Les pâtisseries qu'il venait d'acheter étaient atterri dans les mains d'un petit gamin chapardeur. D'habitude, ce genre d'enfant volait d'habitude en étant dans le quartier sud, quoique venir ici pour voler n'était pas une si mauvaise idée vu le nombre de personne plus ou moins aisées qui vivaient et qui faisaient leur promenades de la journée dans le coin. Enfin, pour une fois, il voulu se faire plaisir, mais ce même plaisir fut enlevé par un stupide gamin. Leeroy ne comptait pas non plus se laisser faire, alors il était parti à sa poursuite, mais le petit courrait bien vite. Il avait pris la direction de la rue principale, là où toute les plus belles boutiques régnaient. Ces boutiques étaient d'ailleurs hors d'atteinte au niveau des prix pour quelqu'un comme Leeroy. Il avait juste de quoi payer ses études, ainsi qu'un studio et pouvoir y vivre. Après avoir fouillé le quartier sud avec Maximillian pour trouver des ombres et gagner énormément d'argent, il voulait se faire une petite folie. Enfin, il avait son numéro, donc partir à la chasse à l'argent était toujours possible. Son pouvoir était bien pratique, Leeroy ferait sans doute aussi de la bonne chasse à l'ombre s'il avait un pouvoir permettant de faire apparaître de l'argent une fois l'ombre morte.

Enfin, lors de sa course, il tourna vers la rue principale et se cogna directement contre une jeune femme. Il l'avait plutôt pas mal bousculé puisqu'il lui était complètement rentré dedans. Comme réflexe, il lui attrapa le bras, qu'elle ne tombe réellement ou non. Pendant quelques secondes, il regarda alors le visage de celle qui venait de bousculer avant de se souvenir qu'il était en train de poursuivre quelqu'un. En regardant autour de lui, il n'y avait maintenant plus aucune trace de ce pauvre gamin. Soupirant un peu, il finit par lâcher le bras de la demoiselle et de lui demander :

- Désolé, Rien de cassé ?

Rien qu'à sa manière de se tenir, et sûrement la qualité des vêtements qu'elle portait montrait qu'elle n'était pas fille d'une simple famille aisées. Peut-être aurait-il dû se montrer un peu plus respectueux, comme commencer par un « bonjour » suivis de quelques excuses avant de lui demandait si tout allait bien. Déjà, il n'avait pas vraiment abîmé son visage. Il se souvenait que sa mère n'arrêtait pas de se lamenter lorsque son visage était abîmé. Elle travaillait dans les jardins d'enfant, et certains étaient de tel démon qui pouvaient lui écrire sur le visage, bien qu'elle essayait parfois d'avoir l'autorité sur eux.

Sans vraiment faire d'effort, il avait bien aperçu son joli visage. C'était une belle jeune femme, mais comme Leeroy n'était pas du tout genre dragueur ou à s'intéresser plus que cela aux femmes, ce détail lui passa bien outre tout le reste. Mais dès qu'elle s'était mis à parler, il devina alors au moins qu'elle était un peu prétentieuse sur les bords, mais il avait connu bien pire. De son air le plus naturel, donc le moins expressif du monde, il finit par répondre au moins quelque chose qui risquerait de ne pas vraiment lui plaire :

- Ni l'un ni l'autre en fait. Je poursuivais juste un mioche et je t'ai rentré dedans.

Son regard se perdit quand même derrière cette femme, pensant à ces délicieuses pâtisseries qu'il aurait pu déguster chez lui si un gamin ne l'avait pas volé. Après quelques secondes d'inattention de sa part qu'elle pouvait largement remarquer, il reporta son regard sur la jeune femme.

- Enfin, si vous n'avez rien de casser, c'est le principal dans ce cas. Je m'excuse pour cette bousculade… involontaire.

Il insista alors encore sur le fait qu'il n'avait pas fait exprès de lui rentrer dedans, contrairement à ce qu'elle essayait de dire via ses paroles qui donnaient l'impression à Leeroy d'être un type dragueur alors que cette femme était peut-être plus vieille que lui. Le solitaire avait une préférence pour les jeunes femmes plus jeunes, et non plus vieille. Enfin, le point positif qu'il pouvait lui accorder, c'était sans doute sa personnalité qui était loin d'être énervante comme la plupart des personnes aisées au niveau du revenu.

Leeroy était assez surpris, bien que cela ne se voie pas sur son visage, qu'elle n'ait pas encore remarqué les écailles qu'il avait sur la joue. D'habitude, un regard sur son visage suffisait à voir les tâches dérangeantes. Pour contrer cela, il avait maintenant l'habitude de mettre une capuche pour assombrir un peu plus son visage. Leeroy avait la chance de pouvoir atténuer la vision que les gens avaient sur lui, mais là, il n'en portait pas, alors elle avait dû le remarquer immédiatement.

Si elle était aussi confiante à propos de ce tapis où elle avait du mal à tomber dessus, c'était qu'elle était sûrement forte, où alors c'était encore une jeune femme avec un caractère bien prétentieux à l’extrême, ce qui fatiguerait assez vite le solitaire, même s'il devait avouer qu'il préférait les jeunes femmes qui le fatiguaient dans le bon sens du terme, c'est-à-dire une femme qui était tout le contraire de Leeroy dans son état de vivre.

Ensuite, il vit la main s'approcher de sa joue après qu'elle lui ait parlé d'une sorte d'allergie. C'était pour le moment la première fois quelqu'un comparait ça à une allergie. Une nouvelle, mais bon, tout comme le reste, il allait devoir répondre par une excuse bidon puisqu'il ne pouvait tout de même pas dévoiler le vrai secret des pouvoirs à quelqu'un qu'il pensait encore humain.

- Une maladie infantile, ça te fait peur ?

Leeroy fixa alors la jeune femme dans les yeux, restant toujours aussi stoïque, pourtant connaître la réponse pouvait être d'autant plus intéressant. Ça pourrait peut-être changer des réponses habituelles sorties par des filles prépubères, aussi matures que des macaques ou des filles complètement superficielles qu'il avait l'occasion de croisé à la fac, l'endroit où il étudie.

- L'Ichtyose, provoque une transformation de la peau.

Il avait donné le nom et vaguement expliqué à quoi cela correspondait. Heureusement qu'il avait un changement qui était comparable à une maladie réelle, même s'il aurait préféré ne rien avoir.

Son albinisme était sans doute la première chose qu'il aurait dû voir chez cette jeune femme, mais il avait d'abord été absorbé par son visage. Ses yeux étaient effectivement de couleur rouge, et ses cheveux étaient blancs. Elle aussi, avait un certain défaut, bien qu'il n'entache pas sa beauté comparée à lui. C'était plutôt disgracieux, d'avoir des écailles sur le visage, ou même sur tout le corps à des endroits bien distinct. Au début, ce n'était pas vraiment facile à vivre, il s'y habituait, pourtant, la haine qu'il avait envers Kyu à force était de plus en plus grande. Il ne pouvait pas contrôler ses sentiments haineux. À ces pensées, il soupira un peu et afficha un très léger sourire sur la remarque de la jeune femme.

- Non ça n'empêche pas d'avoir faim. Si vous m'invitez un prendre un morceau, je pense que je ne vais pas pouvoir refuser dans ce cas.

Il comptait même pouvoir payer lui-même ce qu'il comptait manger, à moins qu'elle ne l'emmène dans un café ou autre chose du même style qui n'était pas dans ses cordes niveau argent. Au vu du quartier dans lequel il se trouvait, cela ne l'étonnerait même pas. De toute façon, il allait laisser Cassandre choisir le café. Bizarrement, il avait l'air d'être un peu plus sociable avec elle, en même temps, sa réponse précédente, lui avait bien plu.

- Quel est votre nom ?

La politesse disait qu'il était normalement mieux de donner son prénom en premier avant de demander celui de son interlocuteur, mais Leeroy n'avait jamais fait ça. D'ailleurs, c'était rarement lui qui demandait le nom, la plupart du temps, on le lui demandait. La sociabilité de Leeroy n'était pas sa plus grande qualité.

- Genre, tu me bouscules et en plus, c'est moi qui dois t'offrir de quoi te remplir l'estomac? Tu manques pas de culot, dis donc.

Leeroy ne répondit pas vraiment à cette remarque ou question qui semblait rhétorique. Il n'avait que déplacer son regard un peu sur le côté, n'osant pas vraiment répondre à cela. En revanche, elle continua et lui donna son prénom. Et ce faire appeler « beau brun » était un peu osé. Il ne s'était jamais considéré comme tel, mais cela le rendait légèrement nostalgique. Il ne savait pas vraiment s'il pouvait parler de nostalgie quand cela lui faisait penser à des choses qui se passaient il y a encore un mois, mais il soupira un peu. Ce n'était pas un soupir qui paraissait désagréable dans l'acte. Ce geste était là pour représenter son soulagement en quelques sortes. Vaguement, Leeroy repensait à cette Lulu, une jeune femme dans sa promotion de deuxième année en biologie qui était follement amoureuse de lui, jusqu'à que des écailles lui apparaissent sur la figure.

- Et pour un pause casse-croûte, je connais l'adresse parfaite. Après, auras-tu le cran de m'y suivre, c'est une autre question...

Ce qu'elle venait de dire partait presque dans le sens du défi. Un défi que Leeroy ne pouvait pas se permettre de refuser après lui avoir sous-entendu de l'inviter. Il n'était plus vraiment vieux jeu, où l'homme devait absolument payer ou invité la femme au restaurant ou ailleurs. Mais il n'était pas profiteur à ce point, cela lui arrivait de vouloir absolument payer pour quelqu'un d'autre, un peu comme avec Samantha, il y avait maintenant plusieurs mois. Sur ce coup-là, pour Cassandre, un goûter à payer en plus, ou un de moins, elle n'était peut-être pas à ça près.

- Ça me paraît évident.

Après lui avoir répondu sur le fait qu'il voulait bien la suivre jusqu'à cet endroit, sois disant parfait, il rangea ses mains dans les poches de sa veste à capuche. Avoir le cran de la suivre pour aller manger, il l'avait, mais il n'oubliait tout de même pas que pour tout autre chose, il pourrait s'agir d'un lâche complet.

Même si elle disait qu'il traînait, ce n'était pas vraiment le cas. Il n'était que quelques pas derrière elle. C'était comme s'il visitait les lieux puisque venir dans ce quartier n'avait strictement aucun intérêt pour lui, et ce, même s'il habitait ici depuis sa naissance. Maintenant qu'il y pensait. N'était-ce pas un peu triste de rester constamment, et toute sa vie dans cette ville ? En même temps, avec ces histoires de contractants, il se sentait déjà presque enfermé dans une cage dans laquelle il avait intérêt à se faire tout petit. Comme ce n'était pas le moment de penser à cela, il posa son regard sur la demoiselle qu'il accompagnait pour se rencontrer sur sa petite sortie avec elle.

Le petit café où Cassandre l'amenait faisait exactement très kitch, tout comme avait dit. Lorsqu'il était entré, il savait d'office qu'il n'aimait pas l'ambiance que donnait la décoration. Ce n'était pas du tout dans le style de Leeroy, qui lui, préférait largement les cafés un peu plus sobres et passe-partout, voire peut-être à l'ancienne. Il n'allait pas chipoter non plus, ce n'était pas un gamin capricieux, il pouvait quand même rester ici, cela ne le dérangeait pas, surtout qu'il se faisait inviter. Il allait plutôt laisser Cassandre faire sa petite affaire, et avoir confiance en elle. Si elle l'avait emmené ici, c'était sans doute pour une bonne raison.

- D'accord, je vous attend.

Leeroy s'approcha alors du comptoir pour regarder ce qu'il y avait dans les petites vitrines en face de lui, et voir ce que ce café avait à proposer en même temps. Une petite pâtisserie pour rembourser celle qui était volée, avec une petite boisson serait parfait. Alors qu'il était en train d'y réfléchir, il entendit alors un cri un peu hystérique. Au début, il se demandait qui est-ce qui pouvait bien crier de la sorte, Cassandre ? Non, impossible. Soupirant, il abandonna l'idée de chercher, et reprit ses activités jusqu'à que la jeune femme revienne dans sa direction pour lui parler.

- Je ne sais pas trop. C'est sympa d'avoir quelqu'un avec ce comportement. Je trouve ça plus attrayant pour un endroit qui est sensé être un café. Tant qu'elle sait rester sérieuse dans les moments critiques, je ne vois pas ou est le problème. Vous vous connaissez depuis longtemps ?

Sa question était bien évidemment en rapport avec ce cri qu'il avait entendu plus tôt. S'il était en destination de Cassandre quand la gérante l'avait vu, alors ils se connaissaient forcément, et peut-être personnellement.

Le seraph constata sans problème comment l'ambiance de ce café pouvait être géré avec la présence de la gérante. C'était assez amusant à voir qu'une personne pouvait totalement changer ce qu'il s'y passait en étant le centre d'attention de tout le monde. En fait, c'était assez impressionnant à voir.

Très rapidement, il se retrouva alors avec un menu entre les mains. Dans le contenu de la carte, il n'y avait rien à redire, ou alors peut-être qu'il y avait trop de choix. À vrai dire, à l'heure actuelle, il ne savait pas encore quoi choisir. En attendant, la gérante avait énoncé que c'était offert par la maison. C'était bien gentil de sa part cependant, tout cela était grâce à Cassandre, donc il pensera au moins à la remercier à la fin de la petite pause café.

Parcourant le menu, il était à la recherche d'une pâtisserie qu'il pourrait alors profiter de manger dans ce genre de situation, qui n'arrivait pas souvent. Ce n'était pas tous les jours qu'il croisait une riche, qui se faisait offrir quelque chose avec des prix exorbitants. Entre les pâtisseries au chocolat et ceux au fruit, c'était dur de choisir. Enfin, finalement, il avait fait son choix.

- Une tartelette au chocolat et à la fraise s'il vous plaît. Ainsi qu'un café viennois, comme on me l'a recommandé.

Leeroy se mit alors à regarder Cassandre puisque c'était à elle de commander quelque chose. Bien évidemment, il se sentirait mal à l'aise si elle venait à ne rien prendre. Après avoir fini sa commande, il posa alors le menu sur la table et comptait simplement atteindre et discuter avec Cassandre si son côté asocial ne ressortait pas de trop. Il ne se serait jamais imaginé devoir payer une telle somme.

Peu importe que les gens les regardaient ou non, cela ne le dérangeait absolument pas. Quant au petit voleur que venait d'énoncer Cassandre, c'était un sale mioche.

- Il m'a volé une simple part de brownie.

Entre ce petit gâteau au chocolat, ce que venait de commander Leeroy, cela se voyait qu'au moins il était légèrement friand de chocolat. En général, s'il prenait quelque chose de sucrée, il y aurait forcément ce petit goût amer et légèrement sucré du chocolat noir. C'était très certainement ce qu'il préférait pour le moment. Ces goûts avaient énormément changé, il suffisait de voir comment il préférait le chocolat étant plus petites. Il avait opté plus souvent pour le chocolat blanc, puis était passé au lait dans les années du lycée, avant de finir sur du chocolat noir.

Enfin, il n'était pas si insatisfait de la situation. Si ce gosse ne lui avait pas volé le gâteau, il ne serait alors jamais rentré dans cette jeune femme qui venait de lui offrir la possibilité de manger quelque chose dans ce café qui n’excellait pourtant pas dans la décoration.

- En tout cas, j'espère ne pas être déçu comme vous me l'avez dit.

Même s'il était quelque peu pressé de goûter à ce qu'il allait avoir devant les yeux, il attendit quand même, patient. Leeroy ne faisait pas son enfant. Vivre seul et indépendamment avait ses bons côtés pour être de plus en plus mature.

À sa remarque, il ne pouvait pas s'empêcher de ressentir un petit soupçon de regret sur son mensonge. Faire passer cela pour une maladie était simple, mais pouvoir garder ce choix sans le regretter, c'était une tout autre histoire. Évidemment, elle lui parlait comme si Leeroy comprenait parfaitement le « Après tout, ce lieu est comme nous, un peu à notre image. Il ne faut pas se fier à sa simple apparence. ». C'était vrai, pourtant, il n'avait pas vécu cela toute sa vie, juste depuis quelque temps en fait. Il s'y en était presque habitué. Leeroy avait reçu l'autorisation de garder sa capuche pendant les cours. Sa chevelure sombre et sa capuche qui l'était aussi lui permettaient d'assombrir son visage pour moins voir les traces d'écailles qu'il avait sur la joue. C'était sa petite technique, mais ce cacher ainsi était dérangeant.

- Sinon, tu fais quoi dans la vie à part te faire voler des brownies et bousculer les jolies filles ?

Leeroy était contractant solitaire, se battant pour une cause presque qu'il pense néanmoins perdu d'avance. Il avait des pouvoirs et se battait avec contre des monstres noirs appelés ombre, puis il y avait aussi cette guerre entre deux factions à cause de deux félins stupides. Non, il ne pouvait pas lui parler de tout cela, mais sa vie humaine n'était pas si passionnante que cela.

- Je suis étudiant en biologie, et vous, à part inviter les beaux jeunes hommes qui vous bousculent ?

Pendant que Leeroy l'écoutait parler, ce qu'ils avaient commandés avait finit par arrivée. Le jeune homme leva alors un peu les yeux pour remercier la personne qui avait apporté les pâtisseries. Ensuite, il baissa un peu son regard pour se re-concentrer sur Cassandre et ses paroles. Tout comme l'avait pensé, elle était riche et ce n'était rien d'étonnant au vu de son allure. Rare était les riches à qui ils parlaient. En même temps, il était bien différent d'eux dans certains points.

- On a tous des inconvénients. Et puis tout le monde veut ce que l'on ne possède pas. Et si l'on doit céder quelque chose en retour, on finit toujours par regretter peu importe le choix fait.

En disant cela, il faisait forcément référence au voeu qu'il avait fait à Kyu. Leeroy regrettait d'avoir donné son âme au diable en échange de quelque chose. « Si seulement je n'avais pas fait » pensait-il assez souvent. D'un autre côté, il se disait que si Kyu n'était jamais apparu, ou s'il avait tout bonnement refusé, il aurait regretté aussi. C'était le bon exemple pour illustrer ce qu'il venait de dire, mais il ne pouvait pas vraiment en faire à la demoiselle.

Comme la commande était arrivée, il commença alors à manger ce qu'il avait sous les yeux à l'aide d'une cuillère. Leeroy ne s'était même pas laissé le temps d'admirer la présentation impeccable de cette petite tarte qu'il avait déjà commencée. LE goût était nettement plus important pour lui, et effectivement, il n'en était pas déçu.

- Ça fait longtemps que je n'ai pas mangé quelque chose comme ça. Ça change des gâteaux de pâtisserie banale.

Si vraiment l'existence était résumée à cela, alors Leeroy ne faisait que faire de mauvais échange. Quoiqu'il ne se souvenait pas d'avoir échangé quelque chose pour bien s'entendre avec John. Il pensait ne pas pouvoir appliquer cela au relation humaine. Ou alors simplement parce qu'il avait amené des gamins à l'orphelinat qu'il s'était fait aimer de John par la suite ? C'était beaucoup trop compliqué à réfléchir, c'était beaucoup mieux de laisser couler ce genre de chose, sans trop y réfléchir.

De toute façon, les pâtisseries étaient arrivées et il ne pouvait pas se permettre de penser négativement devant des merveilles pareilles. Évidemment, il n'avait pas vraiment attendu Cassandre pour commencer sa nourriture, mais il s'arrêta pour commencer à regarder ce qu'elle faisait, quelque chose d'inconnu pour lui. Leeroy trouvait cela d'ailleurs bizarre que la jeune femme mette une plante dans le thé. Alors qu'il était en biologie, il ne connaissait pas cela. À vrai dire, il ne s'intéressait réellement qu'à la faune.

Quand ce qui semblait être une fleur se retrouva alors dans l'eau, le solitaire eu alors la plus grande surprise qu'il pouvait avoir aujourd'hui. Il fronça un peu les sourcils à la vue de ce spectacle qui paraissait être presque magique. Puisque les pouvoirs magiques pouvaient exister dans ce monde, plus rien ne devrait le surprendre, pourtant, il regarda un peu sur les autres tables pour voir si d'autres personnes avait la même commande. Exactement comme il espérait d'autres avait la même chose qu'eux. Donc cela ne venait pas uniquement de Cassandre.

- C'est plutôt bien fait et étrange.

Penser à une fleur qui éclot ainsi ne semblait pourtant pas si fou après réflexion. Comme c'était la première fois qu'il voyait cela, cette fleur l'avait un peu impressionnée sur les premiers abords. En tout cas, ce n'était pas quelque chose qu'il pourrait voir tous les jours.

- Je ferais de profiter de cette vue, ce n'est pas quelque chose de très commun. Ca m'étonnerait que les autre café normaux peuvent proposer ce spectacle.

Ce genre de thé avait donc un titre : « Blossom Tea ». Même le nom donnait vraiment une bonne impression sur la chose. L'infusion se faisait donc comme Cassandre l'expliquait. Il devait s'avouer que la jeune femme venait de faire découvrir quelque chose à Leeroy et il lui en serait probablement reconnaissant. Il adorait pouvoir apprendre de nouvelle chose constamment. Se coucher en sachant toujours quelque chose de plus était-ce qui lui plaisait le plus. C'était d'ailleurs pourquoi il lisait toujours un petit livre sur la biologie notamment pour s'instruire avant de dormir.

- Non, vous venez de m'apprendre quelque chose. Je suis un peu plus porté sur la faune. Je ne m'intéresse très peu à la flore, alors il m'arrive vraiment de pouvoir découvrir des choses de la sorte. Au début, j'étais impressionné, venant à penser que c'était magique. Mais pour quelqu'un de scientifique, j'ai réalisé largement que c'était possible.

Quant au gâteau de Leeroy, celui-ci fut bien entamé mais pas encore totalement fini. Pour parler, il avait évidemment abaissé sa cuillère tenant à la règle de ne jamais parler la bouche pleine. Une fois terminé de parler, et laissant donc Cassandre continuer la conversation, il décrocha un autre bout de sa petite tartelette pour la manger.

Il n'y avait rien à redire sur le goût, et même sur la présentation esthétique de sa pâtisserie. Le goût était superbe, comme si la crème qu'il y avait dessus fondait dans sa bouche. Chaque partie qu'il prenait et qu'il mangeait, il la savourait à chaque instant et chaque seconde.

Leeroy tilta légèrement sur la question qu'elle avait posé. Sans faire exprès son sourcil fit un petit bond sur son visage en guise de tic non contrôlé de sa part. C'était particulièrement bizarre d'entendre ce genre de choses alors qu'il savait très bien que la magie existait, mais vraiment, il ne pouvait pas lui répondre comme une réponse positive. Enfin, de toute façon, si elle était vraiment humaine, elle ne comprendrait jamais et pour ce qui était du contraire, autant que cette jeune femme le voit comme un humain. C'était mieux ainsi.

- Probablement, je ne crois pas vraiment à la magie.

L'idée était de se faire passer pour un total scientifique, ce n'était pas faux puisqu'il était en biologie, cela pourrait paraître tout à fait logique. Cette réaction risque de la décevoir, mais il ne voulait rien montrer de ce qu'il cachait. Aussi, elle lui fit agréablement remarquer qu'il ne l'avait absolument pas attendu pour commencer à manger. Leeroy considérait qu'à partir du moment où tous les plats étaient sur la table, il n'y avait plus besoin d'attendre.

- Bon appétit à vous aussi.

Cette fois, il attendit que Cassandre commence son gâteau pour reprendre une bouchée et se régaler comme à chaque autre.

Il devait avouer qu'il n'était pas adepte des cours de philosophie. Le nom qu'elle avait cité lui disait vaguement quelque chose, en revanche, la citation, c'était sans doute la première fois qu'il l'entendait. Enfin, il comprenait ce qu'il voulait sans pour autant être d'accord avec lui. Parfois, en croyant, on pouvait tellement y perdre, croire en des opinions pouvait être dangereux surtout dans un monde dans lequel il vivait.

- C'est sympa, c'est juste un lieu d'étude.

Voilà le stéréotype parfait de l’asocial qui restait seul pour travailler. Au début, c'était ce qu'il faisait, maintenant, il n'avait pas besoin de le faire oralement, son visage s'en occupait très bien tout seul. Lorsque quelqu'un s'approchait de lui, bizarrement, parfois ils fuyaient comme la peste. C'était désagréable, mais supportable.

- Et vous ? Que faites-vous de vos études exactement ? Si vous me posez cette question, c'est que vous n'y êtes pas.

Ha, c'était vraiment une gosse de riche jusqu'au bout, bien qu'il pensait du bien d'elle jusqu'à maintenant. Elle avait donc des précepteurs qui lui faisaient cours directement chez elle. Certaines personnes n'aimeraient simplement pas ça après avoir goûté à la fac parce qu'il y a la possibilité de s'y faire des amis, des relations, alors qu'avec les précepteurs, tu restais toujours seul. Leeroy ne pouvait pas vraiment comprendre puisque l'un ou l'autre, pour lui c'était la même chose. Très rarement il parlait avec ses collègues de promotion. En même temps, ils avaient tous décidé de s'éloigner un peu plus de Leeroy. Ces marques sur le visage ne plaisaient pas. Enfin bon, ça ne changeait pas grand chose au final. Il parlait déjà à personne.

- Je trouve que c'est assez stupide. On souhaite vraiment toujours ce que l'on a pas. Je pense avoir une vie avec plein de surprises, mais je n'en veux pas.

Une vie déjà toute tracée pourrait être plutôt pas mal. Le solitaire aimait pas mal le concept. Au moins, il n'allait pas vivre dans la peur de ne pas savoir ce qui allait lui arriver, et surtout qu'allait-il devenir ? Car au final, il faisait des études pour atteindre un objectif précis, mais il n'était même pas sûr d'y arriver. Faudrait-il déjà qu'il arrive vivant au bout de ses études. Être contractant n'était pas la meilleure solution pour avoir une vie longue et pleine de joie.

Il se pourrait très bien qu'un autre contractant puisse mettre fin aux jours de Leeroy s'il ne le faisait pas lui-même. La mort serait d'ailleurs un échappatoire assez intéressant s'il en venait à ne plus supporter cette vie. Un instant, il leva les yeux en l'air, se disant qu'il pensait vraiment comme un dépressif suicidaire, alors qu'il ne l'était pas encore.

- Si je suis toujours là, je pourrai vous faire la visite.

- Je vous l'ai dis, ma vie est pleine de surprise. Je ne compte pas partir, mais on ne sait jamais.

Faire de l'humour sur ça n'était peut-être pas la vrai solution vu l'optimisme de Leeroy en ce moment-même. La survie, il n'y croyait pas trop et il pourrait même croire à sa mort le lendemain de cette journée. C'était possible. Mais il était également possible qu'il survive jusqu'à ses 40 ans. Ça jouait surtout sur le hasard des rencontres. Leeroy finit par soupirer un peu à force de penser de cette manière, serait-il devenu fataliste ?

Lui-même avait du mal à se convaincre du contraire. Il devait aussi s'avouer que sa vie en ce moment même n'allait pas si bien que cela et craignait encore le pire. Heureusement qu'il y avait toujours ce petit John pour lui remonter le moral ou pour passer du temps ensemble. Bizarrement, ça le réchauffait toujours d'avoir sa présence à côté de lui, comme un meilleur ami au final.

Avec sa cuillère il prit le dernier bout de pâtisserie qui lui restait dans son assiette et finit le tout avec une petite gorgée de sa tasse de thé, servi au préalable juste avant.

- Je pense que je dois te remercier pour ce goûter très appréciable.

- Dommage. J'essaierai sur une autre jeune femme alors.

C'était tout à fait provocateur. Évidemment, il ne comptait pas faire ça, ce serait déplacé et il n'était pas encore assez fourbe et profiteur pour faire de tels actes. Mais pour une fois, il pensait à faire un peu d'humour pour essayer de changer son attitude un peu maussade du moment. Il se servit une dernière tasse de thé, celle-ci est servie pour être dégustée tout en discutant avec la charmante demoiselle en face de ses yeux. Pas la peine de se le cacher qu'il la trouvait sympathique au niveau du physique.

- Mais bon, pour ça, il faudrait que toutes les femmes se ressemblent. Je ne suis pas à l'abri d'une gifle perdue.

Gifle qu'il aurait totalement pu se prendre de la part de Cassandre après lui être rentré dedans, mais heureusement, elle n'était pas comme ça. Des femmes qui auraient pu faire ça, il en connaissait quelques-unes. En même temps, elles s'emballaient très vite sans jamais rien écouter, de genre de fille un peu chiante.

- C'est bien, tu es assez réaliste pour t'en rendre compte. Ça te permettra peut-être de l’esquiver du coup, si tu as d'assez bons réflexes. Sinon, j'ai une astuce pour toi.
Tends ta joue en mode arbre. Tu verras, si c'est une vraie fille à Papa, elle va tellement avoir peur qu'elle ne te touchera même pas...

Ah ça, il pouvait y croire comme sur parole. Déjà voir que de simple jeune fille ou jeune femme d'ailleurs qui n'étaient pas spécialement riches étaient dégouttée, il était facile de s'imaginer comment une fille à papa réagirait. Ce serait même presque amusant de regarder ce spectacle. Alors qu'il ne voyait qu'une malédiction à son pouvoir, Cassandre venait de lui trouver un petit côté positif.

- Rien que pour voir la réaction, je pense que je le ferais au moins une fois.

Leeroy, ayant terminé son repas, posa la tasse sur l'assiette, ainsi que la cuillère qui avait été donné avec pour que le serveur puisse s'en occuper et transporter la vaisselle sans trop de soucis.

- Enfin, je vois que visiblement, le repas t'as plu. C'est Diamond qui sera ravi de voir que tu n'as rien laissé dans ton assiette.

Affichant un sourire, s'il pouvait commander encore quelque chose d'autre, il le ferait, mais il ne fallait pas non plus abuser de leur gentillesse, et surtout qu'il commençait aussi à se faire tard. D'ailleurs, il espérait ne pas avoir trop chamboulé l'après-midi de l'albinos. Si elle n'avait rien de prévu, tant mieux.

- En même temps, je m'imagine mal quelqu'un ne pas finir son assiette ici.

Si une humaine osait frapper Leeroy au niveau de visage, et surtout au niveau de ses écailles, elles risquaient gros. Les écailles étaient déjà pas mal résistantes et il ne savait pas vraiment encore l'effet que ça pourrait avoir sur sa main, les os brisés peut-être ? Il n'avait jamais essayé. Jusqu'ici, seulement John avait eu la chance de pouvoir tester la dureté de ses écailles avec ses poings. Apparemment, il l'avait regretté après. Donc si ça faisait déjà mal pour un contractant, il n'imaginait même pas la douleur que pourrait ressentir une jeune fille en lui claquant la joue.

- Je m'assurerais que tu sois là dans ce cas.

Une forme d'humour, parce que bon, il n'avait pas son numéro, aucun moyen de contacter, et s'il la contactait vraiment, on pourrait facilement les comparer à deux gamins qui se rejoignaient pour aller faire une mauvaise blague à un passant. Ce serait effectivement plutôt bizarre.

- Oui. J'ai passé un bon moment en ta compagnie, mais je crains que je vais devoir y aller. J'espère ne pas avoir trop perturbé ta petite après-midi.

En tout cas, Leeroy n'avait rien à redire sur la sienne qui avait tourné de manière positive. S'il faisait tous ces comptes, au final, il avait payé une pâtisserie bas de gamme et avait pu en avoir une de meilleure qualité parce qu'on l'avait volé. Sans ce vol, il ne sera jamais rentré dans Cassandre.

Une personne comme elle devait forcément être occupée, même si Leeroy n'arrivait pas du tout à s'imaginer comment pouvait être sa vie. Remplie ? Très certainement. Elle avait l'air d'avoir pas mal d'obligation. En tout cas, c'était comme ça que les personnes moyennes voyaient celles de la haute. Ça paraissait presque normale en fait. Quand elle se leva de la chaise, le solitaire fit de même et salua la jeune femme.

- Très bien, je te souhaite une bonne journée dans ce cas.

Quand Cassandre quitta la pièce il se dirigea vers celle qui leur avait apporté les délicieuses pâtisseries. Il n'allait évidemment pas partir sans la complimenter et la remercier un petit peu. Une fois ça de fait, à son tour, il partit de cet endroit. Il n'avait plus qu'à rentrer chez lui, après cette journée qui s'était bien passé par le biais d'une rencontre assez intéressante. S'il avait l'occasion de la revoir, il accepterait bien sûr.

En sortant, Leeroy remit donc sa capuche pour cacher un peu son visage, surtout sa joue. Maintenant, direction chez lui pour travailler un peu son devoir maison à rendre.