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Le coup de fil à Samantha était rapide, sobre. Étrangement calme. Comme si une partie de moi avait dissocié cette conversation de tous ce qu'il se passait. J'avais juste spécifié a Sam' qu'il n'était pas vraiment question de mes activités comme bénévole, mais que j'avais besoin de parler. Si possible dans une salle isolée. "Besoin", le verbe était pas anodin mais plutôt juste. J'avais le besoin physiologique de discuter au même titre que j'avais celui de me nourrir ou de sentir l'air matinal entrer et sortir régulièrement de mes poumons.

J'avance de manière mécanique dans la rue en direction du centre. Pas que l'engrenage huilé d'un pas arrive à éteindre les pensées qui serpentent malgré moi dans mon cerveau. Ni même à éteindre les images qui ne cessent de défiler dans ma tête. Comme des flashbacks morbides de la soirée des épisodes qui remontent à la surface tel une boite noire.
Et je me repasse quelques souvenirs brumeux avec un cruel sentiment d'impuissance. Je me revois en train de boire ce verre de vin et sentir mon cerveau s’anesthésier sans que je ne soupçonne la cause de cette faiblesse.

Et puis quand les souvenirs s'estompent jusqu'à briller par leur absence, mon imagination morbide torture mon esprit en comblant le black-out de vision de la nuit. J'ai comme une envie de vomir en visualisant cet enfoiré profitant de mon corps. Dans ces cas-là, j’expérimente une partie de moi impitoyable et primaire. Des fols instants où j'ai des images violentes dans ma tête qui apparaissent. Des envies de meurtres, des cris de rage qui hantent ma gorge, des poings qui se serrent presque par mégarde ou des bouffées de violence aussi incontrôlables et flippantes.
Mais je reste impassible. Je dois continuer de marcher, comptant dans ma tête pour me donner une cadence autant que pour m'occuper l'esprit, faire taire ce que je ressasse en boucle.

A chaque croisement de regard d’anonyme, les mêmes questions irrationnelles reviennent : Est-il au courant ? Est-ce que ça se voit sur mon visage ? Est-ce qu'il me juge ?
Dans ces instants, je veux juste disparaitre. Éventuellement prendre une douche pour révoquer ce sentiment de crasse qui obstrue le moindre de mes pores. Et j'ai aussi envie de faire de faire demi-tour. De revenir sur mes pas pour rentrer dans le van et de me replier sur moi-même comme un insecte mourant

Je me perds dans ma tête entre deux extrêmes. Et pourtant il y a un ilot de calme dans une tempête d'images et de sentiments. Une partie de moi désynchronisée et froide qui observe avec une distance professionnel le chaos mental. Comme un lambeau de blouse resté accroché après tout ce temps. Un vestige de mon boulot d'aide soignante.
Toujours oscillant entre la lucidité et l'état second, j'entre dans le centre d'aide. Mon regard étrange  parcourt l'accueil du regard avant de reconnaitre une silhouette familière.

"Samantha ?"

Je crois que je n'ai pas eu le temps de dire grand-chose d'autre. C'est comme si à sa vue, mon cerveau avait lâché tout effort de paraitre calme. Le ressort avait claqué, le câble a sauté, y'a eu comme un gros court-circuit.

Je me suis effondrée en chialant.

Samantha était entrain de discuter avec un autre bénévole du centre d'aide quand Luna l'appela. La jeune Seraph décrocha, souriante et contente que la jeune femme l'appelle. Elle lui était toujours sympathique et elle était soulagée de connaître quelqu'un de vraiment gentil. Parmi les contractants, personne ne l'était vraiment. Mais rapidement, elle comprit que quelque chose n'allait pas. Le ton était anormalement calme, distant voire même vide et elle avait besoin d'aide, seule à seule. C'était probablement quelque chose de grave et Samantha allait tout faire pour l'aider. Elle lui promit une salle isolée de tout le monde et de rester avec elle aussi longtemps qu'elle aurait besoin.

L'attente était très dure et stressante. La jeune Seraph essayait d'imaginer ce qui avait pu se passer, pourquoi avait-elle besoin d'aide. Mais rien ne lui venait à l'esprit, ou plutôt trop de chose. Elle s'occupa en réservant une salle de discussion rien que pour elle, personne n'allait pouvoir les déranger. Elle ne savait pas si elle devait préparer des biscuits ou quelque chose... Peut-être qu'elle lui demanderait quand elle arriverait?

Elle venait de prévenir l'accueil qu'elle n'allait pas être disponible pendant quelques moments quand elle vit Luna. La jeune Seraph sentit son coeur se briser en la voyant s'effondrer. C'était terrible de voir cela. Elle avait vu plusieurs fois des personnes réagir comme cela, et ce n'était que pour des évènements gravissimes, qui étaient capable de les détruire. Mais qu'était-il arrivé! Un proche était décédé peut-être?

Plusieurs bénévoles avaient amorcés un mouvement, mais Samantha leur fit signe de la laisser. Elle accouru vers Luna et la serra tendrement dans ses bras. Discuter pour le moment ne servait à rien, elle ne pouvait que l'aider à évacuer sa tristesse. Pourquoi ne pouvait-elle pas prendre ces douleurs également...

- "Je suis là Luna, je suis là" dit-elle doucement. Elle voulait l'apaiser autant que possible

Samantha se sentit désemparé alors elle ne faisait qu'écouter son instinct, espérant qu'elle pourrait tout de même soulager la pauvre femme. La jeune Seraph garderait Luna aussi longtemps qu'elle aurait besoin, la guidant vers la salle réservée dès qu'elle pourrait se déplacer.

Peut être 60 kilos de punk hoquetante étaient tomber sur les épaules de Sam'. Une fois la machine émotionnelle mise en branle dans son infinité de rouage, impossible d’arrêter le ballet des sanglots. Comme si un mec imprudent avait ouvert la boite de pandore. Impossible de d’arrêté cette embarquée, impossible de refermer la boite. Le mécanisme semblait s'être emporté dans son élan. Et j'étais comme obligé de me laisser doucement me calmer. D'attendre que les pleures ralentissent d'eux même en une dizaine de minutes. Mais même après. Ils ne se taisent pas totalement.

Lors que que je parviens enfin à articuler mes premiers mots depuis mon arrivée, le premier fut un simple "Merci" D'être là, de s’inquiéter. De peut être m'écouter. Je sais pas, je m'en fiche. J'ai juste trouvé que ce mot traduisait tous ce que j'avais envie de te dire Sam'. Un mouchage en règle plus tard et une grande inspiration. Je crois que j'ai envie de parler. Alors je calme les tremblement pour essayer d'articuler d'une manière compréhensive.

- Je crois que j'ai été drogué. J'ai aucun souvenir de ce qu'il s'est passé hier soir.

La voix part dans les aigus par accoues aux gré de mes remontées de chagrin. Mes bras se replient sur mes jambes, et j'ai l'impression de m’aplatir sur mon siège.

- Je me suis réveillée ce matin chez moi. Sans mon chien, les quatre pneus de mon van crevé avec une nôtre qui débordait d'ironie obscène en mode "Merci de la superbe nuit".
- J'ai lu mes SMS pour me rappeler des évènements. Mais le type qui a peut être fait ca... C'est...

Nouveau sanglot. Plus fort et profond.

- C'est un type que j'ai trouvé alors qu'il avait des putains de blessures. Genre animale, mais tigre ou ours. Il était pas louche. C'est juste qu'il mentait probablement sur ce qui les avaient causés. Il disait que c'est des armes conventionnelles qui les avaient causés.
Mais je m'en foutait, il était pas louche. Il m'a invité au restaurant et je me suis dis que c'était pour me remercier d'avoir arrêté son hémorragie. Et puis... Et puis

Nouvelle embarquée de pleurs qui m’interrompent dans mon discourt. Je baisse la tête. Je sais même pas pourquoi je lui parle de ça et pourtant je suis là. A chialer toutes les larmes de mon corps.

- Désolée Sam'. J'ai encaissé beaucoup de chose dans ma vie. Mais... Je sais pas... Je me pensais capable d'être plus forte mais... C'est la premiere fois que... Ca m'arrive. Je sais pas quoi faire."

Une fois seules, Samantha se posa non loin de Luna pour pouvoir la prendre dans les bras si il était de nouveau nécessaire. Elle gardait une main sur la jeune femme, pour tenter de lui remonter le moral. La jeune Seraph écouta alors tout ce que Luna avait à dire, espérant que cela la soulagerait.

Ce qu'elle entendit déclencha en elle une colère sourde. Qu'une personne ose droguer et abuser de quelqu'un de la sorte la mettait hors d'elle. Samantha compatissait énormément pour Luna et elle la caressait gentiment à chaque fois qu'un puissant sanglot la prenait. Cette personne, cet homme, allait devoir payer le prix de ses actions et de ses méfaits au centuples. Le prix du sang n'allait probablement pas être suffisant pour réparer ce qu'il avait osé faire à une jeune femme innocente et pure. Et en plus, au vue de ses blessures anormales, c'était probablement un contractant! Pour une rare fois, Samantha souhaita qu'une personne était Nephil pour que sa hiérarchie n'ait aucune objection à ce qu'elle le tue.

Mais chaque chose en son temps. Pour le moment, il fallait s'occuper de Luna qui ne savait que faire.

- "Luna. Ne soit pas désolée de ta réaction. C'est une chose terrible qui t'est arrivée. Cet homme est un monstre, une créature qui n'apporte que le mal. Alors c'est normal totalement que tu te sentes comme cela. Tu es forte Luna, crois-moi. Personne n'a le droit dire que tu es faible à cause de ça" dit-elle, faisant de son mieux pour cacher son émotion "Il faut que cet homme paie ses actions"

Samantha ne pouvait tout de même pas dire à Luna qu'elle souhaitait tuer l'homme qui lui avait fait ça tout de même. Cela risquerait de la brusquer.

- "Je suis désolée pour toi Luna..." dit-elle en la regardant avec compassion "Je sais que ce n'est pas facile, mais... Est-ce que tu penses pouvoir porter plainte?"

Et une fois en prison, peut-être que la Seraph lui rendrait une petite visite... Mais Samantha était très touchée par l'histoire de Luna. Ses émotions oscillaient entre colère profonde contre l'homme et tristesse immense pour Luna.

Ces paroles arrivent a me calmer. A défaut de percer ce genre d'état de stase dans lequel je suis plongée depuis mon réveil. Entre deux extrêmes, mes deux hémisphères jouent au ping pong et la partie s'éternise depuis trop longtemps. Et quand la fameuse question vient. Ma gorge devient brutalement une boule d'angoisse

« Je peux pas me payer un avocat et je sais même pas si ce type m'a donné son nom. J'ai juste ce prénom et aucune preuve que ce soit le vrai. »

J'inspire. J'expire. J'ai peur. Genre, vraiment.

«  J'ai bossé en hôpital. J'en ai eu des récits tragiques de filles a qui c'est arrivé. Tous différents et souvent semblables : Des gamines innocentes qui partent en soirée et qui tombent au mauvais moment. Au mauvais endroit. Des gosse qui peuvent pas témoigner parce qu'elles n'ont ni souvenirs, ni preuves que c'est arrivé. Qui cherchent juste un sentiment de justice et qui finissent internée parce que les poursuites judiciaires use leur santé mentale à force de se prolonger sur plusieurs années.
Une gamine de 19 piges m'a raconté que pendant le jugement, elles sont obligées d'assister et d'écouter en silence le portrait de la défense. Et ce jour là, on l'a décrit comme une filles volages, névrosée. On a renié ses sentiments, ses avis. C'était un « non/oui ». Qu'elle le voulait. On l'a même accusé de vouloir attirer l'attention, de vouloir entacher la réputation de ce type. Le pauvre agresseur qui voit son avenir être entaché de scandale. Ils ont même été jusqu'à exposer sa vie sexuelle comme un arguments qui joue en sa défaveur 
Je... Je sais que j'ai aucune chance. Le mieux que je puisse faire, c'est de prendre la pilule du lendemain et le médoc préventif contre le sida... »

Ma voix s'éteint. Pas qu'elle soit virulente de base. Mais je me recroqueville sur ma chaise comme une gosse qui a fait une connerie. Alors que je le sais que j'y suis pour rien. Que même si c'était évitable, je n'ai juste pas eu de chance. Que tout est la faute de Terry.
Mais c'est david contre goliath rédigé par un écrivain réaliste et pessimiste. Y'a pas de combat que l'on peut vaincre juste parce que mon combat est moral. Même entourée dans les bras de Samantha, je sens que c'est le genre de chose que l'on traverse et que l'on affronte seule.

« Merci encore d'être là. Je... je sais si c'est vraiment utile de me plaindre mais merci beaucoup

Je me calme. J'inspire, je respire. Me lamenter avait libéré quelque chose. Je crois que ça me faisais du bien quand même.

Même si Luna avait raison, Samantha refusait de l'accepter. Cet homme n'allait pas s'en sortir car il profitait d'une jeune femme qui n'avait pas les moyens de se défendre, encore moins si il était un contractant. Les récits que l'humaine racontait faisait bouillir la jeune Seraph de l'intérieur. Tant d'injustice, tant de souffrance et de mal... Et toutes ces femmes, abusées, finissaient probablement dans le ventre d'une ombre... Il fallait trouver un moyen de réparer tout ça.

Samantha garda Luna dans les bras, essayant malgré tout de se calmer. Elle ne pouvait tout de même pas aller tuer comme ça un humain, ou pire un Seraph potentiellement. Ce ne passerait pas très bien auprès de la hiérarchie... Mais peut-être qu'avec de l'aide et une certaine prudence...

- "C'est honteux, que des gens soient aussi méprisant des souffrances des gens... Ca me dégoute, qu'on puisse traiter une victime de la sorte..." dit-elle en la serrant gentiment "Peut-être que tu as raison... La police et la justice ne seront pas capable de te croire. Mais en tout cas, moi je te crois et je serais là pour t'aider tout le temps. Pour te soutenir"

Samantha avait la voix pleine d'émotions, qu'elle tentait de diminuer un peu pour ne pas en rajouter à celles de Luna.

- "Mais c'est très important de te plaindre, de dire ce que tu as sur le coeur et de partager tes souffrances. C'est le seul moyen selon moi" dit-elle en lui caressant le dos "Luna, est-ce que tu aimerais me dire son prénom? On peut au moins mettre en garde les personnes autour de nous de se méfier d'un porc comme lui"

"Terry"


Je sais pas, même cet effort me parait insurmontable. Mais mes mots sortent. J'ai l'impression que ce ne sont pas les miens. Pas mes tournures de phrases, pas mes intonations de voix habituelles. A croire que je vais devoir apprendre a me réapproprier quelque chose d'aussi naturel que le son de ma voix.

"C'était un mec caucasien aux cheveux auburn, un peu niais de visage et d'attitude. Épais comme une allumette."

Je lui offre aussi l'adresse qu'il nous a filé pour nous le déposer alors qu'il était a moitié encore blessé. En récisant que c'était "Un ami à lui". D'ailleurs, en repensant aux circonstance de notre rencontre. J'ai le regret de ne pas l'avoir laissé crevé sur le bord de la route. De ne l'avoir pas achevé a coup de poing. De pas avoir demandé a pompidou de le tuer sans aucune pitié. En ressassant une dernière fois ces souvenir, j'ai un sanglot qui éclate a nouveau. Moins fort que les précédents.
J'enlace Samantha pour calmer ma respiration. Mais pourtant, une partie de moi s’inquiète. Est ce que je vais faire comme si rien ne s'était passé ? Laisser ce souvenir a l'oublie. J'ai peur. Peur de voir des changements opérés de manière profonde dans ma manière d'être.
Rien que cette haine étrange et virulente. Cette peur irationnelle. Cette honte. Je n'ai jamais ressentis avec tant de violence ces sentiments. Comme si je lui donnais raison au final... Comme s'il avait réussit a me prendre quelque chose cette nuit.


Hrp : Si ca peut t'offrir un élément de RP l'adresse dite est celle de Sara Machin. (Aka le visage semi officiel de Aria. Mais)

Terry. Malheureusement ce nom était assez fréquent encore. L'enquête risquait d'être très compliqué pour pouvoir le trouver et venger l'affront qu'il avait fait à Luna. Probablement qu'il l'avait fait à d'autre femme, comme le monstre qu'il était. Elle devait trouver un moyen de l'atteindre, de le surveiller et de le prendre sur le fait... Ou alors simplement le trouver et le tuer?

Mais Samantha répéta plusieurs fois la description dans sa tête, pour la graver. Elle n'oublierait pas, pour Luna et pour la justice. Mais elles avaient l'adresse, ce devait probablement être possible de remonter jusqu'à son nom de famille? Peut-être? Samantha n'avait jamais vraiment mener d'enquête à proprement parler, alors elle n'avait pas vraiment d'idée.

Samantha lui rendit le câlin tendrement, espérant mentalement pouvoir lui retirer sa douleur. Elle craignait sincèrement pour Luna, qu'une ombre ne vienne la capturer.

- "Luna, tu es forte de me dire tout ça. D'être osée venir m'en parler"

Samantha ne savait pas trop que ajouter, malgré tout les compliments qu'elle voulait lui dire. Elle voulait lui communiquer à quel point elle l'appréciait, à quel point elle voulait l'aider et prierait pour qu'elle s'en sorte. Elle craignait de trop en dire, ou pas assez. N'ayant jamais été violée, elle ne pouvait qu'imaginer l'horreur que devait ressentir Luna.

Alors, la jeune Seraph la serrait gentiment dans ses bras, lui caressant le dos. C'était peut-être tout ce qu'elle savait faire.

- "Est-ce que tu aimerais passer quelques temps chez moi? Pour pas que tu sois seule" demanda-t'-elle gentiment "Et je peux t'aider à retrouver ton chien et retrouver ton vanne. Ainsi que t'accompagner pour... les rendez-vous"

Samantha craignait d'envahir un peu trop l'intimité de Luna. Mais elle faisait de son mieux pour se retenir de ne pas clairement s'immiscer.

"Je sais pas"

La réponse était pas vraiment sortie rapidement. J'avais tenté de réfléchir de construire une phrase avec des mots, d'y ajouté ds arguments construits ou des belle figure de style remplie de finesse et d'humour. Mais j'ai vite abandonné. Réfléchir me semble inaccessible. Comme si un grain de sable avait raillé le mécanisme huilé de ma tête. Comme si le train de ma pensé avait déraillé sur la route. Y'a un court circuit quelque part.

Passé la tristesse et les pleures, la colère. Je me sens vide. Trop vide pour que ca passe pour de l'apaisement. Trop vide pour que le repos octroyé à ma tête puisse rassasier ma fatigue. Y'a beau ne pas de dysfonctionnement majeur dans mon comportement, ni de mutation impromptu de mon ADN. Y'a a comme un bug, une fausse note. Quelque chose qui gêne. Un truc s’effrite a chaque fois que j'essaie d'y mettre un mot sur le petit malaise.
Peut être cette passivités dans laquelle je m'enferme. A vrai dire, j'endosse le rôle de la victime avec une complaisance qui m'étonne moi même. Au fond, ca sonne faux. Je crois que je regrette d'être là et d'en parler, même si je sais pertinemment que rester seule n'est pas la solution.

"Nan, je crois que tu m'as bien aidé. Mais... Je vais essayer de régler ça seule... Je pense pas que ca soit nécessaire. Je sais pas trop quoi te dire de plus. Je sais pas non plus quoi faire pour le moment"

Je suis dans ce bureau, les bras ballants. Et je sais pas si me livrer de la sorte à vraiment été une bonne chose.

Samantha sentait bien que Luna n'allait pas vraiment mieux. Il faudrait vraiment que la jeune Seraph trouve un autre contractant capable de soigner les blessures de l'âme. C'était le seul moyen qu'elle voyait pour pouvoir guérir efficacement les gens. Là, elle ne trouvait plus les mots ou les actions qu'elle pourrait entreprendre pour soulager Luna. Peut-être en avait-elle trop proposé, trop fait et qu'elle avait trop remué une blessure encore fraîche.

- "Je comprends que tu veuilles régler cela seule, Luna. Je reste disponible à toute heure du jour et de la nuit pour toi, si jamais tu en ressens le besoin"

Samantha serra gentiment Luna. Les idées ne venaient plus désormais. Elle allait probablement s'occuper du cas de Terry elle-même, peut-être demander de l'aide à un allié Seraph. Quant à Luna, Samantha ne pourra que la surveiller et tenter de s'occuper d'elle si elle le désirait. Cela faisait un humain de plus qui restait hors d'atteinte des envies d'aide de la jeune Seraph.

- "Pour le moment, il ne faudrait pas que tu sois trop seule et ne pas trop te renfermer sur ce qu'il s'est passé. Tu as encore un avenir devant toi, et il ne faudrait pas laisser Terry la possibilité de le détruire. Il n'a pas à avoir autant de pouvoir sur toi" dit-elle gentiment "Mais je sais que c'est plus facile à dire qu'à faire. Désolée de ne pas être de meilleure aide"

Je sourie a ses paroles. De manière rassurante. Au fond, je sais qu'elle a raison.

"C'est exactement ce que je me disais. J'ai même pensé le petit paragraphe en mode plus facile a dire qu'à faire. J'imagine que j'ai besoin de temps..."

De temps, de réconfort. Je soupire profondément. Une manière pour moi de constater que mon souffle s'est apaisé. je reste plus que mes yeux rougis pour trahir mon état il y a quelques minutes.

"Mais c'est la seule chose à faire. Comme on dit : Tomber sept fois se relever huit"

Petite pause, je choisi soigneusement mes mots avants de simplement ajjouter.

" Et ne te leurre pas Sam'. Tu peux pas savoir a quel point ta simple présence est... Si t'étais pas la... Je crois que je serais toute seule. "

Merde, mes émotions ont encore submergés la barrière de mon visage pour couler le long de ma joue. Je les ravale une derniere fois dans un élan d'égo. Histoire de recréer cette barrière que le passage de Terry semble avoir emporté. C'est niais, mais j'ai encore envie d'enlacer ma sauveuse.

"Merci."

Même si la blessure allait rester longtemps, peut-être même à vie, Luna semblait réussir à voir un peu d'espoir, ce qui rassura Samantha. Elle n'allait peut-être pas sombrer autant qu'elle le craignait. Avec un peu d'espoir et de soutien, elle arriverait même à s'en sortir. C'était du moins ce que voulait la jeune Seraph.

La dernière phrase de Luna toucha grandement Samantha. Comme à chaque fois que quelqu'un la remerciait de ses actions, elle sentait qu'elle accomplissait le sens de sa vie et cela la remplissait d'un sentiment de plénitude.

- "Merci, et je continuerais tant que tu en as besoin"

Samantha la prit ensuite encore une fois dans ses bras, la serrant gentiment. Maintenant, il fallait trouver qui parmi les Seraph pourrait l'aider à aller assassiner Terry. Aria était trop gentille pour cela, et Sarah ne pourrait probablement pas aider, sadique comme elle était. Lenna était mortelle, mais elle ne comprenait pas les envies de justice de Samantha. William n'aimait pas la violence... Il n'y avait pas beaucoup de monde qui l'aiderait dans sa quête.

- "Là, maintenant, est-ce que je peux t'aider en quoique ce soit?"