Appartement de Wilfried Tyreese:

  Du sang, c'est ce qui résumait la vision actuelle de l'inconnu qui occupait actuellement l'appartement de Wilfried Tyreese. Il venait de tuer cet homme, à qui appartenait le lieu, d'un simple couteau dans le cœur qui inondait maintenant la moquette du liquide carmin, qui commençait déjà à l'imbiber. Et lui, l'homme qui se considérait maintenant comme une erreur, regardait son œuvre, pas déçu d'avoir éliminé une menace pour l'Ordre avant de partir. Il avait fini d'explorer ce nouveau monde, qu'il avait limité à cette simple pièce salon/cuisine.

  Et puisqu'il avait fini de combler sa légère curiosité, il pouvait maintenant s'en aller, aussi vite qu'il était revenu, car il n'avait rien à faire ici. Lui le guerrier du passé, appartenant apparemment à des légendes désormais, c'est ce qu'il compte redevenir rapidement, pointant le même couteau que celui utilisé sur son "bienfaiteur" vers son propre cœur. Ses pensées allaient à son peuple, à son ordre, et à ses proches de sa première vie. C'était évident, puisque dans cette deuxième vie il n'a pas eu la chance de rencontrer qui que ce soit, mais ses souvenirs de sa première vie sont tellement nets, c'en était troublant. il pouvait encore imaginer Finn, son chef, et Gràinne, sa femme.

  Il avait le courage pour faire ce qu'il s’apprêtait à faire, la seule chose qui le retenait encore, c'était ses souvenirs. Ils étaient parfait, et pourtant, il ne se remémorait rien d'après sa mort. Avait il atteint le Sidh ? Lieu de repos éternel pour les âmes des guerriers de son peuple et de son culte. Il supposait que oui, car dans sa vie, il fut pardonné par Finn et par les druides pour ce qu'il s'était passé avec Gràinne, et même si Finn avait fait exprès de le laisser mourir, c'était sa jalousie personnelle, pas la décision des Dieux.

  Alors le voila, seul sur une moquette devenue rouge, à réfléchir à son ancienne vie, attendant d'avoir fini de se remémorer tout ce dont il a envie pour terminer son passage ici. Et pourtant, ce sentiment ne venait pas de lui, si seulement il était au courant, de l'ombre qui flotte actuellement derrière lui, manipulant son humeur et son être, pour le forcer à avance le couteau vers sa peau.

Samantha rentrait d'une bonne session d'aide aux déprimés. Elle avait fait un bon travail et avait réussi à convaincre un des appelant d'aller voir un professionnel pour tenter de trouver une solution. Elle trouverait un moyen de retrouver l'homme et de le libérer de l'Ombre. La jeune Seraph avait commencé à retrouvé le sourire. Bien que son travail risquait de lui exploser au visage, elle avait toujours la possibilité d'aller demander à Leeroy de l'aider. Bien que les menaces d'Adonis et Lenna lui trottaient encore dans la tête, elle avait un espoir de se libérer d'eux au travers de Leeroy. Ce garçon avait été une vraie libération pour Samantha. Elle pouvait travailler aux bénévoles l'esprit léger et ça lui faisait un bien fou!

Mais soudain, elle sentit le déchirement charactéristique d'une personne qui allait sombrer face à une ombre. Ce déchirement au fond du cœur, qui la faisait se tenir la poitrine à chaque fois. Elle reprit son souffle, coupé suite à la surprise, et fonça à la recherche dans le quartier. Elle avait 15 minutes pour sauver une âme en peine. Il était très tard, alors peu de personnes étaient encore debout. Il y avait bien quelques téléviseur allumé, éclairant d'une lumière bleuâtre les fenêtres. Ce n'était probablement pas eux qui allaient se suicider. Samantha, après 13 minutes, aperçu une lumière allumée avec une silhouette mouvante. Elle n'avait pas le choix, elle devait tenter. Peut-être se tromperait-t'-elle comme pour Jeff, mais il fallait faire un choix. Elle put entrer dans l'immeuble et fonça vers l'appartement. La porte était bien entendu fermée mais la Seraph n'eut aucune peine à défoncer. C'est là qu'elle fut soulagée, en partie, de voir qu'elle ne s'était pas trompée.

L'homme avait une drôle d'allure, mais elle n'avait pas le temps d'y réfléchir. Il s’apprêtait à planter une lame dans son cœur pendant qu'une ombre lui aspirait lentement l'âme. Elle invoqua ses armes et fonça

- "Arrête toi!" dit-elle tant à l'intention de Diarmuid que de l'ombre.

Elle frappa violemment l'ombre d'un poing. Cette dernière gicla et fut éclatée contre le mur. Le combat allait commencer. Samantha se jeta sur l'ombre, surprise, la rouant de coup, y donnant toute son énergie pour la détruire aussi vite que possible. Elle pourrait toujours tenter d'expliquer à l'homme ce qu'il se passait, mais là, pas le temps, il fallait passer à l'action.

Diarmuid était proche de finir son acte, plus proche qu'il ne le pensait lui-même lorsqu'il entendit quelqu'un tenter d'ouvrir la porte, puis quelques secondes après l'enfoncer. Déjà stoppé dans son acte par cette intrusion, il fut surpris de remarquer qu'il s'agissait d'une femme, étrangement vêtue et étrangement bronzée à ses yeux. En même temps que la jeune femme agissait et parlait, Diarmuid posait calmement le couteau au sol, car il était hors de question de faire ça devant une femme pour lui. Mais avant qu'il puisse engager une discussion pour demander à cette personne de partir, elle fit apparaitre quelque chose autour de ses poings.

  Il s'agissait de poings américains, mais il n'avait aucune idée du nom de la chose, bien qu'il compris rapidement l'utilité. Ne se sentant pas menacé il ne fit que se relever alors qu'elle fonçait environ vers sa direction. Il comptait l'immobiliser lorsqu'il observa que le premier coup de la jeune femme ne se dirigeait pas vers lui mais derrière lui, dans un réflexe gagné à l'entrainement il roula en avant, pensant éviter l'attaque d'un ennemi qu'il n'aurait pas vu et que la femme attaquait.

  Pourtant lorsqu'il se releva rapidement en se retournant dans le même geste, il ne vit rien. Uniquement celle qui voulait l'empêcher de mettre fin à son passage frapper l'air une première fois. Puis dans un second geste se ruer vers le mur devant lequel elle ruait de coup un être dont il n'avait pas connaissance de l'existence.

  Pourtant un guerrier entrainé à réfléchir rapidement et à ne pas rester inactif, Diarmuid ne bougea pas d'un pouce, ouvrant un peu plus les yeux devant la scène qui se produisait devant lui, et n'oubliant pas l'apparition soudaine des armes dans les mains de la "folle" devant lui. Reprenant ses habitudes un peu provocatrices, il parla à la jeune femme, d'abord dans son ancienne langue, qu'il n'avait pas oublié en revenant. Puis se rendant compte qu'il y avait peu de chance qu'elle comprenne puisque l'homme encore mort au sol ne le comprenait pas, il reprit en anglais.

"Ma Dame, je pense que si vous essayez de vaincre l'air, vous risquez de mettre beaucoup trop de temps pour y parvenir en une vie."

  Il parlait étrangement pour des gens de cette époque, d'un ton noble et calme, employant des termes abandonnés depuis longtemps. Il prit une pose détendu, posant sa main droite sur sa hanche, dans une mimique d'attente. La magie et la folie aurait pris possession de notre monde ? pensait-il, après avoir eu affaire à la magie noire qui l'avait faire revenir ici, et observant maintenant le combat le plus étrange depuis des lustres.



[HRP : En anglais il aurait dit Milady, et non Miss, donc tu entends forcément la différence entre Madame et Ma Dame :p]

L'ombre se débattait, voulant visiblement percer Samantha de ses petites griffes. Elle entendit l'autre homme baragouiné quelque chose, lui rappelant qu'il pouvait la voir et devait la prendre pour une totale folle. Il le confirma d'ailleurs en parlant bizarrement, plutôt calme vu ce qu'il se passait devant lui. Était-ce un professeur? Il avait l'air plutôt jeune pour cela. Un étudiant? Non... C'était trop étrange. La jeune Seraph fit un pas en arrière pour éviter un coup de l'Ombre. Il fallait vite trouver quelque chose à dire...

- "Haha... C'est un peu plus compliqué que ça... Je ... Euh... Chasse quelque chose de mauvais... Ca peut vous paraitre bizarre mais.." dit-elle en sautant en arrière "Disons... des mauvais esprit?"

Ce n'était pas si loin de la vérité. Les ombres n'étaient que d’infâmes créatures hantant les esprits des gens. Mais il serait compliqué de l'expliquer à ce monsieur qui était d'ailleurs très poli. Samantha fit une balayette sur l'ombre puis se jeta elle, frappant la créature qui poussait d'affreux cris. En y repensant, il semblait plutôt agile pour professeur ou un étudiant, et très lettré. Peut-être était-il européen? L'ombre mourut finalement et les poings cognèrent le sol. Elle se releva, remettant ses cheveux en place et s'essuyant le front. Cachant ses mains dans son dos, elle révoqua ses armes. Maintenant, la partie la plus compliquée... l'explication.

- "Je peux tout expliquer de manière tout à fait logique..."

Il fallait gagner du temps pour qu'une idée lui vienne à l'esprit.

Le combat semblait continuer quelques minutes, Diarmuid voyait la femme poursuivre coups et esquives. Lors d'un de ces pas en arrière elle prend le temps de dire quelque chose, présentant la chose comme, une chasse aux mauvais esprits. Bien conscient que cela faisait plusieurs centaines d'années qu'il n'était plus de ce monde, Diarmuid interpréta la chose bien à sa façon, mais n'eut pas le temps de poser une question que le combat semblait reprendre. Balayette, frappe pure et dure, et finalement coup dans le sol. La posture de la combattante semblait indiquer que le combat était fini.

  Dans un dernier geste avant de s'avancer vers l'homme étrange, la jeune femme cacha ses armes dans son dos, avant de les révoquer. Puis elle commença sa phrase en disant qu'elle pouvait expliquer tout ceci. Elle semblait peu sure d'elle, mais Diarmuid avait déjà son idée sur la question de son identité et ce qu'elle faisait.

"Vous êtes druide n'est-ce pas ? Alors les femmes peuvent maintenant le devenir."

  Il avait un regard purement interrogateur. Il n'était pas vraiment étonné que les femmes puissent devenir druide, à l'époque déjà il ne comprenait pas pourquoi elles ne pouvaient pas, mais les idéologies ont longtemps été sexiste, et s'y opposer revenait souvent à s'opposer aux Dieux. Il continua ses questions, avec enfin une idée de la raison de sa présence.

"Vous n'êtes pas là par hasard, c'est le destin qui vous a fait me trouver avant que je ne passe à l'acte." Pensant être dans le vrai sur son rôle de druide, il pose un genou au sol, baissant la tête comme le ferait un servant devant un roi dans les cultures communes. "Vous devez savoir ce que je fais ici, dites moi s'il vous plait, que c'est une épreuve des Dieux et pas un réel rituel de magie noire."

  Il attendait, tête baissée, que la druide lui révèle la raison de sa présence, ou si ce n'est sa raison, que c'était bien le dessein des Dieux, et pas une mauvaise augure comme il s'y attend depuis le début. Le combat de la druide inexpliqué était déjà derrière dans sa tête, personne ne remet en cause les actes des portes-paroles des Dieux.

Samantha le regarda, totalement confuse. Une druide? Mais de quoi parlait-il... Et pourquoi est-ce que les femmes ne pouvaient pas le devenir avant? Le terme druide évoquait chez la jeune Seraph des jeux ou autre, rien de très solennelle. Elle ne savait pas si c'était peut-être un terme d'européen pour décrire quelque chose? Il était bizarre quand même ce monsieur. Peut-être que l'ombre l'avait chamboulé, pour cela qu'il délirait un peu? Décidant de ne pas brusquer le monsieur, Samantha hocha la tête pour répondre à sa question. Elle espérait juste que ce n'était pas une injure.

Mais Diarmuid ne s'arreta pas là. Il mentionna le destin, chose en laquelle Samantha croit. Elle sourit, il avait probablement raison. Il y avait peut-être une raison à sa présence ici. Mais elle fut surprise de le voir mettre un genou à terre, lui demandant d'expliquer pourquoi l'homme était là, qu'il était dans une épreuve faite par Dieu... par des Dieux plutôt. C'était surprenant, très surprenant. Samantha était assez embêtée, ne sachant que dire. Elle ne savait même pas ce qu'il se passait... Elle allait tenter de le rassurer.

- "Je... Et bien. Nous avons tous une raison d'être ici. La découvrir est très compliqué, mais on peut y arriver. Je vous assure que ceci n'a rien a voir avec de la magie noire, vous pouvez en être sûr. La magie noire je..."

Samantha eut soudainement une idée. Peut-être que cet homme était comme Katlyn, dérangé par les ombres. Il n'arrivait pas à parler correctement à cause d'elle. Même si il avait un discours plus clair que la pauvre femme, il ne semblait pas vraiment au clair. La Seraph se rappela comme Elliade avait géré avec brio les délires de la femme, Samantha allait donc faire de même, autant qu'elle puisse.

- "Le mauvais esprit que j'ai chassé, c'était ça la magie noire de cette pièce. Mais maintenant, elle est détruite. Vous êtes en sécurité. Vous pouvez vous relevez monsieur, expliquez-moi ce qu'il s'est passé"

Samantha avait parlé d'une voix douce, tentant de paraître malgré tout sûre d'elle. Ça avait semblé si simple pour Elliade que de discuter de la sorte. Il fallait vraiment que la jeune Seraph entraine sa propre imagination. Mais au moins, elle avait compris ce que Diarmuid voulait dire par magie noire : les Ombres. Etait-ce donc ce qui arrivait aux humains 'éclairés', la Folie?

Avec la tête baissée, Diarmuid ne se rendait pas compte de la gêne actuelle de le femme devant lui, pensant toujours dur comme fer qu'elle était une druide. Elle prit la parole suite à ses questions, disant pas très sure d'elle qu'on a tous une raison d'être ici, mais que la découvrir était une épreuve en soi, une première épreuve donc. En revanche elle assure que tout cela n'a rien à voir avec la magie noire, étrange idée de dire ça alors qu'il se trouvait devant elle, lui qui est mort il y a des siècles.

  Après une petite pause au milieu d'une phrase, elle reprend ses paroles. Annonçant que ce qu'elle a détruit était la magie noire et qu'elle était désormais annihilé. Lorsqu'elle lui proposa de se relever, il le fit aussi vite, relevant également la tête. Ce bronzage lui paraissait tout de même étrange, peut-être le soleil agissait différemment depuis qu'il était parti, ou bien était-ce ce lieu. En tout cas pour une druide elle était jeune, très jeune. Lorsqu'elle lui proposa de raconter ce qu'il s'était passé, il s’exécuta, préférant se présenter d'abord.

"Je suis Diarmuid Ua Duibhne, premier chevalier de l'ordre de Fianna. Peut-être en tant que druide connaissez vous les premiers chevaliers de cet ordre dont j'ai fait parti jadis. Je suis mort il y a bien longtemps, mais me voici de nouveau en ce monde, par la faute de cet homme qui a employé une magie interdite pour me ramener."

  Lorsqu'il énonça l'homme qui l'a ressuscité, il pointa du regard le corps étendu dans la pièce, face contre terre. Il prit un air triste, déçu d'avoir du en arriver là, mais sachant que c'était nécessaire.

"Je l'ai éliminé pour l'empêcher d'utiliser ces pouvoirs à mauvais escient à nouveau. Ce mauvais esprit devait être de son fait."

Cet homme, au nom difficilement mémorisable, se prenait donc pour un chevalier. Il suivrait les ordres d'une certaines Fianna, bien que Samantha ignorait tout de cette personne. Les seuls ordres chevaleresques qu'elle connaissait était les templiers. Elle lui sourit gentiment, il devait être inoffensif... Sauf qu'elle suivit alors le regard de Diarmuid.

- "Oh putain de merde!" dit-elle en sursautant "Vous l'avez..."

Diarmuid, fou et dangereux, avait tué un homme qu'il pensait être responsable de magie noire. Samantha ne savait pas que faire. Appeler la police? Ils s'occuperaient mal du pauvre homme dérangé. Mais on ne pouvait pas laisser le corps comme cela, il devait y avoir des traces de Diarmuid, la police le retrouverait et l'enfermerait. C'était vraiment pas bon. Samantha regarda le Celte, abasourdie. Elle avait entendu quelques histoires sur des schizophrènes, mais elle ne pensait pas que cela pouvait être autant intense. L'homme en face d'elle ne semblait pas méchant, il semblait presque triste pour la mort de Wilfried. Que faire... Est-ce que c'était lui qui l'avait 'ramené', ramené de l'asile? Diarmuid ne semblait pas habillé pour l'occasion et on ne laisserait pas sortir quelqu'un de dangereux.

- "Je... Pourquoi dîtes-vous que c'est lui qui vous a ramené? Est-ce que vous pourriez m'expliquer ce qu'il s'est passé exactement? Et je ne pense pas qu'il soit à l'origine du mauvais esprit, Monsieur Duibne.... Sans vouloir vous offenser"

Samantha allait tenter d'avoir un maximum d'informations pour trouver comment sauver Diarmuid de la prison ou de la peine de mort. Il n'était pas méchant et ne méritait pas ça, mais si elle pouvait retrouver la clinique d'où il venait, tout irait beaucoup mieux.

Lorsque la femme aperçu le cadavre, elle s'exclama d'un juron que Diarmuid pouvait comprendre, ayant été ressuscité avec les connaissances de la langue, jurons et injures compris. Il mis ça sur le dos de la surprise, concentrée sur l'esprit elle n'avait pas vu l'homme au sol. Il n'expliquait pas en revanche son air horrifié, il était persuadé que ce qu'avait fait cet homme était maléfique, et même une druide qui venait d'arriver sur la scène ne pouvait que le comprendre avec son histoire.

  En revanche elle demanda plus de précision sur son apparition, ne comprenant pas trop ce qui avait pu l'amener ici apparemment, et voulant surement être sure des méfaits de cet homme. Pour ce qui est du mauvais esprit, il était d'accord, le lien n'était pas parfait, l'homme l'avait ressuscité, rien ne disait qu'il pouvait invoquer des esprits du genre qu'avait combattu le druide. Peut-être avait-il été attiré par Diarmuid lui-même ? Fruit d'une magie noire, l'esprit aurait été attiré. Si tel était le cas peut-être mettait-il en danger toute personne en contact avec lui...

"Monsieur ?" C'était un mot qu'ils n'utilisaient pas de son temps et même si il était revenu avec la définition de ce mot, son emploi le mettait mal à l'aise. "Appelez moi Diarmuid s'il vous plait. Il m'a amené ici après mon apparition, et m'a expliqué qu'un être, surement tout autant maléfique que la magie qu'il a utilisé, lui a proposé un vœu. Le sien a été de me ramener à la vie."

  Dérangé par le fait qu'il puisse mettre la druide en danger par sa seul présence, il guettait les environs avec prudence, pas spécialement nerveux, son sang-froid étant toujours là, mais assez prudemment pour montrer son malaise. Stupide idée puisqu'il avait été incapable de voir l'esprit d'avant, rien ne lui permettrait de voir le suivant. Il décida de poser la question.

"Pensez-vous que cet esprit ait été attiré par la magie qu'il a utilisé ? Si tel est le cas je ne voudrais pas vous mettre en danger."

  Si tel était le cas, il ne resterait pas plus longtemps et partirait dans seul dans un endroit abandonné, attendant la venue de ces fameux esprits. Si ils essayaient de le manipuler, il finirait ce qu'il avait tenté plus tôt, si ils voulaient sa mort, alors il l'affronterait la tête haute, ayant eu le temps d'occire un mal en de ce monde avec le peu de temps qu'il sera resté.

Soudain, alors que Diarmuid expliquait les raisons plus exacte de sa présence, Samantha compris plus ou moins ce dont il retournait. L'homme qui avait été tué avait passé un voeu avec un des chats et la conséquence aurait été de faire revenir le chevalier de l'ordre de Fionna. C'était... surprenant. Elle ne savait pas que Kyu ou Bey avaient de telles capacités. Il semblait d'ailleurs méfiant, craignant peut-être une autre ombre.

Il confirma ce que pensait Samantha en demandant si d'autre ombre pouvait être attiré par cette 'magie noire'. Il voulait d'ailleurs la protéger, ou l'éviter de la mettre en danger. Il ne manquait tout de même pas de culot. C'était elle qui venait de lui sauver la vie et elle qui le protégeait mais il ne la remercia pas et maintenant se targuait même d'être celui qui pouvait la défendre... La jeune Seraph soupira, elle n'allait pas lui dire ce qu'elle pensait. Si ce qu'il disait était vrai, et c'est probablement le cas, alors il devait être très perturbé...

- "Diarmuid, je ne veux pas vous accabler mais je doutes que ce soit de la magie maléfique ce que l'homme faisait. C'est une histoire assez compliquée, mais seuls les mauvais esprits sont maléfique. Ils sont attirés par la souffrance, la tristesse et l'incompréhension des humains et j'imagine que vous l'étiez fortement. Et ne vous en faites pas, je suis suffisamment forte pour me défendre. Vous pouvez même vous détendre, tant que je suis là vous ne risquez rien"

Aucune ombre n'allait venir, probablement, mais la police par contre... Il allait falloir partir aussi vite que possible, signaler le cadavre et tout ce qui va avec. Mais, est-ce que Diarmuid supporterait de sortir? Mieux valait lui demander.

- "Dîtes, d'où venez-vous exactement? C'est pour savoir comment vous réagirez une fois dehors..."

Plus les secondes passaient et plus Samantha voyait le nombre de problèmes qu'ils auraient à gérer...

D'après la femme ce n'était pas de la magie noire qui avait permis de le ressusciter. L'histoire serait plus compliquée que ça, mais d'après elle, seuls les esprits comme ceux qu'elle venait de combattre sont purement maléfiques. Aucune magie n'a jamais pu ressusciter qui que ce soit, c'est étrange qu'elle puisse dire ça, peut-être qu'elle n'est pas sure de ce qu'a utilisé l'homme. En tout cas ces esprits se nourriraient globalement du désespoir, il s'en voulait d'avoir failli céder, car il comprend que c'est de ça que s'est nourri l'esprit que la druide a dû affronter.

  La confiance en elle-même qu'elle possédait lui décrocha son premier sourire depuis son retour. Il inclina légèrement la tête, pour s'excuser d'avoir douté de ses capacités, peut-être ne comprendrait-elle pas ce geste vu la différence d'époque, mais c'était encore des gestes ancrés en lui. Il ignora la remarque qu'il voulait faire sur la magie noire, après tout il n'était pas le mieux placé pour juger de si c'était occulte ou non. D'autant qu'elle lui pose alors une autre question, elle souhaite savoir d'où il vient. Peut-être son histoire n'était-elle pas si connue que ça finalement.

"Je ne connais pas votre calendrier, mais d'après cet homme, cela fait plusieurs siècles que mon histoire a existé aux côté de Finn. Dater notre histoire est apparemment compliqué. Mais ne vous inquiétez pas pour moi, je suis déjà sorti pour qu'il m’emmène jusqu'ici."

  En revanche en énonçant le fait de sortir, Diarmuid se posa une question, dans quel but ? Il espérait maintenant ne pas avoir été ramené pour rien, suivant le dessein des Dieux, mais où pourrait-il aller dans ce monde qu'il ne connait pas ? Peut-être qu'elle avait une idée, mais lui en tout cas était perdu. Il ne connaissait rien ni personne ici. Peut-être la femme pourrait le guider vers une première piste, elle n'a pas été envoyée sur sa route pour rien.

"Comment dois-je vous appeler ?"

C'était problématique... Si il avait vécu il y a de ça plusieurs siècles il ne connaitrait rien au monde et risquerait de faire une crise. C'était un problème de plus ajouter sur la liste bientôt infiniment longue. Pourquoi est-ce que l'homme avait invoqué Diarmuid... N'avait-il pensé à rien? Samantha tentait de trouver un moyen de tout gérer, mais cela commençait à faire beaucoup. Elle n'arrivait pas à organiser le tout. Devait-elle s'occuper du corps avant d'expliquer à Diarmuid le monde, devait-elle plutôt sortir et après appeler la police? Et comment faire pour l'argent, pour l'héberger, pour qu'il travaille, pour qu'il existe, pour qu'il fasse quoi que ce soit de sa vie! Heureusement, il la sortie de ses pensées avec une question simple. Il avait raison, chaque chose en son temps.

- "Je m'appelle Samantha Williams. Je travaille dans une... hum... comment expliquer cela" dit-elle en se grattant la tête "Disons que je remplis des fiches avec des nombres pour que d'autres personnes puissent les lire et après faire des décisions. Mais en ce moment ça se passe pas très bien. Mais dans le reste de mon temps, je m'occupe de soigner les gens, surtout mentalement car je ne suis pas médecin... Et disons que je chasse également les mauvais esprits"

Parler lui faisait du bien, mais on pouvait sentir qu'elle était toujours tendue. Elle se mit à faire les cents pas, pourquoi c'était à elle de trouver des solutions a des milliers de problèmes. Elle n'avait pas l'argent pour! Elle regarda Diarmuid, autant lui expliquer un maximum de chose... Peut-être que ça fera trop, mais Samantha avait besoin d'exprimer ses pensées et d'un second cerveau avec qui partager.

- "On va devoir trouver un moyen de s'occuper du corps... Tu n'as pas de trace, mais moi oui. J'ai mis mes cheveux un peu partout et on risque de croire que je suis coupable. Alors on devrait appeler la police, mais toi tu peux pas rester là car tu n'as pas de carte d'identité alors on t'embarquerait. Si je pars avec toi et que je t'emmene chez moi, on risque de m'accuser de fuir une scène de crime. En même temps, tu es pas coupable car tu ne savais pas tout et que la situation était exceptionnelle. Désolé de parler tant, c'est juste que j'arrive mieux à réfléchir à voix-haute" dit-elle en tentant un petit sourire "Sans compter que j'ai peur que tu fasses une crise dès que tu verras le monde moderne... Alors dis-moi, est-ce que tu sais si il avait de la famille ou des gens proches? L'homme que tu as... enfin l'homme quoi"

Samantha Williams... Un nom qui sonnait bizarrement aux oreilles de Diarmuid, mais cela fait bien longtemps qu'il a vécu, et il n'est pas dans son propre pays d'après les dires de Wilfried, il ne reste donc pas bloqué dessus. Elle essayait ensuite de lui expliquer globalement ce qu'elle faisait dans sa vie, en simplifiant un maximum. Mais d'après ce qu'il en retirait, elle manipulait les chiffres, faisait les surement des calculs, cela faisait d'elle une érudit, ce qui est classique pour un druide car ils sont le cœur de l'éducation. En plus de cela elle s'occupe des personnes... Instables, elle ne pouvait donc être qu'une personne parfaitement altruiste aux yeux de Diarmuid.

  Il l'observait commencer à réfléchir et à tourner en rond, visiblement dérangée par quelques pensées ou plans. La suite de ses paroles, il n'en compris qu'une infime partie. D'après elle, elle parlait pour elle-même, à voix haute pour s'aider, mais cela le concernait d'une certaine façon alors il essaya de comprendre. Apparemment avoir tué cet homme pouvait être source de problème, mais il ne comprenait pas trop pourquoi puisqu'il était de toute façon mêlé à quelque chose d'occulte, que ce soit magie noire ou non. Carte d'identité ? Police ? Coupable ? Tout ce qu'elle racontait était étrange, il mit ça sur le dos du nouveau monde, mais commençait à avoir peur de ne pas pouvoir s'adapter.

  La peur au combat est une chose, une chose que lui et ses pairs avaient surmontés, croyant à l’éternité de l'âme. En revanche c'était une tout autre situation qu'il affrontait maintenant, perdu dans un monde où il ne pourrait peut-être pas trouver son but ni aider qui que ce soit. En revanche elle avait peur qu'il ne supporte pas la vue du monde moderne, il était déjà sorti un peu avant, et peu importe ce à quoi il fera face, ce sera du mieux qu'il peut. Pour ce qui est de la famille de l'homme... Dans tous les cas il stoppa Samantha dans sa marche infernale en lui attrapant doucement un bras, la faisant s'arrêter sur place.

"Je ne comprend pas la moitié de ce que vous racontez, mais si vous n'ayez pas peur pour moi, je saurai affronter ce qui se trouve dans ce monde "moderne". Pour ce qui est de cet homme, apparemment il était tout seul d'après ses dires."

  Après avoir parlé il la relâcha, espérant qu'elle ne se remettrait pas à tourner en rond devant les problèmes qu'il lui causait. Si ça ne tenait qu'à lui il ne lui en causerait plus du tout en partant de lui-même, mais après le peu de discussion qu'il venait d'avoir avec elle, il ne comprendrait rien au monde tel qu'il est désormais. Et bien que ça lui en coute, il comprit rapidement qu'il avait besoin d'elle pour s'adapter, tentant de lui permettre de réfléchir au mieux, il reprit.

"Si nous sommes devant plusieurs problèmes, occupons nous des plus urgent, je ferai ce que vous me direz sans broncher, et vous n'avez pas besoin de me couvrir de ce monde, si je suis ici, c'est pour une raison, et les Dieux ne me permettront pas de chuter en chemin."

Samantha fut tirée de ses pensées dès qu'il la toucha. Elle sursauta et l'écouta. Elle avait peut-être trop fait, se laissant absorber par toutes les difficultés qu'ils allaient faire face. Mais elle doutait que Diarmuid sache vraiment affronter ce que le monde avait à lui offrir. Même elle avait parfois de la peine. Il donna malgré tout une information utile, le fait qu'il était seul... Personne ne risquait de s'émouvoir de sa mort et donc mener des recherches trop poussées. Elle le regarda, ne faisant plus les cents pas. Bien que ce qu'il dit était plutôt encourageant, il y avait quelque chose qu'elle ne comprenait pas. Pourquoi n'arrêtait-il pas de parler de Dieux, au pluriels. N'était-il pas un chevalier et donc membre de l'Eglise ou quelque chose comme ça? La jeune Seraph soupira, elle connaissait mieux la guerre de Sécession que l'histoire de l'Europe...

- "Alors, on devrait se concentrer sur appeler la police. Et après on partira rapidement. Comme ça, ils vont venir et constater que quelqu'un est mort et ils feront leur enquête. Mais vu que tu n'es pas né ici, tu ne risquera rien normalement" dit-elle en prenant son téléphone portable

Samantha indiqua qu'il y avait eu un meurtre à l'appartement puis raccrocha, ne voulant pas s'identifier. Maintenant, il allait être temps de partir plutôt rapidement. Elle devait avoir de quoi lui payer le bus, elle l’emmènerait chez lui quelques temps pour discuter et trouver de meilleures idées...

- "Bien, alors maintenant on part et on ne touche à rien. Quand on sortira, essayez de paraître calme. On ira jusqu'à chez moi pour discuter sans prendre de risques et on pourra réfléchir à comment faire pour la suite... N'attaquez personne et tout se passera bien" dit-elle en souriant un peu. Elle commença à marcher vers la sortie de l'appartement "On devrait trouver un signal pour si jamais vous vous sentez mal... Mettez la main sur mon épaule si tout d'un coup vous sentez que quelque chose ne va pas d'accord?"

Intérieurement, Samantha tentait de relativiser... Mais il y avait quand même eut mort d'homme...

Il était assez content de lui, apparemment la sortir de ses pensées comme ça lui avait permis de faire le tri, le plus important serait donc d'appeler la "police" puis de partir. Il ne comprenait pas vraiment le principe de police, ni pourquoi il devait en quelque sorte fuir, mais il ferait confiance à Samantha pour la suite, elle est apparue pour une bonne raison. Elle sortie un appareil étrange devant Diarmuid, qui dégageaient de la lumière de différentes couleurs et dans lequel elle parlait. L'appel dura peut de temps, mais il imaginait que ça permettait de parler avec n'importe qui.

  Juste après l'avoir rangé elle annonça qu'il était temps de partir, sans rien toucher. Peut-être que la pièce était souillée. Pour ce qui est de paraître calme, il se dit que c'était de toute façon facile, il était entrainé pour ça, des années à combattre et à fuir ceux qui étaient ses camarades lui ont forgées un mental d'acier. Elle souhaitait l'amener chez elle, il ne s'y opposa pas, elle a déjà dit qu'il n'attirait pas les esprits maléfiques et qu'il ne mettait donc pas en danger les gens proches de lui. Et pour ce qui est de la gêne, c'est pas la même époque, il ne connaissait surement même pas le mot.

"Il ne devrait pas y avoir de problèmes, mais je retiens l'épaule."

  Sur ce, ils sortirent de l'appartement, descendant les escaliers et arrivant dans la rue. Une rue qu'il avait déjà vu à l'aller, mais qu'il n'avait pas eu le temps d'observer. Il compris que le monde avait en effet bien changer, tous les bâtiments étaient en... en pierre lisse ? Beaucoup faisaient plusieurs étages comme celui d'où ils sortaient. mais les routes n'étaient plus des pavés, c'était quelque chose de... Noir et rugueux apparemment. Les panneaux en bois étaient devenu des panneaux en métal.

  Il tournait sur lui-même en suivant Samantha, observant tout ce qui passait. De longs tubes en métal en hauteur qui produisaient de la lumière. Les routes étaient surélevées sur les côtés, là où ils marchaient. certaines habitations étaient grillagées pour éviter le intrusions. Mais étrangement, aucuns élevages nul part, et la ville semblait ne jamais se finir, on pouvait voir jusque l'horizon les mêmes routes et habitations sur les côtés.

  Ils arrivèrent finalement devant un abri, transparent et avec des peintures sur les côtés, ainsi que deux bancs à l'intérieur. Samantha s'y arrêta, attendant le prochain "bus" dont Diarmuid ignorait l'existence.

"Qu'attendons nous ici ? Un transport à cet heure ?"

Samantha voyait que tout semblait bien se passer pour Diarmuid. Il ne paniquait nullement et semblait presque curieux. Elle fut soulagée. Une fois dehors, tout était calme et elle avait totalement oublié l'heure qu'il était. Avec le stress et tout ce qui s'était passé, elle avait zappé totalement qu'il était très tard...

- "Vous avez raison, les Bus ne passent pas à cette heure" dit-elle en vérifiant sur le panneau "Allons-y à pied. Mon appartement est à environ 5 minute de marches et je pense que ça nous ferait du bien"

Samantha avançait rapidement, ne voulant pas rester dans le coin quand la police arriverait. Au loin, on pouvait d'ailleurs entendre les sirènes hurler. Elle regarda Diarmuid. Le pauvre homme avait eu une sacrée journée. Loin de sa famille, loin de ceux qu'ils connaissaient, c'était terrible.

- "Dîtes, Diarmuid, pourriez-vous me parler d'un peu d'où vous venez? Je ne suis pas la plus savante des personnes qui existent, alors j'ignore beaucoup de chose... Je suis plus du genre manuel et pratique vous voyez le genre"

De la sorte, Samantha espérait ainsi comprendre pourquoi il ne parlait pas de Dieu au singulier.

Les fameux bus ne passaient pas à cette heure, en effet cela serait étonnant, la plupart des transports ne passaient plus le soir et la nuit. Et 5 minutes de marche ne faisaient pas peur à Diarmuid, et lui permettrait de continuer à voir les alentours et à s'extasier devant la moindre chose pourtant anodine. En revanche la sirène de la police, un bruit plutôt violent à l'oreille le fit se mettre sur ses gardes, regardant la réaction de Samantha. En voyant qu'elle ne semblait pas plus effrayée que ça, il se détendit, reprenant sa marche normal, mais gardant une oreille vers les sirènes.

  C'est alors qu'elle lui posa une question sur sa vie, demandant à savoir plus précisément où il a vécu et ce qu'il y a fait. C'était large, elle voulait connaitre son histoire à lui, ou bien celle de son pays, de son époque ? Il décida de parler d'un peu de tout, mais pas dans les détails, en tout cas pas pour l'instant, si elle demandait plus de précision, il lui en donnerait.

"Et bien..." Il s’arrêta aussi rapidement, cherchant dans quel ordre mettre ses idées. "Je viens d'Irlande, à mon époque, nous côtoyions déjà l'empire Romain. Nous étions sous le règne du Haut-Roi Cormac Mac Art, qui est celui qui a formé les Chevalier de Fianna. C'était une coalition de nombreux clans pour protéger le royaume d'Irlande."

  Il fit une pause, cherchant ses mots... Il y avait de nombreux clans, mais deux étaient majoritaires, et cette partie de l'histoire risquait d'être longue à raconter, pour peu d'intérêt. Il reprit donc en éclipsant rapidement une partie.

  "Il y eu des Dissensions entre certains clans, pendant des années. Puis vint Fionn Mac Cumhaill, qui reprit le contrôle de l'un des clans, après avoir récupéré ses richesses et les avoir redistribués aux nécessiteux de ce clan. Il continua ensuite son histoire, devenant l'un des chefs les plus aimé de notre pays. Moi, j'étais l'un de ses hommes, il était bien plus vieux que moi lorsque j'ai rejoint les guerriers de Fionna."

  Il reprit une pause. La suite était son histoire à lui, ou sa légende peut-être, et ce n'est pas quelque chose qu'il va apprécier de raconter. Plutôt que de choisir lui-même si il devait raconter la légende qu'on a fait de lui, qu'on a gravé dans sa mémoire lorsqu'il a été ressuscité, ou bien sa vraie histoire, qu'il connait parce qu'il a tout ses souvenirs, il préférait la laisser choisir.

"Pour la suite, il y a ma version, que seul moi connait désormais en ce monde, d'après les histoires de l'homme de toute à l'heure. Ou bien la légende, que je connais depuis qu'on m'a fait revenir, et que ce même homme m'a raconté avant que je comprenne ce qu'il était. Alors, je préfère vous laisser choisir, légende, ou réalité ?"

  Il n'aurait aucune honte à lui raconter l'une ou l'autre, simplement dans un cas comme dans l'autre, ça revenait à confier ses erreurs, à dévoiler ce qui l'a construit. L'une de ses valeurs était l'honnêteté, donc autant continuer à la respecter.

Samantha l'écouta curieuse. La plupart des choses qu'il mentionnait lui était inconnu, mais elle n'allait pas le dire pour ne pas vexer son interlocuteur. Mais a ce qu'elle savait, l'empire Romain était très très vieux et ils vénéraient d'autre Dieux. C'était eux à qui Diarmuid faisait référence constamment? Mais elle connaissait l'irlande, c'était un beau pays bien qu'un peu extrême dans ses croyances. Mais elle trouvait magnifique les paysages, et elle adorait la musique irlandaise.

Mais Diarmuid semblait être un très fameux guerrier, tellement qu'il avait même une légende à son nom. Il lui proposait d'apprendre la vérité de son histoire et non pas la fable racontée depuis des siècles. Elle lui sourit

- "Ce doit être impressionnant de vivre dans un monde où la guerre et les combats sont constant. Mais si cela vous va, j'aimerais bien entendre la vérité. Il n'y a rien de mieux que d'être sincère et honnête"

Mais au final, elle n'était pas si loin d'un monde où la guerre était constante. Après tout, elle risquait toujours de s'attirer des problèmes... Diarmuid avait de la chance, il était désormais épargné des maux des combats. Il pourrait probablement découvrir plein de chose pour se détendre et faire des loisirs moins violents.

Le duo passait désormais dans une ruelle un peu plus sombre, sorte de raccourci pour arriver rapidement à chez elle. Elle espérait qu'il accepterait d'utiliser le canapé, mais si nécessaire elle pourrait lui donner le lit. Mais chaque chose en son temps, d'abord la vraie histoire de Diarmuid.

Samantha semblait intéressée par l'histoire que lui racontait Diarmuid. C'était ironique de voir par lui-même qu'il était devenu une fable du même style que celle qu'ils racontaient à l'époque. Pourtant, elle voulait la vraie histoire, celle moins bien emballée de sa vie, c'est tout à son honneur de ne pas se bercer dans les fictions, et de préférer apprendre la vérité en première. Ils empruntaient maintenant une ruelle plus sombre, avec une visibilité réduite. Il allait raconter son histoire, mais tout de même en faisait attention à bien regarder les alentours. Le temps n'a surement pas permis de faire disparaitre les bandits et les alcooliques.

"Mon histoire alors... A force de me faire connaitre dans le clan de Finn, je suis devenu son bras droit. Lui a continuer à écrire son histoire à coup de batailles remportées, et le roi finit par lui promettre la main de sa fille, Graînne." Enoncer ce nom lui fait lever les yeux au ciel quelques secondes, se remémorant son visage et ses rires. "Le roi nous avait conviés dans son domaine suite à une nouvelle bataille. Finn faisait connaissance avec Graînne à la table du roi quand je me suis levé sur la table pour leur porter un toast et lancer une chanson pour la victoire."

  Il se rappelait ce chant, c'était son préféré lors des banquets, il adorait se donner en public, ce qui allait très bien avec sa nature provocante. Il avait passé sa soirée à monter sur la table, à lever des chopes et entamer des chants  ceci dit.

"C'est à ce moment que nos regards, à Graînne et moi se sont croisés, et également ce même moment qu'elle m'a aimé. Quelques jours plus tard, les festivités finies, elle m'a fait mander, en privé, et m'a demandé de m'enfuir avec elle, me confessant son amour. J'ai refusé d'office, ma fidélité pour Finn passait avant une femme. Malheureusement, ou heureusement, je ne saurais dire, elle était entêtée. Et elle a utilisé le biais de rumeurs pour faire croire que nous nous étions retrouvés un soir, sous la lune."

  Il marque une autre pause dans sa narration, continuant à scruter la limite de sa vision. Et se remémorant toujours tout ceci en le racontant. La suite représente la plus grande partie de sa vie. une longue, très longue partie, notamment si on prend en compte sa mort prématurée.

"Piégé, j'ai décidé de prendre la fuite, et le soir où je mis le plan à exécution, elle m'attendait à l'écurie. J'ai fini par céder et l'amener avec moi. Nous avons passé sept années à fuir, je n'ai jamais tuer un seul de mes anciens compagnons, me servant uniquement de ruse et de rapidité pour les semer et gagner toujours plus de temps. Au début je ne pensais pas pouvoir aimer cette femme, bien que ses sentiments à elle soit déjà révélés. Mais après quelque temps durant la fuite, elle m'avoua qu'elle était prête à sacrifier sa position, ses richesses, tout pour rester avec moi et... J'ai fini par l'aimer également."

  Ses yeux se perdaient un peu dans le vide, entre la tristesse, la mémoire et la mélancolie, tous ces sentiments sont liés ceci dit, mais le mélange donnait un regard perdu, mais avec toujours une petite lueur qui éclairait ses pupilles.

"Au bout de ces sept ans, grâce aux Dieux et à l'intervention du roi, Finn accepta de nous pardonner à Graînne et moi, et nous avons pu regagner notre chez-nous, et nous marier aux yeux de tout le monde et des Dieux. Nous avons ensuite vécu longtemps en reprenant nos vies d'avant, jusqu'à une partie de chasse que Finn m'avait proposé. Nous avons croisé un sanglier, le plus gros que nous ayons tout deux jamais vu, ses défenses étaient dangereuse et je suis passé devant, laissant Finn faire le tour pour le prendre à revers. Mais malgré toutes ces années, et bien qu'il ne l'ai jamais montré, je pense que Finn a continué à me haïr pour l'histoire de Graînne, et son renfort n'est jamais venu, une des défenses du sanglier m'infligea une blessure fatale..."

  Son récit terminé, il posa sa main sur son ventre, à l'endroit où le sanglier l'avait transpercé. En réalité il n'en avait pas voulu à Finn d'avoir réagit ainsi, peut-être n'avait-il pas eu le temps de lui en vouloir avant de rendre son dernier souffle, ou bien s'était-il dit que dans la situation inverse, il aurait réagit pareil, si ce n'est d'une pire façon. Puis le silence revint alors que la marche s'était faite lente pendant la diction.

Samantha marchait plus lentement pour écouter toute l'histoire qui était plus qu'épique. Digne d'une série, Diarmuid avait eut des grands faits d'armes. Bataillant et victorieux, il était quelqu'un de renommé. Pas seulement compétent au combat, il avait charmé une femme avec son habilité au chant. Arriva alors la plus vieille histoire du monde : le triangle amoureux. C'est à contre-coeur et contre sa volonté, à cause de la ruse de Graînne, il dut fuir avec elle. S'en suivit une fuite amoureuse digne des meilleures romans à l'eau de rose, durant laquelle il tomba finalement amoureux. Pardonné par le roi, ils purent couler des jours heureux ensembles, jusqu'à ce que la perfidie d'un faux frère vienne achever la vie du pauvre chevalier.

Samantha avait été captivée par le récit, qui mélait tout ce qui était parfait pour une belle histoire. Suspens, héroïsme, amour et trahison. La jeune Seraph ne comprenait même pas comment on pouvait embellir une telle histoire de légende, à elle-seule elle pourrait faire un film à succès. Elle ne voyait même aucun moyen de rendre l'histoire plus captivante.

- "C'est une très belle histoire Diarmuid. J'ai rarement entendu quelque chose qui mêlait tant d'émotion. Je suis désolé que vous ayez fini par mourir..." dit-elle avant de s'arreter, se rendant compte de l'étrangeté de sa phrase. Elle reprit "Enfin, je ne vois pas comment une histoire de vie comme la vôtre peut être embelli. A mes yeux, je dirais que toutes déformations seraient même sacrilège"

Samantha lui sourit gentiment. Elle ne pouvait pas se targuer d'avoir une vie aussi mouvementé que le chevalier celtes. Elle n'avait pas eu une existence plus spéciale que le reste des habitants de Palema...

Doucement, ils pouvaient voir l'immeuble de la Seraph à une centaine de mètres. Sortant de la rue sombres, ils se retrouvèrent dans une avenue plus importantes mais avec tout aussi peu de monde. Quelques couples ou personnes seules se dirigeaient vers chez eux, ayant profité de la soirée pour faire quelque chose de divertissant. Samantha pointa son appartement

- "Nous y sommes presque, c'est assez petit mais vous devriez pouvoir dormir sur le canapé. Mais sachez que si c'est pas suffisamment confortable pour vous, je vous donne volontiers mon lit"

Samantha trouvait son histoire très belle, qu'elle était remplie d'émotions, et Diarmuid ne la contre-dirait pas là-dessus, ces sept années passées à fuir avaient en effet été riches en émotion. Pour ce qui est de l'embellir, c'était finalement assez facile, et déformer la vérité à toujours été le métier des bardes, pourtant on les appréciait tout autant même en sachant ça.

"Ne vous en faites pas pour ma "mort", j'ai apprécié ma vie, et je suis partie plus qu'heureux... Et j'ai emmené le sanglier avec moi. Pour ce qui est d'embellir, ajoutez une malédiction, et de la magie, et ça donne ce que n'importe qui apprécie d'entendre de la bouche d'un barde."

  Ils arrivaient devant un nouvel immeuble, sortant enfin du trou noir qu'était cette ruelle, plus besoin d'être autant sur ses gardes une fois ici. Ils croisaient quelques personnes, mais aucune ne sembla réagir à l'apparition de Diarmuid. De toute façon il était réapparu avec des vêtements correspondant à cette époque-ci, pas en armure ou en cuir comme de son époque. Samantha pointa finalement ce qui devait être sa case à elle, précisant qu'ils étaient proches mais que l'endroit était assez petit, elle lui proposait aussi le "canapé", bien que si il trouvait cela inconfortable elle lui laisserait son lit.

"M'accaparer le lit ? Non, je me contenterai du "canapé", peu importe ce que cela peut-être. Je vois qu'il existe encore des maisons, mais que beaucoup comme vous habitent dans ses grands bâtiments, avec uniquement deux pièces, comment vous partagez vous les habitations ? Je pensais qu'en tant que druide vous auriez plus de place pour vous."

  Les druides étaient les conseillés des rois, des chefs de clans, et de toutes personnes importantes. En tant qu'émissaires des Dieux, ils étaient souvent bien traités, et les rares fois où ils ne profitaient pas du luxe, cela venait de leur choix personnel, après avoir refusé les offres de la personne qu'ils conseillaient.