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« Définir des possibles pour défier l'impossible
Et m'exploser le cœur
J'en ai plus rien à foutre »

Le soleil qui calcine, les oiseaux qui piaffent, les locomotives qui crachent, la foule qui s'étreint. Toujours le même spectacle. Peu importait le lieu, le rendu était le même. Saskia étouffa un long bâillement alors qu'elle attendait depuis cinq minutes que le tableau d'affichage daigne annoncer l'arrivée d'une vieille connaissance ou qu'une annonce lui vrille les oreilles. Finalement, son vœu fut exaucé. Retard d'une bonne heure ou plus pour accident de personne. Jolie manière pour désigner un suicider. Et merde. Elle risquait d'en avoir pour longtemps ici. Sauf si elle se barrait et tant pis pour Oreste. Un nom bien peu commun qui lui rappelait de vagues souvenirs littéraires datant de ses années collège. Rien de bien précis. La Russe s'était toujours questionnée quant à l'exactitude de son prénom ; nom d'origine ou d'emprunt ? Elle n'avait pas le courage de le lui demander.

Assise en tailleur, elle s'alluma une cigarette dans l'enceinte de la gare sans se soucier des murmures qui circulaient à son propos quant aux désagréments liés à la fumée. Si tous ces gens n'étaient pas contents, rien ne les retenait ici, la sortie était à quelques mètres à peine. Saskia sans gêne quand il s'agissait de tuer le temps. Tout plutôt que l'ennui.

Des pas se rapprochèrent avant de se stopper net tout près de Saskia. Alors quoi, un employé ferroviaire mécontent de la fumée ? Les trains vomissaient la même continuellement, de même pour les usines, et personne ne faisait rien pour les en empêcher ! Alors quoi ?

– On s'en va en voyage, Kochka? Tu ne serais quand même pas partie sans nous dire au revoir, n'est-ce pas ?

Ton neutre et froid. Les yeux de la Russe allèrent du sol jusqu'à remonter doucement vers le visage de son interlocuteur. Un homme âgé d'une vingtaine d'années avec lequel elle avait eu quelques soucis. Des dettes non remboursées. Rien de bien méchant, elle s'était crue à l'abri à Bunker Hill. C'était sans compter sur sa capacité à attirer les emmerdes dès qu'elle posait un pied en dehors de la limite imaginaire de l'amoncellement de squats. Et merde. Un autre homme l'accompagnait, plus jeune, inexpérimenté, guettant les gestes et les mots du premier pour savoir comment s'y prendre quand il était question de fric.

– Arturo, quel hasard ! Figure-toi que pas plus tard qu'hier je me disais : « Tiens, ce serait bien que j'aille saluer ce cher Arturo pour prendre de ses nouvelles ! » Alors, alors, comment vas-tu ? Heureux que le printemps soit là ? C'est beau ces fleurs et ces nuages, nan ?

Pas très envie de rire, le Arturo. Sale Italien qui ne savait rien, pas même capable d'apprécier les prouesses changeantes des saisons ! Les doigts de l'homme craquèrent, comme un avertissement proche qui ne manquerait pas de résonner sous peu.

– Et lui, c'est ton p'tit frère ? Ah enchantée, enchantée, vous avez les mêmes yeux !

Quelles conneries elle pouvait déblatérer en un temps record, celle-là ! Tout à ses éloges de l'un et de l'autre, elle se leva doucement, tout doucement, à la manière d'une captive en fuite désormais en joue. Sans gestes brusques. Pour tromper l'ennemi. Elle avait conscience d'avoir viré en position de proie facile et ces deux-là en guise de prédateurs. Cela ne serait pas facile, il allait falloir ruser. Un sourire défigura le visage de Saskia.  Oui, elle se moquait clairement d'eux deux sans s'en cacher. Oui, elle jouait avec le feu tout en ayant conscience. Et c'est cela qui lui plaisait. À quoi bon vivre sans risques ?

– Ta gueule la Matryoshka et aligne le blé fissa.

Une voix aussi coupante qu'une lame de poignard. Saskia tressaillit en l'entendant. Il n'y avait pas Bunker Hill dans les environs pour lui sauver la mise. Inspirer puis expirer. Désolée Oreste, mais pas sûre qu'une heure suffirait pour régler cette sale histoire. Sans doute après le train sera-ce au tour de Saskia d'avoir légèrement du retard. Légèrement. Inutile de trop le faire attendre.

Ses jambes qui se mettent en mouvement sans pouvoir s'arrêter avant un dernier sourire à la dérobée pour le duo de pantins. Courir. C'était tout ce qui lui restait. Elle avait toujours été douée pour la fuite, son endurance allait le prouver une fois encore.
Les couloirs se resserraient, les valises en obstacle se voyaient évitées par Saskia qui sautait par dessus ces dernières, les poussant parfois en arrière contre ses poursuivants malgré les hurlements des propriétaires n'ayant conscience que le temps était compté. Eux menaient leur petite vie pépère pendant que Saskia luttait jour après jour pour respirer.

La salle d'accueil fut vite traversée. Direction les voies pour jouer avec les trains grandeur nature ? Ou continuer de détaler en direction de l'autre sortie ? Saskia opta pour la seconde option, jugeant les locomotives trop traîtresses pour lui être d'un quelconque secours ici.

Ses pas s'emmêlèrent alors, provoquant une chute non désirée. Course avortée, espoirs disséminés. Un bagage qu'elle n'avait pas vu lui avait fait commettre le pas fatidique signant son arrêt de mort. Elle tenta de se rattraper à quelque chose, quelqu'un, n'importe quoi, ne trouva rien de mieux qu'un bras qui passait par là suivi de son corps entier qu'elle emporta avec elle au sol. Elle releva la tête pour rencontrer le regard d'une demoiselle à la longue chevelure blanche.

– Et merde.

C'était le cas de le dire. Elle essaya de se redresser, voyant que la courte avance qu'elle avait réussi à gagner à ses poumons arrachés venait de se consumer suite à sa malencontreuse chute. Alors quoi ? Distraire à nouveau les deux vautours ? Du regard, elle consulta l'inconnue au sol avec elle, lui demandant conseil sans formuler la moindre question.

Croissants ? Croissants ? Mais c'est quoi ces conneries ? N'y avait-il pas plus important en jeu à cet instant précis qu'un paquet de viennoiseries ? En même temps, quitte à passer un sale quart, autant le passer avec le ventre  plein et le souvenir du goût en bouche. Saskia sans gêne piocha dans le paquet sans même rien demander, l'insolence au bout des doigts, provoquant encore plus l'étrangère, bien que ce n'était pas là son intention véritable.

Les deux poursuivants encerclaient maintenant Saskia et l'inconnue. Ce n'était pas sa journée. Elle croqua une première bouchée avant d'afficher un grand sourire à tous. Non, elle n'était pas en train de planer, c'était juste son état naturel. Encore plus effrayant.

– Frères, paix ! fit-elle tout en tendant les mains, n'allez pas croire que j'ai tenté de vous fausser compagnie, ah ça non jamais ! J'ai juste vu de loin mon associée ici présente.

Dans quoi s'embarquait-elle donc ? Dans quoi embarquait-elle la fille qu'elle avait renversée ? Plus qu'à espérer que cette dernière joue le jeu. Ce qui était loin d'être certain au vue de son agressivité pour de pauvres croissants. C'était tout légitime, ce petit déjeuner improvisé était succulent ! Comme pour se donner une contenance, elle arracha des mains le paquet garni de croissants et le tendit au duo déchaîné.

– Croissants ?

Le tandem ne savait plus quoi penser, ils avaient seulement retenu le terme d'associé. De l'argent sûrement en perspective.

– Le fric que je vous dois, c'est elle qui le garde. C'est que ça rapporte le trafic de bébés chiens auprès des chinois ! continua-t-elle d'inventer tout en exagérant toujours plus car elle s'était rendue compte que plus le mensonge était énorme, plus cela passait crème, alors laissez-nous tranquille le temps qu'on vous ramène tout ça ici, pas d'embrouilles, on est clean.

Arturo et l'autre étaient quelque peu étonnés de cette fabuleuse carrière qu'avait embrassé Saskia. Elle la junkie faisant du trafic ? Négociant avec des bridés ? Cela paraissait vraiment tiré par les cheveux. Difficile de cracher sur une possibilité de récupérer leur oseille mais Arturo connaissait trop bien la Russe et ses manèges incessants pour tenter d'embrouiller le monde. Ce ne serait pas la première fois qu'elle lui ferait le coup. Mais maintenant il avait l'habitude, plus question de lui faire confiance. Il se tourna vers l'autre qui avait été précipitée dans cette histoire sans avoir son mot à dire.

– C'est vrai ?

Maintenant, Saskia n'avait plus qu'à prier. Ou à se préparer à courir vite à nouveau, au choix. Comme quoi, l'avenir ne tenait pas à grand chose. Un faux pas et tout dérapait. La Russe resta impassible, non pas qu'elle avait une quelconque confiance en cette inconnue, c'était même tout le contraire, comment laisser sa vie entre les mains d'une personne qui venait de la menacer cinq minutes plus tôt ? Elle était acculée et ne voyait pas d'autre échappatoire qu'un hochement de tête de haut en bas de la part de la fille aux croissants.

Ah pas du tout partageuse, celle-là ! N'importe quoi ! Saskia poussa un couinement de surprise et de douleur. Courir serait plus compliqué maintenant. Elle était encore tombée sur quelqu'un complètement cinglée, c'était bien sa vaine ! L'autre ne voulait pas non plus partager son butin avec les deux inconnus. Logique. Docile, Saskia tendit le croissant estropié vers la femme qu'elle avait renversée.

– Le morceau manquant, c'est trop tard pour que je le recrache, va falloir attendre que je le chie pour le récupérer.

Elle disait ça d'une voix calme sur un ton neutre bien que sa couverture venait de voler en éclats. Une couverture fine qui aurait nécessité l'approbation de cette fille pour qu'elle fonctionne et fasse illusion. Mais rien à faire. Elle n'était pas tombée sur une âme généreuse. C'était toujours ainsi.

Saskia était sur le point de partir à nouveau quand la réaction de l’égoïste l'étonna totalement ; elle prenait plus ou moins sa défense. Tout en la rabaissant mais peu importait ! Elle s'était trouvée une alliée éphémère ! Elle allait un peu vite en besogne pour mettre un nom sur telle attitude. La pauvre Russe en prenait pour son grade. Elle fit un léger pas pour se placer derrière sa protectrice d'un jour et pouvoir avoir un bouclier humain si jamais cela dérapait. Saskia toujours aussi calculatrice dans le seul but de défendre ses intérêts. Et sa p'tite vie qu'elle appréciait, pas envie de crever tout de suite !

– Ouais, c'est ça, cassez-vous !

Il était bien plus afcile pour elle de lancer des piques et de provoquer maintenant qu'elle se sentait un tant soit peu en sécurité. Comportement qu'elle n'aurait pas adopté cinq minutes plus tôt, bien sûr.

L'italien et le môme se consultèrent du regard et haussèrent les épaules. Alors sans prévenir, Arturo fonça sur l'inconnue pendant que le bleu bondit sur la brune. Elle l'évita sans grande peine. Les choses se corsaient. Du moins pour elle. Se battre n'était pas son fort, elle préférait de loin la fuite. Courir et abandonner l'autre qui était aux prises avec Arturo à cause d'elle ?
… Oui.

Malheureusement, le bref instant qu'elle mit à prendre la bonne décision, le jeune homme en profita pour la plaquer au sol de toute la force de son corps pendant que Saskia se débattait en donnant coups de pieds, griffant par ses ongles et le mordant là où des amas de peau s'offraient à elle. Une bien fière combattante, n'est-il pas ?


– Ôte tes putains de pattes, sale chien !

Agressive, la Moscovite. La pauvre était bien plus à l'aise quand il s'agissait d'insulter autrui que lors d'une bagarre comme celle-ci.

À se demander laquelle des deux était vraiment barjot, hum ? Entre l'une qui voulait tuer pour un bout de croissant et l'autre qui souhaitait rendre le morceau dévoré par la voie naturelle, il y avait de quoi se poser des questions…

Saskia était toujours aux prises avec son adversaire d'un jour. La pauvre n'avait pas l'habitude de se battre, préférant fuir la réalité plutôt que de l'affronter. Elle ne dut son salut que grâce au conseil de l'autre folle, qui, elle, avait vite fait de régler son compte à Arturo. Il y réfléchirait à deux fois avant de retourner réclamer du fric à une Kochka, celui-là ! Même si concrètement elle n'avait rien fait pour le mettre à terre, c'était tout comme. L'égo Russe, sans aucun doute.
Viser les yeux, hum ? Doigts brandis en V vers sa cible, Saskia écouta sa professeure improvisée et les enfonça direction les paupières de son ami. Ouch. Cela ne devait pas faire du bien.   Saskia profita de cette petite diversion salvatrice pour se dégager de la force de l'homme de main, rapide comme un félin. Si la force brute n'était pas son point fort, au moins pouvait-elle compter sur son agilité et sa vitesse. Dommage qu'elle ne comptait pas plus souvent sur sa cervelle aussi lorsqu'elle se retrouvait en aussi mauvaise posture, ce qui risquait d'arriver de plus en plus souvent au fil que les dettes s'accumuleront. Tss.

– Ah ouais pas con, t'es pas juste un estomac sur pattes aux pulsions meurtrières en fait ! Tu sers à quelque chose !

Dit comme ça, bien évidemment.
Les deux ne cessaient de s'envoyer des piques mutuelles. La Russe ne comprenait pas pourquoi l'autre l'appelait l'asperge, d'ailleurs. Sans doute la première chose qui lui était passé par la tête, ou plutôt par l'estomac, vu que la combattante avait l'air de penser avec ce dernier.

Saskia fila un coup de pied dans le ventre de l'homme qui gisait au sol avant de retourner vers l'étrange demoiselle. Bon, et maintenant ? C'était bien beau de frapper des brutes mais ce n'était pas là le principe même de la vie, questions philosophiques en approche.

– Oh la goinfre, ça te dit que je t'amène dans un endroit qui fait des vrais croissants ? Tes trucs, c'était juste du beurre et ça avait un arrière-goût de chiotte. Ma manière de te remercier pour ce petit coup de main, si tu veux.

Oui, tout à fait, la remercier tout en l'insultant à plusieurs reprises et en critiquant la nourriture qu'elle lui avait de prime dérobée. Toujours en train de faire les choses à l'envers, Saskia. N'était-ce pas sa manière de faire, sa marque de fabrique bien à elle ?
L'humaine s'accroupit près d'Arturo tout en lui relevant le crâne par les cheveux de manière à voir ce qui restait de lui. Il était vivant, bien évidemment, juste salement amoché.

– Je dois continuer de te trouver des surnoms pas très flatteurs ou t'as un nom, Rambo ?

Ou comment briser toute essence de féminité en celle qui lui avait porté secours. Plus ou moins. Difficile de savoir si cette fille avait servi son propre intérêt en se défoulant par ses coups sur ces victimes tombées du ciel grâce à Saskia ou si elle avait fait cela de gaieté de cœur.

Mais sur qui Saskia était-elle tombée ? Une vraie cinglée. Au pire, ce n'était pas très important. Au moins l'avait-elle débarrassée des deux guignols sans rien demander – juste en braillant pour une histoire de croissants – et lui avait-elle offert un pseudo cours de combat, une fausse leçon composée d'un seul conseil. Viser les yeux. À l'avenir, elle tâcherait de s'en souvenir.

Blackbird, c'était un nom ? Tout juste un surnom. En plus, elle n'était pas habillée en noir. Elle ne ressemblait pas à un oiseau non plus. Saskia éclata de rire en l’entendant se présenter. C'était une blague, nan ?

– Blackbird, sans déconner ? Comme les corbeaux ? Sérieusement ? C'est tes parents qui t'ont appelée comme ça ? Ma pauvre. Chez nous, ça aurait donné une traduction comme « Voronn ».

Voronn, c'était un beau surnom pour cette fille, trop beau pour elle. Un mot de chez elle, dans sa langue natale. Le méritait-elle vraiment ? Oh et puis, c'est ainsi que Saskia interprétait le nom de sa mystérieuse sauveteuse. Piaf noir, c'était surfait. Corbeau, ça, c'était bien plus élégant ! De son point de vue. Un piaf restait un piaf, noir ou blanc.

– Qui parle de payer ? Hey ! Y a encore des choses gratuites dans ce monde ! Suffit de savoir à qui s'adresser ! annonça Saskia avec un clin d’œil, allez, pas la peine de traîner davantage ici.

Ça ne sentait pas bon. Les sirènes des forces de l'ordre retentissaient dans cette gare troublée par les sifflements des trains. Blackbird s'élança, bientôt suivie par Saskia. Elle courait vite, la garce ! Il fallait bien que ses pulsions s'évacuent à travers tout son corps, pieds y compris.

Hors de portée du ballet des gyrophares, Saskia ralentit enfin avant de héler à son tour celle qui la précédait :

– C'est bon, inutile de courir davantage, ils sont loin maintenant !

Elle n'avait pas envie de crever essoufflée. La demoiselle s'assit sur un muret, sortant du papier à rouler dans l'espoir de s'offrir un petit remontant. Tirer quelques taffes lui ferait du bien après ce qui venait de lui arriver. Elle alluma la roulée avant de lever les yeux vers la femme :

– Ça, ça t'aiderait peut-être à calmer tes pulsions, nan ?

Pauvre Oreste qui risquait d'attendre éternellement que la Russe vienne le chercher à la gare. Tant pis, il se débrouillerait comme un grand. Pour le moment, la priorité était de trouver de nouveaux croissants.

Drôle de fille, vraiment. Enfin, Saskia n'était plus à ça près. Elle fuma tranquillement sa clope sans se soucier de l'impatience de l'oiseau noir. Non, Saskia ne souhaitait pas voir d'où cela venait pour la seule et bonne raison que cela n'intéressait pas. En cet instant, rien ne comptait plus que la fumée qui l'entourait alors pour plus tard les histoires personnelles.

Retour aux croissants. C'était bien vrai que cette fille pensait avec son estomac. Mais comment lui en vouloir ? La faim, besoin purement humain, Saskia en avait fait l'expérience tout au long de son séjour à Saint-Pétersbourg et l'expérience se prolongeait ici, à Palema.

– Un peu plus loin, t'auras pas à marcher longtemps si c'est ça qui t'inquiète.

Au revoir Oreste qu'elle ne verrait pas et bonjour la misérable boulangerie qui les attendait ! Un bâtiment avec une sale gueule, saleté de façade, pas très esthétique. Mais il fallait parfois se méfier des apparences car sous ce masque de noir se dissimulait un endroit divin mettant de côté des viennoiseries de la veille pour ceux qui en avaient besoin. Ceux-là, c'était les êtres comme Saskia. Il suffisait juste de connaître l'adresse.
Saskia conduisit l'autre malpolie dans le lieu, passant l'entrée lugubre pour atterrir devant la vitrine où s'étalait pains au chocolat, éclairs et autres délices matinales ou juste gourmandises. Saskia salua rapidement le tenancier pour porter son regard sur l'apprentie qu'elle connaissait bien.

– Hey Clara, t'aurais pas un ou deux croissants à nous refourguer ? C'est pour la demoiselle, faut lui apprendre le goût, la pauvre était allée se fournir dans de la viennoiserie qui paraissait industrielle ! fit-elle avant de se tourner vers BlackBird, en même temps, c'en était peut-être, nan ?

Cela avait eu si mauvais goût que c'était la seule explication aux yeux de Saskia.
L'apprentie hocha la tête, s'éclipsant quelques minutes pour revenir avec un sachet comportant trois délicieux croissants.

– Tiens le piaf, tu verras que c'est autre chose que ce que tu as perdu ! Alors oui, sont d'hier ceux-là mais ça vaut déjà mille fois plus le coup que les autres !

Saskia ressortit, ayant pioché l'un des habitants du sachet tout en ayant laisser le reste du contenu à la femme. Après tout, la Russe n'avait pas très faim en cet instant.

Y a pas que les corbeaux qui sont noirs. Les merles aussi, c'est noir. Les pies aussi mais ça ne compte pas, les pies, ça a un peu de blanc, les pies. C'est très flou comme surnom, piafnoir. Faut vraiment être marteau pour se choisir piafnoir en surnom. Un nom indien peut-être ? Une sioux évadée. L'Amérique n'était-elle pas le repère des peaux rouges ? Du moins dans l'Amérique de Saskia. La Moscovite observa d'un œil nouveau celle qui lui avait sauvé la mise à la gare, occupée à  picorer son croissant rassi. Le monde est d'une petitesse, vraiment.

– Non mais vraiment, ça vient d'où « Blackbird » ? C'est un nom de code ? Un nom d'apache ? Tu vis dans un tipis en te goinfrant de croissants jours et nuits ? Ça doit être sympa, une vie comme ça, mais je te la laisse, non merci, déblatéra Saskia tout en croquant dans sa propre viennoiserie, l'est marrant, ton nom.

La demoiselle avait vu de quoi l'autre était capable et au lieu de ça elle l'harcelait concernant son pseudonyme ! Mais merde quoi ! Hors de question de ramener la brune sur une civière à Bunker Hill. Ce serait pire que triste encore. Lire Ford et s'en inspirer, c'est mal.

– Ou alors tu parcours la ville en quête de croissants gratuits ? C'est ça le but de ta vie ; manger le plus de croissants possibles tout en répertoriant ceux qui sont bons et ceux qui le sont pas ?

Cette discussion devient vraiment du grand n'importe quoi. Ah cela aurait pu être pire. L'absurde est encore loin, les joints aussi. Sinon, inutile d'imaginer ce que cela aurait pu donner. Un mélange entre les fourre-tout romanesques de Brassens et l'absurde théâtral de copain Ionesco ? Ce serait bien trop beau.

– Un d'ces quatre, tu voudrais pas m'apprendre à crever d'autres yeux à ceux qui me cherchent des noises ? La violence c'est sale mais c'est pratique parfois aussi.

Ah oui parfois, lorsqu'elle se retrouverait acculée avec aucune autre solution que de faire tâter de ses poings à une bande d'enfoirés, sûrement. Elle n'en était pas encore là et avait toujours réussi à se débrouiller sans. Pourquoi ne pas continuer sur cette voie ? Qu'il est stupide de rentrer dans le jeu de ceux qui le sont. Comme si elle avait besoin de ça. Comme si quiconque avait besoin de ça.

C'est du hérisson qu'elle a fumé, et c'est mal.

Qui dit boulot dit argent ? De quoi dépanner la Russe pour un temps ou deux. Toujours besoin d'un billet ou deux pour acheter sa dose. Toujours obligée d’emprunter à droite à gauche et d'accumuler des dettes car la demoiselle se refusait à quémander auprès d'Howard. Alors à force de tendre la main par ci par là, il ne fallait pas s'étonner que Saskia se retrouve à fuir ou crever des yeux dans des gares. Vraiment pas.

En même temps, c'était louche cette histoire de boulot alors que plus tôt l'espèce de folle avait précisé qu'elle était fauchée. A moins qu'elle n'ait tout claqué en croissants en quelques jours. Ah oui, cela devait être ça.

– Faut voir... Ça consiste en quoi, ce taff ?

C'est que les capacités de la Russe étaient limitées. Refourguer un peu de merde aux lycéens, c'était dans ses cordes. Après, fallait voir. Là, cela risquait d'être dangereux vu que la violence c'est mal. Et si elle perdait une dent dans cette galère ? Un membre cassé ? Oh Saskia !

– Dis m'en plus, le piaf.

Dans quoi s'embarquait-elle ? À croire que le mot « illégal » n'avait jamais existé pour Saskia. Tout comme danger. Et bien d'autres mots que renferme le dictionnaire mais en faire la liste serait bien trop long et éprouvant pour le narrateur, feignasse que voici.

– Si je taffe pour toi, ça devrait pas plutôt être à toi de me payer ? Essaye pas de me la faire à l'envers !

Ce serait bien dommage d'essayer d'arnaquer la Moscovite, oui. C'est qu'elle avait de la ressource, hey ! Surtout contre la Rambo féminine ! Intimidation à coup d'insultes ou tentative de fuite écourtée ! Sans déconner. Elle ne faisait pas le poids, la mignonne. La Russie n'aurait plus qu'à chanter des chants traditionnels sur sa tombe pendant que le piaf continuerait de s'enfiler des croissants aux quatre coin de Palema. Ô triste monde.

Bosser pour soi pourrait avoir des avantages. Personne à qui rendre des comptes, aucun ordre à recevoir, aucune hiérarchie ! À moins qu'elle ne devienne une espèce d'associée de BlackBird ? C'est du moins ce que s'imaginait Saskia. Des cours de combat en échange de croissants, de la nourriture gratuite et surtout un véritable toit, même si aucun logement ne pourrait jamais remplacer sa Russie natale, ce serait toujours ça de pris. À peine la Russe obtenait-elle des réponses à ses questions que de nouvelles se bousculaient de suite sous son crâne. C'était bien sa vaine. Ça, c'était le côté mûr de la pomme, le côté tout beau, tout brillant, tout doré. Mais même Super-Pomme possède des vers, surtout si elle est naturelle et sans OGM !
Cette histoire de monstres et de gens, d'abord. Fallait bien que les leçons de défense – et d'attaque en l’occurrence vu le marché proposé – servent à quelque chose mais il était tout de même question de monstre. Ici. À Palema. La dévoreuse de viennoiseries serait-elle en train de se foutre de sa gueule ? Faut dire ce qu'il est ; si des monstres existaient réellement, elle les aurait déjà croisés au détour d'une rue. Pas de pot, on était dans la réalité, les monstres n'existaient pas, tout comme les lutins ou les elfes – chut ou ils vont disparaître !

– Des... monstres ? C'est bête, ça commençait si bien, pourtant... Je croyais vraiment que t'étais sérieuse au début ! Mais tu sais, si les vœux et les monstres c'est une métatruc – métaphore, tout va bien – pour autre chose, tu peux parler sans crainte ! Je vais pas aller répéter ça sur tous les toits, si c'est c'que tu crois !

Et puis cette histoire de vœux... À croire que c'était son interlocutrice qui avait le cerveau embrumé et non pas Saskia ! Les vœux exaucés, les monstres, tout cela était du même ordre, du même registre merveilleux et impossible dans la réalité. Long soupir de la part de la brune qui ne comprenait vraiment pas où souhaiter en venir la femme en partant d'aussi loin, avec cette histoire à dormir debout.

Alors oui, il devait y avoir un sens bien plus implicite caché derrière les paroles de BlackBird. Mais lequel ? Sans indices, Saskia risquait de chercher encore longtemps. Et puis peut-être le piaf était-il sérieux, après tout. Elle avait tant répété cette histoire et s'y était attachée que désormais elle y croyait véritablement. Les contes de fée, c'était seulement dans les livres pour enfants, pas ici.

– Et toi, t'as souhaité quoi ? Juste par curiosité.

Non pas que Saskia avait besoin d'aide pour se décider pour un vœu mais elle avait de gros doutes quant à l'existence avérée de cette histoire de souhaits exaucés.

– Ça m'a l'air pas très nette ton histoire, le genre qui sent pas bon car qui dit combat dit danger, commença Saskia qui venait de déclamer cette phrase philosophique qu'elle venait de trouver toute seule comme une grande, le genre louche.

Non parce qu'à la limite, que cela soit illégal ne l'aurait pas tant dérangée que cela, elle n'était plus à une connerie près. Mais que cela soit louche ! Ah ben cela changeait toute la donne ! Ah ben oui ! De quoi remettre en question le cosmos et l'équilibre de l'univers-  seulement celui de la brune, ce sera déjà bien.

Saskia pourrait être en train de parler à BlackBird ou PurplePony, ce serait du pareil au même ; elle aurait du mal à croire son interlocutrice.

Ah vu le caractère du personnage, ce souhait lui allait  merveille ! Et Saskia, qu'aurait-elle souhaité ? Avoir toujours de l'héroïne à portée de main ? Des bouteilles de vodka en quantités illimitées ? Ou des souhaits plus terre  terre comme avoir un véritable toit ? Retourner en Russie peut-être ? Avoir pas mal d'oseille – attention à la formulation sans quoi l'oseille serait parfaite pour la soupe mais en aucun cas pour régler ses doses quotidiennes de shit !

– Et tu fais comment pour être sûre que ton souhait a vraiment été exaucé ? Souhaiter de toujours se battre, c'est vague quand même ! Un peu comme si t'avais souhaité être immortelle ; à moins d'être vraiment en danger et de manquer de crever, dur de savoir si ton souhait a vraiment été exaucé ! Y a que des souhaits dans ce genre-là qu'on peut faire ou y en a des plus... matériels ? Tu souhaites du fric et ça y est t'es plein aux as ?

Tout danger était relatif.
Saskia s'en serait sûrement sortie d'une façon ou d'une autre. Et puis, ce danger auquel elle avait à faire au quotidien lui plaisant, lui procurant le peu d'adrénaline que les effets des shoots ne savaient combler. Bon, sans déconner, elle n'aurait pas dit non à une vie un peu plus tranquille. Mais elle l'avait choisie alors difficile de la renier désormais. Et puis, la renier pour obtenir quoi ? Une vie où le danger serait permanent, où la mort serait aux aguets, où la fuite se transformerait en coups rendus et coups reçus ? Pas sûr que cela soit très enviable.

– Tout c'que je veux pour le moment c'est apprendre à me défendre. Rien d'autre. Y a pas moyen de profiter des cours sans accepter le taff ?

Que voulait-elle lui montrer de si secret ? Tout cela était bien intriguant.

– J'ai tout mon temps alors montre-moi tout ce que tu veux !

Cela commençait à devenir intéressant. Des choses à voir ? Une démonstration de combat ? Merde, Saskia servirait sûrement de cobaye et allait déguster. Mais la curiosité l'emportait sur la peur quasi inexistante. Hâte de voir ça !

Des capacités pour se battre sans jamais se fatiguer... Pratique. Dommage que Saskia ne soit pas une grande combattante – même pas une combattante du tout – sans quoi ce vœu aurait été chouette à faire !  Oh ne s'emballait-elle pas un peu trop vite en accordant du crédit aux paroles de l'autre illuminée ? Toujours aussi suspicieuse, il faudra plus que de belles paroles pour la convaincre et ça, BlackBird l'avait bien compris !

Déjà, cette dernière la traînait dans une ruelle déserte. L'endroit était tranquille. Trop peut-être ? La Russe attendait la suite. Alors quoi ? Allait-elle invoquer des créatures venues d'un autre monde – bah oui, n'était-il pas question de monstres à zigouiller quelques minutes plus tôt – ou la femme allait-elle se mettre à lui réciter des poèmes en latin ? La Moscovite s’attendait à tout, mais surtout au pire venant du curieux oiseau.
Rien de tout ça.

Une épée vint lui frôler le bout du nez. Sous l'effet de surprise, la Russe recula de quelques pas et se retrouva fesses contre sol. Ouch. Ses yeux détaillaient l'arme qui avait manqué de la défigurer. Elle se releva aussitôt, essayant de comprendre ce tour de passe-passe. D'où était sortie cette épée ? Il n'y avait qu'une explication possible à tout ça.

– Whouah toi aussi t'es magicienne ? La classe !

Ah déjà le deuxième illusionniste qu'elle rencontrait sur quelques jours ! D'abord le rouquin qui savait disparaître et apparaître sans prévenir et maintenant elle qui faisait apparaître une lame ! Quel prestige, à Palema ! Un congrès de mages se tenait-il en ce moment même ?

– Et tu sais aussi disparaître et apparaître de nulle part comme l'autre de l'usine ?

Peut-être accepterait-elle même de lui refiler le truc... Bah oui, le rouquin avait refusé malgré la lourde insistance de Saskia. Mais BlackBird paraissait déjà plus sympathique – bonne vanne, la la la ♪♫– alors elle pouvait toujours essayer. À moins que ces tours ne soient transmis qu'à certains privilégiés ? Ah trop de théories se bousculaient dans son crâne, chaque chose en son temps !

Ses yeux se portèrent alors sur l'étrange marque qui était apparue à peine l'arme basculée dans la réalité. Hasard ? Curieux tatouage en tout cas. Mais classe, fallait bien l'avouer.

– L'est trop bizarre le symbole sur ton bras, ça fait partie de ton tour de magie, dis ?

Elle ne se rappelait pas avoir vu marque semblable sur l'avant-bras du rouquin lorsqu'elle avait visité l'usine en sa compagnie. Après tout, elle  ne lui avait pas prêté grande attention ; seul l'avait attirée son tour de disparition. Pour finalement rentrer bredouille.

Du bout du doigt, elle toucha l'acier de l'arme. Pour être sûre que ce n'était pas du toc. Aucun fil ne reliait l'arme, ni quoi que ce soit laissant transparaître le truc du tour. C'était louche, cette histoire.

Une tête à faire fuir quiconque s'approchait d'elle, surtout ! Mais cela, Saskia se garderait bien de l'avouer. Inutile d'énerver cette folle furieuse. Elle était déjà assez flippante sans armes, la provoquer alors qu'elle avait une épée en main ne serait que pur suicide !

Tiens, une autre magicienne ? Chic alors ! Saskia l'observa d'un œil nouveau. Après tout, ses talents n'étaient plus à prouver après tous ces tours de passe-passe ! Terme bien réducteur pour ce à quoi la Russe venait d'assister ! Un comité de mages ambulants, oui, sûrement. L'idée était belle, lui plaisait, mais la réalité était sûrement toute autre.

– Je connais pas son nom. Un grand rouquin complètement paumé et pas très bavard, qui sait pas grand chose et pas très doué de ses mains. Ça te dit quelque chose ? L'était pas là la minute d'avant derrière une vieille usine et pfiouuuu, s'exclama Saskia tout en bondissant pour reconstituer la scène – cette comédienne, vraiment ! – la minute d'après il était là ! Un ami à toi ?

Quelles précisions, quelle reconstitution ! Pour un peu, on s'y croirait ! Saskia porta les lèvres à son doigt meurtri. C'est que ça coupe, cette saloperie ! Elle jeta un regard noir à la lame, comme si cette dernière pouvait éprouver le moindre remord en lui ayant tranché un bout de chair !

– Les Seraphs ? En gros vous êtes un gang de Palema ?

En gros. C'est qu'elle essayait toujours de comprendre toute cette histoire. Plus les informations étaient en sa possession et plus elle avait le sentiment d'avoir affaire à un rébus complexe qui lui échappait un peu lus à chaque instant. Saskia continuait de réfléchir. Devait-elle donner une réponse claire et intelligible maintenant ? Au fond, cette histoire ne comportait que des avantages ! Si tant est que tout était vrai, elle ne pourrait qu'être gagnante ! Restait le côté monstres à zigouiller qui lui plaisait un peu moins. Mais avec une arme, ce serait du gâteau, non ?

– Y a moyen d'avoir un temps de réflexion ? Parce que si c'est vraiment vrai de vrai... Et puis, j'ai même pas d'idée de vœu alors que ça m'a l'air d'être la base pour commencer le taff... Et puis les monstres à massacrer, ça me freine un peu... Pas que je crois aux monstres mais vous tous, vous les magiciens paumés, vous êtes flippants avec vos tours et vos histoires...

La Russe aurait pu pousser le vice jusqu'à lui demander de lui montrer l'un des monstres dont il était question mais la brune ne se sentait pas encore prête à affronter pareille réalité, du moins si pareille réalité existait. Mieux valait arrêter pour aujourd'hui les démonstrations de force ayant un pied dans le surnaturel. La magie, c'était sacrément inquiétant !

Un crétin, le rouquin ? Impression partagée. La brune aurait bien aimé que ce-dit crétin lui parle lui-aussi de cette mystérieuse organisation et de tous ses avantages mais il n'en avait rien fait. Il faut  croire qu'il ne devait pas la trouver assez digne de faire partie de cette élite de Palema. Et il avait bien raison.

– Un temps de réflexion au moins pour le vœu, oui...

Les possibilités étaient infinies, c'était bien cela qui effrayait Saskia. Devait-elle se montrer égoïste lors de la formulation de son vœu ou penser aux autres ? Non, n'importe quoi, pour une fois qu'une chance lui était donnée, autant qu'elle la saisisse totalement. De plus, elle n'était même pas sûre que son vœu, quel qu'il soit, se voit réellement exaucé.  Elle aurait la surprise lorsqu'elle se déciderait enfin.

– Y a pas un lieu où je pourrai te retrouver le jour où je serai décidée ? J'ai pas envie de souhaiter n'importe quoi...

Les monstres ne seraient qu'une formalité avec l'entraînement de BlackBird ! D''ailleurs, aurait-elle le droit de choisir son arme ou serait-ce la surprise ? Parce que pour ça aussi, la Russe était indécise. Les poignards c'est pratique mais que feraient de misérables lames contre des monstres titanesques ? D’ailleurs, elle ne savait même pas à quoi ressemblait les monstres. Dommage.

– Tu m'apprendras à bastonner les monstres comme ça j'aurai même pas besoin de l'aide des autres ! Et SBAM, hurla Saskia tout en donnant un coup de pied dans le vide, monstre zigouillé !

Quelle vantarde. Déjà qu'elle était incapable de se battre convenablement contre des humains, lutter contre des monstres serait mission impossible, même si BlackBird la prenait sous son aile. Qu'il était beau de rêver.

Juste penser à Kyu. Toujours bon à savoir. Restait plus qu'à ne pas oublier le nom de celui qui exaucerait son vœu. La Russe était curieuse de savoir à quoi pouvait bien ressembler cette « bestiole ». Mais avant de l'appeler, mieux valait réfléchir sérieusement à ce vœu. Inutile de formuler n'importe quoi pour regretter quelques jours plus tard.

– D'accord, penser à Kyu le vœu à formuler, l'arme et les capacités en cadeaux et les monstres à taper ! C'est tout noté, le piaf !

Saskia arrêta sa simulation de combat. Taper le vide n'avait jamais été d'une grande utilité pour qui que ce soit. Elle se reposa sur le muret, observant Blackird tourner les talons.

– La prochaine fois qu'on se verra, moi aussi j'aurai un tatouage de Seraph comme le tien !

Saskia était confiante. Et puis après tout, pourquoi pas ? Qu'est-ce qui l'empêchait de devenir une Seraph ? BlackBird avait raison ; sa vie ne pourrait pas être pire qu'actuellement. Les monstres en plus.


[Pas de souci ! Fin du rp pour moi aussi !]