Ce que je peux détester cette nuit. Je m'en veux d'avoir dormi alors que je sais pertinemment que David n'a pas dû fermer l’œil ne serait-ce qu'une seconde. Mais peut-être est-ce le trop plein de films, de possibilités et d'hypothèses que j'ai tentée de monter dans mon esprit pour parvenir à une conclusion plausible et correcte qui avaient terminée de me fatiguer.

Toutes ses notes qui ont sembler voler même dans mes cauchemars, créant des imbroglios complètement invraisemblables à cette affaire. Car malgré tout, il faut le reconnaître. Je me base sur des faits Humains. Si des Nephils ou des Seraphs sont mêlées à tout cela, tout ce que nous avons déjà découvert pourrait se révéler nul et non avenue. Mais personne à part David ne sait que je suis alors je ne ferais pas connaitre ma Nature sauf si c'est réellement nécessaire.

Enfin, le soleil n'est pas encore levé et déjà, je suis prête à partir. Je ne me sens pas aussi reposée que je le devrais mais ce n'est rien comparé à ce que doit enduré David alors je me dois de faire bonne figure et de mettre un terme à toute cette histoire. D'en trouver la conclusion finale pour enfin le libérer de ce poids. Il a déjà tellement à supporter, il n'est pas juste de lui infliger cela mais la vie est une garce, c'est bien connu.

Ma moto avale les kilomètres et mon cœur se serre un peu en reconnaissant la bourgade de Little River. Pourtant, cette dernière n'est plus à la fête. C'est fou comme les apparences peuvent changer en si peu de temps et le ressenti qui va avec également. Enfin, je vais me garer sur le place principale du village alors que le soleil fini de se lever timidement. Je viens m'installer à une terrasse de café où je tends l'oreille pour capter les discussions diverses alentours. Evidemment, les commères du quartier jasent, Et les regards se tournent naturellement sur un homme âgé d'apparence sec et sévère.

Je prends en note tout ceci, commandant un thé noir et faisant mine d'être un simple étudiant révisant ses cours en attendant l'arrivée de Russel Blake. Avec un peu de chance, il ne tarderait plus. Sinon, je commencerais mes investigations sans lui.

Bonjour..."

"-Bonjour Mr Blake. J'espère que la nuit vous a été profitable."

Oui, je reste très poli. Et puis, étant forcément de nouvelles têtes dans ce petit village où tout le monde connait tout le monde. Autant laisser les gens s'habituer à notre présence et presque nous oublier avant de se décider à faire quelque chose qui pourrait attirer leur attention. Aussi, je reporte mon attention sur ma table, laissant malgré tout mes oreilles traîner, le thé fumant me faisant du bien. Au moins, je n'aurais pas complètement le ventre vide ce matin.

"Je propose que nous fassions nos recherches dans un premier temps pour comprendre la raison de la venue de Mme.Klee dans sa villa. Parmi les habitants, peut-être que quelques uns ont des infos."

"- Dans ce genre d'endroit, tout le monde connait tout le monde. Il suffit de trouver en plus celles ou ceux qui savent tout. Ce qui ne devrait pas être bien compliqué en soi..."

Mon regard se pose sur les deux commères assises 2 tables plus loin dans on dos. Les mères cancans du coin, sans aucun doute. Je suis persuadée qu'elles pourront nous en apprendre beaucoup sur les allées et venues de Mme Klee. Avec un tout petit peu d'astuce, elles se feront même une joie de nous en dire plus que nécessaire.

"Au vu du nombre, je pense qu'il serait judicieux qu'on se sépare pour interroger... Puis faire un rapport sur nos trouvailles."

"- Je suis aussi de cet avis. Et si cela ne vous gêne pas, j'aimerais bien commencer par ces deux dames ici présentes. Je pense qu'elles auront beaucoup à nous apprendre."

D'ailleurs, certaines de leurs paroles attisent déjà ma curiosité sans que je ne réagisse pour le moment. Des travaux terminés, un bout d'chou, des données qui peuvent avoir une importance comme aucune mais que je prends en note. Voilà déjà une base de travail pour ma part.  

« Et bien... j'espère que vous trouverez les réponses que vous chercher. »

Ça oui. Je trouverais. Et je suis même persuadée que je n'apprécierais pas tout ce qu'il me reste à découvrir. David est un mystère entouré d'un nœud de secrets au fond d'un panier d'énigmes. Et même si j'ai accepté cela dès le départ, le fait d'être plus proche que jamais de la vérité de qui il est réellement me rend un peu nerveuse. Tout en me rendant plus intransigeante que jamais sur mon propre compte. Je dois réussir, je n'ai pas le choix. Je laisse Russel entrer en contact avec le jardinier, observant du coin de l’œil les deux mégères toujours dans mon dos.  

« Bonjour, pardonnez moi de vous déranger. J'ai crut comprendre que vous travailliez avec la terre. Je suis professeur à la Fac de Palema et j'aimerai vous posez des questions pour mon futur cour sur le sujet de l'esthétisme des jardins modernes. Je suis notamment intéressé par le jardin de la villa de ce village.
Vous fumez ? »

P... Professeur, je suis Patrick Smith! Je suis le jardinier de la Villa que vous avez vue! Je l'entretien depuis près de quinze ans! C'est un honneur! 
Ben c'est pas de refus, Monsieur le Professeur. C'est vrai qu'il est beau le jardin! Il a une bonne terre aussi! Pis je m'applique à lui faire changer de tête assez souvent, pour que la terre, elle reste fertile! 

Bon, son entrée en matière était bien réussi et le poisson avait mordu à l'hameçon sans mal. De plus, les deux commères derrières s'étaient soudain redressées, se mettant davantage en valeur, comme si elles attendaient qu'il vienne ensuite à les repérer et s'intéresser à elles. Je note cela avant de terminer mon thé et de me relever tranquillement avant de me diriger vers ces dernières. Je les aborde avec un sourire affable, les saluant très poliment en parfait gentleman que je semble être.

"- Bien le bonjour, Mesdames. Belle journée, n'est-ce pas? Me permettez-vous de me joindre à votre tablée?"

Je les laisse se concerter et me donner leur accord avant de venir m’asseoir avec elle, me mettant de dos à Russel. Je suis en mission, je ne veux pas être perturbée par ses possibles aléas. Même si visiblement, les choses se passent au mieux pour lui et c'est particulièrement positifs pour nos recherches.

"- Je suis nouvellement arrivé dans ce ravissant hameau et je me sens un peu perdu. Vous avez l'air de bien connaitre les lieux aussi, serais-ce trop vous demander que de me renseigner un peu sur Little River et ses habitants? "

Normalement, cela devrait suffire à piquer assez leur curiosité pour que leurs langues se délient. Ce genre de personnages aime être le centre de votre attention hors là, je leur offre cette occasion sur un plateau d'argent. J'espère seulement qu'elles ne feront pas trop la fine bouche.

2 : Vous êtes étudiant? Oh! vous avez une si jolie peau! On dirait celle d'une poupée!

Je souris légèrement au compliment de la première femme, y étant malgré tout assez habituée. Ce n'est pas la première fois que j'ai le droit à ce genre de remarque même si cette dernière me surprend toujours autant. Après tout, je n'ai jamais rien fait pour ça.

1 : Margaret, un peu de tenue! Vous savez, jeune homme, Little River est un endroit très ttranquille en temps normal. Nous n'avons pas beaucoup de rues, pas beaucoup d'habitants, pas beauccoup de nouvelles. Mais comme nous étions en train d'en discuter, il se trouve que Mme Klee, une de nos voisines, a perdu son mari récemment. Vous savez? Ce riche homme d'affaire, d'il y a 3 jours, mort d'une crise cardiaque! 

2 : Mon Dieu! On a croisé sa veuve le matin de la nouvelle, un fantôme! Et il laisse des orphelin! Même si son dernier ne l'a pas beaucoup connu!

"- Oh oui, j'en ai entendu parlé, les médias n'ont pas cessés de répéter cette information ces derniers jours. Je ne savais pas que la femme d'un tel homme vivait ici. Qu'elle perte pour sa famille. "

Il est vrai que Mme Klee semblait réellement peinée par la disparition de son mari mais ce n'est pas elle qui me fait le plus ressentir la douleur de cette mort. Je revoie le visage décomposé de David, sa fatigue, ses traits tirés, son apathie totale et puis sa détermination froide. Il était tellement affecté, et moi qui ne pouvait rien faire. Mis à part enquêter ici. Et noter ce détail que j'avais déjà cru entendre.

"- Ses enfants et sa femme doivent le pleurer à chaudes larmes. De ce qu'on en dit, ce n'était qu'un Homme de bien. Etre orphelin est si difficile, surtout en bas âge. Rassurez-moi, ses enfants ne sont pas trop petits, j'espère?  "

Je me montre concernée mais pas invasive. Touchée ais pas d'une curiosité morbide. Simplement de quoi attiser encore leurs langues bien pendues. Mon pouvoir fait son effet, elles ne devraient donc pas faire les difficiles pour me donner tout ce que je leur demande et même plus. En espérant ne pas faire de faux pas malgré tout.

2 : Grand Dieux, heureusement que ses filles sont grandes! Mais pour le petit dernier, ça va être dur! 

1 : Allons bon, il ne l'a pratiquement jamais vu! il n'y a que sa mère et le vieux Smith à côté qu'il voit. Je me demande même s'il sait que son père est mort! Sa mère n'a pas dû lui dire ! 

Dites-donc les deux harpies! Steven est fragile! Il est tombé malade pendant une semaine en apprenant la mort des poissons du bassin! Vous imaginez le choc qu'il aurait en apprenant que son père est mort?! Alors cessez donc de vous acharner sur ce pauvre garçon! Pour tous les enfants de 12 ans, perdre un parent est très dur, mais avec sa santé, il risque d'y rester. 

Le petit dernier. Il ne l'a quasiment jamais vu. Steven, 12 ans. Son père est mort. La réalité me frappe avec une force impressionnante alors que d'autres mots me reviennent. Il nous a promis une bonne nouvelle bientôt. Est-ce que Mr Klee envisageait de révéler à ses autres enfants l'existence de ce frère inconnu? Et David? D'un seul coup, tout un tas de mobiles différents venaient s'ajouter à ceux déjà existants. Si quelqu'un avait voulu étouffer cette nouvelle dans l’œuf?

A côté de cela, d'autres émotions viennent se battre à l'orée de mon cœur. Enfant fragile, le choc qu'il aurait. Et David dans tout cela. oui, je me montrais égoïste dans mon raisonnement mais je l'avais vu se décomposer, devenir pire que l'Ombre de lui-même en apprenant la même chose. Lui aussi n'a pas connu son Père comme un enfant le devrait et je trouve injuste que l'on soutienne cet enfant alors que personne n'a été là pour David. Même pas moi...

Pardonnez-moi. Mais si on allait à la villa? Je vous montrerai le jardin et vous pourrez apprécier le travail. 

Je laisse le jardinier repartir et retourner s'adresser à Russel. Il compte l'emmener à la Villa, bien. Au moins ce détective avait fini par démontrer quelques aptitudes réelles pour son travail, ce n'était pas plus mal. Même si au fond, je me méfiais de lui. Il était un Nephil, je le savais par David, et quelque part embaucher pour peut-être même me surveiller aussi, qui sait ce qu'Anthony lui a demandé précisément. Enfin, je reviens à mes deux commères du moment, ayant fait volontairement sonné ma montre, sans que personne ne s'en rende compte.

"- Mon Dieu, il est déjà cette heure-là? Je suis désolée mesdames mais je vais devoir vous laisser. Le travail n'attend pas et il serait mal vu que j'arrive en retard pour mes premiers cours de l'année scolaire. "

Je leur souris très amicalement, me relevant en les saluant bien bas, allant jusqu'à offrir un baise-main à celle qui semble être la plus âgée ds deux et la cheffe de leur petit groupe avant de les remercier à nouveau pour leur accueil et de leur souhaiter une bonne journée. Je peux les entendre glousser dans mon dos tandis que je m'en vais, quittant la place pour rejoindre ma moto. Cette Villa, je dois la trouver au plus vite. Il faut que je sache si tout ceci est vrai.

Faire le tour de la ville pour repérer la bâtisse ne fut qu'une question de minutes et à peine arrivais-je à sa hauteur que je reconnus Anthony appuyé contre le portillon de l'entrée. Et la voiture de David est garée juste à côté. Je m'empresse de descendre de mon engin et de m'approcher de l'entrée, cherchant David du regard que je découvre devant une silhouette minuscule. Celle d'un enfant, d'environ 12 ans. Dont le nom m'échappe malgré moi.

"- Steven....? "

Je n'ai pas le temps d'en dire plus que le jardinier et le détective Blake nous ont rejoins. Et visiblement, le vieil homme ne semble absolument pas ravi de voir David ici. D'ailleurs, son visage affable jusque là devient mauvais et le voilà qui se rue dans le cabanon pour en ressortir à peines quelques secondes plus tard armé d'une carabine résolument pointée vers David.

Sale enfant de... 

Mon premier réflexe est de venir me placer entre le jardinier et David, afin de m'assurer que son coup ne pourra jamais atteindre sa cible. Mais déjà, malgré son état, le secrétaire de la Famille Klee est venu désarmer le vieil homme avant de le forcer à rester un genou au sol, le revolver d'Ahtony pointé sur son cou à présent.

Maintenant ça suffit. C'est quoi ces conneries?! C'est qui ce chiard? 

S... s'il vous plait! Faites-lui pas mal! 

Anthony, calme-toi.

Je fixe le gamin qui a l'air terrorisé et, un instant, je revois cet autre enfant, lors de cette soirée atroce et de cette course contre ce satané Russe aujourd'hui derrière les barreaux et ce pour une éternité au moins. Son regard me touche aussi, David n'étant plus en danger, je viens m'agenouiller à sa hauteur, en essayant de lui sourire pour le rassurer. Même si je ne suis pas certaine d'être très convaincante.

"Ne t'en fais pas, Steven. Je te le promets. Il ne lui sera fait aucun mal. D'ailleurs, tout le monde va ranger ses armes, pour te le prouver."

J'ai parler assez fort pour que tout le monde m'entend mais après, de là à ce qu'ils m'obéissent, c'est une autre histoire. En attendant, je reste à côté du garçon qui est en effet fort chétif pour son âge et semble avoir le teint un peu maladif. Alors ce serait lui, la future bonne nouvelle qui aurait dû être annoncée à sa Famille?

Steven est le véritable héritier de Stan Klee, le fils légitime! 

Ce n'est pas ce que dit le testament! 

Professeur, gamin, vous feriez bien de partir. 

Professeur?

"Désolée Monsieur, je vais devoir rester. Nous aurions quelques questions à vous poser mais si possible, dans d'autres conditions que celles actuelles. De plus, Steven aurait besoin de calme, alors que diriez-vous de rentrer dans la villa et de discuter entre personnes civilisées, pour le bien-être de tous? "

Oui, dans un sens, je me sers de Steven. Mais je ne voudrais pas que cet enfant se retrouve pris dans une guerre dont il n'a pas conscience et dans laquelle il n'est aucunement coupable. Il ne reste qu'un gosse de 12 ans, ayant vécu loin de tout et de tous. Il ne mérite pas de voir des adultes s'entre-tuer pour des raisons stupides. Et comme le jardinier semble tenir à lui, il devrait normalement se montrer sensible à mes arguments.

L'enfant reste tout près de moi tandis que le secrétaire finit, bien contre son gré, à laisser du large au jardinier sans pour autant ranger son arme. Je le fusille du regard, ce n'est pas une attitude à avoir devant ce pauvre gamin qui lui n'a rien demandé dans toute cette histoire. Et la main de Steven qui vient saisir la mienne me surprend un peu. Enfin, je le suis tandis qu'il nous guide tous à l'intérieur de la demeure. Anthony n'en fait encore qu'à sa tête, refusant de s’asseoir avant que David ne vienne s'occuper de lui.

Anthony, l'arme ne sera pas utile. J'ai des bandages dans mon sac, on va changer ça. 

Je reste là! Je veux entendre! 

Parfait, reste mais assieds-toi.
Malgré ce que vous avez dit, Stan Klee m'a expressément choisi comme son héritier à sa palce. Même si ce garçon est son fils, même s'il est légitime, je suis désormais le chef du Clan. Maintenant j'aimerais connaître l'histoire de ce garçon. Expliquez-vous. 

Steven s'est assis et, n'ayant pas lâché ma main, je suis contrainte de rester à côté de lui. Ce n'est pas un mal, en cas de souci je pourrais le protéger plus efficacement, mais je suis aussi plus loin de David et des autres de ce fait. Enfin, Patrick semble assez calmé pour ne rien tenter de stupide. Et tandis que je fais de mon mieux pour détourner le regard de l'enfant des blessures que David soigne, j'écoute le monologue du jardinier.

Bah! Je suis bien obligé maintenant. 
Ça fait quinze ans que Madame a acheter cette Villa. Elle ne supportait plus ses responsabilités et le stress, mais aussi le clan en général. Comme elle ne donnait pas de fils, elle savait qu'elle était mal vue et qu'on lui en faisait reproche. Alors elle venait ici de temps en temps et prenait un peu de calme et de sérénité. Y'a douze ans, elle est tombé enceinte. C'était un garçon, mais la grossesse était à risque et l'enfant n'était pas en pleine forme. Elle a tout fait pour que l'enfant vive et grandisse, mais elle ne voulait pas qu'il ait la pression des héritiers. Stan lui-même n'a appris l'existence du bambin qu'à ses trois ans. 
Pourtant, Steven est un enfant fragile. Madame n'a jamais pu l'emmener voir un médecin, de peur que le secret ne s'ébruite, mais elle veillait sur lui, et moi à sa place quand elle retournait à Palema. Forcément, dans le village, certain l'ont aperçut et son existence s'est peu à peu ébruitée, mais ça n'a jamais quitté Little River.

Voilà donc le fin mot de l'histoire. Jusqu'au bout Mme Klee avait espéré faire en sorte que David disparaisse aux yeux de son père, pour supprimer de l'existence de sa famille cette 'tâche' dans leur histoire qu'il représentait pour elle. Mais l'enfant n'était pas à la hauteur, le King Shark l'avait tout de suite compris et les magouilles de la femme du King n'avait fait qu'augmenter le prestige de David au lieu de le faire couler. Au fond, cette manipulatrice avait elle-même offert à David le tremplin dont il n'aurait jamais pu rêver pour rendre son père fier de lui.

Le problème, c'est lui. Le fils illégitime. Il Ne vaut rien au regard de la loi, mais son père a vraiment été accroché par sa mère. Même avec Steven en lice, Stan n'a rien voulu entendre. Un fils légitime mineur et souffreteux contre un bâtard qui a prouvé sa valeur dans le Clan, c'est sûr qu'l y a du sens. Mais quel père fait ça à son enfant?

"- Un père qui a déjà dû tout sacrifier une fois, perdre ce qu'il avait de plus précieux pour les caprices d'une femme aux ambitions plus que dévorantes. Et le résultat est là. Ce sont ses propres enfants qui en paient les pots cassés..."

Les larmes de Judy et de Samantha n'étaient pas feintes, celle de Mrs Klee non plus mais elles étaient démesurées. Car ce n'était pas tant son chagrin qu'elle évacuait que sa rage de n'avoir pas réussi à mener son plan à bien au fond. Elle avait oublié ce qu'était l'amour pour ne laisser de place qu'à sa soif de contrôle et de pouvoir, en se reposant toujours sur son mari. Et maintenant que le pilier avait disparu, elle n'était plus rien.

"- Steven comme David ne sont pour rien dans cette histoire qui ne concerne à la base que des adultes en pleines possessions de leurs moyens. Leur faire payer le prix des erreurs de leurs parents est inacceptable. Et pourtant, c'est bien ce que certains se sont acharnés à faire durant des années. Alors, maintenant regardez-moi dans le fond des yeux et dites-le moi clairement. Qui est le plus à plaindre? Lequel de ses deux enfants à le plus manqué d'un Père? "

Je suis restée très calme pourtant il est évident que je suis touchée. Je ne devrais pas prendre parti mais je ne peux plus m’arrêter maintenant. Non, c'est injuste, les gens n'ont pas le droit de le traiter de la sorte, il en a assez bavé comme ça. Et si personne ne veut prendre sa défense, alors je le ferais.

"- Ils sont frères. Issus d'un même sang, que vous le vouliez ou non. D'un même père. Stanley Klee. Et rien de ce que vous pourrez penser ni dire ne viendra changer cette vérité. Alors autant vous y faire tout de suite. "

J'ai serré mon poing contre ma cuisse, mon autre main tremblotant légèrement dans celle de Steven. Décidément, le destin des garçons de cette famille est fait pour être tragique. Isolés, éloignés et maltraités, chacun à leur manière.

Hé, quoi? Un bâtard doit se contenter de son rang, et céder la place à...

Mon frère? 

Demi-frères! 

Oui, le vieux jardinier n'est pas prêt à accepter la réalité dans ce qu'elle a de plus flagrant. Steven, lui, semble plus surpris qu'apeuré. En fait, il ne comprends pas vraiment ce qu'il se passe je pense, et c'est mieux pour lui. Préservé depuis toujours, je m'en voudrais d'être celle qui aurait détruit sa vision calme et tranquille du monde.

"Détective Shirogane... Je comprends votre ressenti, néanmoins abstenez vous de donner votre avis personnel. Pour la raison auquel nous sommes tous ici. C'est évidemment afin d'avoir le tableau général des circonstances de la mort de Mr.Klee. Nous ne sommes pas ici afin de juger quiconque. Mais je dois avouer que la présence de Steven démontre que cette famille a plus de secret qu'il n'en laisse paraître. Mr.Adkins, j'assume que vous ne saviez pas que cette enfant existait. De plus vous ne m'aviez jamais parlé d'un quelconque héritage. Pourrais-je lire le papier en témoignant ?"

Evidemment, je ne pouvais pas m'attendre à autre chose de la part de mon collègue du moment. Je ne relèverais pas, au fond je sais qu'il a raison même si cela me coûte de l'admettre. Mais je ne laisserais rien paraître, devant personne. Mais mes jointures sont blanches à force d'être serrées et je peux presque sentir le tissu craquer sous mes ongles. je reprends une respiration normale en me concentrant sur les explications d'Anthony, me forçant à penser à autre chose.

J'ignorai que Monsieur avait un autre fils jusqu'à aujourd'hui. C'est pourtant évident. Il faut quelqu'un capable de reprendre les affaire de Monsieur à sa mort, et le testament a été rédigé il y a déjà des années, faisant de David le successeur de son père. J'ai contresigné ce document en tant que témoin avant que le notaire ne le scelle. C'est ce document qui donnera les pleins pouvoirs à David à la passation, dans quatre jours. Et nous devons avoir trouvé le coupable et rétabli l'ordre dans le clan avant cette date, sans quoi il n'y aura plus de confiance.
C'est forcément elle. Si elle présente Steven au clan dans quatre jours alors qu'on n'a pas trouvé l'assassin, elle ralliera les grands pontes. Il faut encore la confronter! Quitte à emmener Steven! 

Non! 

Ta gueule! J'ai pas la patience pour ta sénilité, vieux con! 

"- Modérez votre langage. Vous êtes en présence d'un enfant, fils de votre ancien Chef. Vous lui devez mieux que ce que vous lui offrez."

Je me fiche de son manque de patience, je suis moi aussi un peu à bout avec toute cette histoire. Cependant, même avec les éléments nouveaux, il me manque quelque chose. J'ai la fâcheuse impression que le plus important est encore dissimulé. Tout près, à portée de main, mais trop loin malgré tout pour se laisser encore saisir. Combien de surprise de ce genre allons-nous encore découvrir?

Tu viens? On va voir ta mère et... nos... sœurs. 

"- Je vous accompagne mais vous suivrais avec mon propre moyen de transport. Patrick, votre devoir étant de veiller sur cette maison, nous la laissons à votre bonne garde. Et ne prenez pas la peine de prévenir Mme Klee de notre arrivée...  "

Ce n'est pas une menace mais mon ton est clair. Mon regard est également très parlant. Il saura que je ne rigole pas. D'ailleurs, pour être arrivé jusqu'ici, il aura forcément compris que nous sommes déterminés. Alors, il serait dans son intérêt qu'il retourne à ses plantes et nous oublie totalement, au moins pour les quelques heures à venir. Debout également, je le salue malgré tout avant de sortir, en direction de mon véhicule. Cette fois, une véritable confrontation ne pourra pas être évitée. La vérité éclatera t'elle enfin?

Je doute que Mme Klee souhaite créer une discordance au sein du groupe qu'elle a protégé toute sa vie, quand bien même sa haine envers Mr Desanges. De plus, c'est une mère qui aime son fils. Après tout, elle l'a complètement isolé. Serait-ce judicieux de l'envoyer diriger un groupe alors qu'il semble bien mal préparé et bien trop jeune ? Je pense que elle-même est très consciente des limites d'un tel choix. 

Le raisonnement est assez logique mais malgré tout, avec ce genre de personne, il faut être capable de s'attendre au pire. Et pourtant, je suis persuadée qu'il nous manque un détail. Un petit rien qui finirait de mettre en lumière toute cette affaire. En tout cas, je ne perds pas de temps à tergiverser. A peine les hommes sont-ils montés en voiture que je les suis de près en moto. pour le coup, j'aurais envie de mettre les gaz mais me retient. Anthony seul nous ouvrira les portes de la demeure familiale alors je ne gagnerais rien à prendre des risques inutiles.

Cependant, à peine sommes nous entrés dans la résidence que l'air semble se faire lourd, un peu plus épais qu'il ne le devrais. Ce qui me fait froncer les sourcils. Je n'aime pas cela. A croire qu'une menace emplit l'air même de ces lieux. Est-ce un présage? Bien sombre alors. Mais y a t'il quelque chose dans cette quête de vérité qui ne le soit pas? Anthony nous précède pour nous permettre d'entrer sans soucis, Steven avec lui, tandis que Judy et Sam arrivent en courant, ayant visiblement entendu nos véhicules arriver. Nous auraient-elles guettés? Qui sait.

Que faites-vous ici? Maman va revenir bientôt. C'est qui ce garçon? 

Anthony? Dans quel état es-tu? 

En attendant Madame, je vais voir Abi. Anthony, reste en bas, ce ne sera pas long. Naoto, Russel, suivez-moi.

Je...

Reste en bas. Tu es pâle. 

Allez-y, je vais m'occuper de lui.

La gifle donnée par Judy me laisse un instant pantoise mais je ne traîne pas plus. J’emboîte le pas de David tandis que nous grimpons à l'étage au pas de course. Et une fois arrivé en haut des marches, en face d'une porte précise, celui-ci se stoppe avant d'invoquer son arme.

Il y a une Ombre ici.

Evidemment. Qu'elle idiote. Pourquoi ne pas y avoir penser plus tôt? J'invoque mon revolver sans me cacher de Russel. Je sais déjà qu'il est Nephil, lui saura à présent que je suis également contractante. Il doutera seulement de mon camps, ma marque dissimulée par mes manches trop serrées par habitude.

La porte de la chambre s'ouvre et déjà, je la vois. Immense, imposante, cruelle et avec une emprise non négligeable sur Abigaïl. Mais alors, à l'Eglise, où était-elle? Dans l'ombre, évidemment, dont le lieu sacré était empli. Mais merde, comment ais-je pu être aussi aveugle? Et son charisme m'en rappelle une autre. Et un visage s'impose à moi. Celui d'une femme qui est morte en me protégeant. Alors, mon kekkaï se déploie d'un coup, reportant toute l'attention de la créature sur nous.

"- Tu vas payer pour toutes les autres, ordure... "

Mon ton est glacial, mon regard l'est tout autant et mon attitude est plus dure encore que le cristal. L'Ombre crie, nous fixe et alors qu'elle se replie sur elle-même pour bondir, mon premier tir part. Et la frappe à la cuisse. Du coup, la créature dévie son saut et atterrit entre David et Russel alors que je tire de nouveau, mon premier projectile éraflant son épaule alors que le second la touche un peu au bras.

Un son étrange est émis par l'Ombre lorsque cette dernière est touché par un projectile de Russel, qui pourtant ne lui fait rien. Sur le qui-vive, j'essaye d'en comprendre l'origine avant que ce drôle de grondement ne prenne forme à mes oreilles. Et que des mots finissent par se détacher de la litanie lente que la créature créé et qui nous enveloppe littéralement.

Vous non plus n'êtes pas assez bien. Décevant, imparfait, pas voulu, corrompu. On ne veut pas de vous, parce que vous ne savez pas faire, pouvez pas faire, vous êtes trop faibles, trop bêtes, trop vous-mêmes. Mais vous ne savez qu'être vous-même ou vous cacher derrière vos masques de plâtres.

Ces mots me font mal. Je les prends de plein fouet et les encaisse avec un goût amer dans la bouche. Comment peut-elle savoir cela? Mes mains se serrent alors que mon souffle s'accélère. Non, je sais qui je suis, ce que je vaux et la réalité n'est pas ce que ce monstre ose révéler ici. Pourtant, au fond, l'Ombre n'a pas complètement tort non plus.

J'étais tellement absorbée à digérer ses propos que je n'ai pas vu l'arme dans sa main mais le coup de feu de David me ramène sur Terre. Saleté de créature. Encore plus vile que je n'aurais pu le croire. Décidément, elles sont toutes plus dangereuses les unes que les autres. Mais celle-ci ne triomphera pas. Il n'y aura pas de seconde Brook. Jamais. Pas devant moi.

Tu es un problème, toi. Tu vas briser une famille que tu as déjà déchiré en faisant l'erreur de naître et de vivre. Ces couteaux-papillons, ce n'est pas pour être agile que tu les utilisais. Jonas t'en a empêché... mais tu l'aurais fait, n'est-ce pas? 

Ne l'écoutez pas ! Elle cherche à nous distraire pour mieux nous attaquer!

Heureusement que David a reprit ses esprits assez vite pour parer le coup de la créature. Oui, ne pas l'écouter. C'est un être fourbe et vil, à l'image de tous les travers de l'Homme. Ne plus se laisser distraire, il fallait en finir le plus rapidement possible avec cette chose avant qu'elle ne prenne trop d'ascendant sur nous. Je tire de nouveau sur elle, 3 coups qui l'atteignent au coude, au mollet et rate sa tête mais elle recule avant de revenir darder son regard perçant sur moi et de reprendre son monologue.

Pauvre petite chose fragile. Même pas capable de sauver une vie chère à tes yeux. Alors que devenir un monstre, ça, tu sais ce que ça fait. Tu t'en souviens, n'est-ce pas? Ce monde n'est pas le tien, de toute manière, tu es du même que nous. Créature de l'Ombre, destinée à ne jamais voir la lumiè...

"- FERME LA !!! "

Le coup est parti, direction la tête, et si la balle rate sa cible, ma Persona l'atteint sans problème, d'un violent coup de genou sous le menton, la sonnant quelques instants. Je n'avais même pas réalisée que l'Ombre s'était rapprochée assez pour me frapper mais mon attaque surprise l'a prise de court et l'a forcée à reculer en réalisant que je reprenais l’avantage. Parfait.

Je tremble, mon teint est pâle et je sens la sueur dégouliner sur mon front alors que mon souffle est court. Enflure, comment peux-tu sortir ça ici et maintenant? Ces histoires ne regardent que moi. Mais ne t'inquiète pas, nous allons régler nos comptes. Et pas plus tard que tout de suite. Yamato Takeru est revenu se placer à mes côtés alors que je garde l'Ombre en joue, prête à repasser à l'attaque.

« Petit déchet. Pourquoi es tu encore là ? L'Oblivion est devenu ta maison de prétexte.»

Evidemment, une fois mon tour passé, celui de Russel ne tarde pas. les mots de la créature me restent malgré tout assez énigmatiques ais cela ne changera rien au final. A partir de l'instant ou ma Persona est entrée en jeu, elle a signé son arrêt de mort. Je la laisserais pas fuir. pas après ce qu'elle a fait et encore moins après ce qu'elle a dit. Elle a voulu réveillé le monstre qui était en moi, me toucher par ce biais, alors elle apprendra à le connaitre.

Cette fois, c'est David qui intervient et visiblement, la créature en a assez du mode blabla. Certes, elle a tenté sa chance mais contrairement aux autres, avec nous cela n'a pas fonctionné aussi bien qu'elle l'aurait voulu. Alors maintenant, il est temps d'en finir. Avec elle comme avec toute cette sordide histoire. Mon arme vise la jambe tandis que l'Ombre est au sol mais les mots de David retentissent avant que mon coup ne parte.

Russel, Naoto! Le cou ! Visez le cou ou le cœur!

Message reçu. Déjà, Yamato Takeru fonce et vient frapper le cou, ne faisant que l'entailler violemment avant d'esquiver un violent coup de griffe alors je tire en pleine poitrine. Deux tirs qui font mouches mais la voilà qui se recroqueville sur elle-même, tâchant de protéger ses points sensibles. Non, je ne te laisserais pas fuir. Ma Persona revient la harceler, visant la base de sa nuque, forçant la créature à s'exposer pour tenter de l'atteindre. Oui, ouvre nous une brèche, vas-y.

Mais alors que l'Ombre est parfaitement à découvert, dans un élan soudain et puissant, elle parvient à frapper Yamato Takeru, manquant de lui arracher le bras. Ma Persona a juste le temps de dévier pour se mettre à l'abri alors que trois profondes entailles apparaissent sur mon bras, prenant naissance de mon épaule et descendant jusqu'à mi-bras. Heureusement que je suis presque ambidextre, mon bras droit est sérieusement atteint pour le coup. Et je serre violemment les dents pour ne pas faire plus que gémir. Les autres ont une ouverture, qu'ils ne la ratent pas.

Le reste du combat ne fait plus vraiment de doute. Même Russel qui pourtant ne parvenait pas atteindre la cible, ses coups n'ayant aucun effet sur elle, la blesse plus que sérieusement, profitant de l'occasion que je leur ai offerte. Je laisse ma Persona activée, même si elle son bras à elle est complètement inutilisable. Et je confie le reste aux garçons. Je sens la douleur qui monte, me faisant légèrement voir des éroiles mais je me force à la renvoyer au loin. Le coup a été plus puissant que je ne le croyais mais seule la plaie au bras est sérieuse. Au niveau de la poitrine, ce n'est qu'une éraflure et rien de plus. Le résidu du coup en lui-même.

Naoto ! Tu es blessée!

Ca y est, l'Ombre est trépassée. une fois de plus, c'est David qui l'a achevé. Et à nouveau, il vient vers moi. Comme cette autre fois. Et même s'il n'y a pas de morts avec nous, j'ai du mal à accepter cet état de fait. Une fois de plus, j'ai été ce que je déteste le lus au monde. Cette 'petite chose fragile' dont a parlé l'Ombre. Je me redresse et me tiens aussi droite que possible, soutenant simplement mon bras en le calant contre mon corps.

"- Ce n'est rien de grave. Une simple égratignure. Je vais seulement éviter de trop me servir de mon bras dans les heures à venir.
Préparez-vous, je lève le kekkaï."

Oui, malgré tout, je me sens fatiguée et je préfère ne pas le maintenir inutilement pour conserver mes forces. Au cas où. Je crains que les choses ne dégénèrent encore. Après tout, la Mère Klee n'est pas encore rentrée et malgré la dimension parallèle, suivant la réaction d'Abigaïl, les autres pourraient être alertés et décider de réagir, pas forcément à notre avantage. Je révoque Yamato Takeru et, dans la foulée, laisse mon Kekkaï se dissiper. Cependant, alors que la réalité revient, aucun de mes scénarios catastrophe ne se manifeste. La cadette est toujours complètement absorbée par son oeuvre, n'ayant même pas remarqué encore notre présence. Incroyable.

Mademoiselle Abygaïl... Que faîtes vous..?

Silence, Je ne l'entends plus. 

Abigaïl. Tu ne l'entendra plus. Elle est détruite. 

Alors, son inspiration était bien cette Ombre. Mais combien de temps l'a t'elle ainsi manipulée avant de parvenir à un tel résultat? A quel point cette fille est-elle sensible pour percevoir ce que personne d'humain ne peut entendre? Pour le coup, je ne dis rien, me contentant d'écouter avec une immense attention chaque parole prononcée par la jeune fille qui semble tellement fragile en cet instant. Comme déjà à moitié morte quelque part. A l'image de ce tableau qu'elle a peint: remplie de détresse, de douleur, de peur et de désespoir.

Mais à mesure que son histoire avance, je ne peux qu'ouvrir grand les yeux de stupeur. Oui, clairement, je n'en reviens pas. Le véritable meurtrier est déjà mort, il s'agit de l'Ombre. Mais Abigail a bien été son bras armé pour mettre a exécution son plan dans la réalité. Quelle puissance. Et dire que ce Mr Klee faisait peur même à cette créature, c'est impressionnant.

Mais en attendant, la pauvre jeune fille se brise littéralement. Elle ne cherche pas à dissimuler quoi que ce soit. Nous ne lui avons même pas posé la moindre question, elle nous en dit cependant encore plus que nous ne pourrions en vouloir. C'est ce qui rend les choses encore plus horribles. Elle est parfaitement consciente de ce qu'il s'est passé mais ne réalise qu'elle est la coupable. Et sa peine, son chagrin si profond et enfermé du fait de la présence bien trop oppressante de ce monstre ténébreux qui se relâche enfin me touche profondément.

David a trouvé la fiole de venin et l'enferme dans une enveloppe avant de me la confier. Je la dépose avec soin dans une poche intérieure de ma veste alors que les rideaux s'abattent violemment au sol la lumière du jour nous agressant presque et provoquant un impressionnant mouvement de recul chez la cadette Klee. Qui ne ne peux plus retenir ses larmes et sa détresse. Et malgré l'horreur de son acte, je ne peux empêcher de la trouver touchante dans la justesse de ses sentiments. Au fond, bien que coupable, elle reste avant tout une victime dans cette histoire sordide.

Sa douleur est si poignante que j'en ai oubliée la mienne. Je m'approche lentement avant de m'agenouiller à sa hauteur et de poser une main rassurante sur son épaule. Je ne pourrais pas lui offrir un sourire mais au moins une présence. La preuve que ce cauchemar va enfin prendre fin pour elle.

"- C'est fini, maintenant. "

Oui, en elle je revoie comme des flashs de ma petite enfance. De ses nuits où je laissais éclater ma peine de pas être à la hauteur des attentes de ma Famille simplement parce que je n'étais pas née mâle. Alors oui, je pense pouvoir la comprendre. Et malgré la douleur hurlant dans mon bras droit, je viens le passer sur ses épaules, la laissant se reposer sur moi et venir continuer de pleurer toutes les larmes de son corps contre mon coeur qui résonne à l'intensité de sa douleur trop réelle et profonde pour être ignorée.

Comment la considérer comme une simple meurtrière maintenant que la vérité a enfin éclatée? En tout cas, une fois de plus, j'ai la preuve qu'il veut mieux souvent ne pas savoir. Il n'y a bien que la vérité qui blesse. La preuve, j'en ai oublié la mienne mais fixe David. Lui, comment va t'il réagir? J'ai peur qu'il ne commette un acte irréparable, qu'il ne pourrait que regretter, à présent que tout a enfin été révélé.

Les pas dans l'escalier grimpent en vitesse. Nous ne resterons lus seuls très longtemps. heureusement que mon kekkaï est déjà baissé sinon cela aurait pu nous porter préjudice. Et la première personne a apparaître est Mme Klee accompagnée de Steven, suivit des deux autres filles, d'Anthony et quelques hommes divers.

Abi! David! Tu n'as rien contre elle! Ne la malmène pas! Elle est fra...

Vous le saviez en plus. Depuis que vous savez pour le venin, vous saviez tout. Et vous l'avez protégée alors qu'elle a... 

Non! Elle ne... !

Silence ! N'étalez pas de mensonges! 

David... Oui, la pire des positions en ce moment ne peut être que la sienne. Et le pire, c'est que d'un certain côté, je me suis placée de moi-même contre lui, en venant soutenir cette enfant qui s'est littéralement effondrée. Abigaïl reste une jeune fille fragile et qui a été manipulée. C'est une vérité qu'il ne pourra pas nier mais le reste est tout aussi vrai. Elle a commis un meurtre et elle a été protégée par sa mère qui ne fait que couvrir son monde de secrets. La preuve en est, s'il en faut encore une, avec la découverte de Steven.

Maman, Abi, c'est... c'est vrai? 

Je suis sa mère, je dois la protéger.

Je dissimule une grimace de douleur lorsque David soulève sa cadette de mes bras. je ne dois rien dire, personne ne doit se rendre compte de ma blessure, ils ne comprendraient pas. Et heureusement, il se passe trop de choses ici pour que quiconque me prête réellement la moindre attention. Pourquoi, le spectacle auquel j'assiste me créé comme un poids puissant sur le cœur.

Ce genre de paroles, même une femme aussi détestable et odieuse que la mère Klee est capable de les dire et de les penser. Je n'ai jamais rien entendu de tel venant de ma propre famille. Et jamais David n'a eu la moindre trace de reconnaissance de leur part, car cette même femme l'a de ses propres mains privée de sa mère. Quel dilemme peut bien l'agiter en cet instant? En tout cas, son regard est tellement froid que cela me ferait presque peur.

Je me relève lentement, la douleur pulsant grandement dans mon bras tandis que ce poids sur ma poitrine ne disparaît pas. Je ne suis plus à place à présent. Je suis en cette instant une étrangère totale, même à David. Et je ne me sens pas bien, la nausée commençant à me prendre. Je tâte ma poche, pour m'assurer que le venin est en sécurité avant de souffler un grand coup et de m'adresser aux personnes présentes.

"- Ma présence ici n'est plus nécessaire. Vous vouliez la vérité, vérité est faite à présent. Le reste n'est plus qu'une histoire de famille et cela ne me concerne plus.
Je garderais personnellement le venin en sécurité pendant un mois avant de le faire disparaître définitivement alors ne cherchez pas à vous le procurer. Si vous veniez à en avoir besoin, si saurez me contacter."

Non, je ne comptais pas le rendre et il faudrait plus qu'une sacrée bonne raison pour me décider à le laisser à qui que ce soit. Mais le détruire tout de suite serait prématuré, David pourrait en avoir besoin pour prouver la véracité de toute cette horreur, en en faisant parvenir au doc, par exemple. Enfin, je me contente de saluer très poliment toutes les personnes présentes et de me frayer un passage jusqu'à la porte, prête à partir. Moi aussi, je vais avoir des choses à digérer et pour le moment, tout cela me pèse beaucoup sur la poitrine.

Pour ma part, j'ai également terminé. Je prendrais ma récompense une fois que l'affaire aura été officiellement terminé parmi votre famille. Anthony, puisque vous êtes mon employeur, je dois vous faire un rapport sur tout ce qui s'est passé. Même si je pense que vous avez une assez bonne idée. Même si ce n'est guère croyable, c'est un homicide involontaire. Je pense qu'il est juste de ne pas les tuer mais de tout de même leur infliger une punition adéquate... En les isolant, par exemple.

Non Russel, tu ne comprends pas. Ton jugement ne pourras que desservir David. Je voudrais le lui crier mais je me contente de serrer les dents. La douleur est prenante et bien plus intense que je ne l'aurais crue mais personne ne doit savoir ni se rendre compte alors je joue mon rôle, à la perfection. J'aurais tout le temps de souffler plus tard. Même si quelque part, je ne veux pas partir, pas le laisser seul face à tout cela. Mais ma place n'est pas ici. C'est son avenir qui se joue ici et maintenant et pour cela, il a besoin d'être seul.

Merci de votre aide, à vous deux. Vous avez ma reconnaissance. ...Mr Shirogane, je vous conseillerais d'aller voir le Doc'.  

"- Je vais lui faire parvenir le venin, comme prévu. Messieurs, Mesdames...."

Je m'incline en un salut respectueux, restant malgré tout froide et neutre, d'apparence calme et presque sereine. Je me laisse raccompagnée à la porte et salue le détective Blake, le laissant partir de son côté avant de me diriger vers mon véhicule. Mais arrivée à ma moto, la réalité me rattrape. Entre mon bras et cette fichue douleur à la poitrine, comment vais-je réussir à me rendre là-bas? Je soupire et lève le regard vers l'étage dont la fenêtre aux rideaux arrachés est visible. Je la fixe, longtemps, ignorant complètement le temps qui passe. Jusqu'à apercevoir ce que je ne voulais pas voir. Ce que j'avais espéré ne pas voir arriver. Les éclats de lumières typiques d'un coup de feu. Deux fois...

Je retiens un haut le coeur avant de finir par enfourcher mon véhicule, faisant fi de la douleur, avant de démarrer en trombe. Je dérape sur le chemin et manque de tomber mais je me reprends et m'en vais. Direction le cabinet du docteur Tompson. Sans doute m'y rejoindra t'il. Mais dans quel état sera t'il? Et moi, comment réagirais-je? Je n'en sais rien et au fond de moi, un instant, j'ai peur de ce qu'il va advenir à présent que David est devenu le 'King Shark'.

[ => Naoto quitte le rp ]