Description:

Les jours passaient à Palema. Désormais, les Hilliker étaient bien intégrés, et avaient leur petite clientèle sympathique. Malgré tout, il y avait toujours des idiots. Scott ne pouvait pas toujours être là pour ses frères... Et puis, à la trentaine, fallait bien qu'ils commencent à se détacher non ? Il était temps qu'il fasse quelque chose... Et ce quelque chose allait se concrétiser aujourd'hui, par du shopping ! Objectif, trovuer quelque chose pour ses frères, un cadeau qui les aiderait mentalement et émotionnelement. Mais jusque là, il n'y avait rien. Aucune idée, pas d'inspiration... Et puis là, la découverte.

Un petit magasin de peluches, ressemblant à une bombonnière anglaise, un peu à l'écart de la rue principale. C'était très différent, ça se démarquait du reste de la rue. Et ça inspirait bien le géant. Après tout, à l'orphelinat, ils n'avaient jamais eu leurs propres peluches. Elles étaient toutes collectives, et les Hilliker n'avaient jamais eu accès à ces jouets par la manière douce. Autrement dit, jamais accès, car aussitôt eu aussitot repris par les grands. Alors une peluche pour chacun d'eux... Oui, une petite peluche discrète à garder près de soi, c'était parfait !

Il entra donc dans la bonbonnière chic, se retrouvant dans un univers... Totalement inconnu. C'était l'opposé de sa vie. Toutes ces peluches étaient plus mignonnes les unes que les autres. Il avait vraiment l'air stupide dans un endroit aussi crème et rose. Aussi à l'aise qu'un pingouin dans le désert, il se mit à flaner dans les rayons. Des petites peluches pour pouvoir être transportés... Mais rien ne lui allait, il n'arrivait pas à trouver les articles. Pourtant, elles étaient toutes faites avec amour, et ça se voyait. Mais... non ce n'était pas vraiment ça. Il continua de flâner tranquillement...

Aujourd'hui il faisait bon. Le soleil rayonnait et le ciel était clair.

J'avais ouvert à 7h comme d'habitude et je m'occupais de ranger les nouvelles peluches dans les étagères.
Je n'avais pas eu beaucoup de clients ces derniers temps , j'avais pu crée de nouveaux modèles.

Je me trouvais dans l'arrière boutique quand 5 jeunes personnes arrivèrent.
Alors que je rangeais des cartons et quelque autres affaires , ils entrèrent de force dans la pièce.
Ils avait l'air menaçant et me regardais comme si j'étais une poussière.

Des gosses de riches qui recherchaient une tête de turc peut-être.
Avec mon faible gabarit , même si j'agrippais mon ciseaux de couture , je n'aurais aucune chance....

- S'il vous plait , veuillez sortir de l'arrière boutique , je suis à vous dans un instant...

Le plus grand qui semblait être le malabar du groupe , renversa un de mes cartons.
Les peluches tombèrent au sol avec des couinements.



Ah , c'était vraiment dur de voir son précieux travail au sol.
Mes pauvres peluches..... Elles semblaient tellement...tristes.

- Alors , la pauvre petite chérie fabrique des chiffons ? Tu dois te faire un max de tunes avec ces conneries pas vrai ?

Le "chef" du groupe saisit un lapin brun en enfonçant ses doigts dans la fourrure. Il était tout tordu....

- Hey , si je te paye toute ta pauvre boutique et que je la brûle ? Tu va faire quoi ? La réparer avec tes aiguilles à tricoter ??

Les autres rigolèrent en piétinant les autres jouets qui se trouvaient au sol.

- S'il vous plait....arrêtez de détruire mon travail...

Ils rigolèrent de plus belle.
Je voulais tellement leur sauter au cou....

je brandis mon ciseaux , non sans trembloter légèrement.

- Arrêtez et partez. Ou je-

Le chef s'approcha de moi et me pris les cheveux.
- Ou tu vas quoi ? Me coudre les cheveux ??

Je ne pouvais pas l'attaquer....il le savait très bien...

En hésitant, Scott pris une petite peluche dans son énorme main. Un mouton noir avec des yeux bleus... Les gens n'appréciait pas les moutons noirs non ? Peut-être allait-il prendre ça... Quoi que, c'était une mauvaise idée. Ni l'un ni l'autre n'aimait les moutons. Il la reposa. La bonne idée, ce serait de trouver un employé pour demander de l'aide. Il reprit sa route dans le rayonnage, désormais en quête de personnes. Ce fut plus simple que prévu, entendant vite des éclats de rire et des bruits de chute. Qu'est-ce qui pouvait bien se passer ? Sans hésiter, Scott suivit le son et se retrouva face à une porte ouverte, par laquelle il pouvait voir des garçons, plutôt bien musclés et surtout très jeunes, qui prenaient un sale plaisir à renverser et piétiner de pauvres peluches. En face d'eux se trouvait une fillette fermement aggripée à ses ciseaux. Avant qu'il ne puissa réagir, le géant vit l'un des garçons saisir la fille par les cheveux, et l'entendit la menacer clairement :

- Ou tu vas quoi ? Me coudre les cheveux ??

Trop, s'en était bien trop. En trois enjambés, Scott rejoignit l'encadrure de la porte. Il dut se pencher pour la franchir, mais pour une fois, il se déploya de toute sa hauteur. Les poings serrés, il fit craquer son cou avec suffisament de bruit pour que tout les garçons se retournent. De toute façon, la plupart le regardait déjà, vu qu'il barrait la lumière venant de la boutique.

-Que... Bordel, t'es qui toi ?

_Ca, c'est pas ton problème. Tu vas te contenter de lâcher cette fille...

Le jeune homme semblait sous le choc, jugeant le monstre sous ses yeux. Mais là, Scott n'était pas d'humeur à encaisser quoi que se soit. Son visage plein de colère accentuait les marques autour de ses yeux, tandis qu'il montrait ses larges dents tel un prédateur. Lui qui n'avait jamais montré cette facette autrement que pour défendre ses frères, il était parfaitement prêt à briser les os de ces gosses pour ainsi menacer une jeune fille honnête. Sa voix rauque sortit tel un rugissement :

_TOUT DE SUITE !

Le garçon n'attendut pas plus pour lacher la chevelure brune. Les autres garçons, jusque là paralysés, tentèrent de se jeter vers la sortie. Mais le large corps de Scott la bloquait toujours. Ce dernier croisa les bras, manifestant son intention de ne pas bouger.

_Des gaillards comme vous, ça doit avoir de l'argent sur soi non ? Alors vous allez le sortir fissa, pour rembourser vos dégâts. Pas de chouineries, et présentez vos excuses au passage. EXECUTION !

Je regardais la scène , la peur au ventre.

Un homme était entré , il faisait vraiment peur... même les jeunes s'étaient figé .

Je me laissa tomber sur le sol en silence et me cachais derrière les cartons instinctivement.

Qu'est-ce qu'il était intimidant.... très grand , avec des balafres sur le visage.

Mais il ....me défendait ?

C'est alors que le chef du groupe se ressaisit.

- Dé-dégage de là vieux crouton ! Je le dirais à mon père , il a une grande influence sur la ville. De toute façon on s'en bat les reins de cette boutique de merde !

Il cracha sur une de mes peluches et sortit un canif de poche.

- Les vieux comme toi on surtout une grande gueule , on en as déjà mis par terre des sales races comme toi

Je tenais encore le ciseaux dans mes mains et soudain je fus assaillie par une nausée.

Je ne pouvais quitter sa nuque des yeux.....Mon corps voulait se lever et lui enfoncer les lames dans toute la gorge mais mon bon sens l'en empêchait...

je jetai un coup d'oeil furtif à l'homme , je ne pouvais plus bouger tellement son regard était furieux.

Je déglutis , toujours avec cette horrible sensation dans le ventre.

Et bah voilà, c'était pas compliqué de mater des gosses. Tout de suite, quand on leur montrait plus gros et plus fort qu'eux, ça changeait de disque hein ? Toujours très sûr de son rôle, Scott ne broncha pas le moins du monde quand le chef du groupe décida de jouer encore un peu des muscles. Ou plus exactement de la meilleure défense du monde : le papounet-qu'est-influent. Un classique du genre, il l'entendait partout. A croire que tout les adultes de la planète était influents. En fait, il ne fit qu'aggraver les choses en sortant son canif. Il avait envie de les assomer un bon coup, qu'on en parle plus. Il jeta cependant un regard à la petite fille -enfin, la jeune femme petite, même chose- et décida de se calmer un peu. Il voulait donner une leçon aux gosses mais pas la traumatiser elle.

_Un homme influent ? Bien, il doit avoir une excellente éducation. Il adorera savoir que tu es un sale petite vandale, et que tu as blessée une jeune fille sans défense. Oh oui, il va adorer !

Ca n'avait pas l'air de le calmer, mais ça produisait toujours un bon effet sur les autres, qui étaient tiraillés entre sauver leurs miches des parents et suivre leur chef adoré. Scott se pencha, lui attrappa le bras qui tenait le canif... Et le planta dans son propre bras gauche, avant de le soulever ainsi accroché à lui. Le géant était totalement inexpressif, profitant du fait d'ignorer la douleur, pour mettre à hauteur le gamin qui commencait à trembler tout en pédalant les pieds dans le vide.

_Une grande gueule hein ? Ouaip, et très large en plus. Mais ca ne m'empêche d'avoir également des muscles... Et un cerveau. Je vais pas te frapper, pas plus que tes camarades. J'suis pas aussi crétin. Mais tu vas rester un peu perché comme ça. Moi j'ai tout mon temps, je m'en fiche de ton cure-dent. LES AUTRES, VOUS VOUS EXCUSEZ ET VOUS REMBOURSEZ !

Cette fois, c'était la bonne. Les quatre gamins jetèrent desbillets et pièces -Pas énormêment, certes, mais le symbole y était- et baffouillèrent chacun leur tour des excuses à la demoiselle. Seulement après, Scott se décalla pour laisser les quatre garçon filer. Il se remit devant la porte, et lâcha enfin le micro-tyran.

_Voilà ta fabuleuse équipe... Toujours envie de "m'étaler" ?

Il ne put s'empêcher de montrer un sourire sauvage au garçon? Un sourire de haine. Ce gamin était comme les autres, comme ceux qui l'avait tant moqué quand il était enfant, et avait agressé ses frères. Mais aujourd'hui, il était assez grand pour se défendre. Pour LES défendre, et tout ceux qui en avaient besoin. Le karma, n'est-ce pas ? Le canif était toujours enfoncé dans son bras, mais honnêtement, il l'avait oublié.

Je regardais la scène mais j'avais l'impression d'être loin.
Mes yeux se posait à la fois sur l'argents au sol , la plaie du grand homme et le chef du groupe qui se débattait au dessus du sol.

- o-ok ! Ok , tu as gagné , pose moi par terre je vais m'excuser !!

Avec un grognement , l'inconnu le posa au sol.
Le jeune se tourna vers moi et me jeta des billets , le regard pleins de mépris.

- Tiens ! Je m'excuse , tu ne me verras plus jamais pigé ?!

Je fit oui de la tête , incapable de parler.
Je me rendis compte que j'avais la gorge toute sèche.

Il se tourna ensuite vers la porte et partit en courant.
L'homme s'était écarté pour le laisse passer.

Je me retrouva seule avec cet inconnu qui m'avait sauvé la mise.
Je ne pouvais détacher mon regard des billets au sol.

Je ne savait quoi dire...

- Merci....

Une fois à terre, le garçon avait enfin retrouvé la raison. Il sortit son porte-feuille et bazarda des billets en aboyant une excuse, plus pressé d'en finir que de se repentir. Ca, ça n'arriverait jamais. Il ne pourrait jamais changer un être humain de cette façon. Mais au moins, il trouvait du bon dans son horreur, et il pouvait les empêcher de faire des con**ries aussi grosse. Lentement, il se décala pour laisser le gamin filer. Il entendit la clochette signifiant son départ, avant de regarder son bras. Un léger filet de sang coulait, rien de bien grave. Il retira le canif comme une écharde, et le rangea dans sa poche. Là au moins, ça ne risquait pas de blesser quelqu'un. Puis une voix, une minuscule vois aigue, résonna faiblement. Un seul tout pett mot, qui fit néanmoins lever les yeux de Scott. La jeune fille, toujours à terre, tremblante, regardait les billets au sol. Et elle venait de le remercier. Avec le même ton que son frère, il y a bien longtemps. Quand il le sortait d'une bagarre en général. C'était exactement le même genre de petit merci. Il s'approcha lentement, tentant de calmer les traits de son visage. Il se pencha près de la jeune fille et lui tendit son énorme main pour l'aider à se relever.

_C'est normal. Je n'allait quand même pas laisser ces brutes faire leur carnage. Ils vous ont blessé ?

Il calma sa voix, la résumant presque à un chuchotis pour compenser le côté grave. Il esquissa un sourire qu'il voulait le plus doux possible. Sa fureur passé, il avait l'air légèrement moins hideux. Enfin il paraissait toujours affreux, mais moins dangereux. Et cette fille lui rapellait tellement ses petits frères, en encore plus petit et plus fragile. En fait, elle ressemblait à une poupée. Amusant pour une vendeuse de peluche. De son autre main, il ramassa les sous récoltés.

L'homme semblait s'être adoucie , il me proposa sa main et je vit sa blessure qui saignait toujours.
Bien qu'il semblait ne pas y faire attention , il s'était ouvert la chair pour me venir en aide.

Je dois avouer qu'il est courageux... c'est ma faute...
Je me mordis la lèvre et me releva de mon propre chef.
Les yeux vitreux , je saisis son bras et observa la plaie.

- Je suis vraiment désolée , laissez moi soigner votre blessure. Suivez-moi....

Je pris sa main et le conduisis vers les escaliers qui menait chez moi , au dessus de la boutique.

La petite avait du cran. Beaucoup de cran. Elle s'était relevée toute seule, et ne tremblait presque plus. A la place et pris le bras de Scott. Il ignorait si c'était sensé être ferme ou doux, avec des mains aussi petites et frèles. Pour lui c'était plus similaire au toucher d'une de ces peluches qu'on voyait partout ici. Il ne broncha pas, observant la demoiselle concentrée sur sa blessure. De sa minuscule voix elle lui demanda de soigner sa blessure elle-même. Son premier réflexe était en génétal de hausser les épaules et d'expliquer qu'il s'en moquait totalement. Ce à quoi il se faisait en général gifler par un de ses cadets. La même inquiétude, mêlée chez elle à ce qui devait être de la reconnaissance. Il ne pipa donc aucun mot et se leva. Sa main autour de celle de la fille, il se penchait pour lui faciliter la vie et suivait avec lenteur son rythme.

_Vous n'avez pas à vous excuser. De toute façon, s'il m'avait blessé autrement, je ne m'en serais pas rendu compte.

Il ne mentait même pas. Si le gosse le lui avait planté ça dans la cuisse alors qu'il regardait ailleurs, il n'aurait rien remarqué. C'était ainsi que ça avait le plus de chance de s'infecter. Alors, il vallait mieux qu'il s'inflige la blessure lui même. Au passage, il déposa les sous sur le bureau.

_... Merci, et désolé de la frayeur que j'ai du vous faire.

J'attrapais du désinfectant et de quoi panser sa plaie.

- Ne vous justifiez pas , c'est à mon tour de vous aider. Une plaie comme ça s'infecte et peut faire pourrir votre bras....De plus , c'était vraiment brave de votre part.

Je fis de mon mieux pour nettoyer la blessure , il semblait ne pas sentir la douleur du désinfectant.

- Voudriez-vous une tasse de thé ?

La "maison" de la petite était tout aussi adorable que la boutique en dessous. On reconaissait les mêmes teintes, la même odeur. C'était loin de l'ambiance post-apocalyptique de sa maison. Trois hommes, mêmes adultes, dans une maison, je peux vous dire que c'est tout de suite une ambiance différente. En tout cas, il se sentait comme un éléphant dans un magasin de porcelaine, et il s'efforcait de bouger le moins possible. La demoiselle s'occupa bien vite de la plaie du géant, qui se retrouva avec un bandage blanc sur son avant-bras. La jeune fille l'excusa, et le complimenta, ce qui fit rougir Scott. Il n'avait pas l'habitude d'être ainsi traité, tout du moins, pas par quelqu'un d'autre que ses cadets. La jeune fille lui proposa alors du thé.

_Avec plaisir. Vous aussi avait été courageuse...

Il préferais le café en général, plus robuste. Mais le thé n'était pas désagréable pour autant. De toute façon, ça ne se fait pas de refuser une tasse de thé. Pas besoin d'être anglais pour le savoir.

_Je m'apelle Scott. Et vous ?

Pfff...
Courageuse ? Moi ?
C'était gentil de sa part même si on savait très bien tout les deux que c'était faux.

Je préparais un bon Earl grey , un de mes thés favori , en sortant quelques biscuits que j'avais fait la veille au soir.
Il en restait suffisamment pour accompagner notre boisson chaude.

Après avoir tout placé sur un plateau - sans oublier le lait et le sucre- je retrouvais Scott assis sur mon canapé , occuper à regarder autour de lui.

- Je me nomme Norella , Norella Yewtree. Ravie de faire votre connaissance Mr.Scott.

Je lui versais une tasse poliment et m'installais sur la moquette pelucheuse de mon appartement.
- Un peu de lait ? Servez-vous , je vous en prie. Les biscuits sont fait maison , ils sont à la noix par contre , je sais pas si vous êtes allergique...

J'espère que mon fort accent ne le dérange pas

Ne sachant pas trop quoi faire en attendant le petite dame, Scott s'installa sur le canapé... Même s'il était d'une taille tout à fait normal, l'ambiance du petit salon le mettait assez... Mal à l'aise. Il ne collait vraiment pas à l'endroit. Aussi tassé que possible il esquissa un sourire à l'enfant à son retour. Elle avait avec elle un plateau qui comportait tout le nécéssaire à thé. Elle se présenta sous le joli nom de Norella. Oirginal, mais mignon... Un peu comme ses peluches. Elle lui versa une tasse qu'il récupéra, après y avoir ajouté deux sucres. Comme il s'en doutait... la vaiselle fine crème et rose se mariait assez mal avec ses énormes paluches calleuses. Comme elle précisait que les biscutis étaient fait maison, il n'hésita pas à en prendre un.

_Merci, ils sont très bons.

En prenant son temps, Scott but le thé. C'était vraiment différent de ce qu'il buvait habituellement... Ce n'était pas désagréable, mais original. Et dire qu'il se retrouvait à boire le thé avec une jeuen fille dans une maison crème et rose, alors qu'il voulait juste achter un cadeau pour ses frères... Ses frères !

_Dites, Norella... Après que nous ayons bu le thé, vous pourriez me... me conseiller ?

Je but une gorgée de thé avant de  reposer la tasse sur son socle.
Scott semblait pas très à l'aise et je doit avouer que il ne doit pas avoir l'habitude de se retrouver dans des endroits tout pelucheux et rose.

- Oui bien sur , vous voudriez quel genre de peluches ? Vu comment vous m'aviez tiré d'affaires , je ne peu que vous offrir ma gratitude en ne vous faisant pas payer vos articles !

Je laissais mon invité finir son biscuit en buvant une autre gorgée de thé.
J'en avais bien besoin , rien ne vaut un bon thé pour se remettre de ses émotions.

La jeune fille semblait plus que ravie de pouvoir l'aider, et se proposait même de lui offrir les peluches. Aussitôt Scott se redressa et secoua la main libre :

_Non non ! Je tiens à payer... Ca me semble la base... Moi aussi j'ai mis un peu le boxon, même si c'était involontaire.

Il acheva son biscuit et sa tasse de thé en deux temps trois mouvements, l'avantage d'un énorme bouche. Il s'essuya avec le revers de sa manche -tout en classe et en finesse- et reprit :

_En fait... J'aimerais quelque chose de vraiment différents... Si vous avez des invendus, ou des peluches ratées... Voire celles qui ont été abîmées tout à l'heure ! Il m'en faut deux ou trois comme ça.

Il baissa la tête, l'air songeur :

_C'est pour mes frères... Ils... On a jamais eu de peluche à l'orphelinat où on a grandi. Je suis peut-être vieux, mais j'aimerais qu'ils puissent en avoir au moins une fois.

Je reposa la théière , un peu surprise.

- Mais...pourquoi voudriez vous des peluches en mauvais état ? Si c'est une première pour vos frères , ils leur faut de bon modèles.
Vous avez mis aucun bazar voyons , ne racontez pas de bêtises...
Quelque chose de différent ? Je devine bien que vous n'allez pas repartir avec des peluches princesses rose , avez-vous une idée du genre que vous recherchez ?

Il ne fallait pas qu'il repartent avec des choses de mauvaise qualités. Je sirotait ma deuxième tasse de thé en fermant les yeux.

Une fois finie , je reposa ma tasse sur la plateau , il ne fallait pas tarder. Après tout je travail moi.

Mon regard se posa sur son bandage , je me sentais stupide.

La jeune fille était très gentille, n'ayant pas l'air de comprendre. Comment pourrait-elle ? C'est sans doute la plus étrange demande jamais recue pour une fabriquante de peluches que des peluches ratées. Scott regarda son bandage, puis Norella.

_Mes frères... Sont un peu comme moi. Mais en moins grand, moins fort... Ils sentent aussi la douleur comme vous. C'est un peu pour ça que... Que j'aimerais des peluches aux airs ratés. Pour qu'ils se sentent moins seuls, même si on doit se séparer un jour.

Scott pouffa un moment :

_Dis comme ça, ça parait vraiment stupide hein ? Mais... Si des peluches "bizarres" peuvent être achetées, pourquoi eux ne seraient pas acceptés ?

Scott se releva, restant courbé dans le petit appartement. Il était pressé de descendre :

_Je sais, des ours, ou des animaux de montagne ! La région où nous avons grandi est très montagneuse, on a déjà vu des ours dans la rue. Ca fera d'une pierre deux coups, n'est-ce pas ?

Oh , c'était donc pour ça....
Je regardais le pauvre homme avec un peu de tristesse.
Personne n'avait une vie rose et pleine de fleurs....

-Non , ce n'est pas du tout stupide , je comprend parfaitement au contraire.

Je me levais en faisant attention de ne pas heurter ma table.
Je commençais mon chemin vers la porte en lui faisant signe de me suivre.

Une fois de retour dans mon magasin , je me mit à la recherche d'Ours en peluche.

- Ce modèle vous convient ?

Je lui montrais un ours en peluche brun foncé qui avait des griffes et des crocs en tissu qui ressortais.
Ce nounours avait un noeud papillon noir suivi d'un haut de forme assorti.

La petite Norella s'était montré très compréhensive. Bien plus que la plupart des gens. La demanoiselle s'était levée avec lui et le précédait dans les escaliers. Lesvoilà de retour dans la petite boutique, mais cette fois, Scott avait un guide connaissant bien le rayonnage et les différents articles. Finalement, la petite s'arrêta devant un ours un peu bizarre, avec des petits crocs et griffes en tissu. Il avait aussi un chapeau et un noeud papillon noir... Scott le prit dans sa main et souria.

_Oui, il est parfait. Si vous en avec un deux...

Scott s'interrompit dans sa phrase. Il y avait à côté de l'ours, un peu plus loin, un autre drôle de petit personnage. Un lapin, certes, un peu différent de son idée originale. Mais sa couleur jaune-brune lui plaisait, ainsi que la moitié d'oreille manquante. Il prit le lapin dans son autre main et regarda les deux peluches. Le lapin, pas de doute, il irait à Tristan, laissant le nounours à griffes au plus tête brulée des trois.

_Ces deux-là. Ils vont les adorer. Elles sont à combien ?

Je fus vraiment heureuse de voir que mon choix avait plu à Scott. Il choisis une autre peluche , un lapin cette fois , et me demanda le prix du lot.

Tout en repoussant une mèche derrière mon oreille , je lui fis un grand sourire.

- Je comprend bien que vous ne voudriez en aucun cas que je vous laisse partir sans payer , alors disons que le tout vous coûteras.... Allez , je vous fais le tout à 25$ seulement. Prix d'ami mon cher Scott et je ne veut rien entendre !

Je lui tapotais la main avant de me diriger vers ma bonne vieille caisse anglaise , prête à encaisser les deux peluches.

Elle est gentille, la petite choute. Pour qu'il puisse quand même mettre la main à la poche, voilà qu'elle lui fait un prix d'ami ! Trop mignon de sa part, à essayer de faire un peu d'autorité... Gentiment, Scott hoche la tête et la suit à la caisse

_25 alors, ça me va !

Il mit la main à la poche, sortant les billets. Il donna la somme tout pile avant de prendre les peluches sous le bras

_Pas de sac, merci. Au revoir Norella au plaisir de vous revoir...

Il tendit une carte de visite. Certes, c'était le nom de sa boucherie, mais il y avait son adresse au passage. Et pour le géant, dur d'oublier une telle boutique ! Il partit donc du White Bunny avec les cadeaux pour ses frères.