Encore une fois, c'est la nausée qui m'a réveillée. Au moins, cela me prouve que je dors encore de temps en temps. Peu, du moins pas autant qu'un humain normal. Mais quelques heures de temps en temps. Cependant, le temps ne fait que me paraître plus long du coup, lorsque je suis seule et en manque d'occupation.

Bon, un peu de repos m'a fait du bien depuis les derniers événements. Pour le coup, je n'avais guère été épargnée par le stress mais j'avais pu me calmer un peu à présent, même si l'idée de devoir retourner voir le Doc' ne me réjouissait qu'à moitié. A chaque fois, cela se finissait de la même manière. Il me faisait des reproches et des remarques désobligeantes alors que je tentais de faire des efforts, même si en effet, je n'étais peut-être pas des plus efficaces dans ce genre de boulot.

Enfin, je soupire car je sais que de toute façon, je n'y couperais pas. Cette échographie est obligatoire, au moins pour le bien des jumeaux et si je ne veux pas y aller, je veux quand même m'assurer que les jumeaux vont bien. Qu'ils ne souffrent pas de mes erreurs. Je ne suis vraiment pas une bonne mère, c'est une évidence. Est-ce vraiment une si bonne idée de les avoir garder? Un coup au niveau du flanc gauche me fait comprendre que visiblement, cette idée ne leur plait pas.

J'attend que la nausée soit enfin dissipée pour finir de me lever et de me changer. A présent, à presque 5 mois de grossesse, il est évident que je ne peux plus cacher mon état. J'ai l'impression d'avoir enflé comme un ballon. Et j'ai reçu un SMS de Minato. Mais ce dernier a plus assombri ma journée qu'autre chose. Pas un mot de politesse, simplement un rappel. Les tenir au courant. Et dire que c'est lui qui joue le gentil chien de garde, cela me désole. mais ce n'est plus le moment de m'occuper de cela. David ne devrait plus tarder à présent.

Assise sur le lit, le regard rivé sur la fenêtre et l'horizon que m'offre le paysage derrière le carreau, je laisse mes doigts se promener dans le pelage de Cute et de Famas, gentiment installés contre moi. On dirait qu'il sentent que je suis un peu mal à l'aise. J'avais pris quelques gâteaux avec moi, grignotant plus régulièrement sans vraiment manger de vrais repas étant seule mais ce matin, ça a du mal à passer, vraiment. Alors, après un combat perdu contre un petit LU, j'abandonne la lutte. Et déjà, on frappe à la porte.

Naoto? Tu es prête? Tu as eu le temps de manger? 

"- Je suis prête. Enfin, je crois. Et oui, je viens de finir mon petit déjeuner."

Bon, ce n'est peut-être pas tout à fait la vérité mais ce n'est nullement un mensonge. J'ai même encore quelques miettes de dispersée sur ma chemise. Chemise 2 tailles au-dessus de ce que je mets d'habitude d'ailleurs. Et pas d'uniforme ni rien de ce genre. Un pull un peu trop long, dont mes doigts dépassent à peine, et un pantalon de jogging. Oui, je ne rentre plus vraiment dans mes vêtements mais je ne me sens pas d'aller faire les magasins pour me créer toute une garde-robe simplement pour quelques mois.
Je viens saisir la main de David, pour me rassurer un peu, tandis que nous descendons jusqu'à sa voiture pour nous rendre chez le Doc'.

"- J'espère qu'il sera de bonne humeur, aujourd'hui... Enfin, moins ronchon que la dernière fois que l'on s'est croisé."

Nous verrons bien. 

Oui, nous verrons bien. Même si j'espère au final qu'il n'y aura en fait rien à voir. Que tout se passera bien et que, pour une fois, pas un éclat de voix ni une remarque plus haute que l'autre ne vienne troubler mon calme qui n'est qu'apparent déjà. Une fois arrivé à la Clinique du toubib, ce dernier nous accueille dans une salle déjà parée et parfaitement adaptée à ce qui va suivre.

Alors? Prêts pour la nouvelle? J'espère que tu t'es bien reposée, petite! T'as l'air en tout cas! Mais tes marmots vont me le dire! Ce sont des rapporteurs à quatre chandelles à c't'âge là! 

Ça, je n'en doute pas. Je peux même dire que ce sont des enquiquineurs de première. Même pas nés et déjà, je pense qu'ils ne dorment jamais. En plus, comme ils sont deux, ils peuvent se relayer pour me mener la vie dure. Ce ne sont pas des enfants, ce sont des monstres, rien de plus. Mais des monstres auxquels je me suis sérieusement attachée mine de rien.

Bon! On va y aller par étapes, on voit comment ils vont et on regarderont leur entrejambe après.

"- Avec la chance qu'on a, et le caractère des parents, ils feront sans doute tout leur possible pour ne pas nous faciliter la tâche. On parie combien qu'on arrivera pas à le savoir?"

Cynique, moi? Bon, peut-être un peu. Mais le pire, c'est que je suis sérieuse en disant cela. Enfin, je termine de retirer mon pull avant de relever ma chemise, m'installant sur la table d'auscultation avant de laisser mon ventre rebondi à l'air libre. C'est affreux, on dirait un ballon gonflé à l'hélium. Ça va grossir encore beaucoup comme ça? Pourvu que ça n'explose pas en tout cas...

"- En tout cas, je ne sais pas si c'est normal mais ils remuent de plus en plus. Enfin, je les sens de façon régulière. Et j'ai l'impression qu'ils réagissent encore plus quand David est présent."

Oui, je suis certaine qu'il leur manque, comme à moi, quand il n'est pas là, retenu ailleurs par ses obligations. D'ailleurs, je garde une de ses mains dans la mienne alors que je souris doucement. Allez, tout va bien se passer, il n'y a pas de raison. Et pour une fois, faites qu'en effet, tout se passe calmement et comme prévu. Je suis tellement stressée que pour une fois, j'en ai accepté la sucette de réconfort qu'il m'a gentiment offerte.

Nous le saurons, ne t'inquiète pas. Et puis, tu le sais bien, fille ou garçon, ça n'a pas d'importance.

Pour toi, non. Je le sais bien. Pour moi, je ne sais pas trop. Mais ce sont mes parents qui m'inquiètent. Ils ont beau ne plus être censés avoir de prise sur mon existence, je sais que mon éducation, elle, va toujours dans leur sens. Ils m'ont très bien dressée mine de rien, et aujourd'hui je regrette d'avoir été aveugle aussi longtemps.

Et oui! ils entendent et reconnaissent vos voix! Et forcément, ça commence à être étroit, là-dedans, et ils apprennent à bouger leur tout petit et tout nouveau corps. Ils s'étirent, ils font de l'exercice! Vous allez voir!

Voir ça. J'avoue que je n'arrive pas à imaginer ce que je vais voir. Et ce que je découvre lorsque les images commencent à se fixer et à prendre réellement une forme à peu près reconnaissable me laisse sans voix. C'est un visage ça, n'est-ce pas? En miniature mais on dirait bien. Et ça, ce serait... un bras? Je fixe l'écran avec de grands yeux, regrettant de ne pas avoir amenée mes lunettes pour une fois.

Ben ben! Il ou elle tototte! 'Fin il suce son pouce quoi! C'est la belle vie !

"- Il va bien?"

C’est ma seule interrogation. Il ne peut pas me parler et visiblement, mes nausées ne veulent pas dire qu'eux sont malades alors, comment je dois faire pour savoir s'ils sont en bonne santé? Je me suis redressée sur mes coudes, la main de David toujours dans la mienne. Je ne sais pas ce que je cherche mais je fouille l'image comme jamais. Je t'en prie, dis-moi que oui.

"- Et l'autre?"

Moi, impatiente? Du tout. Inquiète? Pas le moins du monde. Là où David semble serein, avec un sourire doux sur le visage mais encore timide. Et par réflexe, je viens mâchouiller la sucette, histoire d'avoir quelque chose pour me fermer le clapet. Reproduire le schéma que je vois devant moi? Peut-être aussi un peu. Si je fais ça, est-ce que je me sentirais plus proche d'eux?

Ah! Mais deux minutes! chaque chose en son temps ! Quelle impatience! Alors...

Il ne va quand même pas me reprocher ça aussi? A croire qu'il ne sait pas parler sans faire des remarques désagréables celui-là. Je me demande bien ce que Fox a pu lui trouver. Non, je préfère ne pas penser à cela. Je suis le trajet de la machine sur mon ventre et de l'image qui évolue sur le moniteur. Est-ce que son silence est de bon augure? En tout cas, la sucette de réconfort dans ma bouche m'évite de continuer à le harceler de questions.

Ouip, la demoiselle se porte bien!

La demoiselle? J'ai bien entendu? Je cherche a deviner ce qui a permis au Doc' de dire cela. A moins que cela ne soit qu'une façon de parler? Je n'en sais rien et je n'ose pas demander alors qu'il continue son inspection méthodique de mon ventre. Mon Dieu, mais comment font-ils pour tenir là-dedans? Tu m'étonnes qu'ils me balancent des coups.

Et le bonhomme est aussi en grande forme. Mes félicitations! Une fille et un garçon.
Et avant de me demander : oui, ils grandissent bien !

Ils grandissent bien. C'est la première chose que je retiens. Au moins, ils n'auront pas souffert de mon irresponsabilité, ce sera toujours ça de pris. Et je mets un certain temps avant de réaliser la suite de ses mots. Ou plutôt, ce qu'il a dit d'abord. Que je mets en fait un certain temps à réaliser.

"- C'est ... C'est une blague, n'est-ce pas?"

En fait, je ne sais pas comment je dois prendre ça. Deux garçons ou deux filles, cela n'aurait pas été faciles car de toute façon, je n'y connais rien mais au moins, cela aurait été les mêmes soucis en double. Là, de nouveau, mon corps a visiblement choisi de prendre l'option de la complexité. Et en repensant à ma propre relation avec Minato, j'avoue que je suis un peu inquiète. Pour eux...

"- Non, j'aurais du m'y attendre en fait... Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué, hein?"

Non, il n'y a aucune douleur dans mes paroles. Presque un brin d'humour et peut-être l'esquisse d'un sourire sur mes lèvres. J'observe le moniteur, encore incapable de vraiment me rendre compte que ce sont bien eux que je vois.

"- Donc, je note que c'est après Monsieur qu'il faudra que je me plaigne pour les coups au plexus et à Mademoiselle pour ceux au bas-ventre. Merci vous deux."

Ne t'en fais pas, Naoto. Ils seront tous les deux aimés et choyés. Ils sont nos enfants.

Oui, je sais. Je veux y croire en tout cas. Mais les vies que nous menons nous laisseront-elles simplement le temps de les voir grandir? S'ils nous arrivaient quelque chose, je ne veux pas qu'ils soient confié à ma Famille, jamais. Peut-être que je pourrais demander cela à Anthony et Judy. Je n'aime pas y penser mais je me dois d'être réaliste. Ils sont là, bien présents, et m'en rendre compte ne fait que remonter d'un cran mon angoisse déjà bien présente.

Je te l'ai dit Petite! Ils commence l'exercice! C'est preuve qu'ils grandissent bien!

"- Et je suppose que d'ici leur naissance, ils vont encore grandir, donc avoir besoin de plus de place encore... "

Je préfère ne même pas imaginer à quoi je vais ressembler à la fin. Bon, techniquement, je ne suis pas non plus si énorme que cela, même pour une grossesse normale mais je me souviens de ses paroles la première fois. Je ne tiendrais pas les 9 mois debout. Hors avec les derniers événements, je ne peux me permettre de prendre un congé prolongé. Ni de devenir une proie trop facile pour nos adversaires.

Je garde mes pensées pour moi, soupirant légèrement. Malgré tout, je crois que je suis contente. De les avoir vu. Ma fille et mon fils. Nos enfants. Je laisse le Doc' manipuler de nouveau sa machine avant que cette dernière ne sorte des photos des images qu'il nous a montré plus tôt. Ils ont l'air calmes et sereins là où ils sont. J'espère que même une fois parmi nous, ils le seront toujours.

Ferme la bouche, David, c'est juste tes mômes! Ha! On dirait Stan!

Je me tourne vers mon futur mari et en effet, le découvre bouche bée devant les images encore affichées sur le moniteur. Pour le coup, je ris un peu aussi. Pour une fois que ce n'est pas moi qui prends pour les remarque du vieil homme, j'avoue que j'en profite un peu. Mes doigts jouent doucement entre les siens tandis qu'il semble redescendre sur terre.

Pardon...

"- Tu n'as pas à t'excuser. Moi aussi ça me fait... bizarre... de les voir comme ça... Mais maintenant, on ne peut plus avoir de doutes. Ils sont bel et bien là."

J'attire sa main que je tiens encore jusque sur mon ventre, venant la poser sur le haut de ce dernier, là où le Doc' nous a montré la présence de notre fils. Je laisse quelques instants le silence tomber, jusqu'à ce que le bébé réagisse, manifestant sa présence comme pour réagir à celle de son père. Ça ne fait pas vraiment mal, mais je le sens clairement à présent.

"- Ah, je crois que Julian à hâte de rencontrer son père..."

C'est impressionnant mais je suis toujours aussi surprise. Chaque expression, chaque regard qu'il donne en direction de mon ventre rebondi me parait nouveau, différent. Pour un peu, je pourrais ressentir sa fierté qui me parait contagieuse. Oui, tu as réussi un exploit, tu peux t'en montrer fier. Mais ce que je préfère, c'est de le voir ainsi surpris et se mettre à rougir, comme un enfant qu'il n'a sans doute, comme moi, pas vraiment eu ni le temps ni le droit d'être. Et son rire comme sa gêne sont des baumes miracles à toutes mes angoisses.

A côté, Hana se cache un peu plus contre sa mère.

Hana... Oui, c'est vrai, c'était le premier nom qui m'était venu à l'esprit. Ma fleur, mon feu d'artifice aussi. Et pour le coup, mon sourire s’agrandit, mon regard se fait plus tendre en se baissant sur leur abri provisoire. Je les ai tellement maltraités en les ignorant, je râle déjà si souvent après eux pour un peu tout et n'importe quoi. Pourtant, ils ont l'air si calmes de leur côtés, tellement sereins. Pour un peu, je les envierais presque.

Ha! Vous avez déjà pensé aux prénoms! C'est-y pas meeeugnon.

"- Au moins pour une fois, nous aurons fait les choses dans l'ordre. Leur trouver des prénoms avant qu'ils ne soient là pour de bons est en général plutôt une bonne idée."

Je ne dirais pas que j'ai fini par faire comme David et récupérer un certain nombre d'ouvrage traitant des grossesses, des relations mère/enfant, de l'avant et de l'après naissance et de tout ce qui peut avoir un lien proche ou lointain avec le sujet. J'avais du temps à présent, alors autant l'occuper intelligemment.

Bon, voilà une consultation étonnamment bien menée, étant donnée la patiente. C'est bien Petite! Tu deviens sage! Apprend à ton fiancé à l'être! Tony m'a dit qu'il avait encore passé ne nuit blanche au boulot!

Des compliments et des encouragements? Alors là, pour le coup, je reste un instant pantoise. Pour un peu, je ne le reconnaîtrais pas. Mais je ne vais pas me plaindre, je préfère ça que de me faire taper sur les doigts. Quand à la suite de sa remarque, qui arrache un soupir à David, cela me ferait presque rire un peu. Même si au fond, je reste inquiète pour lui. Il se démène comme un fou pour nous mais il faut aussi qu'il pense à lui de temps à autre.

"- Pourquoi cela ne m'étonne même pas? Je vais finir par me montrer jalouse de son travail à la longue. Vous ne pouvez pas les lui faire porter un peu? Je suis certaine que ça le forcerait à lever le pied, lui aussi...."

Comment ça, je me venge? Oui, un peu. Mais je sais que j'ai raison. Et il n'est pas faux que parfois, je me sente délaissée face à ce monde qui est le sien et que je ne partage pas. Les Sharks. Au fond, il n'y a que les enfants que nous partageons réellement. Et notre amour. Du moins, j'ose l'espérer sincèrement.

"- Par contre, il semblerait que je parvienne pas à me débarrasser des nausées. Même avec vos conseils et mes efforts, elles demeurent toujours. Mais si eux vont bien, c'est le principal."

Je peux vous porter tous les trois.

"- Encore faut-il que tu sois là pour ça."

Non, ce n'est pas un reproche. Et puis, il me supporte tellement, entre mes crises, mes colères, mes angoisses, mes peurs, je ne peux pas lui demander cela. Il a déjà tant à faire, tellement de responsabilités partout. Je souris gentiment dans sa direction, pour ne pas qu'il prête attention à mes propos. Et puis, je ne veux pas devenir un poids pour lui. Je ne veux pas qu'il me voit ainsi, jamais.

Bah, je te dirais bien que c'est propre à ton organismes. Ta mère devais avoir le même problème, tu pourrais lui demander sa méthode. Les chats font pas des chiens.  

"- J'y penserais...."

Mais je n'en dis pas plus. Car franchement, je ne pense pas que je prendrais la peine de lui demander. Nos relations ne sont pas assez... Enfin, je ne saurais pas comment venir à aborder ce sujet avec elle. Si elle venait à m'en parler, peut-être que je pourrais mais autrement. Je ne sais même pas si un jour je pourrais leur adresser la parole en face. Pas après la façon dont s'est terminée notre dernière entrevue.

Bon, pour moi il n'y a pas lieu de s'inquiéter, ils sont en forme, ils sont réactifs, et ils grandissent bien. Le bilan est positif, mais ce n'est pas une raison pour aller faire la rumba ou autre. On reste sage. Et David, t'as du bol de pas être mon fils, même si je te vois tout comme, parce que tes journées à rallonge, c'est rien à côté de ce que vous feront subir les bébés. Tu ne penseras même plus à dormir!  

Je laisse échapper un sourire tout en soupirant profondément. Ce n'est pas parce que notre Nature nous immunise contre les besoins primaires de l'être humain qu'il nous faut les oublier. Nos enfants auront besoin de repères stables pour bien grandir et pour les leurs offrir, nous devrons aussi y faire attention.

"- Au moins, nous serons deux, nous pourrons nous relayer. En tout cas, je compte sur toi pour ne pas te défiler sinon, je viendrais avec te chercher jusque dans ton bureau."

Et même si je le dis sur le ton de la rigolade, il sait pertinemment que je serais capable de le faire. Bon, j'éviterais sans doute, afin de ne pas risquer de compliquer ses affaires ou de ne pas lui faire de 'mauvaise pub' mais ce genre de menaces, je serais parfaitement capable de la mettre à exécution.

Je ferais attention à ne pas y rester trop longtemps alors. Je vais devoir devenir plus efficace.

"- N'en fais pas trop quand même, d'accord?"

Je n'aime pas ce terme parce que je sais tout ce qu'il représente. De l'efficacité dans son travail de Chef de Compagnie, dans ses affaires de King Shark mais aussi dans son rôle de Nephil. Il a déjà tant de responsabilités, je ne veux pas lui en imposer plus mais malgré tout, je sais que j'ai besoin de lui. Seule, j'ai peur, je manque de force malgré ce que je laisse voir. Je doute et m'angoisse comme jamais. Je ferais honte aux Shirogane s'ils me voyaient dans cet état mais je n'y peux rien. L’Élu n'avait pas tort, ma grossesse m'affaiblit, réellement, sur de nombreux points.

Bon, et le mariage? Il avance? J'ai aussi appris que tu faisais des visites de maison. Le manoir ne vous va pas? 

"- Non, il n'est ni à moi ni à Naoto. On a besoin d'un chez nous. Si possible loin de la foule et des dangers de la ville, pour les enfants."

Des visites de maison? Oui, je me souviens que vaguement nous en avions parlé. Même une de mes remarques me revient en tête aussitôt : Pas de manoir... Et encore une fois, il a tout prévu, il pense à tout et gère tout. Et moi, je ne fais rien. Je ne suis... qu'une femme enceinte. Et pour le coup, cela me fait un peu mal de repenser à cette phrase. D'admettre qu'il a raison, que je ne suis plus grand chose d'autre pour le moment.

"- Et pour le mariage...
... j'y travaille. Dans mon bureau! Je pourrais bientôt commencer les vrais préparatifs quand nous nous serons mis d'accord. Même s'il reste un détail que seule toi peux voir, Naoto : la robe."

"- Oulà, tu m'autorises à demander de l'aide à ce sujet-là? Parce que sinon, tu risques de te retrouver avec un vrai sac en face de toi. Ce ne serais pas correct, ni envers toi ni envers les invités. "

Je doute que nous en ayons beaucoup. Du moins, de mon côté, leur nombre sera plus que limité, c'est une évidence. Mais je voudrais vraiment, même malgré ce ventre que je porterais, pouvoir être belle au moins ce jour-là. Pour vraiment être digne de lui. Aussi peut-être dans l'espoir égoïste et mesquin de faire rager ma propre famille. Peut-être...

Ah! Les mariages! J'y vais surtout pour la bouffe et l'humiliation qu'on fait aux mariés en racontant leurs enfances! D'ailleurs! Tu comptes inviter ton ami de France? 

"- J'ai déjà bien assez à faire avec le Clan. Et puis, il doit être retourné en Norvège et tenir les affaires de son père là-bas. C'est à l'autre bout de la Terre."

"- Tu es sûr de toi? Je veux dire, tu as le droit au moins de lui proposer de venir. C'est le jeune homme qui était souvent avec toi sur les photos que j'ai vues? Il sera peut-être content d'avoir de tes nouvelles, même sans pouvoir forcément venir."

Ah, c'est vrai. Comme il a fugué de l'internat en pleine nuit et qu'il avait drogué son pote le soir pour qu'il ne se réveille pas, je ne suis pas sûr que David ait très envie de s'expliquer maintenant. 

Doc', je t'ai déjà dis que tu avais une trop grande gueule?

C'est pour que tu fermes la tienne, mon enfant. 

Eh bien, je savais que le Doc' avait de la répartie mais à ce point-là. Pour le coup, je suis partagée entre l'envie de rire, contente de ne pas être la seule à subir ses humeurs, mais aussi un peu de culpabilité et de pitié pour David. Il n'a rien demandé et à cause de ma question, le voilà qui s'en prend un peu plein la figure, et tout ça gratuitement. Enfin, je les laisse régler leur petit différent. De toute façon, ce comportement ressemble tellement à David que cela ne m'étonne même pas.

Il y a une longue histoire derrière cet incident. Je ne voulais pas qu'il ait des problèmes, c'est tout. Mais tu esquives la question de ta robe. Je ne peux pas t'aider. Je te laisse demander à qui tu veux. Tant que c'est quelqu'un de confiance. 

"- Très bien, j'y réfléchirais. Mais tu sais David, tu as aussi le droit de te confier aux gens et de leur faire confiance. La fuite ne sera pas toujours une solution..."

Oui, je me permets de lui faire un peu la leçon. Peut-être parce que, au fond, j'ai peur qu'une jour, il ne fasse la même chose avec moi. Que pour m'épargner des soucis et mieux me protéger, qu'il ne choisisse de disparaître purement et simplement de mon existence. Et cela me terrifie. Ma main vient chercher la sienne, pour m'assurer de sa présence, tandis que je respire un grand coup, rassérénée par sa présence.

"- Enfin, en attendant, je crois qu'il y en a deux qui commencent à avoir faim vu comment il se mettent à danser la zumba là-dedans. Alors, si les examens de contrôle sont terminés, je pense que je vais rentrer m'occuper d'eux avant qu'ils ne me transforment le ventre en ring de boxe."

Oui parce que, mine de rien, ils commencent à faire mal de temps à autre. Alors je préfère éviter d'attendre trop longtemps lorsqu'ils se manifestent de la sorte. Et puis, avec un peu de chance, David restera un peu avec nous. Je l'espère en tout cas.

"- Au revoir Doc'. Et à une prochaine fois si besoin? "

Je ne sais même pas si je devrais repasser le voir avant que les jumeaux n'arrivent. Peut-être au moins une fois. Bah, il me tiendra au courant, comme toujours. Et sinon, je peux compter sur David pour me le rappeler. Après tout, c'est lui qui en a le plus lu à ce sujet d'entre nous deux.

A bientôt Petite! Et reste sage! Je te dirais bien la même chose, David, mais autant j'ai une chance que ta fiance m'écoute, autant je suis sûr que toi, tu ne m'écouteras pas. 

C'est vrai. Bonne journée, TombStone.

Grand p'tit con! 

Sur le coup, je suis à la fois soulagée et gênée. Heureuse dans un sens d'avoir été félicitée pour mon comportement, moi qui craignait tant de me faire encore remonter les bretelles. Mais un peu ennuyée pour sa dernière réflexion, bien qu'elle reste légitime. Bon, je ne crois pas que je me serais permise de le dire comme cela mais David en fait trop, c’est une évidence. Enfin, les clichés récupérés, nous regagnons la sortie ensemble.

Je crois qu'il est énervé, contre moi. 

"- Il a parfaitement raison, et tu le sais bien en plus. Moi aussi, je m'inquiète pour toi. Même si tu n'as plus les mêmes besoins qu'avant, ils existent encore. Alors, promets-moi de faire attention..."

Oui, je ne suis pas complètement rassurée. Et je le connais assez pour savoir qu'il ne lèvera le pied que quand il l'aura vraiment décidé. Je ne peux que lui transmettre mes inquiétudes mais pas le forcer à quoi que ce soit. Ma main reste blottit dans la sienne, pour profiter de son contact encore un peu.

"- Ne fais pas la même erreur que moi. Celle de t'oublier pour les autres. On en tire rien de bon, je sais de quoi je parle.
Tu dois retourner travailler? "

Oui, j'ai deux rendez-vous à la compagnie. Mais je te raccompagne d'abord au Manoir.

"- Rassure-toi, je ne comptais pas rentrer à pieds."

Un peu d'humour, pour rendre plus légère aussi l'ambiance et mon humeur. Cela ne sert à rien que je m'inquiète autant. Je pourrais me rendre malade que cela ne le changerait pas alors, je n'ai plus qu'à espérer qu'il lève le pied avance qu'on ne lui coupe l'herbe dessous. Il y a des choses que je ne suis pas prêtes à perdre. Surtout pas lui. Le trajet est calme et tranquille, reposant après les angoisses dont je m'étais rongée sans raison, visiblement.

J'ai aussi des visites pour des maisons. une fois que j'aurais fais le tri, je te montrerais les meilleures. Mais je dois dire que la plupart ont encore trop besoin de travaux ou de réaménagements. Je ne perds pas espoir! 

"- Je ne m'en fais pas pour ça, je sais que tu trouveras. Mais si cela doit prendre du temps, ce n'est pas grave. Pareil pour le mariage, on peu toujours attendre un peu au besoin. Ça ne changera rien, ni pour eux, ni pour moi. "

Oui, mes sentiments ne changeront pas à ton égard. Je t'aime, tu le sais. Alors je t'en prie, fais attention à toi. Déjà, nous arrivons à destination et je reste quelques instants encore dans la voiture, venant lui réclamer un baiser tendre, lui volant une étreinte avant de le quitter. Je dois le laisser à ses affaires. Le regarder partir pour mieux qu'il me revienne, à chaque fois. J'ai malgré tout un pincement au cœur en observant la Chevrolet disparaître de ma vue mais Sam et Judy m'attendent déjà sur le seuil, piaillant comme des gamines, ce qui m'arrache un sourire. Oui, je vais vous montrer tout ça, deux secondes...

[ => Fin du rp pour moi ]