"Je vois..."

Je ne sais as trop ce qu'il voit vraiment mais apparemment, il a rien à redire vraiment sur mes paroles. Donc, c'est que j'ai pas du raconter n'importe quoi. Je suis contente, c'est Maman qui serait fière de moi si elle m'entendait. Je me sens rassurée, un peu moins bloquée, et je reprends un morceau de ma pizza en même temps. même si je doute que j'arriverais à finir, c'est drôlement bon quand même. Ça fait du bien après avoir eu peur.

"Laquelle tu préfères ?"

"- Les deux !!!"

Je rigole un peu en donnant ma réponse, un peu de sauce tomate sur les coin des lèvres et de la farine un peu partout sur les mains et le visage. Parce que bon, j'ai abandonné l'idée de manger avec les couverts maintenant que j'ai tout coupé. La pizza avec les doigts, c'est drôlement plus amusant en plus alors je vais en profiter.

"- La calzone, je l'aime bien parce qu'elle est simple mais avec que des choses qui me plaisent. L'autre, je l'aime aussi parce que c'est tout nouveau et j'aime bien découvrir des nouvelles choses.
Et toi, alors? "

"Tant mieux.
J'aime aussi."

"- C'est chouette alors."

Un nouveau sourire de ma part avant que je ne retourne à mon assiette. Mine de rien, elle a plutôt bien diminuée je trouve. Enfin, je suis peut-être qu'une enfant mais finalement, la pizza qui était à la taille d'une pour les adultes, bah je l'ai presque fini quand même. J'en serais d'ailleurs la première surprise mais comme quoi, les émotions ça creuse, comme disait Maman.

"Tu finis ton assiette et je te raccompagne."

"- Ca va pas te faire trop loin? Parce que toi, tu habites pas par ici, nan? Enfin, je veux bien, parce que il commence un peu à être tard. "

Et puis, j'avais un peu peur que le Monsieur de tout à l'heure il revienne malgré tout. Je mange encore quelques bouchées, m'avouant finalement vaincue par les 3 dernière bouts de Calzones dans mon assiette. Je bois un bon coup et m'essuie bien les doigts et la bouche avant de m'adresser très sérieusement à Russel.

"- Voilà, j'ai fini. Je te dois combien pour la pizza? "

"Qu'est-ce que tu racontes, je t'ai invité, je vais pas te faire payer."

"- Mais tu m'as déjà aidé, tout à l'heure... Alors, la prochaine fois, c'est moi qui t'offre au moins glace, d'accord?"

Bah oui, quoi. Maman elle me dirait que ce n'est pas bien de tout se faire offrir sans jamais rien donner en échange. Même si je le connaissais pas bien et qu'il avait pas répondu à toutes mes questions, Monsieur Russel il était gentil et j'espérais que je pourrais le revoir. Comme il se proposait en plus de m'accompagner voir Maman, cela me faisait drôlement plaisir.

"C'est par où chez toi ?"

"- C'est pas loin de la faculté. Il y a une grande résidence avec tout un tas d'immeuble et j'habite dans un de ceux-là. "

Je n'ai pas le droit de donner l'adresse exacte, ce serait trop dangereux, mais je peux au moins dire ça. De toute façon, comme je connais le chemin, je pourrais le guider sans problèmes. Et sa main tendue me fait sourire. Je la saisit avec joie, sautillant à moitié en sortant de la pizzeria. Les oreilles de ma peluche frappent en rythme contre mon flanc.

"- Ouais, j'ai même pas fait de tâche à Lapinou! "

Nous avons quittés la pizzeria après un dernier au revoir au monsieur derrière le comptoir qui semblait rire un peu cette fois. Enfin, il faisait moins la tête que quand on était arrivé, donc c'était bon signe. Il faisait encore pas trop froid dehors mais la nuit commençait doucement à se rapprocher alors il était vraiment temps de rentrer. On a marché un peu en silence avant que Monsieur Russel reprenne la parole.

"Tu as quel âge ?"

"- Moi? J'ai 5 ans.
Et toi, tu as quel âge?"

Bah oui quoi, je suis curieuse. j'avoue que je n'arrive pas à lui en donner un. Il fait plus près de Maman que de Manori en tout cas mais Maman, je l'ai vu vieillir alors j'ai du mal à différencier quand elle m'a eu et quand elle est partie. Car pour moi, Maman, restera toujours Maman, peu importe son âge et son apparence.

"- Dis, ça fait longtemps que tu as rencontré les drôles de chats? Tu les trouves comment, toi? "

Je ne sais pas s'il acceptera de me répondre et puis, je ne le forcerais pas. Mais il a l'air de toujours réfléchir. Il veut pas dire grand chose, un peu comme Manori. Je ne lui demanderais plus pour son camps parce que, même si il est Seraph, je l'aime quand même mais je suis intriguée alors, comme on est seuls, je lui demande son avis, intriguée.

"T'es une sacrée fille toi dis donc."

"- Merci, c'est gentil. Toi t'es un gentil Monsieur, je t'aime bien."

Oui, c'est sincère. D'ailleurs, j'accompagne mes paroles d'un grand sourire tandis que je continue à sautiller malgré que ça me fasse toujours un peu mal dans la tête. Oui, la bosse est pas encore partie. Je devrais eut-être aller au QG plutôt que de rentrer à l'appartement? Non, pas avec quelqu'un. Tant pis, je dirais que je suis tombée et puis voilà.

"Quelques mois et j'en sais rien, je ne sais pas à quoi ça peut penser.
Je ne pense pas qu'elles soient fondamentalement mauvaises... Et toi qu'en penses-tu ?" 

"- Moi je les trouve juste bizarres, parce qu'ils parlent toujours avec des énigmes et des trucs du genre. Sinon, il sont pas méchants. Et puis, c'est grâce à eux si je suis là alors moi, je les aime bien."

Bon, c'est pas tout à fait vrai. J'aime beaucoup Bey mais Kyu, je le connais quasiment pas. Je l'ai juste pris dans mes bras à l’hôpital, quand il y avait eu l'Ombre et tout. Je l'ai pas revu depuis et je ne suis pas trop pressée en fait. mais Bey, ça ne me gênerait pas de le revoir, lui. C'est un peu mon Papa en quelque sorte.

"- De toute façon, ils ont pas besoin d'être mauvais. Les hommes, ils savent être méchants tous seuls. Eux, ils exaucent juste les voeux, c'est tout."

"Comment ça ?"

"- Bah, je te l'ai déjà dit. Je suis le vœu de Maman. Sans les chats, pas de vœu. Et  donc pas de vœu, pas de moi."

Je n'ai même pas levé le regard, trop occupée à ne pas marcher sur les fissures du goudron du trottoir, ma main toujours dans la grande paluche de Monsieur Russel. Je n'ai plus peur du tout maintenant, peut-être juste un peu mal à la tête parce que bon, ça a bien cogné mais ça ne m'empêche pas d'avancer à un rythme correct. Ni de répondre à ses questions.

"En effet, les chats ne sont ni bons ni mauvais, ce sont ceux qui font les vœux la cause de la plupart des problèmes..." 

"- Moi, j'espère que le vilain monsieur au manteau brun il fera jamais de vœu d'abord. Il le mérite pas. C'était pas bien ce qu'il a fait."

Je fronce un peu les sourcils, comme si j'étais en colère mais en fait, je crois que je suis surtout un peu déçue. Parce que je me rend bien compte que toute seule, je n'aurais rien pu faire. En fait, je suis toujours pas assez forte. Il va vraiment falloir que j'aille utiliser les salles du QG. Peut-être que certains Nephils m'aideront, comme Ashlan il est très pris en ce moment?

"- Et puis, on a tous un vœu qu'on voudrait voir se réaliser. Je peux comprendre qu'on puisse accepter quand on nous le propose. Moi, j'ai promis de ne jamais céder mais... c'est dur parfois."

"Si tu fais un vœu, tu devras combattre les ombres...Et peut-être tuer des humains... Tu peux aussi mourir. Ce n'est pas forcément un échange bénéfique"

"- Un voeu, ça reste toujours un échange. Moi, je les voit pas les Ombres et j'existe pas pour elles alors de toute façon, j’intéresse pas les chats."

C'est vrai ça. On ne fait un voeu et ce dernier n'est exaucé que pour combattre les Ombres. Moi, je ne peux rien leur faire tout comme elles ne peuvent pas m'atteindre alors ils n'auraient aucun intérêt à me faire devenir une des leurs. Même si des fois, j'aimerais bien quand même. Pour pouvoir vraiment faire partie de la Famille de quelqu'un parce que la mienne, elle n'existe plus.

"- Dis, est-ce que c'est vrai que, avec le temps, on a moins mal quand on pense aux gens qu'on aime et qui sont partis?"

J'ai un peu ralenti et je souris moins, redevenue plus sérieuse. J'ai besoin de savoir, parce que Maman elle me manque toujours autant, encore plus même des fois. Parce que je me sens vraiment différente des autres. Ni humaine, ni Nephil. Plus vraiment enfant mais pas adulte pour autant.

"Non, c'est faux."

"- Ah.... Je crois que je m'en doutais, en fait..."

Je souris tristement, ma main libre venant resserrer son étreinte sur mon Lapinou toujours accroché à ma ceinture. Maman, tu me manques, je pense fort à toi. J'aurais voulu que tu restes encore longtemps avec moi, ce n'est pas juste. Tu es fière de moi quand même, hein? J'espère.

"Lâcher cette enfant et main en l'air !"

Hein, quoi? Mais il fait quoi, lui? Par réflexe, en sentant la main de monsieur Russel lâcher la mienne, je me suis cachée derrière lui. J'ai peur des armes, le bruit qu'elle font et le sang qu'elles font couler. Et puis je ne comprends pas ce qu'il se passe? Pourquoi il crie comme ça, lui? Je le connais même pas.

" Nous avons un témoignage comme quoi vous tentez de kidnapper cet enfant. Petite, viens vers moi."

"- Non, je veux pas!!!"

Je me suis mise à trembler, regardant avec des yeux ronds le pistolet pointé sur nous. De mes mains, j’agrippais le bas du manteau de Russel, comme si je pouvais disparaître comme un caméléon. Je relève mon regard, implorant, pour chercher le sien, complètement paniquée et désemparée.

"- Tu m'abandonnes pas, hein? Je veux pas que lui aussi il me fasse du mal. J'ai peur.... "

"Ne t'inquiète pas, c'est juste un malentendu..." Dit-il à l'intention de Nelytsa.
Comme vous pouvez le voir, cette petite ne me considère pas dangereux... Après si vous tenez à m'arrêter, je vous demanderai d'éviter d'être violent avec moi."

Tenter de l'arrêter? Etre violent? Non, il avait pas le droit. Monsieur Russel il m'avait sauvé alors lui il avait pas le droit de vouloir lui faire du mal. Je reste agrippée autant que possible à son manteau, le plus loin possible de l'agent armé. C'est lui qui est dangereux, d'abord. Ca se voit, non?

"Je vous demanderai une explication détaillée une fois au commissariat. Pour l'instant, éloignez vous de l'enfant."

"Cela m'arrangerait si je pouvais expliquer tout de suite. La gosse a failli être kidnapper, en effet, mais je l'ai sauvé et maintenant je la raccompagne chez elle. J'avais l'intention ensuite d'aller vous voir pour faire un rapport à ce sujet. J'ai prit soin de noter le nom du type."

" Comme je l'ai dit, nous nous entendrons votre histoire dans le commissariat, en attendant éloignez vous de la fille, des renforts vont arriver d'ici quelques minutes."

Je sens bien que Russel veut se déplacer et s'éloigner de moi, pour faire ce qu'à dit l'autre monsieur mais moi, je veux pas qu'il s'éloigne. Je veux surtout pas rester seule face à l'autre qui se rapproche. Je recule, par réflexe, cherchant des yeux un endroit où me cacher.

"- Toi, tu... M'approches pas... Je veux pas... Russel... ?"

Je le regarde et tend ma main vers lui mais j'ai compris que l'autre il veut pas que je reste avec. Et je suis censée faire quoi moi du coup? Je ne sais pas, je suis perdue, mais je ne veux pas qu'il s'approche, pas avec son arme. En reculant, comme je regarde pas derrière moi, je trébuche et perd l'équilibre. Je m'étale par terre, ce qui réveille ma bosse et mes autres bobos. Et je commence à pleurer doucement.

L'agent a fini par ranger son arme mais moi, j'ai mal maintenant. Aux genoux, la tête parce que pleurer ça résonne dedans et puis au bras un peu qui a cogné au sol. Il continue de s'approcher et même s'il essayer de faire plus gentil, je trouva qu'il y arrive pas. moi il m'inquiète, c'est tout.

"Ne t'inquiète pas, un collègue à moi va te ramener chez toi et tout ira bien. Mais tu vois, on a quelques questions à poser au monsieur qui t'accompagne, d'accord ?"

"Tu n'as pas à t'en faire, ils vont te ramener chez toi en un seul morceau et tu pourras revoir ta famille."

"- Mais si c'est à cause de l'homme au manteau beige... Moi je peux leur dire... Ce qui s'est passé... Que t'as rien fait... Pourquoi on me demande pas à moi?"

C'est vrai quoi, c'est qui qui a failli se faire enlever à la fin. C'est pas lui, c'est moi. Alors je crois que je sais quand même de quoi je parle, non? Je me suis assise un peu avant de me relever un peu branlante quand même. Je renifle un peu, chouinant plus que pleurant.

"- J'aurais du faire comme tu m'avais dit... appeler moi la police d'abord... "

Après ma phrase, il ne s'est plus rien passé pendant quelques instants. L'agent, il semblait un peu perdu, comme s'il ne savait plus trop quoi faire ni comment réagir. Moi, je regardais vers Russel en essuyant un peu mes yeux avant de renifler. Tout ça à cause de l'autre vilain monsieur, c'était pas juste.

"Ok... J'ai compris. Monsieur, pouvez vous me donner vos papiers ? On vous laissera partir ensuite. Par contre, si vous pouvez ensuite vous rendre dans le commissariat pour y déposer un rapport sur l’agression dont vous avez été témoin"

Ah, il part pas alors? Il va rester avec moi et me ramener? Je regarde l'agent avec des yeux remplis d'espoir tandis qu'il récupère les papiers de Russel avant de parler dans son talkie-walkie et de s'éloigner de nous. Dès qu'il a fait quelques mètres, je me précipite vers Russel et vais le câliner. Ouf, je suis rassurée maintenant.

"On dirait que c'est moi qui ait été sauvé cette fois."

"- T'as vu ça? Maman elle me le disait souvent, que j'étais trop forte."

Je rigole doucement, les yeux toujours brillants un peu mais je ne pleur plus. Je suis une grande fille maintenant, je dois le montrer aussi. pour que Maman soit fière de moi. Toujours. Quand il me tend la main, je la saisis avec un sourire avant de pointer la direction de la fac.

"- Tu me ramènes toujours? On est plus très loin maintenant."

"Yep, t'es vraiment trop forte."

Sa main qui vient jouer dans mes cheveux me faire rire doucement. Maman aussi elle avait ce genre de gestes à mon égard et j'aimais bien. Ça me fait plaisir en plus de voir Monsieur Russel qui sourit. Ça lui va bien. En plus, il a plus fumé depuis longtemps et c'est mieux pour lui.

"Oui, je te ramène toujours. Par contre à l'avenir, essaie de sortir accompagner."

"- D'accord, j'essayerais. Et je ferais plus attention, c'est promis."

Sur ces mots, je me remets en route en direction de la fac. Il n'y a quasiment personne dans les rues et il n'y a que le bruit que nous faisons qui rythme notre avancée. Nous dépassons les bâtiment et le campus et, lorsque nous arrivons devant le regroupement d'immeubles dans lequel je vis avec Manori, je m'arrête un instant.

"- Dis, je peux te donner mon numéro de téléphone? Comme ça, si les policiers ils ont besoin d'informations en plus, tu pourras leur dire où me joindre.
Et j'ai pas oublié, je te dois une glace."

"Tiens, prends ça plutôt et si jamais tu as besoin d'aide ou que tu veux voir ta maman mais que personne d'autres ne peut t'y emmener alors appelle moi."

"- D'accord, je ferais comme ça alors."

Je viens prendre le papier qu'il me tend et le range tout de suite dans mon sac à dos. Je le glisse dans mon petit carnet de futur reporter afin de m'assurer de ne pas le perdre et je remets le tout sur mon dos. Mon sourire toujours collé sur ma frimousse un peu salie par ma chute précédente, je l'écoute attentivement.

"On est arrivé ?"

"- Oui, presque. J'habite dans l'immeuble là-bas."

Je pointe du doigt le second bâtiment le plus proche, sans donner aucune indication sur l'étage ou je réside. Oui, je suis pratiquement arrivée. Ce qui veut dire que Monsieur Russel il va me laisser pour rentrer chez lui aussi. Enfin, après qu'il soit allé voir les policiers. J'espère que l'agent il ressortira plus son arme.

"- Tu feras attention quand tu rentreras chez toi, hein? Et si ils veulent pas te croire à la police, moi je viendrais leur dire, c'est promis."

Bah oui quoi, il m'a sauvé alors je ne vais pas le laisser avoir des ennuis par ma faute. Ce serais très méchant de ma part et Maman elle ne serait pas d'accord, je le sais.

"Tss... Je suis détective, ils vont me croire, t'inquiètes pas. Repose toi bien et prend une bonne douche en rentrant."

"- C'est promis, je ferais tout comme tu viens de dire."

Oui, j'avais bien hâte d'y aller, à la douche. Je crois que je prendrais même un bain. Avec mon canard de bain. Faudra juste que je sèche bien mes cheveux après mais ça, c'est pas le plus difficile. Il faudra aussi que je soigne bien mes bobos pour que Manori les voient pas trop. Normalement, elle n'est pas encore rentrée donc je devrais pouvoir le faire.

"Bon et bien à plus."

"- Au revoir, Russel. A bientôt."

Et avant qu'il n'ait eu le temps de se retourner, je lui fait un dernier câlin. J'aurais voulu lui faire la bise mais il est trop grand alors tant pis pour cette fois. Je le relâche et lui offre un dernier sourire avant de me mettre en route jusqu'à l'appartement. J'y arrive à peine 3 minutes plus tard et en effet, Manori n'est pas encore rentrée. Bon bah, direction la douche du coup.