Fête foraine

- Une, deux, trois, quatre et... Cinq !

Là, vous vous demandez certainement ce que je suis entrain de compter. Eh bien, je vais vous donner un indice. Que viendrait faire un homme seul dans une fête foraine en plein été ? Bien évidemment, il y vient pour en ressortir accompagné ! Et comme vous vous en doutez sûrement, le chiffre cinq représente le nombre de conquêtes potentiels pour le charmant gentlemen que je suis. Hum... Non, en vérité, ça, c'est la version des faits que j'aurrais préférée. Mais en vrai, cinq, c'est le nombre de fois que je me suis pris un rateau.

Seulement, ce n'est pas mon genre d'abandonner aussi vite. Non, non, non ! Je suis quelqu'un de perséverant, moi. Je continuerais à livrer mon combat contre le célibat tant que je serais en vie. Oui, car après tout, quelle est mon excuse pour être seul à mon âge ? Je suis dans la vintaigne, bordel. Si ça continue comme ça, les gens vont finir par croire que mon orientation sexuelle n'est pas ce qu'elle semble être. Hors de question d'en arriver là. Non.

Affalé à l'ombre sur un banc à l'écart des autres attractions, mon regard se léve lentement pour se poser sur la chevelure brune appartenant à une femme de passage. D'un mouvement vive, je prend appuie sur mes pied afin de me relever d'un seul coup. Puis, sans perdre une seconde de plus, je me dirige rapidement vers ma proie pour l'aborder. Eh ben. A quoi est-ce que vous vous attendiez d'autre ?

- Bonjour ! Excusez-moi, vous ne sauriez pas où se trouve la maison hantée par hasard ? S'il y en une, bien évidemment. Je ne sais même pas quelle sorte d'attraction on trouve dans le coin.

- Euh... Moi non plus, allez demander au gardien là-bas. Me répondit-elle en pointant vaguement une direction avant de me donner du dos.

- Qu-quoi ? Hé ! C'est à cause de mes cheveux, c'est ça ? Bordel... Et de Six.

Non, hors de question que ça finisse comme ça. Je ne peux pas me faire larguer en moins de cinq seconde. Attendez un instant, on dit bien 'larguer' même si on a jamais été ensemble en premier lieu ? Euh... Peu importe. Je refuse que cette discussion finisse comme ça, alors je la suis ! Je la poursuivrais, quitte à passer pour un stalker. C'est l'heure de mettre à profit mes talents de filature ! Je suis né pour cette instant là !

- C'est quoi ça ? Un bateau ? Broaf, je monte ! Vers l'espace et au délà !

Fête foraine

Holà, la belle surprise ! En escaladant les marches du bateau, l'attention de la brunette que je poursuivais fut attirée par les tenus alambiquées de deux hommes qui conversaient en toute amitié à mes côtés. Et il va sans dire qu'elle avait remarquée ma présence sur le champs. Le regard investigateur qu'elle m'envoyait droit dans les yeux ne laissait pas de place au doute, elle m'avait reconnu. Maintenant, ça allait commencer à être barbant. Non contente de me dévisager longuement tout au long de ma monté des marches, elle pris également soin de s'enfoncer tout au bout du navire et de ne s'asseoir qu'une fois arrivée à la poupe. Autant dire qu'il m'était devenu impossible de la prendre par surprise. L'échec était devenu inévitable. La seule chose que je pouvais désormais faire était de feigner l'ignorance et de m'asseoir sur un siége choisit au hasard au centre du navire. Pas trop près, ni trop loin du sien.

J'hésita un moment à me retourner afin de m'assurer si elle me regardait toujours ou non. Mais, je fini bien vite par laisser tomber cette idée puérile. Le mieux que je pouvais faire en ce moment était d'ignorer cette sensation dérangeante de me faire épier par derrière et de laisser couler cette affaire. Comme on dit "il y a d'autre poissons dans la mer".

- Aaaaah, borderl. Mais, qu'est-ce que je fous là !

Fête foraine

On pouvait dire que mon débit de karma était passé dans le rouge. Laissons de côté un moment la charmante demoiselle qui s'était assise à l'arrière et concentrons nous sur le plus urgent.

Tout d'abord, c'est qui ce mec qui vient de s'asseoir près de moi ? Et pourquoi est-ce qu'il est venu m'adresser la parôle comme si on étaient les meilleurs amis au monde ? Option 1 : C'est un type atteint mentalement qui cherche une proie à agresser. Option 2 : C'est un sans-ami à la recherche de potentiels amis.

Mon visage dérive avec un air paisible jusqu'à ce que mon regard se pose sur le masque blanc qu'il portait sur sa tête. Ce petit accéssoire qui cachait les traits de son visage faisait pencher ma réflexion vers l'option 1 comme étant la plus probable. Cependant, les mots qu'il venait de prononcer me laissaient croire le contraire. Un sans-ami ou un psychopathe ? Je pense que je vais bientôt le savoir.

- Faux, l'ami. Laisse moi te donner un conseil ou plutôt une régle de vie. Aucune femme ne viendra en rampant jusqu'à toi. La passivité tue toute chance de vivre le grand amour. C'est uniquement en explorant toutes les voies possibles que tu gagne le droit d'obtenir une vie romantique satisfaisante. Ce n'est pas en te cloitrant dans ton coin et en attendant qu'une joli princesse se jette corps et âme sur toi que tu risque d'aller loin.

Oui, j'enseigne l'art du courtisage à un inconnu masqué dans une fête foraine. Tout est parfaitement normal. RAS.

Mais le karma se devait d'attaquer à nouveau. L'attraction venait tous juste de démarer que les choses s'étaient déjà mises à dérapper. Les cris émanant des bouches des autres passagers me firent bien comprendre que ce que j'étais entrain de vivre n'était pas une illusion. Mon corps fit un grand bond en avant alors que la vitesse du navire accélérait d'un seul coup. Je me pris un violent coup sur la tête contre le siége avant qui me fit comprendre toute l'importance de la barrière de sécurité. Bien vite, les choses redevinrent normal. Dans un désire d'appréhender la situation, me visage fit rapidement le tour du navire pour finalement s'arrêter sur la visage appeuré de l'unique femme que je connaissais ici. 'Connaissais'.

Une légère hésitation s'empara de moi. Devais-je aller à sa rencontre afin de la rassurer ou devais-je rester assis sur mon siége pour éviter de passer pour un idiot ? ...Un instant. Pourquoi est-ce que j'hésite ? Je viens juste de faire un monologue sur la passivité de l'homme et je me retrouve à vouloir être moi-même passive ? Aller du nerf mon grand, c'est le moment de briller !

*Oh, je voudrais bien moi. Seulement, l'attraction est toujours en marche. Comment est-ce que je suis censé aller la retrouver dans ces conditions ?*

- Aaaaaaah ! Karma de merde !

Fête foraine

L'attraction avait fini par reprendre un rythme normal. Les gens se faisaient remuer dans tout les sens. Tandis que les plus jeunes -et même les moins jeunes- hurlaient de vive voix. Certains de peur, d'autre d'exaltation.

Moi, je restais là. L'expréssion immuable. Hésitant entre m'inquièter ou me moquer du type masqué qui venait juste de se prendre deux coups de boule pour le prix d'un. D'ailleurs, pourquoi est-ce qu'il gardait encore son masque sur le visage ? Son accéssoire était foutu maintenant, ça ne servait à rien de le garder sur lui. De plus, ça devait sûrement lui mal au nez d'avoir ce truc enfoncé dans sa peau.

- ...

...

- Écar-%Ø×-omir.

- Quoi ?

Répondis-je presque instantanément après avoir entendu une voix venant depuis l'arrière. Les cris des autres passagers m'avaient empêché de tout distinguer. Raison pour laquelle j'avais demandé une clarification de ses dires. Sans attendre de réponse, je jeta un coup d'oeil en arrière.

Le visage bleu d'un mioche assis deux rangés derrière moi me donna une petite idée de ce que le dernier mot voulait signifiait.

- Merde, la barrière de sécurité.

A peine l'avais-je remise que je commencais déjà à le regretter. Dans ce cas, si je ne peux pas quitter mon siége, je devrais au moins pouvoir enfoncer ma tête entre mes genous... Non, impossible. La barrière me bloque.

Ma dernière option fut de couvrir une partie de ma tête avec les manches de ma veste jaune. Quelques secondes plus tard, je ressentais le liquide chaud venir se coller contre mes vêtement et même sur une petite partie de mes cheuveux... Oh mon dieu, maintenant je vais schlinguer le vomi de gosse. Je peux dire adieu à mon plan pour me dégotter une petite amie.

Fête foraine

Me couvrant l'arrière de la tête avec mes mains, je patienta dans un grognement le temps que le gosse ait fini de se vider le ventre. Bordel, quand on est sensible, on reste chez soit, petit. Finalement, je rabaissa mes mains, les gardant en lévitation devant mon visage, afin de passer rapidement en revu les dégats subit. Ca pue la merde, effectivement.

La voix offusquée d'une femme s'éleva à l'arrière. La mère du gosse, sans aucun doute. La maman se mit bien vite à calmer son enfant qui céssa aussitôt de geindre. Tandis que l'attraction, elle, continuait à se dérouler le plus naturellement du monde. La plupart des gens n'avaient pas prêtés attention à ce qui s'était passé à l'arrière. Ou peut-être n'étaient-ils même pas au courant.

Puis le navire se bloqua. Suspendu dans la moitié supérieur du bateau et puant le vomi à plein nez. Je pense que l'on peux objectivement dire que cette journée est merdique.

*Bon sang, quand est-ce que ça va finir ? J'ai envie d'aller nettoyer tout ça, moi.*

Je patienta en silence, pensant que tout au plus, ce temps d'arrêt faisait partie de l'attraction.

Fête foraine

Et dire que cela devait être un jour de repos. Profiter du soleil et du beau temps... Quel idée incongru, vraiment. J'aurais dû rester dans mon lit ce matin-là. Le bateau entama une course folle, chaqu'un de ses mouvements me laissaient croire que l'engin allait décoller du sol pour aller s'écraser ailleurs.

Les gosses se mettaient à hurler de peur, cela, accouplé à l'odeur de vomi qui m'agressait les narines, il y avait de quoi avoir un sérieux mal de crâne. Ce satané mécanicien allait bientôt pouvoir gouter à mon coup de poing dans sa face.

Je m'accrocha de toute mes forces à ma ceinture de sécurité et dirigea mon regard vers le type qui m'avait adressé la parole un instant plus tôt.

- C'est marrant, vous ne trouvez pas ? Se faire remuer dans tout les sens, schlinguer l'oeuf pourie, tout ça.

Mon expression devait sûrement être grimaçante, voire colérique. Inconsciement, je grinçais des dents tout en médisant intérieurement le responsable de la situation dans laquelle je m'étais retrouvé.

Fête foraine

Quand il n'y en a plus, il y en a encore.

Juste quand je croyais que ça allait enfin se terminer, les gosses se mirent alors à régurgiter tout le contenu de leur ventre. Du vert concombre, du jaune banane, du rouge ketchup. Il y avait de tout sur ma chemise. De tout !

J'empestais la mort. Et mon look était aussi attirant que celui d'un cochon qui venait de se cubluter dans une flaque de boue. Écoeuré par mon état actuel, une grimace prit place sur mon visage alors que mes bras partaient murer ma tête.

- Mon poing dans sa gueule ! Mon poing dans sa gueule !

Fête foraine

Beaucoups de choses s'étaient produites durant les dix minutes dans lesquels j'avais été sur ce train. J'en avais vu de toutes les couleurs, surtout du vert. J'en était même arrivé à en oublier la raison de ma présence à bord.

*Oui... D'ailleurs, pourquoi je suis là ?*

Un petit regard envoyé vers l'arrière me permit de voir la raison de ma présence ici, toute apeurée et entrain de hurler à vive voix.

*Pas la meilleure journée pour lui offrir des roses à celle-là.*

Mais voyons le bon côté des choses, on avait du vécu ensemble, désormais. C'est bien comme ça qu'on appelle ce genre de chose ? Un souvenir commun, un évènement qu'on partage ensemble.

*Bon, ok. Il n'y a pas de bon côté des choses. C'est une journée de merde. Point.*