Melting Bakery:

Noël.
C'est pas que je me tape un bad, mais j’avoue que tout cet esprit de noel glisse sur mon cynisme d'habitude. Mais a trop oublier quelque chose, il nous reviens toujours à la gueule de manière fracassante. Un peu comme un râteau resté trop longtemps dans l'herbe.
Dînée de famille a l'improviste, « Dînée » c'est un bien grand mot. Disons que ma mère va visiter mon appart' un peu contre mon gré. C'est ma seule famille et j'avoue que sa présence m'angoisse un brin. Ça fait bien deux ou trois ans que l'on ne s'est pas vu autrement que par téléphone et je me souviens clairement m’être toujours quitté en mauvais terme avec elle. Alors elle quite de sa campagne, reste quelque jours chez moi pour se remémorer pourquoi elle ne vient jamais, puis reprends ces distance et rentre dans sa campagne et m’ignore plusieurs années, juste le temps d'oublier pourquoi elle me déteste. Du coup elle m'appelle le jour pour le lendemain pour ce taper l'incruste chez moi, et le cycle se reboucle.

J'avoue, j'étais aussi curieuse qu'inquiète. Comme a chaque fois, je me demandais si cet âne buté allait un jour changer d'avis sur moi ? Elle n'avais jamais blairé mes choix de vie et à l'entendre, j'avais toujours été une source de déception pour elle. Combien de fois avait elle maudit mes choix de vie ? Ma tendance a aimer les femmes, celle a aimer un peu trop les solution inébriantes, celle d'essayer de m’apprécier. Fin bref,  a ses tout me définissait comme haïssable pécheresse.
Je me suis faite la plus belle possible, j'ai rangé mon appartement de fond en comble et me voilà a rechercher un repas de Noël digne de mes ambitions. Mais malgré tout, ça ne changerai rien. Je le sais pertinemment. Mon seul parent encore en vie recommencera a me mépriser.
J’aperçois l'échoppe d'une petite pâtisserie « Melting Bakery » J'y passe souvent devant pour rejoindre la boutique et le New Heaven. Mais c'est la première fois que je m'y arrête pour contempler la vitrine. J’admets, la personne qui avait procédé a cette décoration avait pas décidé de le faire a moitié. Ca avait du prendre de son temps pour tout décorer
Passé ce moment a regarder le décor, je me concentre sur la nourriture dans la vitrine, j'arrive peut être trop tard pour trouver quelque chose digne de ce nom, mais ça ne coûte rien d'essayer. En plus, il n'y a pas l'air d'avoir d'autre clients.
J'entre sans plus de cérémonie.

« Bonjour »

Je contemple la fille qui s'occupe actuellement de la boutique avant d'être absorbé l'odeur de mon enfance. J'avais presque oublié que j'aimais ça quand j'étais gamine. Ça y est, la Nyl' que je connais vient de se décomposer. Emporté par quelques odeurs de pain d'épice et de chocolat. Il ne reste que la gamine de huit ans émerveillée
J'hésite entre blâmer la fille parce qu'elle me fait penser que j'ai prix un sévere coup de vieux ou la félicité pour ce retour fugace en enfance.  Dans le doute je reprend ma contenance habituelle.

« Bonjour, il vous reste des bûches de Noël en stock ? »

J'en profite pour m'approcher du comptoir.

Le 24 décembre, la veille de Noël.
Yui avait décidé de fermer sa boutique plus tôt ce jour-là, car elle avait décidé de sortir en soirée.
Elle aurait préféré fêter Noël en famille bien sûr, mais la sienne, très proche de ses origines japonaises, ne considérait que très peu cette fête qui n'était pas leur religion. Elle avait bien tenté de leur faire comprendre que Noël était également célébré par les non croyants, comme une fête de partage familial, elle n'avait jamais réussi à les convaincre de fêter Noël avec elle.
C'était d'ailleurs sans doute parce qu'elle n'avait jamais eu de vrai Noël étant enfant, qu'elle l'aimait tant à présent qu'elle était adulte et pouvait décider elle-même comment célébrer cette fête.
Chaque année elle avait pris l'habitude de sortir, au cinéma, au théâtre, dans un café musical, elle changeait d'endroit chaque année, mais elle allait toujours dans des endroits où elle était sûre de retrouver cette ambiance qui lui manquait tant, une ambiance chaleureuse avec beaucoup de monde autour d'elle.

Ses plans étaient prêts depuis plusieurs semaines déjà et cette année elle allait à un concert. Elle avait hâte, tellement hâte, qu'elle avait prévue sa journée dans les moindres détails, à la minute près.

Et là il n'allait pas tarder à être l'heure de commencer à ranger sa boutique. Heureusement pour elle, en ce jour où les derniers préparatifs sont de mises, aucun client n'était venu consommer sur place, et les derniers clients qui étaient passés étaient partis il y avait bien une bonne heure.
Elle avait déjà nettoyée sa boutique, et il ne lui restait plus qu'à s'occuper des denrées périssables.

C'était sans compter une cliente de dernière minute.

*Oh non ! Non ça va je suis encore dans les temps, ça va aller !*

Passé son étonnement et un léger frisson de tension, Yui retrouva son sourire habituel et accueillit chaleureusement celle qui venait de passer sa porte.

- Bonjour ! Bienvenue à Melting Bakery et joyeuses fêtes ! Que puis-je pour vous ?

La jeune femme qui s'était approchée du comptoir était belle, grande, bien habillée et avait l'ai sûre d'elle. Tout l'opposé de Yui. Celle-ci se sentit impressionnée et intimidée devant cette femme qui lui demandait la chose la plus banale qu'il soit pour un 24 décembre, une bûche.

Seulement voilà, il était un peu tard, et la seule bûche qu'il lui restait était celle qu'elle s'était mise de côté pour son retour du concert.
Yui hésita quelques instants, elle aurait voulu garder sa bûche, mais elle n'allait pas perdre une vente et surtout gâcher le réveillon d'une cliente par pur égoïsme. Car elle se doutait bien que si elle refusait de la lui vendre, la jeune femme aurait grand peine à trouver une autre pâtisserie où trouver une bûche digne de ce nom à cette heure déjà bien avancée. Elle n'allait tout de même lui dire de s'en payer une au supermarché du coin, ça n'aurait pas été professionnel de sa part.

- Euh oui, il ne m'en reste qu'une. Elle est au chocolat praliné, avec un biscuit croquant à l'intérieur, cela vous ira ? Elle est assez petite en revanche, je vais vous la chercher en cuisine pour vous la montrer.

Sans attendre la réponse de sa cliente qu'elle se doutait être positive, Yui se retourna pour se diriger en cuisine. Elle avait ajouté quelques décorations personnelles sur sa bûche, et elle devait les enlever avec précautions pour les remplacer par des décorations basiques avant de la présenter à sa cliente.

Se hâtant de changer les détails, Yui revint au comptoir la bûche entre les mains. Elle l'avait faite petite, ayant prévue de la manger seule, et elle espérait secrètement que sa cliente la refuse à cause de sa petite taille.

- Euh oui, il ne m'en reste qu'une. Elle est au chocolat praliné, avec un biscuit croquant à l'intérieur, cela vous ira ? Elle est assez petite en revanche, je vais vous la chercher en cuisine pour vous la montrer.

Le temps que la boulangère rentre, j'ai un moment de solitude. Pas des plus passionnant à raconter, certes. Mais je goûte au silence tranquille qui sied si bien à la boutique. Pas de voiture dans la rue ou de gamin chiant criant très fort. Même le ronronnement du four n'est plus d'actualité et seul quelques pas pressés venant de l’arrière boutique troublent le tout. Je m'approche de la vitrine pour contempler l'extérieur sur la rue enneigée. Y'a pas a dire, c'est étrange tout ce calme où on se retrouve seul a seul avec ses pensées.
Fort heureusement, la petite femme vient perturber le tête à tête avec moi même avant qu'il ne finisse en réquisitoire mental. Autant dire, le timing parfait.
Mon attention se reporte vers le comptoir où gis la petite bûche ornée de décoration. Effectivement, elle est petite. Mais j'imagine qu'avec l’appétit d'oiseau familiale, y'a toujours moyen qu'elle convienne parfaitement a ma dragonne de mère.

- Effectivement, elle est parfaite. Je vous remercie, z'avez pas idée à quel point vous me sauvez la mise

Je la remercie d'un pauvre sourire, mais j'ai plus l'impression étrange de m'excuser en quelque sorte. Apres tout, je me pointe a l'instant ou elle va fermer
Le temps qu'elle emballe la précieuse buche, je débute la conversation. Après tout, rien ne m'oblige vraiment a rentrer chez moi en toute hâte pour mieux m’embêter seule dans mon apparte propret et bien rangé. J'ai du temps devant moi, une belle personne et pas trop de grammes dans le sang.

- Vous avez prévu quelque chose pour le réveillons ?

Loin de moi l'idée de la draguer ou de l'inviter a ma table. Je crois que ca aurait le don de faire péter son câble à ma daronne, mais au moins ca aurait fait du spectacle son et lumière. Nan, c'était une conversation sans enjeux pour le plaisir de discuter de tout et de rien avec son prochain. Mais pas trop longtemps, sinon je vais avoir l'impression sévèrement dérangeante de me sociabiliser.

Bon, une simple de phrase sans possibilité de continuer la conversation. J'imagine que je viens de me prendre un joli "Paye et dégage". Sans avoir vraiment la foi de forcer la conversation, je sors mon liquide et la monnaie change de main sans plus de cérémonie.
Quand je sors de la boutique, l'air glacé de d’hiver m’enlace, l'air de vouloir rappeler son existence. Je frémis brièvement face a l'accolade avant de continuer ma route en réajustant mon écharpe. D'un petit geste de la main, mes écouteurs se loge dans le creux de mes oreilles. Et bientôt, il n'existe plus rien d'autre qu'un petit air de guitare...