Parc avec des arbres:

Le garde du corps pouvait avoir mal suivi l'évolution de la princesse, puisque maintenant, sans l'aide de personne, elle était capable d'anéantir une ombre. Elle avait eu un léger traumatisme quant à cette fameuse bestiole noire quand Nylian était là, mais il avait déjà été guéri ; en partie grâce à John.
Si Alice n'avait pas refusé la proposition de Russel quant à la chasse aux ombres, c'était bien parce qu'elle souhaitait s'endurcir encore plus, que cela soit mentalement que physiquement ou même techniquement. Elle avait encore beaucoup à apprendre et Russel était encore bien supérieur à elle sur certains domaines. Si elle venait à l'affronter, elle était sûre de perdre.

Alors qu'ils marchaient dans un parc rempli de personne autant prolétaire les uns que les autres, elle affichait tout de même une mine petite mine de dégoût. Alice ne faisait pratiquement pas attention à Russel tellement elle était concentrée sur son entourage, donc elle n'avait pas remarqué de suite qu'il s'était arrêté pour écouter une mendiante jouée. Elle fit alors un petit demi-tour pour tenter de trouver Russel et fit quelques pas pour le rejoindre devant cette jeune femme avec sa pauvre guitare. Quand elle posa ses yeux sur la musicienne, elle la regarda un peu d'un regard méprisant et qui voulait parfaitement dire qu'elle se sentait supérieure.

- Qu'est-ce que tu fais Russel ? Ça ne va pas de t'arrêter ?

Son regard quitta alors la femme pour se diriger vers son employé qui n'était pas sensé l'abandonner de la sorte.
Ses vêtements, sa manière de penser et de parler en disait long sur elle. On pouvait facilement deviner qu'elle venait de la haute. Ses chaussures à talons venaient d'une grande marque, tout comme sa robe et ses bijoux.

Elle l'avait vu, son regard et son sourire moqueur. D'ailleurs, elle compléta le tout avec une chanson qu'elle ne pouvait pas tolérer. Lorsqu'elle tourna son regard vers Russel, elle remarqua alors ce petit sourire qu'il avait fait en attendant les paroles de la chanson. Alice écrasa directement après les pauvres orteils de son garde du corps avec son talon.

Doucement, elle croisa les bras, et elle ne bougeait pas d'un pouce, comme si elle lui laissait le temps de prononcer encore quelques paroles de sa chanson ridicule. Après quoi, elle s'avança doucement vers l'étui qui contenait l'argent et fit en sorte de le renverser avec son pied.

- Je vous prie de changer de disque mademoiselle, si vous ne souhaitez avoir aucun problème.
Son regard était tout autant méprisant que tout à l'heure, voire pire. Elle la regarda de haut comme si c'était la dernière des misérables personnes qu'elle pouvait trouver dans ce parc. Oh non, la chanson, elle ne l'avait pas aimé. Ce petit sourire que la jeune femme lui avait montré en disait long sur la personne ciblée.

Alice haussa légèrement les épaules, comme si elle se foutait de ce que venait de dire cette jeune femme.

- Je n'ai au moins pas besoin de mendier pour gagner de l'argent et ma vie. Elle n'est pas plus chiante que la tienne.

Ensuite, elle tourna son regard vers le Nephil qui l'accompagnait dans cette chasse à l'ombre. Cette appellation était un peu distante, mais elle allait de pair avec le regard qu'elle lui lançait.

- Ne t'y mets pas aussi.

Ses yeux se mêlèrent alors au regard de la mendiante avec sa guitare pour commencer à la dévisager. Son regard allait de bas en haut et de haut en bas plusieurs fois. Elle aurait bien aimé la frapper, mais de son point de vue, elle n'en valait pas la peine. De plus, elle n'aimerait pas se relaver les mains pour l'avoir touché.

- Mais tu as raison, je vais m'en aller, et faire quelque chose qui a beaucoup plus d'intérêt que parler avec quelqu'un de ton genre.

Ses deux gardes du corps Nephils voulaient s'en aller, espérant peut-être arrêter Alice dans sa lancée avant que cette histoire ne finisse mal, exactement comme celle avec Nylian. Cette fameuse Nylian dont Alice n'avait eu aucune nouvelle depuis un temps, alors qu'elle était une amie de John. Ce n'était pas bien grave, de toute façon, elle ne la portait pas dans son cœur. Tout de même, Alice eut un air embêté lorsque John et Russel commencèrent à s'en aller. Comme ils avaient dit, ça n'en valait pas la peine, et que la princesse devrait plutôt rejoindre leur course.

Avant de quitter, elle prononça tout de même quelques mot à la jeune humaine bien impertinente à son goût.

- Chante donc une chanson pour insulter ta propre vie et te montrer plus misérable que jamais.

Après ces mots, elle tourna simplement des talons. Elle ne savait pas vraiment si ses mots allaient fonctionner, et même si c'était vraiment le cas, voir le résultat ne l'intéressait pas spécialement. Autant rentrer et mettre les pieds sous la table.
De plus, elle aurait quelques mots à dire avec John pour ce jeune stalker qui s'était aujourd'hui amusé à la suivre. Elle croyait aux coïncidences, mais celle-là était un peu trop grosse pour en être une.

Alice avait pu entendre le début des paroles de la chanson de cette chère Luna. C'était avec regret qu'elle dégusta les paroles beaucoup trop heureuse à son goût. Tant pis, la prochaine fois qu'elle la croisera, si c'était le cas, et avec un gros coup de chance, elle lui fera payer. La présence de ses deux gardes du corps l'empêchait de faire quoique ce soit.

En parlant de garde du corps, son regard se dirigea vers John. Évidemment, il avait anticipé la question qu'elle voulait lui poser. Ce n'était donc pas une coïncidence qu'il soit ici. Il la suivait. Le soupir de la jeune femme ne se fit qu'encore plus long qu'il ne devrait l'être. Si elle n'était pas amoureuse, c'était avec une certitude incontestable qu'elle lui aurait mis une deuxième baffe bien méritée. Cependant, au lieu de cet acte, elle en choisit un, un peu plus doux : doucement, elle lui prit la main pour entremêler ses doigts avec les siens et fit un petit sourire.

- Si tu veux me surveiller, la prochaine fois, viens à côté de moi comme maintenant. Ça sera plus pratique, non ?

Dans son geste, Alice restait quand même assez gênée de montrer ce spectacle à Russel. La jeune femme avait quelque peu cerné la raison de cette filature. Dans cette empathie, John était plutôt simple à comprendre, et le fait qu'il se souciait d'elle lui faisait tout de même plaisir.
Avec son autre main, elle vint attraper l'oreille de John.

- Par contre, ça ne t'autorise pas à dire n'importe quoi. D'accord ?

Même si elle était sérieuse dans cette indication, elle étira tout de même un très léger sourire.