Enquêter sur la vie privée d'une jeune femme mariée à un vieux banquier trentenaire. Voilà une affaire comme je les aimes. Je pouvais d'ores et déjà le sentir, cette semaine allait être remplit de toute sortes d'émotions fortes : de la romance, du drame et des coups de poings viriles ! Et avec un peu de chance, je n'allais pas être le receveur de cette passion ardente. Seulement, ce genre d'affaire avait pour habitude de me rappeler la raison pour laquelle je faisais si peu confiance aux femmes.

Les mains dans les poches, j'arpentais en solitaire une petite ruelle peu fréquentée du quartier Est, à la recherche de Roméo et de Juliette. D'après mes contacts, les deux tourtereaux avaient pour habitudes de se balader dans le coin en milieu de journée, l'heure à laquelle son mari était au travail. Mon travail allait prendre fin à partir du moment où je les prendraient les mains dans le sac. Après quoi, je n'aurais plus qu'à les prendre en photo ensembles, puis remettre les preuves compromettantes à mon client. Simple comme bonjour.

Il ne me fallut pas très longtemps avant de tomber nez-à-nez avec le couple en question. Le visage de la jeune femme m'était familier, celui de l'homme ne l'étais pas. Mon regard les suivait du coin de l'oeil, tandis que ma silhouette restait plantée devant un petit magasin de couture local. Ce n'est qu'au moment où je me suis entièrement tourné dans leur direction pour les prendre en photo que je pu remarquer la présence de la petite créature ténébreuse sur l'épaule de l'homme. Cette jolie ombre aux courbes parfaites était pendu tel un chat sur l'épaule du gentleman, le regard perdu ailleurs. Elle ne semblait pas prêter attention à ma présence.

Hésitant, je me contentais de rester immobile en attendant de voir ce qui allait se passer. Surprise, suprise : un kekkai m'avait engloutit à cause de mon inaction. Je claque des dents en faisant apparaitre mon arme de contractant, puis je me lance à la poursuite de l'ombre. Celle-ci ne semblait toujours pas prêter attention à moi, son regard étant pointé vers une ruelle dont je ne pouvais voir que l'entrée.

Un coup de feu émana depuis la zone que je gardais à l'oeil, puis un autre et encore un autre...

Je grince des dents en réfléchissant à un moyen de me sortir de ce bourbier. Aller à la rencontre de ce contractant serait idiot, alors je n'y songeais même pas. Mon unique option était donc de me cacher. Sans trop y réflechir, mon corps fit un tour sur lui-même avant de foncer à l'intérieur du magasin de couture qui se trouvait dans mon dos.

L'arbalète en avant, je pénétrais la petite échoppe en éspérant y trouver refuge. Mais malheureusement, les lieux étaient déjà occupés. Une énorme bestiole noire m'y attendait, bien installée sur le comptoir d'accueil.

Un grognement d'éxasperation m'échappe, avant que mon carreau ne parte efleurer l'épaule de la grosse bestiole.

Le grosse bestiole tenta aussitôt de me sauter dessus. Une petite roulade vers la gauche me permit de l'esquiver et de me mettre à l'abris derrière le comptoir du côté. Mais, ma sensation de sécurité ne dura pas très longtemps. Remarquant très vite que l'ombre s'était rattrapée sur les vitres du magasin avant de sauter à nouveau de ma direction.

Mes deux bras se mirent rapidement à charger mon arme, avant de la pointer dans la direction de la menace qui planait littéralement sur ma tête. Shlak. La sale bestiole se retrouvait avec un carreau dans le torse qui la repoussait vers l'arrière. Mais, ce n'était toujours pas suffisant pour la faire disparaître. Je me remis donc rapidement à charger mon arme en priant intérieurement pour que mon prochain carreau sera le dernier.

C'est alors que j'essayais une eniéme fois de tirer sur la créature sombre qu'un autre coup de feu retentit dans les parages, bien plus proches de moi cette fois-ci.

Mon regard se braque en l'air en même temps que mon arbalète, le premier étant pointé vers le revolver qui commençait à traverser la porte d'entrée et le seconde dirigé vers l'ombre. Shlak. Et un autre carreau était envoyée dans sa direction. A côté de la cible, cette fois-ci. L'inquiétude générée par la présence de cet autre contractant m'empêchait de me conscentrer sur l'ombre.

Très vite, une chevelure brune posée sur un visage familier pénétra paisiblement la petite échoppe.

Je grogne de colère avant de me remettre sur pied et de charger à nouveau mon arme. Envoyant par la suite, un quatrième carreau dans la direction de l'ombre et la touchant cette fois-ci en pleine tête, pile entre les deux yeux. Appuyé par les trois coups de feu de mon acolyte ici présent, l'ombre finit bientôt par se désagréger dans l'air. Me permettant enfin de soupirer de tranquilité.

Lentement, mon regard se pointe vers le nouveau venu, le criblant des yeux tandis qu'il me demandait si j'allais bien. Mes sourcils se froncent distinctement, tandis que mon arme déchargée se pointe nonchalament dans sa direction.

«  Oh ! Mais, si ce n'est pas ce peureux de Russel ! Je croyais que tu était mort, connard. »

Il était sérieux à pointer son arme vers moi, comme ça ? Je suppose que c'est ainsi que ça marche par ici. Et d'après sa réaction, il semblerait également qu'on n'ait pas été suffisament proche pour qu'il puisse garder mon visage à l'esprit.

Mon arbalète se baisse lentement pour se pointer vers le sol. Tandis que mon regard reste fixé sur l'expression de mon interlocuteur, l'air agaçé.

« Tu est détéctive privé, pour l'amour de dieu ! Tu est au moins sensé garder à l'esprit le visage de tes comparses ! »

Mon visage se braque sur le revolver du brun, l'invitant du regard à le baisser. Après quoi, je repose mes yeux sur son visage.

« Attend, je vais te raffraichir la mémoire, moi : les White Crow, ça te dis quelque chose ? »

Ca ne me plaisait pas vraiment de prononcer ce nom aussi ouvertement. Mais, ce type commençait sérieusement à m'agacer ! Il y a quelques temps de cela, il était partit chercher des documents chez la police pour m'aider à démonter le gang de Glen. Et maintenant qu'il re-pointe le bout de son nez, il fait semblant de m'avoir oublier. J'espère que c'est une blague !

Je grince des dents alors que le brun refusait volontairement de baisser son arme. ça allait donc se passer comme ça ? Non, mais, à quoi est-ce que je pouvait bien m'attendre ? ça avait toujours été la guerre, à chaque fois que rencontrait un nouveau contractant en dehors du QG. Alors, pourquoi est-ce que ce serait différent cette fois-ci ?

Russel prononça mon nom sur un ton interogateur. Il était donc bel et bien sérieux, il m'avait complétement oublié.

« Oui, Mike, c'est bien ça. Et juste pour être sûr que c'est vraiment toi, ton nom est Russel quoi ? »

Les contractants pouvaient user de magie. De ce fait, il était possible que certains d'entre eux ait la capacité d'usurper l'identité d'autrui. Lui demander son nom de famille ne me permettrait pas vraiment d'avoir le coeur net sur ce sujet, mais cela pouvait me mettre sur la bonne voie.

Suite à la seconde question du brun, je prend un air songeur. Relâchant légèrement la pression qui pesait sur mes épaules. Je voulais croire qu'on n'étaient pas devenus ennemis en passant notre contrat, mais si son caractère ne change pas très vite, le mien le fera.

« Depuis 3 mois à tout casser et toi ? D'ailleurs, ce serait sympa si tu faisais disparaître ton kekkai. Ce n'est pas que je déteste être braqué par un flingue. Mais, c'est un peu désagréable comme sensation. »

Le vieil homme dégageait un étrange flegme, qui contrastait beaucoups avec la motivation dont il faisait preuve l'année dernière. Il semblait avoir changé, mais pour le moment, je ne pouvais pas savoir à quel point.

Je hoche affirmativement la tête lorsque le brun prononce son nom, légèrement suspicieux. Je voulais croire que c'était vraiment lui, mais rien dans son comportement ne me rappelait ce vieil enquêteur avec lequel j'avais jadis partagé un objectif commun.

Suite à ma proposition, le brun décida de baisser son arme. Mon sourcil se lève distinctement suite à cette réaction, étonné de voir qu'un contractant était prêt à faire la paix sans me demander de lui montrer ma marque. J'allais sûrement le regretter, mais j'allais tout de même lui demander ce qui le rendait si différent des autres.

« Alors, comme ça, tu ne t'intéresse pas à quelle faction je fais partie ? C'est une première, pour moi. »

Ma phrase, légèrement teintée d'ironie, fut adressée au dos de l'ex-enquêteur. Qui, pour la première fois depuis notre rencontre, me réconforta dans l'idée que c'était bel et bien lui, le vrai Russel.

Ah ! Je reconnaissait bien là ce bon vieux Blake ! Naif au point de tourner son dos à un potentiel ennemi. Sérieusement, ce gars a un sérieux problème de confiance. Il devrait apprendre à remettre en question le sens moral des gens.

En attendant, je me tenais à bonne distance du type. Deux mètres derrière lui, je continuais à le suivre tout en empoignant fermemant mon arbalète entre mes doigts, prêt à la mettre entre nous deux au moindre geste brusque de sa part.

« Alors, comment ça se passe en général, pour toi ? Pour moi, quand je rencontre un contractant : c'est soit on se tue, soit on se casse. »

Suivant les consignes de mon acolyte d'autrefois, je fis aussitôt disparaître mon arbalète de chasse, sans retourner l'idée dans ma tête plus d'une fois. Les bras levés en l'air en signe de résignation, j'affichais un petit sourire amical au coin des lèvres avec pour but de le réconforter dans l'idée qu'il pouvait me faire confiance. Même si de mon côté, je n'avais absolument aucune idée de quelle place il prenait dans le ô très large panneau des malades mentaux à pouvoir surnaturel.

Du haut de mes trois mois en tant que contractant, je commençais à peine à découvrir les lois de ce monde. De ce fait, je n'avais absolument aucune idée de quelles lois régissaient les contact entre contractants. Tout ce que la pratique m'avait appris était que le premier qui tirait était celui qui avait le plus de chance de s'en sortir vivant. Mais, notre cas actuel était, semblerait-il, une exception. Du fait de nos antécédents, disait l'ex-enquêteur.

« Ok. Parlons. »

Je baisse lentement les bras afin de les croiser. Mon regard se fait plus instigateur à l'attention de Russel avant que ma voix ne s'élèvent sur un ton réprobateur.

« Tu n'aurais pas quelque chose à me dire au sujet de notre dernière discussion, par hasard ? Dans le resto' à la sortie de Palema, au cas où tu l'aurais également oubliée. »

J'avais beaucoup de mal à discerner les intentions qui se cachaient derrière les actions de l'ex-enquêteur Russel. Cela le faisait-il jubiler, d'essayer de me faire croire qu'il avait oublié tout les évènements me concernant ? Ou bien essayait-il seulement d'enterrer notre plan concernant la destitution de Glen ? Que ce soit l'un ou l'autre, ses réactions avaient le mérite bien faire bouillir mon sang de rage. Je me retrouvais même à espérer que cette rencontre se finisse en bain de sang. J'étais sûr et certain qu'il allait trouver ça tout aussi marrant que de me déblatérer ces conneries.

« Je vois. Tu est atteint d'une maladie du cerveau ou un autre truc du genre ? »

Non pas que j'ai cru le moindre mot de ce qu'il m'avait raconté. Mais, remettre en question sa parole n'allait pas faire avancer notre discussion, alors je me devais de faire semblant d'y croire. Ou au moins l'insulter en ce faisant. Et puis, s'il voulait éviter le sujet, cela voulait forcément dire qu'il avait jeté l'éponge. Dans ce cas-là, son aide ne m'était plus d'aucune utilité. Je n'avais nullement besoin d'un lâche comme allié.

« Toi, à quel moment est-ce que tu as passé ton contrat ? »

J'avais répondu honnêtement à cette même question lorsqu'il me l'avait posé, alors obtenir une réponse de sa part me semblait être un juste retour des choses.

La réaction de l'ex-enquêteur Russel suite à ma première question ne fut rien de plus que du silence. Je pouvais en quelque sorte distinguer l'air songeur qu'il prenait en m'écoutant, me faisant d'avantage penser qu'il était en train de se moquer de moi avec ces anneries. Les sourcils toujours froncés, j'enchainais avec ma seconde question. Avec la très nette intention de lui coller une droite au visage s'il refusait d'y répondre.

La bouche du brun s'ouvrait par la suite. Seulement pour me déblatérer des paroles tout aussi insensées que précédemment. Cette fois-ci, s'en était assez ! Mon bras gauche se lève à la vitesse de l'éclair pour empoigner le col du trentenaire et tenter de le tirer vers le bas, jusqu'à mon niveau. Le regard haineux, je lui crache mes mots au visage.

« Tu te fiche de moi ? Tes conneries... Espèce de- ! »

Mon état d'esprit ne me permettait même pas de finir correctement ma phrase, pas avec des mots en tout cas. Le coup de poing qui s'était envolé en direction de son nez allait être le point final de nôtre discussion.

Contrairement à mes prédictions, l'ex-enquêteur Russel avait facilement contré mon attaque. Le vieil homme avait empoigné la partie intérieur de mon bras droit avant de très légèrement la tordre vers l'extérieur, me forçant à faire un tour sur moi-même. Et là où je m'attendais à subir une clé de bras de sa part, le brun m'avait tout simplement libéré de son emprise en me m'envoyant, la tête en premier contre le sol.

Dans ma chute, j'envoyais les paumes de mes deux mains devant mon visage, afin de minimiser le choc. Puis, très vite, je me remis sur pied devant l'ex-enquêteur, le criblant du regard tout en grinçant des dents.

Oui, j'étais dans la merde. C'était bel et bien un contractant que j'avais en face de moi. Et comme tout les autres, il était très fort quand il s'agissait de se battre. Je devais faire en sorte de calmer mes hardeurs si je voulais rester en vie, même si ce n'était pas gagné d'avance.

«  Tout le monde a des circonstances, l'ami. Si tu accordais ne serait-ce qu'un tout petit peu d'intérêt à notre affaire, tu aurais su comment passer outre les tiennes. »

Les sourcils froncés, je continuais toujours à le fixer avec le même regard réprobateur. Il avait faillit me faire tuer avec ses fausses promesses. Je lui en voulait vraiment, après tout, il m'avait trahit.

«  Ça, c'est à toi de t'en souvenir. Car si ta mémoire a décidée de te faire oublier cet évènement, c'est qu'il doit bien y avoir une raison. »

Je n'empiétais jamais dans la vie privée d'autrui sans raison. Contrairement à l'image que je laissais, jétais quelqu'un qui accordait beaucoup d'importance au libre arbritre et aux décisions personnelles. Lui, il avait choisit de laisser cette histoire dans le passé, alors j'allais respecter sa volonté.

«  J'avais foi en toi. »

Au point de te confier mon secret le mieux caché.

Fixant mon interlocuteur des yeux, je me mets lentement à ouvrir, puis à refermer mon poing droit. Au même moment, mes jambes faisaient quelques pas en arrière dans une posture clairement défensive.

J'écoute silencieusement les déclarations de Russel, le poing serré et le regard haineux. Mes yeux restent accrochées sur son visage, se perdant l'espace d'une seconde sur la clope qui tombait au sol. Puis, se relevant aussitôt vers l'expression flegmatique du brun qui s'était un peu trop rapproché de moi.

Mes jambes tentent faiblement de se retirer vers l'arrière à ce moment-là. Mais, je les en empêchent, faisant tout l'inverse en leur ordonnant de marcher vers l'avant. Je ne voulais pas fuir, pas cette fois. J'avais un point de vue à défendre dans ce combat et même si je ne m'attendais à rien de sa part. Je voulais au moins lui faire prendre conscience de son erreur. Je ne voulais rien de plus. Ni excuse, ni pardon. Juste qu'il comprenne son erreur, qu'il s'en souvienne.

Toute ma vie, j'avais fais en sorte de me faire oublier des autres. J'étais le genre de personne à démanager en permance à cause du métier de mon père ; à me lier aux gens, puis à les fuir par la suite. Les blessants et me blessant moi-même par notre séparation. J'avais passé plusieurs années ainsi, vivant dans les souvenirs de mes proches plutôt qu'à leurs côtés. En réalité, je savais à quel point ce lien était éphèmère. Je savais qu'un jours ou l'autre, mes amis allaient m'oublier, car ils avaient vécus beaucoup trop de choses depuis notre séparation. Mais, c'était ainsi que les choses avaient été faites et j'avais appris à le vivre bien. Seulement, une fois arrivé à Palema, ma vie avait changée. J'avais cessé de déménager, j'étais devenu indépendant de ma famille. J'avais obtenu le droit d'avoir des amis. Mais malgré cela, je me faisais encore oublier.

En entendant l'invitation de l'ex-enquêteur à le frapper, j'avais cessé de réflechir. Mon esprit, mon être tout entier s'était focalisé sur ce dont j'avais envie de faire en ce moment ; Soit, lui transférer la totalité de ma frustration au travers de mon coup de poing.

Un son de craquement émana depuis ma main droite alors que je contorsionnait mes doigts de toutes mes forces. Ma langue se claqua, puis mon coup de poing s'envola en direction du nez de l'ex-enquêteur Russel.

Sous l'effet de la colère, mon coup de poing dériva légèrement de sa cible, attérissant finalement sur sa joue et non pas son nez. Mais, cela ne m'avait pas empêché de me sentir satisfait.

Essouflé, je baissais lentement mon bras droit dans une position plus sereine. Mon regard restait toujours fixé sur l'expression flegmatique de Russel. Il semblait avoir parfaitement encaissé le coup. Sa tête avait à peine bougée sur le côté et maintenant, elle était à nouveau en train de me fixer.

« Donne-moi une seule bonne raison de te faire confiance ! »

J'avais envie de lui faire confiance, vraiment. Après tout, il avait été le seul contractant à m'adresser la parole sans tenter de me tuer par la suite. Cependant, rien de ses agissements ne me mettait réellement en confiance. Limite, il me traitait comme un idiot avec ses anneries, ce qui m'énervait au plus haut point.

Mon esprit tilt à ce moment.

Il se fera remplacer par un autre ?

« Ton pouvoir passif. C'est lui te fait perdre tes souvenirs ? »

Ma question était autant destinée à mon interlocuteur qu'à ma voix intérieur. Je souhaitais comparer les deux réponses entre-elles. Cependant, celle que devait m'offrir mon pouvoir actif ne fut rien de plus qu'un silence inquiétant.

Un léger filet de sang se mit à couler depuis la bouche de l'ex-enquêteur Russel. Celui-ci, restait toujours fidéle à son flegme eternel, essuyant calmement sa blessure avec l'arrière de sa main droite. Puis, m'adressant la parole le plus naturellement au monde, en m'étalant le différentes possibilités qui s'offraient à nous.

« Abandonner et partir chacun de notre côté me semble être l'option la plus valable, en effet. Cela te permettra d'oublier à nouveau tes problèmes et de te focaliser sur tes "circonstances" de contractant ou je-ne-sais pas-quoi. »

Je renifle l'air, puis tourne le visage sur le côté, l'air clairement insatisfait.

« Mais, il y a aussi l'autre option. Celle où tu me prouve que je peux avoir confiance en toi. Celle où tu me montre ta marque. »

Je croise les bras après cela, sans rencontrer le regard du brun. Avec en tête, la très nette intention de lui tourner le dos et de repartir dans le sens inverse, à partir du moment où il tardera trop à répondre à ma question.

Une pincée de curiosité pris place sur mon visage, au moment où Russel accepta me montrer sa marque de contractant. Tournant très légèrement mon visage dans sa direction, je me mis à l'observer en silence. Réflechissant à la réponse que je devais lui donner, mais également à ce qui allait se passer une fois qu'on prendrait conscience de l'affiliation de chacun.

Au mieux, on allait pouvoir continuer nôtre petite discussion au calme. Au pire, j'allais devoir le tuer avant que lui ne se décide à le faire. Une chance sur deux. Le destin allait-il me trahir à nouveau ?

Mon expression se mit à changer après cela, affichant un air blasé qui avait pour but d'accompagner mon haussement d'épaule. C'était lui qui allait montrer sa marque en premier, alors je ne voyais pas de raison pour refuser son offre. Cependant, je ne voulais pas trop m'avancer sur le sujet, car il y avait des chances à ce que je refuse de lui montrer ma marque par la suite, pour des raisons personnelles.

L'ex-enquêteur Russel se mit donc à retirer son haut, puis à se libérer de sa chemise blanche. Pour finalement me montrer la marque rouge qui trônait sur la partie supérieur de son épaule droit. Mon expression ne changeais pas d'un iota à cette vue. Je reniflais simplement l'air en me rendant compte que c'était un allié, du moins théoriquement. Mais, cela ne voulait pas pour autant dire que notre problème était entièrement réglé.

« Bien. Moi aussi, je suis Nephil. »

Calmement, je me mis à défaire la ceinture de mon pantalon, avant de le faire nonchalamment tomber par terre. Continuant sur ma lancée, ma main droite se débarassa également de mon boxer bleu spécial basket ball afin de le faire tomber par-dessus le jean. Ma silhouette se tourna ensuite de l'autre côté, afin de donner du dos à Russel. Puis, en posant mes mains contre mes hanches, je me mis à faire briller ma marque de nephil, située au centre de ma fesse droite.

« Satisfait ? »

Il vallait mieux que ce soit le cas. Certaines personnes payeraient le prix fort pour poser leurs yeux sur cette merveille du monde.

Je me gratte légèrement le nez avec l'index, en attendant la réponse de Russel. Quelques secondes ayant été nécessaires avant qu'il ne me demande si j'avais des questions à lui poser.

Tout d'abord, je commençais par remettre mon pantalon en place. Je m'accroupis donc afin de récupérer mes affaires, puis fait en sorte que le tout revienne à son emplacement d'origine. Cela fait, je me tourne à nouveau pour faire face à l'ex-enquêteur, croisant cette fois-ci le bras en l'observant d'un regard bien moins dûr qu'auparavant.

« Oui. Nous savons maintenant que nous appartenons à la même faction. Donc, il n'y a plus de problème, je me trompe ? Plus rien ne t'empêche de me révêler tes fameuses circonstances. »

Cela devait sûrement être en lien avec son contrat. Son voeu, peut-être ou son pouvoir, à moins que ce ne soit un combat. Mais, j'étais sûr et certain que quelque chose, dans ce monde, l'avait changé. Et je voulais savoir ce que c'était.

« Ce n'est pas l'endroit le plus approprié pour parler de la météo et du beau temps, alors, que dirais-tu de lever ta barrière et d'aller dans un bar ou un café pour en discuter ? »

Mon regard se fait plus défiant à ce moment. Je voulais voir s'il allait vraiment faire ce que je lui disais. S'il allait me libérer et tout me raconter comme il l'avait précédemment promis.

« A moins que tu n'ai changé d'avis entre-temps. »

Le sourire aux lèvres, je penche légèrement la tête sur le côté en écoutant l'approbation de Russel. Mes bras se posent à nouveau contre mes hanches avant que ma voix ne s'élève à l'attention de l'ex-enquêteur.

« Bien ! On va enfin pouvoir mettre les points sur les i. »

Mon sourire s'élargit de satisfaction, alors que mes bras font de larges mouvements sur les côtés avec pour objectif d'inviter Russel à ôter son Kekkai. De toute évidence, au vue de la gaité dont je faisais preuve, ce coup de poing avait été très revigorant. Il avait fait complètement disparaitre ma colère.

« Je te suis. »