J'ouvre la porte. La lumière traverse la salle en rayon au fur et a mesure que je m'engouffre. La porte se referme deriere moi, me plongeant dans l'obscurité la plus totale.

"...C'est rageant. Elle est malade et tout le travail m'est refilé. Je me r'trouve à faire un truc prolongé de 13h aujourd'hui.

- Et c'est maintenant que tu me préviens ?

La porte se referme derrière moi, me plongeant dans l'obscurité presque totale.

- Excuse moi, mais on m'a prévenu il y a a peine deux heures, et je peux pas passer de coup de fil perso devant les clients. C'est le concept du travail j'crois, genre, de pas avoir de vie privée pendant qu'on bosse. Là, je t'appelle car j'ai juste baissé le rideau de fer. Mais là j'en ai pour au bas mot pour une heure et demie

Je peste silencieusement en cherchant dans l'obscurité, l'interrupteur.

- Tu pourrais pas juste partir et nous rejoindre a l'heure. T'es seule nan ?

- Non, le livreur vient juste de se pointer et je dois ranger tous les colis avant demain matin. Si je le fais pas, ils verront que j'ai tiré au flanc. Et comme je peux pas laisser les gens seuls dans le magasins, je suis obligé de faire des heures sup'.

Ah... Je l'ai.

- Meuf, tu crains

- Moi aussi je t'aime ma petite bolchevik. Je te tiens au courant si je me libère une demie heure avant

La lumière clignote le temps que les néons chauffent.

- T'as intérêt, saleté.

Ah... C'est bon. Je peux y voir.

Je coupe mon tel avec un petit sourire nostalgique sur les lèvres. Parler a Alex' revient toujours à faire un bond de cinq ans en arrière.
La porte de la réserve s'ouvre dans un courant glacé d'air climatisé. J'oublie que la réserve baigne toujours dans cette chaleur étouffante de salle non isolée.
Je me retourne... Ah ? C'est le livreur qui vient avec un petit chariot à roulette poser les trois gros colis de fringues. Il reste sur le pas de la porte, histoire qu'un courant d'air frais vienne rafraichir les lieux.
Je lui offre un café avec la machine à filtre dans le coin. On échange des banalités sur les conditions de travail, sur les gens qui font leur spectacle a l'extérieur. Après cinq minute de discutions un peu creuse, mais néanmoins distrayante, je lui offre une partie des pourboires que j'ai choppé dans la journée.

Après tout le type est pas méchant. A chaque fois que c'est lui qui me livre, il fait l'effort de le faire avec le sourire et il épargne a chaque fois à mon dos la charge lourde de vêtements à transporter. Apres quelques minutes de logistiques et de papiers a signer. Il se casse et on se salut amicalement en se souhaitant a la prochaine. Je rentre dans la salle pour refermer le rideau après le passage du livreur.
Bon je suis seule une bonne fois pour toute. J'allume une radio sous le comptoirs qui diffuse une play list de vielles musiques de Metal des années 80. Avec ça en fond sonore et une carafe de café. Je peux que me mettre a fond à la tache et quitter plus tôt pour les beaux yeux d'alex'.

Pendant que je défais le carton soigneusement. La musique de Deuce se calme pour faire place a un extrait de dialogue de "Good morning Vietnam" suivit d'une playlist de vieux rock un peu plus calme. J'entonne la chanson qui commence : "girl ans boy" de blur.
En soit ma performance vocale est pas encore trop douteuse. Mais pas exceptionnelle non plus. Mais dans mon cerveau c'est comme si je venais d'installer la dernière version d'auto-tune. Du point de vue de l’intérieur de mon crane, je suis parfaite. C'est donc sans la moindre modestie ni la moindre dignité que je commence a entonner le refrain avec panache et force de déhanchés.
D'un mouvement dansant. Je déchire le scotch du premier colis. Et mes yeux se mettent a briller d'une lueur fasciné. J'ai l'impression que le ciel a été clément avec ma journée de merde. Je sors peu a peu la marchandise avec une impatience à peine contenue. Je pousse même un petit crie de joie a la vue de...

Oh ? Les robes ? Oui, oui, c'est passionnant les robes, je dis pas. Je baigne dans la mode, donc je vais pas cracher sur mon travail etc... Et a vrai dire, le carton contient plein de vêtements de haute qualité triés et commandés par mes soins. Le tout isolé dans des sachet plastifiés qui servent de compartiment. Oui, certes, c'est le genre de connerie qui a de la valeur et qui ferait trémousser chaque personne doté d'un peu d’estrogène. Mais ce n'est pas le propos. Parce qu'il n'y a pas que des vêtements dans ce colis. Il y a surtout... du papier bulle !
Après avoir posé par terre une partie de la commande, je fait exploser ma joie. J'ôte le premier carré de la boite et mon cerveau se met en pause. Ma mentalité régresse jusqu'à perdre 15 ans d'âge mental. Je suis officiellement en négatif a ce niveau.
Mes mains se mettent a faire un mouvement automatique. Et les bulles explosent en petit "plop"
Un phare dans cette journée pourris. Je suis adsorbé par cette activité d'une profondeur intellectuelle inégalée. Pendant quelques secondes. Il n'existe rien d'autre au monde que les petit "plops" et le début d'Americain Idiot.
Puis je me met enfin sérieusement au boulot après ce retour en enfance express.

Le solo de guitare rapide retentis, comme un avant gout amer. Un petit rituel qui se déroulait avant que retentissent les paroles acerbes comme je les aime.
Je déballe les robes pour les cintrer et fixer les antivols. Je bosse comme un automate. Connaissant par cœur la chorégraphie de mon travail. Pendant ce temps, j’ajoute une touche de nawak a cette danse impersonnelle. Je chante, sautille, bouge la tête comme une demeurée assumée. Une dingue dans un asile, où juste une employée fatiguée. Bataillant physiquement pour garder le rythme et la puissance de la musique tout en concevant un semblant de précision dans mes gestes.
Comme a chaque fois que j'écoute du Metal ou du rock, je me surprends a être dans ma bulle. Dans ma tête, plus rien n'existe que le rythme de la batterie et de la guitare électrique. J'ai vaguement conscience d'où je suis ou de se que je fais.

L
e premier pendoir de la soirée est sertis en un rien de temps. Je le déplace dans le fond de la salle avant d'entendre un bruit sourd un peu a ma droite. Un brut de chute, rapidement suivit d'un son plus aigü, comme quand on fait tomber un sac de bille par terre. De l'autre coté de la réserve. Un carton s'ouvre et déverse son contenu sur le sol, une quarantaine d'antivols sont maintenant completement éparpillés sur quelques mètres carrés.
Je jure en hébreux a la vue du désordre. Un genre de juron pour lequel ma mère m'aurait probablement giflé si elle était présente. Tout ca restait une perte de temps supplémentaire qui me sépare de la soirée dans laquelle j'étais sensé m'embarquer. Je dépose le pendoir dans le fond et contourne un carton pour me dirigeer vers le champs de bataille. Arrivée a destination, je me baisse pour chopper ranger ce beau bordel.
Dans mon dos résonne les premières notes de "Everybody Hurts" reprises pas Corrs
Note a moi même : Virer cette musique badante de ma playlist pour bosser. Surtout quand elle se déclenche dans ce genre de moments. Si je l'écoute encore longtemps, je vais commencer a vraiment bader. Et d'’ailleurs, je commence déjà a soupiré avec les premières paroles de la chanteuse. Ca m'énerve de cette situation, je vais zapper cette chanson fissa.
Après avoir rangé au bas mot une dizaine d'antivol dans le carton, je me redresse et me retourne pour changer

J'ai comme un moment de flottement. La porte est entrouverte et il y a comme un infime mouvement avant qu'elle s’immobilise totalement. Est ce que j'hallucine ? Peut être.

La serrure déconne et un courant d'air peut la faire basculer pour peu que j'ai laissé la fenêtre crasseuse ouverte. Ou je l'ai pas fermé quand le livreur est repartis. Ça sera pas la première fois que ça m'arrive dans ma vie.
Je ferme le battant de la porte en prenant soin de la claquer. A cet instant, le début presque calme de Toxicity commence a pointer le bout de ses notes. A mon plus grand plaisir, je monte le son. J'allais retourner ranger le reste de ce qu'il y a par terre en antivol avant de décider de ranger d'abord le pendoir. Au pire, je pourrais toujours dire que ça s'est produit après mon départ. Dans l'immédiat, fallait' surtout que je range les commandes. J'invoque la tête d'alex' pour me motiver et je commence donc a vider le pendoir que j'ai remplis dans le désordre.

Dans le fond de la réserve, je rangeais un pantalon dans la partie adéquat. Cependant un détail accroche mon regard. La fenêtre n'est pas totalement fermé. Il y a un raie de lumière la ou les néons galère a éclairer. Je m'attarde dessus et j'ai comme une boule au ventre en voyant le verrou brisé. Il y a comme un frisson glacé qui me parcourt l'échine et un pic a glace qui s'enfonce entre mes cotes, droit dans mon coeur. Je soulève délicatement le battant et je constate le bois maltraité par une lame. Je met en partie la tête dans la petite fente. Les contours de la vitre sont fracturés. Mon cerveau a comme un bug, je reste stoïque. Depuis quand date cette merde ?
Faut que j'appelle la police, ou la proprio. Histoire que ça me retombe pas sur le coin du museau. Et puis merde, si j'appelle les flics je suis bonne pour une déposition qui va durer des heures. C'est décidé, j'appelle ma responsable. J'éteins la radio et j'allume mon tel.

Bonsoir, c'est a propos de quoi ?

Bonsoir, c'est Mademoiselle Hunt à l’appareil, je vous appelle parce que je suis de service ce soir a la boutique et en rangeant les articles, j'ai aperçu la fenêtre de la réserve fracturée, c'était pour savoir la marche a suivre.

Mais... C'est horrible ! On nous a cambrioler ?

Aucune idée. Le dernier inventaire complet de la réserve date d'avant les soldes. Et pas plus tard que ce matin. J'ai vérifier les comptes et rien ne manque dans la caisse

barricadez déjà l'ouverture. comment se fait il que personne ne vérifie cette fenêtre ?

Je ne sais pas. D'habitude, c'est plus une attaque a main armée en plein jour. Ils ont du trouver un moyen de neutraliser l'alarme

En parlant, mes jambes marche par automatisme. En échangeant ces mots je fais le tour complet de la réserve. Je manque même de glisser sur un antivol laissé par terre. Suite a cette acrobatie improvisé, mes pas me dirige vers l'accueil de la boutique. Je pousse la porte.

Mais pour l'instant, j'aimerai juste savoir. Est ce que j'appelle la police ?

Quand je commence a comprendre dans quel merdier je me suis fourré, j'ai comme une pointe au cœur. Des battements désordonnés qui semble résonner avec violence dans ma tête.

« - Arrête-toi. Maintenant. Si tu fais un pas de plus, ça va mal finir.  Et si tu veux faire ta p’tite sortie ce soir, t’as intérêt à m’écouter. » ?

Passé l'instant ou je reste planté, comme pétrifié par la surprise. Le gars a un couteau Une partie de moi se dit que je ne suis pas assez bien payée au point de risquer ma vie pour mon job. Une autre me rappelle que je m'étais promis de ne plus céder a la peur. Que ce soit du jugement des autres, ou tout simplement du chantage.
Dommage pour lui, si quelque chose pouvait bien me caractériser, c'était mon absence totale d'instinct de survie. A croire que je cherchais a me suicider indirectement a chaque fois que j'en avais l'occasion.
De toute façon, il pourrait pas ouvrir la caisse sans moi et elle était trop grande pour qu'il s'enfuie avec son butin. Dans l’immédiat, si ce type voulait son fric, il savait pertinemment qu'il aurait besoin de moi.

Trop tard, je viens d'enterrer l'idée de sortir ce soir. Maintenant, il va falloir que je fasse une déposition ou un portrait robot et un témoignage. J'en ai au bas mot pour trois ou quatre heure, et plus si on vous choppe. Z'auriez pas pu faire ca un autre jour au lieu de me pourrir joyeusement mon week end ?

Allo ? Mademoiselle Hunt ? Je vous entends mal. Il y a quelqu'un d'autre avec vous ? Répondez !

Imperturbable, je pose mon regard sur mon téléphone qui a eu l'intelligence de se mettre en haut parleur suite a un mouvement crispé de ma main. La voix de ma responsable est passablement angoissée. Je regarde mon agresseur l'air entendu avant de parler a voix basse pour ne pas que le micro du tel m'entende.

Si je ne la calme pas, elle appellera les flics. A toute heure, ils déboulent en trois minutes dans quartier Nord. Mais je n'éteindrais pas ce téléphone.

En temps normal, j'étais plutôt douée pour dénouer les situations, baratiner où trouver un genre de sécurité. La perspective de ne pas finir éventrée cette nuit était une bonne source de motivation et d'énergie. Une énergie que j'employais pour avoir cet air serein.

"Oui madame. Excusez moi, je réfléchissais a voix haute. Pour ce qui est d’appeler la police, je crois qu'il vaut mieux le faire demain matin, le mal est déjà fait. Appeler en ce début de soirée reviendrait à ce que vous restiez toute la nuit à la boutique

J'imagine que ca peut attendre. *Soupire*. Je viendrais demain matin vérifier l'état des lieux.

Permettez moi de relancer la conversation. Pensez vous que tous les dispositifs de sécurités mis a disposition sont garant de la sécurités de vos employés ? Je dois vous avouez que même s'ils sont plutôt rare ici. Les vols augmentent et je voudrais vous relancer sur l'emploie d'un service de sécurité compétent.

Baratiner, c'était une seconde nature chez moi. Rien de tel que de relancer un sujet qui fâche pour qu'elle s'énerve toute seule et ne raccroche pas au téléphone.
Touchée, elle commence a s'énerver et monologue seule dans son coin. J'esquisse un petit sourire avant d'interroger du regard le gars sur la marche a suivre.

Ce mec est un abrutie sérieux ? Peut être, s'il en était réduit a voler, j'imagine que c'était probablement le cas. Je reste imperturbable a sa mimique et a son regard noir quand il capte qu'il est juste ridicule. Mais j'avoue j'ai un poufement qui remonte a ma gorge. C'est nerveux, j'y peux rien, peut être un reflux de mon instinct de survie habituel (Qui est aussi naturel que la modestie d'une star de téléréalité). En même temps, la situation est aussi ridicule que dramatique. J'ai eu une journée de merde. Et je devrais tirer une gueule d'enterrement sous prétexte que le type a une arme ?

Que se passe t-il ? Vous allez bien ?

Non, excusez moi, une quinte toux a cause des courant d'air de la réserve. D'ailleurs quand est t-il des travaux d'isolation ? Parce que la réserve est un vrai four en ces temps caniculaires !

Bingo, la machine a monologue est repartie, un peu comme un moteur de vieille voiture qui rugie quand on arrive enfin a faire le faire démarrer.
Ah... L'intellectuel me pointe la caisse du couteau. Et pourtant j'avoue qu'il a un petit air paumé familier. C'est un gosse, il doit même pas avoir sa majorité. J'ai comme un tressaillement en reconnaissant le visage du type louche de cette après midi. J'hésite. Est ce qu'il me poignarderait vraiment s'il le devait ? D'habitude, j'étais capable de jauger les gens. Mais jamais je ne l'avais fait sur le thème "Est ce que ce type peu devenir un meurtrier par la force des choses ?"

Mais si je me souviens bien, le gosse avait pas une capacité d'adaptation sociale phénoménale, ni un bon phrasé. Tout a l'heure, il suffisait que je le mette en face de ses erreurs pour qu'il dise des choses stupides. Je peux essayer de le perturber, de le faire douter, de le piéger. Mes mots sont bien plus aiguisé qu'une lame de couteau a cran d’arrêt, le désarçonner pourrait être facile. Le convaincre de partir était une autre paire de manche. Mais si je l'entrainais sur mon terrain de jeu favoris -A savoir les mots, je pouvais toujours tenter de le faire changer d'avis.
Je sais que c'est complétement con. Mais si j'ai un téléphone avec ma responsable et le code de la caisse, je peux tenter le coup. A vrai dire, ça en vaut même pas la peine. Il n'y a pas grand chose dans la caisse. Je veux pas me retrouver éventrer pour un peu plus d'un quart de salaire. Mais ce qui ressemble a du zèle pour son travail reste un brin plus profond que ça en a l'air.
Je refuse tout bonnement de me laisser intimider. Si je cède, cette scène de ma vie va tourner en boucle dans ma tête. Elle alimentera les nombreux "Et si... ?" qui m’empêchent de dormir tranquillement le soir.

Ecoute, je sais combien il y a dans la caisse. Ça n'en vaut pas la peine, tout se fait par carte bleue maintenant. Il n'y a que des petites coupures et des piecettes pour la monnaie. Tu piqueras en une fois... 750 balles maximum, en comptant les centimes.
Nan, sérieux mec. Réfléchis a ce que tu fais. Ça en vaut pas la peine.

Tenter de résonner un voleur. Dans ma tête il y a un petit bruit proclamant "Achievement get"

Je sais ce que je fais. Cherche pas à m’embrouiller, si tu fais vite ce que je veux, tu pourras aller faire ta sortie ce soir. Je crois pas que tu souhaites passer la soirée en tête à tête avec moi.

Ouah... Ce mec capte malgré tout que je le baratine. J'aurais vraiment pas cru que ces deux neurones pouvaient le deviner. Du coup, il recommence a faire son air méchant en continuant la conversation. Mais au fond, il a pas le profil de quelqu'un de cruel ni de vraiment professionnel. La preuve : il a pas tenté de me foutre le plat de sa lame sur la jugulaire. Nan, il continue a se répéter son texte. Quand bien même je lui avais dit que c'était définitivement mort pour ce soir parce qu'il fallait que je fasse une énième déposition.
Ma première attaque a main armée a la boutique était beaucoup plus violente. Fait par un type qui avait mis a terre et pointé de son flingue une vendeuse qui se montrait trop sidérée pour prononcer le moindre mot ou faire le moindre geste. Il n'y avait eu pourtant aucun mort. Mais eux, ils savaient que l'on devait inspirer la terreur. Mais ce type restait bras ballant avec un couteau a cran d’arrêt. A s'énerver tout seul.
Ca se passait pas comme il voulait. Je mettais toutes mes ressources a l’œuvre pour ne pas être transit de terreur et le type s'en accommodait pas. La colère est un signe de dépit. Un petit truc qui me dit que je suis sur la bonne voie. J'ai commencé a le dérouter suffisamment pour qu'il perde un peu de ses moyens. Bon, il est temps de tenter de se suicider dans les règles de l'art.

Tu serais capable de me tuer si je refuse tout bonnement d'ouvrir la caisse ?

J'avais posé cette question sur le ton de la conversation curieuse. Presque comme une gamine de 3 ans demandant comment fait on les bébés.

Il resta a réfléchir quelques instant. Je retiens un sourire sarcastique. S'il ne répondait pas, il hurlait au monde entier sa faiblesse.
Et c'est ce qu'il fait. Pour esquiver la réponse il tente de m'arracher des mains le précieux téléphone avec la voix de ma responsable qui monologue encore seule.
Je fais un pas en arrière et je m'accoude au coin du comptoir. Je lève le bras en arrière pour le mettre hors d’atteinte et un autre sur son épaule pour le mettre a distance. 1m83 mec, même en sautant tu le chopperas pas mon précieux téléphone.

Je te prends pas pour un con. Dans l'histoire c'est moi que tu essaies de prendre pour une pauvre conne. Soit tu réponds à ma question, soit tu me laisses avec mon assurance que les secours se pointe si jamais tu décides de m'éventrer. Ou sinon tu te casses.
J'ai jamais été douée pour céder aux chantages.

La situation est ridicule. En fait, je devrais pas l'énerver et jouer les toréadors. Sous le coup de la colère, il pouvait me planter.

Bon, j'avoue, il s'était calmé. Il aurait presque pu être creepy si j'avais pas encore tout frais dans la tête son air ahurie.
Mais il me plantera pas.
Du moins, pas tant que je l'aurais pas vraiment foutu en rage, ou pas tant que j'aurais ouvert la caisse. C'est toujours comme ca, on ne tue pas quelqu'un qui peut s'avérer utile. Du coup, j'ai comme une épée de damocles qui plane. A l'instant ou il aura accès a la caisse, il n'aura qu'a me perforer le poumons pour m’empêcher de hurler.
Mais j'avoue que son monologue à la con me fait pousser un rire nerveux. Le revoir ? Lui et sa gueule ?
Le pouffement se transforme vite. J'ai une crise de fou rire, plus violente et incontrôlable. C'est nerveux, j'y peux probablement rien. Peut être que mon inconscient allier a mon esprit de contradiction veut juste casser le grandiloquent délire dramatique du type.

Tu espères quoi ? Que j'ai peur ? C'est finis mec. Tu as pas plus de street crédibilité qu'un enfant de 10 ans armé d'un pistolet à eau.
Plante moi froidement si c'est ton délire Dexter. Mais je t'ouvrirai pas la caisse.

Ok, j’admets que je fais la belle depuis tout a l'heure, mais en vrai je flippe. Parce que j'ai sentis la petite vibration sur mon téléphone qui signifie que la personne à raccrochée. Je suis désormais seule face a ce type
J’espère sérieusement que ma responsable a compris et va appeler les flics.

Why so sérious ?

Il m'avait tendu la perche a vrai dire. Bon, j'avoue, je crois que je remonte pas franchement le niveau. Mais j’admets que je contiens un autre rire. Parce que l'autre et ses menaces me semble pathétiques.

Mec. J'ai déjà vue une collègue se prendre une balle pour trois fois rien. J'ai déjà entendus les cris des témoins et ceux des dommages collatéraux qui trinquent. Tu crois que tes "petites coupures" vont me faire peur ? Je suis plus au collège.
Je m'en branle du fric. Je refuse juste de céder a la peur que m'inspire le premier paumé qui me menace.

je m'adosse au coin du comptoir. Je tâte discrètement le tiroir sous lesquels sont rangés les antivols. D'habitude, il y a souvent des trucs sur les cotés. Julia y garde toujours le ce cadavre d'une ou deux bouteilles de bière qu'elle boit quand aucun client n'est dans la boutique. Elle s'arrange pour se baisser pour squatter le bas du comptoir : le seul angle mort des caméras.

Mes mains scannent et s'agrippe a une vielle bouteille de biere. Pour la première fois de ma vie, je remercie l'alcoolisme de Julia. Mais c'est trop tard. L'autre type s'approche avec son couteau a cran d'arret dans la main. Je laisse échapper sans m'en rendre compte quelques mots doux a son attention.

Quel lâche

Sans trop y penser, je note qu'il vise vachement haut pour m'éventrer. Sans réfléchir, j'essaie de me baisser. C'est pas très dur, c'est plus l'action de mes jambes qui flanchent que celle de mon cerveau qui veut esquiver. Pourtant, je reste avec un fol instant a me dire ce que je dois faire maintenant que la gravité ma permis de me sauver au prix d'une petite douleur au coccyx.
J'ai jamais fait de sport de combat dans ma vie. J'en ai fait uniquement pour contrôler ma silhouette, et ça se limitais a des dizaines de séries d'abdo. Et en plus je suis coincée dans le cul de sac du comptoir.
Merde... Merde... Merde...

Il me tend la main. Ouah... Ce type crois sérieusement que je lui fait confiance ? Après m'avoir menacé ? Apres avoir tenté de me faire des "jolies griffures" ?
Je me redresse en m'adossant au comptoir.

T’espère quoi sérieusement ? Que je soit soudainement atteinte du syndrome de Stockholm ?  

Le sarcasme, c'est ce qui me permet de détourner l'attention. Qu'il ne me voit pas trembler comme la dernière des demeurée. Je lâche la bouteille sur le comptoir à coté de la caisse. De toute façon, même si je l'avais fracassé sur un coin du comptoir comme dans les films, cette connerie de bouteille serait probablement resté intacte vu ma force physique.
Faux mouvement et doigts tremblotants. La bouteille tombe sur le coté quand je la pose. Je jure encore quelques insultes hébraïque à destination de la gravité et de sa maman. puis je m'adosse près de la caisse en défiant l'autre du regard.

Et maintenant tu fais quoi Ghostface ? Tu viseras plus bas ?

A vrai dire, ce surnom lui convenait mieux vu que le tueur de Scream enchainait les authentiques fails comme la pitoyable attaque qui venait d'avoir lieu.

Maintenant que tu m'as avoué que tu étais un être un esprit pure et innocent, un chevalier au service du bien, un robin des bois des temps modernes. J'avoue que je suis un peu incrédule

J'avoue que même si ça reste ironique, j'ai quand même un petit temps où mon cerveau bug.

On est au point mort. Si tu veux continuer a rester fixer sur l'idée que j'ouvre la caisse, je dois pouvoir faire du café. Au point ou nous en sommes, autant essayer de rester frais jusqu'à 4h du matin. Parce que c'est pas en me donnant des ordres que tu pourras t'attirer ma sympathie mec. Tes parents t’ont jamais appris le mot magique ?

Bravo, t'avance dans ta thérapie comportementale. C'est cool. Mais je suis désolée de t'annoncer qu'il y a des caméras ici et que ca la foutrait mal que je serve un café au type venu m'étriper joyeusement. A vrai dire, j'aurais je pensais que t'étais plus pragmatique.  

Je pointe du regard la caisse. L'air de lui faire comprendre le message. Après tout je m'en foutais de l'argent. Mais maintenant que j'avais réussi a arracher un s'il te plait, jouer les fille bad ass me lassait un peu. A croire que mon cerveau était incapable d'agir de manière cohérente quand j'étais pas sur la défensive. Je crois que j'aime trop mon esprit de contradiction chiant.
J'ouvre la caisse. Comme prévu, il n'y a presque rien. De toute facon, je doute que grand monde sur terre ai déjà réussit l'exploit de tiré un s'il te plait a son cambrioleur.

Ah, au fait. Techniquement, un bouquet fleurs ca paye pas un traumatisme psychologique grave, ni une nuit passé a faire une déposition a la con, ni une soirée ratée.
Mais j'ai un faible pour les orchidées en pot.
J'dis ca, j'dit rien

Je le regarde partir en direction de la réserve. Instantanément, je regrette cet élan de... De quoi ? De pitié ? De sympathie ? Je pointe du regard la caisse désormais presque vide, il ne restait plus que quelques piécettes sans valeur. De toute facon, ma responsable n'a probablement pas appelé les flics. Elle est trop nombriliste pour avoir compris que la situation était pas normale.
Je maugrée à voix basse un  "T'as intérêt". Puis je soupire. Allez, soit positive. Tu vas pouvoir te permettre d'avoir des jours d’arrêt travail offert par ta mutuelle et comme il l'a dit, je vais pouvoir te la péter à jouer les filles badass.
J'envoie un SMS a alex. Histoire de la conserver au parfum et de la prévenir d'une bonne nouvelle.

finalement ce soir c'est mort. Mais je suis dispo demain et probablement le sur lendemain \o/

Puis me rendant compte de ma bêtise, j'efface ce dernier SMS. Histoire que si mon tel est une pièce a conviction, que je ne puisse pas être choppé aussi stupidement.
Une fois fait, je fais quelques mouvement sur l'écran tactille et je met le combiné a mon oreille. Les trois bips résonnent comme un orgue électronique. J'entends la voix du type de la police.

Allo ? Je viens d'être cambriolé par un type armé et...

Je ne sais pas si je met trop de zèle à paraitre terrorisée. Ou si ces sanglots angoissés sont vraiment authentiques .