Descriptions des lieux:

Aleister, Aria et Lenna étaient finalement parvenu à quitter les lieux sans soucis, et à monter dans la voiture du seraph. Celui-ci avait ensuite pris la direction de l'extérieur de la ville, vers un petit coin perdu aménagé pour les voitures mais où il n'y avait personne pour l'instant, tant mieux.

De là, un chemin pédestre permettait de rejoindre les falaises en tant que tel, et qui devait constituer un endroit sympa pour un suicide, même si ce n'était pas le propos ici. C'est vers cet endroit que Shane avait guidé Aleister après qu'ils aient tué ces 2 humains, le gosse Delyth et l'autre personne dont Aleister n'avait jamais su le nom.

Pourquoi le seraph avait-il choisi ce lieu où, aujourd'hui comme à l'époque, le vent soufflait, venant de la mer, alors qu'il avait tant de mauvais souvenirs le concernant ? Dur à dire, mais il était là.

Aleister se tourna vers Lenna.

-"Un lieu calme, loin du monde et de notre guerre, pour se poser un instant avant de revenir au QG, je penses que tu en a bien besoin."

Le vent soufflait venant de la mer. Il semblait lui dire « tueuse, tueuse, tueuse ». Tu ne vaux rien. Pas mieux que ces Nephils. Rien. Elle croisa les bras sous sa brise violente et ferma la bouche pour que rien de compromettant ne lui échappe. Ses yeux jetèrent un regard vers le bas de la falaise où l’écume se déchainait sur les cailloux qui ornaient son flanc. Meurs, meurs, meurs. Il serait si facile de faire un pas de plus pour s’y laisser tomber et laisser tomber l’humanité qui lui pesait. L’once d’humanité qui la torturait nuit et jour.

Elle ne parvenait à taire la souffrance dans sa tête qu’en se dépravant plus, qu’en ne bafouant encore et encore le principe moral de ne pas en vouloir à son prochain en chassant l’Ombre ou le Nephil. Elle n’avait pas pensé au contrecoup de la mort sournoise. Fais semblant d’ignorer les conséquences de ses actes.

Ses pieds l’emmenèrent à l’écart du bord pour s’échapper un moment à la vision de suicide qui hantait son esprit. Le monde de l’au-delà l’appelait de ses douleurs, et criait encore une vague silencieuse. Le cri de quelqu’un qui tombe.

Cette vision ouvrait les vannes qu’elle avait pourtant si soigneusement scellées. Son visage se détourna alors qu’elle peinait à contrôler son pouvoir qui l’assaillait de mots, de chuchotements, de vies interrompues en ce lieu. Sa marque clignotait par intermittence, signe extérieur de ce qui la traversait.

Il fallait évacuer. Evacuer. Sa main chercha quelque chose de tranchant sous les plis de ses vêtements. Avait-elle une lame pour trancher dans le vif ?

Oui, très visiblement, Lenna souffrait de cette mort infligée, allant jusqu’à faire pulser sa marque au rythme d’on ne savait quoi. Aleister, restant en arrière, ne savait trop quoi dire, n’arrivant à faire siens les mots que Shane lui avait dis à ce moment, qu’Aria avait dit peu de temps auparavant. Le seraph vérifia malgré tout que personne n’était en vue, mais non, ils étaient seuls.

Aleister soupira à la question d’Aria, trop persuadé qu’il était d’avoir raison sur le trouble de la jeune femme que pour poser une question qu’il voyait aussi idiote. Alors il prit doucement le bras d’Aria et tenta de l’éloigner un peu, de laisser seule Aria, qu’elle ait besoin de hurler ou juste de respirer un peu.

-« Laissons-là seuls un instant, je pense qu’elle en a bien besoin. »

Les paroles échangeaient se perdaient dans le bruit des vagues qui s’éclataient sur les roches comme son cerveau aurait dû le faire. Elle ignora les deux autres humains qui pourtant s’éloignaient un peu plus chaque jour de ce qui les avaient fait choisir un vœu auprès de la maudite bestiole qui s’était gardée d’énoncer toutes les conditions. Qu’après ce vœu, elle s’en voudrait d’avoir si mal choisi. Qu’après elle aurait dû fuir des ombres pour mieux se retrouver dans les pattes de Nephil qui tuaient les enfants, les fiancés sans scrupules aucune.

Sa main avait trouvé une lame de rasoir qu’elle gardait soigneusement enveloppé dans une de ses poches. Elle laissa tomber le tissu et releva la manche de son pull, le regardant d’un air dubitatif. Voulait-t-elle que cette blessure liée à sa première tuerie d’un Nephil se mélange avec celles de sa souffrance suite à la deuxième mort de Julien ? Elle détourna le regard et avisa ses pieds. Se laissant glisser sur son arrière-train, elle remonta le tissu qui recouvrait son mollet, et trancha sans autre préambule. Le sang ne coula pas, comme il était maintenant coutume à son corps de faire en cas de petite coupure.

La douleur physique lui permit d’oublier un instant la douleur morale qui broyait son estomac. Son esprit s’ouvrit franchement et capta des bribes de l’au-delà.

Mourir… Sauter… Est-ce qu’Helena va bien ?... Pourquoi ai-je sauter ? … Pourquoi vous … La mer est … J’ai encore mal…

Mais quelqu’un balaya ses paroles de défunt, et entra de force dans sa tête.

- Tiens ma petite Lenna, mais comme tu as l’air mal en point.
Va-t-en.
-Alors, tu coules des jours heureux auprès de ton assassin ?
Va-t-en.
-Oh je prends ça pour un non. Pauvre petite chose, il n’a pas l’air de savoir prendre soin de toi.
Va-t-en.
-*rire* Regarde-toi. Tu es laide. Tu ne sers à rien. Tu es inutile.
Va-t-en !

Julien s’en alla non sans un nouveau rire moqueur. Lenna se redressa, tournant la tête vers les deux Seraphs qui avaient certainement entendu la dernière réplique qu’elle avait lancé à la face du vent. Sa marque cessa de s’allumer, laissant son visage à nu. Cela faisait 10 min de temps. Sauvée par le gong.
Tu es laide. Elle croisa les bras. Tu ne sers à rien. Sa tête se baissa. Tu es inutile. Son cœur se serra.

Tandis que je faisais mine de m'inquiéter pour mon "amie", Aleister me prit délicatement mon bras puis me demanda de laisser Lenna tranquille. Diantre ce que tu veux bel homme, je préfère largement t'écouter et être avec toi que jouer la bonne amie avec une fille qui visiblement me méprise. Néanmoins, le fait que sa marque clignote m'intrigue et signifie probablement qu'elle utilise son pouvoir. A savoir quoi, je me le demandais, d'où le fait que j'étais concernée...

Mais passons, j'ai juste à prier que ce ne soit pas un pouvoir qui averti en cas de problème. Qu'elle continue à faire son clignotement telle une voiture, je m'en contrefiche à présent. J'ai Aleister pour moi toute seule.

"Pourquoi... avoir emmené Lenna dans ce lieu ?" Demandais-je inquiète et confuse.

C'est alors qu'un énorme 'Va-t-en !' se fit entendre de la part de la machine de guerre. Petite peste, ne peux tu pas disparaître ? Je cherche à en apprendre plus sur Aleister et à peine ais-je temps de lui poser une question qu'il faut qu'elle fasse son intéressante ? Je me dégage du bras d'Aleister, inquiète comme jamais pour me précipiter vers Lenna, jouant la bonne amie...

"Qu'est ce qui se passe !?" Demandais-je concernée.

Je savais bien qu'elle allait m'ignorer, voir m'envoyer piètre, mais j'ai un rôle à jouer. J'aurais tout le temps de me venger plus tard.

Aleister soupira à la question d’Aria, se demandant que répondre. Finalement, en regardant vers le large, vers l’horizon, il répondit très simplement.

-« Sauf erreur de ma part, la mort de ce nephil doit être le premier sang de Lenna, et par expérience je sais que c’est très dur à digérer. A l’époque une amie m’avait conduite ici, et craquer un bon coup m’avait fait du bien. J’ai présumé qu’elle pourrait avoir besoin de la même chose. Les félicitations pour le succès de la mission pourront venir après n’est-ce pas ? »

Mais Alors qu’Aleister se tournait vers Aria, en quête d’une réaction ou d’une réponse, ils entendirent tous les 2 Lenna crier. Bien sur l’un et l’autre furent de suite à côté de la radicale, qui s’était assise. Observant du regard tout autour d’eux, Aleister pu constater que rien n’approchait, tandis qu’Aria déjà interrogeait Lenna, apparemment sincèrement inquiète de sa réaction.

Lenna, de son coté, semblait prostrée. Aleister ne dis rien concernant l’éclat qu’il vit briller, celui d’une lame de rasoir, ou de quelque chose de similaire ? En tout cas Aleister s’agenouilla à côté de Lenna, préférant ne pas la toucher de peur de sa réaction, tant elle semblait s’être renfermée sur elle-même.

-« ça va Lenna ? »

Non, pas les bons mots clairement, Aleister pouvait le comprendre rien qu’à s’entendre. Mais le seraph n’était pas encore devenu psychologue non plus, hélas.

"Qu'est ce qui se passe !?"
-« ça va Lenna ? »

Elle avait crié trop fort. Son visage se ferma pour ne rien leur laisser paraître. Cela ne les regardait pas. Si elle commençait à parler de Julien, alors elle devrait de parler de Russel, et de tout le reste. Autant ne pas commencer.

Les morts me hantent. Surement cet endroit chargé de décès.

Une explication logique à un fait irrationnel. Cela était pas mal joué. Elle se détourna de la falaise, ne souhaitant pas que d’autres sortes de vannes s’ouvrent, à commencer par des larmes. Elle avait suffisamment joué la faible femme, il était temps de revenir à des repères plus sérieux.

Elle se redressa, glissant la lame à nouveau dans sa poche sans faire de commentaire, pour se soustraire à leur sollicitude. Du vent. Du vent ! Tu es faible.

La réponse d'Aleister m'avait intrigué, et honnêtement, j'aurais voulu y répondre, mais Lenna, ma supposé amie, n'allait pas bien et en conséquence, je me devais d'être à ses chevets. Aleister la rejoignit également. Tout les deux, nous nous inquiétions sur ce qui avait poussé Lenna à émettre un tel cri. Elle expliquait que les morts la hantaient que cela venait certainement de l'endroit.

Bien entendu, je pondéra un instant, puisque sa marque s'était montré, je suppose que c'est en rapport avec un pouvoir qu'elle détient. Aleister nous aurait donc mené vers un endroit où les gens se suicident ? Certes, la vue était belle, mais si l'endroit était rempli de fantôme et d'esprit en tout genre... Alors il y avait plus romantique...

"Je...vois. C'est un pouvoir difficile à vivre." Exprimais-je en fermant les paupières concernées.

Je laisse la brise faire virevolter mes cheveux, avant de tourner mon regard vers Aleister toujours une expression inquiète sur le visage. Je propose en conséquence, légèrement attristée puisque c'est le beau Seraph qui nous a mené ici.

"Peut-être...qu'il serait sage de changer d'endroit ?"

Je n'en avais pas envie personnellement, ce lieu était sans conteste, important pour le Seraph... Diantre, pourquoi est-elle venue ?

Les morts la… hantaient ? Ok, un pouvoir bien flippant, un. Le seraph préférait ne pas savoir quel genre de vœu avait pu conduire à ce genre de capacités, ni le nombre de fantôme qui hantait Lenna en ce moment, et de manière générale.

Enfin dans tous les cas, changement de lieu, mais vers où ? L’idée d’Aleister étant tombée à l’eau…

-« Ok je vous suis, mais du coup je vous laisse choisir, je n’ai pas eu la main très heureuse pour ma destination. »

Et Aleister haussa les épaules, tout juste un rien déçu mais n’en montrant rien, il devait bien avouer qu’il ne l’avait pas vu venir ce soucis là.

Lenna les regarda tout d’eux longuement. Cette peste d’Aria continuait de jouer l’amie inquiète, mais elle n’était pas dupe. Elle avait vu trop de garces à l’œuvre pour se laisser distraire. C’est en voyant le regard qu’elle lança à Aleister qu’elle finit par comprendre. Oh c’était donc ça. Il n’y avait qu’un homme pour ne pas voir l’évidence sous son nez. Peut-être l’ignorait-il délibérément mais elle en doutait. Ou alors était-il déjà amoureux. Partir d’ici semblait être la meilleure solution. Partir de Julien. Cet endroit la mettait mal à l’aise. Elle se sentait vulnérable. Trop humaine.

Quoi de mieux qu’un bar pour oublier ?

Elle se tourna vers Aleister, légèrement gênée de lui avoir gâché son idée pourtant bonne si elle n’était pas si faible, si inutile.

La vue valait le coup d’œil.

C’était un sparadrap sur une fissure, mais c’était toujours mieux que rien. Elle ferma son esprit, s’acharnant à contrôler les battements de son cœur qui avaient quadruplés sous cette pression extérieure.

Aria, tu dois bien connaître les bars de cette ville, non ?

Comment ? Elle insinuait quelque chose ? A peine, à peine. Simple petite phrase mesquine.

Je remarque qu'Aleister se plie à ma proposition, haussant les épaules, cela m'attriste beaucoup... De même pour Lenna dont je laisse un léger sourire parcourir mon visage lorsqu'elle dit que la vue est sublime.

"C'est en effet, un superbe endroit, je pense y venir souvent à présent pour profiter de la vue."

Encore une fois, une légère brise fait virevolter mes cheveux et caresse mon visage, je ferme les paupières comme pour profiter de cette agréable sensation. Mon cœur est léger, bien loin de toute la misère et soucis auquel je prends plaisir à côtoyer chaque jour. Lenna avait fait une proposition d'aller dans un bar, et j'ignore pourquoi, mais elle pense que j'en connais. Je laisse un petit sourire confus sur mon visage avant de répondre d'une voix calme.

" Je ne connais pas de bar, je ne supporte pas l'alcool. En revanche, un café, ou bien une pâtisserie, je peux vous donner quelques noms. Qu'en pensez vous ?" Proposais-je continuant de sourire à mes deux interlocuteurs.

Je pense que ma petite Lenna fait un dangereux amalgame entre moi et Sarah à cause du fait que je le lui ai présenté... Maintenant que j'y pense, cela ne peut-être que la seule raison, à moins qu'elle arrive à vois l'hostilité que j'ai pour elle ? Ce serait vraiment dommage pour elle.

Un bar pour oublier ? Bon oui, c’est vrai qu’Aleister y avait pensé, même si il ne voulait pas spécialement oublier, ou du moins pas boire pour arriver à oublier, de peur d’en oublier un peu trop justement.

-« Content que la vue vous ai plu, même si à la réflexion je ne suis pas surpris d’apprendre que des fantômes y trainent… J’aurais dû y penser, désolé. »

Non, en fait Aleister ne s’attendait pas à ce que de véritables esprits de morts s’en prennent à la nécromancienne, mais bon, sur un point de vue plus symbolique, il était évident aux yeux du seraph que le lieu était hanté.

En tout cas, la discussion bascula ensuite sur les bars et pâtisseries. Bon, pourquoi pas.

-« Je ne me sens pas capable d’avaler quoi que ce soit, mais une tasse de thé pourquoi pas. Lenna ? »

Autant voir si elle était d’accord, à moins qu’elle connaisse un coin où boire de son côté.