Le vent était légèrement frais, alors Alice s'était munie d'une petite veste pour contrer ce temps qui était nuageux et venteux. C'était vraiment désagréable, mais elle ferait avec. De plus, il n'y avait pas de garde du corps avec elle pour lui tenir le parapluie. Elle revenait de son entraînement avec Diarmuid, alors en général, elle n'amenait ni Russel, ni John avec elle. En fait, c'était une activité qu'elle gardait dans le secret puisque son père ne voulait pas que sa jolie jeune fille devienne une personne violente et maîtriser l'art du combat, cependant, Alice en avait décidé autrement.

La jeune femme devait donc passer par le quartier est pour pouvoir rentrer chez elle dans le quartier nord. Alice en soupirant, quoique que c'était déjà mieux que de passer par le quartier sud ; quartier qu'elle ne supportait vraiment pas à cause des saletés, des maladies, des délinquants, des pauvres et de tout ce qui s'en suivait. Bien sûr, la bourge avait tendance à exagérer la situation qu'il y avait là-bas, mais se croyant vraiment supérieure à ses gens-là, elle les traitait presque comme de la vermine, des vulgaires fourmis qu l'on pourrait écraser sans états d'âme. Après tout, à quoi servait-il ? Si John l'entendait penser de la sorte, ils se chamailleraient peut-être encore. Quelle idée d'avoir recruté un jeune homme du quartier sud comme garde du corps. C'était insensé et peut-être la seule exception qu'elle avait faite jusqu'ici.

Pendant qu'elle marchait dans un parc pour but de le traverser, un petit gamin d'âge six ans fonça alors sur la demoiselle pour la seule raison qu'il la trouvait belle et aurait aimé avoir un câlin de sa part. C'était certes très étrange, pourtant, c'était vrai. Comme il y avait de la boue sur ses vêtements, avant qu'il ne touche la jeune fille, cette dernière le repoussa assez violemment. Le petit garçon bouscula alors quelqu'un d'autre.

- E-Excusez moi m'amdam, j-j'ai pas fais exprès.

Au final, c'était le petit qui s'excusait et non Alice. Elle n'avait fait ce qu'elle avait à faire. Pourquoi un microbe viendrait salir ses beaux vêtements parce qu'il voulait faire copain-copain ? Elle l'avait ses vêtements tous les jours, mais ce n'était pas une raison pour s'occuper de gamin qui ne pouvait pas faire attention. Leur mère devait peut-être être verte.

Comme elle avait poussé ce gamin sur quelqu'un, elle posa son regard sur cette fameuse personne et l'a relooka du regard. Alice eut alors son habituel regard méprisant qui faisait comprendre que la personne en face était bien inférieure pour elle. Le pire était quand elle pensait lui faire un conseil. Alice ? S'excuser ? Elle afficha un petit sourire tout aussi méprisant et la regarda de haut.

- Qui êtes-vous pour me dire ça ? Enfin, vous me direz, c'est normal pour deux insectes de se protéger mutuellement.

Cet enfant le méritait. Il était sale et avait osé penser à se coller à elle pour recevoir un câlin. Malheureusement pour lui, Alice n'en faisait jamais et surtout avec des passants du quartier est qui avait le risque de lui faire contracter n'importe quoi comme maladie. C'était ce qu'elle croyait. En tout cas, ses petites manières et ses vêtements de qualités en disaient long sur la classe sociale à laquelle elle appartenait. Contrairement aux autres qui habitaient ce parc, elle était facilement remarquable.

- Un animal doit rester à sa place. N'oubliez pas ça s'il vous plaît.

C'était méchant, mais pas pour Alice. Tout cela lui semblait parfaitement raisonnable et sensé. Enfin, même si elle prononçait ce genre de chose sans arrêt, elle se souvenait déjà d'être gentille avec des personnes de leur trempe. Penser à ça avait tendance à la dégoûter.

Son raisonnement était complètement faux pour quelqu'un qui pensait comme Alice. Elle ne considérait pas que des Hommes de la basse classe étaient pareils que les autres. Elle trouvait presque sa réponse comme risible.

- Vous croyez ? Je ne pense pas. Il y a plusieurs sortes d'humains voyez-vous. Ça m'étonne que vous ne sachiez pas cela. Vous êtes vraiment inculte alors.

Les deux jeunes femmes ne pourront jamais être comparées comme voudrait l'interlocutrice d'Alice puisque la bourge n'accepterait jamais ce genre de choses dans son être intérieure. Les deux pensaient trop différemment. Arata était très probablement quelqu'un de compatissante et gentille, tandis qu'Alice était le total contraire. En tout cas, elle avait appuyé son commentaire concernant les insectes tel qu'eux. Elle traitait certains Hommes d'insecte, et d'autre ne l'étaient pas. Certains étaient des « quelconques mammifères sans cervelle ». À qui avait-elle déjà dit cela ? Quelques secondes de réflexion pour se dire qu'elle ne se souvenait plus.

C'était largement insultant de dire qu'Alice pensait comme Hitler. Ce n'était pas du tout le cas. Enfin, heureusement d'ailleurs, jamais elle n'ira infliger la même sentence que certains humains ont eu. En fait, elle ne touchait pas physiquement aux gens. Rien que l'idée de les atteindre physiquement et violemment la dégoûtait. Ce qu'elle voulait dire, était uniquement lié à la classe sociale, à la richesse de la personne, qu'il existait des vermines et des hautes personnes. Puis, cette jeune femme finit par comprendre l'idée émise par Alice.

- Évidemment que s'il s'agissait d'un enfant riche, je l'aurais traité différemment. Franchement, si c'était le cas, il ne serait pas habillé si salement et aurait beaucoup plus de manières. Je ne vois pas pourquoi je l'aurais mal traité.

En général, les enfants tels qu'elle avait connu en étant beaucoup plus petite n'étaient pas aussi turbulents qu'eux. À l'époque, Alice était en France et les gamins étaient beaucoup mieux élevés, à rester calme, polie et adorablement gentil.

Elle lui laissa quand même la grâce de pouvoir s'exprimer. Avec d'autres, elle leur aurait probablement coupé la parole pour lui dire qu'elle s'en fichait pertinemment. Encore maintenant, ce qu'elle lui disait lui passait totalement à travers, comme si son éducation à elle faisait barrière. Alice n'avait pas eu la chance d'avoir des parents très présents à cause de leur travail, elle avait fait une sorte d'auto-éducation, se disant elle-même si ce qu'elle faisait était bien ou non. À l'heure actuelle, quelques personnes proches avaient tendance à essayer de la rendre gentille, mais ce n'était pas gagné.

Alice descendit alors son regard sur le gamin qui avait sans doute un peu trop d'espoir dans le regard puisqu'elle puisse faire quoique ce soit. Quand même bien, son esprit arrivait à s'enlever de ce genre d'attitude pour agir comme à la normale.

- Je me fiche de ce qu’adviendra cet enfant. Ce n'est pas mon problème, ni le vôtre. Et je ne vous permets pas de dire que je suis mal élevée. Vous osez comparer mon éducation à la votre car elle est différente. En même temps, cela paraît normal, vous faites partie des pauvres de ce pays.

Elle s'en fichait pertinemment de la vie de la jeune femme. Et Alice réussit à prouver ceci avec un petit bâillement bien recouvert de sa main, mais elle n'ouvrait pas grand la bouche comme une femme disgracieuse. Non, elle n'avait qu'un peu entre ouvert les lèvres, assez voyant pour que l'autre en face d'elle s'en aperçoive. Encore elle recevait de la part de ses interlocuteurs qu'elle avait mauvais caractère. Ce n'était pas une nouvelle, Alice le savait elle-même, pas besoin qu'une petite sotte vienne lui redire.

- Vous gâchez votre salive ma chère. Je n'ai que faire de votre petite vie misérable.

Elle n'avait pas besoin non plus de lui dire qu'elle était mignonne. Après tout, elle le savait aussi, vu le nombre de potentiels fiancés qu'elle avait. Bien sûr, pendant des rendez-vous, elle n'agissait pas tel qu'elle le faisait maintenant. Comme la plupart du temps, c'était des rendez-vous arrangés par son père, elle essayait de bien s'y comporter pour ne pas défaire la réputation des Nightray dans le professionnel, car oui, ces rendez-vous étaient à la fois professionnel et « amoureux ».

Finalement, elle aussi avait fini par taper dans le petit point sensible d'Alice. Elle ne le montra pas évidemment. Paraître faible dans ce genre de situation n'était pas ce qu'elle voulait. Il n'y avait que devant quelques personnes où elle pouvait se permettre cette petite folie de se faire protéger. Après tout, ils étaient engagés pour ça.

Alice avait un grand frère dont elle n'avait pas de nouveelles pendant des années. Il pouvait très bien être mort, qui sait ? Son père lui avait interdit tout contact avec le bout de famille qu'elle avait en Europe, et tout ce qui lui restait était certains tableaux de sa mère puisqu'elle était artiste.

- Désolé de vous décevoir, mais j'ai bien une famille, dont un grand frère. Ma mère et mon frère sont bien connus en Europe, on ne touche pas qu'en Amérique chez les Nightray.

La jeune marqua une courte pause pour un sourire provocateur.

- Je n'aimerais pas qu'il devienne comme moi, enfin, il ne pourra pas. C'est hors de sa portée de devenir une grande personne, et elles ne sont pas toute destiné à le devenir. Moi, je le suis. D'ailleurs, je ne me suis jamais excusé. Ne lui dites pas les mots que je n'ai pas dits, il va avoir de faux espoirs.

Cette jeune femme avait aussi vu juste, mais c'était hors de question qu'elle avoue son petit péché de fugue pour aller s'entraîner. Finalement, ça avait presque une cause noble si on savait que c'était pour mieux combattre les ombres qui s'en prennent aux humains, mais bon. Ce n'était pas parce que c'était noble que la pensée derrière l'était. On avait promis à Alice que son vœu serait tenu si elle tuait des ombres pour donner de l'énergie à Bey, alors elle le faisait bêtement, souhaitant garder sa nouvelle voix à jamais. Retourner muette ? Jamais !

- Oui je suis presque toujours accompagnée, mais vous devriez comprendre qu'une jeune femme a besoin d'intimité dans sa vie parfois, surtout lorsque les gardes du corps sont tous des hommes et habitent chez elle.

Ce n'était pas totalement faux, mais même si elle s'en plaignait devant elle, ça ne la dérangeait pas vraiment en réalité. Il fallait bien lui donner une excuse !

Alice ne pouvait avoir peur que d'une seule chose actuellement : les contractants et les ombres. Vu le nombre d'habitants, elle ne craignait pas d'en croiser un, surtout qu'elle n'était pas connue des Seraphs. Elle regarda quand même un peu autour d'elle et se mit à sourire légèrement, plus fière que jamais.

- Pourquoi aurais-je peur ? Ce n'est pas parce que je suis si belle et si délicate que je suis une poupée en porcelaine. Je sais me défendre.

Et ce n'était pas de simple humain qui allaient maintenant lui faire peur. Elle avait des armes avec lesquelles elle pouvait se défendre. Ce n'était pas bien dur, elle leur était tellement supérieure depuis qu'elle avait passé ce contrat avec Bey. Elle passa une main dans ses cheveux et regarda toujours la jeune femme de haut. Ce n'était pas non plus pour rien qu'elle passait son temps à s'entraîner. Elle n'avait pas encore eu la chance d'abattre une ombre, mais ça ne serait tarder, non ?

- Je souhaite avoir des personnes pour me défendre, mais j'ai aussi ma vie privée.

Alice regarda d'un coup d'oeil rapide Arata, l'examinant du regard. Elle se demandait si elle devait le provoquer un peu. De toute façon, elle ne pouvait peut-être pas gagner, mais au moins se défendre. Contre les hommes, il n'y avait pas de question à se poser. Elle avait des mains, des coudes, des genoux, des pieds, tout ce qu'il fallait pour mettre au moins un coup à l'endroit qui faisait mal. Quant aux femmes, elle était confiante sur sa façon de se battre.

- Vous souhaitez que je vous fasse une démonstration ? Essayez donc de m'attaquer.

La jeune femme se tourna complètement vers elle, parlant bien évidemment sérieusement.

Alice pensait évidemment gagner sauf si cette jeune femme était contractante, si elle était réellement humaine, elle n'avait aucune chance de gagner. Alors repérer son attaque fut facile, et pour la contrer, ce le fut aussi. La jeune femme, pour esquiver et attaquer en même temps fit un petit saut tout en dirigeant son pied gauche vers le visage de son adversaire du moment. Elle tenta de la frapper directement, tant pis pour elle si elle ne voulait pas la frapper sérieusement, mais même avec un corps frêle, elle pouvait faire mal, et contre un humain, c'était risible. Les contractants pouvaient les écraser du petit doigt s'ils le souhaitaient.

- Ne me sous estime pas.

Elle venait de se faire surprendre et pourtant, elle n'eut même pas une once de respect pour Alice puisqu'elle la qualifiait de pourrie gâtée. Alice fronça les sourcils et se remit dans une position normale qui ne suscitait pas d'autre violence. Elle avait seulement donné un coup pour lui prouver qu'elle pouvait se battre et qu'elle n'avait pas forcément toujours besoin de quelqu'un d'autre pour se défendre. Maintenant qu'elle avait conclu un pacte avec Bey, les seules personnes pouvant la tuer seraient un contractant plus puissant qu'elle. John et Russel n'ont normalement aucune obligation de ce côté-là.

- On va au moins dire que tu t'es excusé. Hors de ma vue maintenant.

Vraiment, quand les gens obéissaient, c'était un plaisir total. Il n'y avait rien de mieux que cela. Alice regarda alors son interlocuteur filé comme l'éclair après lui avoir ordonné de dégager. Elle avait perdu beaucoup trop de temps et pour une simple broutille. Franchement, les pauvres de nos jours.

Aussi, elle tourna des talons pour commencer à reprendre la route pour chez elle. Elle avait comme l'impression d'avoir oublié ce qu'elle voulait faire à l'origine. Elle rentrait d'un entraînement avec Diarmuid. Enfin, elle retrouvera bien, ce n'était peut-être pas si important au final.