La nervosité était en train de manger le cerveau. Demain, il s'agissait de l'une de ses plus grandes missions et Alice était incapable d'étudier pour oublier ce sentiment qui la mettait mal à l'aise. Elle aurait pu tout autant en parler à John et Russel, mais cette fierté qu'elle possédait lui en empêchait en quelques sortes. C'était donc d'un pas décidé qu'elle était sortie, à la recherche d'ombre assez faible. Son but était de se défouler et non de se blesser, surtout la veille d'une mission. Alors si elle en voyait une plus ou moins aussi forte qu'elle ou plus, elle l'abandonnerait.

Le mieux pour ce genre de chasse était le quartier Sud. Habitante du quartier nord, elle était descendue d'abord par le quartier est en passant devant le grand centre commercial. Il y avait assez de monde pour la dégoûter… cette plèbe crasseuse.

Dire qu'elle descendait jusqu'au quartier sud, si la jeune héritière était déjà dégoûtée à ce stade, elle ne tiendrait jamais seule jusqu'au bout de la route. Toute cette sueur qui valsait dans l'air, toutes ces personnes qu'elle considérait comme malpropre (ils n'avaient sans doute pas les moyens pour se payer 5 douches dans la journée) l'obligea à se tenir tout de même éloigner des passants.
Au final, son état mental s'était pas mal amélioré : au début, elle refusait totalement de mettre les pieds dans d'autres quartiers que le quartier riche. Peut-être que bientôt, la jeune femme arrêtera d'agresser ou d'insulter le premier passant qui osait la toucher, même sans faire exprès.

Même si la jeune femme était surtout occupée à esquiver les gens qui marchaient autour d'elle, elle avait fini par remarquer un jeune homme sur lequel était accrochée une ombre. Directement, elle préféra se cacher d'elle, quitte à utiliser les personnes autour d'elle pour commencer une filature. Si elle le souhaitait, elle pouvait engager le combat en déployant un Kekkaï dans un coin, cependant, elle voulait s'assurer du niveau de cette ombre.

Tout doucement, elle entra alors dans le centre commercial. Ce n'était pas un si mauvais choix si l'humain contrôlé tentait d'accéder au toit pour tenter un suicide. À vrai dire, Alice ne savait pas dans quel état mental il se trouvait. Mais aller sur le toit était une bonne idée pour quelqu'un qui essayait de se suicider. Si elle se rappelait bien, il était interdit d'accéder au toit, alors un combat là-haut serait envisageable.

La jeune femme aperçut l'inconnu qui avait une ombre entrée dans un magasin de jeu vidéo. C'était typiquement le genre d'endroit qu'allait éviter la demoiselle, sans compter qu'elle ne remettrais plus les pieds dans ce centre commercial. Elle avait osé poser ses fesses à un moment sur un des bancs et devoir essuyer sa pauvre robe de couleur claire. De son point de vue, la poussière inondait les lieux tout comme la sueur de l'été. Alors plutôt que d'attendre assise devant le magasin comme une passante passe-partout, elle préféra rester debout. De toute façon, elle pouvait se fondre dans la masse, mais quelqu'un qui passait à côté d'elle remarquerait forcément la belle tenue qu'elle avait et les bijoux qu'elle possédait. Personne ne pouvait dire avec certitude la qualité exacte de ce que portait la jeune femme, mais son allure, sa façon de marcher permettait de s'en douter. Elle avait l'attitude parfaite d'une riche.

Elle n'avait pas une seule seconde quittée le magasin de jeux-vidéo des yeux, alors il fut aisée pour elle de revoir sortir l'homme à ombre assez rapidement. Alice ne pouvait néanmoins pas placer un Kekkaï ici et se permettre de disparaître sous les yeux d'autant de personne. Encore un petit moment, elle décida de le suivre en douce.

La suite des événements avait plutôt lieux dans le parking souterrain visiblement. La Nephil continuait tranquillement sa filature, plutôt d'un rythme doux puisqu'elle devait faire attention à ce que ses talons ne fassent pas trop de bruit pour attirer l'attention. En tout cas cet endroit tombait plutôt bien puisqu'il n'y avait personne à part eux deux pour le moment.
Alice finissait alors par se cacher derrière une dernière voiture avant d'observer le jeune homme forcer une porte interdite. Au moment où il rentrait dedans, la jeune femme plaça un Kekkai.

Maintenant disparue aux yeux des humains, elle se montra face à l'ombre, emprisonnée dans les filets de la belle. Sourire en coin, elle invoqua simplement ses deux épées et rentra dans une danse qui ne dura que quelques secondes au final. L'ombre était d'un faible niveau, qu'un coup d'épée lui avait suffit pour la tuer.

Le combat avait finit en haut d'une voiture. Sachant qu'il s'agissait d'un angle mort pour le jeune homme de tout à l'heure, elle révoqua son Kekkai pour se retrouver dans la bonne réalité. Cependant, l'héritière n'avait pas calculé le facteur glissade dans ses plans. La paroi lisse de la voiture et de ses talons la firent glisser de la voiture, d'abord sur le capot, puis sur le sol, provoquant un boucan pas possible.

- Ghn…

Alice lança un assez long soupir après sa chute. Salir sa belle robe sur le sol crasseux et poussiéreux d'un vulgaire parking de centre commercial du quartier est était bien le dernier de ses désirs. Quoiqu'elle ne puisse même pas considérer cet acte comme un désir. De plus, l'humain avait bien dû entendre la demoiselle se casser la figure de la voiture. Elle venait sans doute de passer pour quelqu'un de maladroite, alors qu'elle ne l'était pas d'habitude. Fichtre, elle était pourtant tout le temps en talon, même pour combattre, et même pour ses entraînements. Le stress de la future mission ? La jeune femme devra faire attention à porter des chaussures plates pour demain, il vaudrait mieux vu la gamelle qu'elle venait de se prendre.

Enfin bref, elle releva doucement la tête en regardant celui qui venait de l'approcher, et surtout de lui parler. Ses hypothèses étaient plutôt intéressantes, surtout crever les pneus de la voiture de son ex. C'était bien du style de la jeune femme de faire ce genre de chose, après lui avoir collé une bonne baffe bien sûr. Dommage, mais elle était toujours en couple, et n'avait nul besoin de se venger de John pour le moment.

- Non. Ne me touchez pas.

Elle refusa catégoriquement l'aide pour se relever. Hors de question qu'elle touche la main de quelqu'un faisant partie de la plèbe. Plutôt mourir, ouais. Alice commença donc à se relever, évitant bien sûr de croiser le regard de l'inconnu. C'était beaucoup trop embarrassant au final de tomber pour presque rien.

- Et non, cette voiture n'est pas à moi et je ne connais pas son propriétaire.

A cause de sa chute, elle n'avait pas vraiment tiqué sur le moment ; la façon dont il lui parlait commençait à la déranger sérieusement.

- Qui vous a permis de me tutoyer ?

Alors qu'elle avait une mine assez embarrassée pour être tombée ridiculement d'une voiture, elle avait transformé une nouvelle fois son visage en une expression un peu plus sévère. De toute façon, la jeune femme était clairement atteinte de la maladie de himedere mélangé à de la tsundere, si l'on employait des termes plutôt otaku.
Elle tapota un peu ses vêtements pour tenter d'enlever les traces grisâtres sur sa robe, surtout au niveau du postérieur, ce qui lui a servi à amortir sa chute.

Alice observa alors la tête du jeune homme alors que de la salive coulait de ses lèvres comme la personne la plus sale du monde. Elle tira une tête assez magistrale de dégoût et recula d'un pas. « Erk » pensa-t-elle un petit moment. Son regard passa de bas en haut pour le juger sur sa tenue délabrée d'après ses goûts de princesse. Mais pouvait-elle vraiment prendre cet air-là alors que son actuel copain devait probablement porter les mêmes fringues que ce manant ? À croire que l'amour rendait vraiment aveugle.

Enfin, il n'avait pas eut l'air d'avoir compris pourquoi elle voulait se faire vouvoyer. Ce n'était pas à cause de l'âge, mais plutôt à cause de sa classe sociale qu'Alice considérait beaucoup plus basse que la sienne.

- Je ne souhaite pas que vous me tutoyiez, les personnes risqueraient de se méprendre sur une relation amicale entre nous. Mais ce n'est pas le cas. Je ne veux pas être associé à quelqu'un comme vous.

Ceci dit, elle tourna des talons pour commencer à chercher la sortie de ce parking avec un petit coup d’œil. Comme elle avait été occupée à suivre ce jeune homme, elle n'avait même pas fait gaffe aux environs et savoir d'où est-ce qu'elle venait. Maintenant que ses ennuis ne doivent plus lui poser de problème à cause de l'ombre, elle pouvait pleinement sans aller avant que quelqu'un ne la voit ici, dans cette pénombre de saleté.

Alors que la jeune femme cherchait désespérément la sortie, le jeune homme qu'elle venait de sauver d'un suicide lui indiqua presque poliment. Mais au moins, il avait fait l'effort de la vouvoyer comme elle l'avait si bien demandé. L'héritière s'avança alors vers la sortie qu'il lui avait indiquée quelques secondes auparavant avant de se retourner pour écouter sa proposition.

Ses yeux abaissèrent son regard pour regarder le petit paquet de gâteau qu'il lui tendit. De deux doigts, pouce et index, elle attrapa le paquet comme s'il s'agissait d'un papier trempé dans des étrons de chiens et qu'il sentait horriblement mauvais. Alice afficha une petite mine dégoûtée encore une fois en se demandant quel était donc ce truc de pauvre.

- Vous avez vraiment de mauvais goûts…

Elle donna donc aussi l'impression de ne pas connaître les Twinkies. Elle avait des goûts beaucoup plus raffinés que ça pour ce qui concernait le goûter ou même petit en cas.
Ne lui proposant même pas de le reprendre, elle laissa tomber la chose en le lâchant. Pour éviter de se contaminer encore plus, elle attrapa un mouchoir pour s'essuyer la main de toutes saletés qu'elle venait de toucher.

- Je ne veux pas de ce truc. Pour ce qui est des ennuis, je ne vois pas comment une jeune femme comme moi pourrait se faire accuser. C'est forcément de votre faute.

Elle afficha un petit sourire narquois dans sa réponse, tout en le regardant. Même si elle était contractante et très bonne combattante, elle apparaissait toujours comme une frêle jeune femme.

La jeune femme baissa les yeux pour regarder le suicidaire ramasser la nourriture qu'elle avait vulgairement laissé tomber sur le sol tout en parlant. En l'entendant dire que ce monde était de la « merde », elle haussa un peu les épaules. Elle le savait, malgré son statut de femme riche. Puis elle venait à penser quelle était sa raison pour dire tout cela, était-ce la même que l'ombre avait contrôlée et utilisée pour pousser ce jeune homme au suicide ? Vu son potentiel misérable, ça ne l'étonnerait même pas de savoir qu'un chat allait essayer de le contacter. Quoiqu'elle ne savait pas vraiment comment ils choisissaient leurs futurs contractants.

Bref, ses yeux le suivirent lorsqu'il décida de se relever et de la dépasser dans sa trace.

- Je n'ai pas envie de goûter à de la nourriture aussi basse qualité.

Par exemple, ses œufs bio en plein air, elle y tenait. Alice ne pouvait pas s'imaginer manger des œufs venant de poules élevées dans des cages aussi ridicules qu'une cage de hamster. Tout le monde le savait, mère stressée, bébé affecté. C'était vraiment les pires œufs à manger. Même si sa nature de contractant lui permettait de ne plus attraper de saletés venant de la nourriture, ses goûts de princesse n'étaient pas prêt de lui fait faux bond.

Au bout d'un moment, elle s'arrêta d'un coup. Sous son pied, elle avait senti quelque chose de plutôt désagréable et qui n'engageait rien de bon. Peut-être que la chute sur la voiture lui avait bien cassé quelque chose. Ce quelque chose semblait être l'un de ses talons. Il était encore vaguement accroché, mais une fissure subsistait. Comment l'avait-elle remarqué ? C'était simple, son pied posé au sol n'avait plus la même sensation qu'avant. Pour une jeune femme comme elle qui avait l'habitude de ce genre d'attirail, c'était simple à remarquer.
Surtout, l'autre de la plèbe ne devait pas l'apprendre, cette situation était embarrassante et elle devra sans doute demander à un de ses chauffeurs de venir la récupérer ici. En faisant mine de rien, elle laissa ses jambes et pieds immobiles puis se remit à parler.

- Je vais rester ici un peu plus longtemps en fait.

Et ce n'était pas forcément l'idée la plus ingénieuse vu les dégâts sur la porte interdite plus loin.

Exactement comme il l'avait deviné. C'était sa fierté qui empêchait la jeune femme de bouger de là où elle était. Et la fierté, c'était l'un des plus gros sentiments qu'elle portait. S'accabler de honte et de ridicule n'était clairement pas dans ses projets. Son regard resta planté sur le jeune homme dont elle ne connaissait même pas le nom. Tant pis, de toute façon pourquoi son nom à quelqu'un croiser au hasard et qu'elle ne risquait pas de croiser aussitôt vu la superficie de la ville ? Probabilité trop basse à son goût. De plus, elle n'était pas obligée d'être sympathique avec les personnes qu'elle sauvait.

- Je ne me ferai aucunement suspecter. Ne vous en faites pas.

Elle haussa un petit les épaules. Venant d'une famille assez connue à Palema de part l'un des plus grands bâtiments de la ville à son nom et par la grandeur de la boîte, elle était la dernière suspecte à saccager des portes de centres commerciaux. Alice venait d'une famille de riche où le fait d'être bien élevé était presque une religion. De plus, son corps frêle et qui semblait fragile ne lui permettrait pas de faire autant de dommage à une porte ; si on ne la comptait qu'humainement. Maintenant qu'elle était contractante, c'était facile de le faire, mais personne n'allait être au courant.

Alice fouilla un moment dans son petit sac à main pour y prendre son téléphone portable. Même ça, il s'agissait du dernier cri super cher. Il n'y avait pas que ses vêtements après tout. Avec, elle appela son chauffeur de voiture numéro 2, alias Jack.

- J'ai besoin que tu viennes me chercher…. Hm hm. Je te donne l'adresse par message.

Ensuite, elle raccrocha simplement.