Le café Ruffini. Ouais, pas vraiment son genre. Il paraissait que leur pâtisserie était délicieuse, mais elle ne s’alimentait plus que très peu, et elle avait mis les plaisirs de côté. Pas le temps pour ça. Pas le temps pour rien. Juste, tuer, chasser, tuer. Son épisode de la veille avec une ombre lui avait d’ailleurs valu une jolie estafilade sur la clavicule et un bandage la couvrait encore, qui dépassait de sous son débardeur ajusté, malgré le gilet aux manches longues qu’elle portait.

Elle poussa la porte dans un tintement, cherchant du regard une personne aux lunettes. Des lunettes teintées rouges. Il n’y avait qu’une personne dans l’assemblée à avoir ce regard de braise. Elle s’en fichait.

Lenna s’avança jusqu’à elle et s’assit en face, remarquant qu’elle ne l’avait pas attendu pour s’empiffrer d’un fraisier. La belle vie. Remarque, elle n’avait pas attendu qu’elle lui dise de s’asseoir de son côté. Elle croisa les mains sur la table, jaugeant l’inconnue un instant.

‘Jour. Lenna. Il parait que vous avez des informations ?

Oui, droit au but. Les politesses ce sera pour un autre jour. Un jour qui était déjà passé et loin derrière elle dans une autre vie. Elle se moquait de savoir si elle allait bien, s’il faisait beau, tout ça. Tout ce qu’elle voulait c’était savoir, comprendre, connaitre, chasser, tuer. Simple.

Mon contact arriva, sans rien commander et se dirigeant directement vers moi. Elle ne perdit pas de temps avec les formalités, me demandant directement les informations. Je la regarde, non, je la dévisage. Je sens un frisson me parcourir le dos, tandis que je lèche la crème du fraisier sur mes lèvres. Je réponds avec un sourire.

" Patientez un peu. Vous prendrez bien quelque chose ? Je vous l'offre belle-enfant."La complimentais-je.

J'étais tout à fait enclin à apprendre à connaître cette petite au regard froid. Mais en même temps 'je' préférais ne pas aller trop loin. Entre deux bouchées, je me présenta.

"Je m'appelle Sarah. La personne qu'Aria vous a conseillé. Quelle genre d'information souhaiteriez vous... Et surtout à quel prix ?" Demandais-je en la reluquant sans aucune gêne. Je suis sûre qu'elle voit où je veux en venir. Même si 'je' n'approuve pas tellement. Enfin... Un rôle est un rôle.

'

Cette façon de lécher ses lèvres… Qu’est-ce qui lui prenait ? La personne lui demanda de patienter. Non elle ne voulait rien. Elle n’avait rien envie d’avaler. Manger était une torture. Alors la gourmandise… elle n’en avait pas besoin. Elle secoua la tête pour refuser sa proposition. Qu’elle mette des kilos sur ses hanches toute seule.

Enchantée.

Enfin, on entrait dans le vif du sujet. Le prix ? Lenna plissa les yeux d’incompréhension avant de les écarquiller quand la lumière se fit dans son esprit, aidée en cela par le regard de la femme qui lorgnait sa poitrine.

Oh… je vois.

Elle s’approcha un peu de Sarah, le visage tout près de son assiette, en murmurant.

Je mettrai le prix que vous voudrez… à hauteur des informations que vous m’apporterez sur les Nephils.

En clair, plus tu m’offres plus je casque. Elle se recula ensuite, fixant le regard de la brune. Le principe moral là-dedans ? Lenna s’en fichait bien. Une chaleur humaine était offerte par n’importe quelle chair. Si cela pouvait lui évitait de faire la tournée des bars ce soir à la recherche d’une proie… hé bien, elle ferait. L’information primait. La fin est plus importante que les moyens. Son corps était déjà souillé. Une petite impureté de plus ou de moins.

Voilà. Cette fille commençait à sérieusement l’agacer. Elle-même pouvait se traiter de faible, mais une inconnue… qui présumait de la sorte… oui la moutarde lui montait au nez. S’entendre s’accuser de pactiser avec l’ennemi ! Elle bouillonnait maintenant. Plus forte. Je t’en foutrais du plus forte. Son poing s’abattit violemment sur la table, effleurant l’assiette au passage qui effectua un redressement à 90° et fit s’envoler le reste de la part de gâteau. Elle allait arrêter de s’empiffrer devant elle, ainsi.

Tu penses, tu dis, mais tu ne fais rien. A part t’engraisser.

Oui ses paroles étaient pour le moins violente. Mais ce n’était qu’un juste retour de l’agression qu’elle avait ressentie aux paroles de cette Sarah.

Je ne fais pas partie de ces… traitres.

Un rictus passager la défigura en prononçant ce dernier mot, très vite dissipé par un soupir lassé et agacé. Ses yeux fixèrent ceux de la femme, cherchant un moyen de pression pour qu’elle crache son jus.

Mais peut-être en connais-tu ?

Allez accouche un peu. T’aimes te faire prier, j’sais, mais moi je suis pas du genre patiente.

Et je ne suis pas stupide au point de me jeter dans un plan suicidaire. Tss.

Elle s’adossa contre sa chaise, reprenant le contrôle sur la rage qu’elle avait laissée s’échapper un instant, tel un chien prêt à mordre. Fais pas chier.

Et… ? Elle ne pouvait toujours pas sortir le morceau ? Lenna était pendue à ses lèvres, attendant que les noms sortent. Mais rien. Cette fille ne savait rien. Garder patience. Elle se passa la main dans ses cheveux détachés remettant par-là ses idées en place dans un soupir d’ennui. A croire qu’elle aimait faire tourner les gens en bourrique. Une serveuse maugréa derrière elle en ramassant les dégats. Lenna ne la regarda même pas passer, tellement peu intéressée par ce qui adviendrait du reste du gâteau.

J’attends.

Elle croisa les bras et fixa Sarah. Elle n’avait même pas réagi d’avoir perdu son fraisier. Elle en était presque déçue. Presque puisqu’au final cela lui importait peu.
Elle ne lui dirait pas qu’elle commençait à soupçonner l’une de ses personnes. Chacun ses infos. Nous. Sarah était bien Seraph. Une bonne chose de confirmée.

N’oubliez pas les nephils.

Oui si elle pouvait tout lui dire d’un coup, cela l’arrangerait. Histoire qu’elle arrête de lui tirer les vers du nez. Elle leva un sourcil interrogateur au-dessus de ses yeux inquisiteurs.

Une afro-américaine. Lenna pensa tout de suite à Samantha, la seule qu’elle connaissait. Non, pas elle. Faites que ce ne soit pas elle. Elle ne perdait pas son objectif de vue cette Sarah. Elle en avait dit assez pour avoir aiguisé sa curiosité.
Pouvait-t-elle vraiment se vendre ainsi ? Un petit bout de raison tergiversait encore dans sa tête, essayant de faire asseoir le flux de haine et de rage qui l’animait. Il y a d’autres moyens de s’oublier. Il y a d’autres moyens plus réparateurs. Peux-tu céder ainsi à une inconnue pour obtenir des informations ?
Mais elle fit taire tout cela, sentant le besoin de chaleur qui primait sur tout le reste. Sentant qu’il fallait se perdre un instant pour passer sous silence les mauvais sentiments qui l’habitaient, juste un instant, même rien qu’un instant.

Elle se leva, ne la laissant pas même croquer une bouchée dans le nouveau fraisier qui venait d’arriver.

Allons-y.

Elle tourna les talons et se dirigea vers la sortie, pour ne pas la laisser protester qu’elles avaient tout le temps. La jeune femme attendit qu’elle la rejoigne à l’extérieur et se tourna vers elle, ajoutant une condition à leur marché scabreux.

Plus tu en diras, plus j’en ferai.

Plus tu te tairas, plus tu seras frustrée. La frustration elle connaissait bien. Cela serait aisé de lui faire ressentir. Cela serait plus compliqué de lui faire passer du plaisir, puisqu’elle ne risquait pas d’en éprouver ne serait-ce qu’une once.

Mon fraisier à peine arrivé que la jeune femme se lève en acquiesçant ma proposition. Et bien dis donc... Elle ne perd pas de temps et tant mieux. J'aime les filles pressées. Néanmoins, je prends mon fraisier en main et continue de le manger tandis que je me lève. Je dépose l'argent sur la table et suis ma proie d'un pas nonchalant. Honnêtement, je ne pensais pas qu'elle accepterai aussi facilement. Une fois que je l'eus rejoints, en continuant de savourer mon fraisier dont mes doigts devenaient doucement crémeux, elle émit une condition. Je la regarde et je souris.

"Bien sûr. Je ne mens jamais." Répondis-je tout en avalant mon gâteau.

Puis j'entame la marche, la dépassant, en ajoutant avec une voix relativement pressée.

"Je propose que nous nous dépêchions. Après tout, vous voulez ces renseignements ? Oh et je marche devant à moins que vous savez où se trouve l'hôtel ?" Demandais-je sans vraiment demandé puisque je ne lui laissais guère le choix en la matière.

Cet hôtel, je l'emprunte de temps à autres. Il connaisse mes goûts en la matière. Je suis sûre qu'il nous trouveront une chambre spécialement préparé pour moi sans poser trop de question. Il me tarde d'y être.

[Fin du rp ^^ Suite...Plus tard xD]