Casino Kaiji:

-Casino Kaiji, vous connaissez la route je crois.

Le conducteur du taxi ne répond pas, mais il démarre.
On approche lentement de l’hiver et le froid a rejoint la ville. Dommage, je ne pourrais plus porter ma blouse blanche avec cette température. De toute façon, je ne l’aurais pas porté en ce vendredi soir. Je poste un costume-cravate brun, rien de plus banale. Ça fait 2 semaines que je prépare mon coup, pas question d’attirer l’attention sur moi.

-Excusez-moi, pourriez-vous monter le chauffage?

Il ne répond toujours pas, mais il monte au maximum la ventilation. Je fais une courte grimace alors qu’un vent glacial envahit le taxi.

-Vous savez, avec ce modèle de voiture, il est plus optimal d’augmenter graduellement le nombre de rotations de la soufflerie de façon à ne pas empêcher les résistors de se réchauffer.

Il ne répond pas et ne fais aucun signe de vouloir suivre mes conseils. Décidément, il n’en a rien à foutre. Ok, parfait, je vais devoir me tenir en position fœtale pour le reste du trajet. Oublions ce pauvre type et reprenons le plan depuis le début.
J’ai 2000$ sur moi, donation généreuse de mon frère Ottavo. Ça me fait du bien de savoir qu’il croit en moi et qu’il sait que, au bout de la soirée, j’aurais probablement triplé ce montant. J’ai répartit le tout de façon intelligente, 600$ dans mon portefeuille pour acheter ma passe VIP, 600$ dans ma poche avant droite, et des liasses de 400$ dans la semelle de mes souliers. Je pourrais aller aux toilettes et les retirer plus tard. Je connais la position des caméras, quels employés sont les moins perceptifs et surtout, j’ai trouvé un homme assez intéressant.

Il vient tous les vendredis avec un ami, son complice, et il part aux tables à Blackjack du deuxième étage. Réussir à monter au deuxième étage pour l’espionner, et sans m’acheter une passe, aurait normalement été difficile, s’il ne choisissait pas toujours la même table sur le bord de la grande fenêtre qui surplombe le premier étage. Il travaille avec un vieux système de comptage de cartes avec un partenaire. Son acting est mauvais et il crache l’argent avec confiance. Le Blackjack est un jeu de chance car les cartes arrivent de façon aléatoires, mais si deux autres personnes sont aussi à la table de jeux et relancent dans le système des cartes en suivant une certaine logique qui tâche de briser le hasard du système, alors il ne me sera qu’encore plus facile de compter les cartes et probabilités de la table de jeu. Ils penseront travailler à deux, mais ma présence et mon reflux de cartes brisera leurs calculs, et c’est moi qui empocherais.

Je sors du taxi. La rue est calme, sauf pour un petit groupe d’hommes qui fument des clopes au coin d’une ruelle. J’entre dans le casino et je m’immerge dans les lumières folles des lieux. Je m’arrête au comptoir et je sors la monnaie. 600$ pour ma passe, 400$ de jetons. Il me reste 200$ en poches et 800$ dans mes chaussures. La dame du comptoir me sourit et m’offre une mallette pour mes jetons. Sa beauté est de celle qui plait aux hommes qui préfère le corps au visage, tel que prouvé par les nombreuses dents noires de la dame. Je lui relance un sourire et je me dirige vers l’escalier. J’ignore l’ascenseur, les caméras sont tellement proches du visage qu’elles peuvent presque en lire vos pensées. À ma gauche, des tonnes de machines à sous, à ma droite, un corridor de machines à Pachinko. Suivant le stéréotype, il n’y a que des gens aux traits asiatiques qui y jouent. Seule exception est un vieil homme aveugle et son guide qui décrit au vieillard ce qui se passe. Qu’est-ce qu’un aveugle peut-il bien trouve d’intéressant au Pachinko? Curieux… J’aurais bien investit le sujet, mais j’ai plus important à faire.

9h30, l’homme et son ami doivent être là depuis 10 minutes déjà.

J’arrive à l’étage. Il y a un corridor à ma droite qui mène aux toilettes. Plus loin en avant, il y a un petit portail avec deux gardes qui scan les passes VIP. Je passe le portail et j’arrive dans l’énorme salle principale. Le tout est séparé en 4 grandes sections : le Blackjack, le bar à boissons, les Roulettes et puis le Poker. La salle est bondée, il y a un tournoi de Poker les vendredis soir. C’est parfait pour moi, la sécurité est renforcée ailleurs.
Il faut comprendre que compter les cartes n’est pas illégal en autant que votre cerveau soit votre seul outil. Cependant, si le casino voit que vous êtes capable de déranger les probabilités en votre faveur, ce dernier possède une variété de techniques pour briser les calculs et faire recracher l’argent au compteur. Et ça, c’est ce que je dois éviter.

Je vais au bar. La boisson est gratuite pour les VIP. Je commande un jus de canneberges. Je dois avoir l’esprit clair. À la table de Blackjack, il y a 6 places. 4 sont déjà occupées. Il y a l’homme, son ami, un monsieur moustachu et une dame. Je m’approche d’un comptoir surélevé à quelques mètres à droite de la table. Dans cette position, j’ai une bonne vue sur les cartes mises au jeu par l’employé. J’aurais pu rester débout et regarder le jeu se dérouler juste à côté, comme une jeune femme semble être en train de faire. Il n’est pas interdit de jouer au spectateur, mais avec le tournoi de Poker, regarder des gens jouer au Blackjack serait suspect et étrange. Assit ici, je peux avoir l’air perdu dans mes pensées à siroter mon jus, sans personne pour me déranger.

Bref, il ne me reste qu’à attendre un brassage de cartes, observer le jeu pendant 1 heure pour que l’homme commence son travail, puis je viendrais récolter.

Je vais avoir besoin d’un autre jus de canneberges.

Juliet allait enfin pouvoir avancer sur son enquête sur Katherine. Si effectivement elle était liée au milieu de la pègre, et le dossier d'Akiro semblait le confirmer, alors l'homme qu'elle allait voir la connaîtrait peut-être. Enfin, elle n'allait pas arriver de but en blanc et lui dire bonjour monsieur, vous travaillez avec Kat'? Non, elle comptait d'abord tâter le terrain, voir qui était cet homme et tenter de le cerner. Si il allait dans un casino, il avait probablement des vices à avouer. Mais ce n'était pas que pour cela que la journaliste comptait y aller. Ayant été fortement frustré par le manque d'action lors de sa dernière enquête, elle espérait qu'il se passerait plus de choses ce soir-là. Et il se passe toujours quelque chose dans un casino, tout y est excitant et fait pour rendre les gens fous.

Vu qu'elle comptait passer dans la zone VIP, elle allait devoir avoir les habits de circonstances. Bien que le Kaiji soit un casino 'de seconde zone', tout y était fait pour pas qu'on le pense. La journaliste soupira, elle n'aimait pas spécialement porter des robes. Elle préférait le style plus ancien, pus pratique et plus masculin. Mais bon, pour une soirée elle s'en accommodera bien. Elle sélectionna donc dans sa penderie une jolie robe de cocktail bleu qui la mettait légèrement en valeur. C'était généralement ce qu'elle mettait quand, par miracle, elle était invitée à des gala où il était absolument nécessaire d'être bien habillé et présentable. Allant en taxi, avec qui elle s'entendit plutôt bien, elle arriva sans problème au casino qui commençait à s'allumer. C'était le moment parfait.

Elle échangea 500$ de jeton, n'ayant pas le coût du passe à dépenser. Juliet comptait probablement tous les perdre, elle n'avait jamais appris de technique pour cela et de toute façon elle s'en fichait. Elle se payait surtout de l'information et du divertissement. Montant avec l’ascenseur avec sa jolie mallette, elle s'amusa en regardant toutes ces petites techniques pour faire croire aux gens qu'ils étaient les prochains grands Gagnant, des petits riches. La mallette faisait très sérieux et les habits de tout le monde aidait à renforcer cette impression. Juliet montra son passe, avec une certaine jubilation. Que c'était plaisant de pouvoir gruger le système sans aucun moyen pour eux de vérifier.

Juliet observa la pièce, l'homme n'était pas encore arrivé et elle partit donc s'asseoir au bar. Elle se prit une bière, pour casser un peu avec son look beaucoup trop formel. Qu'allait-il donc se passer ce soir? Elle n'avait pas spécialement envie de séduire l'homme, mais simplement de faire un contact avec lui. Trouver un moyen de l'intéresser, faire un lien puis après discuter de tout et de rien. Finalement, vers 21:15, le personnage tant attendu arriva, accompagné d'un autre homme. Il était gay? Dans tout les cas, il était temps d'entrer en jeu. Elle se dirigea et avança vers la table qu'ils venaient d'occuper. Du black jack? Dommage, Juliet préférait largement le Poker. Le bluff et tout cela s'était tellement plus distrayant. D'ailleurs, si il se trouvait que l'homme était inintéressant, la journaliste irait se divertir avec le tournoi un peu plus loin.

Juliet regarda un moment la table, les laissant jouer quelques cartes avant de s'asseoir également, saluant tout le monde.

- "Messieurs dames, bonsoir. Vous permettez que je m’asseye à côté de vous?" dit-elle en s'exécutant. Elle mit sa mise, petite sur le comptoir et commença.

La partie avançait lentement et Juliet était pour le moment en négatif niveau gain. Une perte de 50$, rien de terrible. Le mafieux presumé ne lui décrochait même pas un mot... Ce risquait d'être compliqué. Elle regarda autour d'elle, plusieurs personnes les observaient. De tous, une seule personne semblait comme absorbée par cette table. Que voulait-il? Dans tout les cas, pas le temps, le croupier lui demandait ce qu'elle comptait faire.

- "Oh et bien, je retire" dit-elle, se retrouvant avec un roi et un 9

[J'espère que c'est tout bon pour toi ]

HRP a écrit:

J’ai menti, ce post est encore plus long ;.;

Quelque chose cloche ici. Il y a un élément qui ne fait pas de sens, et je crois que je viens d’en comprendre la source.

Ma « Cible » ne crache pas d’argent, il reste avec de petits montants et il n’a pas son sourire habituel. On dirait que les choses ne vont pas comme il souhaite, même s’il est encore en train de gagner de l’argent : même en comptant les pertes de son acolyte, la somme totale des gains est positive. Cependant il lui arrive souvent de perdre des mises fortes : le casino travaille avec un Holder de 6 jeux de cartes. Avec un total de 312 cartes, il est difficile de juger les chances de gains.

D’ailleurs, que fais son acolyte? Je viens de voir qu’ils jouent au Blackjack « Cartes sur Table », alors ils n’ont pas eu besoin de se créer de code pour se communiquer leurs cartes respectives, puisque tout est montré. Sa présence est inutile! À moins que...

À oui, le Casino Kaiji fonctionne avec le système orientale et le style de jeu peut être changé si tout le monde présentement à la table de jeu s’y mettent d’accord. Ma « cible » veut définitivement jouer en mode « Cartes en Mains », en plus ça réduirait le nombre de jeux de cartes à seulement deux, plutôt que six. Il veut définitivement changer le style de jeu, alors qui à la table préfère jouer « Cartes sur Table »? Pas la jeune femme, elle a rejoint plus tard…

Ce doit être le vieux moustachu.

Il a été facile de comprendre que la dame à sa droite était sa femme. Le moustachu semblait lui expliquer les règles du jeu à certains moments. Pour une novice, il est presque impossible de jouer d'une autre façon que « Cartes sur Table », c’est le plus simple.

On approche des dernières cartes du Holder. Je dois agir. Le moustachu et sa femme doivent partir. Je ne peux pas me permettre d’attendre une autre heure à regarder la table, sinon un employé va s’inquiéter et venir me voir…

Je dois faire changer le mode de jeu, mais si je le fais, alors je serais déjà dans la partie, sans avoir eu le temps de comprendre quelles signes ma cible et son complice  utilisent pour se communiquer les cartes… Et merde!

Les dernières cartes sont jouées, je n’ai plus beaucoup de temps pour réfléchir! Allez, je dois analyser! Réfléchis Diechi! Je ferme les yeux, en mettant mon index sur ma tempe…

Je me souviens, je l’ai déjà vu souvent ici, ce moustachu. Il ne s’excite jamais, et il quitte tôt. Aujourd’hui aussi, il a l’air crevé. Et si je…

-Oh et bien, je retire.

Quoi? J’ouvre grand les yeux. La jeune femme se retire avec un total de 19? Elle est complètement stupide? Le Dealer a tiré un 6 en plus, la pire carte du Blackjack, et tous les autres à la table ont misé le maximum de 500$.

Le dealer remet à femme la moitié de sa mise, puis il place ses propres cartes. Un six, un neuf… Oh tiens, il tombe pile sur la dernière carte du Holder. Et cette carte est un six aussi… Pour un total de :

Vingt et un.

Bordel de merde. Impossible. Même le croupier esquisse un sourire en ramassant l’argent de toute la table, sauf pour ma cible, qui avait aussi 21, et la femme qui s’était retirée.

Se retirer du jeu était mathématiquement le meilleur coup possible après avoir vu les autres cartes sur la table. Mais pour cela, il aurait fallu que la femme garde en compte les 312 différentes cartes dans sa tête tout au long de la partie pour deviner les deux dernières cartes du Holder…

Non, je pense trop. C’est un coup de chance c’est tout. Il faudrait être un Super-Génie comme ma mère ou ma grande sœur Alpha pour réussir un tel calcul mental. En plus, la femme est en perte d’argent au total, pas très gagnant pour un tel cerveau…

À moins qu’elle ne soit comme moi. Qu’elle ne joue pas pour l’argent, mais qu’elle soit ici pour vivre l’adrénaline… Cette adrénaline qui lui permet d’oublier la mort de…

-Nina.


Et merde, il fait aussi froid ici que dans le taxi.

Quel chance, Juliet put garder la moitié de sa mise alors que tout le monde partait la sienne. C'était très plaisant ce jeu au final, même si elle y perdait. Voir le visage des autres personnes étaient ce qui était le plus distrayant. Par contre, ce mafieux supposé n'était pas du tout ouvert. Il semblait concentré et n'échangeait même pas spécialement avec le reste de la table. C'était très désagréable. De leur côté, le petit couple de vieux étaient tout gentil. Si ils étaient un peu plus allumé et vif, on aurait pu les prendre pour les parents de Juliet. Il fallait d'ailleurs qu'elle les renvoie, ce serait mieux.

Alors que le croupier récupère tout avec un certain plaisir, l'homme aperçu tout à l'heure arriva telle une furie. Le fringuant jeune homme, qui semblait trouver la partie plutôt ennuyante, proposait de donner un coup de pied et de bouleverser les choses. Juliet lui sourit, elle aimait bien ce genre de comportement bien qu'elle se demandait ce qu'il voulait. Le changement, c'était bien mais il fallait toujours le faire avec une bonne raison. Si ce n'était pas le cas, c'était pure stupidité et pour le moment la journaliste ne savait pas de quel côté il se trouvait. Malgré tout, sa curiosité la poussa à accepter sa proposition. Après tout, peut-être que ça forcerait le mafieux supposé à se bouger et réfléchir.

- "Et bien, enfin de l'action! Tu as probablement raison, l'ami, changeons les choses et vivons dangereusement" dit-elle tout en jouant avec ses jetons

Pour le moment, Juliet allait jouer le jeu du jeune homme. C'était divertissant et surtout elle voulait savoir si il était idiot ou avait quelque chose derrière la tête. Il avait un peu le comportement du petit riche en manque de sensation force, le type un peu triste qui remplit son gouffre par l'argent, l'alcool et le sexe. Mais il devait pas non plus être fortuné, après tout il était dans le casino de l'est, pas celui du Nord.

Le petit vieux grommela un peu. Il se prenait pour qui ce type qui venait déranger tout le monde. Il regarda sa dame, visiblement dérangée par l'exubérance du personnages. Hésitant pendant un moment à tenir tête à Diechi, il soupira quand Juliet s'y mit. Si deux personnes voulaient être intenses, ils feraient mieux d'aller ensemble plutôt que de déranger des honnêtes personnes voulant justes se détendre.

- "Allez viens chérie, on va aller voir le tournoi. De toute façon, ils ont décidés de nous exclure de la partie" dit le moustachu en se levant

Sa femme était moins encline à partir, elle avait bien aimé le black jack. Le plaisir de tomber sur le bon chiffre, voir le croupier mélanger les cartes et distribuer les jetons... Restait donc les deux hommes, pour choisir si oui ou non la table changeait.

Bon, le moustachu et sa femme s’en vont voir le tournoi de Poker. Je prévois que d’ici 15 minutes, la dame mourra d’ennui et ils repartiront chez eux. Peu importe : ils sont exclu de l’équation à présent. Par contre, sachant très bien qu’ils sont déjà trop loin de la table pour m’entendre, je lance tout de même un :

-Oh, mais voyons! Je ne voulais pas que vous partiez!

Et pourtant, je garde un grand sourire au visage. Tout allait bien jusqu’à maintenant, mais je n’étais pas plus avancée sur la méthode de comptage de ma cible. À la table, dans leur ordre respectif de gauche à droite, il y avait : l’assistant de ma cible, ma cible, la jeune femme, moi, et puis deux bancs maintenant libres. Le croupier lance un regard aux deux hommes, et ils approuvent tous les deux du changement.

Le Blackjack Cartes en main est une simple variante du Blackjack standard : il est interdit de montrer les deux cartes qu’on a en main. Techniquement ça devrait donc rendre difficile le comptage de cartes, mais si ma cible et son partenaire ont développé un moyen de se communiquer leur jeu sans se faire voir par les caméras, alors ils seront au courant de la moitié des cartes sur le jeu.
Et si je peux comprendre leur code, je serais alors au courant du trois quart des cartes sur la table, un net avantage.

À partir de l’instant où le couple a quitté la table, une sorte de transformation se produit avec ma cible. Il se met d’abord à sourire avant d’éclater d’un rire gras, cognant sur la table de son poing. Son partenaire sourit et l’homme continue de rigoler avant de lancer :

-Toi je t’aime bien le gosse…

Pas moi, je te trouve repoussant. Mais bon, c’est un bonus qui se prend bien s’il m’apprécie. Il ne quittera donc pas la table avant d’être satisfait. Je m’apprête à répondre lorsque mon regard est attiré vers le croupier. Il vient de ranger le Holder à 6 jeux de carte sous la table, et il vient d’en sortir deux paquets de cartes noires et lustrées, ainsi qu’un petit casque avec micro qu’il se met sur la tête. Il pèse sur un bouton sur le côté de l’oreillette et murmure :

-Monsieur. Table B29… Oui… Changement pour « En Main » Monsieur. Code jaune. Oui… De bien surveiller le…

Ces yeux se lèvent et je pense pendant un instant qu’il va croiser mon regard… Mais non, il regarde ma cible.
Oh merde : ils se doutent qu’il compte.

-Oui… Très bien Monsieur.

Le croupier lâche le bouton et se met à brasser les deux jeux de cartes ensemble. Bon, les choses commencent à aller mal. Je n’ai aucune idée de comment ils se communiquent les cartes, et le casino les soupçonne à cause de leurs gains des semaines passées. Mais bon, me voilà lancé, je dois jouer la farce jusqu’au bout. Je prends place à côté de la femme. Elle doit avoir environ 7-10 ans de plus que moi, mais je la trouve quand même jolie. Mais bon, face à la monstruosité placée à l’accueil, n’importe quoi saurait m’émouvoir. Je souris à la femme, tout en la regardant au plus profond des yeux.
Définitivement quelque chose d’étrange. Je ne sais toujours pas si elle sait compter les cartes ou non. Il a quelque chose dans son regard joyeux qui est très curieux… Je me demande bien ce qui se passe dans sa tête présentement.

-Bon alors, et si on faisait tous connaissance? On va passer les prochaines heures ensembles non? Vous pouvez m’appeler Steins. Ou Diechi pour les intimes. Ou canard en sucre pour les encore plus intimes.

Ma cible continue de rigoler. Je commence à croire qu’il est soit saoul, soit il compte jouer le même personnage sympathique que moi. Espérons qu’il ne fera pas une crise cardiaque à ce rythme-là. Je lance un autre regard à la femme :
Et espérons que nous ne soyons pas 4 tricheurs à cette table.

Ce type avait quand même un sacré culot et Juliet eut un petit sourire. Ce genre de personnage semblait haut en couleur et il voulait quelque chose, c'était sûr. Sa manière de parler, sa manière d'être montrait qu'il cherchait quelque chose mais quoi? Est-ce qu'il était avec le mafieux? Au quel cas, la journaliste aurait toute les raisons de le surveiller, étant plus bavard que l'homme. Dans tout les cas, tout changea autour de la table et l'ambiance semblait devenir plus joueuse. Visiblement, le jeune homme arrivé à la table s'était attiré les sympathies de tout le monde.

Le croupier par contre semblait être moins amusé voire même méfiant. Sa conversation, avec la centrale probablement, n'était pas des plus discrète. Un certain code jaune était activé et ce devait concerné le mafieux. Soupçon de triche ou de blanchiment d'argent? Le premier était plus probable. Aurait-elle donc affaire à un de ces fameux compteur de cartes? Ceux qui sont idéalisé dans les films mais avec qui la réalité était bien moins glamour? Si Juliet avait su, elle aurait prit des cours pour pouvoir tenir la dragée haute à ce type.

Le jeune homme, un certain Diechi, était spécial. Il semblait stressé ou du moins très impatient. Ayant expédié les petits vieux en moins de deux, il s'assit à côté de Juliet et proposa immédiatement que chacun apprenne à se connaître. La journaliste sourit à sa remarque, ne sachant pas si c'était une blague ou une tentative ratée de drague. Mais elle soutint son regard sans peine, gardant un petit sourire. Qui était ce Diechi.

- "Appelez-moi Juliet tout simplement et ce serait un plaisir que d'apprendre à tous vous connaître" dit-elle en regardant chacun des membres autour de la table.

Elle répondit au regard de Diechi avant de se concentrer sur les mains du dealer. C'était toujours très plaisant à les voir jouer comme ça avec les cartes. La journaliste attendait patiemment ses cartes, pensive. Il y avait au moins un tricheur autour de la table, qu'en était-il des deux autres. Juliet reçu un roi et un 9, plutôt bon à ses yeux. Elle allait en rester là, tenter le diable pour avoir un 2, c'était trop risqué. Elle regarda les autres, avaient-ils des bonnes cartes?

- "C'est une des premières fois que je viens dans ce casino et je suis pas déçu, et vous?" demanda-t'elle à ses compères

-Juliet, eh? Je trouve que c'est un nom magnifique.

Allez Diechi, temps de se mettre en action. Je dois analyser le plus de choses possibles tous en gardant à mon acting. Combien parier d'argent? Je n'ai aucune informations, alors logiquement je devrais aller avec la mise minimale: mais je viens de faire sous-entendre que j'allais être fou et intense... Pas le choix, je vais devoir perdre de l'argent en début de jeu jusqu'à ce que je décode l'homme et son partenaire. Combien d'argent serait suffisant pour bien jouer mon rôle? Allez, je mise 200$, et il ne me reste que 200$ de jetons en poches... C'est tellement risqué comme mise que...
Mon cœur frappe ma poitrine à 1000 battements la seconde.
Et J'adore ça.

-Moi c'est Morris. Morris Clinton. Et le type là, c'est mon ami...

-Ladro. Tommy Ladro.

Ok intéressant... En fait non, j'en ai rien a foutre, savoir leur nom ne me donnera pas d'argent. C'est peut-être de faux noms. En fait, j'en suis certain: "Ladro" veut dire "voleur" en italien.
Le dealer passe les cartes. Je ne regarde pas mon jeu tout de suite, je regarde le duo. Et merde, je suis mal placé: la femme à ma gauche m'enlève de mon visuel de Morris. Il a parié le minimum? Merde, il est trop facile de voir qu'il compte, s'en est stupide! Le compteur ne joue rien jusqu'à ce que la partie ne progresse qui ait d'avantage de connaissances des cartes qu'il reste en jeu.
Bon, peu importe pour l'instant. Je regarde Ladro. Il se pince le nez en deux rapides mouvements. Quel carte représente ce signe? Je ne le saurait que lorsqu'il déposera son jeu sur la table.
Non attends, Morris ne le regarde même pas. Est-ce que c'est Morris qui fait les signes et Ladro qui compte? Non, j'ai un sentiment que ce n'est pas le cas. Il y a autre chose...

Si je les dérangent suffisamment de leur partie dans une discussion, j'arriverais peut-être à voir mieux. Après tout, ils se forceront toujours a continuer les signes peu importe la situation, et ça deviendra plus facile à différencier de simples tics nerveux.
Juliet demande:

-C'est une des premières fois que je viens dans ce casino et je suis pas déçue, et vous?

Excellent, au moins une qui participe. Cependant, je dois faire en sorte que la table ne développe pas une sorte de micro-climat juste entre moi et la femme. Les deux hommes du côté gauche doivent à tout prix entrer dans la conversation avant que cette bulle ne se forme.

-Je dois avouer que c'est ma première fois dans les VIP. Et je dois aussi dire que je suis surpris que les gens aient l'air aussi petit en bas, vus à travers cette grande vitre.

Je dois utiliser chaque information que je possède. Espionner Morris pendant deux semaine m'a bien montrer qu'il s'agissait de sa table préférée, et je me doute que la vue plongeante y est pour quelque chose. Je dois capter son intérêt, sinon je ne pourrais jamais lire son jeu...
Pour ce qui est du mien, je viens de recevoir une reine et un six.
Adieu mes 200$.

C'était un dragueur de pacotille visiblement, dommage. Il était un flambeur visiblement ou plutôt riche. Les deux autres hommes donnèrent leur nom, rien qui n'évoquait quoi que ce soit à Juliet. Diechi, à ses côtés, regardait bien les autres joueurs, il devait avoir quelque chose derrière la tête. Et si... Peut-être était-il employé par le casino pour justement déterminer si Morris était un tricheur? Et vu qu'il y avait les rumeurs de mafia à son égard, le pauvre jeune homme était stressé, ne voulant pas passer par les chaussures de bétons. Tout ceci augmenta grandement l’intérêt de Juliet pour le jeune homme, elle allait tenter de lui donner son soutien.

Diechi expliqua que c'était sa première fois chez les VIP, ce qui surprit Juliet. Si il se faisait passer pour un riche, pourquoi dire cela? Sans compter que la suite de sa phrase était étrange, il n'avait jamais vécu à l'étage ou quoi? La journaliste le regarda, un peu surprise avant de regarder les deux autres. Diechi devait être très stressé pour parler comme ça, confirmant à la journaliste que l'homme avait des enjeux plus que simplement gagner et passer une bonne soirée.

- "Et vous Morris? Vous m'avez l'air d'un habitué et de savoir ce que vous faîtes, vous venez souvent ici?"

Juliet semblait intéressé et elle l'était sincérement. Pas car Morris l'attirait, loin de là, mais car elle voulait qu'il parle, lui donner de quoi faire des erreurs et dire des choses sur lui et son travail. Il faudrait le faire boire d'ailleurs, ça se passerait mieux. Si il restait aussi peu bavard, la journaliste serait obligée de payer une tournée d'alcool fort hors de prix...

Le croupier de son côté attendait de savoir ce que chacun ferait, s’apprêtant à donner d'autres cartes si nécessaire ou de prendre les jetons. Juliet avait misé un petit 50$, ne comptant pas dépenser tout, tout de suite.

- "Je reste avec mes deux cartes" communiqua-t'-elle

Si seulement ce fut du poker, elle aurait toutes les raisons de mentir et de bluffer...

-J'viens parfois, et je crois que cette table me porte chance. Les femmes sont jolies aussi.

Il fait un clin d'œil à Juliet.
Oh là vache. Ça me donne envie de gerber son petit regard qui se veut séducteur. Je crois que ça a pris Juliet  par surprise aussi d’ailleurs. Mais bon, si son entre-jambe dysfonctionnel peut le distraire du jeu, c’est tout à mon avantage. À partir de maintenant, je ne ferais que miser le minimum jusqu’à ce que je décode les signaux de ce Tommy Ladro. Ça semblera naturel, après avoir perdu 200$ sur ma première mise, que de vouloir jouer plus sécuritaire.

La partie avance lentement et il me faut à tout prix un sujet de conversation. Quoi discuter qui pourrait soulever l’attention de l’homme? J’absorbe chaque morceau d’information possible. Un veston Armani, une montre Rolex, un veston Valentino pour son partenaire… Ils portent des vêtements de riches, alors pourquoi sont-ils dans ce casino de la classe moyenne? Ils se sont fait foutre dehors des autres?
Allez vite, un sujet de discussion… Argent, chance, beauté, femmes, poker, tournoi, triche… Non rien ne va!

Injustice.

Cette chose qui poussait les gens à devenir des tricheurs, des voleurs ou des mécréants. Une chose que tout individu de cette Terre déteste. Morris est probablement ici parce qu’il a subit des « injustices » des autres casinos. Il a probablement choisit la route de l’argent sale pour combattre une injustice qu’il a vécu dans son enfance.
Je dois aller loin, je dois creuser dans la psyché de son personnage. Je dois trouver le maillon faible qui le fera parler encore et encore. Et pas seulement le faire parler pour qu’il me « fasse la discussion » : je veux qu’il me confie tout.
Ok, lançons la question.

-Alors Morris, qu’est-ce que vous pensez qui est le plus important dans un établissement tel qu’un casino?

Le croupier lève un sourcil en ma direction. Parler de casinos tout en jouant dans un casino, c’est comme parler de bombe en allant prendre un avion : les autorités détestent, mais les usagers apprécient qu’on brise le silence. Personne n’aime à ce qu’on taise un sujet parce qu’il est « tabou », et je pense bien que Morris en a gros sur la conscience qu’il aimerait bien dire, pour le peu qu’on cesse de le juger.

-Je ne vous jugerez pas pour votre opinion, je suis simplement d’un naturel curieux.

Allez gros poisson. Mord à l’hameçon.

Que des lourdeaux autour de la table visiblement, sauf que un semblait plus stressé que l'autre. Morris était également plus rentre-dedans que le jeune Diechi qui semblait plus parler par politesse. Juliet sourit au mafieux en retour, autant être charmante. Mais elle n'avait pourtant pas mit de robe spécialement aguicheuse. Enfin, faut croire qu'ils ont bien faim... Le plus important était de montrer au minimum ce qu'elle pensait réellement du mafieux.

La partie avançait et Juliet réussit à stabiliser ses pertes, passant de -50$ à -70$, vu le nombre de mains jouées, elle en était plutôt fier. Elle avait bien cru à un moment réussir à remonter en positif, mais le croupier l'avait battu. La table commençait à devenir silencieuse, ce qui était très mauvais. Si les gens devenaient sérieux, aucun moyen de réussir à avoir des informations! Tout en récupérant des jetons grâce à une jolie main, la journaliste cherchait quelque chose à dire. Trouver quelque chose de personnels mais pas trop et idéalement qui inclurait que Morris. C'est là que Diechi sortit une question relativement intéressante et dirigée également pour le mafieux. Tant mieux, ce serait parfait.

Morris le regarda en souriant. Il avait déjà la réponse toute faite

- "Le plus important? Y a plein de chose importantes dans un casino pour qu'il m'attire. De quoi se distraire les yeux et les mains" dit-il en riant "Et un croupier pas trop méchant

En même temps, Morris avait augmenté sa mise, la doublant l'air plutôt confiant. Juliet de son côté essayait de tirer des conclusions sur ce qu'il disait, mais malheureusement rien de bien magique. Tout au plus, on pouvait imaginer des menaces si on cherchait très très loin.

- "Et vous, Diechi, ça fait quoi d'être dans la cours des grands?

Le compère de Morris, Tommy, posa ses cartes et s'étira. Il fit signe que de son côté, il n'allait pas retirer de cartes supplémentaire, se contentant des deux qu'il avait en main. La journaliste tira également une carte, pensive. Elle ne se concentrait plus vraiment sur le jeu.

-Et vous, Diechi, ça fait quoi d'être dans la cours des grands?

Il va pour se retourner vers son partenaire, après avoir juste posé sa question. C’est le moment! Allez Diechi, gardes les yeux ouvert et ta bouche active.

-Diechi? Je croyais avoir dit de m’appeler canard en sucre.

Une fraction de seconde, Morris veut tourner les yeux vers Ladro, mais ces paupières se referment alors qu’il se surprend lui-même dans un petit rire. Mon regard analyse tout : Ladro finit de s’étirer en se tenant le bras gauche de la droite. Hauteur du mouvement : dans le pli de son coude. Il fait exactement un pas vers l’arrière en étirant ses muscles. Tout de suite après, il fait signe rapide qu’il ne veut pas d’avantages de cartes et il met sa main gauche dans sa poche, la droite sur le bord de la table, la main à plat. Ses yeux sont fermés.
Cette seconde semble durer une éternité alors que mon esprit travaille à toute vitesse. Comme au ralentit, un gloussement guttural sort de la gorge de Morris. Ses deux mains sont sur le comptoir. Il le tient fermement. Ses iris sont pointés sur… la main droite de Ladro.
Bingo. Je « laisse le temps reprendre son cours ».

-Avec plus de sérieux, je crois qu’une partie de mon âme se retrouve ici. J’ai vécu toute ma vie dans ce genre d’environnement, étant originaire de Las Vegas. Parfois, ça me fait du bien de revenir dans un casino. Ce n’est pas tant pour les distractions que pour… C’est difficile à décrire. Pour moi ce lieu est plus comme… Oh, quel est le mot? Je l’es sur le bout de la langue…

Morris à reprit son sérieux et il m’écoute avec attention. Le croupier lui passe la carte pour sa double-mise et se retourne vers Juliet, qui tire une carte, elle aussi dans la réflexion.
Je voulais que Morris me réponde, qu’il commence à finir mes phrases et lui faire croire qu’on pense de la même façon. J’inventais cette histoire bourré de trous avec l’espoir qu’il y accrocherait en y mettant du sien. Je ne m’étais pas trompé.

-Un chez-soi?

Il me répond, mais sa réponse sonne comme un grognement, je dirais même un rot, comme s’il n’était pas d’accord avec ce mot. Non, ce n’est pas exactement ce que je recherche…

-Non, ce n’est pas exactement ce que je recherche. Plus comme… Ce sentiment particulier qu’on a à Noël lorsqu’on est enfant. Vous savez, cette période de la vie où on recevait des cadeaux sans rien subir en retour...

Il ne répond pas, mais il semble vachement y réfléchir. Il ne regarde même pas le dévoilement des cartes de Ladro, deux rois. Je continue sur ma lancé :

-Aujourd’hui, tu dois travailler tous les jours, ta vie deviens un putain de champs de bataille. Mais pour un moment seulement, ici à cette table, on ressent ce... cette…

-Excitation?

-Exact.

Et voilà. Un beau lot de conneries émotionnelles. Je ne suis pas né à Vegas, je n’ai jamais travaillé de ma vie et on ne fêtait jamais Noël chez moi. Mais bon, je fais un sourire sympathique à Morris, qui se tourne vers Ladro.

-Tu sais quoi Tommy? J’aime bien sa petite philosophie à la con. Je dis qu’on devrait boire à ces conneries!

Ladro n’a pas l’air d’accord, mais il hoche la tête…
Intéressant, j’ai donc modifié leur plan original. Morris ne devait probablement pas boire pour mieux compter, mais Ladro semble être son valet et il ne veut pas le contredire.
Oh merde, contrairement à mon jeu qui donne un total gagnant de 21, je n’ai, pour ma part, pas les 21 ans requis pour boire autre chose que mon jus de canneberges.

Je me fige un instant, alors que je réalise à quel point je m'enfonce, tout seul, de plus en plus dans la merde.

Juliet rit à la remarque de Diechi, plutôt osé de sa part si il connaissait les rumeurs sur Morris. Puis il déballa sa vie, officiellement. Que retirer de son discours et comment faire le tri? Malheureusement, il n'y avait pas beaucoup de moyen autre que d'attendre qu'il ne fasse une erreur. La journaliste l'écoutait avec intérêt. Las Vegas, donc il était habitué aux casinos, ce qui pourrait confirmer qu'il travaille avec le croupier. Il cherchait par contre beaucoup ses mots, le stress?

Morris semblait intéressé dans ce que disait le jeune homme, pour quels raisons? Il n'avait pas rien de si intéressant quand même, ou alors il voulait faire de Diechi son canard en sucre? Juliet eut un petit rire, amusée en imaginant les deux se séduire. Et qu'est-ce qu'il racontait avec Noël? La journaliste avait du rater une coche et ça ne lui plus pas du tout... Était-ce un message codé? Il allait falloir être concentré de nouveau... Mais Morris dit quelque chose qui l'arrangeait bien : l'heure de la boisson! Juliet retourna ses cartes, un valet, un 4, un roi. Le croupier prit avec un petit plaisir l'argent de la journaliste.

- "Parfait, vous avez bien raison. Vu tout ce que j'ai perdu, je pense qu'une bonne boisson me ferait du bien" dit-elle en se levant "Alors Diechi, que prenez-vous"

Juliet s'approcha du jeune homme, souriante. Elle entendit sa réponse et se dirigea vers Morris, lui mettant une main sur l'épaule. Elle lui demanda également sa commande, un bon bourbon. Le 3ème homme ne voulait rien, dommage.

- "Je reviens avec vos consommations, ne faites pas de bêtises" dit-elle en partant au bar

Juliet avait besoin de réfléchir un peu. Que faire de ces 3 hommes? Morris et Tommy se connaissait, et le second semblait la victime du premier. Très silencieux, il était spécial. Quand à Diechi, à quoi jouait-il? Tantôt elle l'imaginait idiot, tantôt elle l'imaginait travailler pour le casino et il semblait intéressé par Morris. Il allait falloir surveiller si il fait des choses bizarres désormais. Si il s'avérait qu'il connaissait Morris, ce serait un autre moyen d'atteindre son but. Elle prit les consommations, un verre de champagne pour elle, et revint. Elle distribua les commandes de chacun

- "Et voilà, alors je vous ai manqué? Qui a gagné quoi?" dit-elle en s'asseyant

Merde, merde, merde, merde, merde… Ok, je dois rester calme. Diechi, ressaisit toi. Le casino a vu mon dossier, ils vont me sortir s’il me voit boire une seule goutte d’alcool, car ils ne veulent pas de problèmes avec la justice.

-Alors Diechi, que prenez-vous?

Arg, Juliet! Tu ne m’aides pas du tout! Tu aurais pu demander aux autres en premier, me laissant avec 3 secondes de plus de réflexion précieuse. Ok Diechi, garde le sourire, fait semblant d’y réfléchir. Oh en fait, je ne fais pas semblant du tout ; je réfléchi bel et bien comme un fou! Je commande un verre, puis je m’éclipse aux toilettes? Je n’aurais pas beaucoup de meilleures occasions d’aller chercher mon argent… Non, je dois rester à la table plus longtemps avant, et j’ai encore pas mal de jeu. Allez Diechi, elle attend ta réponse! Je ne peux pas juste refuser de boire, ça ne plairait pas à Morris…
Oh. Éclair de génie. Pourquoi je n’y ai pas pensé plus tôt? Il suffit que je commande un cocktail sans alcool, au nom que personne ne connaitrait sauf un barman, pour que personne d’autre que lui et moi-même ne sache que ce que je bois est sans alcool. Simple comme tout! Je n’ai jamais pris le temps d’étudier les cocktails par contre… Un Shirley temple? Non, tout le monde sait que c’est sans alcool. Un Bora bora? Même chose… Merde, combien de temps c’est écoulé depuis la question de Juliet, une seconde? Dix?

-Un Arcata Sunset sans glace je vous prie.

Juste à temps avant que Juliet n’ouvre la bouche pour me reposer sa question. Bravo cerveau, je suis fier de toi. Qui d’autre pour ce souvenir d’un truc que j’ai lu il y a de ça 3 ans en faisant de la recherche sur le jus de canneberge et ses bénéfices?
Juliet pars vers le bar. Pendant quelques instants, je suis seul à la table avec Morris et Ladro. Il doit forcément avoir un moyen de profiter de cette situation… D’ici une heure, deux heures au maximum, on viendra foutre Morris hors du casino. Je dois soit augmenter ma durer de temps avec Morris, soit augmenter mes gains dans ce cours laps de temps. Mais la seconde option sera difficile si je ne peux pas comprendre le code utilisé pour transmettre les cartes dans les minutes qui suivent. Je commence en avoir une idée, mais c’est très abstrait. Il y a-t-il un moyen de faire en sorte que Morris évite le radar du Casino? Oh je sais.

-Hey le croupier. On peut augmenter la mise minimale et maximale si tout le monde à la table est d’accord non?

Il va pour me répondre, mais je l’interromps :

-Si cette dame ne revient pas mettre d’argent sur la table pour le prochain tour de table, elle est comptée comme absente du vote non? Morris, Tommy, vous en pensez quoi?

Ils me regardent tout les deux avec de gros yeux. Ils ne s’attendaient pas du tout à ça. Un grand sourire s’affiche sur le regard de Morris qui veut probablement crier son accord, mais Ladro l’arrête en mettant sa main sur son bras. Il lui chuchote à l’oreille, l’air inquiet. Morris lui grogne quelque chose à l’oreille en réponse, puis il donne son accord à ma proposition. Les bras croisés, Ladro donne lui aussi le feu vert.

Le croupier va pour peser sur son bouton pour parler à son « Monsieur », et l’avertir du changement. Ça me donne environ 30 secondes où il n’y a pas de cartes sur la table. C’est tout ce que j’ai besoin.
Il est illégal d’écrire, de prendre des notes ou de jouer avec un appareil électronique pendant que des cartes sont en jeux sur la table, sinon on se fait éjecter du jeu, et peut-être du Casino. Mais pendant ce bref moment, je sors mon portefeuille. J’en retire un coupon d’épicerie et je me penche dessus tout en ressortant mon stylo de la poche intérieur de ma chemise. J’écris dessus à toute vitesse, en cachant le mot des caméras de façon subtile. Je jette un regard à Juliet.
Elle ramasse les boissons et se prépare à revenir. Rapidement, je donne le mot plié en deux à Morris, avec un visage très sérieux. Il le prend avec confusion, et j’hoche la tête pour l’encourager à le prendre. Je me fiche bien que le croupier me voit : je pourrais être en train de lui donner mon numéro de téléphone ou ma carte d’affaire pour tout ce qu’il en sait.
Juliet revient tranquillement avec les drinks. Je regarde derrière elle. Un garde de sécurité s’approche du barman et me pointe du doigt. Il lui demande probablement ce que j’ai commandé. Ils surveillent mes consommations parce que je n’ai pas le droit de boire… Mais le barman hoche la tête à la négative. Je suis sauf. Tout le monde à la table a reçu 2 cartes et à placer ses jeux en vitesse avant que Juliet n’arrive.

-Et voilà, alors je vous ai manqué? Qui a gagné quoi?

Je prends mon « jus de canneberges » avec un sourire et en la remerciant. Mais je ne réponds pas à sa question. Je jette un autre coup d’œil à mes cartes avec un sourire cruel, en silence.
Oh, tu n’as pas idée de tout ce que tu as manqué…

Juliet les avait vu bouger à la table, mais n'y avait pas fait attention. Peut-être, maintenant qu'elle y pensait, que les laisser seul n'était pas la meilleure des idées. En particulier si Diechi avait d'autre plan que ceux qu'elle imaginait. Mais ce qui était fait était fait, alors elle n'allait pas se prendre la tête avec ça. Elle avait d'autre chat à fouetter. Comme par exemple qu'est-ce qu'ils avaient en tête avec leur petits sourires et leur absence de réponse. Quelque chose s'était passé et le petit sourire de Diechi ne lui plaisait pas du tout. Cherchait-il la guerre? Dans tout les cas, il risquait de l'avoir.

Ils ne l'avaient pas attendu pour recommencer une partie. C'était des accrocs au Blackjack visiblement. La journaliste soupira et bu un peu. Elle ne devait pas s'énerver, pas tout de suite. Ils voulaient pas lui répondre? Très bien, elle allait reposer les questions. Elle allait les noyer de questions, les coinçant et... Juliet reprit une gorgée pour se calmer. Elle allait simplement observer leur partie. Ayant les mains libres, elle aurait toute la joie de les scruter.

- "Déjà de retour à une partie? Vous êtes pressés de jouer on dirait"

Pourquoi ne pas l'attendre? C'était pas comme si elle était un poids dans cette partie, elle ne faisait rien de spécial pourtant. Ils voulaient l'éliminer de la partie, ne serait-ce que pour un tour? Ils avaient du conclure à un accord entre eux pendant son absence, tout comme ils l'avaient fait en mode fouine avec les vieux. Le cerveau de cette opération était probablement Diechi, comme tout à l'heure. C'était lui le flambeur, celui qui était stressé et rapide. Elle avait du faire quelque chose qui lui déplaisait ou qui n'allait pas avec ses plans. Etait-il avec ou contre Morris?

Il était venu expressément à cette table, alors que le mafieux était probablement suspecté de triche. Il avait fait gicler les vieux pour passer en mode carte en main, un jeu plus compliqué vu que le nombre d'informations était plus faible. En éliminant le couple, il se débrouillait pour être plus proche de Morris, avec qui il a échangé de manière bizarre, parlant de Noel et de tout ça. Maintenant, il éliminait Juliet du tour et ne se retrouvait plus qu'avec Morris et son amis. Etaient-ils les trois dans le même jeu? Ils seraient donc les trois à tricher, appliquant leur plan lentement et éliminant tout élément perturbateur ou inconnu? Si c'était ça, c'était osé. Si les 3 trichaient, ce serait probablement rapide à détecter. Ils devraient communiquer entre eux, jouer de manière trop parfaites... Juliet observa la partie avec beaucoup d’intérêt, fixant souvent son regard sur le jeune Diechi, essayant de le comprendre.

La soirée vient de prendre une tournure bien différente. Je vois bien que je suis moi-même suspecter de triche, même si mes gains sont encore à la négative. Il n’est plus question de paraître innocent : même Juliet semble voir à travers mon personnage de l’impatient charismatique. L’acting n’a jamais été mon fort, du moins, jamais plus que le calcul mental.

-Déjà de retour à une partie? Vous êtes pressés de jouer on dirait.

Mais bon, je ne veux quand même pas faire un bond dans ma personnalité. Je dois garder le personnage encore un peu plus longtemps. Alors je regarde Juliet et lui fait un clin d’œil :

-Je suis assez impatient en effet, je suis désolé si nos démarches vous ont offensé… J’aurais l’obligeance de vous attendre la prochaine fois et de retenir le jeu.

Le croupier regarde la femme et déclare, sans émotions :

-Les mises ont augmenté. 20$ minimum, 1000 au maximum. Je peux vous appeler un employé pour ouvrir une seconde table de Blackjack en solitaire pour vous, si vous ne pouvez pas jouer sous les conditions de ces messieurs.

-Ah oui, et ça aussi, ça c’est produit. Vraiment navré.

Je ne dis pas cela sur un ton sarcastique, j’essaie de sonner honnête. Sinon, je me doute bien que je mériterais une claque en plein visage. Je continue à regarder les mouvements de Ladro par contre : je suis tout près d’avoir compris leur système!
Puis c’est Tommy qui ouvre finalement la bouche pour parler. Il me jette un regard de meurtrier. Si Morris m’aime bien, Ladro, pour sa part, me déteste. Je note tout de même dans sa voix qu’il a un accent italien prononcé :

-Tu as quel âge, gamin? Tu peux boire au moins?

Eh, tu penses que ta petite question va faire revenir les doutes en Morris et briser la petite connexion que j’ai réussi à former avec lui? Et bien j’ai des nouvelles pour toi mon vieux :

- Abbastanza grande da farmi tua sorella, ragazzo! (Assez vieux pour me faire ta sœur, gamin).

Ladro se lève subitement de sa chaise, les poings serrés. Son visage devient rouge et il me parait assez évident qu’il compte m’exploser les dents avec ses jointures. Mais Morris n’a pas l’air d’avoir compris un traitre mot de ce que j’ai dit : il éclate de rire. Visiblement, le fait que je parle italien l’épate, et je ne suis pour lui qu’une agréable bombe de surprises. Morris continue de rigoler et se met à boire son bourbon, alors que Tommy se rassoit, ses sourcils mes jetant des éclairs.
Je dois avouer que j’ai le cœur qui bat à tout rompre. Je ne suis pas habituer à me battre et je n’aime pas être menacé. Mais une fois que je me sais hors de danger, cette impression de terreur se transforme en adrénaline, et je me sens revivre! J’ai envie de bouger, de parler, de danser! C’est un moment exquis, qui me surprend moi-même.
Mais bon, il faut bien que je me reprenne mon calme. Sinon, je ne pourrais pas mener mon plan à bien. Et avec Juliet de retour à la table, les choses vont bien : sa silhouette cache probablement aux caméras les genoux de Morris à sa gauche… Et si Morris décide de lire le message que je lui ai donné, cette position est excellente pour moi.

Puis je réalise que Juliet m’observe, alors que je viens de perdre 40$ à la table de jeu. Je glousse, sirotant un peu de mon cocktail de canneberges. Je me retourne brusquement, croisant son regard qui, justement, était posé sur moi à ce moment. Je soutiens son regard, les yeux plissés :

-Je vous intrigue peut-être? Tel un message codé, ou un morceau de papier qui circule en classe? La curiosité est une chose fabuleuse, non? (Avant même qu’elle ne puisse me placer une réplique, j’enchaîne, sur un autre sujet) Que faites-vous donc dans la vie, Juliet?

En fait, je m’en fiche pas mal. L’important c’est qu’elle parle. Et si elle me parle longtemps, à moi, et pas aux deux autres, ça laissera le temps à Morris de lire le bout de papier que je venais de lui donner, sans se faire perturber. Je remarque avec un sourire qu’il a compris mon message subtil à Juliet, et il ouvre le message sur ses genoux, tout en douceur avec ses grosses mains.
Je repose mon regard sur Juliet, et pendant un instant, j’eu le sentiment d’avoir commis une erreur. Que j’avais sous-estimé la jeune femme et que j’aurais bien du la prendre en compte dans mes calculs. Quelque chose dans ses yeux me firent couler des sueurs froides dans le dos, bien que je ne pourrais expliquer pourquoi.
Lentement, je repose ma coupe de jus de fruit à mes lèvres, soutenant le regard de Juliet. Peut-être que je panique pour rien en fin de comptes…

Si seulement c’était de l’alcool, je crois que ça m’aurait fait du bien.

- "Non non, ça ira. Nous allons jouer aux jeux de ces messieurs. Ils ont raison, c'est toujours plus amusant quand c'est intenses" dit-elle en souriant au croupier avant de regarder de nouveau Diechi

Désolé, désolé, il ne s'étouffait pas avec s'excuse en tout cas. Avait-il planifié tout cela? Si c'était le cas, c'était un manipulateur doublé d'un mec des plus compétents. Bien que ça la tuait de l'admettre, il se pourrait bien qu'il ait réussi à la piéger quelque fois. Et elle avait beau être en colère contre, voulant lui détruire son jeu et son plan, elle devait admettre qu'il était bon. Si, bien entendu, tout ce qu'elle imaginait était vrai. Mais la partie n'était pas terminée et elle allait s'assurer qu'il comprenne de ne pas trop jouer avec le feu.

Une autre personne autour de la table semblait d'ailleurs de l'avis de Juliet, pour des raisons totalement autre par contre. Craignait-il que Diechi lui vole son petit-ami? En tout les cas, le jeune homme lui répondit en ce qui semblait être de l'italien. Au vus de la réaction de Ladro, c'était pas une phrase des plus amical même si Morris semblait mort de rire, ajoutant du sel sur les blessures du pauvre Tommy qui serait peut-être un allié de choix au cas où le petit Diechi continuait à faire le malin. Mais chaque chose en son temps, il fallait donner un coup de pied dans le plan bien dessiné du jeune flambeur... Visiblement, il semblait se douter de quelque chose au vue de sa phrase. Donnait-il des indices ou jouait-il avec elle?

- "Rien de bien transcendant, je m'ennuie surtout énormément. Alors je viens et je cherche des occupations comme trouver des secrets. C'est même plus que magnifique la curiosité, surtout quand on s'approche de la vérité" dit-elle en souriant "Et vous Diechi? Qu'est-ce qui vous a fait quitter les salles VIP de Vegas?"

Autant être clair et lui rentrer dans le lard. Juliet n'avait pas spécialement envie de lui causer d'elle, mais voulait au contraire en savoir plus sur lui. De son côté, Morris le message mimant qu'il se grattait. Il regarda ensuite droit devant lui, essayant d'éviter le regard du croupier. Il allait falloir trouver un moyen de se dégager des soupçons du casino! Pourtant, ils avaient joué parfaitement avec Tommy. Après un petit instant, il tenta de capter le regard de Diechi discrètement pour lui confirmer d'un signe de tête qu'il avait compris. Bien entendu, Morris avait autant de parole que de moral. Il ne se promènerait jamais seul, il était pas fou. Tommy restera dehors des toilettes juste au cas ou...

-Rien de bien transcendant, je m'ennuie surtout énormément. Alors je viens et je cherche des occupations comme trouver des secrets. C'est même plus que magnifique la curiosité, surtout quand on s'approche de la vérité" dit-elle en souriant "Et vous Diechi? Qu'est-ce qui vous a fait quitter les salles VIP de Vegas?

Elle me relance la balle sans me répondre? Parfait, je n’ai qu’à inventer une histoire qui pourra capter son attention. Après tout, je ne fais que gagner du temps. Je remarque que Morris à finit de lire mon message. Un message assez simple à comprendre, bien qu’utilisant plusieurs contractions :
~ Quand vais aux WC, suis-moi, SEUL. Casino te soupçonne. ~
Il me fait un signe nerveux. Excellent, le plan B progresse à merveille. Bon quelle connerie je pourrais inventer pour captiver la très curieuse jeune femme? Je commence sur un ton jovial :

-En effet, je ne vis que pour la découverte! Même Vegas peut devenir ennuyante après y avoir vécu toute sa vie. Il y a de cette même magie, dont je parlais tout à l’heure à Morris, au sujet de partir à l’aventure et résoudre des mystères. D’abord l’anticipation qui nous tue, puis l’excitation et la satisfaction de l’information prise en tête. Vraiment, il n’y a que du positif à être curieux dans la vie! Sauf que parfois, on ne réussit pas à résoudre un mystère. Et alors là…

Qu’est-ce que je suis en train de dire? Peut-importe, ça semble marcher, je vais continuer d’instinct. Après tout, je dois rester concentrer sur les cartes qui sont joués. Je continue :

- Alors là ce n’est pas la joie. Et tu essayes de comprendre, mais tu ne peux pas. Il te manque crucialement des informations pour savoir pourquoi les choses se sont produites comme elles se sont produites. Peut-être un unique détail, un mot, une phrase de plus ou de moins, aurait su faire la différence entre la vie et la mort. Mais une fois morte, la réponse n’existe plus… Alors c’est toi à trouver la force de tuer ta curiosité, car elle est devenue obsolète... J’ai…

Mon esprit lâche la partie quelques instant pour se concentrer de nouveau sur mes mots. Qu’est-ce que je suis en train de raconter moi? Il y avait-il de l’alcool dans mon verre après tout? Et pourtant, à ce moment précis, je ne sais pas pourquoi, je ne peux empêcher ma bouche de s’ouvrir.

-J’ai perdu le désir de chercher. Je… Elle me manque…

Et voilà que mes mots ont finalement rejoint mon cerveau. Je revois Nina, un grand sourire aux lèvres, alors qu’elle m’explique les fondamentales du « mystère de Zipf », me montrant le fruit de ses recherches à l’école en sautillant partout. Mon regard devient vide, alors qu’un sourire s’affiche sur mon visage…
Qu’est-ce qui se passe? Mes yeux me brûlent. J’ai quelque chose dans l’œil. Bordel, où suis-je?
Ah oui, le casino. Les informations me reviennent en tête maintenant. Combien de temps est-ce que je me suis perdu dans mes pensées? Je jette un regard paniqué à Morris. Il a l’air nerveux, et chuchote quelque chose à Ladro. Ok, pas trop de temps ne doit s’être passé depuis mon black-out, s’il réfléchit encore à mon message. Le croupier me demande ma mise, son regard se veut emplie de confusion.
Je me demande quel genre de tête fait Juliet?
… Oh.

-Excusez-moi un instant, je… Je ne me sens pas bien.

Et ainsi, je laisse mon drink à la table, avec mes maigres jetons et ma mallette, et je m’éloigne de la table. Je dépasse les deux gardes du portail, puis tourne le coin du couloir vers la salle de bain, sans même jeter un regard en arrière pour savoir si Morris me suit.

Ca y était, Diechi recommençait son discours sans sens comme avec Morris. La différence était qu'elle n'allait pas le croire bêtement comme le mafieux. Il ne pouvait pas avoir passé toute sa vie à Vegas sans être entré dans une salle VIP, hors il avait précisé que c'était sa première fois. Peut-être qu'il voulait sous-entendre sa première fois ici, mais Juliet n'allait pas prendre de risque. Il était beaucoup trop joyeux dans son explication, cela sonnait faux...

Jusqu'à ce que sa manière de parler change ainsi que la thématique de son discours. Le changement était arrivé en une fraction de seconde et Juliet en était très surprise. Il parlait désormais de pertes, de souffrance et peut-être même de dépression. Sans compter qu'il n'avait pas tord avec ce qu'il disait. Il lui était arrivé plusieurs fois de ressentir une telle frustration et d'en être un peu mal. Mais elle avait toujours finit par le chasser de son esprit, s'en fichant. Mais Diechi, lui cela semblait différent. C'était une souffrance réelle et quelque chose, ou quelqu'un, lui manquait. Ne s'y attendait absolument pas, Juliet fut surprise presque compatissante. Elle arrivait à imaginer ce dont il parlait. Mais, la surprise passée, elle se reprit se disant qu'elle commençait lentement à voir tout les mensonges dit par Diechi. Il avait de lourds secret visiblement, qui lui pesait sur l'esprit. D'où son comportement à risque? C'était définitivement lui la personne intéressante autour de la table. Morris et Katherine attendraient. Il se leva pour partir, étant mal. Peut-être devrait-elle le suivre pour s'assurer qu'il ne tente rien?

Morris était surpris de la réaction de Diechi. Il ne comprenait pas et se dit, après que la surprise était passée, que le jeune homme devait faire la comédie pour partir sans éveiller de soupçons. Il avait chuchoté à Tommy : 'Suis-moi dans 3 minutes'. Malgré tout, le mafieux était moins encouragé par Diechi, car il semblait étrange et instable...

- "Je vais voir si tout va bien, le pauvre petit semblait vraiment mal"

Morris partit pour rattraper Diechi. Il allait lui demander comment il savait pour le casino, et ce qu'il voulait faire de cette rencontre. Il voulait le faire chanter peut-être? Au quel cas, lui et Tommy s'occuperont de Diechi. 3 minutes exactement, Tommy se leva sans rien dire et partit, prenant également ses affaires. Juliet resta là, se disant que quelque chose de louche se passait. Elle joua une partie avec le croupier, pensive. Si ils mettaient trop long, elle allait intervenir.

Morris rentra dans les toilettes, il prenait bien toute la place et s'assurait que le jeune flambeur ne puisse pas fuir si nécessaire. Il regarda Diechi

- "Joli numéro, j'y ai presque cru" dit-il en souriant "Alors, dis-moi ce que tu veux? Comment tu sais que le Casino me soupçonne de tricher?"

3 petits coups sur la porte indiquèrent à Morris que Tommy était en position, prêt à rentrer si il l'appelait.

HRP:

Merde, mes yeux me brûlent. J’ouvre le robinet d’eau froide à grand jet et je m’asperge le visage. Puis j’inspecte mes yeux : ils sont rouges. Ais-je eu une infection? Ais-je… pleurer?
Allez Diechi, ressaisit toi. Je me calme et je plonge mon regard dans celui de mon double. Je ne sais pas pourquoi, peut-être un effet secondaire d’un complexe de supériorité ou un narcissisme naissant, mais me regarder dans un miroir m’aide toujours à me ressaisir. Mes yeux dorés, les yeux de ma mère, la fenêtre de mon âme, de mon intelligence… Les regarder me redonne confiance en moi.
Je souris. Je suis prêt à recevoir Morris. D’ailleurs le voilà qui arrive!

-Joli numéro, j'y ai presque cru. Alors, dis-moi ce que tu veux? Comment tu sais que le Casino me soupçonne de tricher?

Je soupire. L’espèce d’imbécile, il vient de se condamner. Je tousse dans ma main, puis je garde cette main au-dessus de ma bouche alors que je dis :

-Morris, vous êtes un imbécile. Ils a des caméras dans les salles de bains…

Il se fige et son visage perd de la couleur à une vitesse surprenante. Je profite de son silence :

-Allons aux urinoirs et faites semblant d’uriner. Allez, dépêchez-vous.

Il se décide de m’obéir, trop nerveux pour en faire autrement (il semble même m’avoir pardonné de l’avoir traité d’imbécile). Il se met à un urinoir à ma droite, attendant mes explications. Puis, entendant un son familier, il s’exclame :

-Oh là! Je pensais qu’on devait faire semblant de…

-VOUS faites semblant. MOI, j’ai bu 3 jus de canneberge en l’espace d’une heure. Maintenant écoutez-moi bien, le temps est précieux. Il y a des caméras dans la salle de bain, mais elles ne prennent pas le son. Elles sont de très haute définition, et en regardant les cassettes ce soir, la sécurité pourra facilement lire sur nos lèvres. Par contre, le casino n’a pas le droit de filmer nos parties génitales, alors nos bouches sont à l’abri dans cette position. D’ici une heure, peut-être deux, on viendra vous jeter dehors du casino. Si vous arrêtez de tricher, peut-être survivrez-vous la nuit, mais après avoir regardé les caméras, vous n’aurez plus le droit de vous présenter ici. D’une façon ou d’une autre, il ne vous reste qu’une nuit dans ce casino.

-Espèce de petit con, tu penses me menacer c’est ça? Tu n’as pas la moindre idée de qui je suis, pas vrai? Je pourrais te faire…

-Vous faites erreur Morris. Je suis là pour te faire optimiser ton temps et ton argent. Si tu m’obéis, tes deux prochaines heures auront été les plus rentables de toute ton existence. Un aveugle pourrait comprendre les signes que Tommy te donnent. Il s’étire lorsque ses cartes sont de même valeur. Il tapote de ses doigts sur la table des multiples. Deux tapes avec trois doigts? Un six. Il met sa main ouverte pour une valeur de dix et il se pince le nez pour un sept.

Je n’ai pas compris le message pour les As, mais ça, je n’ai pas besoin de lui mentionner.

-Tu te prends pour un petit génie, toi, non? Espèce de…

-Faux. Je suis un génie. Voici ce qu’il va se passer maintenant Morris. Vous allez quitter cette salle de bain et j’en ressortirais 2 minutes après. Nous allons retourner à la table, et les choses seront différentes.  Vous ferez les mêmes signes que Morris pour communiquer les cartes, sauf que JE serais celui qui compte. Le signe pour un As sera maintenant de brasser son verre de boisson, c’est beaucoup plus subtil. Je me frotte le front lorsqu’il faut miser fort, et le menton lorsqu’il faut rester bas. Ne copiez pas mes montants, jouer les votre.

-Pourquoi devrais-je t’inclure dans notre duo?

-Parce que, comme je l’ai dit, je suis un génie. Mes équations mathématiques sont 20 fois plus précises que celles dans ton crâne. Vous ferez 4 à 6 fois plus d’argent que vous n’en auriez fait normalement. De toute façon, vous n’avez pas vraiment le choix, d’une façon ou d’une autre, vous quitterez ce casino sous peu, et nous ne nous reverrons jamais.

Il semble y penser pendant quelques secondes. Puis, il soupire, se calme et hoche la tête.

-Ok… Diechi. Mais… Cette pisse commence à devenir un peu longue non?

-Vous avez tout à fait raison.

Nous nous levons tous les deux pour aller nous laver les mains, et sans un mot de plus, il quitte la salle de bain. Pour ma part, je me tiens la panse, faisant semblant d’avoir un mal de ventre, le regard douloureux pour la caméra. Puis je saute dans une cabine de toilette. Je sors les 800$ de mes bas et les rajoute aux 200$ de mon pantalon. Je les échangerais pour des jetons à la table. 1000$ total, et le climax de la soirée. Plus que jamais, je devrais rester concentrer.
Je sors de la salle de bain. Je vois un homme à ma gauche. Est-ce Ladro? Non, c’est un autre homme. Qu’est-ce qu’il…

Je n’ai pas le temps de regarder une seconde de plus, on m’attrape par le collet et je me fais projeter à travers une porte ouverte. Je m’écrase sur un plancher de céramique. Ugh, je saigne des coudes maintenant. Qu’est-ce qui se passe? Morris à changer d’idée?
Je regarde autour de moi. Je ne vois que trois géants, et c’est sans compter l’homme que j’ai aperçu tout à l’heure. Je ne connais aucun d’entre eux. Que me veulent-ils? Merde, mon argent n’est plus caché dans mes bas!
J’analyse la situation. Ils doivent chacun avoir une masse musculaire au minimum 5 fois plus élevé que la mienne. Chance de gagner un affrontement direct : 6%. En incluant le facteur peur et le fait que ce pourcentage idiot est uniquement là pour me faire garder espoir… Vrai probabilité, 0.1%.

-Et merde.

Le temps était long et ce n'était pas aussi amusant que ça que de jouer seul avec le croupier. Juliet s'ennuyait et bu au final cul sec son champagne. Personne ne venait et surtout elle perdait ses jetons. Elle avait atteins les -130$ suite à une série de malchance et ça l'embêtait grandement. Elle regardait de temps en temps derrière elle, espérant voir arriver des gens. Le temps passa et elle ne vit revenir que Morris et Tommy, l'air un peu inquiet ou stressé. Qu'était-il arrivé à Diechi? Ce n'était pas normal... Juliet prit ses jetons et se leva

- "Je reviens tout de suite, je dois aller me repoudrer le nez" dit-elle au croupier alors que les deux hommes s'assirent à la table.

Juliet accéléra autant que possible pour ne pas paraître trop suspecte. Il n'avait pas pu être tué tout de même, pas avec toute les cameras présente au casino... Certe, la journaliste souhaitait qu'il se fasse un peu taper sur les doigts pour l'avoir piégée, mais elle était enfin intéressée en lui. C'était pas le moment pour mourir.

Dans les toilettes, une des brute s'approcha de Diechi et le souleva, le tenant par le col. Il sourit et le maintins comme ça pendant qu'un autre commença à fouiller le jeune flambeur. Ils ne parlaient pas, pas besoin. Ils avaient juste prévu de s'attaquer à un VIP, et celui-là avait l'air suffisamment maigrichon pour n'opposer aucune résistance. Ils l'avaient attendu, laissant l'autre partir. Celui qui le fouilla trouva les sous mais soudain

- "Hey!" C'était un des gardiens qui avaient été contacté. Il sortit son taser et s'approcha "Déguerpissez de ce casino!"

Le groupe le lâcha, sans avoir le temps de prendre l'argent. Ils ne dirent rien et partirent calmement, poussant le gardien de l'épaule au passage. Le gardien les suivit pour s'assurer qu'ils quittent bien le bâtiment. Juliet avait vu 4 hommes massif sortir des toilettes et être escortés par l'homme. Mauvais signe... Elle se dépêcha et entra dans les toilettes pour homme. Ouf, il n'avait rien. Elle croisa les bras et lui sourit, s'approchant

- "Ce n'est vraiment pas votre jour de chance, Diechi" dit-elle en lui tendant la main "Des amis à vous?"

Ok Diechi. Tu as étudié des arts martiaux avec Ottavo. Tu devrais pouvoir te défendre facilement. Le premier à sa garde grande ouverte et il s’approche. Bon, je me souviens du mouvement. La main gauche en défense, et je vais chercher ma portée avec un bon pas. Je penche soudainement vers le bas et je fais mon second pas en remontant dans son ventre avec ma droite, me servant de mes hanches et de la poussée de mes jambes pour augmenter ma force d’impact.
BAM! Et voilà, un de moins... Plus que…
Je réalise soudainement que malgré ma technique, la brute à encaissé à la perfection. En fait, mon coup de poing ne la même pas fait flancher. Il me toise de haut, un sourire cruel au visage. Je peux sentir le sang quitter mon visage. Oh merde…

-On peut encore en discuter calmement…

Si je peux gagner assez de temps avant que la sécurité n’arrive… Wooooow!
Je viens de me faire soulever de terre par le type!
Je suis complètement impuissant: il me tient à bout de bras, et je ne peux pas le rejoindre des miens. J’essaie malgré tout, désespérément, essayant de lui crever les yeux du bout des ongles. Mais il me manque quelques centimètres et le géant se moque de moi, un grand sourire au visage. Ses complices ne perdent pas leur temps. Un gars se met à me tapoter et chercher… À ce rythme-là, il va trouver mon argent!
Cette fois, je me mets à gigoter avec fureur. Non, ils ne doivent pas prendre mes 1000$! Si je ne peux pas retourner à la table et faire gagner de l’argent à Morris, il ne sera pas content et… Et merde, ce 1000$ est le fil qui me retient en vie! Allez, gigote Diechi! Bouge si tu veux vivre!
Il touche ma liasse de billets. Je me prépare à pousser un cri de demande à l’aide. Il n’y a rien que je puisse faire…

Avec un timing qui tient presque du miracle, la sécurité arrive, taser à la main. Le grand me lâche et je retombe sur les fesses. J’ai le cœur qui pompe à toute vitesse. Les voleurs partent à la course. Rapidement, je touche mes poches de pantalon. Mon argent est encore là!
Je reste un moment sur le sol, les yeux grands ouverts, essayant de calmer mon cœur qui bat par la simple force de mentale. Puis, je me mets à rigoler. Ça a passer tellement proche! Tellement proche! J’ai failli tout perdre, mais non, me suis encore dans la partie! Je peux encore réussir…
Puis je vois Juliet, qui me regarde avec un sourire. Elle me tend la main pour m’aider à me relever.

-Ce n'est vraiment pas votre jour de chance, Diechi. Des amis à vous?

J’accepte son aide et lui prend la main :

-J’aime à croire que je choisis mieux mes amis…

Maintenant debout, je me sens extrêmes faible sur mes genoux. Je me mets à chanceler un peu, instable sur mes pieds. D’instinct, je mets ma main sur l’épaule de Juliet pour me soutenir. Je n’ai pas habitude de briser l’espace personnel des gens, alors je me ressaisis aussitôt, retirant ma main. Je le regarde dans ses yeux bleus.

-Pardon… Je…

Puis, un déclic dans ma tête se produit. Peut-être le changement de situation ou les variantes dans les doses d’oxygène atteignant mon cerveau, mais d’une façon ou d’une autre, des connections commencent à se former dans mon esprit.
Juliet, je l’ai enlevé de l’équation mais… Maintenant que j’y pense, il y a définitivement plus à cette fille qu’une simple joueuse à la table.
Replaçons les indices. Elle est à la même table que Morris, qui est définitivement un être dangereux. Elle accepte facilement les changements de règles à la partie. Ses actions durant la partie avaient l’air archaïques, et elle ne cherchait définitivement pas à faire de l’argent. Tous les indices corporels et mathématiques pointaient dans le sens qu’elle n’était pas là pour gagner de l’argent. Avait-elle un attrait pour Morris?
Elle allait chercher des boissons pour eux, elle se montrait incroyable patiente et sociale... Elle était définitivement là pour quelque chose. Une chasseuse d’homme? Elle séduit les hommes riches et puissants? Mais elle n’a pas beaucoup ouvert la discussion avec Morris pour cela, et elle n’était pas vêtue de façon à séduire un homme grossier comme Morris. Son attirail et le vocabulaire de ses phrases donnaient lui donnaient un aura d’intelligence et de femme difficile d’atteinte. Si elle n’est pas après Morris, elle chasserait donc… Ladro? Non, elle ne s’est pas fâchée contre moi après avoir vu que je l’avais insulté en une autre langue.
Je suis sa cible?
Non, impossible. Je n’ai pas l’air aussi riche e fort que Morris et Tommy… par contre j’ai en effet eu l’air assez idiot dans mon acting, et j’ai peut-être semblé une cible plus facile. Elle m’a aussi beaucoup parler durant la soirée, et maintenant, elle venait de quitter la table avec Morris et Ladro pour venir me voir.
Si je suis sa cible, elle a probablement l’intention de caresser mon égo ou de gagner mon cœur, puis de me suivre jusqu’à chez moi. Mais même si elle me suit, on l’arrêtera à l’entrée du quartier Ouest, elle ne pourra pas entrer là.

Non, je pense trop loin. Retour au présent Diechi!
Pourquoi est-elle venue me voir ici? Est-elle simplement une bonne personne qui aime discuter avec les gens? Non, je refuse d’y croire. Si on veut trouver des humains de ce genre, on ne va pas dans une section VIP de casino. Ses actions semblent avoir un but. Je le sais, car ses yeux et ses actions ressemblent aux miennes. Mais je ne peux pas identifier son objectif!
Mais la grande question reste plutôt : son but s’oppose-t-il au succès du miens?

Puis je réalise quelque chose d’autre et soupire :

-Les probabilités sont hautes qu’ils m’attendront à la sortie du casino. En effet, la chance n’est pas de mon côté.

Je repose mon regard vers Juliet et ses paroles me reviennent en tête, suivit du dialogue dépressif que j’ai sortie sans le vouloir de ma bouche. M’avait-elle drogué pour que je parle, même si le cocktail n’avait pas d’alcool? Je glousse :

-Hey, tant mieux pour vous, je ne suis pas mort. Je suis un mystère que vous avez encore la chance de résoudre…

Je la regarde un moment en gardant mon sourire…
Puis je me jette sur l’évier et vomi tous mes jus de canneberge un à la fois, dans une horrible cascade rouge.

Ce Diechi n'avait probablement pas du souvent se battre au vue de son syndrome des jambes molles. Après tout, peut-être qu'en tant que flambeur un peu friqué, il a toujours peu s'éviter les ennuis, ou alors il comptait sur sa tchatche pour s'en sortir de chaque situation. Cette fois, ce ne semblait pas se passer comme il l'avait prévu. Juliet le retint, pas dérangée du tout. En y repensant, elle non plut ne s'était pas souvent battue, ou alors jamais en position défavorable. En tant que femme, c'était toujours plus simple d'avoir un chevalier blanc pour la défendre. Et elle pouvait également tricher sans que cela soit mal vue, après tout elle n'était "qu'une femme". Maintenant qu'elle avait constamment son pistolet à portée de main, elle n'avait pas peur du tout des petits malfrat. Une petite pensée puis deux tir et c'était réglé. Pas de traces, pas de moyen de remonter jusqu'à elle. Mais ce ne changeait pas qu'elle n'aimait pas se battre.

Juliet le regarda alors qu'il s'interrompit de parler. Que voulait-il dire? Il devait s'être rendu compte de quelque chose mais quoi. La journaliste n'aima pas du tout ce long moment de silence qui ne lui indiquait pas du tout à quoi pensait le jeune Diechi. Elle aurait mieux fait de souhaiter un carnet liseur de pensée plutôt que son détecteur de scoop inutile! Mais elle resta calme et lui sourit, attendant que ça passe. Il mit d'ailleurs un certain temps pour comprendre qu'il allait se faire agresser à la sortie du casino. Est-ce qu'ils le réduiraient en miette ou le dépouillerait simplement? Vu qu'il jouait gros, il prenait probablement le risque de repartir avec gros et donc se faire totalement vider de son argent. Pauvre flambeur, il aurait du aller dans un casino du quartier Nord, où la sécurité vous accompagnait jusqu'à la voiture tout en vous remerciant en mille langues d'être venu. Mais il toucha au but en pointant du doigt qu'il restait encore un mystère pour Juliet. Même mal, il ne pouvait s'empêcher. La journaliste eut un petit sourire amusée quand il partit vomir, quelle bonne soirée.

- "Effectivement, je pense qu'ils attendront quelques pas pour vous détrousser de tout l'argent que vous aurez gagné. Avec un peu de chance, vous ne leur résisterez pas et ils partiront avec leur pactole. J'espère que vous n'aviez pas prévu de repartir avec beaucoup ce soir" dit-elle en le regardant "Mais vous n'êtes pas mort et je peux m'occuper de vous faire sortir en sécurité, à quelques conditions"

Juliet le laissa finir, le temps qu'il soit bien en état. Elle avait plusieurs moyens de le faire sortir, par les entrées de services. Son passe devrait lui permettre de désactiver les accès employé et de se faire passer pour quelqu'un d'important. Le problème c'était les cameras, elle ne voulait pas qu'on puisse l'enregistrer de la sorte. L'autre, c'était simplement de l'accompagner en dehors. Il y avait peu de chance qu'ils attaquent un couple et dans le pire des cas, un petit pistolet les calmerait bien. Au pire, ils pouvaient toujours tenter de se déguiser, mais c'était probablement le moins facile. Diechi pourrait également demander à son ami Morris de le sortir du pétrin, bien que ce ne soit pas gratuit.

- "Vous êtes très intriguant, et tout ce que je demanderais en échange de votre protection, c'est d'en savoir plus sur vous. Vous oscillez entre vérité et mensonges, et je veux démêler le vrai du faux. C'est un prix bien moindre pour votre sécurité n'est-ce pas?"

Juliet lui sourit, ils allaient pouvoir retourner à la table à moins que le Flambeur ne se sente plus d'attaque.

Je me rince la bouche avec de l’eau froide. Je ne me sens vraiment plus très bien. J’ai eu ma dose d’émotions fortes… Mais je n’ai pas le choix, je dois retourner à la table de jeu et retrouver Morris.

-Effectivement, je pense qu'ils attendront quelques par pour vous détrousser de tout l'argent que vous aurez gagné. Avec un peu de chance, vous ne leur résisterez pas et ils partiront avec leur pactole. J'espère que vous n'aviez pas prévu de repartir avec beaucoup ce soir. Mais vous n'êtes pas mort et je peux m'occuper de vous faire sortir en sécurité, à quelques conditions.

Oh voilà. Tout est clair à présent. Je viens de comprendre tout. Oh Juliet tu es bien brillante, mais tellement prévisible.
Juliet est le cerveau de l’opération. Les 4 hommes musclés sont ses complices, et elle les a appelés pour m’attaquer, à l’instant où j’ai quitté pour la salle de bain. Elle a choisi le Casino Kaiji parce que les salles de bains se trouvent dans une bonne position, légèrement en dehors de la zone VIP. Elle se paye sa passe, recherche des cibles intéressantes, puis lance ses chiens de chasse au bon moment, après nous avoir apporté à boire, encore et encore... « Avec un peu de chance, vous ne leur résisterez pas et ils partiront avec leur pactole… ». Et tu en recevras ta part, pas vrai? Sa dernière phrase renforce mon hypothèse : me faire sortir en sécurité? Comment pourrait-elle faire ça, à moins d’être la chef de cette bande de mécréants? Et elle ne le ferait qu’a quelques conditions? Non, elle n’est définitivement pas une bonne personne, et si elle se tient devant moi tout juste après que je me sois fait attaquer, ce n’est pas une coïncidence.

-Vous êtes très intriguant, et tout ce que je demanderais en échange de votre protection, c'est d'en savoir plus sur vous. Vous oscillez entre vérité et mensonges, et je veux démêler le vrai du faux. C'est un prix bien moindre pour votre sécurité n'est-ce pas?

Oh, va te faire foutre. Me faire payer ma sécurité? Je vois très bien à travers ton petit jeu Juliet.
Deux options d’offrent maintenant à moi : Je recherche de l’aide de Morris, ou du casino… Mais pour l’instant, en autant que je ne sors pas dehors, je suis en position de force…
Mais si je me fais jeter dehors, comme cela se produira probablement dans un peu plus d’une heure, alors je serais en grande position de faiblesse, et je ne pourrais pas demander l’aide du casino. Urgh, il doit y avoir une solution à ce problème… intimider Juliet? Je n’ai pas l’air très intimidant présentement, mais peut-être que…

-Je refuse cette entente. Vous allez demander à vos sbires de ma laisser tranquille si je parle de moi? Je n’ai pas confiance en votre parole… Et de plus, qu’est-ce que c’est que ce marché flou et imprécis? Combien d’informations devrais-je vous donner avant que vous ne soyez satisfaite? Je sais très bien ce que vous voulez savoir : mes informations personnelles, mon NIP, mes mots de passes peut-être? Et bien j’ai des petites nouvelles pour vous…

Je sors mon cellulaire de ma poche. À la vitesse de l’éclair, je compose le numéro de mon frère Ottavo. Je garde mon bouton en suspend sur le bouton pour appeler et je le brandis de façon menaçante devant Juliet :

-Si vous voulez jouer les menaces, moi aussi je peux jouer à ce jeu.

Je reprends confiance, souriant même à la petite criminelle. Je glousse :

-Alors je suis prêt à commencer les négociations, Juliet... Moi aussi, j’aimerais bien en savoir plus sur vous.

Je dois en finir rapidement avec elle. Morris m'attends à la table, probablement très impatient de mon retour...

Diechi faisait une drôle de tête quand Juliet se voulait plus ou moins réconfortante et négociatrice. Ce n'était pas prévu. Qu'avait-il? Un morceau coincé dans la gorge? Soudain, elle eut sa réponse. Le jeune homme commença à déblatérer une théorie plutôt cocasse mais au combien erronée. Elle ne paraissait pas si menaçante que ça tout de même? Tout en l'écoutant légérement, la journaliste se rémémora les derniers événements. Il était vrai que, vu d'une personne qui venait de se faire aggresser, son arrivée fort opportune pour proposer une sécurité était suspecte. Le plan plutôt simple que proposa Diechi avait le mérite d'être assez retord pour coller à Juliet. Même si, elle aurait été plus subtile que cela tout de même. Et puis, elle n'allait pas attaquer quelqu'un qui ne le méritait pas... Après, c'était vrai qu'il lui avait plus ou moins manqué de respect tout à l'heure...

Soudain, Diechi fit un geste rapide et Juliet crut qu'elle allait devoir se défendre. Mais heureusement ce n'était qu'un téléphone portable. Qui comptait-il appeler? La police? Pour quelles raisons? La journaliste rit un peu, amusée. Il était loin de la plaque, mais elle n'allait pas non plus jouer à ça. Elle n'était pas si sûre d'elle au point de prendre le risque de le laisser appeler la personne dont il avait écrit le numéro.

- "On se calme Diechi, je ne compte vous faire rien de tout cela. Je n'ai aucun intérêt en vos informations financières. Croyez-vous que je viendrais dépenser de l'argent et perdre des centaines de dollars dans un casino VIP si je n'avais pas déjà une belle réserve derrière moi? Ma présence ici était une pure coïncidence" dit-elle en avançant lentement, les mains levée "Vous m'avez presque tout le temps vu, je n'ai jamais utilisé mon téléphone portable pour contacter qui que ce soit. Si vous pensez que je l'ai fait pendant que vous étiez au toilette, vous vous trompez et vous pourrez demander au croupier si j'ai appelé quiconque. Si vous le désirez, nous pouvons également demander au Barman qui vous témoignera que je n'ai joint personne"

Diechi devait en avoir gros sur la conscience pour imaginer que quelqu'un le viserait lui en particulier... Ou alors il était quelqu'un de plus important qu'il ne voulait le faire croire? La personne qu'il menaçait d'appeler serait un gardien, un protecteur? Il y avait tant de possibilités et toutes réjouissaient la journaliste. Témoin sous protection, agent en opération ou encore VIP. Elle avait touché le jackpot. Mais peut-être que son explication n'allait pas convaincre le jeune flambeur. En effet, si il était aussi atteint que certains de ses discours pouvaient laisser croire, il serait encore capable de croire que Juliet avait payé le barman et le croupier.

- "Ecoutez, posez ce téléphone. Je ne sais pas qui vous comptez appeler, mais je vous assure que ce n'est pas nécessaire. Quand je demandais des informations sur vous, je voulais dire apprendre à vous connaître. Vous êtes bien plus intéressant que les deux autres et, une fois cette affaire réglée et vous en sécurité, je vous expliquerais avec plaisir les raisons de ma présence ici. Si cela peut vous rassurer, et si vous me croyez, je ne vous connaissais pas avant que vous ne fassiez votre numéro tout à l'heure. J'ai l'impression qu'il y avait du vrai dans ce que vous m'avez dit et ça m'a beaucoup intrigué"

Juliet en avait assez dit pour le moment. Il ne fallait pas dévoiler toutes ses cartes pour le moment...

Je garde mon doigt sur le bouton et je l’écoute alors qu’elle montre ses mains dans un signe pacifique. Une simple coïncidence? Elle cible bien les points. En effet, si Juliet n’a jamais envoyé de message à ses sbires de toute la soirée, alors cela voudrait dire que les brutes ont décidés de s’attaquer à moi d’eux-mêmes en me voyant passer. Ce qui voudrait dire que ces brutes ne lui obéissent pas, et donc, qu’ils ne sont pas liés.
Mais le maillon faible reste le barman et le croupier. Je pourrais en effet leur demander s’ils ont vu quoi que ce soit mais… Non, en étudiant l’élocution et le vocabulaire employé par Juliet, on voit bien qu’elle est soit sincère, soit très confiante. Le croupier et le barman ne m’aideraient pas à résoudre ce mystère.
Qu’est-ce qu’elle veut alors? Comment peut-elle me mettre en sécurité? Ses arguments son convainquant mais…

-Écoutez, posez ce téléphone. Je ne sais pas qui vous comptez appeler, mais je vous assure que ce n'est pas nécessaire. Quand je demandais des informations sur vous, je voulais dire apprendre à vous connaître. Vous êtes bien plus intéressant que les deux autres et, une fois cette affaire réglée et vous en sécurité, je vous expliquerais avec plaisir les raisons de ma présence ici. Si cela peut vous rassurer, et si vous me croyez, je ne vous connaissais pas avant que vous ne fassiez votre numéro tout à l'heure. J'ai l'impression qu'il y avait du vrai dans ce que vous m'avez dit et ça m'a beaucoup intrigué.

J’annule la combinaison entrée sur mon cellulaire et le range. Je ne comprends pas, mais ça sonne sincère… Si son but n’est ni l’argent, ni un simple élan de bonté, que gagnerait-elle d’en savoir plus moi? La façon dont elle analyse chaque point que je pourrais soulever pour la contredire est incroyable, si vraiment elle a réussi à y réfléchir sur le moment…
J’ignore ce qu’elle veut de moi… j’ignore même comment elle pourrait bien m’aider. C’est tellement frustrant!
J’ouvre la bouche pour lui répondre, lorsqu’on entend deux voix de l’autre côté de la porte de la salle de bain :

-J’ai gagné beaucoup ce soir, non?

-En effet Matt, en effet.

La porte s’ouvre et moi et Juliet nous retournons pour voir arriver… Oh tiens, c’est le vieil aveugle et son aide visuel que j’ai aperçu au début de la soirée à la machine à Pachinko. Son aide tiens dans la main trois gros paquets de plastique remplie à ras-bord de billes argentés. Au Pachinko, ces balles sont l’équivalent des jetons aux tables. Toutes ces balles doivent en valoir pour des centaines de dollars…
L’aveugle tiens son guide par le coude, et vient de réaliser que ce dernier vient de s’arrêter.

-Que ce passe-t-il John?

-Il y a un jeune homme et une femme dans la toilette des hommes.

-Oh, je vois! Ce que c’est beau l’amour.

Je pousse un soupir. Quelle situation ridicule…
Je sors de la salle de bain sans commentaires, évitant le duo d’hommes. Juliet me suit de près et je me retourne vers elle, une fois dehors :

-Ok. Voici ce qui va se passer petite curieuse. Dans une heure ou deux, je vais quitter la table de Casino avec Morris. Si tu veux me protéger de ces voyous, tu devras faire fonctionner ta « magie » rapidement. Je ne sais pas ce que tu comptes faire, mais si tu réussis, je te dis tout ce que tu veux savoir sur moi. Je l’emphase, "tout ce que tu veux". En preuve de ma bonne volonté, je te donne un secret : un Arcata Sunset ne comporte pas d’alcool.

Je glousse, me préparant à retourner à la table :

-Allez, on nous attend, petite curieuse.

Et bien que je l’appelle comme ça, c’est moi qui en sait le moins sur elle, et qui suit vraiment le plus curieux de cet étrange duo.
Aussi, elle est plus vieille que moi, alors "petite" est une bien étrange expression quand j'y pense...

Tout allait pour le mieux. Diechi se calmait lentement, rangeant son téléphone. Lui faisait-il confiance? Probablement pas, mais peut-être n'avait-il pas le choix? Il se pouvait très bien qu'il ait bluffé avec le coup de téléphone, comme une sorte d'ultime défense. Il allait d'ailleurs s'expliquer quand deux personnes rentrèrent. Il leur manquait bien cela, un quiproquo. Juliet fut malgré tout amusée, pas comme Diechi. Elle le suivit, saluant au passage les deux personnes.

Une fois dehors, elle l'écouta attentivement. Il lui donnait déjà des petits surnoms, c'était mignon comme cet événement les avaient tant rapproché. Mais elle n'allait avoir qu'une ou deux heures pour échafauder un plan pour partir en sécurité avec Diechi. Partir par la petite porte était la solution la plus sûre pour Diechi. Il n'avait aucun risque. Par contre, c'était très risqué pour Juliet qui n'était pas prête à se faire attraper. Elle n'avait pas prévu d'histoire crédible et ses habits ne pouvaient pas la faire passer pour une employée. Elle allait donc faire le second choix et sortir par l'entrée principale. Il suffirait qu'ils appellent en avance un taxi puis, en sortant, courent droit à la voiture. Les brutes ne devraient pas avoir le courage d'attaquer en pleine lumière. A moins qu'elles n'aient plus que leur bras pour braquer les flambeurs. Elle ignorait leur niveau de préparations, probablement pas si grand que ça au vue de leur action médiocre. Mais dans le pire des cas, elle pouvait sortir son pistolet de sa petite sacoche. Certes, elle était un peu petite pour un colt 1911, mais dans le feu de l'action personne n'allait vérifier les tailles. Et puis, dans le pire des pires des cas, Juliet avait toujours la possibilité de déclencher un Kekkai et de disparaître purement et simplement.

- "ça me va. J'ai un petit plan, très simple. Mais pas simpliste normalement. On appelera un taxi 10 minute avant que l'on parte et on précisera qu'il devra être prêt à partir immédiatement. On sort, on court et avec de la chance personne ne vient nous intercepter pendant ce temps. Dans le pire des cas, je possède de quoi les repousser si ils deviennent trop méchant. Si cela te convient, alors oui allons-y"

Diechi lui avait mentionné cette histoire de cocktail pour quelles raisons? Montrer qu'il avait mentit et qu'il avouait cela comme gage de sécurité? C'était plutôt crédible, et ça convenait très bien à Juliet. Elle le regarda

- "Si je suis une petite curieuse, je dois t’appeler Canard en Sucre désormais?" dit-elle avant de rire de bon cœur.

A la table, l'ambiance était moins à la bonne rigolade. D'ailleurs, le comportement entre Diechi et Juliet paraissait suspect à Morris qui se demandait si les deux n'étaient pas dans le coup pour le couler. Il sentait un peu la paranoïa monter. Si Diechi avait su lire clair dans ses cartes, dans leur jeu, pourquoi pas le reste du monde? Il y avait quelque chose d'encore plus important que l'argent à ses yeux : l'Honneur. Et il ne voulait surtout pas être le dindon de la farce. Il regarda les deux, presque méchamment

- "Nous revoilà, désolé d'avoir fait long. Je pense que l'on peut commencer une partie et amusons-nous bien!"

Juliet avait eut une très bonne soirée, c'était parfait!

-Ça me va. J'ai un petit plan, très simple. Mais pas simpliste normalement. On appellera un taxi 10 minutes avant que l'on parte et on précisera qu'il devra être prêt à partir immédiatement. On sort, on court et avec de la chance personne ne vient nous intercepter pendant ce temps. Dans le pire des cas, je possède de quoi les repousser s’ils deviennent trop méchant. Si cela te convient, alors oui allons-y.

Oui appeler un taxi. Cette possibilité m’était sortie de la tête, parce que je ne pouvais pas appeler un taxi en même temps que de me faire sortir dehors de force… Mais si Juliet le fait, c’est en effet le plan le plus simple et sécuritaire imaginable. En fait, je suis presque dessus. J’aurais aimé un plan plus intelligent et créatif… Mais comme toujours, le Rasoir d’Ockham sait se montrer le grand gagnant des complications de la vie réelle.
Je passe dans la zone VIP. Le garde est seul dorénavant. Il me demande brièvement si je vais bien et je lui fais signe de ne pas s’inquiéter. Derrière moi et Juliet, je peux entendre l’autre garde qui revient, essoufflé. On passe le portail et Juliet me dit, un sourire charmant au visage :

-Si je suis une petite curieuse, je dois t’appeler Canard en Sucre désormais?

Puis elle se met à rigoler, de bonne humeur. Eh, je viens de me faire tabasser dans une salle de bain et ma vie est présentement en jeu, mais étrangement, ce rire sincère me redonne le sourire. J’essaie de raisonner que Juliet se sert de moi, et que je ne peux pas lui faire confiance, et pourtant, je crois bien que je la respecte. Du moins, son sens de l’humour moqueur est assez appréciable. Et dire que c’était moi qui voulait jouer le personnage charismatique, elle y réussit mieux que moi…
Parlant de personnage charismatique, je dois reprendre mon rôle en arrivant à la table. Pas pour Morris, Juliet ou même Ladro, mais bien pour le croupier. Juliet rouvre la discussion avec jovialité, mais nous voyons tous les deux que Morris n’a pas la gueule la plus joyeuse de sa vie en ce moment.
Je le salut en silence. Ladro n’a plus l’air fâché. Il me regarde avec intérêt, comme s’il tentait de percer mes secrets. Aussitôt à la table, les mises sont jouées, ainsi que les cartes.
Je regarde Morris. Il baye et s’étire en se tenant le coude. Ladro tapote trois fois de deux doigts sur la table, puis d’une fois avec trois doigts. Excellent.
Malgré la haine de Morris, il veut se faire de l’argent. Je suis mieux de bien faire mon travail. S’il ne voit pas des résultats très rapidement, il cessera probablement ses signaux.
Je lance un dernier sourire à Juliet avant de faire le vide dans mon esprit.








Du coin de l’œil, je les vois. Trois hommes et une femme habillés en noir viennent de traverser le portail. Il regarde en direction de notre table. Le croupier arrête le jeu et retire son casque-écouteurs.
Il lance la phrase en me regardant dans les yeux.
La bombe tombe sur la table, terminant la partie.
Elle explose.

-Je crains que vous ne soyez plus la bienvenue ici.

Juliet participa que peu à la partie, préférant admirer et surtout tenter de comprendre. Maintenant qu'elle avait le savoir en main, peut-être arriverait-elle à déméler le tissus de complexe du jeu entre les trois hommes. D'ailleurs, après 10 minute, elle se retira de la partie après une jolie main qui la fit retourner en dessous des 100$ de pertes. De toute façon, elle n'avait plus aucun intérêt dans cette partie. Tout le monde était tellement concentré, personne ne parlait et elle commençait à s'ennuyer. Elle partit, prit une boisson de nouveau et revint, admirant la partie. Les coups qu'ils faisaient étaient magnifiques et Juliet applaudissait. La danse de Diechi était d'ailleurs très... spéciale. Peut-être devait-il se contenter d'en rester au comptage des cartes.

Quelques minutes avant la fin, Juliet vit que le croupier semblait soulagé. Les renforts devaient être arrivés. C'était le moment pour mettre en place la sortie risquée! La journaliste se leva et composa le numéro. Elle précisa qu'elle doublait le prix de la course si la personne était prête à partir dès qu'ils sortiront. De toute façon, vu la montagne d'argent que Diechi avait récupéré, il devait pouvoir payer n'importe quel prix pour le taxi. Bien entendu, elle le lui communiquerai que après, une fois la course consommée. Juliet éprouvait toujours un petit plaisir à forcer les autres personnes à payer, de manière amicale. C'était le minimum pour payer des affronts qu'elle avait subi. Alors que Diechi se faisait expulser de la table, Juliet s'approcha.

- "On va échanger nos jetons et on part? Oh et il vaut mieux se dépêcher"

Juliet regarda les deux autres hommes qui étaient tellement moins intéressant. Katherine attendra, la journaliste avait trouvé une petite pépite. Ce qu'elle pensait de Diechi avait changé depuis qu'il avait montré ses compétences au comptage de carte. C'était un petit cachottier qui avait bien mené son jeu jusqu'au bout. Elle se demandait bien combien cela faisait. Ils purent partir sous le regard inquisiteur des 4 agents du casino. Juliet échangea rapidement ses jetons puis regarda vers l'extérieur. Toujours pas de taxi, c'était embêtant. Il était dur de voir si des brutes les attendaient avec toute cette obscurité. Les vigiles à l'extérieur s'occupaient jusqu'à l'escalier, plus loin c'était plus leur problème.

- "Je t'attends dehors Diechi, histoire de voir un peu. Je te fais un signe et tu cours comme un dératé jusqu'au taxi"

Juliet sortit, regrettant de ne pas avoir des habits plus chaud. Personne devant l'entrée. C'était peut-être leur chance. Il allait falloir que Diechi se dépêche. Un peu plus loin, alors que ses yeux s'adaptaient à la nuit, la journaliste pouvait voir un groupe fumant tranquillement des cigarettes plus loin. Était-ce eux? Si le flambeur courrait, ils ne devraient pas pouvoir l'atteindre. La journaliste fit alors des signes à Diechi, le taxi venait d'arriver et il fallait se magner!

HRP:

-Je crains que vous ne soyez plus la bienvenue ici.

Je sais que mon temps est terminé. Je regarde mes gains. 10 120$. Ce n’est pas mal, 4120$ de plus que ce que le minimum que je visais. Ce n’est rien comparé à la montagne de Morris, mais c’est amplement satisfaisant. J’ai dû prendre des détours pour parfois réduire les suspicions à mon sujet… Mais si je peux repartir d’ici sans éraflure, je serais largement satisfait de quitter le casino Kaiji et de ne jamais revenir.
Mais bon, juste au cas où, poussons la chance :

-Excusez-moi? Puis-je savoir pourquoi?

-Le casino vous soupçonne de triche, vous, et vos deux amis.

-Tricher? (J’éclate de rire en montrant tous les jetons sur la table) Ma foi, moi-même je commence à le croire! Mais regardez vos caméras, et vous verrez bien que j’ai respecté toutes les règles. Je ne me suis servis d’aucune calculatrice ou… (Les gardes se rassemblent autour de la table) Oh, bonsoir messieurs.

-Vous êtes assez futé, alors vous allez comprendre, et savez probablement déjà, ce que je vais vous dire. Cet établissement est l’hôte de jeux divers et seuls certains individus ont le droit de jouer un rôle particulier : ici, le rôle de dealer. Mais ces individus restent techniquement des joueurs, et s’ils ne veulent plus jouer avec vous, cette décision doit être respectée.

-Pouvons-nous avoir un autre croupier plus sympathique?

-Non. Je crains que personne ne vous apprécie ici monsieur.

J’éclate de rire. Bon, ça valait le coup d’essayer. Morris a un grand sourire au visage alors qu’il ramasse à grande pelleté ses jetons, aidé par Ladro. Les quatre gardes restent là, sans rien dire. Ils sont uniquement là pour protéger le croupier d’un joueur récalcitrant, ou pour nous éloigner de force si d’autres personne veulent jouer avec le croupier et que le joueur doit être éloigné de force. Comme les quatre joueurs s’apprêtent à quitter la table, les gardes restent tranquilles. La seule chose qui nous soit d’accès maintenant, ce sont les machines à sous et le Pachinko, mais je n’ai pas le moindre intérêt pour ces fabrications perfides.
Juliet s’approche :

-On va échanger nos jetons et on part? Oh, et il vaut mieux se dépêcher.

J’approuve en silence. Nous redescendons au premier étage. Morris et Ladro prennent l’ascenseur et Julie et moi descendons l’escalier. Elle arrive en premier au comptoir et elle échange ses jetons. Étrange comme je me sens mal que tout le monde est gagné plein d’argent sauf elle ce soir… mais bon, trop tard pour ce genre de réflexion maintenant. Elle jette un regard dehors, et j’en fais de même : aucun taxi.

-Je t'attends dehors Diechi, histoire de voir un peu. Je te fais un signe et tu cours comme un dératé jusqu'au taxi.

Courir comme un dératé? Oui, bon, je peux faire ça. J’imagine que mon moment de gloire est maintenant passé : il ne reste qu’à prendre la poudre d’escampette. Je vais pour échanger mes 10 120$, lorsque je me fais couper par Morris et Ladro. C’est la première fois que je réalise à quel point Ladro est grand. Il me regarde avec un petit sourire. Il semble que j’ai remonté dans son estime. Morris jette sa fortune sur le comptoir, et pendant que la dame s’occuper de compter, il se tourne vers moi et me tend sa main :

-Je dois avouer Diechi, t’es un sacré numéro… J’imagine que tu dois avoir deviné ce qu’on fait dans la vie…

Je lui serre la main avec un sourire :

-Oui, vous êtes d’innocentes et gentilles personnes qui adorent faire des choses légales.

-En effet. Je te trouve plein de potentiel, et je crois que cela est gâché en jouant au solitaire. J’ai réalisé au cours de la partie que nous aurions fait 100 fois plus si nous avions été alliés depuis le départ…

-Non, juste 2.8 fois mieux. Mais je saisi où vous voulez en venir…

Morris empoche son argent et c’est au tour de Ladro de déposer ses jetons. Morris me sort une carte de sa poche et me la donne. La carte est noire et le verso est recouvert d’un œil de lynx. En petites lettres blanches, il y a un numéro et le nom de Morris Clinton. Intrigant, j’avais pensé aux Hell’s Angels, pas à une petite mafia locale…

-Alors si tu comprends, on se dit au revoir. Laisse-moi un coup de fil si jamais tu as besoin de beaucoup d’argent rapidement…

Morris quitte le bâtiment. Tommy, dont je n’ai jamais pu vérifier la vraie identité, le suit, me lançant une grimace au passage :

-Fortunato ragazzino… (Petit gamin chanceux…)

Je lui fais un clin d’œil en retour avant d’encaisser mon argent. Je vois les mouvements de Juliet qui me font signe qu’un taxi est arrivé. Je passe les billets dans les poches internes de ma veste, puis je sors la rejoindre dehors. Nous nous regardons…
Un court hochement de la tête.
Et je me mets à courir à toute vitesse.

On saute dans le taxi. Juliet arrive avant moi : je n’ai nullement l’énergie nécessaire à cette course farfelue. Et pourtant, en prenant place dans le taxi, le cœur pompant à toute vitesse, de l’argent plein les poches et le bout du nez gelé, je me sens très bien.
Je réalise soudainement que je me trouve avec le même chauffeur de taxi qu’à mon arrivé. Et merde, moi qui allais lui demander d’ouvrir le chauffage pour mon cartilage nasal…
J’essaie de calmer les battements de mon cœur avant de me tourner vers Juliet, à ma droite :

-Oh et, petite curieuse, si tu veux te faire de l’argent : le Holder à 6 paquets dont le casino se servait avant de changer le mode de jeu était opaque et informatique. Bref, c’était un CSM, et ces machines sont tombés illégales récemment. Le Kaiji n’a pas dû recevoir le mémo, alors quiconque entamerait une poursuite se ferait beaucoup d’argent facile.

Le chauffeur se met à tousser. Ah oui, c’est vrai, on n’a toujours pas avancé. Où est-ce qu’on va au juste?
Wow, c’est incroyable quand même. Je possède toutes ses informations dans mon cerveau, mais c’est la première fois que je prends un taxi avec une autre personne. Comment ça fonctionne dans cette situation? Je n’en ai pas la moindre idée! Je me rends chez moi ou chez elle en premier? À moins qu’on doit aller à quelque part de différent pour que je respecte ma part de l’entente?

Je jette un coup d’œil par la vitre arrière. Un groupe d’individus se rapprochent de la bagnole, l’air menaçant dans la pénombre.
Il va falloir partir vite, parce que je refuse de me remettre à courir.

-Quartier Ouest, station de passage 1D…

Je me tourne vers Juliet, la questionnant du regard :

-À moins d’indications contraires...

Je veux dire : franchement, comment ça fonctionne cette situation?

HRP:

Diechi mit un peu trop de temps à son goût pour sortir. Elle avait vu qu'il venait de discuter avec les deux mafieux, pour quels raisons? Peut-être que Morris voulait le remercier de lui avoir 'porté chance'. Mais heureusement il arriva rapidement et ils purent sprinter. Juliet avait vu quelques mouvements dans les ombres, mais ce pouvait tout aussi bien être des personnes intriguées de voir un couple courir de la sorte. A l'intérieur, Diechi ne fit pas gagner du temps en préférant lui donner une information plutôt que la direction pour le taxi driver. Mais ce qu'il lui apprit était très intéressant et elle aurait bien voulu le noter dans son carnet. Malheureusement, sa petite sacoche ne pouvait pas contenir un objet de la sorte et ce serait donc trop suspect... Mais elle allait tenter de s'en souvenir aussi correctement que possible. L'argent n'intéressait pas spécialement Juliet, mais peut-être qu'elle pourrait utiliser cela pour faire plier des gens ou faire du chantage, ou alors comme information pour jouer une personnalité crédible.

- "C'est gentil de partager ça avec moi, une manière de repayer ta dette? J'apprécie"

Diechi communiqua finalement les informations nécessaire pour la conduite.

- "Oui oui, allons-y. Ca nous laissera le temps de discuter de quelques sujets. J'ai plein de questions pour toi"

Le taxi commença donc à avancer mais après seulement une minute s'arreta brusquement. Il venait à peine de quitter le parking et il s'engageait dans la rue sombre. Il n'y avait presque personnes et les phares éclairait une personne debout au milieu de la route, les bras tendus. Le taximan klaxonna, l'air un peu agacé. Il n'aimait pas quand les gens le dérangeaient de la sorte. C'était probablement un ivrogne qui jouait au malin! Il ne fit pas attention au groupe de personne qui s'était mis à courir pour les rejoindre. Ce n'est que trop tard, quand ils avaient déjà entourés la voiture, que le taxi driver comprit que quelque chose n'allait pas. Instinctivement, il ferma les portes. Son reflex fut correct vu qu'une des brutes tenta d'ouvrir la porte du côté de Diechi. C'était ses amis de tout à l'heure.

Juliet restait calme. Pour le moment, elle ne risquait rien. Mais comment s'en sortait Diechi? Le groupe était un total de 3, plus celui qui bloquait devant. Ils en voulaient à l'argent du flambeur, probablement. Peut-être y avait-il également autre chose?

Un d'entre eux tapota la vitre du conducteur qui ne bougea pas. Après insistance, et des coups plus violents, le conducteur tourna la tête. Il n'avait pas peur des petites frappes, il en avait déjà vu d'autres! Il suffisait de les laisser tranquille et ils s'ennuyaient après. Du moins, c'est ce qu'il espérait. L'homme à la fenêtre prit un pistolet et le pointa. Les choses étaient devenu sérieuse...

Un des membres du groupes faisait le guet, s'assurant que personne ne s'approchait. Celui proche de Diechi attendait, la main sur la poignée, de pouvoir s'engouffrer et prendre l'argent ou le flambeur ou les deux. Celui qui bloquait la route s'était approché un peu, pour enlever toute marge de manœuvre au taxi. Il y avait un silence pesant dans le véhicule et seul le compteur bougeait. Juliet se demandait si elle allait d'ailleurs voir ses premiers morts. Ce serait intéressant, bien qu'elle ne souhaitait pas que ceci dégénère. Elle était malgré toute prête à invoquer son arme.

- "Ouvre cette porte et t'aura rien!" cria l'homme au pistolet.

Le conducteur de Taxi hésitait visiblement de plus en plus. Etait-il prêt à risquer sa vie pour un client, pas sympathique en plus? Il regarda derrière lui, puis devant. Peut-être que si il forçait le passage... Prenant son courage à deux mains, et appuya sur les gaz. Il n'avait jamais perdu un client et ce n'était pas aujourd'hui que cela commencerait. De toute façon, l'homme était juste un aboyeur, il ne tirerait jamais!

Il s'était trompé et l'homme, dans la panique, avait tiré...

Je déteste cette situation. On est dans une ruelle sombre avec des gens qui ont l’air de nous vouloir du mal. Ça, c’est gérable, ce n’est pas ça que je déteste. Non, ce que je déteste, ce n’est pas non plus de me retrouver enfermer dans un taxi en attendant que la tempête passe. Ce n’est pas non plus le fait que mon corps tremble légèrement à la vue des mêmes salopards qui m’ont rendu impuissant dans la salle de bain. Non, ce que je déteste vraiment, c’est le type en avant de la voiture avec le flingue.
Bon, enfin, une arme à feu n’est qu’un moyen de pression supplémentaire. De toute façon, ils gagnent déjà le concours de qui est le plus fort, alors le pistolet n’est vraiment qu’un bonus « pour faire beau ».
Non, ce qui me fait chier, comme je l’ai précisé, ce n’est pas l’arme à feu, mais le type qui l’a dans ses mains. Il aime bien gueuler, et contrairement à des gens réfléchis comme moi ou Juliet, les gens qui crient ont tendance à énerver les autres autours. Et comme un bâillement contagieux, tout le monde devient plus nerveux, violent et irréfléchi. Après un court moment, plus personne ne réfléchit, ils deviennent des animaux sauvages, et alors là, impossible de passer une entente logique et pacifique. Mais il y a pire encore.

Le visage du type devient complètement blanc.
J’ai lu quelque part la biographie d’un ancien sergent de police qui avait infiltré un gang, et je me souviens qu’il avait dit un truc très intéressant sur la tension avant un combat. Les gens armés de fusils ou d’armes blanches devenaient livide avant de tuer quelqu’un. Il disait qu’il y avait une différence claire entre un type en colère qui voulait frapper quelqu’un, et une personne qui venait de prendre la décision d’enlever une vie.
Mais bon, il ne va quand même pas tirer. Il ne gagnerait rien à avoir un cadavre sur la conscience, je veux dire…
Le chauffeur pèse sur l’accélérateur.
L’imbécile pèse sur la détente.

Vous savez quoi, en fin de comptes, je crois que les cris du type ont affecté mon cerveau aussi, parce qu’en ce moment j’ai beaucoup de difficulté à réfléchir correctement.
Le taxi continu d’accélérer et fonce dans un mur, planquant l’homme au flingue dans une poubelle métallique du chemin, avec une grande force. Le chauffeur est bien calé dans son siège et on ne bouge plus. Allez, c’est le temps de faire marche arrière, puis foncer vers la sortie! Pourquoi on ne bouge pas?
Que se passe-t-il? Depuis quand il y a-t-il u sang sur ma veste? Il y a beaucoup de sang, presque autant que lorsque j’ai trouvé Nina. Sauf que le sang était brun à ce moment. Lui il est bien chaud, je crois que j’en ai sur le visage. À moins que ce ne soit des larmes?
Je me tapote le visage. Étrange je ne sens presque pas mes mains, mais j’ai l’impression qu’elles tremblent. On est immobile depuis combien de temps là?
Je crois que devrais jeter un coup d’œil au chauffeur. Il a peut-être été gravement touché par l’imbécile au fusil…
Je détache ma ceinture et je regarde le chauffeur. Il a un gros trou dans le front…

Je me recule aussi, et je me mets à vomir. Mais il ne reste pas un seul jus de canneberge dans mon organisme, et ça fait juste très mal à ma gorge. Je ferme les yeux. Peut-être que je suis encore au casino, à la table avec Juliet, Morris et Tommy, et que je me suis endormis…
Normalement, avec les yeux fermés, je réussis à penser à autre chose.
Est-ce qu’on est en train de me parler? Étrange, je ne comprends pas les mots. Je parle beaucoup de langues pourtant. Il y a un son fort dans mes oreilles. Est-ce mon cœur qui bat, ou des coups de feu? Non, je pense que c’est ce type qui frappe dans la vitre à ma droite. Ils sont combien là ces voyous?

Un dans une poubelle, un autre frappe dans une vitre et l’autre inspecte le corps du gars dans la poubelle. Prend-t-il son arme? Il en manque un non? Il est parti?

Je me penche quelques instants, regardant mes pieds. À merde, j’ai fait tomber mon cellulaire. Je devrais peut-être appeler la police? Ou Morris?



-Le temps de prendre la place du chauffeur et débloquer les portes, ils auront le temps de prendre l’arme à feu sur le sol. Pour casser du verre trempé, il faut frapper dans le coin, elle se brisera complètement. Frapper au milieu ne sert à rien, c’est comme ça qu’on s’enfuit d’une voiture qui coule dans un lac. Impossible de fuir à pied à moins de faire distraction. Ce cellulaire n’a plus de batterie. L’arme de l’homme à 8 munitions au maximum. Après avoir tué quelqu’un, paraître le plus humain et inoffensif possible peut aussi être une bonne approche pour calmer les agresseurs. Ne pas s’inquiéter de laisser des traces d’ADN, le taxi est un…

Pour une fin de soirée, c'était explosif. Le taximan n'eut pas le temps de voir ou d'entendre le tir que déjà, il n'était plus là. Au moins, il ne pouvait pas voir ce qui allait arriver à son fidèle taxi. L'homme au pistolet fut renversé par la voiture qui n'allait pas très droit. Propulsé dans une poubelle, il était un peu sonné ou plus. Il ne bougeait pas et son bras était dans un angle anormal. Son arme avait glissé plus loin dans l'obscurité. Alors que la voiture continuait d'accélérer, l'homme au côté de Diechi se mit à courir, essayant de poursuivre le taxi. Mais après le silence du tir, ce fut le cri de douleur d'un homme qui brisa la nuit. L'homme en face du taxi venait de basculer et de passer par dessous. On put sentir d'ailleurs la bosse lié à son corps. Heureusement, avec le virage prit par le chauffeur, il ne passa qu'à moitié sous la voiture. Dans le pire des cas, il était en chaise roulante a vie. Mais ce faisait un malfrat de moins, plus que deux.

Juliet se tint très fort, un peu choquée mis moins que ce à quoi elle s'attendait. Peut-être était-ce de voir l'état de Diechi ou la situation qui n'était pas résolu, mais la journaliste était aux aguets. Il fallait trouver une solution et vite. Le choc fut intense, mais douloureux. Elle n'eut pas le temps de se détacher que le flambeur s'était jeté sur le cadavre, avant de vomir. Etait-il si moche que ça? Juliet se détacha et regarda autour d'elle. L'homme qui fiasait le guet avait couru vers l'homme dans les poubelles, l'examinant probablement pour voir si il était toujours vivant. Le seul qui s'accrochait à leur plan de base était l'homme qui s'approchait en courant, l'homme qui avant était à côté de Diechi.

- "Allez, lève-toi Diechi, il faut partir maintenant! On a le temps encore avant que la brute arrive. Il faut juste que je débloque la voiture!" dit-elle en se levant

Diechi allait devoir se remettre et vite. Juliet regarda le corps qui était pas beau à voir. Elle sentit un frisson le long de sa colonne. C'était ça donc, un mort. Elle toucha le visage qui était encore chaud. Elle se salit un peu. Voir que cet homme vivant il y a quelque seconde n'était plus, c'était profondément bouleversant. Elle avait bien entendu vu des images de scènes de crimes, des images de guerre, des vidéos et tout ce qui était nécessaire. Mais là, en direct, c'était différent. Elle aurait aimé pouvoir en savoir plus mais il n'était pas le temps de contempler la mort et de se rendre compte du sens de la vie. Ils allaient devoir partir et vite! L'autre les avaient rejoints et tambourinait contre la fenêtre de Diechi, essayant d'ouvrir la porte. C'était trop tard pour fuir en courant. C'est à ce moment là que Diechi se mit à parler, ou plutôt à déblatérer. Donnant informations peu utiles sur information peu utile, on aurait dit qu'il déchargeait tout son cerveau. La journaliste l'observa rapidement. Il était sale, pâle et avec un peu de sang sur le visage. Il parlait dans le vide. C'en était effrayant, de voir un homme se briser comme cela. Juliet eut le même frisson le long de la colonne que lorsqu'elle regardait le corps du chauffeur. Elle ne savait dire si c'était de la peur ou du dégoût, peut-être un mélange des deux.

Juliet débloqua la porte du chauffeur uniquement. Est-ce qu'elle laisserait le flambeur dans la voiture pendant qu'elle courait en sécurité? Ce ne serait pas idéal. Elle aurait tout perdu de sa soirée. Elle se pencha vers Diechi, parfois la discussion diplomatique ne marchait plus et elle le giffla. Elle voulait se convaincre que son choix était raisonné et réfléchi, mais elle voulait surtout qu'il se taise. Qu'il arrête de parler comme ça, elle le stressait énormément.

- "Viens par la porte du chauffeur bordel de merde et tais-toi! Tais-toi et suis-moi!" dit-elle, beaucoup plus violemment qu'elle n'aurait voulu.

Elle ouvrit la porte et invoqua son arme. A situation critique, solution critique. Juliet espérait que Diechi la suivrait, elle ne pouvait décemment pas tuer des gens pour lui! En sortant, elle vit le Guet appeler son pote. L'homme dans la poubelle était en très mauvaise état et le guet criait qu'il fallait déguerpir pour sauver l'écrasé et l'homme dans la poubelle. Mais celui qui tambourinait à la porte de Diechi ne l'entendait pas de cette oreille. Son sang ne fit qu'un tour. Ces trois merdeux avaient probablement tué ses amis, ils allaient devoir payer! Il n'était pas armé, mais son corps serait l'arme. Il courut en direction de Juliet pour se trouver nez à nez avec une journaliste ensanglanté, débraillé et l'air un brin dérangé qui la pointait avec une arme.

- "Si tu fais le moindre petit pas, je t'éclates. Tu vas repartir et nous laisser tranquille!" dit Juliet dont la voix déraillait

Dans sa tête, Juliet voyait la situation sous un angle différent. Elle était calme et controlée. Elle savait ce qu'elle faisait. Ce n'était pas la première fois qu'elle tirait, bien que ce soit le premier humain en face d'elle. Elle avait déjà menacé des Seraphs sans problème, il suffisait qu'elle pense que c'était un adversaire quelconque. Mais en réalité, elle était pas très bien. Le corps de l'homme lui restait dans l'esprit et la réaction de Diechi la hantait. Comment était-ce possible de tomber de la sorte. D'ailleurs, où était-il?

HRP:

J’ai mal à la joue. Que vient-il de se passer? Juliet me regarde et son regard semble vouloir me crier mille choses à la fois. Pourtant sa phrase est assez simple :

-Viens par la porte du chauffeur bordel de merde et tais-toi! Tais-toi et suis-moi!

Ah oui, les détails me reviennent à l’esprit. C’est elle qui m’a giflé. La soirée à définitivement été trop mouvementée. Je m’apprête à dire à Juliet que c’est une mauvaise idée, lorsque je vois son arme à feu. Oh.
Mais serait-ce suffisant pour nous sauver?
Je me souviens avoir assisté à de nombreux cours d’auto-défense dans mes jeunes années. Il y avait ce cours spéciale sur comment se défendre en cas d’un enlèvement dans une voiture. Ce devait nous apprendre à nous défendre avec des objets d’apparences banales. Je ne me souviens pas des grandes lignes de ce cours, mais je me souviens bien de deux choses.

Numéro 1 : On a beau croire que notre cerveau est entrainé à gérer le stress, les kidnappings sont souvent des attaques surprises qui agissent avant que l’adrénaline ne s’empare de vous ou que vous ayez le temps de réfléchir à ce qui se produit. Ici évidemment, il ne s’agit pas d’un kidnapping, mais la leçon reste la même : il faut lutter contre le désir du cerveau de s’enfuir de sa réalité actuelle. Se mordre ou se blesser peut aider à garder sa conscience à l’affut.
La gifle de Juliet ma redonner encrage dans la réalité. D’une façon ou d’une autre, je lui dois la vie. Alors tâchons de mettre toute notre énergie à lui en redonner la pareille.

Numéro 2 : Des actions explosives. Utiliser absolument tout pour vous aider à vous défendre, et ne négligez pas le moindre avantage. Vous êtes une victime, criez pour de l’aide lorsque vos poumons vous le permettent! Si vous toucher un ennemi ou le distrayez une seconde, profitez à fond de cette seconde! Je regarde Juliet qui sort de la voiture. J’essaie de me souvenir des cours de Krav Maga que j’ai reçu avec mon frère. Être le plus efficace possible, en le moins de temps possible. J’avais adoré cette philosophie et je m’étais souvenu de beaucoup du contenu de ces classes.
Je sais ce que je dois faire. Je suis bien éveillé.
Il est temps de lancer l’offensive.

-Si tu fais le moindre petit pas, je t’éclate. Tu vas repartir et nous laisser tranquille!

Le voyou est en joue pendant quelque temps. Mais il finira bien par décider de prendre action. Allons-y. Le plan est lancé maintenant.

Étape 1 : Analyser pour des armes disponibles. Je m’approche de la porte avant pour sortir, mais je reste dans le taxi quelques secondes de plus. Ma vision s’élargie pour scruter chaque détail. Je vois une valise dans le côté passager droit et un parapluie métallique. Pas le temps de regarder dans la valise, je l’ignore. Puis-je tasser le cadavre et prendre contrôle de la voiture? Je touche son bras sur le volant : Rigor Mortis, il est aussi raide qu’on puisse l’être. On m’avait dit que ça se produisait rapidement après la mort, mais je ne pensais pas que c’était aussi rapide. Quoi que le centre nerveux ait été touché, alors je peux comprendre la réaction musculaire.
Je mets mes mains dans ses poches, essayant de mon mieux de ne pas regarder le trou dans son crâne. Je sens que j’ai envie de vomir. Mon esprit a envie de fuir, de crier. Mais je ne dois pas attirer l’attention sur moi pendant que le voyou est en joue : chaque seconde compte pour beaucoup. Je ne trouve que peu d’objets intéressants dans ses poches : deux briquets et paquet de cigarettes…

Étape 2 : Préparation au combat. Je les mets dans ma poche : c’est mieux que rien. Je prends le parapluie et je le place à la gauche du défunt conducteur. Dans un mouvement rapide, j’arrache les clés du volant et je sors de la voiture en éteignant le moteur. Le type vient de me voir, et je doute de la vitesse de tir de Juliet si jamais il décide de me sauter dessus. Sauf que je suis prêt.

Étape 3 : Distraction, et attaques explosives. Il est facile d’oublier, mais toutes les voitures ont un puissant système de sécurité. Ces imbéciles nous attaquaient dans le Quartier Est, et je doute que leur minuscule cerveau est pu se souvenir de ce détail que la majorité des gens oublient…
Je pèse sur le bouton d’alarme sur la clé du taxi.
C’est le genre de son qu’il faut avoir entendu à moins de 1m de distance pour bien le comprendre dans son intégralité. Il a été désigné avec un but précis : crier à l’aide à des mètres à la ronde, et faire souffrir toute personne qui entend ce bruit criard bien particulier. Et cette alarme est particulièrement féroce sur les taxis et les voitures de police. Oh, ça ne vaincra pas notre adversaire bien en colère, mais aucun des autres ne voudra rester proche du cadavre et de la bagnole qui crie à la mort.
Et plus important encore, ça me donne la seconde d’incompréhension nécessaire pour attaquer le type. Je le reconnais à présent : c’est le gars qui m’a porté à bout de bras, impuissant. Bien que je sache me battre, ma force physique ne me permettait tout simplement pas de lui causer des dommages importants. Mais ce sera différent cette fois.
Tout est une question de physique et de pression.
Je prends le parapluie par son extrémité, et je mets toute ma force en une feinte rapide et directe vers l’entrejambe de l’homme. Hey, je sais que c’est un coup bas, mais l’honneur na pas sa place ici... Évidemment, je suis assez lent que l’homme à le temps de ce tourner de côté. Grave erreur. Une telle explosion, engendré sur une si petite aire de contacte donne une force de percé trop souvent sous-estimée.
Le pointe métallique s’enfonce de quelques centimètre dans le mollet de l’homme, qui cri de douleur par-dessus l’alarme de plus en plus forte de la voiture. Par contre, ce n’est pas assez profond pour entailler son système nerveux somatique et le rendre incapable de nous poursuivre… Mais ça doit faire vachement mal, et ça lui fera mal pour une semaine au minimum, car j’ai définitivement touché son muscle fascia lata.

Étape 4 : Profiter de chaque avantage. Je pèse du plus fort que je peux sur le manche, puis j’enclenche l’ouverture du grand parapluie. C’est une étrange vision que cet homme, avec un parapluie ouvert qui lui sort de la jambe et dont la toile le cache presque totalement. Il est momentanément aveugle. Je mets le bout d’un briquet de plastique dans ma bouche et je casse le bouchon fondu à son extrémité inutile avec mes molaires. Je crache le bout de plastique sur le côté, je sors un paquet de billets de ma poche et je les asperge d’essence. Le type sort le parapluie de sa jambe et le laisse retomber sur le sol. Il est plus que furieux. Je sens qu’il compte s’attaquer à moi et non pas la journaliste. Il ne la croit surement pas capable de tirer...
D’ailleurs moi non plus. Je sors l‘autre briquet et je mets feux aux billets verts.
Il fait un pas en avant, lorsqu’il est momentanément confus par les billets en feu que je tiens dans ma main (qui commence d'ailleurs à chauffer). Pendant cet instant de confusion, il se tord de douleur à sa cuisse et trébuche sur le parapluie. Bon, ça ce n’était pas prévu, juste de la chance et du hasard pur.
Je dois dire que si les événements de la soirée ont été malheureux, ce petit moment vient de me refaire croire au karma. Une petite étincelle de chance dont je saurais profiter au maximum.

Étape 5 : La fuite. Je lance tout les billets en flammes sur le type, qui retombent en une cascade aveuglante de feux et de tisons, je saisis Juliet par le poignet, et je me mets à courir le plus loin possible, utilisant chaque dose d’adrénaline que mon organisme voudra bien me donner.

Temps depuis l’enclenchement de l’alarme, moins de 1 minute. Il nous faut partir le plus vite possible.

Je souris. C’est la première fois que je me sers de mon intelligence dans un combat physique, et que je gagne. C’est une toute nouvelle forme d’adrénaline qui me coule dans les veines en ce moment, et c’est un sentiment nouveau et un peu étrange qui m’habite.
Hey, qui sait, peut-être bien que ça finira par me plaire?

Juliet avait le doigt sur la gâchette quand elle vit du mouvement à ses côtés. Elle supposait que c'était Diechi et ne prit pas la peine de tourner la tête, par sécurité. Elle se demandait ce qu'il faisait quand soudain l'alarme du Taxi hurla. C'était quoi son problème au flambeur? Il voulait pas aussi indiquer à tout le monde ce qui se passait?! Quelques lumières s'enclenchèrent dans des batisses pas très loin. Lentement, le quartier allait se réveiller et ils allaient probablement appeler la police. L'alarme vrillait le crâne de Juliet qui serra les dents, ne comprenant pas ce que voulait faire Diechi. Mais en quelques secondes, elle le vit utiliser le parapluie tel un fleuret d'escrime. En avait-il fait d'ailleurs? Dans tout les cas, sa force suffit à planter salement le parapluie dans la jambe de l'homme. C'était joli mais probablement moins efficace qu'une balle. La suite fut tout aussi distrayante et Juliet baissa un peu son arme, autant laisser le flambeur faire tout le travail, c'était un bon test également.

Lorsque l'homme réussit à retirer le parapluie, la journaliste le repointa avec son arme juste au cas où. Mais il se vautra misérablement alors que Diechi jeta les billets enflammés. Il n'avait quand même pas foutu le feu à tout quand même?! Juliet, emportée par le flambeur, couru avec un peu de peine à cause des talons qu'elle avait mit. Si elle avait su, elle serait venu en basket et pantalon. C'était pour cela qu'elle détestait les habits de gala! Elle se dégagea le poignet pour pouvoir courir comme elle voulait, n'aimant pas être guidée. Elle profita d'ailleurs de sa course effrenée pour révoquer son arme. Elle pourrait toujours mentir en disant qu'elle l'avait fait tombé tout à l'heure. Il ne prendrait pas le risque de retourner là-bas. Après un moment de course, Juliet interpella le flambeur

- "Stop Diechi, on devrait d'abord se nettoyer avant d'aller n'importe où" dit-elle alors qu'ils étaient arrivés dans une rue plutôt bien éclairés avec plusieurs groupes de personnes marchant tranquillement "Viens, on doit avoir l'air misérable"

Juliet fouilla dans sa sacoche et en sortit un paquet de mouchoir ainsi qu'un petit miroir. Ils ne pouvaient pas se promener avec du sang sur eux. La bile, c'était moins grave. Elle lui tendit les deux affaires

- "Je sais pas si tu as repris tes esprits, mais comment tu te sens là maintenant?"

La course folle continue et Juliet se libère de ma prise. Ça ne me dérange pas du tout, en autant qu’on reste ensemble et qu’on puisse courir au maximum de nos capacités. J’aurais cru trainer de la patte, mais elle est sérieusement ralentit par ses chaussures… J’allais lui proposer de les abandonner, mais ce ne serait pas la meilleure idée s’il faut retourner les chercher après…
Bref, on court pendant un bon moment, lorsque Juliet m’arrête.

-Stop Diechi, on devrait d'abord se nettoyer avant d'aller n'importe où. Viens, on doit avoir l'air misérable.

Je suis complètement hors d’haleine. Je regarde autour de moi. Nous somme arrivé dans une rue bien éclairée. Juliet me passe de quoi m’essuyer et un miroir. Je jette un coup d’œil à Juliet. Elle semble particulièrement calme. A-t-elle été élevée dans le Quartier Sud? Elle semble avoir gérer son stress mieux que moi… Faut dire que moi aussi j’aurais été plus confiant avec un revolver dans les mains!
J’essuie le sang de mon visage. Je ne peux pas faire grand-chose pour contrer la pouvoir d’absorption de mes vêtements, alors je n’enlève que l’excédent, tout en essayant d’oublier que ce sang fut fort probablement mélangé à du liquide céphalo-rachidien. Juliet me demande comment je me sens alors que je m’observe dans le miroir. Je vois mon reflet sourire. Je dois avouer que je fais vachement peur avec cette grimace souriante sur mon visage ensanglanté et haletant. Mais ce sourire est une belle représentation de comment je me sens : comme un homme qui vient de survivre à l’apocalypse. Je suis fier et heureux d’être en vie.

-Vous allez peut-être trouver ça étrange, mais je me sens plutôt bien. J’ai paniqué pendant quelque instant, mais ma tête est à la bonne place présentement. C’était mon premier… Enfin, mon deuxième cadavre que je vois de ma vie.

Je jette un autre regard autour. Oui, on va définitivement attirer l’attention si on s’avance d’avantage sur cette rue. Mais ça ne change pas grand-chose car après tout :

-Bon, maintenant que nous sommes loin du danger, il ne reste qu’à appeler la police. Nous sommes des victimes évidentes dans cette situation. Mon cellulaire n’a plus de batterie, mais on peut toujours demander à un passant, ou trouver une cabine téléphonique si on ne veut effrayer personne…

Puis je jette un coup d’œil à Juliet. Je ne sais pas trop ce qu'elle pense de cette idée. Pour ma part je n’ai rien fait d’illégale de ma soirée, je suis intouchable mais… Maintenant que j’y pense, où est passé son arme à feu? Ne me dites pas qu’elle l’a échappé sur la scène du crime? L’arme est pleine de traces d’ADN, mais si elle possède un permis pour le revolver, alors ça ne change rien au plan. Je peux appeler la police et expliquer la situation. Mais si ce n’est pas le cas, alors il faut absolument tenir Juliet le plus loin possible de la police… Est-ce la raison pour laquelle elle voulait que je me lave du sang et qu’on passe inaperçu, pour ne pas que des passants appellent la police?
Merde.
Je peux facilement quand même appeler la police. Cette Juliet ne représente rien pour moi. Je ne vais pas devenir un criminel juste pour lui sauver la peau! C’est de sa faute si elle est dans de beaux plats à présent! Je…
Oh et puis merde. Elle m’a sauvé la vie tout à l’heure. Il semblerait bien qu’il ait plus d’honneur en moi que je ne le pensais.

Ou peut-être que je réfléchis trop et qu'il vaut mieux en effet d’appeler la police. Mais juste pour être plus sécuritaire, je vais faire attention de soignée mon apparence.

J’enlève ma veste contenant mes 9000$ restants, et je la plie en quatre avant de la mettre sous mon bras. Voilà déjà la majeure partie du sang visible enlevé. Je me sers du miroir pour frotter avec frénésie les tâches restantes sur mon visage. Si on évite les lampadaires et qu’on marche lentement, on devrait pouvoir se promener sans attirer l’attention. Rapidement je peigne mes cheveux avec mes doigts, les ramenant vers l’arrière.
Je sens une goutte froide qui tombe sur ma main. Ais-je oublié une tâche de sang?
Oh.

-Il va bientôt pleuvoir.

HRP:

Juliet laissa Diechi se débarbouiller alors qu'elle examinait ce qu'elle avait sur sa robe. Il y avait du sang sur le devant, probablement quand elle était passé par dessus le cadavre. D'ailleurs, elle avait quelques traces sur les mains également. Elle allait pouvoir jeter cet habit, dommage la robe lui allait bien. Elle irait acheter exactement la même le lendemain de toute façon. La journaliste s'essuie autant qu'elle peut avec les mouchoirs tout en écoutant Diechi. Il se sentait bien? Si le jeune flambeur aimait l'adrénaline, c'était un bon point pour l'avenir. Juliet hésitait sur le cas de Diechi. Il semblait instable mais également talentueux. Ca pourrait faire une bonne recrue pour peu qu'on puisse le stabiliser. Mais était-ce même possible? Il avait mentionné un second cadavre. Est-ce que cela était lié a son malaise au casino? La journaliste l'aurait bien questionné mais dans d'autres circonstance.

- "Effectivement, nous sommes des victimes évidentes. De toute façon, on a pas le choix si on veut prouver notre innocence. Mais je t'avoue que ça ne me plait pas, j'aime pas spécialement la police. Ils sont trop à cheval sur les réglements" dit-elle en sortant son téléphonne de sa sacoche "Mais ne t'en fais pas, je ne fais rien de plus illégal que ce que tu as fait tout à l'heure"

Juliet composa le numéro et appela. Elle se demandait si elle tomberait sur son cher inspecteur frustrant serait sur la scène de crime bientôt. Mais il ne fallait pas rêver, la probabilité était faible et il semblait plutôt s'occuper des cas qui ont eu le temps de refroidir. Elle parla, se présentant et décrivant la situation. Ils venaient d'être attaqué par un groupe de 4 personnes qui en voulant à l'argent gagné au casino. Ils ont tué le chauffeur du taxi et plusieurs ennemis ont été blessé, voir tué pour certains. Le duo a fuit la scène de crime pour se protéger. Ils n'étaient pas blessés. Tout en parlant, Juliet sentit les gouttes de pluie

- "Et merde, viens on se met à couvert en attendant l'arrivée de la police"

Une fois que l'on avait confirmé que Juliet et Diechi étaient en sécurités, la journaliste put donner ses coordonnées et on lui communiqua l'arrivée d'un groupe pour les interroger eux pendant que le reste allait s'occuper du taxi. On allait également envoyer 1 ambulance pour les blessés graves. Juliet raccrocha et se dirigea avec Diechi sous un abri de bus pas très loin

- "Dis, tu as mentionné avoir déjà vu un autre cadavre. A quel occasion?"

Diechi ne semblait pas le genre à être dans des milieux dangereux, et sa manière de mentionner ce mort ne pouvait pas coïncider avec une mort naturelle. Il y avait eu un meurtre ou quelque chose. Quelque chose d’irrésolu?

Juliet sort son propre cellulaire, chargé celui-ci, et elle compose le 911. Bien. Je suis heureux de ne pas avoir eu à me mettre le gouvernement sur le dos. Mon frère aurait détesté ça et il m’aurait donné une sacrée lecture. Pour ma part, l’état ne me contrôle pas par la peur comme le reste de la population, mais c’est un allié puissant que j’aime avoir à mes côtés, et je n’ai pas envie de trahir sa fragile confiance.
Après un instant à l’écouter parler au téléphone à vérifier qu’elle ne mentait pas à profusion, je remarque un arrêt de bus non-loin, et une fois l’appel terminé, j’y guide Juliet pour nous protéger de la pluie.
Sales, mouillés et fatigués, Juliet et moi restons là un moment, le silence devenant presque une bénédiction, permettant à chacun d’organiser ses propres pensées. Puis Juliet brisa ce moment de calme :

-Dis, tu as mentionné avoir déjà vu un autre cadavre. A quelle occasion?

Nina.
Ergh, je n’ai pas envie d’en parler. Mais alors là, tellement pas! Mais… J’ai bien promis de tout dire sur moi… Mais pourquoi on doit commencer avec CE sujet!? Bon, essayons quand même.

-Une fille dont j’étais amoureux. Elle s’est suicidé il y a de ça 2 mois, aucun signe avant-coureur. Aucune lettre sur le pourquoi… Un mystère total. Je l’ai retrouvé avec un couteau dans sa…

Je me tais. Pas parce que les mots sont coincés dans ma gorge, seulement que je sens mon esprit divaguer et s’éloigner de la réalité, voulant me plonger dans des souvenirs… Et si je veux pouvoir parler, je dois faire attention de garder un débit constant et clair, et non pas me mettre à murmurer des informations car mon esprit est trop occupé ailleurs. Je décide donc de ne pas mentionner les détails macabres de la fin de Nina. Je ne suis pas là pour horrifier cette Juliet qui vient de voir un cadavre déjà dans sa soirée…

-C’est bizarre. Ça fait déjà deux mois, et je n’en reviens toujours pas. Je sais presque tout sur comment faire un deuil efficient, sur la psychologie émotive humaine et les meilleurs actions à entreprendre pour ne plus se sentir mal. Et j’ai parfois l’impression que j’y réussis bien, que je peux y repenser de façon claire et objective… Mais à l’ instant où je retourne chez moi, la dépression revient, comme un mur, plus puissant à chaque jour qui passe. Alors j’ai juste envie de sortir et…

Je glousse.

-Vivre des aventures! Mais bon, j’imagine que ce n’est pas le genre d’informations qui vous intéressent. Vous voulez surement plutôt savoir comment je fais pour compter les cartes, ou quel est mon job et ma situation sociale, si je suis le descendant d’un riche et puissant…

Je dis cela, mes pensées retournent vers Nina. Oui, avec un peu d’air frais, je suis capable de penser à elle sans avoir envie de m’ouvrir les veines. Alors j’en profite, essayant de penser à elle avec des pensées claires. Sa mort est un tel mystère…
Mais j’ai beau y penser encore et encore, rien ne me vient pour m’aider à percer les secrets du passé.

Il va falloir que j’aie de l’avant.

Au vue du sujet abordé, Juliet fut surprise de la facilité avec laquelle il avait accepté d'en parler. Une personne qui tenait parole malgré tout les événements? C'était plutôt rare, surtout si on prenait en compte le fait qu'il n'hésitait nullement à tricher au combat ou au casino. Mais elle n'allait pas s'en plaindre, ça lui éviterait d'avoir à parler de sujet plus vide avant d'arriver au plat principal. Sa petite-amie s'était donc suicidée sans raison il y a peu. C'était l’œuvre d'une ombre sans hésiter. Elle avait du rapidement se glisser dans le coeur de la jeune femme et en peu de temps la dévorer. C'était dur d'imaginer ce qu'il se passait quand une ombre aspirait l'énergie et la joie d'une personne, n'ayant jamais été touchée par cela.

La suite de l'histoire était par contre bien plus intéressante et curieuse. Il disait ne pas réussir à faire le deuil malgré les deux mois et surtout malgré son esprit. C'était ce qui perturbait le plus Juliet. Ne pouvait-il pas se dire que simplement c'était passé et que de toute façon il ne pouvait rien y faire? Il était vrai qu'elle n'avait jamais été attachée à quelqu'un et ne pouvait donc comparer avec le cas de Diechi. Mais il lui était arrivé de perdre des choses et elle s'en était remise. Mais il y avait une autre possibilité, que l'ombre qui a eu la femme se soit mise à dévorer Diechi. La créature devait être plutôt futée, profitant du fait que Diechi était isolé, pour pouvoir le déguster avec probablement un petit plaisir. Ce qui voulait dire que l'ombre n'était pas une simple soldat et que donc, si Juliet pensait vrai, ce serait dangereux d'y aller. Quel dommage qu'une personne comme Diechi soit aussi inatteignable...

D'ailleurs, plus il parlait, plus Juliet estimait qu'elle avait raison. Tout concordait : dépression à la maison, violente et grandissante, alors que le plein air était délicieux et tout le poussait à être dehors. Il avait besoin d'adrénaline, pour vivre et être heureux? Il avait beau dire qu'elle serait plus intéressée par l'argent, mais il se trompait totalement. Si elle avait pu avoir un cas pareil dans ses recherches en tant qu'humaine, elle aurait pu trouver sans l'aide de personne!

- "Oh non non, ce que tu me dis est des plus intéressant. Je suis devenue journaliste pour avoir des informations mystérieuses, pas pour sortir les mêmes bêtises que des tabloïd de bas-étage"

Juliet hésitait à lui parler de son projet humain. Elle l'avait toujours gardé mais n'avait plus travaillé dessus depuis un moment. A chaque fois qu'elle voyait le fichier sur son ordinateur, elle éprouvait une fierté. Elle avait gagné sa place chez les Nephil, elle n'avait pas juste eut le chat qu'était venu profiter d'un moment de faiblesse. Elle était là car elle le méritait!

- "J'avais commencé il y a quelques temps un dossier sur tout les différent étranges événements que l'on pouvait trouver à Palema. Fautes de preuves, j'ai du l'abandonner mais ce que tu me dis-là me rappelle certains cas. Des suicides sans raisons, inexplicable ainsi que des disparitions étranges. Est-ce qu'elle est morte dans le même appartement que celui où tu vis?"

Diechi était quelqu'un d'intelligent, il comprendrait bien qu'elle disait vrai.

-Oh non non, ce que tu me dis est des plus intéressants. Je suis devenue journaliste pour avoir des informations mystérieuses, pas pour sortir les mêmes bêtises que des tabloïd de bas-étage.

Une journaliste? Maintenant que j’y pense, ça semble avoir du sens… Ça donnerait une logique à son intérêt pour ma personne. Tente-t-elle de rejoindre Ottavo et les laboratoires Steins au travers de moi? Des scoops des travaux abandonnés de Diana?

-J'avais commencé il y a quelques temps un dossier sur tous les différent étranges événements que l'on pouvait trouver à Palema. Fautes de preuves, j'ai dû l'abandonner mais ce que tu me dis-là me rappelle certains cas. Des suicides sans raisons, inexplicable ainsi que des disparitions étranges. Est-ce qu'elle est morte dans le même appartement que celui où tu vis?

-Oui, enfin… Elle a sonné à ma porte au milieu de la nuit, alors que le quartier était désert. Elle disait ne pas se sentir bien et c’est écroulé au milieu du salon. J’ai paniqué légèrement, car aucune de mes techniques ne fonctionnaient pour la faire se sentit mieux, et je suis parti à la course chercher des médicaments plus puissant au laboratoire… Moins d’une heure plus tard, je la retrouve morte dans la cuisine. L’inspection de la police n’a révélée aucune trace de suspect. Un suicide spontané, tout simplement… Et euhh…

Soudainement, ça me frappe. Je respecte notre entente, certes, mais à quel prix? Comment seront-utiliser ces informations? Il temps que je me remette à réfléchir.
Que cherchait-elle comme scoop au casino? Pourquoi ne panique-t-elle pas devant la violence? Pourquoi faisait-elle des recherches sur le paranormal, elle qui semblait si intelligente?

-Désolé mais, je ne souhaite vraiment pas que ce genre d’informations se retrouvent dans un journal. Et qu’elle importance pour vous qu’elle soit morte à un lieu ou un autre? Vous ne connaissez rien d’elle et je n’ai certainement pas l’intention que le seul héritage laisser sur cette Terre par la mort de Nina soit d’en un vulgaire journal traitant du paranormal. Sans offense, mais je ne crois pas que cette histoire ferait un bon scoop. Elle s’est suicidé, elle n’a pas été enlevée par des extraterrestres ou portée disparue. Elle est morte, un point c’est tout, et je l’ai vu.

Me voilà de mauvais poil. Je ne sais pas pourquoi je m’étais mis à croire que Juliet était une amie. Un effet secondaire d’une adrénaline partagé j’imagine. Facile de devenir confus avec cela. C’était un effet bien connu de la psychologie, « The suspension bridge effect », lorsque deux personnes sont plus dirigées à développer de l’affection après avoir partagé un moment d’une intensité particulière. Je me suis laisser avoir comme un débutant, mais en fait, Juliet n’a jamais perdu son but de tête. Elle veut se servir de moi. Elle doit même en ricaner présentement dans sa tête, se disant qu’elle profite bien de mon moment de faiblesse pour me soutirer tout ce qu’elle veut…

-J’ai bien déclaré te dire tout ce que tu voudras bien savoir, mais je dois sous-entendre un "mais" silencieux dans cette entente : si vous m’enregistrez présentement sans mon consentement, je cesse de ce pas de vous parler.

Autant mettre les choses au clair… Et dire que j’allais me mettre la police à dos pour la couvrir! Je me suis vraiment laisser avoir par les émotions…
Parlant de police, je vois des agents arriver au bout de la rue.

Sa petite-amie l'avait rejoind quelques temps avant de se donner la mort. Probablement qu'elle avait emmené l'ombre avec elle. La jeune femme avait du tenter de trouver une dernière solution à son mal-être chez Diechi qui n'avait pu la sauver malgré le fait qu'il travaillait dans un laboratoire. C'était un scientifique? Juliet ne l'aurait pas dit, il semblait trop extraverti pour cela. D'un autre côté, la journaliste avait rencontré Rekor qui était également très social pour un chercheur. Bien entendu, la police n'avait trouvé rien de spécial. C'était logique, ils ne pouvaient pas savoir tout ce qui tramait.

Mais c'est là que le délire paranoïaque de Diechi revint. Pour une fois qu'elle ne cherchait à enfumer personne, il fallait qu'elle paraisse suspecte. Juliet essayait de savoir les causes exactes du raisonnement du flambeur. Elle ne pouvait nullement savoir avant de lui demander qu'il était lié à un suicide. Elle aurait agi différemment. Non, la crainte paranoïaque était différente que la dernière. C'était plus construit et surtout beaucoup plus terre à terre. Il craignait que Juliet ne salisse la mémoire de Nina. C'était chou et peut-être une manière de sa part de la protéger alors qu'il n'avait pas su le faire auparavant? Il craignait d'ailleurs à un enregistrement secret de la part de la journaliste, quel était la prochaine étape, qu'elle faisait partit de l'émission Surprise sur prise et que tout ce qui s'est passé n'était qu'une grande farce pour piéger le fameux Diechi Steins? Juliet soupira. Elle en aurait bien été amusée si les circonstances avaient été différentes.

- "Je travaille pour le Wake Up Palema, le journal de la ville et de la région. C'est donc un papier des plus sérieux. Mais je comprends que tu veuilles protéger encore Nina et c'est ton droit. Je n'allais nullement profiter de sa mort pour faire quoi que ce soit. Quant aux enregistrements, je peux me mettre nue si tu crois que j'en ai sur moi. J'ai d'autre choses à faire que de trouver des stratagèmes pour entourlouper des personnes que je ne connais à peine. Mais on va attendre un peu avant de continuer cette discussions" expliqua-t'-elle un brin blasée

Mais la discussion allait attendre un peu alors qu'une voiture de police suivie d'une ambulance déboulaient dans la rue. Elles poursuivirent leur chemin pour arriver dans la ruelle où l'aggression à eu lieu alors qu'un duo d'agents s'approchait. Il y avait un homme grand, la trentaine, accompagné d'un second plus petit et plus jeune d'un peu moins de 10 ans. Le plus grand des deux avaient des cheveux blonds et court avec un regard fatigué alors que le second avait encore l'énergie de ceux plein d'enthousiasme. Juliet leur fit signe. Commença alors les interrogatoires suivi des dépositions. On leur demanda, séparément, d'expliquer ce qu'ils faisaient dans le taxi, ce qu'il s'est passé, de décrire leurs agresseur et comment ils s'en étaient sortit.

Juliet ne mentit nullement, n'ayant aucune raison de le faire. Elle ne parla pas spécialement de son arme, pour ne pas qu'ils perdent du temps à fouiller. Ils n'avaient de toutes façons aucune preuve qu'elle en avait une. Tout au plus Diechi pourrait être problématique si il soutenait qu'elle avait une arme et que c'était pas bien. Dans le pire des cas, ils fouilleront son appartement, ses affaires et ne trouveraient rien.

Vers la fin de l'interrogatoire, Juliet regarda Diechi. Qu'allait-il dire et faire? Comptait-il partir maintenant qu'il avait une excuse ou allait il rester pour continuer à débattre?

-Je travaille pour le Wake Up Palema, le journal de la ville et de la région. C'est donc un papier des plus sérieux. Mais je comprends que tu veuilles protéger encore Nina et c'est ton droit. Je n'allais nullement profiter de sa mort pour faire quoi que ce soit. Quant aux enregistrements, je peux me mettre nue si tu crois que j'en ai sur moi. J'ai d’autres choses à faire que de trouver des stratagèmes pour entourlouper des personnes que je ne connais à peine. Mais on va attendre un peu avant de continuer cette discussion.

En effet, car deux agents de police arrivent pour nous interroger. Merde, je ne comprends pas cette Juliet. Parfois je me dis que j’aimerais bien pouvoir lire les pensées des gens, spécialement dans un cas comme celui-ci. Mes connaissances en psychologies sont loin d’être suffisantes pour analyser autrui à ce point… Mais une chose est claire, elle est en colère. Ou déçue de moi? Suis-je trop paranoïaque? Je ne juge normalement les gens pas aussi rapidement comme étant des criminels égoïstes. Je ne peux pas accuser la première femme que je crise de vouloir profiter de moi, sinon je vais me mettre à vivre une vie fortement chiante.
Qu’est-ce que j’ai à perdre au fond? Mon argent? Je n’en ai pas grand-chose à faire. Mes possessions? Mon chez-moi? C’est à peine si j’ose y remettre les pieds ces temps-ci, sauf pour dormir et me restaurer. Parfois j’ai l’impression que le fantôme de Nina si trouve encore… Évidemment, c’est une idée complètement idiote. Les fantômes ne sont pas du règne de la physique et de la biologie, seulement tirés des religions obsolètes des années sombres.
Je réfléchis alors que le plus petit des deux policiers m’éloigne de Juliet, avant de retourner voir son partenaire pour qu’elle leur raconte l’histoire depuis le départ. J’attends en silence, et lorsque vient mon tour, je garde mon calme et je les regarde plus possible dans les yeux, pour montrer que je ne suis pas sous le choc des événements. Je n’ai pas envie qu’on me traîne au poste pour recevoir des traitements psychologiques à deux sous. Je raconte tout avec peu ou pas d’intonations. Mon esprit est ailleurs, il pense à Juliet.
Le Wake Up Palema… Ma connaissances des Médias n’est pas des plus grandes car ils sont tous pour la majorité écrient de façon non-objectives, même lorsqu’ils tentent de le cacher. Parfois de gauche, parfois de droite. Lorsqu’on connait la politique, on comprend les médias. Je dois dire que je n’ai jamais entendu parler du Wake Up Palema, et comme je n’ai pas touché à un journal depuis des lustres, sauf pour des revues scientifiques, je ne peux pas dire que ce manque de connaissance soit étonnant.
Juliet est-elle simplement très curieuse? Elle semble croire qu’un événement ou un objet paranormal pouvait pousser les gens à des suicides aléatoires. Un démon ou un fantôme qui hante les gens et les poussent les gens au suicide? J’ai déjà vu ces reportages de débile à la télévision. C’était même ce qui m’avait poussé à jeter la télévision de mon appartement à la poubelle. Enfin, ça, et l’émission « Nos ancêtres les extraterrestres ». Ottavo m’avait même appuyé dans mon choix, je m’en souviens très bien.
Je dois retourner en arrière. Une journaliste dans un casino, armée… Elle semble être prête à se mettre en plein milieu de l’action pour une enquête. Du genre à sauter sur chaque occasion d’avancer. Mais une chose est claire :
Elle n’a pas mentit sur l’enregistrement.

Comment je le sais? C’est simple. Elle utilise le même phrasé défensif que lorsqu’elle s’était défendu d’avoir appelé les truands pour me voler dans la salle de bain. Elle était confiante, voulant me pousser à demander au barman ou au croupier s’ils l’avaient vu faire un appel. Elle ne mentait pas alors en se défendant, et elle à agit de la même façon il y a quelques instants. J’aurais beau la fouillé, je ne trouverais rien.
Et s’il n’y a pas d’enregistrement, mes paroles n’ont pas d’importance. Si elle décide d’écrire un article sur Nina et des suicides « démoniaques », je pourrais la poursuivre pour diffamation et mensonge. Après tout, elle n’aura aucune preuve. Et Ottavo m’aidera probablement. Il semble s’y connaitre en média, alors il pourrait peut-être même faire fermer le petit journal.
Voilà l’assurance que j’avais besoin. Oui, je laisser mes défenses retomber. Je n’ai rien à craindre en respectant mon entente avec Juliet. Ou sinon, juste le fait de perdre quelque peu mon temps, si jamais elle se met à me parler de fantômes…
Lui jetant un coup d’œil, je vois qu’elle me regarde aussi. Non, son regard est… Trop intelligent. Trop calme. Aucune trace de l’hystérie bien particulière de ceux qui croient en quelque chose de plus beau après la mort que le néant absolue. Elle a les deux pieds sur Terre.
Je suis rendu au moment de l’attaque du taxi. Je jette un dernier regard à Juliet et je dois me décider à si je mentionne ou non l’arme à feu. Le type avec le parapluie dans la jambe pourrait parler d’une arme à feu à la police, ou ils pourraient déjà avoir trouvé l’arme, abandonnée sur les lieux du crime… Impossible de mentir pour couvrir Juliet, sans rendre toute cette situation bien plus compliqué… Elle a peut-être même déjà mentionné l’arme aux officiers…
Non, une seconde! Elle ne l’a pas fait. Sinon ils l’auraient fouillés ou fait un check-up dans leurs dossiers dans leur voiture de police. Mais ils ont uniquement regardé ses cartes d’identités comme ils ont regardé les miennes. Alors je décide de ne pas mentionner l’arme. Pas de mensonge, juste un léger oubli de ce détail dans ma version.
Comme ils ne me questionnent pas d’avantage sur la question, je me dis que j’ai bien analysé la situation.

En quelques instants, les policiers nous laissent partir, après leur avoir laisser nos numéros de téléphones. Juliet et moi-même nous éloignons à la marche. De nouveaux seuls, je demande :

-Écoutez euh… J’ai peut-être apparu un peu paranoïaque. Et j’en suis désolé, mais je crois que cette discussion ne nous mènera nul-part tant qu’on ne se sera pas présentés de façon plus officielle. Chercher à partir de petits détails ici et là pour se construire le portrait de quelqu’un, ça ne monte jamais une représentation bien complète.

Je prends une pause avant de reprendre :

-Je vais analyser quelque peu, si vous le voulez-bien. Vous m’avez vu très sympathique à la table de jeu, puis vous avez compris que j’étais un menteur et que je jouais un rôle. Je me suis dit qu’une personne voyant à travers le déguisement d’un autre de la sorte devait forcément être une actrice ou une menteuse aussi. Voilà donc pourquoi j’avais peu de confiance en vos actions, que je croyais guidés par un désir de manipulation. Mais me voilà honnête et franc avec vous, car tel était notre entente. Je ne sais toujours pas ce que vous voulez de moi, mais je n’ai rien à cacher. D’ailleurs, si je vous annonce que j’ai compté les cartes au Blackjack, je ne crois pas vous surprendre. C’est la vérité.

Ici, j’applique la même technique que lorsque je lui ai révélé qu’il n’y avait pas d’alcool dans ma boisson. Une honnêteté totale, qu’elle avait semblé apprécier sur le moment. Alors pourquoi ne pas subtilement faire la même chose deux fois? Après tout :

-Alors, maintenant que vous avez Le Tricheur dans vos mains, que voulez-vous savoir?

Maintenant que j’ai l’assurance que cette entrevue ne me mènera pas à ma perte, je me sens plus ouvert à la discussion. Même que… Et oui, je me suis remis à sourire! De quel genre de sourire s’agit-il?
Et bien d’un sourire franc et amical.

Et aussi le sourire de quelqu’un qui n’a vraiment pas envie de prendre un autre taxi pour retourner chez lui.
Bref, le genre de sourire qui ne dure pas bien longtemps…

Les policiers n'avaient fait aucun problèmes. Cela voulait donc dire que Diechi avait respecté une certaine forme de loyauté, ce qui fit plaisir à Juliet. Après avoir prit les numéros, les deux agents promirent d'appeler les deux individus si ils arrivaient à trouver les coupables mais que pour le moment, ils pouvaient rentrer chez eux. Si nécessaire, ils avaient le droit d'appeler une cellule de soutien psychiatrique au victime d'aggression violente. La journaliste n'allait pas en avoir besoin, elle allait plus que bien. Certes, le corps et la réaction de Diechi l'avait profondément dérangé et dégouté, mais elle ne se sentait pas spécialement mal dans sa tête.

En partant Diechi accepta finalement de se révéler, ne serait-ce que en partie. Il communiqua son fond de penser, pour tenter de justifier ses réactions précédentes. C'était honnête et, si il disait vrai, une preuve de confiance qui fit gentiment sourire Juliet. Elle avait vu plutôt clair dans son jeu, il avait effectivement triché aux cartes. Mais la journaliste décida de lui rendre la pareil.

- "Avant de te demander quoi que ce soit, je vais m'occuper de me présenter également. Sans faux-semblant ou jeu de manipulation. Promis" dit-elle en souriant "Juliet Hopkins, journaliste au Wake Up Palema. J'étais venue à ce Casino pour en savoir plus sur ce Morris qui avait la réputation d'être un mafieux. J'espérais qu'il puisse me communiquer des informations sur une personne que je recherchais. Mais cet homme était très peu intéressant, l'archétype même de l'homme lourdeau et incapable. Je t'ai pris, au début, pour un petit flambeur en manque de sensations forte. Mais tu as laché plusieurs fois des informations qui n'avaient aucun sens. Tes propos semblaient déconstruits ce qui m'a mit la puce à l'oreille. Finalement, avant que tu ne partes au toilette, j'ai vu que tu étais quelqu'un de plus complexe que prévu et j'ai entrepris d'en découvrir plus sur toi. Au final, je ne suis pas déçue du tout. Tu as raison, il m'arrive de jouer des rôles également mais là, je suis honnête avec toi"

Juliet lui sourit, espérant que sa tirade suffirait à le convaincre de sa bienveillance. Maintenant, il était temps des questions. Probablement qu'il valait mieux commencer doucement.

- "Pour le moment, je veux juste en savoir plus sur toi et accessoirement sur cette dépression. Mais n'en parlons pas encore, je sais respecté la vie privé parfois" dit-elle amusée "Dis-moi Diechi, tu es une personne qui semble errer sans but, déboussolé par ce qu'il s'est passé. Et si tu avais la possibilité de faire un voeu, un voeu qui te donnerait un but dans la vie, que serait-il?"

Il était hors de questions de proposer un contrat à un indécis, alors Juliet allait tâter le terrain d'abord.

Elle me sourit, et je dois dire que moi aussi je garde mon sourire. Très curieux ça. C’est la première fois depuis longtemps que je sens que je vais apprécier une discussion. Normalement, je parle avec des gens idiots, et s’ils ne sont pas idiots, ils sont malhonnêtes ou se pense meilleur que moi… Ce qui en revient à dire qu’ils sont des idiots, parce que les probabilités qu’ils soient plus intelligents que moi sont plus que très basses. Et souvent, les rares personnes intelligentes que je croise sont du genre silencieux et réservé, et ne sont pas d’excellents partenaires pour la discussion. Je comprends et respecte leur silence, mais ce n’est tout simplement pas la bonne démarche si le but est d’apprécier le moment.
Mais là, avec Juliet, j’ai un sentiment que ma soirée va être bien moins pénible que prévu. Bon, je n’irais pas jusqu’à dire qu’elle deviendra mon amie… Je n’ai encore rencontré personne qui se mérite ce titre. Mais son honnêteté, sa capacité d’analyse, son sang-froid dans l’action, sa curiosité et, plus important que tout, le fait qu’elle parle en longs monologues tout comme moi, sont tous des indices que je vais beaucoup apprécier ma discussion.

-Pour le moment, je veux juste en savoir plus sur toi et accessoirement sur cette dépression. Mais n'en parlons pas encore, je sais respecter la vie privé parfois. Dis-moi Diechi, tu es une personne qui semble errer sans but, déboussolé par ce qu'il s'est passé. Et si tu avais la possibilité de faire un vœu, un vœu qui te donnerait un but dans la vie, que serait-il?

Intrigant. Maintenant que j’y pense, c’est la première fois que quelqu’un d’autre que Nina s’intéresse à moi et me questionne. Certes, j’ai toujours eu toute l’attention de mon frère, mais qu’on me pose des questions émotionnelles ou sur les rêves… Il n’y avait que Nina qui s’intéressait à moi de la sorte. Et je dois dire que sa question ma figé quelque peu sur place. Je peux entendre de nouveau la question de Nina dans ma tête, il y avait de ça 4 mois :

-Si tu pouvais ne faire qu’un seul vœu, qu’est-ce que tu souhaiterais?

J’avais pensé sur le moment à souhaiter être heureux, je m’en souviens. Puis j’avais pensé à si je voudrais recevoir le cadeau d’une grande connaissance, du genre : Qu’est-ce qu’il y a après la mort? Le Code de Steins est-il vrai? Quel est le but de l’univers? L’être humain est-il plus qu’un parasite planétaire? Désirer la réponse à ces questions est très certainement une belle façon de s’assurer que notre courte vie ne soit pas inutile et qu’on fasse partie d’un système bien plus grand… Mais le seul effet que ça aurait serait de me faire cesser de craindre la mort.
De plus, question de Juliet était différente de celle de Nina quelque peu. Elle parlait d’un vœu qui me donnerait un but dans la vie. Et mourir sans peur est très certainement à l’opposé de cette recherche d’un but.

-Me connaissant, je ferais un peu d’analyse de la situation. Si on peut m’accorder un vœu, alors ça voudrais dire qu’une forme de magie existe, et si cette forme de magie existe, alors ça ouvrirait mes perceptions de l’âme humaine et de la vie. Bref, ça calmerait mes inquiétudes face à la mort, la mienne, et celle de cette fille que j’ai aimé. Du coup, plus besoin de demander si un paradis ou autre invention humaine existe. Ce qui fait que je devrais profiter au maximum de cette magie dans ma vie de tous les jours, quelque chose qui me soit utile…

Je me mets à rigoler un peu, une main par-dessus ma bouche pour ne pas paraitre grossier de cet acte soudain de joie.

-Ça va sonner peut-être immature, ou égoïste, mais j’aimerais avoir une sorte de superpouvoir. Je suis assez intelligent, et je n’ai aucun désir pour voler dans le ciel ou cracher du feu… Mais j’aimerais bien pouvoir comprendre les êtres humains. En savoir plus sur les gens, savoir quand je peux leur faire confiance ou non, s’ils me mentent, ce qui les tracasse, ce qui occupe leur esprit… Alors peut-être aurais-je pu éviter le cas de Nina. Ou un cas semblable dans le futur.

Je viens de réaliser que, lorsque je mentionne le nom de Nina à quelqu’un d’autre, pendant un instant, j’ai l’impression d’avoir fait une erreur, d’avoir salit son nom en le prononçant. Puis cette impression disparaît, comme elle est apparue. Il ne s’agissait que d’une pensée possessive, protectrice et égoïste. Le fantôme de Nina n’avait pas besoin de règles stupides pour s’occuper de sa mémoire.

Alors que nous discutons, un sans-abri s’approche de nous. Un homme avec un grosse barbe sale. Il est probablement assez jeune, mais la drogue à creuser des rides sur son visage qui lui donne l’air d’avoir 20 ans de plus qu’il n’en a réellement. De l’héroïne probablement. Il attire mon attention en tirant sur la manche de ma chemise.

-Hey, t’as-tu une clope?

En silence, j’ouvre mon veston, replié sous mon bras, et je lui donne le paquet de cigarettes du chauffeur de taxi et le briquet encore fonctionnel. Il est surpris de ma générosité, me regardant avec de gros yeux et souriant avec les quelques dents qu’il lui reste. Par une quelconque pulsion, peut-être parce que j’ai envie de voir son expression de confusion devenir encore plus grande, je sors 6000$ de mon veston et je dépose les paquets d’argent dans ses mains. Puis en silence, je replie mon veston et me retourne vers Juliet :

-Allons parler ailleurs. Je crois qu’il y a quelques cafés qui sont encore ouverts à cette heure.

Puis je m’éloigne lentement du barbu. Je ne lui ai pas donné l’argent parce que je suis une bonne personne. Après tout, peut-être brûlera-t-il les 6000$ pour faire une surdose de drogue et on le retrouvera mort sous peu. Ou peut-être changera-t-il sa vie du tout au tout.
Mais hey, comment pourrais-je savoir ce qu’il compte faire avec cette argent?
Je ne sais pas lire dans les pensées moi.

Juliet le regarda réfléchir un moment. Au moins, il ne débitait pas une annerie sans réflexion tel que "je veux être puissant" ou "je veux être riche". Il devait probablement imaginer les risques et danger de chaque voeu, du moins c'était ce que la journaliste imaginait. Les voeux, en particulier ceux des contracteurs, sont toujours à double tranchant.

Étonnamment, si les voeux existaient, cela soulagerait Diechi des concepts de paradis et de vie après la mort? Pour quels raisons? Cela n'enlevait nullement toutes les symboliques de la somme des bonnes et mauvais actions effectuées dans la vie, si chère aux religions. Au contraire, il devrait en avoir encore plus si, comme Juliet l'imaginait, Diechi était un athée convaincu. Mais pourquoi pas après tout, si ça le rassurait c'était déjà ça. Elle, de son côté, ne faisait pas spécialement attention à cette histoire de vie après la mort. Elle était sûre que peu importe où elle se retrouverait, elle se débrouillerait. Mais, si elle devait rester logique, probablement que les morts n'allaient que rejoindre Kyu ou Bey, pour l'alimenter dans ses capacités.

Au final, Diechi souhaitait quelque chose de plutôt simple, surtout pour une personne ayant perdu un proche. Il souhaitait comprendre. Comprendre pourquoi les gens faisaient cela. Cela lui donnerait peut-être une capacité de lecture de l'esprit, si il passait un contrat. Dangereux mais très utile, il faudrait trouver un moyen de le garder contrôlé pour ne pas qu'il se retourne contre Juliet ou les autres. Serait-il même prêt à suivre des ordres? Juliet allait répondre quand un sans-abri s'approcha pour faire la manche, il ne souhaitait qu'une paire de cigarette, mais il reçut bien plus.

Diechi avait non seulement donné le briquet et les cigarettes, un geste que Juliet aurait pu faire dans des situations de bonne humeur, mais il donna également le reste de son argent. Etait-il totalement... Juliet n'en revenait pas. Ils avaient travaillé dur pour cet argent, ils avaient failli mourir (Diechi en particulier) et il donnait le tout à un homme qui n'avait rien fait pour ces 6000$. Aucune information, aucun échange, aucune... utilité. La journaliste n'en revenait pas et suivit Diechi en jetant des coups d'oeil derrière. L'homme sans-abri loua le seigneur et disait à quel point le Flambeur était un ange, béni de Dieu.

- "Effectivement, on a beaucoup à discuter. C'était quoi ça? Je ne comprends pas" dit-elle en le regardant, un brin réprobatrice "Et y a effectivement un café pas très loin de chez moi, allons-y... Quant à ton voeu, on en parlera en y arrivant"

Juliet voulait d'abord une explication sur ce don bien trop généreux. Diechi allait devoir passer un examen psychiatrique, il était vraiment trop instable.

[HRP : A toi de voir si tu ouvres le prochain RP ou si je le fais après ton prochain post .D]

-Effectivement, on a beaucoup à discuter. C'était quoi ça? Je ne comprends pas. Et y a effectivement un café pas très loin de chez moi, allons-y... Quant à ton vœu, on en parlera en y arrivant

Elle me regarde, le regard réprobateur. Je lui réponds d’un sourire :

-Il me reste environ 3000$, et j’ai commencé la soirée avec 2000$... Donc j’ai gagné. Oh, et tiens, quelque chose à lire pour la route.

Je lui donne la carte noire de Morris avec l’œil de Lynx. Si elle disait s’intéresser à Morris à la base, pour être un mafieux, elle devrait trouver une carte d’affaire avec un numéro de téléphone quelque chose de très intéressant. Elle pourrait même travailler avec la police et espionner cette ligne de téléphone, pour trouver des preuves pour l’incriminer.
Je me fous bien de l’argent. Je suis assez bon pour analyser ma propre psyché, et je sais que je sortais espionner Morris juste pour sortir de chez-moi, car je ne m’y sens pas à l’aise depuis la mort de Nina. Ce n’était pas l’argent qui m’intéressait, c’était le fait de gagner avec mon cerveau, de ressentir de la fierté et une adrénaline suffisante à me redonner de la joie de vivre. Et pour cela, cette soirée fut une réussite. Certes, la violence en taxi fut assez secouante, mais ça m’a poussé à reconsidéré des choses sur la vie et la mort que j’avais oublié.
Et plus particulièrement, mon amour des gens.

J’ai été choqué par le meurtre du chauffeur de taxi, mais j’aurais été prêt à me servir de son cadavre si ça m’aurait aidé à survivre. Et je viens peut-être de condamner un junky à s’étouffer dans son vomi. Et pourtant, je ne ressens pas la moindre honte. Et le plus horrible, c’est que je sais pourquoi.
Pour moi, il est naturel qu’ils meurent.
C’est de la faute du junky de ne pas avoir une meilleure compréhension des besoins de son corps et de faire des investissements judicieux. C’est la faute du chauffeur de taxi de ne pas avoir compris les signes sur le visage du voyou avant qu’il ne tire. Moi je peux voir tout ça, alors je trouve normal que les choses se sont produites de cette façon. C’est de leur faute, même si les truands en étaient après mon argent à moi, et pas au chauffeur de taxi…
Je sais que c’est une façon horrible de penser. Je le sais, parce qu’au contraire, lorsque je pense à Nina, une personne qui s’est clairement donner la mort à elle-même, je réussis à me convaincre que c’est de ma faute. Que c’est à cause de moi. Ce qui n’a aucun sens, parce que la mort de ces autres personnes est techniquement de ma faute, mais je n’ai pas honte, et celle de Nina, techniquement de sa propre faute, me remplit de honte. Curieux…
Suis-je bon ou mauvais? Les codes moraux et éthiques sont définis par notre éducation, et peuvent différés énormément entre individus. Était-ce pour cette raison que Juliet m’avait regardé avec réprimande? Parce que je venais de mener le junky à sa mort prochaine? Me voyait-elle comme un marchand de mort? Un homme qui mène tous ceux avec qui il entre en contact à une mort indirecte?
Eh, peut-être bien. Peut-être bien que je suis insensible aux autres…

Bon, c’est décidé, lorsque j’aurais du temps, je vais devoir rester chez-moi plus longtemps et faire face au fantôme de Nina. Essayer de rester jusqu’à ce que je puisse comprendre ce sentiment de dépression. Il me faudra faire face à mon traumatisme évident. Je ne peux pas continuer à chercher des expériences de plus en plus intenses… Sinon je ne serais pas mieux que ce Junky, accro aux réactions chimiques créées par mon système cérébral.
Mais bon, ce sera pour une autre fois. Pour l’instant, profitons de la nuit fraîche.

D’ailleurs je commence sérieusement à me les gelés sans mon veston tristement ensanglanté. Mais bon, je peux le tolérer encore un peu, le temps d’arriver au café. C’est toujours mieux que d’appeler un autre taxi.
Aussi, j'ai foutrement faim. Vomir autant en si peu de temps n'aide pas à ma santé, malgré tout les bienfaits connus des canneberges.

[HRP: À toi d'ouvrir le prochain sujet. Je penses que le prochain RP sera plus court que celui-ci ^^]

FIN DU RP.