Jason marchait tranquillement dans les rues de Panema pour se rendre à son QG, le garage abandonné auquel il avait imposé sa propriété. Le vandale n’empruntait que très rarement le passage le plus rapide, il préférait passer par les rues et les ruelles dans lesquelles il avait laissé une trace de son passage. Que ce soit une phrase prônant la liberté et la révolte, une simple signature ou alors un dessin. Il revenait parfois sur les lieux de ses crimes simplement pour s’assurer que ses tags étaient encore visibles. Quand on efface l’une de ses œuvres, Jason essaie toujours de la recréer. C’était arrivé à quelques reprises dans le passé, c’est pourquoi le vandale repassait aux endroits qu’il avait déjà tagués.

Cette journée-là, Jason se dirigeait vers la rue Macaron, une rue résidentielle comme les autres. Il avait créé une œuvre dans une ruelle deux semaines avant. Il s’était senti particulièrement inspiré par Jackson Pollock. Cet illustre peintre avait créé une technique unique, l’action painting. Jason était tombé sur quelques-unes de ses œuvres en faisant des recherches sur internet. Il les avait trouvées particulièrement intéressantes et il s’est donc inspiré de la technique de Pollock pour faire son graffiti. Jackson Pollock avait d’immenses toiles blanches qu’il déposait sur le sol. Il utilisait alors la force de la gravité pour créer ses œuvres. Il lançait la peinture sur les toiles comme il le sentait. Jason avait été particulièrement surpris du résultat de cette technique pour peinturer. Évidemment, Jason ne pouvait se lancer dans l’action painting puisqu’il fait ses œuvres uniquement avec de la peinture en aérosol. Cependant, il pouvait s’inspirer de la technique de Pollock pour créer lui aussi des œuvres intéressantes. Il avait donc choisi les couleurs avec lesquelles il voudrait travailler puis il a laissé son imagination diriger ses mains. Il n’avait pas d’idée en tête, il avait laissé ses émotions guider les mouvements de ses bras. Son œuvre lui a pris presque 2 heures à faire (il s’agit là de beaucoup de temps pour un graffiti, puisqu’il risquait de se faire prendre à n’importe quel instant). Le résultat l’avait beaucoup plus, il avait même laissé sa signature, un peu subtilement, dans la partie inférieure droite de l’œuvre.

Bref, Jason était en route pour voir son œuvre. En empruntant la ruelle, il vit quelqu’un qui observait le travail qu’il avait fait. Il s’agissait d’un homme habillé comme un travailleur avec une casquette et une grosse moustache.

Un gars engagé pour enlever mon tag peut-être ?

Cependant, quelque chose clochait si c’était le cas. Il aurait déjà commencé à l’enlever, ou en tout cas il ne passerait pas autant de temps à l’observer. Non, ce devait être quelqu’un qui a un certain intérêt pour ce graffiti.

Jason s’approcha de l’individu, et s’arrêta à ses côtés. Il regarda à son tour l’œuvre. L’artiste engagea la discussion.

« C’est beau n’est-ce pas ? »