Rue commerçante:

Aujourd'hui, Alice était de sortie à la demande de son père. Encore une fois, il lui avait arrangé un rendez-vous avec un autre jeune homme. D'après d'autres femmes, il était vraiment pas mal physiquement. Malheureusement, il était seulement quelqu'un avec des revenus moyens. Son père l'avait persuadé qu'il s'agissait de quelqu'un d'intelligent et qu'il était très prometteur dans le futur, comme un deuxième petit Cameron ! Enfin, comme ses revenus étaient bas, pour Alice, elle avait accepté de faire ce rendez-vous dans le quartier est. Évidemment, elle s'était habillée de manière correcte et avait fait particulièrement attention à son physique.

Alors qu'elle marchait bien tranquillement, quelqu'un finit par lui parler dans la rue. Quelqu'un d'assez étrange puisqu'elle ne comprenait pas vraiment cette approche qu'il venait de lui faire. Enfin, c'était une sorte de compliment qu'elle arrivait à comprendre, par contre, elle pouvait nettement affirmer qu'il venait de l'insulter au niveau de sa poitrine.

La jeune femme, n'étant pas spécialement de bonne humeur déjà aujourd'hui, lui décrocha une bonne gifle dans la figure.

- Pour qui vous prenez-vous ?! Ne me parlez pas de la sorte, et vouvoyez-moi. Vous ne connaissez pas la politesse ? Je crois rêver...

Alors qu'elle lui avait demandé d'être plus polie, comme la vouvoyer par exemple, il se mit à le faire, mais elle trouvait ça quand même ridicule qu'il réfléchisse à comment faire avant. Ça devait être quelqu'un de la très basse société pour ne même pas connaître ce genre de chose qu'on apprendrait à un enfant. C'était ridicule, et Alice n'avait qu'une envie, c'était de le lâcher pour aller rejoindre quelqu'un de beaucoup plus intelligent que lui.

La suite eut l'effet de froncer les sourcils d'Alice, visiblement pas contente de ce qu'il venait de dire. Qu'essayait-il de faire exactement ? De la mettre en colère ? En tout cas c'était nettement bien réussi y'avait rien à redire sur sa manière de faire ! Il n'avait aucune manière de se tenir face à elle, et ça ne faisait que l'énerver de plus en plus.

Elle regarda alors ce jeune homme lui donner un caramel puis tendre sa main comme s'il voulait qu'elle la lui tienne, attendant forcément quelque chose en retour. Alice posa alors le caramel dans le creux de sa main, se contenant de ne pas lui jeter à la figure. Lui adressant un petit sourire, elle détourna son attention avec son visage sympathique avant de lui mettre un coup de pied juste en haut de l'endroit qui faisait mal pour les hommes. Ce coup avait aussi eut l'effet de le reculer un peu plus, pas grave si ça bousculait un passant.

- Osez me redire ce genre de chose, et je vous assure que je m'arrangerais pour que vous ne puissiez plus marcher pendant une bonne dizaine de minutes.

Cet homme était complètement dénué de sens. Ce qu'il venait de dire ne méritait vraiment pas un coup, car il n'avait rien dit de méchant. C'était juste qu'il n'avait même pas réussi à faire une phrase correctement ou aligner des mots qui pourraient faire comprendre le message qu'il souhaite faire passer à la jeune femme. Pourquoi lui demander si ces objets étaient doux ? Elle leva un peu les yeux au ciel, sentant qu'elle allait bientôt s’éclipser.

- Oui, oui, c'est doux. Je ne sais pas ce que vous espérez en me disant ça.

Elle restait tout de même polie, même si l'énervement commençait à la rendre folle. C'est fou, elle ne pensait pas qu'elle allait croiser un tel énergumène dans ce quartier. Rien ne vaut le quartier nord finalement. Et elle pouvait très vite en faire la conclusion grâce à ce jeune homme plein de mystère, et ce n'était pas un compliment.

- Par contre, vous m'excuserez, mais j'ai un rendez-vous, alors j'aimerais m'en aller.

Le pauvre homme, qui lui, était vraiment quelqu'un d'intelligent, devait déjà l'attendre depuis longtemps. Alice était en retard de dix minutes. Avant de se faire retenir par Max, elle avait déjà du retard et il n'arrangeait pas du tout les choses.

Alice haussa un sourcil. Certes, elle aimait le romantisme, mais pas aussi pousser. Énoncer une phrase comme cela devant autant de gens qui s'étaient arrêté lorsqu'il l'avait commencé, c'était un spectacle plutôt intéressant. Enfin, elle avait bien remarqué que de toute façon, il l'avait trouvé sur son portable, celui qu'il tenait dans les mains. Elle le regarda d'un petit d'air blasé, ce petit air qui voulait qu'elle n'eût même pas envie de lui répondre méchamment tellement il se situait bas dans son estime.

- Bon, qu'est-ce que vous voulez exactement ? Je n'ai pas envie de perdre mon temps avec quelqu'un de ta trempe.

La jeune femme s'était arrêtée et fronça les sourcils.

- Surtout pour me débiter des phrases toutes droites sorties d'internet.

Alice s'apprêta à repartir, pensant que ce dernier avait compris ce qu'elle venait de lui dire, et pourtant, il ne le fit pas. Elle le regarda, et soupira, désespéré de se retrouver avec un mec comme ça. Elle ne comprenait pas vraiment ce qu'il lui voulait. Alors elle croisa les bras, et vit un petit regard valser vers sa poitrine et les paroles qui suivirent, elle ne préférait peut-être pas les comprendre. Parlait-il de sa poitrine en lui faisant remarquer qu'elle était petite ? Elle ne complexait pas vraiment dessus, car elle pensait ne pas avoir besoin de ce genre d'attirail pour attirer les garçons, un très beau visage comme le sien suffisait, mais lui rappeler de la sorte qu'elle n'en avait pas un minimum l'embêtait un peu.

Essayant de rester calme, elle lui répondit d'une voix qui paraissait calme pour ne pas se montrer encore plus énervée envers ce roturier qui mériterait de finir dans le caniveau.

- Comment ?

S'il répétait et qu'elle avait effectivement compris ce qui était à comprendre, sa main volerait probablement jusqu'à son visage une fois de plus. Dire qu'elle n'avait pas un de ses gardes du corps en ce moment pour envoyer balader ce genre de personne.

Heureusement qu'aujourd'hui, elle faisait preuve de patience, sinon elle l'aurait perdu depuis bien longtemps avec ce genre d'énergumène. Elle n'arrivait pas à comprendre le sens de tout ça, excepté qu'il avait l'air de la draguer. Et se faire draguer par quelqu'un d'assez repoussant que lui, il n'y avait rien de pire. Alors même s'il lui avait dit quelque chose d'un peu près gentil et qui avait l'air de monter son fond, elle n'en fit rien et après lui avoir demandé s'il pouvait tenir sa main, elle la mit derrière son dos. Se faire toucher par quelqu'un que l'on n'aimait pas était répugnant et pire que tout.

De plus, quelqu'un l'avait déjà prise avant lui et elle n'avait pas envie d'avoir la sensation de quelqu'un d'autre pour le moment, même si elle savait qu'elle allait probablement tenir la main de la personne qui l'attendait cette après-midi.

- Hors de question. Je refuse.

- Sérieusement, vous ne comprenez pas le français ? J'ai déjà rendez-vous avec quelqu'un. Vous me mettez en retard, et jamais je ne tiendrai la main de quelqu'un comme vous.

Qu'espérait-il à insister autant ? Alice aimait certes les compliments, elle les acceptait, mais il fallait bien plus que cela pour obtenir ce qu'il voulait. Max aurait besoin de s'acharner pendant au moins plusieurs semaines pour arriver au résultat qu'il souhaitait.

- Bon. Sur ce, je vous laisse. Bonne journée à vous.

Encore une fois, elle tourna des talons pour tenter de reprendre son chemin initial.

Il voulait une chance ? Max l'avait déjà eu, mais il n'en avait pas profité. Le premier contact n'avait pas été une réussite et c'était trop tard pour lui.

- Non, écoutez, on appelle ça du harcèlement. Cessez de suite, ou j’appelle la police

La jeune femme fronça les sourcils et serra la lanière de son sac entre ses doigts. Elle était prête à lui envoyer dans la figure s'il s'approchait où s'il tentait encore une autre approche. Au moins, elle pouvait lui reconnaître sa persévérance.

Non, il ne comprenait vraiment rien. Alice fit une mine assez blasée en voyant sa réaction. Peut-être qu'elle n'avait vraiment pas d'autre choix que d'appeler la police. C'était vraiment dommage, mais pour être sûre, elle sortit son portable et commença à faire le numéro. Elle l'avait complètement ignorer.

Elle fixa tout de même Max, pour lui faire comprendre que bientôt, il allait être dans la mouise et que s'il voulait filer, c'était maintenant ou jamais. Après avoir fait sa petite discussion avec la police et surtout se plaindre d'un harcèlement, elle raccrocha et rangea son téléphone portable.

- Je t'aurais prévenu. La police arrive.

Décidément, il ne comprenait vraiment rien, le pauvre. Elle se demandait même s'il n'était pas vraiment plus qu'idiot qu'elle ne le croyait. Ce n'était pas la provocation qui allait pouvoir changer quoique ce soit.

- Non, ce n'est pas par peur. Ça me dégoûterait simplement de te tenir la main, et je ne vois pas que quelqu'un me voit avec toi. Et de nos jours, tu serais le genre de personne à effrayer facilement les jeunes femmes avec ce type de harcèlement. Tu ferais mieux d'arrêter.

Enfin, il devait surtout se dépêcher de partir, sinon la police arriverait tôt ou tard pour l'attraper. Ca serait encore une fois bien dommage. Déjà qu'il n'avait pas de chance avec son cerveau amoindri, si en plus, il finissait embarqué par la police.

Finalement, il était un peu plus raisonnable. Il abandonna alors l'idée d'essayer de lui tenir la main on dirait. C'était une bonne chose, elle allait pouvoir se rendre à son rendez-vous, en retard d'une vingtaine de minutes. C'était vraiment quelque chose. Et son nom, elle pouvait bien lui donner, cela ne la dérangerait pas spécialement.

- Alice Nightray.

Elle répondit assez simplement et se tenait encore devant lui, comme pour savoir s'il allait la retenir après ça, ou si elle pouvait aller s’occuper de ses affaires. Pas la peine de se cacher qu'elle aimerait que les petites affaires de Max s'arrêtent ici.

Finalement, ce gars avait quelques points positifs, peut-être devrait-elle revoir son jugement, mais pas au point de lui accorder ce qu'il souhaitait juste avant. Et c'était sans doute la première fois que quelqu'un lui demandait un autographe. En même temps, elle traînait rarement avec des gens de sa trempe, et les Nightray étaient surtout connus par leur nom et non par leur physique. La preuve même devant les yeux. Il a fallu qu'Alice sorte son nom de famille pour qu'elle se fasse reconnaître.

Le fait de vouloir son autographe l'avait légèrement surprise puisqu'elle n'avait aucune participé à la création de film. King of the Nightmare, elle l'avait vu, comme tous les films que sa famille avait pu faire, alors dans ce monologue, elle avait parfaitement compris de quoi il parlait à chaque fois.

- Je te remercie de l'attention que tu portes à nos films.

Elle lui adressa un petit sourire tout en lui redonnant son carnet avec une signature d'Alice représentant son autographe. Si elle avait des bons de réduction sur les produits dérivés de ses films, elle lui en aurait sûrement donné, mais elle disait toujours à son père qu'elle n'en avait pas besoin. Tant pis, de toute façon, il n'y avait pas besoin de ça pour le rendre encore plus fan.

- J'ai déjà dit que j'avais rendez-vous. Je suis une personne occupée, tu sais. Je ne peux pas aujourd'hui.

La jeune femme commença à regarder sa montre. Mon dieu, trente minutes en retard. Il avait réussi à bien la retarder.

- Bon, je vais vraiment devoir y aller cette fois. A plus tard.

Elle tournant alors des talons pour se mettre dos à lui et commença à avancer, voulant cette fois-ci pouvoir rejoindre son lieu de rendez-vous. La jeune femme se demandait même si l'homme allait rester aussi longtemps.

ENFIN, il était parti. Alice pouvait enfin souffler un petit peu. L'arrivé du policier qu'elle avait appelé avait grandement fait avancer les choses. Il aurait probablement continué à la harceler de venir rencontrer sa fan. Tout de même, elle remerciait le flic qui était resté avec un moment pendant que l'autre se chargeait de courir après le fou.

- Je vous remercie infiniment. Ne vous inquiétez pas pour moi. Je pense que tout ira bien pour moi.

Elle fit une petite courbette de la tête par politesse et encore les remercier, puis fit demi-tour droite, directement le fameux restaurant où elle devait déjeuner. Elle s'était pressée le pas, espérant que l'homme qu'elle devait voir, soi-disant ultra intéressant d'après son père, soit encore là-bas en train de l'attendre.