Appart' de Nylian:

Titre badass de sujet in english because it's better

John Fallen

Je retape une énième fois le code de mon appart'. Pas que je l'ai oublié puisque je vie ici de puis grosso modo 3 ans. Mais j'ai une mauvaise coordination oeil-main. Probablement dû a l’abus de substance éthylique dans un but récréatif.
En fait, je suis juste complétement bourrée.
Je retape une dernière fois et mes doigts daignent à appuyer correctement sur la bonne combinaison. J'entre et la chaleur du hall me surprend et m'étouffe. Le sang me monte a la tête, mais rien d'alarmant. Je ne donnerai pas du boulot supplémentaire a la concierge. Pas cette fois...
Deuxième porte a passer. Deuxième épreuve pour rentrer chez moi. Je grogne face a mon incapacité à taper correctement sur le pavé numérique. Il y a a chaque fois le léger bruit suraigu qui m'indique que je le code est entré correctement, mais la porte ne s'ouvre pas quand je la tire. Je rale une dizaine de minute avant de comprendre : Il faut la pousser.
3 ans et infoutu de se souvenir de ca...

J'enterre aussi vite dans ma mémoire ce moment de solitude, juste a coté de la carrière de danseuse (Qui se limite généralement a "la danse de l'asticot" juste aux soirées un peu alcoolisées)
Tant bien que mal, je monte les huit étages avec une discrétion toute relative. Une fois sur le palier, je galère à me souvenir de quelle clef entre dans la serrure. Cependant quand je daigne a accorder mon regard aux alentours, mon œil tombe sur cette orchidée blanche, un pot déposé simplement au sol.  Je comprends avec une clartés miraculeuse ce a quoi faisait référence cette fleur. Je me retourne, comme happé par un relent angoissant. Mon regard se perd dans le noir pour sonder l'obscurité et s'accroche a un brin d'ombre plus épaisse, ou se délimite légèrement une silhouette frêle qui avait hanté mes cauchemars angoissants. Mais soucieuse de pas me démonter, je me contente de redémarrer la conversation sur le ton exact où elle s'était achevée il y a de cela trois mois :

" J'aurais du précisé que je préférais les blanches au coeur violet ? Ou ça aurait nécessité deux mois supplémentaires ?

Ouah, je suis pas complètement déchiré non plus : La preuve, je suis capable de sarcasme. C'est signe que je suis plutôt en bonne santé non ?

Bot Ninten

Après les événements de la boutique de vêtements, John avait commencé à suivre certains soirs la gérante, et il avait fini par obtenir son adresse, son code d’entrée et même son nom, Nylian Hunt ; il pouvait remercier pour cela sa sonnette et les nombreuses cuites de Nylian, qui lui permirent de bien noter le code, à force de le taper en boucle. Pourtant, il avait mis plusieurs mois supplémentaires à enfin venir apporter des fleurs. En fait, la raison de ce retard était qu’il avait tout à fait oublié celles qu’elle voulait, et il ne souhaitait pas venir en s’était trompé de bouquet. Et puis, un bouquet coûtait cher, et il avait eu à mettre de côté de l’argent pendant plusieurs semaines pour enfin être capable de les acheter ; il ne se voyait pas déverser tout un butin là-dedans, ce ne serait pas correct.

Cela faisait maintenant 1h30 que John attendait dans l’ombre du palier de Nylian, mais elle ne venait toujours pas. Il devait être tombé sur un soir de beuverie, ce qui au moins lui donnerait peut-être une chance de s’en sortir sans qu’elle appelle à l’aide.

La porte du bas s’agitait. En vain. Au bout de pas mal d’essais, elle s’ouvra enfin, et au bruit John put comprendre que la montée des étages fut fastidieuse. Huit étages tout de même, et John pris une petite mine impressionnée. C’était tout de même une performance de trouver autant de marches à la suite avec pas mal de grammes dans le sang. Puis l’athlète s’arrêta net devant les fleurs. John n’avait aucun doute, c’était bien Nylian qui se tenait là.

"- J'aurais du précisé que je préférais les blanches au coeur violet ? Ou ça aurait nécessité deux mois supplémentaires ?

John sourit. Depuis cet été, il n’avait pu faire preuve de sarcasme qu’une seule fois, et ce n’avait pas été très fameux. Et puis, pour une fois qu’il était par ici sans la volonté de voler quelqu’un, il était content. Après tout, le petit duel estival lui avait plu ; et s’il se produisait à nouveau il ne pourrait qu’être plus drôle, la menace du couteau en moins. Alors John sorti de l’ombre et s’approcha de Nylian, comme pour la saluer.

« - Hmm, ce sera l’hiver dans deux mois, je pense que tu aurais plus pu parier sur cinq, histoire d’attendre le printemps. »

Il ne put résister à la tentation de relancer une petite pic par rapport à leur dernière rencontre.

« - J’espère que les affaires vont mieux, ça faisait longtemps, Nylian. »

Il espérait néanmoins que celle-ci n’ait pas trop abusé sur l’alcool ; il n’avait pas franchement envie de rentrer chez lui les chaussures souillées.

« En plus du mot magique, ta maman t'as jamais dit que c'était pas bien d'utiliser le nom de quelqu'un sans t'être présenter auparavant ? Le concept de pied d'égalité à jamais percuté ta boite crânienne ? »

C’était vraiment cinglant, John fixa Nylian, surpris, quelques instants. Même s’il se souvenait de ce soir-ci, il faut dire que personne n’avait osé lui répondre aussi sèchement depuis longtemps. A croire qu’elle le méprisait. Enfin, ça, John le croyait à vrai dire.

« -Ah... et c'est pas pour te décevoir, mais j'ai vraiment rien de précieux dans ma maison. Mais tu pourras à la limite voler mon bocal à juron qui est bien plein ces derniers temps. »

Ah, c’est donc ça le souci, elle croit que je viens la voler…En pensant cela John ne put réprimer un sourire. Il savait que ce n’était pas le plus doué des voleurs, mais tout de même, il n’en était pas tombé à se présenter avant même de commettre son méfait. John souriait d’autant plus que Nylian n’avait même prit la peine de le remercier pour les orchidées ; ironique venant de celle qui lui reprochait son manque de politesse. Il prit son temps avant de répondre, afin de trouver les bonnes paroles. Car il faut dire qu’avec son tact inné, il serait vite fait pour lui de dire l’inverse de ce qu’il pense.

« - Dixit celle qui ne me dit même pas merci pour les fleurs. J’sais pas trop tu sais, tu risques de le vider assez vite ce bocal ce soir, ce serait dommage de te priver de ton plaisir. Mais après si tu insistes, je peux aller fouiller ton appart’, y aura bien deux trois trucs à revendre… »

Il se tourna vers les fleurs, se baissa, et prit la carte qui était posée dessus.

« Si tu avais pris la peine de t’approcher des fleurs avant de m’incendier, tu aurais pu lire le petit mot. Mais bon, tu as préféré m’accuser, alors que je t’ai rien fait … »

Evidemment, il était de mauvaise foi ; mais c’était volontaire. Alors il tendit la carte à Nylian, sur laquelle on pouvait lire " Ton ami le preux chevalier, John. ". Il avait un sourire béant, moqueur.

« - Tu as raison John en partant du principe que c'est ton vrai prénom. A part tenter de me tuer, risquer mon job. Tu restes un pseudo chevalier servant au service du bien commun. »

John s’inclina, comme s’il mimer un chevalier qui montrait son respect. Il s’attendait à ce genre de réplique, il n’imaginait pas obtenir l’affection de Nylian avec un simple bouquet, il en fallait plus ; enfin, il ne savait même si c’était seulement possible.

Ce qui vint ensuite étonna beaucoup plus John : elle l’avait invité à rentrer chez elle, et ce avec un geste presque galant. Lui s’attendait à rester sur le palier encore quelques minutes, puis se faire virer à grand coup de noms d’oiseaux et autre douces paroles. Il resta un peu abasourdi, et Nylian en profita pour continuer :

«  Ratisse le fond et continue de creuser le sol si tu insistes. Au bout d'un moment, tu arriveras bien un jour a la bedrock de l'estime que j'ai pour toi »

Il émit un petit rire, puis franchit le seul de la porte, nonchalamment. Effectivement, cet appartement avait l’air d’être une sorte de décharge organisée : on dirait que chacun des meubles et objets avaient été trouvé au rabais dans la rue ou dans une revente, ou alors qu’ils étaient vraiment vieux. En soit, Nylian avait raison en disant que John n’allait pas trouver son bonheur dans ce petit logis ; sauf qu’il n’était vraiment pas venu ici pour cambrioler mademoiselle Hunt. John détestait voler des maisons à l’Est, et ne le faisait qu’en cas d’extrême nécessité, or ce n’était pas le cas ce soir-là. Il était juste là pour offrir des fleurs et puis partir, mais apparemment cela allait durer un peu plus que deux minutes finalement.

« - Eh bien, refais-la s’il te plaît, on sent pas assez toute l’aversion que tu ressens pour moi ! Enfin bon, j’ai pas l’intention de te voler, hein, j’suis venu t’offrir quelques fleurs et échanger quelques mots. Mais temps qu’on y est, j’pourrai avoir un café, s’il te plaît ? »

En disant cette dernière phrase, John se tourna vers Nylian, un petit sourire sur le coin des lèvres. Puis, pour pousser le vice, il mima l’action d’un homme qui sort un couteau de sa poche et menace Nylian, sans posséder la moindre lame bien sûr. John savait que c’était déplacé, mais il ne cherchait pas à la mettre à l’aise : ce qu’il souhaitait c’était avant tout de la pousser à bout pour qu’elle continue ses sarcasmes.

« - Ne refait plus ja... jamais ça »

Raté, John n’avait pas vraiment eu ce qu’il recherchait en fin de compte. Il est vrai qu’il ne pouvait pas vraiment s’imaginer ce que ressentait Nylian en le voyant ce soir ; après tout il avait essayé de la blesser à l’arme blanche quelques mois plus tôt. Il devait être plus doux à l’avenir, sinon il finirait par se faire jeter.

« - J'ai pas de machine à café. Maintenant dégage. »

Ah, encore plus rapide que ce que j’avais imaginé… Maintenant elle me prend pour un vrai connard.John perdit son sourire qu’il affichait depuis le début. Il prit une mine désolé et posa sa main sur l’épaule de Nylian, pour la rassurer.

« - Je peux partir si tu le veux vraiment. Mais tu peux être sûr que ce soir rien ne va t’arriver de mal, je suis venu m’excuser en fait. J’aime pas voler les gens qui sont pas des salauds de riches, et apparemment t’en es pas une. Fais plus cette tête-là s’il te plaît. C’est un peu ironique de te dire ça, mais fais moi confiance, ce soir je viens presque en ami. Enfin, j’aurais bien aimé. »

Il disait vrai, John n’avait réellement aucun intention de faire le moindre mal à Nylian, en fin de compte il ne voulait que passer une soirée amusante. Sauf qu’il n’avait aucune expérience des relations humaines, et il avait presque oublié que Nylian était sa victime. Il avait toujours commis ses vols en étant persuadé d’agir pour la bonne cause, mais n’avait jamais réellement réfléchi aux conséquences de ses actes sur ces cibles. A ce qu’il pouvait voir, Nylian était terrorisée par lui ; il se rendit compte qu’elle devait souvent cauchemarder de lui. Et lui était venu " en ami ". Comme si c’était possible pour lui de se faire des amis.

«  - Il y a pas a dire, j'aime bien ton humour John. Et si tu ne plaisantes pas en disant ça, j'avoue que ça me ferait presque perdre foi en l'humanité »

Désolé Nylian, mais je suis sérieux.

« - Si c'est pas le cas rassure toi, tu es probablement le dix millième a le faire. Tu pourras te réconforter en disant que tu aurais presque pu gagner une Audi dans d'autre circonstances »

John n’avait pas saisi la référence, étant donné qu’il n’utilisait presque pas internet. Il sentait le malaise de Nylian sans qu’elle n’ait besoin de le dire. Elle était loin d’avoir l’assurance qu’elle avait eue en été, et John commençait à être mal à l’aise lui aussi. Pour ne pas perdre la face, il s’enfonça dans l’appartement de Nylian et s’assit sur quelque chose qui ressemblait vaguement à un canapé. Il voulait apaiser l’atmosphère, après tout il avait une autre idée derrière la tête pour cette soirée. Après avoir vu la certaine misère de Nylian, il voulait l’aider ; et aider, pour John, cela signifiait voler. En d’autres termes, il voulait faire d’elle une aide potentielle pour ses cambriolages,  et bien sûr lui donner un peu de son butin.

« - J’ai pas compris. Mais va y, entre, fais comme chez toi Nylian. A vrai dire, j’ai une proposition à te faire, un truc qui pourrait t’intéresser. Tu veux l’entendre ? »

Il n’avait pas beaucoup à perdre en lui parlant ainsi ; après tout il n’était pas ici illégalement. D’aussi loin qu’il s’en souvienne, on ne l’avait jamais invité quelque part. Bien sûr, il y avait aussi quand Mary l’avait recueilli ou quand Leeroy lui avait payé un café, mais c’était différent… Il n’était même pas au sud. Il gardait tout de même à l’esprit que son hôte n’était pas très enchantée de sa présence.

« - Je crois comprendre ce que tu veux dire, mais j'avoue que j'ai rarement eu aussi peu confiance en un collègue »

Aussitôt, Nylian s’enfonça dans une autre pièce, et John put comprendre qu’elle faisait du thé. Il décida de ne pas la rejoindre, si elle faisait ça ce n’était sûrement pas anodin. Il était normale qu’elle veuille reprendre ses esprits seule quelques instants, et John respectait cela. Au bout de quelques temps, elle revint dans le salon.

«  Je me souviens qu'il y a trois mois, tu disais que tu faisais ça pour aider les gens. J'avoue que ça m'a travaillé. Mais tu as fait quoi alors de ces 700 balles et des poussières ? »

John était impressionné par la présence d’esprit que pouvait avoir Nylian sous alcool, et il se demandait comme tout ceci ce serait passé si elle avait été sobre. Il ne serait sûrement jamais entré ici en fait. Il était temps de répondre à la question de Nylian, car c’était sa première chance depuis son arrivée de passer pour un type bien. Enfin, pour un moins gros connard en somme, mais c’était toujours ça.

« - Hm, je crois que j’ai pu en tirer pas mal de bouteilles d’eau, quelques ventilateurs et un peu de glace. Avec ça les gosses ont pu tenir près d’une semaine, sans compter la nourriture, c’est déjà pas mal. »

Il ne s’imaginait pas en rester là sur sa réponse. C’était son occasion de faire à nouveau sa proposition, car Nylian était peut-être sensible à cette facette des activités de John.

« - Voilà ce que je te propose, Nylian : tu m’aides à cambrioler les gens, comme ça je m’en sors mieux et tu repars avec une partie du butin. Intéressée ? »

C’était brut de coffrage comme proposition ; John n’était pas bon pour faire des détours. Il se doutait bien que Nylian serait très sceptique quant à ce petit travail qu’il lui offrait, mais au moins elle serait au courant, c’était ce qui importait.

Nylian était à nouveau partie dans la cuisine s’occupait de son thé. John restait assis, songeur. Il se demandait si elle allait acceptait ou non sa proposition ; il est vrai que ce n’était pas quelque chose de commun. En somme, il demandait à une femme qui a toujours vécu dans la légalité de risquer sombrer dans les vols, et courir le risque de se faire arrêter. Il ne savait même si lui-même aurait accepté à sa place.

« - Je ne sais pas... J'ai pas tellement envisagé de me racheter une conscience de la sorte. »

Se racheter une conscience ? John se rendait compte qu’il ne savait rien en réalité de Nylian, et encore moins de la raison pour laquelle elle pourrait se racheter une conscience. Et puis, ça ne suffirait pas pour se sentir bien dans sa peau d’accepter ce petit travail. La joie d’améliorer la vie de ces enfants ne contrebalançait plus depuis longtemps le malaise qu’avait John lorsqu’il volait des gens, et il se savait maintenant souillé.

« - Je pense que je peux aider. Notamment parce que je peux facilement aller dans la maison d'un homme du quartier Nord avec un peu de finesse et de... Mais... franchement... Je... »

John se redressa sur son siège soudainement. Elle est en train… D’accepter ? Vraiment ? Il ne s’attendait pas à une telle réponse, si rapidement. Il était déjà prêt à quitter les lieux pour que Nylian ne soit plus envahie des cauchemars de ce soir-là ; et pourtant elle était en train de se ranger du côté de sa proposition. D’autant plus que s’il avait l’intention de lui soumettre cette idée, il n’avait absolument pas réfléchi au rôle qu’elle pourrait jouer dans ses vols. Et elle avait une idée apparemment. John entendit que Nylian fouillait dans quelque chose, puis au bout de quelques instants, elle reprit :

« - C'est du Rohypnol un doc' m'en a filé avant que sa vente soit interdite aux états unis, il y a 2-3 ans.
Je sais d’expérience que si tu bois de l'alcool avec ce truc, tu as une amnésie totale. »

Elle venait de lui offrir le plan sur un plateau. Alors elle était prête à séduire des riches, puis à leur faire ingérer ce médicament une fois chez eux ? Cela était une excellente proposition, quoique John restait néanmoins sur ses réserves : cela était très dangereux pour elle. D’autant plus qu’elle était tout à fait novice en la matière, et une erreur était vite arrivée. Il en savait quelque chose. Sans bouger de son siège, il répondit à Nylian :

« -Ecoute, je vais te faire une dernière proposition ce soir. Soit tu prends ce médicament, et avec ce que tu as déjà dans le sang tu oublieras cette petite discussion, ce qui est peut-être mieux pour toi. Soit tu le laisses ici, et tu deviens ma collègue ; et tu pourras l’utiliser sur quelques salauds que l’on rencontrera. A toi de choisir. »

Pour une fois, il avait soigneusement pesé ses mots. Il ne voulait pas brusquer Nylian, car il lui demandait tout de même de risquer sa liberté pour seulement quelques escapades.

Nylian rejoignit à nouveau la cuisine, cette fois ci pour amener le thé. Deux tasses de thé, elle en avait donc réellement préparé pour John. Cette attention le fit sourire ; et, trop concentré sur les tasses, ne remarqua pas que Nylian tenait quelque chose dans sa main. Après quelques instants qui s’apparentèrent pour John à un temps de réflexion, Nylian finit par sortir une pilule et la faire tomber dans son thé.

« - Je vais devoir expliquer a mon moi du futur la présence de cette orchidée. »

John était un peu triste de ce dénouement, quoiqu’attendu, mais ne put réprimer un petit rire face à la blague.

« - Je... Suis désolée... John »

Tu me la joues drame Nylian ? Tu m’étonnes là, j’aurais plutôt imaginé une réplique plus cinglante, mais bon, passons. Au même instant elle émit un petit grognement, et John comprit qu’elle avait oublié que le thé venait à peine d’être prêt.

« - Ah... Putain j'avais oublié a quel point c'était chaud cette connerie.
Putain, ca casse mon effet dramatique »

John rit franchement. Pas que ce fut exceptionnellement drôle, mais cette dernière réponse fit retomber la tension dans l’esprit de John. Alors, elle avait fait son choix, celui de garder sa vie et d’oublier la proposition de John. Il ne lui en voulait pas, et il comprenait tout à fait ce choix ; comme il se l’était déjà dit auparavant, même lui n’aurait pas été sûr d’accepter cette proposition si on la lui avait faite ce soir.

Maintenant, il savait qu’il devait partir, mais il ne voulait pas non plus laisser ce thé ici, sans y toucher. Alors il le but d’une traite, et grogna lui aussi.

« - Merde, j’étais trop perdu dans mes pensées, j’avais oublié ça aussi… »

Il rit à nouveau. Cela le détendait, il se sentait presque calme maintenant. Il se leva de son siège, puis se dirigea vers la porte d’entrée. Il se tourna finalement vers Nylian, pour lui faire ses adieux :

« - Merci pour ce thé, il était vraiment bon. Bon, maintenant faut que je me sauve avant que ton truc fasse effet, ce serait con de rejouer la scène à nouveau… Ah, et oublie pas de jeter la carte avant de t’endormir, faudrait pas non plus que tu te souviennes de notre petit entretien. Finalement t’as fait le bon choix, ta vie sera beaucoup plus tranquille comme ça, et tu seras en sécurité au moins. Au revoir Nylian. »

Et il ouvrit la porte. Il s’arrêta quelques instants sur le pas néanmoins. Merde, moi aussi je l’ai fait presque dramatique voire sympathique ma réplique, elle va se foutre de moi. Fait chier.

« - Au fait, avant que j'oublie tout le merdier qui va se passer, juste pour la symbolique. C'est quoi ton vrai nom John ? Smith ? Snow ? »

John s’arrêta net sur le palier, et se mit à repenser à la dernière fois qu’on lui avait demandé son nom. C’était plutôt récent en fin de compte, cela remontait à quelques jours à peine, lors de ce café avec Leeroy. Sauf qu’aujourd’hui il savait qu’il devrait parler plus lentement, afin de ne pas balancer une nouvelle fois son vrai nom ; même si elle l’oublierait aussitôt. Oh, et puis bon, on s’en fout qu’elle sache tout. Au moins elle sera contente les quelques minutes pendant lesquelles elle sera encore consciente.

« - Mon nom entier ? Théodore Brun. Mais tu peux m’appeler John Fallen, je préfère ça, c’est plus … vivant. »

Et il rit en quittant cet appartement, il rit seul de sa blague qu’elle ne pouvait pas comprendre. Il avait bien rit ce soir, même si ce n’avait pas été le duel de cynisme qu’il avait imaginé. Il avait même eut l’espoir, l’espace d’un instant qu’elle accepterait et qu’elle suivrait. Mais ça aurait été trop beau, se créer des liens avec deux personnes en l’espace d’une seule semaine, ça aurait été trop pour John.
En descendant les marches de cet immeuble, il se demandait s’ils allaient se rencontrer à nouveau. Si cette fois-ci, elle serait sobre et le dénoncerait aussitôt ; si elle le haïrait toute sa vie. Beaucoup de question au final, auxquelles il espérait ne jamais avoir de réponse. Il voulait respecter le choix de Nylian et sortir, définitivement, de sa vie.