Je savais bien que garder son numéro me serait utile. Pourtant, j'aurais préféré la contacter dans une autre situation. Depuis l'exécution du traître Seraph, j'avais bien remarqué qu'elle avait changé. Malheureusement, j'avais aussi eu mon lot de soucis à régler et tout simplement, un repos important et surtout indispensable. Les jumeaux commençaient sérieusement à pomper mon énergie et même a Nature ne comblait pas tout alors je devais me ménager.  

Et j'avais beau ne plus avoir de travail dans le monde Humain, du côté des contractants, je ne m'étais engagée à rien. De toute façon, vu comme j'étais surveillée, je ne pouvais pas vraiment me permettre de refuser quoi que ce soit. Hors là, il s'agissait du meurtre de l'un des nôtres. L'homme d'une 30aine d'année avait été retrouvé ce matin par sa femme, égorgé et mutilé en plein milieu de sa cuisine, alors qu'elle rentrait de son quart de nuit à la Clinique du Quartier.

Autant dire que le temps que Lenna arrive, j'avais déjà passé un sacré bout de temps à parvenir à calmer la jeune femme, encore dans tous ses états. Si lui était un 'vieux' Seraph, elle n'avait signé son contrat que récemment et avait encore du mal à s'y faire. Serait-ce le fait que je sois enceinte mais j'ai eu l'impression qu'elle était plus prête à m'écouter et prendre mes conseils en compte. Enfin, Lenna arriva alors que je me tenais devant l'immeuble, la compagne du décédé partant habiter au moins pour quelques jours chez ses parents.

Heu… Bonjour.

"- Bonjour Lenna. Ravie de vous revoir."

Sa gêne est visible, palpable, ais clairement compréhensible. Lors de notre dernière rencontre, je parvenais encore à cacher mes formes mais à présent, c'était peine perdue. J'avais beau troquer mes uniformes contre des jogging et des pull large, mon ventre ne passait plus inaperçu. Enfin, nous n'étions pas là pour ça.

Je n'aurai que 15 min pour questionner votre homme... ou femme ?

"- Notre Homme. Mais je vous en prie, montez. Je vous en dirais plus à l'intérieur."

Loin des possibles oreilles indiscrètes qui pourraient traîner dans les environs. Nous gravissons les 3 étages qui nous amènent devant la porte d'entrée que je déverrouille avant de repousser le verrou derrière nous une fois Lenna entrée. maintenant que nous sommes seule, je peux parler en toute tranquillité.

"- L'appartement est resté dans l'état exact ou sa femme l'a trouvé en rentrent. Elle a découvert le corps déjà froid en revenant de sa nuit de garde, à 8h45. Nous avons encore une heure et demi avant qu'elle ne revienne. Cette fois, elle préviendra la police et nous n'aurons plus accès aux lieux. Alors, il nous faut faire vite et efficace. "

J'avance de nouveau dans la corridor qui mène à un petit salon. Rien d'extra ordinaire, un couple sans histoire et pas de biens précieux. Puis, en arrivant dans la cuisine, le carnage. Le corps est méconnaissable, le visage déformé et les membres mutilé, le tronc blessé a de multiples reprises et les os visiblement cassés et réarrangés en un puzzle plus que macabre. Il n'y a que peux de sang, quasi pas de traces, ni de lutte ni rien.

"- C'est à vous de jouer, à présent. Il faut qu'il nous en dise un maximum, tout ce dont il se rappelle, même des détails. Je prendrais des notes et vous donnerais des questions s'il se perd mais surtout, ne modifiez en rien ses paroles."

Je ne la connais pas assez pour vraiment avoir confiance en elle mais surtout, je ne peux pas l'interroger. mon pouvoir ne marchera sans doute pas sur un mort mais si oui, il faut absolument qu'elle me restitue ses dires mots pour mots, c'est capital. J'espère seulement que je pourrais ignorer assez longtemps l'odeur de sang qui déjà, réveille la nausée qui pourtant me fichait la paix depuis 2 jours.

Je laisse Lenna s'installer et mettre son masque tandis que je me suis assise, mon calepin grand ouvert et mon stylo dans la main. Je ne dois rien laisser passer alors je tente au mieux de fermer mon esprit même à l'odeur de sang et de mort qui règne dans la pièce, lourde et presque suffocante. Mais déjà, Lenna réagit, sans doute au retour du mort parmi nous, le temps que son pouvoir fasse effet.

Il hurle…
Votre femme ? Elle va bien. Elle est en sécurité. Mais il faut qu’on sache qui vous a… fait ça.

Je… ne sais plus. Tellement mal. J’ai mal. Si mal.
Un des types… il pouvait… il agissait à l’intérieur de moi.

"- Combien étaient-ils? De quoi se souvient-il? Couleur des cheveux, des yeux, une marque quelconque?
N'importe quel détail, tout à son importance."

Je sais, j'en demande sans doute beaucoup surtout à une personne qui vient de mourir mais nous n'avons aucune autre chance d'arrêter ses meurtriers. Et de le venger. Il nous faut plus de détails et il est le seul pouvoir nous aider. Les Humains ne pourront rien pour nous et Lenna à un champs d'action limité dans le temps. Je sais que je me montre dure, mais je n'ai pas trop le choix. Surtout, je reste impassible. Je ne sais pas s'il m'entend même je tente quand même.

"- Enora est saine et sauve mais veut savoir pour votre mort. Nous aussi. Alors s'il vous plait, aidez-nous."

- Ils étaient… 3 ou 2… non 3. Il y en avait un qui avait les cheveux… pas de cheveux. Des cheveux roux; Blonds. Un tatouage d’ancre sur le bras. Le bras qui m’a…

Avec son bras il… il faisait bouger mes... mon… à l’intérieur de moi.

Ils voulaient… Ils voulaient…

Je peux sentir sa souffrance. A travers le retour de Lenna, ses paroles hachées mais également l'expression de l'autre Seraph. J'espère qu'elle n'a pas à ressentir tout ce que le défunt à du endurer, visiblement sa mort a été un véritable supplice. Mais il ne restera pas impuni.

Ce n'est pas un coup au hasard. Ils sont venus à 3, préparés et déterminés. Donc l'acte était amplement prémédité. De plus, ce pauvre Doug était un traqueur loin d'être novice alors il devait forcément il y a avoir une raison à leur venue. Il était seul et ils le savaient, j'en mettrais ma main à couper. Mais le temps presse alors je me recentre aussitôt.

"- Ont-ils dit quelque chose? Un mot, un nom, n'importe quoi?
Doug, que voulaient-ils? Je sais que tu es capable de te souvenir. Pense à Enora, aide-nous à la protéger d'eux."

Car il est probable que s'ils n'ont pas eu ce qu'ils voulaient cette fois, ils s'en prennent à elle par la suite. Je ne suis pas certaine que mon passif puisse marcher sur un esprit mais je tente le coup malgré tout. Il nous faut tout ce qu'il peut nous offrir et même plus, si possible.

- Enora… elle attend… elle… un enfant…

Tim et… Pia. Ils parlaient d’une Pia. Qu’elle s’en occuperait…

Ils voulaient… savoir… savoir si… on savait pour la fête foraine… qui est…

L’autre… jouait dans ma… ma tête.

Je note, inlassablement, le moindre des mots qui s'échappe de la bouche de Lenna. mais mon regard est devenu plus dur, plus froid. Plus triste aussi. Cet enfant, il ne connaîtrait pas son père, à cause d'une guerre pour laquelle il n'avait rien fait, rien demandé. Le destin ds miens serait-il semblable à celui de cet enfant? Non, je ne dois pas y penser, revenir à la mission.

Tim et Pia, sans doute des noms ou des diminutifs. Je trouverais à quoi ils correspondent. Et vite. L'autre jouait dans sa tête, hein? Un pouvoir de manipulation. La tête était-il le même que celui qui s'amusait avec les organes? Pas sur. Il nous faudra être doublement plus prudente. Lenna semble de plus en plus peiné et je doute que le lien tienne encore longtemps. Mais je tente encore, au cas où.

"- Nous les protégerons. Nous les sauverons, sois-en sûr.
Y a t'il une dernière chose que tu peux nous dire? Sur tes meurtriers ou... Pour Enora?"

Oui, il allait partir mais il nous avait aider alors, nous lui devions au moins ça. Transmettre ses dernières parole, son dernier souffle à sa femme et à l'enfant de lui qu'il n'aurait pas l'occasion de connaitre.

-Je ne veux pas qu’il fasse de vœu, jamais. Je les aime.

Ils sont… un groupe de… rock.

Comme je peux comprendre sa première remarque. N'est-ce pas ce que je souhaite aussi, du plus profond de mon âme? Que jamais mes enfants ne puissent être atteints par cette guerre que nous menons contre les Ombres et en partie contre une part même de notre propre humanité. Nous y sacrifions déjà tant, je ne veux pas qu'ils aient à connaitre ça. Aussi, sa phrase m'échappe un soupir alors que je note, chaque détail, chaque mot qu'il nous offre.

J’ai fini.

"- Dans ce cas, partons. Les forces de l'ordre ne tarderont pas et ils ne faut pas qu'elles nous trouvent ici. Nous discuterons de tout cela une fois à l'abri."

Oui, il vaut mieux se mettre en sécurité. Mais en plus, je dois avouer qu l'odeur de sang et de mort qui flotte dans l'air me rend légèrement malade. je sens la nausée me prendre et ma tête tourner légèrement. Mais je n'ai pas le droit de faiblir. Alors, je range mon carnet et me redresse avant de jeter un coup d’œil par la fenêtre. Je prends une photo de la vue que nous offre ce lieu, cela pourra peut-être nous être utile, avant de faire de même pour la pièce et l'emplacement du cadavre et de ranger mon téléphone.

"- Surtout, lorsque nous quitterons l'immeuble, restez aussi naturelle que possible. Il ne faut pas que quiconque puisse deviner notre passage."

Je te suis.

"- Ne traînons pas alors."

Et déjà, nous quittons les lieux en silence. J'ai la nausée mais je ne laisserais rien paraître, ce n'est ni le moment ni l'endroit pour cela. La porte refermée et verrouillée, comme elle l'était à la découverte du corps par La femme de la victime, nous descendons les escaliers sans croiser personne sur notre chemin. je reste attentive, même une fois arrivée dans la rue, histoire de m'assurer que nous ne sommes pas suivies, raison pour laquelle nous faisons un détour de 3 ruelles avant de me rendre jusqu'à ma moto.

"- Montez...."

Je lui tend le casque et attend qu'elle l'ai mis avant de l'aider à s'installer derrière moi. De toute façon, je sais bien que d'ici quelques jours sans doute, je devrais y renoncer mais aujourd'hui, j'en ai encore besoin. Une fois parées, j'embraye et me fond dans la circulation. Direction, le QG.

[ => Rp terminé ]