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Actée avait passé la soirée avec Juliet, ne buvant pas pour reprendre la route totalement sobre. Après une bonne soirée sur un ton bien plus léger qu'au café, son amie lui proposa de rester un peu pour parler. Le médecin accepta, espérant qu'elle se livrerait un peu à lui et qu'ainsi il pourrait mieux l'aider.

Il se parqua donc en bas de chez elle et les deux amis montèrent à l'appartement.

"C'est très gentil de m'inviter, et c'était vraiment une bonne soirée. Je ne connaissais pas du tout ce bar, il y avait une bonne ambiance"

Il avait offert son bras à Juliet qui titubait un peu à cause de l'alcool, ce serait quand-même bête qu'elle tombe dans les escaliers et se blesse. ça pouvait certes porter à confusion comme geste, mais il ne s'en souciait que peu, du moment que lui et elle étaient au clair sur leur amitié.

Juliet avait un brin dansé, avait un brin jouer, mais avait surtout bu. Cela faisait longtemps qu'elle ne s'était pas soulée avec quelqu'un, et c'était toujours plus agréable. Sans compter que ce quelqu'un n'essayait pas de lui mettre la main au fesse et que donc elle ne devait pas lui mettre le flingue dans la bouche pour le convaincre de se calmer. Elle avait bien vu qu'Actée avait été moins actif sur la boisson, mais c'était tant pis pour lui.

- "Ouais, en réalité c'est la plupart des cons. Tu sais le gars avec qui j'ai plaisanté et qui ne pouvait pas s'empêcher de me regarder les miches, bah il est marié avec 2 enfants. Il a essayé de me draguer et m'a promis plein de chose, argent et amour. Je l'ai stalké le lendemain, quand il est partit 'en douce' de notre nuit intense, comme ça que je le sais. Il était plutôt bon comédien devant sa femme. D'ailleurs, vu comme il était mou des hanches, je pense que sa femme aussi le trompe"

Juliet était appuyée sur Actée pour marcher, ne voulant pas tomber dans les escaliers... Elle préférait ne pas mourir. Elle eut un peu de peine pour mettre la clé mais finalement arriva et se dégagea d'Actée. Elle tituba un peu, jeta son sac sur la cuisine et enleva sa veste. Elle commença à enlever son bas avant de s'arreter, se rappelant la présence d'Actée

- "Ce pantalon me serre trop, je vais l'enlever. ça te dérange pas?" dit-elle en reprenant "Je crois que j'ai pris du poids... J'essaie de garder ma ligne, mais c'est trop dur. Même en étant Nephil, je ne peux pas refuser une forêt noire ou une bière... Enfin, on a tous nos faiblesses. Je te sers un truc?"

Elle enleva son pantalon et le jeta sur ses chaussures puis partit dans la cuisine

- "ça te dit du Soda? Si je veux pas crever de mal, va falloir que j'encaisse des litres"

Actée écoutait tranquillement Juliet, sans faire commentaires déplacés. Après tout un peu de commérage ne faisait jamais de mal, et il n'allait pas la repousser alors qu'elle se confiait à lui, même si depuis quelques minutes elle tournait surtout sur sa vie intime. De ce côté là pour sa part il n'avait rien de palpitant à raconter, la vie de célibataire endurcit et tournée totalement vers le travail ne lui donnait pas vraiment d'occasions pour cela, mais il le vivait bien.

"Vraiment? J'aurais pas pensé que c'était ton type d'homme. Mais si tu as raison ils sont vraiment dans une triste situation avec sa femme."

Le côté stalker de Juliet l'effrayait parfois un peu, mais en même temps il n'y avait aucune raison pour que ça se retourne contre lui.

Arrivant devant la porte, il laissa le temps à Juliet de trouver la serrure puis entra à sa suite. Il ferma la porte, vu qu'elle avait oublié de le faire, puis enleva sa veste. ça ne le surpris qu'à moitié qu'elle veuille se mettre à l'aise, avec le taux d'alcoolémie qu'elle avait dans le sang.

"Fait comme tu le sens, après tout tu es chez toi" dit-il en souriant "Et ne t'en fais pas pour ton poids. En temps que médecin, je peux t'assurer que tu n'as aucun soucis à te faire. Et c'est surement pas moi qui vais te reprocher de manger des pâtisseries"

Il sourit un peu, c'est vrai qu'à ce niveau là il était sans doute bien pire qu'elle. Il la suivit dans la cuisine pour être sûre qu'elle ne casse pas un verre et ne se blesse pas.

"Je vais prendre un café si ça te va. Et si tu veux t'éviter une gueule de bois je pense que l'eau est meilleure que le soda. Mais tu peux aller au salon, je vais apporter tout ça"

Juliet était contente qu'Actée n'ait pas de problème. Elle aimait bien les gens qui respectait ce qu'elle faisait et disait. Elle hocha la tête, l'eau c'était mieux mais le soda, c'était meilleur.

- "Nan t'en fais pas, va t'asseoir je m'occupe de tout. Faut bien que je fasse une bonne hôte!" dit-elle en sortant une bouteille de soda puis en allant vers sa machine à café

La journaliste se tenait bien. Le monde tournait un peu et c'était agréable, cette sensation d'abandon et de légèreté. Elle ne la refuserait jamais et la perdre serait une vraie catastrophe. Elle alluma la machine, fit couler du café et s'appuya pour regarder Actée. Avait-il tout de même la moindre pensée un peu déplacée? Qu'est-ce qu'elle aurait aimé pouvoir pénétrer son esprit et savoir ce qu'il en retournait.

- "Merci d'être venu. Ca me fait plaisir d'avoir quelqu'un à qui parler" dit-elle en buvant au goulot du soda. "Et en plus, t'es même pas là pour passer outre ma culotte, alors c'est agréable, je peux être totalement détendue, sans avoir besoin de jouer la séduction"

Elle prit le café qu'elle apporta, en marchant très lentement, à Actée. Elle lui donna et repartit

- "On est d'accord que tu veux rien de plus que discuter hein? Je demande juste pour être sûre" dit-elle en prenant sa bouteille et venant s'asseoir sur le fauteuil à côté d'Actée. Elle se mit de travers et regarda le médecin "Merci beaucoup d'être venu. C'est vraiment pas souvent que quelqu'un de sympa vient chez moi pour m'écouter dire des âneries"

Actée la laissa donc faire, après tout s'était une adulte, et elle connaissait sans doute ses limites. Il n'interviendrait que si elle n'arrivait plus à rien tenir. Il s'assit donc confortablement au salon, et l'écouta parler depuis là. Avoir une cuisine ouverte avait pas mal d'avantages finalement.

"C'est gentil, merci"

Le médecin voyait bien qu'elle était détendue, et ça lui faisait plaisir qu'elle apprécie sa présence. Il pouvait quand-même comprendre ses interrogations, elle n'était pas dans sa tête.

"Moi aussi ça me fait plaisir. Mais ne t'en fais pas, je n'ai vraiment aucune intention de ce genre, tu peux être tranquille."

Il prit le café qu'elle lui tendait, qui était assez fort. Tant pis, ça lui permettrait de mieux tenir la discussion, et plus longtemps. Il allait d'ailleurs devoir ce concentrer car elle commençait, avec l'alcool, à radoter un peu.

"Absolument, uniquement discuter. Et vraiment ça me fait plaisir à moi aussi, et j'aime bien t'écouter. Mais dis-moi, tu voulais parler de quelque chose en particulier ou simplement de tout et de rien?"

Actée n'avait envie rien de rien. Disait-il cela par politesse ou car il n'avait sincèrement aucune attirance envers Juliet? Tout de même, une femme à moitié nue devait déclencher ne serait-ce qu'une once de pensée tendancieuse même chez le plus prude des hommes? Le problème était que la gentillesse du médecin faisait qu'il ne dirait probablement rien, même si il en mourrait d'envie. Mais l'idée de l'homosexualité d'Actée lui revint à l'esprit. Il pouvait très bien l'être : propre sur soi, humble, pas de petite amie ou de coup d'un soir, grec... Y avait plein d'indices pourtant. Peut-être devrait-elle le stalker un peu, pour en savoir plus? Rien de mieux qu'une filature pour découvrir ce que les gens ne veulent pas que l'on sache.

Juliet regarda Actée silencieusement avant de soupirer. Elle n'allait pas pouvoir percer son visage, pas avec l'alcoolémie qu'elle avait. Elle s'étala encore plus sur le fauteuil et soupira

- "Tu sais Actée. T'es probablement la seule personne en qui j'ai confiance et qui me soutient. J'ai été trahie par mon premier disciple, Rekor, qui a fait suffisamment de bêtises pour que Manori lui en veuille. Résultat des courses, je dois espionner lui et sa famille. Ensuite, y a bien Nelytsa, mais c'est qu'une enfant. Ca fait 21 ans qu'elle a 5 ans ou quelque chose comme ça. Elle est pas méchante et ça fait du bien de voir un peu l'admiration dans le regard d'un enfant, mais en même temps elle ne peut pas être d'un vrai soutien. Elle n'en a pas la capacité..." dit-elle avant de boire un peu de soda "Autrement, y a personne sauf toi. Alors t'avise pas à faire des bêtises sinon c'est moi-même qui viendrait te tirer les oreilles, et crois-moi tu voudrais pas ça"

Juliet se sentait parfois seule, mais elle avait beau chercher de la compagnie, elle était à chaque fois déçue et/ou dégoutée de la personne.

- "Ca fait bizarre d'avoir autant la tête à l'envers avec quelqu'un. Je crains que je te dises des trucs confidentiel alors Shhh, personne n'en saura rien. Et puis, tu pourras même utiliser ça comme moyen de pression sur moi, comme ça on est quitte" dit-elle en finissant la bouteille et la jetant. Elle fit un petit boing et roula sous la table "Mais faut pas croire que c'est quelque chose de nouveau, le fait que j'ai personne sur qui compter. Ca a toujours été comme ça. C'est pas faute d'avoir des gens qui ont essayés, mais à chaque fois, c'est moi qui suit partie"

Actée fut très touché par la tirade de Juliet, sincèrement. Malgré son côté un peu méprisant avec les autres parfois, il l'appréciait pour l'aide qu'elle lui avait apporté, et qui s'était révélée gratuite. Il était de plus en plus conscient des défauts de la jeune femme mais s'y adaptait, et elle restait pour lui une amie chère...mais avec ces défauts, jamais ça n'irait plus loin. Il se gardait cependant de développer ce point là pour ne pas risquer de la froisser, la sachant assez susceptible.

"C'est très gentil à toi de me dire tout cela, et de me faire confiance à ce point. Mais je peux comprendre ta déception, surtout que ce n'est pas n'importe qui qui te mandate, mais ce n'était peut-être pas dans son intention de te faire du mal...et effectivement une enfant ce n'est pas vraiment l'idéal pour avoir une discussion de fond."

Il sourit à la journaliste, et continua, aimant moyennement le terme de disciple pour Rekor, et espérant qu'elle ne l'appliquait pas à lui.

"Tu peux être tranquille, je pense que tu m'as suffisamment mis en garde pour que je reste le plus prudent possible, et je ne t'en remercierais jamais assez. Et tu sais que tu pourras toujours compter sur moi, du moment que je suis pas un simple disciple."

Il rit un peu et ramassa la bouteille pour la poser sur la table, pour s'adossa à nouveau au siège pour écouter son amie. Elle semblait vraiment souffrir de sa solitude, et c'était des cas qui étaient assez fréquent chez les personnes avec une grand ego. Juliet ne semblait avoir peur de se confier ou de s'approcher trop des autres, et il était curieux de savoir pour quoi. Et en plus, ça permettrait à Juliet d'extérioriser son mal, et ça faisait d'une pierre deux coups. Il devrait s'y prendre avec finesse, pour ne pas non plus la faire fuir.

"Je serais une tombe, tu peux en être sûre. Et il n'y a pas de raisons que je te fasse chanter, tu ne l'as pas fait avec moi." il resta silencieux un moment, pour réfléchir à la meilleure manière de l'amener en douceur à parler, caressant sa cicatrice en même temps. "Tu as du mal à faire suffisamment confiance aux gens pour créer un lien plus fort?"

Juliet s'étalait de plus en plus dans son fauteuil. Si elle pouvait, elle fondrait pour ne faire plus que un avec le meuble. C'était toujours mieux que rien. Actée continuait à la brosser dans le sens de poil, et ce serait mentir que dire que cela ne plaisait pas à la journaliste. Elle aimait que l'on flatte son égo, surtout quand elle savait que la personne n'y avait aucun intérêt.

Le terme disciple ne plut peut-être pas à Actée, étant donné qu'il mit comme condition de ne pas être traité comme telle. Elle hocha la tête, peut-être que le médecin pouvait plutôt être un allié, mais cela dépendra de lui et de ses actions.

- "Comment faire confiance aux gens quand le 99.9% est incompétent? J'y peux rien moi. Je sais que quand je donnes une tâche à quelqu'un, il le réussira moins bien que moi. Et puis, les gens ont tellement de défauts! Par exemple, mes parents, beaucoup trop basé sur l'émotion. Tu te rends comptes qu'ils ont payés toute ma scolarité sans rien me demander en retour? C'est fou. Je sais que tu me diras que c'est l'amour le plus important blablabla. Mais ce n'est pas le cas. L'amour c'est que du vent, rien. Y a que le matériel, la possession et le pouvoir qui valent quoique ce soit. Tu crois qu'Hitler en avait quelque chose à faire que tu aimes ta femme si il voulait te déporter? Non. Par contre, si tu avais une armée avec toi, et bien le führer faisait pas le malin!"

Juliet cherchait à faire quelque chose pour s'occuper tout en parlant. Elle invoqua donc son carnet et commença à dessiner dedans

- "Oh et me dis pas que je devrais peut-être essayer de faire confiance aux gens, de lâcher prise. Je sais très bien toute ces techniques, je lis des magazines moi aussi. Et bien j'ai essayé et c'était impossible. J'ai eu des 'petits amis', et bien tu sais que 40% des couples universitaires finissent par se tromper, et que 85% des hommes fantasment sur une autre femme que la leur? Sans compter ceux qui se touche le poireau devant des femmes, ou des hommes, que l'on exploite pour faire des films X. Je pouvais pas me permettre de les laisser me trahir, alors j'ai décidé de les quitter après un ou deux soir. Y en a un qui m'a quitté car il a pas aimé de me voir tenter de découvrir son mot de passe pour le PC..."

Actée écoutait attentivement Juliet se vider de tout ce qu'elle avait sur le cœur. Il trouvait cela assez triste de vivre ainsi, sans croire en l'amour ni en la confiance....enfin dans les deux cas, il n'avait pas été gâté non plus, mais il le vivait mieux qu'elle.

"Je peux comprendre ton point de vue, même si je serais plus nuancé que toi. En même temps je ne peux pas faire confiance aux autres, sinon je ne pourrais pratiquer aucune opération. Et pour le matériel, ça n'a pas d'importance pour moi, sauf le matériel médical bien-sûr. Je dois sans doute être un peu émotionnel sur les bord, en tous cas plus que toi."

Il sourit, espérant qu'elle comprendrait son point de vue. Il n'avait pas soulevé la question des parents, n'ayant pas trop envie de parler de l'amour plutôt destructeurs des siens. Et en plus niveau histoire de coeur c'était un peu le désert.

"Je peux mieux te comprendre là-dessus. C'est vrai que c'est pas intéressant être en couple avec quelqu'un qui te trompe ou rêve de voir ailleurs. Je pense que le mieux serais quelqu'un qui partage les même valeurs que toi, et quelqu'un de mature aussi. À partir de là ça peut être intéressant, tu en penses quoi?"

Il regarda la jeune femme dessiner en riant un peu à son dernier commentaire, il la voyait totalement faire ce genre de choses, et il comprenait que le mec soit partit.

Actée était beaucoup plus émotionnel, il s'attachait aux gens et les appréciait. La preuve, il restait à écouter les déblatérations ivre de Juliet. Il essayait même de l'apaiser, ce qui fit sourire la journaliste. Rien ne l'apaiserai, elle le savait. Rien sauf peut-être être la maitresse de l'univers, ou remplacer Bey, ce qui revenait plus ou moins à la même chose. Qu'est-ce qu'elle adorerait d'être une créature omnisciente et omnipotente...

Juliet regarda Actée et eut un petit rire. Une personne partageant les même valeurs? C'était invivable, elle le savait très bien. Si elle sortait avec quelqu'un qui agissait comme elle, ils finiraient par s'entre-tuer pour avoir le contrôle sur l'autre....

- "Nan, je me connais et être avec quelqu'un partageant mes valeurs, ça serait pire encore! Tu te rends peut-être pas compte, mais ça serait pas viable. Moi j'aime diriger, j'aime contrôler, j'aime être la cheffe, j'aime que les gens me respectent et font ce que je leur dis, alors si mon compagnon ou ma compagne faisait la-même chose, je la tuerais probablement... Y a plein de moyen d'éliminer des gens sans traces, en particulier avec les Kekkais... Donc non, je suis condamnée à rester seule, à prendre de temps en temps des hommes pour me soulager, ou des machines, et à ne jamais, jamais jamais jamaiiiiiiiiiiiiiis avoir de promotions"

Juliet eut un gros soupir alors qu'elle s’affala encore plus dans le fauteuil

Actée bu un peu de son café. C'était vrai que vu comme ça elle allait difficilement pouvoir trouver quelqu'un de compatible...enfin, peut-être quelqu'un qui se plierait à ses moindres volontés, mais dans ce cas sans doute qu'elle s'en lasserait très vite. Finalement la situation de Juliet était plus compliquée que ce qu'il avait pu imaginer. Par contre il apprenait quelque chose, il ne savait pas que son amie avait un penchant pour les femmes. Mais au fond, ça lui était bien égal.

Il posa sa tasse vide sur la table, et regarda Juliet s'enfoncer toujours plus dans son fauteuil, un peu impressionné par la performance.

"Je peux comprendre, c'est vrai que c'est pas évident des relations dans ces conditions. Mais du moment que tu y trouves ton comptes c'est l'essentiel. Et qui sait, peut-être que tu seras surprise de trouver une personne qui répondra à tes attentes sans que tu aies envie de la tuer."

Il ne s'inquiétait pas trop pour cela, il savait bien qu'elle exagérait ses propos en disant cela....enfin il espérait.

"Ta promotion tu finiras bien par l'avoir. Il n'y a aucune raison qu'ils ne te l'accordent pas. Ils sont certes lents, mais tu peux essayer de les secouer un peu et montrer ce que tu as fais et que tu mérite cela. Sans doute que tu arriveras à les convaincre. Surtout si tu as des projets intéressants pour les Nephils et que tu les leur présente."

Actée semblait croire à l'amour par hasard, la surprise magique sur laquelle on tombe et qui nous correspond. Juliet n'y croyait nullement. L'amour n'était qu'une illusion faite pour tenter de nous dissocier des animaux. Mais ce serait mentir que de dire que la journaliste n'espérait pas tomber sur ce genre de personne.

- "Je suis pas folle, le seul moyen pour que cela arrive, ce serait de la magie"

Juliet regarda Actée, un brin rassurée par ses douces paroles

- "Merci beaucoup Actée. Tu sais, si un jour il arrivait quelque chose de malencontreux à notre élue et que Bey me donnait à moi la direction de la famille, car il est intelligent et me donnerait bien entendu à moi, je ferais de toi mon bras-droit, là pour m'épauler dans les moments difficiles" dit-elle en souriant. Elle eut un petit rire "Je crois que Manori se méfie de moi depuis que je lui ai demandé depuis combien de temps elle était Elue. Je voulais simplement savoir si elle allait bientôt mourir, c'est pas mauvais comme question, c'est même très logique, t'en penses quoi?"

Actée sourit, de la magie? Après leur transformation il était étonné qu'elle n'y croit toujours pas. D'ailleurs il n'avait jamais trop réussi à se faire un avis sur la nature de ses pouvoir. Est-ce que c'était quelque chose similaire à te la magie ou encore une autre forme de....chose, dont il n'avait pas idée?
Enfin, même en admettant que ce soit de la magie, ça ne changerait rien au cas de Juliet. Il s'imaginait bien que même s'il y avait un contractant qui pouvait la faire tomber amoureuse, elle refuserait que ça se fasse de la sorte. D'ailleurs lui aussi refuserait.

Les rêves de puissance de la journaliste dépassaient un peu Actée, tout comme son ego surdimensionné. Mais ce n'était pas parce qu'il ne la comprenait pas qu'il allait changer de comportement avec elle. D'ailleurs, il voyait très bien son côté gentil, et ça lui plaisait bien. Il trouva cela presque touchant qu'elle veuille le nommer comme bras droit, alors que ce genre de rang ne lui aurait pas du tout convenu.

"C'est gentil à toi, mais je ne sais pas si je serais très bon pour t'assister. Mais si ça devait arriver, je suis sûr que tu ferais une très bonne élue. Et je ne sais pas si c'est à cause de cela qu'elle ne semble pas t'apprécier. Enfin, tu ne lui as pas dit non plus pourquoi tu posais cette question, et du coup, posée comme ça, ça n'a rien du tout d'insultant. Et c'est normal pour la journaliste que tu es de te montrer curieuse"

Il espérait vraiment qu'elle n'avait pas demandé cash à Manori si elle allait bientôt mourir, car elle pouvait bien avoir déformé ses propos pour que ça passe mieux en lui racontant...

Enfin quelqu'un qui comprenait ce qu'elle vivait. C'était plaisant d'avoir une oreille attentive et qui ne comptait pas vous poignarder dans le dos comme un traitre. Si les choses continuaient, Juliet pourrait bien y prendre goût d'avoir une personne comme ça. Pas vraiment comme un amant, non elle ne voyait pas du tout Actée comme un candidat potentiel. Il paraissait trop gentil et elle n'arriverait pas à avoir des relations avec une personne comme cela, mais plutôt comme un confident. Si elle était croyante, elle aurait fait de lui son confesseur attitré

- "Merci Actée et oui, tu serais parfait pour gérer les choses. Il me semble que tu es plutôt apprécié à l'hôpital non? Du moins, y a pas de raisons que les gens ne t'aiment pas. J'ai beau chercher, mais y a pas moyen que je m'énerve contre toi... Enfin si, je me suis déjà énervé contre toi mais c'est différent. C'est un énervement sain, celui de la personne qui veut convaincre un ami de penser comme elle pour le protéger. Mais j'ai fait beaucoup d'effort pour accepter que tu ne sois pas d'accord avec moi tu sais?"

Juliet lui sourit un peu, se relevant de son siège pour ne pas y être écrasée comme une crêpe.

- "Actée, est-ce que tu penses que l'on est jugé par nos erreurs et nos mauvaises actions? Je sais bien que Dieu existe pas... Mais je veux dire, par Kyu ou Bey. Est-ce qu'ils essaient pas de faire un test de l'humanité... Ou peut-être ils s'amusent simplement avec nous... Je crois que je ferais comme eux tu sais. C'est comme avoir plein de poupée avec qui jouer, on peut choisir qui est la cheffe et qui doit être l'esclave. Ca me fait penser d'ailleurs à quand j'étais enfant et que je jouais. Vu que j'étais enfant unique, je devais m'occuper souvent toute seule... Et j'aimais pas quand mes parents dirigeaient les jeux que je choississais. Je me rappelle, j'avais une Barbie Hitler à qui j'avais dessiné une moustache" dit-elle en éclatant de rire "J'avais vu un documentaire avec mes parents à ce propos, et je trouvais le bonhomme plutôt amusant, à gesticuler et à crier. Tu aurais du voir la tête de mes parents quand j'ai fait que Barbie Hitler prenait le contrôle de Barbieland"

"En temps que chirurgien c'est normal que j'ai des responsabilité, et pour le moment personne ne s'en est plaint alors je suis plutôt content de ça. Mais de là à dire que je pourrais être bon chez les Nephils...Je pense que je tiens un peu trop à respecter mon serment pour faire un bon bras droit."

Il sourit, appréciant qu'elle ait fait des efforts pour lui. Il sentait de plus en plus qu'ils allaient pouvoir créer une amitié vraiment forte.

"Et j'apprécie tes effort, vraiment. ça me fait plaisir, et je comprends que tu aies été énervé. Toi aussi tu as pu un eu m'agacer par moments, mais j'ai accepté cela. Et tu as beaucoup de bons côtés"

Il nota que Juliet avait vraiment l'air admirative de Hitler, mais plus pour son côté conquérant que pour le massacre qu'il a perpétré. C'était tout de même en demi-teinte, mais il ne dit rien à ce propos. Mais ce qui était clair, c'était qu'elle avait l'envie de puissance dans la peau, une vraie âme de cheffe. Il rit un peu à son histoire, s'imaginant la panique des parents en voyant la scène, puis répondit à la question de la journaliste.

"Je n'irais pas affirmer si Dieu existe ou non, ce n'est pas de mon ressort. Mais je ne pense pas que Kyu et Bey le fassent. Je ne sais pas si on est des marionnettes pour eux, mais elles ont en tous cas tout intérêt à ce qu'on tue des ombres. Je pense que du moment qu'on respecte ce contrat, il n'y a pas de raisons de s'inquiéter. Et tes parents ont du bien paniquer en te voyant, enfin, instinctivement c'est vrai que si j'avais un enfant qui jouait à Hitler sur le coup j'aurais du mal à rester impassible"

Juliet le regarda, curieuse. Beaucoup de bons côtés? Ne disait-il pas cela pour réconforter le coeur d'une ivrogne qui devait le souler a être avachée sur son fauteuil à se plaindre de sa vie et de faire des blagues sur Hitler?

Elle hocha la tête pendant le discours du médecin, n'écoutant qu'à moitié. Elle restait fixée sur la question qu'il lui était venu à l'esprit

- "Merci de croire en moi et tout, mais tu dis que j'ai beaucoup de bons côtés. Je peux en lister maximum 2, voire 3 si je triches un peu. Alors je t'écoute" dit-elle, sur un air de défi

Il n'arriverait probablement pas à dire plus que 3. Après tout, tout ce qui touchait au comportement de la journaliste était exécrable et désagréable...

Juliet ne semblait pas vraiment convaincue, mais il pensait pouvoir la consoler un peu sur ce point. Il ne pensait pas qu'elle avait une si mauvaise estime d'elle-même.

"Eh bien pour commencer tu es mon amie, et je trouve que c'est déjà un gros point positif. ça prouve que tu es sympathique, que tu as de la conversation et que tu n'es pas une personne foncièrement mauvaise. ça fait déjà 4"

Il sourit et prit un peu d'eau qu'il y avait sur la table. Il commençait presque à avoir un peu faim.

"De plus, tu es une bonne travailleuse. Tu es rigoureuse, perfectionniste, tu vas au bout des choses, et c'est rare de trouver ses qualités. Ce n'est pas rare qu'un assistant en salle d'opération m'énerve par son manque de soin qu'il met dans son travail, surtout qu'on parle là en vies humaines. Pour moi tout ça son des qualités rares. Donc j'en ai 8"

Il était assez content de lui. Il pourrait creuser plus mais pour le moment ça devrait suffire pour lui redonner confiance en elle. Et surtout que c'était facilement défendable, si jamais elle voulait se lancer dans un débat pour lui prouver qu'il avait tord.

"Mais je suis aussi conscient que tu as des défauts, et que j'en ai aussi beaucoup d'ailleurs. Je ne suis pas non plus idéaliste, mais j'essai d'être le plus réaliste et optimiste possible"

Juliet écouta Actée sans grande conviction. Qu'était-ce l'amitié de toute façon? Et Actée était ami avec plein de gens... La sympathie de la journaliste était surtout du à la sympathie du médecin. La conversation, elle voulait bien accepter qu'elle avait ça. Et le côté mauvais... Cela restait discutable. Mais la journaliste ne dit rien, respectant la parole d'un ami.

La suite des compliments la fit sourire, la flattant sincèrement. Elle n'avait pas de preuve qu'il pensait cela sincèrement, et il lui avait d'ailleurs déjà dit les mêmes choses, mais c'était toujours plaisant de s'entendre être flattée.

- "Bravo, tu m'impressionnes. Tu serais capable de trouver du bon même chez les pires. Merci beaucoup. Mais je crois que tu me vois comme plus gentille que je suis"

Juliet hésitait d'en parler... Mais lancée sur le sujet, autant continuer

- "J'ai dénoncé le couple entre Allysea, une nephil, et Aylen une Seraph. Ceci à conduit au bannissement d'Allysea. Tu trouves cela gentil? J'ai fait cela uniquement pour me faire bien voir"

Actée voyait qu'elle ne semblait pas le suivre dans son raisonnement, mais aussi qu'elle semblait un peu flatté. On pouvait dire que sa mission était accomplie, mais encore fallait-il qu'elle soit convaincue de la sincérité de ses propos.

Elle sembla étrangement un peu anxieuse quand elle lui reprocha de la voir soit un jour trop positif, peut-être avait-elle une confession à faire?

"Je ne pense pas, je reste tout de même assez réaliste"

Il écouta ensuite sa confession, très étonné. Il devait avouer être un peu déçu et surtout voyait sa confiance quelque peu ébranlée. Il n'avait jamais entendu parler de ce couple mais était triste pour ces deux jeunes femmes. Mais le plus important était que si Juliet les avait dénoncées elles, elle pouvait le dénoncer à tout moment pour ses activités...il avait du mal à ne pas douter de son amie, mais il comptait énormément sur elle.

"Je vois...c'est effectivement pas un acte des plus recommandables...tu leur avais aussi promis de ne rien dire à leur sujet?"

Juliet n'aurait peut-être pas du dire cela. Elle prenait beaucoup trop de risques à parler de cela avec Actée. Il risquait de la poignarder dans le dos désormais. Le lendemain, elle s'occuperait d'avoir un maximum d'informations sur lui pour pouvoir se protéger de toute attaque... Mais en attendant, se soulager de cela lui faisait un bien relatif. Peut-être était-ce de la culpabilité qu'elle ressentait, ou peut-être simplement elle avait besoin d'avoir quelqu'un qui sait ce qu'elle faisait. Ainsi, tout ce qu'elle avait fait n'était pas invisible, mais bel et bien tangible.

- "Et bien... C'est compliqué. Je n'ai jamais promis de ne rien dire à personne. J'ai simplement dit que j'étais quelqu'un de tolérant et d'ouvert d'esprit. Ce qui est vrai d'ailleurs. Mais ma phrase pouvait très bien faire référence au fait qu'elles sont lesbiennes et donc, si je disais 'je suis tolérant et ça ne me dérange pas', je ne faisais pas référence au couple de Seraph et Nephil qu'elles faisaient, mais simplement au fait que c'était deux femmes ensemble. Un certain nombre de personnes aurait pu être dérangé par cela"

Juliet sourit un peu, comme pour appuyer le fait qu'elle avait été honnête

- "Et je comptais pas spécialement le dire à Manori. Je pensais garder cela dans ma poche pour pouvoir faire pression sur Alyssea et avoir ainsi des informations sur les Seraph, informations que je communiquerais à Manori. Mais quand j'ai vue notre élue abattue par la mort d'Ashlan, je me suis dit que c'était le moment de jouer la carte et que cela m'ouvrirait des échelons... Je me suis largement trompé, visiblement ce n'est pas important d'être quelqu'un qui identifie les traitres. Alors je vais plus dénoncer sauf si on me prouve que ça me permet d'y gagner quelque chose. Car au final, je me suis mit à dos Allysea et Aylen, elles pourraient très bien me dénoncer aux Seraphs en expliquant que j'étais celle qui connait plein de chose sur les Nephil. On pourrait m'enlever, me torturer et m'exécuter"

Juliet s'inquiétait relativement peu de cela, elle avait l'impression que les violences directes étaient relativement rare... Seul Lenna l'inquiétait

- "Mais, en toute honnêteté, ils n'auraient pas besoin de me torturer pour que je dise les informations. Le sacrifice pour la bonne cause, c'est pas mon truc. Moi, je veux d'abord moi et après peut-être les autres"

Actée avait à présent un air grave. Tout ce qu'elle lui disait là était certes honnête, mais signifiait beaucoup pour lui. Il avait placé sa confiance en Juliet, surtout en ce qui concernait son aide aux contractants, quel que soit leur bord. Il se sentait quelque peu trahit, enfin, plutôt en insécurité. Si elle avait pu dénoncer ces deux jeunes femmes sans raison, elle pouvait très bien le dénoncer à n'importe quel moment. Il allait devoir se montrer plus prudent à présent, mais il n'allait pas le lui cacher.

"Je vois...mais tu te rends comptes de ce que tu me révèles là? J'ai placé ma confiance en toi, et tu me dis avoir dénoncé et détruit la vie de deux personnes sans aucune raison, juste pour te faire bien voir? Et en plus ça n'a pas marché. Pour le coup c'est vraiment quelque chose que je n'approuve pas du tout"

Il avait presque un ton sévère avec elle. Il avait l'impression qu'elle se comportait de la même manière qu'une enfant égocentrique qui n'a aucune conscience des autres, mais en plus grave puisqu'elle était adulte et plus réfléchie. Mais elle semblait tout de même en proie à ses pulsions, vu qu'elle avait l'air de dire qu'elle avait révélé tout cela à Manori sur un coup de tête. Son imprévisibilité était encore plus dangereuse pour lui. ça lui faisait vraiment mal de se retrouver confronté à cela, lui qui la considérait comme une amie.

"Je peux accepter beaucoup de choses, mais là c'est un peu beaucoup. Surtout que j'avais placé ma confiance en toi. Tu peux comprendre que ça me pose problème, de savoir que tu n'es pas aussi fiable que ce que tu m'avais laissé entendre." il soupira "Mais bon, je t'écoute quand-même. Surtout si tu as quelque chose à dire pour ta défense, ça m'intéresserait"

L'amener à parler n'était pas totalement innocent. S'il devait garder une relation proche avec Juliet dans ses conditions, autant la prendre à son propre jeu. Ils continueraient à se faire des confidences comme avant, et il aurait ainsi les armes nécessaires en cas de trahison. Bien-sûr, il ne les utiliserait qu'en dernier recours, mais il fallait qu'il se prépare à cette éventualité. Néanmoins, cette situation le mettait extrêmement mal à l'aise et il était très déçu du comportement de Juliet.

Juliet regarda Actée avec une certaine incompréhension. Pourquoi parlait-il de confiance trahie et de désapprobation du comportement de la journaliste? Justement, si elle lui disait cela, c'était car elle avait une confiance très grande en lui, elle savait qu'elle ne risquait rien avec lui.

La journaliste se redressa, hésitante. Elle hésitait entre colère et déception. Actée se permettait de lui dire ce qui était bien ou mal, sans être l'écoute qu'elle recherchait. Elle n'avait à se défendre de rien. Elle n'avait nullement trahi la confiance d'Actée, ni celle de personne. Elle n'avait ni mentit, ni tricher, rien de cela. Et le médecin osait la prendre de haut, avec son innocence si pure.

- "Je n'ai trahi la confiance de personne. Je n'ai jamais fait de promesses ou de contrats avec les gens. Je les ai dénoncée par utilité oui, ce qui prouve que je ne l'ai pas fait par aveuglement idéologique. Tu n'as aucune raison de parler de confiance et je suis infiniment plus fiable que n'importe qui dans cette foutue famille tout simplement car j'ai accès à plein d'informations. Si je voulais te jeter dans la gueule du loup, crois-moi je l'aurais fait il y a bien longtemps, dès que j'ai compris que tu pourrais soigner des ennemis sans aucune hésitation. Mais je ne l'ai pas fait car j'y avais intérêt et que j'avais confiance"

Juliet se leva, se tenant un peu, mais resta plutôt droite. L'adrénaline, et le temps passé, aidait.

- "Tu me parles de confiance, comme si je l'avais rompue avec toi. Mais c'est toi qui en ce moment est entrain de la fragiliser. Si effectivement tu es déçu, ce dont tu n'as d'ailleurs aucune raison, tu n'as donc plus aucune confiance en moi. Je me trompe?" dit-elle en l'inspectant du regard. Sans attendre et lui laisser le temps de répondre, elle continua "Tu n'as plus confiance en moi, donc tu vas automatiquement faire changer ton comportement envers moi. Tu ne me diras rien et tu resteras à 'écouter'. Oh mais crois-moi, je sais très bien ce qu'il se passe quand les gens ne font que écouter. Ils notent dans leur petits esprits toutes les petites informations pour s'armer contre la personne qu'ils estiment comme un adversaire. Je le sais car je le fais. Alors crois-moi, tu as eu suffisamment d'informations sur ce que j'ai vécu"

Juliet le regarda avec dureté également. On pouvait voir la colère de la journaliste, dont les mains étaient crispées sur le dossier du fauteuil derrière lequel elle s'était mise pour s'appuyer. Elle ne voulait pas faire partir Actée, mais elle avait de la peine à gérer la réaction d'un de ses seuls alliés... qui n'en était peut-être plus un

- "Sache que je nierais tout ce que tu pourras dire et que tu n'as aucune preuve. De nos deux paroles, la mienne pèsera la plus lourde dans la balance. Alors, dis-moi, qu'as-tu en tête de faire désormais"

Actée resta silencieux, la laissant exprimer sa colère. Il s'attendait tout à fait à cette réaction, et aussi au fait qu'elle ne se remettrait nullement en question. Il voyait aussi qu'elle semblait plus affectée que ce qu'il pensait par le fait qu'il parlait de sa confiance, elle y tenait peut-être plus que ce qu'il pensait. ça le fit un peu réfléchir, et surtout ça lui confirmait qu'elle regrettait quelque part son geste.

Il resta un moment silencieux, pour être sûr qu'elle avait bien finit de parler. Il prit seulement après la parole, plus calmement.

"Je n'ai pas dis que tu m'avais trahit, ni qui que ce soit. Ce que je dis c'est que je ne trouve pas ton acte honorable. Je n'ai pas dis que tu m'avais trahis ou que tu me trahiras. Je te fais encore confiance, mais simplement que, vu ma situation, tu comprendras que ça me fasse réfléchir. Tout ce que je veux c'est est certain que mes secrets soient en sécurités avec toi. une fois que j'en serais pleinement convaincu, je pourrais te les dévoiler."

Il marqua une pause, espérant plus calmer la journaliste que l'énerver à nouveau.

"De plus, tu es la seule Nephil qui soit au courant de ce que je fais. Les seules personnes qui savent son ceux que je soigne, car je leur dois bien un minimum d'explication. Mais tu es la seule qui connait le fin mot de l'histoire. Donc tu peux être assurée que tu es celle à qui je fais le plus confiance dans la famille, et en dehors aussi d'ailleurs."

Et c'était vrai. Il ne s'était confier à personne d'autre et ne le ferait surement pas de si tôt.

"Et tu te trompes. J'ai confiance en toi. Je veux juste te faire réaliser la portée de tes actes. Je suis médecin, tu sais que l'empathie est très importante à mes yeux, c'est pour cela que ça me touche. Mais tu as sans doute raison, je me suis emporté, et je te prie de me pardonner. Et pour te prouver que je te fais confiance, demande-moi n'importe quoi sur moi, et je te répondrais en toute honnêteté."

Faire un deal, ça la rassurerait peut-être pas complètement, mais en partie en tous cas.

"Tu me connais, je suis muet comme une tombe. Jamais je n'utiliserais ce que tu me raconte contre toi. ça ira totalement à l'encontre de ce en quoi je crois."

Actée semblait revenir sur sa parole, surprenant un peu Juliet. Elle était sûre pourtant qu'il avait dit avoir sa confiance trahie, de ne plus lui faire confiance. Elle resta silencieuse, l'écoutant. Elle n'allait pas le trahir sans raison, pour qui la prenait-il? Elle l'appréciait bien et n'allait pas jeter une amitié en pâture si le jeu n'en valait pas la chandelle.

Il avait en plus de bons arguments. Plutôt cohérents et réfléchis... Peut-être essayait-il de l'entuber avec de la logique et de la raison, lui qui utilisait de l'émotion habituellement. Réaliser la portée de ses actes? Est-ce qu'Actée pensait que Juliet était aveugle de ses actions? Elle savait bien que révéler l'amour Allysea et Aylen allait détruire les deux femmes, mais cela ne lui posait aucun soucis moral. Le pire était qu'Actée demandait pardon et pire, il offrait même une compensation... Ceci ne sentait pas très bon, il devait y avoir un piège! On ne pouvait pas gagner comme ça...

- "Moi... désolé d'avoir été un brin rude dans mes paroles... J'ai peut-être mal compris ce que tu voulais dire" dit-elle avec beaucoup de peine "Où est le piège dans ta proposition? Tu n'as aucune raison de faire cela, autre que celle de me faire baisser ma garde..."

Juliet restait toujours derrière son fauteuil

Juliet semblait revenir un peu en arrière, voir regretter ce qu'elle avait dit! Il attendait bien d'elle qu'elle réfléchisse un peu, mais là c'était plus que ce à quoi il s'attendait. Il sourit, content du résultat. Elle semblait malgré tout encore un peu méfiante, ce qui montrait que sa confiance en les gens était très fragile, Actée allait devoir y faire plus attention à l'avenir.

"Merci. Moi aussi j'ai été un peu rude, et je m'en excuse"

Le fait qu'elle lui demande explicitement s'il voulait la piéger le surpris beaucoup. Soit l'alcool lui déliait très fortement la langue, soit le doute qu'elle avait n'était pas assez fort pour qu'elle le cache. Dans le deux cas, ça arrangeait bien le médecin, il allait pouvoir mettre les choses au clair et éviter un quiproquo qui pourrait aggraver fortement la situation.

"Non je ne veux nullement te piéger. Je ne te demande rien en retour, juste de me poser une question, si tu le souhaites, et d'en écouter la réponse. Je veux juste te prouver que je te fais confiance, que si je peux te confier sans problème quelque chose de privé en sachant qu'avec toi le secret est bien gardé. Malgré ce que tu m'as dis, je sais que tu ne me trahirais pas, et moi non plus"

Il sourit, espérant qu'elle comprenne le message. Il aimait cette manière de faire, par la diplomatie et le compromis. Et de plus, le fait de lui confier quelque chose lui montrerait qu'il avait confiance, et vu comme elle avait réagit elle ferait en sorte de la garder, et ne dirait rien.

Juliet le regarda, tentant d'analyser chaque parole, chaque mouvement. Actée pouvait très bien tenter de la psychologie inversée ou alors dire l'inverse de ce qu'il pensait. Si c'était le cas, alors c'était le plus grand des manipulateurs. Ce ne collait pas avec tout le reste de l'image que la journaliste avait du médecin, mais ce n'était pas impossible. Etait-il même vraiment médecin? Voire même Nephil? Elle secoua la tête et se rassit lentement, avec une grande prudence, comme si Actée allait lui sauter à la gorge. Elle pouvait toujours appeler son arme plus rapidement que lui si nécessaire...

Un silence s'installa durant lequel Juliet tentait choisir une action. Elle ouvrit la bouche, voulant dire quelque chose mais rien ne sortit. Elle la ferma immédiatement, se leva et fit un signe qu'elle revenait. Actée pouvait entendre qu'elle était entrain de vomir. Peut-être l'avait-il vu? Dans tout les cas, la journaliste revint un quart d'heure plus tard, le visage essuyé et les cheveux totalement ébouriffé. Elle s'était également versée de l'eau sur le visage pour se remettre en état

- "Tu me dis donc que tu répondrais à n'importe quelle des questions que je te poserais sans mentir? Tout ça, juste pour me prouver que tu as confiance en moi?" dit-elle en s'asseyant à nouveau. Elle hésitait "Je ne sais pas que te demander... Il y a tellement de choses... Mais je ne sais rien de toi en réalité, peux-tu me parler de toi?"

Actée avait toujours été des plus secrets concernant sa vie, maintenant était le moment qu'il en parle plus

Actée se sentait scruté, analysé par le regard plein de méfiance de Juliet. ça lui faisait énormément de peine et l'inquiétait beaucoup. Il n'avait pas pensé provoquer une telle réaction chez elle en exprimant son mécontentement face à ses actes, elle devait bien s'imaginer pourtant qu'il n'allait pas l'approuver! Il ne la savait pas si susceptible, mais n'avait pas non plus envie de lui cacher des choses à cause de ça, ça serait encore pire.

Il laissa le silence planer, pour la laisser réfléchir. Il anticipait déjà les questions qu'elle pouvait poser, et devait se préparer à y répondre. Si elle posait des questions sur son enfance, il aurait énormément de mal à en parler sans être ému...depuis combien de temps d'ailleurs ne s'était-il confié à quelqu'un à ce sujet? Même ses rares ex n'étaient pas toutes au courant de ce qui lui était arrivé. Mais il l'avait promis, il répondrait.

Soudainement, Juliet se leva, et il vit très clairement qu'elle allait vomir...et il ne s'était pas trompée. Elle resta longuement à la sale de bain, et il décida de ne pas aller l'importuner. En attendant, il alla dans la cuisine lui préparer un verre frais d'eau gazeuse qu'il déposa devant son fauteuil avant qu'elle ne revienne.

La journaliste finit par réapparaître, les cheveux complètement désordonné, l'air un peu hagard. Elle se sentirait sans doute mieux maintenant que c'était passé, et elle semblait déjà plus calme. Actée lui désigna le verre une fois qu'elle se fut assit.

"Tient, bois à petites gorgées, ça te réhydratera et ça te fera du bien à l'estomac. Et oui, c'est exactement ça. Je te donnerais de quoi vérifier mes dires quand tu le souhaiteras."

Le médecin écouta la question, elle était bien plus vague que ce qu'il s'était imaginé. Ce n'était pas sans lui déplaire, il allait pouvoir aborder les choses en douceur, ce serait plus facile pour lui. Il s'éclaircit la gorge et commença son récit, qu'il prévoyait déjà d'entre-couper de pauses pour laisser le temps à Juliet de bien assimiler les choses et pouvoir poser des questions entre-temps. PAr contre il espérait juste qu'elle se souviendrait de tout le lendemain, il n'avait déjà pas envie de tout recommencer.

"C'est un peu large comme question mais très bien, je vais te répondre au mieux. Tu sais déjà que je suis médecin chirurgien, spécialisé dans la chirurgie faciale. J'ai fais mes études ici, mais avant je vivais en Grèce. Je suis arrivé à l'âge de 15 ans avec mes parents, à Brooklyn. Avant nous habitions à Spartes. J'ai un frère aîné, et mes deux parents sont en vie. C'était une famille très croyante et pratiquante. Je l'ai quitté à 20, pour venir faire mes études ici. Autrement tu sais déjà que je suis célibataire, depuis plusieurs années déjà, mais je le vis plutôt bien. J'ai bien sûr eut des petites amies, mais ça n'a pas tenu, je préférais me consacrer pleinement à mes études. Et aujourd'hui j'ai un emploi du temps un peu trop chargé pour avoir du temps pour une autre personne au quotidien. Voilà, tu as des questions jusque là? Ou tu préférerais que je parle d'autre chose?"

Juliet accueilla avec un certain plaisir l'eau fraiche qui vint apaiser la douleur de sa gorge irritée. Ce dernier whisky, elle avait sentit qu'il ne passerait pas mais elle avait espéré pouvoir le contenir au moins jusqu'au départ d'Actée. Ma fois, elle ne pouvait pas tout avoir...

La journaliste écouta avec intérêt l'histoire d'Actée, invoquant instinctivement son carnet et notant ce qu'il disait, pour être sûre de ne pas oublier une miette de ce qu'il racontait. Il resta relativement vague, en partie en lien avec sa famille. Il n'en avait jamais vraiment parlé, la mentionnant briévement. Au vue de ce qu'il disait, et ce qu'elle savait de lui, peut-être y avait-il eu une mésentente profonde entre lui et elle? L'idée de l'homosexualité d'Actée lui revint à l'esprit. C'était encore un motif valide d'expulser quelqu'un du cercle familial.

- "Tu restes toujours très évasif avec ta famille. J'imagine bien que tu dois avoir un problème avec elle, quel est-il? Est-ce que par hasard tu aurais une orientation sexuelle qui leur aurait déplu?" tenta-t-elle avec diplomatie

Tout collait : rejet par une famille fanatique, propreté sur lui, pas de compagnes ou de conquête malgré un milieu très féminin et ainsi de suite

Actée la regarda prendre des notes sans rien dire, l'écoutant seulement. Il ne l'avait pas encore vu comme ça concentrée, mais ce n'était pas choquant, ça allait parfaitement avec sa personne. Finissant son introduction, la gorge un peu sèche, il prit un verre d'eau lui aussi et bu, écoutant la question de Juliet. Il le reposa en souriant, elle ne tenait pas du tout le bon point. Mais son sourire s'effaça quand elle lui demanda la nature exacte de cette séparation, qu'elle avait bien décelé. Il posa son verre et prit quelques instants avant de répondre, pour ne pas laisser l'émotion le prendre.

"Non, il n'y a pas de raison à cela. Je n'ai connu que des femmes, et je n'ai été attiré que par des femmes. Ce n'était pas ça le problème" nouveau, silence. "Le problème...venait en grande partie du fanatisme de mes parents. Ils étaient des témoins de Jéhovah, ils se sont convertis peu après ma naissance. Et ça a engrangé....beaucoup de choses peu agréables"

Il soupira un peu. L'histoire de sa malformation avait tellement de mal à sortir d'entre ses lèvres...rien qu'à penser à l'idée de prononcer les mots "bec-de-lièvre" lui nouait la gorge. Elle allait sans doute être convaincue qu'il lui mentait sur son orientation sexuelle s'il ne se reprenait pas...

Juliet vit que la réflexion touchait Actée... Elle devait donc probablement avoir touché juste! La journaliste sourit avant de cesser, comprenant que c'était autre chose. En même temps, elle se demandait combien de femme il avait eu... En tant que médecin, il devait pouvoir se les mettre en poche sans problème! Mais le problème était ailleurs... il n'y avait pas vingt milles choses qu'un témoin de Jehovah n'aimait pas...

- "Hum... Problème de mécréance? Tu refusais de croire en leur Dieu et ça t'a attiré des problèmes?"

Les religions avaient toujours eus des problèmes avec les intellectuels et les ouverts d'esprits... Et Actée était définitivement dans ces deux cas.

Actée la regarda et secoua négativement la tête. ça aurait pu, et aujourd'hui c'était le cas, mais ce n'était pas la base du problème.

"Non ce n'était pas cela le problème. Je ne suis pas témoin de Jéhovah comme tu peux bien l'imaginer , ni même pratiquant. Mais c'était autre chose"

Il prit un instant pour réfléchir à la meilleure manière d'introduire la chose, surtout qu'il ne savait pas si Juliet y connaissait quelque chose ou non, à ce sujet.

"Mes parents refusaient tout ce qui était médical, ou presque. Enfin, aucun médicament ou presque n'était toléré. Mais il se trouve que j'ai eu besoin d'une opération, dès la naissance à vrai dire, et ils me l'ont toujours refusé. C'est pour cela que je suis partis dès que j'ai pu et qu'aujourd'hui je suis en mauvais terme avec ma famille"

Bien entendu, Juliet savait bien qu'Actée n'était pas religieux, et encore moins témoins de Jehovah. A vrai dire, elle n'aurait jamais pensé qu'il avait eu une famille fanatique... Il semblait tellement réfléchi, calme et zen... A la limite, si il avait dit que sa famille était des fanatiques moines bouddhiste, elle aurait été moins surprise probablement, bien qu'Actée ne soit nullement asiatique.

Comme tout bon témoin de Jéhovah, Actée avait été soumis à des interdits nombreux, en particulier concernant les soins. Ils lui avaient refusé une opération nécessaire et était ainsi partit du foyer familial à cause de ça. Juliet réfléchit et examina Actée

- "Et c'est pour cela que tu es devenu médecin. Mais donc, tu devais être opéré pour quelque chose d'important. Ce n'était nullement quelque chose de mortel, sinon tu ne serais pas là, ni de trop handicapant mentalement ou physiquement, sinon tu aurais de plus graves séquelles" dit-elle en se levant pour faire les cents pas. A cause de l'alcool dans son sang, elle n'arrivait pas à réfléchir sans partager ses réflexions "Tu es dans la chirurgie n'est-ce pas? Réparatrice si je me souviens bien... Est-ce que ce serait lié à ton traumatisme? Tu te serais spécialisé dans quelque chose qui te permettrait de réparer les erreurs que tu as subis"

Réfléchir lui faisait du bien et l'aidait à sortir de son idée fixe de promotion. Elle s'approcha d'Actée, le scrutant

- "Je ne t'ai pas vu nu, alors je ne sais pas si tu as d'autre cicatrices. Mais je dirais que c'est quelque chose qui était très visible, voire humiliant, mais pas quelque chose de débilitant. J'aurais bien dit une scoliose violente, mais ça touche généralement les femmes ça... Est-ce que la cicatrice que tu as sur ton visage y est lié?"

La cicatrice semblait vraiment minime pour provenir d'une chose qui a détruit la vie d'Actée

Actée se laissa observer ainsi, et se tut le temps que Juliet fasse ses spéculations. Visiblement elle n'était pas journaliste pour rien, même ivre elle avait su mener une réflexion en toute logique qui l'avait amenée à la bonne réponse. Il était assez impressionné par la performance, et eut un petit sourire, triste, qui s'effaça très rapidement. Il hocha la tête, signe qu'elle avait touché au but.

Il ouvrit la bouche, puis se ravisa, les mots ayant beaucoup de mal à sortir. Cela devait faire presque dix ans qu'il n'en avait plus parlé à quelqu'un, que ces mots n'était plus sortis de sa bouche. Il avait gardé tout cela enfoui pour lui, aidé par le fait que bien peu de monde savait quels étaient les prémices de sa cicatrices. Les dernières personnes à l'avoir compris étaient les enfants qu'il avait hospitalisé pour le même problème, et leurs parents. Ils savaient le sujet délicat, l'ayant vécu, et se contentaient d'un regard plein de compassion, d'une main posée sur le bras, et respectaient son silence. Maintenant, il allait devoir parler.

"Oui....c'est ça...je suis né..." il souffla "Je suis né...avec une fente labiale-palatine...un bec-de-lièvre..."

Il détourna un peu la tête, pour reprendre un peu de contenance, les yeux humides. Il détestait se confier de la sorte. Il savait que c'était pas forcément une bonne chose de tout garder ainsi pour soit, mais c'était une de ses faiblesses...et il en avait tellement souffert...

"J'ai été opéré...seulement à 20 ans...avec mes propres moyens...un médecin, le meilleur homme qu'il m'a été donné de connaître, a accepté de me soigner avec en paiement le peu d'économies que j'avais...je lui en serais à jamais reconnaissant...."

Il se tut, serrant les mâchoires. Pleurer devant quelqu'un, surtout quelqu'un qui n'était pas très tendre comme Juliet, c'était encore un signe de faiblesse. Il ne voulait pas qu'elle le prenne en pitié, ou encore pire, qu'elle le trouve ridicule et se raille de lui. Il ne le supporterait pas.

L'émotivité d'Actée surprit Juliet. Lui qui semblait toujours autant neutre et stable, bien qu'un peu trop gentil, il semblait bouleversé comme jamais. Il était vrai que, si cette maladie lui avait fait perdre une vie et sa famille, Juliet pouvait comprendre bien qu'elle avait de la peine à avoir de l'empathie, comme toujours. Heureusement que le médecin précisa qu'il possédait un bec-de-lièvre, car elle n'aurait jamais deviné avec la simple mention du nom technique.

Ce qui impressionna Juliet était le fait qu'Actée avait mit toutes ses économies dans cette opération. Il y avait alors deux possibilités. Soit le médecin était bien trop sensible, soit le bec de lièvre était plus grave que les images que Juliet avait en tête. Elle voyait les divers célébrités qui avaient été affectés par cette déformations, et personne ne semblait être un monstre. Au vue de la patience et du calme du médecin, la journaliste penchait pour la seconde option.

- "Et j'imagine que ce bec-de-lièvre était plus critique que la majorité des cas? Je dois t'avouer que je connais assez peu cette maladie, mais je suis désolé pour toi que tu aies du subir un certain fanatisme de tes parents. Mais tu sais, tu as malgré tout un sacré mérite" commença-t'-elle pour l'encourager "T'es partit de rien et là, t'as non seulement réussi à payer ton opération, mais en plus t'es devenu médecin, très compétent en plus, et même t'as tapé dans l'oeil de Bey, pour être ainsi le meilleur médecin que Palema ait connu. Moi, je serais fier de ton parcours en tout cas"

Juliet lui sourit, avec assurance

- "Tu sais, sans le passé, on serait pas ici. Même si le passé est dur, on ne peut que devenir meilleur si on construit dessus. Je sais que c'est facile pour moi de dire ça, je suis une des rares personnes dans cette famille à avoir une histoire sans souffrance. Mais en tout cas, je te remercie d'avoir partagé ça avec moi, je ne pensais pas que tu le ferais"

Juliet semblait détendue et reconnaissante

Une fois que l'émotion fut suffisamment retombée pour qu'il puisse soutenir le regard de son amie, Actée tourna la tête vers elle et observa sa réaction. Il avait le cœur qui battait la chamade, redoutant ses mots. Il savait que sans penser à mal, elle pouvait le blesser cruellement. Il était extrêmement sensible à ce sujet, et ne pouvait rien y faire.

Elle avait l'air calme, prenant son temps pour répondre, ça n'améliorait pas l'angoisse d'Actée...enfin elle ouvrit la bouche, et eut les mots justes. Sa compréhension et l'encouragement qu'il sentait dans sa voix lui firent un bien fou! C'était ce qu'il espérait sans oser l'imaginer. Qu'elle ne connaisse que peu la maladie n'était pas du tout important, ce qui lui importait était qu'elle ait saisit que l'impact que cela avait eut sur sa vie était bien réel.

Juliet ne s'arrêta pas là, le félicitant et l'encourageant. Cela lui donna un peu de courage et lui fit esquisser un sourire reconnaissant. ça ne faisait que le conforter dans son choix, et lui redonnait un peu de confiance en lui. Il était extrêmement touché par cette tirade, mais cette fois positivement, et s'apaisa doucement.

"Merci beaucoup. Tout ce que tu me dis...ça me fait beaucoup de bien, vraiment. Je pourrais t'en dire plus sur la malformation, mais dans tous les cas c'est toujours difficile à vivre...je veux pas trop m'étendre, mais on opère normalement systématiquement à la naissance. ça n'est pas qu'un défaut physique, mais c'est réellement handicapant, ça engendre des problèmes pour se nourrir, pour parler...enfin, je ne veux pas t'assommer avec tout ça"

Il respira un instant, pour calmer son flot de paroles. Sans doute que tous ses détails ne l'intéressaient pas, mais le fait qu'elle ait réagit aussi bien à sa confession avait comme débloqué quelque chose chez lui, et la peur d'aborder ce sujet commençait déjà à s'amoindrir. C'était bon signe, même très bon signe.

"C'est très gentil à toi...vraiment. Et tu n'es pas en reste, tu es la meilleure journaliste de Palema, et sans doute des Etats-Unis." il sourit "Tu as raison. Sans cette malformation, je ne serais jamais devenu médecin, et surtout je n'aurais jamais été aussi dévoué à mon travail...le fait de me séparer de ma famille a été salvateur, et j'avais pu me forger le caractère nécessaire pour affronter cela. Et ce n'est pas parce que tu as eu une famille "normale" que tu es moins méritante, de loin pas."

Tous ces compliments lui faisaient très drôle, jamais il ne l'avait entendu complimenter ainsi quelqu'un. Il appréciait beaucoup cela, et se dit que sa mission était accomplie, il avait pu regagner sa confiance. Il était à présent totalement soulagé, libéré.

"Encore merci à toi...je t'avais promis de te le raconter, et je n'allais pas y dérober. Merci de m'avoir écouté et dit tout cela...vraiment, tu ne sais pas comme ça soulage de parler à quelqu'un de compréhensif..."

Le sourire d'Actée, cette reprise de confiance, rappelait à Juliet la petite Nelytsa qui avait été toute perdue la première fois qu'elles s'étaient rencontrés. D'ailleurs, que devenait-elle? La journaliste se rappelait qu'elle avait été profondément affectée par la mort d'Ashlan et qu'elle avait l'impression que tout le monde l'abandonnait... Ce qui n'était pas le cas de Juliet! Simplement qu'elle avait beaucoup de choses à faire...

Mais elle écouta le flot de parole d'Actée, qui était bien différent que d'habitude. Il était presque attachant, un peu comme un enfant. Si elle n'avait pas peur de s'écraser en marchant vers lui, elle lui aurait même fait un câlin, comme avec Nelytsa. Elle fut d'ailleurs flattée qu'il la dise tout autant méritant... Elle aimait qu'on dise cela d'elle.

- "Merci de voir en moi quelqu'un de compréhensif. J'aurais pensé que tu me décrirais plutôt comme une monstre sans coeur. Mais tu vois, j'ai beau faire des choses 'mal' à tes yeux, ça veut pas dire que je suis quelqu'un qui n'a pas de bons côtés. Je te remercie encore une fois de m'avoir tout dit et d'avoir respecté ton deal Actée"

C'était rassurant de voir qu'il était honnête, à ce rythme, Juliet pourrait le considérer comme un vrai ami.

Actée sourit, voir Juliet ainsi, presque émue. C'était une preuve de plus pour lui que son amie était plus humaine et sensible qu'elle ne laissait paraître. Même lorsqu'elle prenait le point de vue d'Actée, elle continuait à être persuadée qu'il la voyait mal. Sans doute pensait-elle que tout le monde la voyait ainsi, et il était vraiment triste pour elle.

"Jamais je n'aurais pensé ça, autrement je ne serais pas là à te parler de tout ça...la dernière personne à qui j'en ai parlé c'était mon ex...mais ça doit bien faire plus de 10 ans...ça me rajeunis pas. Et c'est normal que je l'ai tenu, je te l'avais promis."

Il sourit un peu et regarda l'heure. Il était bien tard et il était gentiment temps pour lui de rentrer. En plus il avait bien besoin de digérer toute cette soirée.

"Je vais te laisser, il se fait vraiment tard, et tu dois sans doute avoir envie de te reposer...mais merci pour m'avoir écouté et...l'avoir prit de la sorte. ça m'a fait beaucoup de bien. Et j'espère que tu ne m'en veux plus, je n'avais vraiment pas voulu te blesser"

Il se leva tranquillement, lui laissant le temps de voir si elle pouvait se lever ou non, ou s'il pouvait l'aider à aller jusqu'à sa chambre. Mais il serait peut-être mieux qu'elle ferme sa porte à clé derrière lui...et il voulait bien qu'elle se lève, il voulait la remercier comme il se devait.

Juliet sourit, touchée malgré tout de sa confiance. Mais elle ne pouvait s'empêcher d'imaginer Actée avec un homme, lorsqu'il mentionna son ex... Peut-être était-ce l'alcool, ou peut-être était-ce le fait que Juliet avait du mal à revenir sur une première impression. Il a bien fallu que Russel s'excuse et lui sauve la vie pour qu'elle accepte s'être trompée sur son compte.

- "Même si tu dis que c'est normal, ça me fait toujours plaisir de voir quelqu'un respecter les contrats, dans notre monde c'est trop rare"

Elle se leva à sa suite. Il avait raison. Elle allait devoir végéter et prendre conger le lendemain car elle savait déjà que les cloches sonneraient toute la journée...

- "C'est rien, ça m'a fait plaisir. Et t'en fais pas, c'est déjà oublié le fait que tu aies fait une remarque déplacé, t'inquiète. J'ai pas tendance à avoir une rancune tenace envers les gens. Tu sais, y a bien quelqu'un qui s'était moqué de moi, y a pas très longtemps, et j'ai même pas mit le feu à son restaurant malgré le fait que j'ai beaucoup hésiter. Je me suis juste contentée de créer des comptes pour mettre des 0 étoiles à son établissement" dit-elle en riant "Mais merci encore"

Juliet raccompagna, avec un peu de peine, Actée jusqu'à la porte. Elle le salua puis ferma derrière lui. Après, elle se traina misérablement sur le canapé, n'ayant pas la force d'aller jusqu'au lit, et se déshabilla à moitié avant de s'endormir mollement.

Actée était au final content de la soirée. Il était persuadée que maintenant ils allaient encore plus pouvoir compter l'un sur l'autre et s'épauler. Surtout que son secret était sûr avec Juliet, elle n'avait aucune raison de le raconter...enfin il espérait. Et elle semblait aussi contente, donc c'était bon signe.

Elle le racompagna un peu mais n'eut pas suffisamment de force et d'équilibre pour aller plus loin que la porte du salon. Il s'y attendait et n'insista pas pour qu'elle aille plus loin. Il allait se pencher vers elle pour lui faire un bref câlin, histoire de la remercier comme il se devait, quand elle lui raconta une histoire du moins...peu rassurante. Il se ravisa et la regarda, ne sachant pas trop si c'était une petite menace ou si elle se fichait de lui. Dans le doute il rit un peu.

"Heureusement qu'on a pas un système d'étoiles à l'hôpital...de rien, ça m'a fait plaisir. Merci à toi aussi, et repose toi bien, tu en as besoin"

Il se contenta d'une bise rapide puis rentra chez lui, encore un peu perturbé par cette dernière phrase. Mais sans doute qu'il se faisait trop de soucis pour rien...