliquer ! Je ne le laisserais pas partir la prochaine fois.