Description des lieux:

Même si Aleister était, de manière générale, du genre à préférer se déplacer en voiture pour les trajets dépassant le kilomètre, il lui arrivait aussi d’avoir envie de respirer un peu, de prendre l’air. Et pour ce faire, quoi de mieux qu’une petite marche à pied ? Cette fois-ci l’origine de l’histoire était une demande de sa mère de faire quelques achats. Après avoir eu l’assurance que l’achat n’était pas urgent, le seraph avait donc mis ses chaussures et entamé sa marche à pied, longue de 2 bons kilomètres.

Là, Aleister cherchait le magasin où sa moman avait ses habitudes. Il était dans la bonne section de cette très longue rue, il le savait, et cherchait. Sauf que sa recherche fut interrompue par le genre de mouvement que le seraph avait fini par repérer instinctivement, même simplement du coin de l’œil. Une masse noire, presque humanoïde, mais se déplaçant sensiblement plus vite qu’un être humain n’en était capable… là, à moins de 100 mètres, en approche rapide forcément.

*Et merde, un endroit où se planquer, vite ! *

Aleister balaya les lieux du regard, repéra un coin un peu plus sombre, presque à l’abri des regards, et une fois rendu là, déploya son kekkai. Oui, là il pouvait voir plus clairement l’ombre, qui continuait à se diriger vers lui, apparemment sans plan précis en tête. Le seraph matérialisa son fourreau et en sorti son épée à la lame rouge sang, se mit en position, et laissa venir l’ombre.

Spoiler:

C'est fou le chemin que l'esprit peut prendre, se perdant dans les profondeurs insondables du subconscient, s'y noyant peu à peu, perdant sa substance comme un cachet d'aspirine dans de l'eau...
Plop.
C'est fou le chemin que j'ai pris depuis il y a maintenant... 8 mois ? Je perds la notion du temps. J'ai l'impression de devenir fou, quand j'y pense... Je pense trop. Parfois, quand je passe sur un pont, à une certaine heure, sous une certaine lune, je reviens à une autre heure, à une autre lune, sur le même pont...
Je pense trop.
Oui, que disais-je ? Ha oui ! Plop.
Kekkai. Surprise ! L'enveloppe blanche s'étend brusquement, m'attrapant au passage... Qui a une ombre sur le dos ? Je n'attends pas, et balaye la rue du regard... Et une ombre sort de l'obscurité, pour rentrer dans une petite ruelle. Elle ne m'a pas vus... Je fonce et me jette derrière elle, qui, m'ayant entendu, se retourne. Et derrière l'ombre...

- Aleister Chase.

Je suis foudroyé... Le temps s'est arrêté.
Ma vie a vraiment pris un chemin très étrange.

Aleister ne fut guère surpris de voir l’ombre débouler, quelques instants plus tard, dans la ruelle où il l’attendait, suivit bien vite d’un visage, façon de parler, et d’une voix connue. Mais une chose à la fois. Un mouvement sur la gauche, une parade, un premier coup visant la cuisse de l’ombre pour la déstabiliser, et avant que celle-ci ai pu retrouver un équilibre, c’est sa tête qui volait, provoquant sa dissipation.

-« William, ça faisait longtemps. »

Qui d’autres porterait un masque aussi étrange sur le visage ? Connaissance de vieille date, façon de parler, William Ling était associé à l’un des premiers souvenirs sanglants d’Aleister. Cependant il restait globalement une vieille connaissance, contre lequel le seraph n’avait pas de véritables griefs.

-« Comment va depuis le temps ? »

Ça faisait combien de temps qu’ils n s’étaient pas vu ? 6 mois ? Ou au pire, pas beaucoup moins. Mais alors que le seraph était passé en mode discussion, il repéra par-dessus l’épaule de William des formes noires qui ne lui inspiraient rien de bon.

-« Bon, va devoir discuter plus tard, les amis de ma cible sont là. »

Aleister quitta rapidement la ruelle et se mis en garde face à 3 ombres qui approchaient. La présence inattendue de William allait s’annoncer salutaire.

Spoiler:

- Effectivement.

Au moment de flottement qu'il y a entre nous, je suppose que nous pensons tout deux à la même chose : un cadavre, dans le quartier ouest, une seraph rebelle, l'une est Shane Werner, l'autre est Melkyor. Et ils ne sont qu'un... Ce serait long à raconter.

- Ca... Va comme ça vient.

J'ai un petit peu changé... Mais je reste aussi très étrangement le même. Ce qui n'est certainement pas son cas.

- Ouais, bonne idée.

Je me retourne, et...
Ho merde... Une ombre un peu plus grosse nous avait quasiment tué, dans le quartier ouest. Et on était 4. Pour ma part, j'ai passé la plupart du combat par terre. Et là, elles sont trois.
On prends les bons réflexes, et je pose mon lien de mort sur la plus grosse, et me jette en avant... Par égard pour Aleister, je vais garder mon manteau. J'invoque mes faucilles au dernier moment et...
Je fais un pas de côté et donne un coup en direction de la plus petite qui esquive... Pour mieux prendre mon pied. Je me suis entraîné, depuis la dernière fois. Je tourne sur moi même et envois ma faucille sur celle entre deux tailles qui n'est que légèrement entaillé. La faucille disparait et réapparait dans ma main.
Ouais. Faut encore que je bosse.
En garde !

-« Plus bien que mal j’espère. »

Réponse très simple à la deuxième réplique de William, avant que les ombres ne viennent gêner les retrouvailles. Et William… fonça dans le tas, comment dire ça autrement ? Il utilisa tout d’abord l’étrange pouvoir de chaine qu’Aleister l’avait vu utiliser sur Shane lors de ce maudit combat au quartier ouest, avant de balancer ses faucilles, s’attirant un contre et blessant légèrement une autre ombre.

*Finesse zero, et moi qui trouve que je manque de subtilité…*

Aleister soupira tout en s’élançant. William avait attiré l’attention des 3 ombres, mais il risquait de ne pas tenir très longtemps seul… il n’allait pas le rester. La plus petite ombre, focalisée sur William, ne vit même pas venir le sabre qui la décapita proprement, provoquant sa dissipation. Ne s’arrêtant pas en si bon chemin, Aleister se dirigea ensuite vers la moyenne qui venir la menace et contre attaqua. Un mouvement d’esquive et un coup plus tard, le bras droit de l’ombre tombait, sectionné net.

Waoh. L'art de se battre porté à son plus haut niveau. Il est temps de montrer ce dont je suis capable, moi aussi.
La plus grosse a bien repéré le lien de maladie, et, évidemment, elle a profité du fait que j'étais occupé pour me contourner. Aleister est aux prises avec celle de taille moyenne, et il y a moyen de faire quelque chose si je...
La plus grosse me fonce dessus et je ne dois ma survie qu'a une esquive au dernier moment... Y laissant un bout de mon manteau. L'odeur qui en jaillit déstabilise un instant l'ombre, et j'en profite pour contre attaquer : dans la position où je suis, aucun d'entre nous deux n'a de marge de manoeuvre, et la taille du truc joue en sa défaveur, si bien que je coupe sa jambe. De l'autre faucille, je poursuis sur le mouvement d'Aleister, et saute rapidement de manière à encercler la deuxième, qui se retourne, au moment où d'un coup de ma seconde main armé, je coupe l'autre bras. Aleister, c'est à toi ! Tu as le champ libre.

Spoiler:

J'ai effectué mon mouvement, et me suis placé de telle manière que je tourne le dos à la plus grosse ombre, à terre... J'ai à peine le temps de me retourner et de baisser les yeux que je sens une griffe s'enfoncer dans ma jambe, me fauchant instantanément. Et comme de juste, je pousse un hurlement de douleur avant de m'écrouler à terre, juste à côté de la plus dangereuse des trois ombres. Évidemment, les emmerdes ne viennent jamais seules, et si j'ai le temps (et le réflexe salutaire) de rouler sur le côté, l'ombre à tout de même le temps de me choper par le col de mon manteau qui se déchire sous la traction, libérant les miasmes irrespirables tout autour de moi.
Une bonne journée en perspective.

Et... Aleister achève la dernière. Il m'a sauvé la vie... A voir. Non, en fait il m'a probablement sauvé la vie. Evidemment, je suis d'abord tétanisé... Puis il se penche vers moi et me tends la main, avec une étrange raideur... Ha oui, forcément, il retient sa respiration. Je saisis sa main, me relève et m'écarte précipitemment, mes débris de manteau entre les mains. Heureusement... J'ai de quoi recoudre.
Je vais m'assoir à une dizaine de mètres de Aleister et lui lance :

- Tu peux te remettre à respirer, à partir d'ici, ma puanteur ne fait plus effet.

Je sors mon matériel et commence à raccomoder. A force de me l'être fait abimer, je commence à m'y faire. Je ne me pique presque plus du tout.

- Alors... Quoi de neuf ?

William s’éloigna brusquement après s’être relevé, pour une raison qu’Aleister compris tout de suite après. Donc c’était bien le seraph qui sentait ainsi, le pauvre. Et tandis qu’il commençait une œuvre de couture, Aleister se permit de respirer à nouveau et de répondre.

-« Merci, j’ai beau pouvoir tenir un certain temps ça reste plutôt désagréable de bloquer sa respiration… sacré pouvoir en tout cas, je ne me doutait pas que tu possédais quelque chose du genre. »

Mieux valait considérer qu’il s’agissait d’un pouvoir, parce que si ce n’était pas le cas, heu… Bon en tout cas il pouvait discuter tranquillement maintenant.

-« Pas grand-chose de plus que d’habitude, des ombres et autres, et toi ? »

Puis Aleister, laissant trainer son regard, revit une tache de sang au sol, qui ne pouvait appartenir qu’à une personne.

-« Au fait, ton pied ce n’est pas trop sérieux ? Tu devrais quand même au minimum bander la plaie je pense. »

Je baisse les yeux et considère ma blessure. Et ma machoire se décorche. Ho merde.
Visiblement, dans l'action, je n'ai pas vus la blessure.

- Si... Je vais le faire tout de suite... Je passerai... A l'infirmerie. Ouais, c'est un sacré pouvoir. Mais je m'en passerai bien. Ressembler à un trou du cul me suffisait déjà.

J'arrive pas à croire. C'est une blessure sale. Je me suis laissé blesser comme un parfait débutant. Pitoyable. Hahaha.

- J'ai des bandages dans une cache pas très loin d'ici... J'en ai plus sur moi, mais si tu veux bien m'aider, on y va...

Je pense que je vais boiter pendant un petit moment. Et c'est ça, ton quotidien, Aleister Chase ? Damn it.

- Sinon, moi... Je crois que j'ai fais des erreurs. Je sais toujours pas trop où je suis. Tu trouve qu'on mène une guerre juste, toi ? Récemment, j'ai recruté un seraph. Mais... Je me pose des questions. Enfin bref. On y va ?

Je me relève. Comme toujours. Allez, Aleister. De l'avant, par Kyu !

-« Pour moi tu ressembles surtout à un homme masqué en réalité… »

Aleister avait répliqué avec un sourire. Lui qui s’était parfois demandé ce que cachait le masque du seraph venait de recevoir un début de réponse… qui ne lui donnait pas envie de creuser plus.

En tout cas, William, pressé d’y aller, fit déjà mine d’y aller, tirant un soupir à Aleister qui, plutôt que de l’aider à se lever, tenta de le faire se rasseoir.

-« Se déplacer avec une jambe dans cet état me semble être une plutôt mauvaise idée. Je sais qu’on a des guérisseurs au QG, mais inutile de leur compliquer la tâche, j’ai de quoi faire sur moi. »

Et Aleister sorti de sa grande poche son éternelle trousse de secours, qui lui servait si souvent.

-« Montre-moi ta jambe, qu’on règle ça. »

En attendant, William fit part de ses doutes et avoua avoir recruté quelqu’un… étrange comme logique.

-« Tu en connais des guerres justes toi ? Enfin à postériori, le vainqueur a toujours raison d’avoir fait la guerre, et le perdant a toujours tort d’avoir combattu, alors bon… il faut juste s’arranger pour faire partie des vainqueurs, et vivre avec sa conscience. Quand à se poser des questions, est-ce qu’on arretera un jour de le faire en tant que seraph, ou même en tant qu’humain… ça c’est une bonne question en soit. »

J'ai rapidement fini de recoudre mon manteau.... 'tain, le patchwork. Faudra vraiment que je m'attèle à le reconstruire. Je le remets et lui répond.

- Ce n'est pas pour me protéger du regard des autres que je le porte.

Quoique. Le regard d'une personne qui m'a vue sans n'est plus jamais le même après cela.
Aleister me rassoit après que j'ai essayé de me lever... Ouais. Enfin, je vais pas rester par terre, si ? Ha... Il veut me soigner. Ouais. Tu es sûr de vouloir voir ma peau ? Je peux le faire moi même... Enfin... Il va s'affoler en voyant non pas la blessure mais ce qui l'entoure. Mais... Ouais, je vais le laisser faire. J'étends ma jambe et le laisse faire.

- C'est pas beau... Tu es sûr de vouloir le faire ?... Je peux m'en occuper...

... Sommairement.

- Je connais des gens qui savent pour quoi ils se battent. Sans faillir.

Je le regarde regarder ma blessure. Là où l'ombre m'a blessé, mon pantalon s'est déchiré, révélant une chair rouge de laquelle on semble avoir retiré la peau, tout en ayant laissé des bouts pourris, vaguement verdâtre, mélange de teinte de rouge, de noir, de pourri et de vert maladie... En fait, c'est clairement pas la blessure, le plus grave.

D’accord, encore un indice, toujours pas trop rassurant. Du coup Aleister préféra ranger sa curiosité au placard pour cette fois, de peur de ne pas aimer ce que son allié aurait à lui montrer.

Et du coup, William s’assit et étendit sa jambe. Aleister se pencha dessus sous les commentaires du seraph… qui ne faisaient visiblement pas uniquement référence à la blessure. Ok, c’était quoi ça ? Aleister avait cru comprendre que la transformation en seraph incluait un pack immunité aux maladies… il restait juste à espérer que ça marche là-dessus, quoi que ces plaques sur la peau de William puissent être.

Et du coup le seraph sorti sa trousse de secours, de celle-ci du désinfectant, des compresses et des bandages, et prépara le tout.

-« Ne t’en fait pas, j’ai déjà vu pire… je crois. Attention ça va piquer. »

Un guérisseur passerait derrière dans peu de temps, et les griffes des ombres n’étaient pas censées être infectées, mais autant être un minimum prudent. Et pour les personnes qui savaient pourquoi elles se battaient… BlackBird par exemple ?

-« Je ne sais pas si je dois envier ou plaindre ces personnes qui ont une raison absolue de se battre, et ne doutent jamais. Le combat doit être plus facile pour eux à ce niveau, mais d’un autre côté… qu’est-ce qui a pu leur donner une telle détermination ? J’ai l’impression que c’est forcément le genre de chose qui se gagne dans le sang, le sien et celui des autres… »

Aleister ne suivait-il d’ailleurs pas le même chemin, à éprouver de moins en moins de remords à chaque fois qu’il versait le sang ? Et comment expliquer qu’un étudiant de 20 ans et apparemment sans histoire puisse aussi tranquillement panser des plaies, se couvrir les mains de sang en trouvant presque ça normal ? L’idée faisait peur, même si là encore le résultat rendait les choses plus faciles.

Aille. Ca pique. Il m'avait prévenu.

- T'inquiète, ça se transmet pas. Je peux te le garantir. Enfin, c'est ce que les médecins m'ont dit, et je n'ai vus personne d'autre se promener avec un masque pour cacher sa tête.

Une expression de dégoût passe sur son visage... Je le comprends. Les premières choses que j'ai perdue, après ma maladie, ce sont les miroirs de ma maison.

- La volonté se gagne souvent dans le sang. Je suis d'accord avec toi sur ce point. Ceci dit... Je me demande si l'Homme qui ne doute pas est toujours un humain. J'sais pas. Si il y a une seule chose qui est sûre, c'est qu'on ne sait pas. Enfin, au moins, on sait qu'on ne sait pas. C'est déjà quelque chose qu'on sait. Et quelque chose qui nous empêche de sombrer dans la folie.

Et sur ces mots je me laisse aller à rire sardoniquement. Ce que je dis n'a strictement aucun sens. Je me demande si être fou n'est pas une bénédiction. Après tout, les ignorants sont bénis de Dieu. Je veux dire, bénis de Kyu et Bey.

Ça ne se transmettait pas, quoi que ça puisse être, première bonne nouvelle de la journée… enfin non, Aleister était injuste, William n’y pouvait rien à son état.

-« De toute façon, j’avais cru comprendre qu’après un certain niveau, nous gagnions une forme d’immunité aux maladies… je devine qu’il s’agit de ça ? »

Si ça ne l’était pas, Aleister aurait été curieux de savoir de quoi il s’agissait. Un genre de malédiction ? L’idée semblait aussi improbable que peu rassurante. Enfin quoique, avec les pouvoirs, comment savoir…

Puis William parti, de l’avis d’Aleister, légèrement en live… enfin quoique, il y avait peut-être du vrai dans ce qu’il disait.

-« Folie qui correspondrait à l’absence de doute ? Intéressant. Pourtant je ne suis pas d’accord sur le fait qu’il faut douter de tout, c’est une façon comme une autre de devenir tout aussi fou. Il faut pouvoir se raccrocher à certaines choses, avoir des certitudes, même si elles sont éphémères. »

Un bateau sans ancre pour le maintenir en place, ni phare pour le guider, n’est qu’une coquille en perdition, c’était du moins l’avis d’Aleister.

- Heu... Non, pas vraiment.

Tiens, c'est étrange ! D'habitude, les gens ne répondent pas, quand je me mets à raconter n'importe quoi. C'est ma foi inhabituel. Du coup, je ne sais pas trop quoi répondre..

- C'est amusant, d'habitude, les gens ne répondent pas à ce genre de questions. Mais, effectivement, je suppose que tu as aussi raison : après tout, nous sommes tous à un degré de folie plus ou moins élevé, n'est ce pas ? Certains plus que d'autres, c'est tout. Après, pour le doute... Oui, tu dois là encore avoir raison : il faut des lumières pour nous guider. Et toi, Aleister, en quoi crois-tu ?

Pas une forme de maladie ? Quoi alors ? Enfin si William disait que ça ne se transmettait pas, Aleister était tout prêt à le croire. Et après avoir désinfecté, le seraph fit un bandage, tandis que William répondait à sa seconde réplique.

-« Je me laisse parfois embarquer dans ce genre de réflexion étranges, juste comme ça manière d’un peu divaguer. Enfin pour la folie, je me demande si c’est nous qui sommes fou ou si c’est le monde qui l’est… qui de la folie du monde ou de la folie de l’homme était là en premier, ça ferait un bon sujet pour un travail en philo. »

Aleister laissa échapper un petit rire ironique. La philo, voilà bien une matière qu’il n’avait jamais aimée à l’école, alors en parler maintenant.

-« Et pour ma part je crois en moi, en mes proches, et en le fait que dans notre situation, chaque jour de vie est une petite victoire en soit. Et toi William, qu’est-ce qui te sert de guide, d’accroche ? »

- J'aimais bien, la philo. Même si les professeurs qui enseigne cette matière plane souvent à cinq milles, la discipline elle-même est intéressante. Effectivement, ça ferait un bon sujet. Ceci dit, pour nous, la réponse est évidente : à près tout, les ombres sont le fruit des pensées noirs des hommes, elles leurs sont donc intrinsèquement liés.

J'aime partir en steak.

- Moi ? Hé bien... Je ne sais pas trop... Remarque que si : je crois en la vérité. Je sais que ça va te paraître assez pédant...

Hé, je suis psychanalyste, quand même, désormais chômeur, certes, mais à la base, je suis formé pour comprendre les gens au-delà de ce que eux-même comprennent de leurs pensées.

- ... Mais c'est vraiment ce qui me guide : je veux savoir.

Je fixe Aleister un instant, puis reprends ma tirade :

- J'ai tout perdu, je n'ai plus rien pour moi. Tout du moins, je n'avais plus rien. Mais, Kyu m'a donné un vœu, et une famille. Les seraphs sont tout ce qui me reste. Alors, je m'y accroche, pour survivre, et j'essaye de comprendre, pour avoir une raison de m'accrocher à la vie.

C'est un peu mélodramatique. Mais, par Kyu et par Bey, je n'ai jamais rien dit d'aussi vrai sur moi même.

-« Et les seraphs sont des fous qui chassent tout autant la cause que la conséquence de la folie humaine… notre monde est décidemment bien tordu. Et pour ma part je n’aime pas trop la philo, beaucoup de mots pour encore moins d’applications réellement connectées au monde réel que la finance, c’est dire. »

Ou s’il y en avait, Aleister ne les connaissait pas. D’un autre côté il n’avait jamais vraiment cherché à approfondir le sujet, il était branché chiffres plutôt que lettres, ce qui était un sacré paradoxe pour le grand fan de lecture qu’il était.

Puis William… fit son Naoto ? La vérité, belles paroles… surtout que William sembla les contredire de suite après en disant qu’il ne lui restait que la faction… compliqué comme concept.

-« Tu cherches à découvrir la vérité derrière les seraph pour eux ? Et que feras-tu si cette vérité est dangereuse, voir nuisible à notre organisation ? Le peu que Kyu nous a appris me fait parfois me demander si je voudrais en savoir plus… enfin sans doute que oui, je reste curieux malgré tout, mais je ne suis pas sûr que tous pensent pareil au sein de notre organisation, loin s’en faut. »

- Je comprends ton incompréhension.

C'est paradoxale.

- Ce que je veux dire par là, c'est que Kyu, en nous disant ce qu'il savait, nous a surtout fait un aveu : il ne sait pas tout. Je ne cherche pas à découvrir la vérité pour les seraphs... En fait... Essaye de voir le monde comme un tableau, un puzzle, une tapisserie. Pour l'instant, nous, on ne voit qu'un pan de cette tapisserie, on pas toute les pièces du puzzle. Dans cette optique, croire en la paix ou en les seraphs me semble... Prématurés. Peut-être y a-t-il un moyen d'éviter les combats ? Peut-être peut-on détruire toutes les ombres d'un coup ? Peut-être y a-t-il une troisième entité, une inconnu dans l'équation du petit jeu de la guerre, qui ne s'est pas encore manifesté ? La vérité, je ne veux pas la dévoiler, ou l'utiliser : je veux faire au mieux avec ce que je sais : et c'est là le problème. On ne sait pas grand chose. Par rapport à ce que j'ai dis au sujet des seraphs, c'est un autre point : je ne suis pas pour les seraphs à proprement parler. Simplement, ils sont tout ce qui me restent aujourd'hui. Tout mes amis sont seraphs. Je chasse des ombres, je me bats - ou pas - avec des nephils, je règle ma dette, en quelque sorte. Et chercher la vérité en fait partie. On ne sait pas tout : et tant qu'on n'a pas tout les éléments en main, tout mouvement peut-être dangereux. Si tu veux, si on devait mettre ça en équation, on aurait : xAz = yBz avec x le "facteur" "Kyu", y le "facteur" "Bey", A le nombre de seraphs et B le nombre de nephils : z étant la grande inconnue dont je te parlais : une troisième entité, la source du pouvoir de Melkyor, Blackbird, les Ombres, que sais-je encore ? C'est la part de la tapisserie dont on ne sait rien, la pièce manquante. C'est ça qui fait que j'évite de trop... M'engager dans la guerre. Ou même dans la paix. Et c'est aussi cette absence de connaissance qui fait que je suis aussi fidèle aux seraphs : après tout, c'est la seule donnée qui sois "sûre". Enfin, je sais pas si j'arrive vraiment à t'expliquer ma pensée. J'ai essayé de le mettre en chiffre, mais c'est vachement abstrait, et je sais pas si ça te parle.

Ouaaaaais... Je pars loin. Mais, dans la "grande équation", il serait intéressant d'en savoir un peu plus sur la donnée "Aleister". Je suis à peu près sûr qu'il peut influer sur pas mal de truc, si il agit dans un sens ou dans l'autre. Enfin, de toute façon, tout ça est très abstrait et effectivement pas mal déconnecté de la réalité.

Et William… parti loin, très loin. Aleister l’écouta pourtant attentivement, sans être trop sûr de tout comprendre en fait. Puis le seraph resta quelques instants à réfléchir à comment répondre. Enfin au final il prônait la modération, qui ne semblait pas vraiment être ce que privilégiaient leurs derniers élus en date.

-« Le fait que la situation semble équilibrée n’implique pas forcément que les 2 côté de l’équation soit strictement égaux, juste qu’ils ne sont pas trop déséquilibré, ou qu’on ne se rend pas compte, ou pas suffisamment compte du déséquilibre. Ensuite tu oublies une inconnue William : l’ampleur de ce que Kyu et Bey dissimule à leurs troupes. En fait j’ai dans l’idée que nos amis les contracteurs ont tout intérêt à ce que l’intégralité de la vérité, voir l’intégralité de ce qu’ils ignorent, ne se sache pas. Et c’est pour ça que je te dis d’être prudent : dans ta quête de vérité, tes ennemis ne sont pas les même que dans ta quête de préserver les seraph. Quand à ta modération, si j’avoue qu’elle constitue un bon compromis, n’oublie pas une chose : plus nous vivons en tant que seraph, plus nous risquons d’avoir à faire couler le sang, que ce soit par choix ou par contrainte… et plus nous risquons de devenir ainsi des cibles importantes à abattre pour le camp ennemi. Car je peux t’assurer que ces nephils peuvent être plutôt revanchard quand ils veulent. »

Aleister en savait quelque chose. Enfin pour l’instant la situation semblait plus calme, mais pour combien de temps ?

- Je ne... Pense pas... Que Kyu et Bey soient mauvais. Bien sûr, je peux me tromper : mais ils... Enfin, il est impossible d'analyser vraiment leurs paroles. Ils ne nous mentent pas : tout au plus peuvent-ils nous cacher des choses, mais... Je ne pense pas que ce soit vraiment dans leur intérêt. Pour moi, ils ne sont que la puissance qui s'oppose aux mal naturel de l'homme : les ombres.

Je sais bien tout ce que tu me dis, Aleister : je me bats moins bien, mais j'ai déjà vécu un peu.

- J'entends bien. C'est qu'il faut être pragmatique. Donc, en attendant... J'essaye de vivre. C'est un peu tous ce qu'on essaye de faire... Et j'y réussis plutôt bien, à vrai dire.

Ouais... C'est ironique, mais en fait, je ne suis pas trop malheureux. Ceci dit, ça pourrait changer. Le monde des seraphs est une roue tournante, après tout.

-« J’aimerais partager ton optimisme William, mais j’ai un peu du mal, les contracteurs ont trop l’habitude de nous donner les infos au compte-goutte. Au mieux ils ne nous mettent pas, mais je mettrais ma main à couper qu’ils nous cachent des choses, très probablement importantes. Quant aux ombres, tu étais là aussi quand Kyu nous en parlé : sur ce point il s’est carrément contenté de suppositions, ça donne une idée de ce qu’il ignore, ou de ce qu’il ne voulait pas nous dire au choix. Enfin d’un autre côté, même si j’ai raison, ça ne nous dispense pas de faire notre boulot de seraph, alors au final… »

Aleister haussa les épaules. Il n’y avait rien à dire de plus hélas.

-« Et oui, tout ce qu’on peut faire, ça et profiter quand on en a l’occasion. »

- Je sais pas. A vrai dire, j'aimerai bien discuter avec Kyu à ce sujet. Mais bon... Pas facile d'attraper une de ces bestioles.

On dirait de vieux retraité qui parle du monde, quand on nous entend discuter. Haha.

- Allons, haut les coeurs. Nos vies ne sont pas si horribles. J'ai des amis, un "travail", et une nouvelle famille. Je n'ai pas à me plaindre. Bien sûr, il faut parfois un peu se battre pour ce qu'on a... Mais c'est normal. Enfin ! Je sais pas toi, mais j'aimerai bien faire examiner cette blessure au QJ. Tu me raccompagne ?

Je suppose qu'il n'y a plus rien à dire. Si, peut-être ?...

- Juste, toi, est-ce que tu sais... Certaines de ces choses ? Que les contractants nous cacheraient ?

-« Lui tomber dessus c’est pas compliqué en soit, il suffit de croiser une personne prête à faire son contrat. Le convaincre de rester et de répondre à tes questions en revanche… ça semble en effet nettement plus délicat. »

Puis William chercha à relativiser leur situation, à raison clairement.

-« Auquel tu peux rajouter quelques avantages lié à notre nature. De toute façon tu as raison, ça ne rime à rien de se plaindre, ça ne changera pas la situation. Et pour ta blessure oui je t’y conduis, de toute façon tu auras du mal à y arriver avec une patte dans cet état je pense. »

Aleister se leva sur ses mots et tendit une main à William, afin de l’aider à se lever à son tour, tandis qu’il posait une nouvelle question, assez étrange.

-« Je n’en sait pas plus que ce que Kyu nous a dit lors de sa curieuse séance de questions-réponses. Ne t’en fait pas, si un jour une information me parvient, je me dépêcherai de la partager avec tout le monde. »

- Ouais.

C'est marrant qu'il dise ça, justement, ça m'est arrivé il y a quelque temps. Je saisis sa main et me relève avec son aide. Prenant légèrement appui sur lui, j'essaye quelques pas : parfait. On ne se déplace jamais aussi bien qu'à deux, sur un même pas.

- Merci. J'en ferai ainsi également.

Je hoche la tête dans sa direction, puis nous prenons le chemin de la base : j'ai une jambe a soigné, et les seraphs, un monde a sauvé. Tout doit aller vite.

[William Ling quitte le rp, sauf si tu souhaite ajouter quelque chose ?... En tout cas, quoi qu'il en soit, merci beaucoup ^^]

Aleister haussa les épaules sur la dernière approbation de William. Plus facile à dire qu’à faire, c’était sûr, surtout quand on n’était pas un recruteur.

Puis Aleister aida William à se lever, avant de se diriger avec lui vers un endroit où le seraph pourrait dissiper tranquillement son kekkai, à l’abri des regards.

-« Allons-y dans ce cas. »

Les courses allaient s’avérer plus longues que prévues au final… Encore heureux qu’Annabel n’avait pas besoin urgemment de ces courses.

[Aleister quitte le rp, merci à toi pour le rp ^^ ]