Mains dans les poches, je traverse la ruelle pour rejoindre un lampadaire clignotant de l’autre côté. Y’a pas, à chaque fois que je viens ici, je me dis que cet endroit est une caricature des lieux mal famés que l’on peut voir dans les vieux films de gangsters. Ampoules pétées, fenêtres brisées ou murées, bâtiments à moitié abandonnés et quelques âmes qui errent dans le coin, cherchant probablement ou un dealer ou un endroit où dormir. En remontant un peu la rue principale, on peut entendre une certaine animation, quelques filles de joies se promènent, cherchant à alpaguer des clients crédules. J’esquisse un sourire amer en repartant quelques années en arrière. J’aurais pu finir à les accompagner pour pouvoir payer de quoi me défoncer … Quelle déchéance quand j’y pense, je suis bien contente de m’être sortie de cette merde. Enfin presque. Je fouille tranquillement mes poches tout en levant un regard fatigué sur la voûte céleste, mais d’ici, on ne voit pas grand-chose, les lumières de la ville masquent le peu d’éclat que les étoiles peuvent diffuser. Même quelque chose d’aussi simple qu’un ciel étoilé les gens d’ici n’y ont pas accès. Bienvenue dans les bas-fonds de la société humaine mes amis !

Un fois mon trésor trouvé, je coince une clope entre mes lèvres et m’apprête à prendre ma dose de poison lorsque mon attention est attirée par plusieurs éclats de voix non loin. Sourcils froncés, je dévie quelque peu de ma trajectoire pour m’éloigner de ces lieux. Inutile de se retrouver au beau milieu d’une baston, car à l’oreille, je peux en déduire qu’ils sont un bon paquet, et puis, j’ai une livraison à faire, le défouloir, j’aviserais plus tard. Tournant le dos à la probable baston, je relâche dans l’air un nuage de nicotine accompagné d’un infime soupir de soulagement. Y’a rien de mieux pour se réveiller un peu ! J’en profite pour jeter un regard sur l’écran de mon portable, cherchant à me souvenir du lieu de rendez-vous. Jamais eu de mémoire pour ces choses-là … Ma précieuse cargaison en poche, je traverse une petite place à peine occupée par trois types éméchés et finis par m’adosser contre le mur d’une vieille bâtisse à l’allure lugubre. Un peu plus et on pourrait croire que les types de Ghostbuster vont débarquer pour faire le ménage dedans. Moi et mon imagination … Enfin, y’a plus qu’à attendre maintenant ! Un regard rapide sur l’heure m’indique qu’une fois de plus, je ne suis pas en retard. Une habitude salvatrice, arriver en avance permet de repérer les lieux si jamais ça tourne au vinaigre. Quand je ne fonce pas dans le tas évidemment … Mais pour ce soir, je ne suis pas inquiète, il s’agit d’un vieil habitué, rien à craindre avec lui. Il n’est pas très loquace, mais après tout, c’est pas le but de taper la causette pendant une demi-heure. Je livre, il paye, on se tire.

Les éclats de voix se rapprochent légèrement, moins nombreux me semble-t-il, mais pas suffisamment pour m’inquiéter réellement. Je m’apprête à regarde lorsque mon attention est attirée sur ma gauche, dans la pénombre d’une ruelle proche. Juste un chat qui se fait sa sortie nocturne. J’esquisse un léger sourire, il m’a fait peur cet abruti ! Sourire que je ne garde pas longtemps dès l’instant où je sens une présence sur mon épaule. Par réflexe, j’attrape la main qui m’agrippe et tord le bras de l’importun avant d’entendre un gémissement plaintif. Un regard sur le visage de ce dernier m’informe immédiatement sur son identité et je relâche prestement ma prise en reculant d’un pas, l’air agacée.

"T’as une drôle de manière d’accueillir tes habitués Lynn."

"Tu m’as fait peur abruti, préviens la prochaine fois."

"T’as raison, je m’attacherais une sirène sur la tête pour que tu me vois arriver."

"Tsss … très drôle."

Malgré tout, j’affiche un léger sourire face à sa connerie. En réalité, ce n’est pas la police que je crains vraiment quand je viens ici, elle n’investit que très rarement les lieux. Non, c’est plutôt des membres de gangs dont je me méfie. Plusieurs s’affrontent ici, cherchant à imposer leurs territoires aux autres, quitte à les écraser. Et si la plupart du temps, les indépendants de mon genre ne présentent aucun intérêt à leur yeux, ne représentant qu’une menace minime face à leurs profits, ils arrivent que quelques-uns cherchent à jouer les caïds et montrer ainsi aux autres qu’ils exigent respect et soumission en passant à tabac un petit dealer de quartier. J’ai déjà donné, je n’ai aucune envie de repasser par cette douloureuse expérience, donc je reste le plus souvent sur mes gardes dès lors que j’investis ces lieux.

Je lui fais signe de me suivre et me recule dans l’ombre de la bâtisse abandonnée, tout en balayant du regard les alentours. Personne, parfait ! Je fais demi-tour pour lui faire face et fouille dans mes poches pour trouver sa commande. Même dose, toutes les semaines, pas compliqué à contenter en somme. Après un échange rapide, il me gratifie d’une tape sur l’épaule, je fais de même et lui donne rendez-vous pour la semaine suivante avant qu’il ne tourne les talons tranquillement, son bien déjà dissimulé dans l’épais manteau de laine qu’il ne quitte jamais. J’observe son dos lourdement couvert, un sourire amusé aux lèvres vu qu’il fait chaud que je me trimballe en débardeur depuis le début de la journée. Comment il fait pour survivre avec ce truc aussi lourd sur les épaules, c’est définitivement un mystère à mes yeux. Sauf qu’à trop m’éterniser à observer l’accoutrement loufoque de ce dernier, je finis par me laisser avoir une seconde fois et retiens tant bien que mal un sursaut lorsqu’une voix s’élève dans mon dos. Ca par contre, c’était pas prévu. Je prends quand même mon temps, replace mon énième clope de la soirée entre mes lèvres et finis par me tourner tranquillement vers le perturbateur. Enfin les, car je me retrouve face à deux types, passablement amochés. Le premier a l’arcade ouverte et n’a visiblement pas pris la peine d’essuyer le sang qui coulait le long de sa tempe droite, et le second arbore un œil au beurre noir magnifique que je discerne sans mal malgré la pénombre. Visage impassible, mains dans les poches, je pose une épaule contre le mur proche avant de finir par leur répondre.

"Je peux vous aider ?"

"Ca dépend de ce que tu peux nous donner fillette …."

Je hausse un sourcil en observant le plus sanglant des deux, vexée, avant de répondre nonchalement.

"Si tu veux de quoi planer, la boutique est fermée …"

J’indique d’une main la ruelle derrière moi avant d’ajouter.

"Et pour d’autres genres de plaisirs, c’est plus haut dans la rue là-bas mon gros, donc non, je ne peux rien pour toi."

Au regard noir qu’il me lance, visiblement ma réponse ne lui plait pas. Instinctivement, je recule d’un pas et me positionne de manière à avoir les mains libres. De loin, je peux apercevoir une troisième silhouette qui s’approche. A trois contre un, autant que je prenne la tangente immédiatement, je n’ai pas la moindre chance. Alors pourquoi je me contente de fixer les deux gorilles devant moi d’un air moqueur ? Ils ont l’air de m’offrir le défouloir que j’évoquais plus tôt, pourquoi me priver s’ils tiennent tant à se faire taper une nouvelle fois dessus ! Toutefois, je me garde bien de faire le premier pas et me contente de relâcher dans l’air un épais nuage de nicotine. Allez venez, j’attends que ça !

Nearra se faufila dans les rues du quartier Sud, ses sabres dans son dos cachés par son manteau noir. Quand elle vit une canette traîner au sol, elle dut prendre sur elle pour ne pas taper dedans, dévoilant sa présence. Alors que c'était censé être une semaine de repos, elle avait reçu un appel quelques heures plus tôt lui demandant de se rendre dans le quartier Sud pour repérer les nouveaux dealers qui posaient des problèmes aux vétérans. La plupart étaient des gamins essayant de se faire un nom, malheureusement pas assez malins pour survivre assez longtemps pour ça. Son commanditaire étant un habitué elle n'avait pas pu refuser et se retrouvait donc seule à déambuler dans les rues désertes. Si encore il s'agissait d'une simple exécution elle aurait pu l'effectuer et rentrer chez elle assez tôt mais non, il fallait qu'elle trouve des informations que son intermédiaire aurait pu avoir en simplement quelques heures ; il était encore apparemment en colère à cause des dommages collatéraux de sa dernière mission, lorsqu'elle avait fait exploser une salle pleine d’œuvres d'art apparemment assez onéreuses.

Elle arriva enfin à sa destination, le boulevard Mangeclous, endroit préféré des dealers. Nearra se cacha dans l'ombre, étudiant les environs. Rien qui ne sortait de l'ordinaire, plusieurs petits groupes de personnes parlant entre elles, dealers et clients sans doute. Maintenant il fallait qu'elle devine s'il d'agissait d'habitués ou pas. Evidemment personne n'avait pensé à lui donner des informations sur eux donc elle n'avait aucun moyen de les différencier des nouveaux. Tout ce qu'elle allait retirer de cette nuit était les différents types de clients, qui allaient de jeunes résidents du quartier Sud à des personnes plus aisées voir fortunées.

Elle se prépara à partir, ne voulant pas perdre plus de temps, quand elle entendit des éclats de voix. Elle était trop loin et n'arrivait pas à entendre ce qu'ils disaient mais ça sentait les problèmes à plein nez. Ne voulant pas prendre le risque de se faire remarquer, elle prit des précautions supplémentaires. Même si elle était discrète, personne ne l'ayant remarquée pendant tout le temps qu'elle était restée à observer le boulevard, elle activa son pouvoir de Nephil, invisibilité. Les dix secondes d'incantation passées elle s'approcha du groupe, deux hommes alliés contre une femme et observa la scène.

Apparemment leur discussion avait mal tourné puisque les deux hommes avaient l'air de vouloir s'en prendre à la femme. Nearra se recula juste assez pour pouvoir repérer quiconque entrait à portée du règlement de comptes, se cachant dans les ombres, ne voulant pas compter plus que nécessaire sur sa capacité, et vit un homme s'approcher du groupe l'air plutôt détendu mais avec l'apparence de quelqu'un venant de sortir d'une autre bagarre. Son attitude étant différente des deux agresseurs, elle en déduit qu'il ne faisait sans doute pas partie de leur groupe. Elle ne comprenait donc pas pourquoi il se dirigeait dans leur direction. En tout cas ça promettait d'être une confrontation assez distrayante et elle se réjouit d'avance d'en être spectatrice.

Le jeune homme qui venait de s'approcher du groupe était assez grand avec des cheveux noirs et à en juger son état venait de sortir d'une bagarre. Ce n'était pas forcément un bon mouvement de sa part de s'impliquer dans une nouvelle immédiatement mais Nearra espérait quand même pour lui qu'il ne surestimait pas sa force. Quand il se retrouva à portée de voix, il engagea la conversation avec les deux agresseurs et détourna leur attention de la jeune femme en les provocant. Il était soit habitué à faire face à de tels individus ou avait un talent à prévoir les réactions des autres car il n'avait pas pu faire plus efficace.

Clairement énervés, le premier agresseur sortit un couteau et s'attaqua au jeune homme. Malheureusement il n'avait aucune technique et fut rapidement en mauvaise position. Mais pendant ce temps le deuxième d'entre eux s'en prenait à la jeune femme et avec l'élément de surprise avait réussi à avoir le dessus. Nearra sortit ses armes de ses fourreaux et couru dans leur direction le plus rapidement possible. Elle était de mauvaise humeur et ça lui semblait un bon moyen de relâcher de la pression. Et puis elle ne pouvait pas se contenter d'assister au spectacle sans y participer. Elle ne pouvait pas non plus se permettre d’apparaître de nulle part et désactiva donc son invisibilité dès qu'elle sortit de l'ombre. Alors que l'agresseur venait d'assommer sa cible, Nearra avait deux choix ; le tuer ou l'assommer à son tour. Même si elle refusait les contrats sur des cibles qui n'avaient pas été investiguées au préalable, dans ce cas il ne s'agissait pas d'un assassinat mais d'un meurtre. Moralement ça ne changeait peut-être pas grand chose mais ses principes ne s'appliquaient pas dans ce deuxième cas. Et puis elle rendrait probablement service à beaucoup de gens en l'éliminant.

Alors qu'elle était juste derrière sa cible, elle lui trancha le cou d'un coup sec, il n'avait même pas eu le temps de la repérer, une mort facile considérant ce qu'il méritait probablement. Elle essuya sa lame sur son pantalon et se retourna pour se retrouva face au jeune homme qui avait déjà terminé son adversaire. Elle rengaina ses armes et lança, en haussant les épaules.

— Je ne pouvais pas rester sans rien faire

Le jeune homme s'approcha d'elle avant de lui reprocher ses actions. Ses arguments étaient valides, ce n'était pas une menace et c'était un type débile. Mais même s'il n'était pas une menace pour elle ce n'était pas le cas pour les autres résidents du quartier. Elle fronça donc les sourcils en signe de mécontentement et elle répliqua.

— Ce n'était peut-être pas une menace pour moi mais surement pour elle. Elle désigna d'un mouvement de tête la jeune femme évanouie à ses pieds. Et qu'est-ce qui vous dit que ce n'était pas une habitude pour lui et son ami d'attaquer des jeunes femmes seules ? En l'éliminant il ne pourra plus s'en prendre à personne, je ne pense pas que mes actions soient tant à contester que ça, ce n'était surement pas un innocent.

Avec sa chance habituelle elle était tombée sur quelqu'un qui n'approuvait pas le meurtre mais qui était présent au boulevard Mangeclous. Il était donc pour le trafic de drogues mais contre le meurtre ? Il y avait donc vraiment des gens qui n'avaient aucune logique ici.

Le jeune homme s'agenouilla à côté de la femme assommée avant de s'adresser à Nearra pour lui demander si elle la connaissait. Il ne pouvait pas être blâmé pour penser ça puisqu'elle était intervenue quand elle était en danger mais malheureusement pour lui c'était la première fois qu'elle la voyait. Elle haussa de nouveaux les épaules et répondit.

— Non c'est la première fois que je la vois. Mais ce n'est pas important, elle se réveillera bien dans quelques heures et rentrera chez elle comme si rien ne s'était passé.

Juste quand ces mots sortirent de sa bouche elle regretta de les avoir prononcé. Il désapprouvait ses actions et en plus elle montrait qu'elle ne se souciait pas non plus du sort de la jeune femme... La diplomatie n'était décidément pas son fort. Elle passa sa main dans ses cheveux avant de soupirer et de dire.

— Si besoin je peux trouver son adresse mais il me faut un peu de temps...

C'était vraisemblablement une dealer et si elle appelait son intermédiaire il pourrait trouver son identité. Si elle était une ancienne elle l'aurait immédiatement mais si elle était une nouvelle ça prendrait du temps et elle serait ensuite visée par les vétérans qui n'appréciaient pas l'affluence de nouveaux dealers... Mais elle saurait bien se débrouiller, elle savait à quoi s'attendre en venant ici.

Spoiler:

Evidemment, elle ne pouvait pas être sure que le type n'allait pas forcément agir. Mais s'il ne le faisait pas alors elle était une sainte. Et il ne fallait pas être devin pour deviner que ce n'était pas la première fois qu'il essayait de s'en prendre à quelqu'un. Au moins il laissait passer l'affaire et n'agissait pas comme ceux qui essayaient à tout prix de changer l'inchangeable. Même si elle était d'accord sur ce point elle ne put s'empêcher de rajouter.

— Ceux qui n'agissent pas ont soit pas vraiment envie de la faire soit n'en ont pas le courage. Je ne fais partie d'aucune de ces catégories.

Bien sur il ne s'arrêta pas là et s'attaqua en suite à sa logique. Son raisonnement n'était pas erroné mais il l'avait fait sans connaitre tous les détails. Ce n'était pas sa faute, il avait probablement déduit de son intervention qu'elle était là pour sauver la jeune femme, ça aurait probablement été la réaction des autres. Mais elle l'avait fait pour le combat, non pas pour paraître comme une protectrice des opprimés. Elle savait que ce n'était pas "normal" mais elle ne pouvait rien n'y faire. Elle était comme ça, avait été élevée comme ça et n'allait pas s'en excuser.

— Hum, désolée d'interrompre ta tirade mais je pense que tu te trompes sur quelque chose, je ne suis pas intervenue pour la sauver. Elle savait très bien à quoi elle s'exposait en venant ici et je ne suis pas sa baby-sitter. Ah, aussi, je ne l'ai pas attaqué parce qu'il était un agresseur. J'ai décidé de le tuer au lieu de le laisser en vie pour cette raison.

Elle n'espérait pas qu'il comprenne sa logique mais elle avait au moins exprimé son point de vue. Anticipant sa décision, elle finissait d'envoyer son message quand le jeune homme approuva sa proposition. Elle allait se contenter de dire que c'était fait quand elle entendit la suite de sa réplique. Elle ne put s'empêcher de rire, elle ne s'attendait vraiment pas à entendre ça de sa part. Était-ce vrai ou essayait-il de détendre l'atmosphère ? Elle ne savait pas mais elle lâcha quand même..

— Ai-je envie de savoir quelles sont tes hypothèses concernant ma façon de faire ? Enfin, on a plus qu'à attendre avant que j'ai cette information.

C'est alors qu'elle se rappela de l'endroit où ils étaient et de ce qu'il s'était passé. Elle regarda attentivement le jeune homme et eut de nouveau l'impression qu'il venait de sortir d'une bagarre et qu'il n'était pas là par hasard. Il était soit un dealer soit un client ou alors un agresseur comme les deux hommes qu'il venait d'attaquer. Rien n'avait vraiment de sens, s'il était un agresseur il les aurait rejoints au lieu de les attaquer et il n'avait pas l'air d'être un client. L'hypothèse qui avait le plus de sens était qu'il soit un dealer mais il ne donnait pas ce genre d'impression. Plutôt de se torturer les méninges à trouver la solution à son problème, elle choisit la solution la plus simple et demanda directement à la personne concernée.

— Tu n'as pas l'air d'un dealer ou d'un client et tu n'es évidemment pas de la même espèce que les deux autres. Que fais-tu ici ?

Elle ne prit même pas le soin de déguiser sa question et le lui demanda directement. Certaines fois c'était le moyen le plus rapide d'obtenir la réponse recherchée. Le seul point négatif était qu'elle n'était pas sure de quoi penser de lui. Il paraissait quelqu'un d'honnête mais elle savait d'expérience que ces personnes étaient celles qui étaient le plus à même de mentir. Heureusement pour elle, il n'y avait pas beaucoup de catégories de personnes qui passaient par ici et ça limiterait ses options s'il devait la tromper, aucune n'étant plus valorisante qu'une autre.

Spoiler:

Et bien il ne manquait pas d'imagination. C'était vrai qu'il ne l'avait pas rencontrée dans des circonstances favorables mais elle ne pensait pas qu'il serait allé chercher aussi loin... La torture n'était pas l'une de ses passions et elle préférait ne pas avoir à y faire. Non pas qu'elle se sentait coupable de faire subir ça à quelqu'un mais juste qu'elle préférait donner à chacun une chance de se défendre et non pas le forcer à subir. Mais bon, elle commençait à divaguer et elle se contenta de répondre en haussant les épaules.

— Ça aurait été trop d'efforts pour rien, je préfère utiliser la méthode la plus efficace et rapide. Et pour information je n'utilise pas mes sabres pour ça.

Oui, bon, la dernière partie de sa réponse était inutile mais elle ne pouvait pas s'empêcher de le préciser. Pourquoi ? Elle ne le savait pas elle-même, juste une envie de rétablir les choses comme elle devaient être. Nearra se contenta de cette hypothèse, ce n'est pas comme si ça avait de l'importance, et si elle voulait vraiment avoir une explication elle irait voir un psychologue dont ce serait le boulot, encore une fois utiliser la méthode la plus efficace.

Plutôt que de continuer à divaguer, encore une fois, elle se prépara à entendre l'explication du jeune homme quant à sa présence dans le quartier. Elle ne savait pas à quoi s'attendre, la vérité ou une excuse, même si elle restait assez confiante quant à sa capacité de détecter les mensonges. Malheureusement, les menteurs expérimentés étaient souvent meilleurs, et pour survivre dans ce milieu c'était quelque chose à maîtriser. Il commença à répondre avec sa touche d'humour habituelle, avant de terminer sur une touche plus sérieuse. Les Magpies, un gang spécialisé dans le vol des résidences onéreuses. Même si leur domaine d'activité était en apparence plus "soft" que ceux des autres gangs, ils ne restaient pas sans concurrence pour rien, des personnes comme le jeune homme en face d'elle étaient sans aucun doute chargés d'éliminer toute supposée menace. Elle ne savait pas grand chose de plus les concernant, personne ne l'ayant encore réquisitionnée dans leur domaine. Mais un petit détail la dérangeait... le jeune homme avait protesté quant à son meurtre... elle n'avait quand même pas affaire à un membre d'un gang contre le meurtre, si ?

— Hum, sans vouloir être indiscrète j'aimerais vraiment savoir quelque chose. Tu était clairement contre le fait que je l'ai tué. Elle hocha la tête dans la direction du corps avant de continuer. Puis tu dis faire partie d'un gang, en précisant que tu te charges de t'occuper de ses ennemis. Tu ne vois pas quelque chose qui cloche ?

Qu'est ce qu'il allait lui dire ensuite, que c'était un pacifiste du côté de la justice ? Non mais... elle avait rencontré pas mal de gens un peu... dérangés mais il ne fallait pas non plus exagérer. C'est comme si elle se mettait à déclarer qu'elle était victime d'hématophobie. Pas vraiment logique vu sa profession.