Protocole oblige, je m’allume une clope tandis que je pose mes yeux sur le lieu incriminé. Une maison de retraite, donc. C’est … Eh bien, ouais, pourquoi pas. J’imagine que les ombres s’immiscent un peu partout, et ne sont pas très difficiles quant à leurs victimes : tant qu’il peut être manipulé, facilement ou non, ça doit leur convenir. Bon, peut-être qu’une part sadique en elles préfèrent choisir des cibles jeunes, histoire de bien pourrir leur vie dès le début ; mais certaine doivent être moins regardante.
M’enfin, ça se trouve, il y a rien ici. J’avoue m’être emballé un peu vite après avoir entendu parler de mélancolies et tristesses inexpliquées dans cette bâtisse, car ça pourrait simplement être de la faute de psy pas très compétents. Mais une partie de moi croit dure comme fer que tout ça fera une merveilleuse mission d’essai avec Marguerite.

Le plan est simple : j’en ai pas. A l’instar du super rouquin, elle prend les commandes pendant l’affaire et je ne suis que son camarade de mission, qui en plus obéit à ses commandes si elles ne sont pas insensées. Parce que oui, je me garde quand même un droit de jugement là-dessus, tout ça est très officieux après tout. Simplement une manière de me faire une idée de ses qualités et défauts, et ainsi pour l’aiguillier un peu mieux une fois de retours au QG.
Aussi, j’ai hâte de voir sa manière de se battre. Si elle découpe des ombres aussi facilement que des oignons, je crois que tout ça sera vite torché.

Il est encore tôt, peut-être à peine sept heures. J’imagine qu’elle voit bien dans l’obscurité, à peu près aussi correctement que moi j’imagine ; alors ça nous donnera un avantage pour pénétrer dans l’enceinte des locaux. Et oui, même si on vient en aide à ces gens, ce qu’on fait n’est pas très légal – alors autant être discrets. D’un autre côté, j’ai aussi choisi un horaire si matinal pour pouvoir causer à un chat sans témoin.
Ouais. C’est ça la vraie raison, en fait. Un passant qui assisterait au briefing que je vais faire me prendrait pour un demeuré, tandis que si personne ne passe, tout s’arrange. Problème ? Solution !

Je tire une taffe, puis tourne le regard vers ma partenaire, un sourire en coin. J’ai presque fini ma cigarette, on va bientôt pouvoir commencer.

« - Bon, on fait comme on a dit. Tu te faufiles, je te suis. Si jamais t’as une emmerde ou que t’es paumée, hésite pas à demander de l’aide. Je suis pas là pour te noter, juste pour te … Former ? Nan, pas le bon mot. Mais un truc du genre. »

Je fronce les sourcils un instant, tandis que j’écrase le reste de mon mégot dans un cendrier de poche que j’ai chopé avant de partir. Aussi con que ça puisse sembler, je m’occupe davantage des rookies en salle d’entraînement que sur le terrain. Alors le discours d’échauffement, c’est pas ma tasse de thé.

« - Bref. Bon courage l’amie, et quand tu veux. »

Cette fois-ci, je ponctue mon encouragement d’un vrai sourire chaleureux. Je suis décidemment curieux d’en savoir plus sur tes capacités, camarade.

Je ne pensais pas qu'Howard me recontacterai aussi vite que ça après notre dernière mission ensemble, enfin mission... Disons notre dernière rencontre ensemble, ça colle mieux à notre session de cuisine à deux. Pas que ce fut un moment très sympathique, mais je trouve que c'est presque une escroquerie d'appeler ça 'mission'. Mais bon, à ce que j'ai entendu, ça a plutôt plut et servi alors pourquoi pas. Il m'a rapidement expliqué la mission : un potentiel problème dans une maison de retraite. Ni une ni deux, j'ai accepté avec grand plaisir. Mais quand il m'a dit que c'était à moi de gérer, j'ai été un peu intimidée, faut avouer. Sauver des vieux, c'est quand même différents que de faire des pâtes... Mais pour ne pas le décevoir, je lui ai dit que j'y arriverai sans problème.

Nous voilà désormais devant la maison de retraite. Home Sweet Home, j'ai toujours aimé leurs noms à ces bâtiments. Ça fait paisible et agréable, pour une fin de vie. Il semble plutôt normal, ni riche ni particulièrement mal famé, une bonne maison classique visiblement. Ma grand-mère était dans un autre, plus au nord de la ville, qui est presque comme un hôtel. Mais ça ne l'a pas empêché de mourir avec difficulté.

Je vois que Howard fume. Beurk... Je fronce le nez de dégoût en sentant l'odeur. Peut-être qu'être Seraph le protège des cancers, mais ça ne le protège pas de l'odeur pestilentielle. Bon, ça va avec son attitude un brin badboy, mais quand même...

- "Pas de problème, je vais tenter de faire de mon mieux. J'ai encore jamais fait ça, alors merci de me coacher un peu"

Il a beau dire que c'est pas pour me noter, y a quand même une petit pression de réussite. Je suis un peu tendue mais je prends une grande inspiration pour me relaxer. On n'a qu'à entrer, surveiller si y quelque chose de mal et l'éliminer.

- "Alors, je pense qu'il vaut mieux ne pas faire de Kekkai pour le moment. Ca risquerait d'attirer l'attention des ombres ou d'éventuels Nephils" dis-je à voix haute, espérant avoir confirmation de mon idée "On est tôt, j'ai vu qu'il était vers 7h00, donc ça nous laisse deux heures avant que les visites ne commencent. Va y a voir que le personnel soignant qui va probablement patrouiller. J'imagine qu'il y a quelqu'un à la réception... Je vais voir ça"

Parler à voix haute me permets surtout d'avoir l'approbation d'Howard. Il a beau m'avoir dit que c'est moi qui dirige, il est vachement plus expérimenter. Je m'approche d'une fenêtre et saute pour pouvoir observer.

L'intérieur était calme. Un jeune homme était à la réception, l'air fatigué. Il regardait de temps à autre son écran mais passait le plus clair de son temps à lire un livre de cours de psychologie. Étudiant à la fac de l'est, il se faisait des sous en bossant en tant que garde de nuit et réceptionniste. Il ne quittait que rarement son poste, partant surtout pour aller faire une pause toilette méritée. Il n'allait pas avoir besoin de faire grand chose d'autre alors que son tour allait bientôt se terminer. Il y avait une camera, mais qui n'était jamais regardée.

Je reste une petite minute puis je reviens.

- "Y a un type qui surveille l'entrée. J'ai pas vu de camera autrement. Je vais faire une diversion en rentrant et en venant faire des câlins au mec. D'ici 2-3 minutes, tu rentres aussi discret que possible et tu te diriges vers le couloir, à droite. ça m'avait l'air d'être la direction des ascenseurs. On s'y retrouve"

Je lui souris et j'y vais. Les portes automatiques s'ouvrent et le type me voit. Il a l'air plutôt surpris. C'est à mon tour de jouer!

- "Miaou"

Je miaule tendrement avec un regard de petit chaton. Ca marche souvent. Je m'approche lentement et saute sur le bureau, commençant à ronronner.

- "Mais qu'est-ce que tu fais là toi" dit alors le jeune homme, souriant "Tu es venu rendre visite à quelqu'un?"

Je me laisse un peu faire avant de sauter à terre et me frotter à ses jambes. Il se penche pour essayer de m'attraper et de me caresser. Parfait, Howard va pouvoir passer si il est pas trop bruyant...

[J'ai fait un peu beaucoup, dis-moi si qqch ne joue pas ou te parait insensé ]

Tripotant le briquet dans ma poche, j’écoute sagement les consignes de Marguerite. Tout ça m’a l’air plutôt bien étoffé pour une première mission, je suis agréablement surpris – à son tour, Andrew m’avait gratifié d’un magnifique « Euuh… On rentre, puis après on voit, hein ? », nettement moins prévoyant. J’admets que j’aurais ouvert un Kekkai, étant donné les minces chances qu’un Nephil de passage s’en prenne à nous ; en soi, il est tôt, et le cube ferait tout juste la taille du bâtiment : pas un parangon de discrétion, mais loin d’en être un d’indiscrétion non plus.
Mais, même si la partie où je dois passer sans un bruit me paraît périlleuse, j’acquiesce d’un hochement de tête volontaire. Au pire, je trouverai une excuse ; au mieux, je réussirai.

Distraitement, je suis ce chat bien sympathique pénétrer dans l’enceinte de la bâtisse, la démarche typiquement féline. Va savoir si ça va de pair avec son contrat, ou si c’est le fruit d’un entraînement assidu. Grand mystère que voilà, à rajouter à la liste des questions indiscrètes qu’il faudra que je pose tôt ou tard à ma camarade. Peut-être tard, si je veux qu’elle garde une certaine estime de moi.

Le délai écoulé, je m’affaire à escalader la porte. Qui s’ouvre, victime du pivot de mon poids. Note à moi-même, penser à vérifier la poignée avant de tenter quoi que ce soit de téméraire. Déjà, je serai moins ridicule aux yeux du pigeon qui me fixe depuis tout à l’heure, et j’aurai moins de risques de me faire choper.
Ce petit contretemps résolu, j’avance tranquillement vers le hall principal, admirant le travail somptueux de ma collègue. Ainsi, le type de l’accueil est totalement subjugué par l’animal, ne vivant plus que pour lui faire des papouilles de folie. Enfin, j’exagère peut-être un peu, mais légèrement alors.

J’inspire un coup, puis franchis le sas automatisé, déglutissant dans le stress de découvrir si oui ou non le bruit des portes qui s’entrechoquaient avec le butoir allait l’intéresser. Mais non, rien. A croire que le ronronnement de Marguerite éclipse tous les autres bruits à ses oreilles – une qualité, vraiment.
A pas feutré, je traverse le hall bien trop long à mes yeux, puis en atteint enfin l’extrémité. Déclenchant un petit couac à cause de mes chaussures sur le sol. Merde.

« - Eh ? Y a quelqu’un ? »

Plus le temps de couacker, j’accélère la marche pour franchir le seuil des premières toilettes pour femme que je croise, m’enfermant dans un des cabinets. A toi de jouer l’amie, balance-moi un Kekkai ou fais ton propre couac, mais sors-moi de ça. Ou cherche l’ombre pendant que je me fais engueuler, ça aussi ça peut marcher.
Après tout, tu veux Traqueuse, et non Protectrice, je me trompe ?

Howard n'a rien eu à redire sur mon plan, je suis alors plutôt confiante que ça va marcher!

Je passe donc un peu de temps à me laisser faire, profitant un peu des caresses car faut quand même avouer que c'est agréable. Je sais pas du tout si Howard est entrain d'avancer mais j'espère. Je vais pas pouvoir l'occuper trop longtemps. Il a beau l'air gentil, il n'est pas non plus idiot au point de ne pas faire gaffe à son travail et à son poste.

Là, y a un petit bruit, suivit des bruits de marches rapides. Merde, ça doit être Howard! Si il se fait attraper, c'est la police assurée! ça serait violation de propriété. Il pourrait probablement passer la journée en garde à vue. Je peux pas le laisser se faire avoir. Après, si l'établissement porte plainte, il risque d'avoir encore plus de problème... J'aurais du trouver une autre entrée. Mais casser une fenêtre, ça fait beaucoup de bruit et niveau violation de propriété, c'est encore pire. Le type de la réception est entrain de se lever.

- "Hey! Je vous ai entendu!" dit l'homme, ayant bien compris qu'un vieillard ne pouvait pas se déplacer aussi vite

Il faut que je réfléchisse, et vite! Il ne fait même plus attention à moi. Je vois ses mollets... J'ai pas le choix. Je m'approche et lui mord légèrement le mollet.

- "Aïe! Qu'est-ce que je t'ai fait!"

Il est visiblement énervé et me pousse un peu séchement du pied. J'en profite pour courir et me cacher de l'autre côté de la réception, caché de sa vue. L'homme se plaint et se penche pour essayer d'essuyer sa blessure. Bon, c'est le moment, tant pis si y a potentiellement des Nephils... J'ouvre alors un Kekkai, aussi grand que possible et j'espère pouvoir enfermer Howard dedans... Au moins, il devrait être en sécurité.

- "Howaaard!"

J'avance, détestant le vide qu'il y a dans les Kekkai. J'arrive pas à m'y habituer. J'ai l'impression que tout y est faux, vide et mort. Un peu comme une sorte de purgatoire... Je continue à avancer dans la direction des pas que j'ai entendu. J'espère qu'il est dedans alors.

Je dois avouer que j'ai un peu paniqué et fais n'importe quoi...

C’est un peu cosy, en fait. Les cabinets sont bien aménagés, et le carrelage brille presque tant il est propre. Chapeau monsieur de l’entretien, c’est du bon boulot. Petite inspection à part, j’entends des bruits de pas dans ma direction ; à coups sûr le type de l’entrée. Je soupire, puis soulève un peu mes pieds pour qu’ils soient invisibles de l’extérieur – avant que ce dangereux son ne s’estompe au beau milieu d’un écho.
Donc, Marguerite a finalement pris le parti du Kekkai. Bah, je dois avouer que je préfère ça : si l’on m’a gradé Protecteur, ce n’est certainement pas pour mes talents de ninja. Nan, je laisse ça à ceux qui sont du mauvais côté de la promotion. Je repousse la porte qui devait me cacher, puis je me risque à arpenter un peu le couloir, tombant presque l’instant sur une petite silhouette féline que je connais bien.

J’esquisse un petit sourire, puis me penche un peu à son niveau, ne résistant pas à l’envie absolument pas professionnelle de lui placer une gratouille légère derrière une oreille. Fichue apparence de chat, ça me force à faire des choses qu’il faudrait que je contienne.

« - Bon. Je t’avoue que si j’suis pas Traqueur, c’est aussi parce que j’suis un peu une quiche en discrétion. Mais bon, j’aurais dû te le dire avant de tenter le coup. »

Dans le fond, j’avais envie d’essayer son plan, parce qu’une solution de replis était facile. Et puis que si elle se plante, au moins elle apprend de ses erreurs – on ne se balade jamais sans raison dans le monde humain, et si on le fait pour une qui n’est pas à leur portée, il faut un prétexte. Entre dans une maison de retraire par effraction, non. Trouver un prétexte légal et logique, oui. Qui plus est, ce n’est pas si difficile.

« - M’enfin, nous voilà donc dedans. A vos ordres, cheffe. »

Se séparer, ou non. Faire du bruit pour rameuter, ou être silencieux. Bien des options qui s’offrent à nous, et j’ai hâte d’en savoir plus sur les choix qu’elle va faire.
J’aurais peut-être dû amener un calepin pour noter plein petits détails sur sa façon de procéder. Mais déjà, ça l’aurait fait plus stresser qu’autre chose, et ç’aurait été trop officiel et zélé. Tout ça n’est qu’officieux et sans grande importance, alors c’est inutile de me prendre la tête à faire un pseudo rapport. On verra pour ça une prochaine fois ; et puis, j’ai d’autres noms en tête dont il faut que je m’occupe.

Howard sort des toilettes des femmes. Et ben, quel gentleman. J'espère qu'il est pas tombé sur une infirmière, on serait dans de beau drap. Mais au moins, je suis soulagé qu'il ne se soit pas attiré de problèmes. Je le regarde, le laisse faire gentiment sa caresse puis l'écoute. Il aurait pu effectivement me le dire... Mais j'aurais également pu lui demander.

- "Pas grave, c'était à moi de gérer tout ça. Je ferais mieux les prochaines fois"

J'ai par ailleurs repris ma concentration. Plus de panique, rien. C'est le moment d'agir. J'avance tranquillement dans les couloirs, réfléchissant.

- "Si j'étais une ombre, je me cacherais soit au plus profond du bâtiment, où je pourrais tranquillement me reposer en attendant de sortir pour m'accrocher sur quelqu'un, soit j'irais dans les chambres des anciens, pour être comme dans un buffet"

J'ai beau avoir l'air sûre de moi, je n'ai pas vraiment beaucoup d'idée de ce que je raconte. C'est ma première vraie chasse à l'ombre, le reste je suis tombée dessus par hasard. Je m'arrête en arrivant aux escalier en colimaçon, montant et descendant. Laisser Howard seul ne m'est pas venu à l'esprit une seule seconde. Je connais suffisamment de film pour savoir qu'il ne faut jamais se séparer quand on cherche le tueur. Surtout quand on est la jeune fille un peu faible accompagné du protagoniste principal.

- "Ce que je te propose, c'est d'aller voir les chambres des personnes agées en premier lieu. Comme si, si une ombre s'y trouve, on pourra la vaincre rapidement sans trop perdre de temps" dis-je en commençant à monter "Et on reste ensemble un peu, je préférerais... par sécurité. Je peux m'occuper de l'ombre, mais j'aimerais bien que tu sois là si jamais ça dérapait"

Autant être honnête. Faire inutilement la fière finirait par me faire tuer...

Un instant, je m’autorise un sourire à sa comparaison. Si les anciens sont des buffets ambulants – quoique, pas trop – à ombres, je me demande bien de quels plats ils sont composés. Des trucs faciles à cuisiner j’imagine, comme de la soupe ou des steaks-semelles ; mais pas de la plus haute gastronomie. Non, celle-ci j’imagine que ça doit être les gosses en plein boom de l’adolescence, à l’âge où ils sont le plus sensibles à leur entourage. Ça, ça doit être un genre de mets de choix pour ces monstres. L’humain à pourrir par excellence. Bande d’enfoirées.

Parenthèse à part, j’écoute sagement les consignes suivantes de ma partenaire-cheffe. Donc, toujours restés groupés, je note – et c’est pas un défaut. Au moins, ça évite de perdre un membre dans la cohue de la traque, et ça limite les blessures. J’admets toujours préférer cette approche, mais il faut dire que quand l’on fait appel à moi, c’est justement pour ça. Alors, je suis un peu biaisé.
M’enfin, son idée me paraît cohérente. Nous ne sommes pas vraiment pressés, et je doute que l’on tourne en rond assez longtemps pour que le maintien du Kekkai épuise Marguerite. Non, au pire, les ombres viendront d’elles-mêmes – dans le fond, nous ne sommes que de la chair fraiche à leur yeux, le côté croquant en plus.

« - Ça me parait être un bon plan. Je te laisse ouvrir la marche. »

Pas que je sois vraiment un adepte de ça, mais si je veux voir ses qualités en tant que dirigeante de missions, il faut que je la laisse se mettre en danger.
J’esquisse un sourire, puis glisse quelques mots avec une voix plus basse.

« - Les plus vieux sont au premier. »

Ça, ce n’est pas grand-chose comme indications. Juste un truc que j’avais repéré sur leur site Internet lors du chemin, et qui pourrait lui faire gagner un peu de temps. Mais bon, rien de bien essentiel dans cette information ; fouiller davantage est loin d’être un mal dans ce genre d’opérations.
Tranquillement, je la suis tout au long des marches, sans que rien ne nous attaque. On finit par déboucher sur le seuil, et du coin de l’œil j’aperçois les premières chambres. Alors, dans un infime mouvement de recul, je dégaine mon arme mais n’avance pas. A elle d’y aller, et de m’appeler si besoin.

« - Oublie pas, je suis toujours là si besoin. »

Je la gratifie d’une gentille caresse, puis je me tiens prêt à l’observer dans ses petites recherches.

Tant mieux, il m'accompagne. Peut-être que quand j'aurai fait plus de chasse, je serais apte à être en solo. Après tout, ça fait pas longtemps que je suis vraiment une Seraph active pour de vrai. Je hoche la tête quand il m'indique où se trouve les pensionnaires. Ca m'évitera de chercher.

- "Merci"

On monte tranquillement et on peut voir les chambres. Là, Evans invoque ses armes! Mince, il a du voir quelque chose? Je fais de même, encore peu habituée à utiliser mes griffes et marcher à la fois. Je reste immobile, tentant de voir ce qu'il se passe. Sa caresse me fait sursauter. Je le regarde ensuite.

- "Désolé. Ca va aller. Bon, alors, j'y vais. Je cries si y a besoin d'aide"

Je prends une grande inspiration puis avance à pas feutrés. Au début, je fais encore racler mes griffes sur le sol, non-intentionnellement. Mais en me concentrant, j'arrive à faire de grand pas pour ne plus faire aucun bruit. Mais je dois en même temps me concentrer sur mon environnement. Ça fait beaucoup! Ça me rappelle le permis de conduire, avec de plus gros risques...

Je tends les oreilles, pour entendre même les bruit les plus fins. J'entends Evans, mais également de drôle de bruit venant d'une des chambres plus loin. J'avance très prudemment et j'arrive devant la porte. Je soupire et ouvre la porte d'un petit saut. Parfait, je peux rentrer. Maintenant, voyons si une vile créature se cache...

J'avance et profite pour sauter sur un lit. Là, je pourrais mieux voir. Je regarde autour de moi et je vois alors deux yeux qui me fixent dans l'obscurité d'un dessous de lit. Je n'ai même pas le temps de réagir qu'elle se jette sur moi. J'esquive de justesse... C'est parti!

L'ombre semble plutôt molle et pas très futée. C'est tout à mon avantage! Un combat commence entre elle et moi. Nos griffes s'entre-choquent plusieurs fois, et je manque son visage plusieurs fois. Ca dure une petite minute, durant laquelle j'esquive de lit en lit tout en essayant de lui rendre les coups. Mais au final, elle fait une erreur et, d'un bond, je la traverse. Et PAF, plus d'ombre! C'est plutôt agréable, faut avouer.

- "C'est tout bon! Je l'ai éliminée!" dis-je en riant et sortant de la pièce

Toute cette animation avait attiré l'autre ombre présente. Plus puissante, elle sortit d'une des chambres du fond du couloir pour s'attaquer au chat qui semblait plutôt juteux. Elle prit rapidement de la vitesse et bondit sur Marguerite

[1 : Une ombre de niveau 6 me tombe dessus et je ne la vois même pas, ceci lui donne l'occasion de me faire une vilaine blessure
2 : Une ombre de niveau 5 me tombe dessus, et je la vois pas. Elle me donne un coup violent
3-4 : Une ombre de niveau 5 arrive et je la vois de justesse. J'évite son coup et je fuis en courant
5 : Une ombre de niveau 5 arrive et je la vois. Je pars en courant pour te retrouver
6 : Une ombre de niveau 6 arrive et je la vois. Je dévie de justesse son coup puis recule en t'appelant à l'aide]

Le membre 'Marguerite Banks' a effectué l'action suivante : Les joies du hasard

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'Dé classique' :

[La première ombre était niveau 1]

Trônant sur le seuil, j’observe d’un œil concentré Marguerite s’éloigner vers les cachettes présumées des Ombres. Je retiens un léger sourire quand j’entends ses griffes flirter avec le sol lors de ses premiers pas – j’admets, j’en aurais au bout des chaussures, je ferai pas mieux. Elle s’engouffre dans une pièce, et j’ose quelques pas, comme pour pouvoir garder une petite vision sur l’entrée – si jamais elle fuit, ou se fait balancer, je pourrai agir.
Quelques froissements plus tard, je comprends qu’un combat est engagé. J’hésite à rentrer dans la chambre, mais je serai plus un meuble gênant tout bien réfléchi ; elle sait comment m’appeler, et je suis assez proche pour accourir bien vite. N’empêche, je suis déçu d’un détail : j’ai cru que ma partenaire feulerait lorsqu’elle se battrait, comme un vrai chat. A croire qu’elle est humaine avant d’être féline. Logique, en fait.

Et puis, au bout d’un petit moment, mon tinglinging mental s’estompe, probable signe de la fin des hostilités. Je m’approche un peu du lieu de bataille, et aperçoit une Seraph triomphante et indemne. Parfait, elle s’en est donc sorti comme une cheffe de cette affaire, c’est vraiment pas mal. Après, certes, je n’ai pas vu à quoi ressemblait son adversaire, mais qu’importe sa carrure, elle reste mortelle. Même les contractants les plus forts peuvent se faire tuer par des ombres rachitiques, s’ils y vont sans précaution. Qui que l’on soit, on résiste rarement très longtemps à une artère tranchée.

« - Pas une blessure, bravo. »

Je baisse le regard un instant pour croiser le sien, jusqu’à ce qu’un mouvement brusque me rappelle soudainement à l’ordre. Je balaye rapidement les environs, et mon pouvoir s’enclenche m’indiquant que dans un futur très proche Marguerite va être attaquée. D’un coup d’un seul, on la repère en même temps et elle esquive au dernier instant sa griffe, se carapatant en même temps. Je ne peux pas lui en vouloir, prendre ses distances aide à la réflexion. Et la survie, aussi.
Je jauge rapidement le nouveau challenger. Même si ce n’est pas le monstre le plus imposant que j’ai croisé, c’est loin d’être du menu fretin non plus – et je doute que ma camarade puisse s’en sortir seule.

Profitant de cet instant stratégique, la griffue s’élance vers la féline, et je bloque brutalement sa course par une barrière, la forçant à se jeter sur moi par défaut. Je l’accueille en saisissant sa mandibule droite et en perforant la gauche d’une balle, affaiblissant un peu ce côté-là. Ce coup-ci, on est deux sur l’affaire.

Haha, je suis contente qu'il me complimente. C'est vrai que j'ai rien eu de grave comme blessure, je suis juste un peu fatiguée de toute les cabrioles. Mais ce n'est pas fini! Je vois de justesse une ombre qui risque de me trancher en deux! Vite, faut que je me mette en sureté! Alors je sprint à toute vitesse, jusqu'à être loin hors de portée. Une fois une bonne distance mise entre l'ombre et moi, je me retourne. Je vois alors mon sauveur tirer une balle en pleine tête de l'ombre. Qu'est-ce que c'est pratique d'avoir une arme de ce genre...

Mais pas le temps de révasser! On va refaire la technique avec Max : Je m'attaque aux jambes et aux cuisses pour tenter de faire une gentille salade de la créature. Je cours et passe à côté d'Howard

- "Désolée, j'ai pris peur! Je suis là. Je vais m'attaquer à ses jambes pour le faire tomber. Ca a marché une fois"

Même si il y avait eu l'attaque folle de Zoey. D'un rapide mouvement, je me retrouve derrière l'ombre et l'attaque avec fureur. L'ombre n'aime clairement pas que je lui plante mes griffes de métal dans la cuisse, vu qu'elle me repousse d'un puissant coup de pied. Rien de grave, je retombe sur mes pattes et repars à l'attaque sauvagement. Ca n'a rien à voir avec mon énergie de toute à l'heure. Là, je donne mon 200%!

Réagissant à mon sens, je fais un pas en arrière pour esquiver de justesse le coup de pied de mon ennemi, puis je viens abattre ma crosse sur son épaule déjà blessée pour enfoncer encore le clou. L’instant suivant, mon œil perçoit une torpille se jeter sur ses membres inférieurs, et se faire projeter en l’air. Ah.
Bon, apparemment ça a déjà fonctionné une fois. C’est déjà ça. Et puis, des griffes d’âme dans le mollet, ça doit quand même laisser une trace. Je recule encore un peu pour porter ses mouvements vers l’avant, et à l’instant où le missile heurte à nouveau de plein fouet une de ses jambes, je percute son torse de main libre et d’une balle, offrant à mon adversaire la chance de me griffer au passage l’épaule gauche. Rien de bien violent en soi, juste une nouvelle chemise de fichue. Va falloir que je fasse un tour des boutiques bientôt, sinon tout ça va commencer à mettre la puce à l’oreille de Luna. Et j’ai pas envie de passer pour un querelleur de bar à ses yeux.

La cible à terre, je lui arrache un bras déjà bien amoché d’une nouvelle balle, puis je pose un pied sur son torse pour l’empêcher de se relever. Ça peut sembler classe vu comme ça, mais la vérité c’est que je vais pouvoir tenir la position que quelques instants ; ensuite, la bête va se dégager en même temps qu’elle se régénère. Je tends une main, tandis que sa griffe libre tente de balayer dans la direction Marguerite.

« - A toi. »

D’ordinaire, je l’aurai achevée. Mais là, c’est sa mission, donc à elle de s’en occuper. Tandis que j’attends qu’elle porte le coup fatal, je sens la mandibule se refermer sur ma cheville, prête à la lacérer. Ouais, bon, il serait peut-être temps de se presser, l’amie.

Il est vraiment balèze Howard! Je suis impressionnée. Il a l'air de savoir exactement ce qu'il doit faire, comment utiliser son arme et ce sans hésitation. Moi, je suis là comme une déglinguée à attaquer sans vraiment de réflexion l'ombre. J'ai l'impression d'être pataude avec mes griffes, là où il est précis avec ses attaques. Mais il est blessé! C'est grave ça! J'ai pas vraiment le temps de voir, mais on dirait qu'il est touché à l'épaule. Je fais un bond en arrière, pour éviter un autre coup de l'ombre, suivie de sa chute.

Étalée au sol, elle me ferait presque de la peine, si elle ne tentait pas de me trancher avec son unique griffe valide. Je regarde un peu Howard, attends qu'il l'achève quand il me dit de le faire. Je suis un peu prise de cours et me relève pour sauter sur l'ombre, sur son torse. Je donne alors une série de coup de griffe rapides qui pénètre profondément dans la créature, qui finit par rendre son dernier souffle. Bon, c'était pas très glorieux, mais ça a fait le travail.

Je m'assied et regarde Howard, un peu inquiéte.

- "Tu es blessé Howard? Je vais te chercher de quoi te bander l'épaule, doit bien y avoir une petite infirmerie ici" dis-je en regardant autour de moi "Et merci beaucoup de m'avoir aidée et sauvée. Je pense pas que j'aurai réussi sans ton aide"

J'avance un peu dans le couloir, pensant un peu au manque de coordination que j'avais et aux limites de mes capacités... J'ai encore beaucoup de travail à faire pour devenir capable de m'en sortir. Là, je fais des attaques sans grande réflexion, un peu sauvage... Faut que je deviennes sûre de mes griffes.

- "Là, dois y avoir des bandages" dis-je en sautant pour ouvrir la porte... qui était fermée "Mince, tu peux tirer pour défoncer la porte?"

Je me rassieds, un peu inutile pour le moment.

- "Est-ce que je m'en suis bien sortie quand même?"

Enfin, l’amie féline creuse assez le torse de l’Ombre pour l’achever. Voilà une bonne chose de faite. Je joue un peu de ma cheville pour vérifier que rien de fâcheux ne lui est arrivé, et j’esquisse un léger sourire, rassuré. Je laisse tomber mes yeux sur ma partenaire, pour découvrir les siens visiblement inquiets. Ah, j’ai une si mauvaise allure quand je me bats ?

Oh. Elle s’en fait pour ça ? Bah, ok. C’est vrai que ce genre de blessures impressionne au début, mais à la longue on s’y fait ; et puis, ce n’est que l’histoire de quelques jours, voire heures si on rend visite à nos fidèles soigneurs.

« - C’est pas grand-chose, t’en fais pas. Et aussi, pas besoin de me remercier – si on est venu à deux, c’est bien pour agir ensemble. Si tu savais le nombre d’Ombres pour lesquelles j’ai dû appeler aux renforts, eh bien ça en ferait … Beaucoup, je pense. »

Et le fait qu’elle soit la cheffe de cette petite escapade ne change rien. Depuis quand les combats sont réservés, et que l’on agit tour par tour ? Ça fonctionne bien dans des jeux, mais ici, c’est assez mortel comme façon de procéder.
M’enfin, je la vois se carapater tranquillement dans le couloir, probablement en quête de cette fameuse trousse de secours. Alors, elle veut vraiment me bander l’épaule ? Tout à son honneur. Je la suis au même rythme, mon arme toujours au poing – il n’a jamais été question que de deux ombres, bien que s’il y en avait d’autres, elles se seraient probablement déjà montré, à entendre nos grabuges.

On arrive devant une porte fermée, et je consens à sa décision – comme si j’avais le choix, tiens. Je tire une balle là où il faut, et avec un petit coup d’épaule, la voie s’ouvre. Bingo, il doit bien avoir de quoi faire ici.

« - Oui, plutôt. Même si l’approche a été un peu compliquée, t’as trouvé les Ombres sans trop de problèmes ni d’indiscrétions, et personne dans ton équipe n’a vraiment été blessé. Et puis, tu te débrouilles plutôt correctement au combat, même si on voit que t’es pas encore tout à fait à l’aise avec tes griffes. »

Mon embryon de rapport est un peu plus impersonnel que mon ton habituel, mais autant être honnête. Elle s’est bien débrouillée, même si ce n’était pas parfait ; ce qui est un début assez intéressant. Moi le premier, nombreux sont ceux qui se plantent royalement lors de leur première véritable mission.
Je m’engouffre dans la pièce, ouvrant un petit coffret et commençant à m’envelopper l’épaule de la bande.

« - Et maintenant, on fait quoi ? »

Ouais, j’sais, je suis chiant de poser la question. Mais bon, c’est à elle de diriger, après tout.

Je crois qu'il fait un peu le dur devant moi, mais il a pas besoin. Je vois bien que sa blessure est douloureuse. Pas besoin de faire le fier, je sais qu'il est un dur à cuire. Mais je ne vais pas le blesser dans sa fierté et insister. Je vais bien entendu lui trouver de quoi le soigner, ou du moins lui donner des bandages car vu ma forme féline, ça risque d'être difficile...

D'un coup de maître, il ouvre la porte et trouve de quoi se soigner. Ouf, j'en suis rassurée. Par ailleurs, si c'est pas sa première blessure, a-t'il des cicatrices? La plupart des Seraphs que j'ai vu me semblaient en bonne forme... J'imagine donc que nos soigneurs peuvent soigner encore mieux que n'importe quelles médecines. J'écoute son rapport, très attentive. La plupart de ses remarques sont des choses auxquelles j'avais déjà pensé, mais avoir confirmation est toujours mieux. Mon approche devrait probablement être plus assurée à l'avenir, et va falloir que je m'entraine avec mes griffes. Je dois bien pouvoir trouver un bon instructeur pour ça. Je devrais également entrainer mes tactiques. Viser les jambes c'est facile, mais bon, c'est efficace que sur un humain et encore.

- "Je tacherai de m'entrainer à avoir des coups plus précis et plus mortel, sans avoir besoin de perdre du temps et de l'énergie sur mes mouvements. Quant à l'approche, je pense que ça viendra en continuant à faire des missions"

Mais je ne sais pas si Howard est vraiment celui qui est le plus apte à m'enseigner les coups mortels. Après tout, il n'aime pas vraiment ça. Je me relève et commence à marcher.

- "Je te propose que l'on fasse un tour du centre, pour s'assurer qu'il n'y a plus aucune ombre. J'imagine qu'il ne doit plus y en avoir, mais je préfère être sûre" dis-je en avançant tranquillement "Howard, même si tu fais un représentant exemplaire des protecteurs, je ne pense pas être faîtes pour défendre les gens. Je suis trop petite et pas assez protectrice j'imagine. Est-ce que tu connaitrais un bon traqueur, pour que je l'interroge un peu sur ce qu'il fait?"

Le troisième rang, c'est recruteur je crois bien. Ca, je me vois vraiment pas faire ça. Les nouveaux Seraph ont assez de visions de chat qui parle.

Assis sur la table, j’en suis au dernier tour de bande, que j’arrache et noue. Bon, la blessure m’handicapera pas trop je pense, et si jamais une Ombre se pointe j’aurais toujours mon autre bras. Et puis, c’est pas comme si c’était le pire truc qui me soit arrivé. Je me lève, moulinant doucement mon épaule, et étouffe un gémissement quand je tourne un peu trop haut. Ok, ok, t’avais raison l’amie. J’vais y aller mollo.
Je lui offre un petit hochement de tête, et la suis sans baisser ma garde.

« - A coup sûr, tu deviendras bien plus forte à mesure d’entraînement. J’imagine que le fait que tes armes soient une partie intégrante de ton corps va accélérer l’affaire. Parce que pour quelqu’un de peu entraîné, tu te débrouilles tout de même assez bien. »

Oui. Il faut que je réponde à son autre question ; et ce simple fait ne lui permet pas de décrocher un de mes sourires à son compliment, aussi gentil soit-il.
C’est ridicule, mais j’ai du mal à lui donner un autre nom à suivre. C’est un peu comme si mon enfant s’émancipait, ou décidait de partir vivre avec sa mère. Ça fait peut-être radical, mais j’le sens presque comme ça – après tout, j’aime bien m’enticher de ces rookies prometteurs. Mais bon, je veux son épanouissement, pas vrai ? L’empêcher de devenir Traqueuse ne serait qu’un moyen pervers de l’emprisonner.
Allez, respire Howard. C’est pour son bien. Et puis, elle y semble tellement destinée.

« - Je … Il y aurait Maximillian Demetrius. Assez abrupt et absurde dans sa manière de parler, mais un Traqueur avec des états de services impeccables. Sinon, Aleister Chase et Lenna Halo pourraient peut-être t’aider un peu. Ils sont encore Accomplis, mais se comportent pas mal comme s’ils étaient déjà promus. »

Voilà. C’est dit. Je lance un regard vers Marguerite, et je lui souris.

« - Mais tu repasseras me voir de temps en temps, hein ? »

L’ironie est évidente. Mais il y a un fond de vérité derrière ça – j’serai attristé de la voir disparaître du jour au lendemain, simplement pour une histoire de grade.

Je ne sais pas si il est pas un peu trop gentil avec ses compliments. Je trouve que j'ai plutôt l'air d'une plouc avec mes griffes. Mais après tout, pourquoi pas. J'espère réussir à progresser aussi vite qu'il dit. Mais je vois bien qu'il n'est pas des plus enchantés que je lui pose la question des traqueurs. Je comprends qu'en tant que protecteur, il n'aime pas que les gens aillent tuer et tout. Et c'est pas sûr que j'apprécie cela, mais après il faut bien que je me trouve un rôle dans notre faction, et c'est hors de question que je fasse la cuisine. Dory est mignonne comme tout, mais je ne pourrais pas faire ce qu'elle fait. Rester là, à aider juste les autres, ce n'est pas moi. J'ai quand même envie de me sentir utile, d'être dans l'action et d'être libre! Etre protectrice n'était pas vraiment pour moi.

Mais j'entends les noms qu'il me donne et j'hallucine! Maximilian est un traqueur! Mais je rêve! Ce gars est un idiot, c'est même étonnant qu'il se soit pas fait tuer par ses compères! Je crois que je vais peut-être hésiter à devenir traqueuse si ce sera lui mon mentor... Mince, j'y crois pas. Peut-être qu'il me l'a dit, parmis ses tonnes et tonnes de discours remplis de charabia et d'autre délire, mais je m'en souviens pas. On peut facilement lire la surprise sur mon visage. Par contre, Lenna Halo qui n'est qu'accomplis? Je suis plutôt surprise, vu sa puissance. Et Aleister, je le connais pas... Alors pourquoi pas commencer par lui? Mais la question d'Howard me fend le coeur. Bien entendu que je reviendrai le voir, je ne pars pas en sibérie voyons. Pour lui montrer que je pense quand même à lui, et pour profiter d'un transport gratuit, je fais un petit bon pour arriver jusqu'à son épaule, la valide évidemment. Je me stabilise un peu, essayant d'éviter de planter mes griffes puis lui sourit, frottant mon visage contre sa tête.

- "Bien sûr que je serais là. C'est pas parce que je serais traqueuse, si tant est que je le deviens, que j'abandonnerai mon fidèle partenaire de cuisine. On peut même se faire un repas une fois, pas besoin de toujours se voir en mission" dis-je en souriant "Mais concernant les noms, je connais Lenna. C'est une personne très douce et gentille, c'est chez elle que je dors au QG. Elle a aménagé sa chambre pour mois"

Comme elle l'a dit, Lenna ne vient pas très souvent. A ce que j'ai compris, elle est si puissante que le sommeil ne l'atteint plus alors je comprends qu'elle ne s’embarrasse pas avec tout ça.

- "Par contre... Max, t'es sérieux? Je l'ai croisé... C'est même lui qui m'a fait découvrir le QG. Mais il peut pas être autant promu que toi quand même. Il délire constamment et est pas très respectueux des femmes!" dis-je avant de me reprendre, ne sachant pas en fait si Howard l'apprecie... oups "Enfin, je veux dire que j'ai pas eu nécessairement une bonne rencontre avec lui... Mais je vais alors m'intéresser à Aleister. Tu veux bien m'en parler un peu?"

L’amie sur l’épaule saine, j’éclate d’un rire franc à sa remarque sur Maximillian, et la caresse doucement. C’est vrai que c’est un sacré original l’animal, mais il vaut le détour, tant est qu’on tente de le comprendre. A mesure que je le côtoie, je commence à saisir le fond de tout ça, et j’accepte mieux ses quelques débordements ou actes inattendus – en litote, bien entendu.

« - Maximillian est … Spécial. Mais apparemment tout tourne autour d’un étrange système de quêtes chez lui, et tout ce truc lui dicte de faire des choses de plus en plus abruties. Un bon élément quant à l’élimination des Ombres, pour sûr, mais s’il est question de gérer une équipe … Tu fais bien d’arrêter ton choix sur Aleister. Un des mecs les plus puissants que j’ai rencontrés, vraiment. Et il a la tête sur les épaules, le gaillard. »

N’empêche, je suis étonné de sa vision de Lenna. Pas qu’elle soit un monstre insensible dans ma tête, mais je ne l’ai pas vraiment vu sous un autre air que celui d’une tueuse implacable – à part une poignée de secondes, peut-être. Alors, je crois que je suis soulagé d’entendre d’elle qu’elle peut aussi être douce et attentionnée, chaleureuse même.
Les sens à vif, je continue d’avancer dans l’allée, ouvrant une à une chaque porte. Et, rien.

« - M’enfin. Pour sûr qu’on va se revoir après t’avoir refilée au rouquin, t’as pas le choix. Qu’importe le prétexte. Mais je me posais une question, en fait. Tu bouffes quoi ? J’veux dire, comme avant, ou des croquettes désormais ? Histoire de prévoir le resto’. »

Et voilà, même si la politesse est aux abonnés absents, je vais enfin avoir une réponse à ça. Et dire que j’ai une tonne d’autres interrogations en suspens … Non, il vaut mieux tout garder au chaud, pour le moment. Si je sais tout, Marguerite perdra un peu de son côté mystérieux – et même si je ne l’apprécierai pas moins pour autant, ma curiosité m’amuse.
Alors, je fais coulisser de nouveaux gonds, pour encore ne rien trouver. Voilà un étage de terminé, au suivant.

Au moins, Howard est d'accord avec moi. J'aurais préféré qu'il dise que Maximilian était effectivement un attardé, mais je comprends qu'il ne peut pas se permettre de critiquer ouvertement un de ses collègues, ça l'a mettrait mal sinon. Mais parfait, je vais tenter de retrouver cet Aleister. J'imagine qu'il est plutôt connu dans le QG, même si il est que accompli. Il doit pas y avoir vingt mille rouquin.

- "Je le trouverai sans problème alors. Je me réjouis de le voir pour discuter un peu de tout ça"

Peut-être qu'au final, les traqueurs me convainqueront pas. On peut pas vraiment savoir. Mais Aleister saura peut-être me convaincre? Tout dépendra de si il avait autant de tchatche qu'Howard. Je souris à sa question. Peut-être que c'est depuis ma transformation, vu que j'ai jamais mangé de la nourriture pour chat avant ma mort, mais c'est tellement bon! Je sais pas si c'est honteux, ou sale de l'avouer. Mais vraiment, c'est un petit met magnifique. Pas autant que le chocolat, que je peux enfin manger sans trop de problème, mais c'est bon aussi.

- "Je peux manger sans problème un peu tout ce qui existe. Les croquettes et les pattés sont très bon, mais j'aime aussi beaucoup la nourriture. Trouve-moi des chocolats, ou une glace, et tu feras ma soirée" dis-je en souriant "Mais je sais à quel point l'odeur est pas très ragouttante, du moins j'aimais pas du tout quand j'étais humaine. Donc un repas normal me convient. Je doute que l'on puisse réserver pour deux à une table du quartier nord, donc j'imagine qu'on pourra soit cuisiner, soit on commande une nourriture fast-food?"

Le fast-food, c'est pas ce que j'aime le plus. Ca tombe sur les hanches et le ventre, sans compter de tout les additifs et autre saleté qu'ils mettent dedans. Mais je veux bien ne pas trop faire la fine bouche, surtout depuis que je ne mange plus tant que ça.

Les oreilles attentives aux miaulement humanoïdes de Marguerite, je grimpe les marches, et m’engouffre dans le nouveau hall, recommençant mon examen méticuleux des lieux.
Alors, elle peut manger de tout ? Intéressant, ça – même si, comme elle dit, réserver une table pour un chat et un homme me paraît assez compliquée comme affaire. Quoique, passer pour un riche excentrique pourrait être assez amusant dans son genre. Sauf que je parlerai à un félin, et qu’il me répondrait. Ouais, esquivons l’affaire, sinon une armada de clients vont débarquer dans l’hôpital psychiatrique le plus proche dans la nuit. Je ris doucement, tandis que mon arme pointe une énième fois du vide. Enfin, un lit défait et vide quoi. J’imagine bien qu’il devrait y avoir un vieux dedans, mais quelques sorcelleries m’empêchent de l’apercevoir.

« - J’imaginais pas les croquettes si bonnes, mais t’as sûrement raison. Enfin, pas sûr que ça suffise à me convaincre d’y goûter, ha ha. Sinon, des sushis à emporter ? On raconte que les chats aiment beaucoup le poisson, alors tu as peut-être hérité de leur passion ? »

Rapidement, j’atteins le petit salon commun, plutôt bien arrangé. Pas une chaise qui n’est pas parfaitement placée, je pense bien que l’endroit est vide, encore. Faut dire, étant donnée l’heure, ça n’a rien de bien surprenant – quoique, je sois sûr que quelques résidents s’amusent à jouer contre les horaires et à s’infiltrer ici en pleine nuit. Pour faire des parties de scrabble endiablées, peut-être et d’autres activités bien plus passionnantes, que ma mauvaise langue ne saurait trouver.

Brutalement, un bruit se fait entendre, et je me retourne aussi vite, pointant de mon arme la direction du prétendu intrus.
Un coucou. D’une horloge. Il est sept heure trente. Ouf.
Attends. Ça sonne toutes les demi-heures ce truc ? Ils sont tarés dans la résidence ? Comment tu veux dormir avec une arme sonore de destruction massive comme ça ? Soudainement, je suis plein d’empathie, je dois bien l’avouer.

C'est très plaisant d'avoir un chauffeur qui fait tout le boulot. A ce rythme, je risque d'y prendre goût. Mais heureusement, il y a pas d'autres ombres dans le coin. On a donc sauvé cette résidence, c'est plutôt gratifiant.

- "Je ne te forcerai pas de manger des croquettes, ne t'en fais pas" dis-je, amusée en tapotant la tête d'Howard de ma patte "Mais oui, des Sushis me vont parfaitement. J'aime bien. J'en prenais relativement souvent avant, que j'étais humaine. Jamais réussi à utiliser des baguettes par contre, et c'est pas dans cet état que je vais y parvenir"

Je sursaute au moment où il y a le bruit et qu'Howard tourne. On en aurait raté une?! Heureusement, c'est juste une horloge. Il a des réflexes très développés Howard!

- "On dirait qu'il y a effectivement pas grand chose niveau ombre. Tant mieux" dis-je en me repositionnant pour être bien "Mais les Sushis, c'est cher quand même. Et vu mon état, j'ai plus trop de quoi te rembourser si tu décides d'en commander. Mais je peux tenter d'en voler si tu veux, ca serait pas la première fois"

Une nourriture volée a toujours ce petit goût supplémentaire de culpabilité et de fierté.

Un instant, j’arrête ma fouille pour me figurer Marguerite qui tente d’utiliser des baguettes. Planter ses griffes dedans serait maladroit, et je suis pas sûr qu’elle ait l’équilibre pour gérer tout ça à deux pattes. Surtout que c’est franchement pas pratique, si les deux bâtons sont pas collés. Ouais, nan, vaut mieux faire autrement. Avec les dents, sûrement.

Je hoche un peu la tête, et passe au dernier étage, l’arme toujours parée. Bientôt fini, et j’accélère la marche, pratiquement certain de ne trouver plus que du vide.

« - Oh, tu sais, à moins de se faire les meilleurs du comté, je pense pas que ça trouera mon compte un petit repas, même à deux. Je dépense pas grand-chose, faut dire ; et j’ai un salaire. »

Non, vraiment, deux barquettes de sushis, je peux me payer ça. Et même la sauce avec, et des boissons. Royal, non ? Je réprime un léger rire. Tout de même, lui demander de voler pour manger ? Je suis pas sdf à ce que je sache.
Bon, après, si on tente de taper dans la très haute gastronomie, là, ok, peut-être que ça peut se négocier. Mais à ce niveau-là, je doute que l’amie féline puisse en chiper autant si facilement. Parce que c’est préparé sur l’instant, minutieusement, presque religieusement.
Et que ça coûte jusque mon mois de salaire. Ouais, je vais peut-être esquiver ce genre d’endroits, et me contenter d’un truc de livraisons.

« - Tu voles toujours pour manger ? »

Même si dans un sens, j’imagine que son appétit doit être assez limité. Nature oblige.

Bon, je ne vais pas insister. Même si ça me gêne un peu, c'est toujours agréable de se faire offrir des trucs. Généralement, j'essaie d'éviter de faire payer mes amis, après tout c'est pas très poli. Mais Howard a raison. Il a les moyens pour, et moi pas. Et il ne me paie pas par pitié mais par sympathie, donc ça passe.

- "D'accord. Merci Howard. Je trouverai un moyen de te rembourser"

Dois bien y avoir quelque chose qu'Howard désire... Je vais tenter de trouver ça.

Alors qu'on continue à avancer, j'avoue ne plus du tout faire attention à ce qu'il se passe. Pour moi, y a plus aucune ombre et j'ai donc une balade gratuite sur les épaules d'un ami. Je souris, amusée, à sa question.

- "Non non, je vole très rarement en fait. Je vais, de moins en moins maintenant, chez ma famille. Disons que ça les aide à faire le deuil. Ils m'offrent les meilleurs pâtés et croquettes qu'ils peuvent trouver. Ils espèrent que je reste pour toujours avec eux, mais j'ai toujours fuis dès qu'ils essayaient de me mettre un collier. Je me sens pas prête à vivre dans une famille, et encore moins dans la mienne." dis-je avant de soupirer un peu tristement "Autrement, je mendie surtout. Un petit chaton qui vient vers toi et qui ronronne avec de gros yeux, ça suffit généralement à ce que je prenne un petit bout de viande. Ou sinon, je chasse. Y a pas mal de petit rongeur. Et c'est plaisant de traquer la proie et de saute dessus juste au moment où elle se croyait en sécurité"

Je reprends le sourire en imaginant les chasses. J'essaie de ne pas trop jouer avec ma proie une fois capturée, mais c'est dur de résister à la tentation... Je cesses alors de sourire, me rappelant qu'Howard n'aime pas vraiment ça.

- "Enfin, c'est pas vraiment ce que je préfère hein... Ça salit, et c'est vraiment pas très sympa..."

Me rembourser ? Non, vraiment ? Trop de manière dans cette féline, vraiment. Je retiens un soupir amusé, et coche quelques nouvelles cases de ma liste des chambres restantes. Au risque de varier un peu, toujours rien.

Je lève les yeux au ciel quand viennent tous les détails sur la chasse – et surtout, quant à la torture qu’elle apprécie infliger à ses proies. Oh, j’aime pas ce genre de choses, et elle le sait bien, preuve en est son rattrapage maladroit de mots, mais j’imagine que ça fait partie de l’héritage de son corps. On ne devient pas un chat sans attraper son goût prononcé pour les quelques préliminaires de la bouffe, si on peut dire.
N’empêche. Elle rend visite à sa famille, donc ? Je comprends qu’elle lui manque, c’est vrai. Mais est-ce qu’ils l’ont retrouvée à côté du corps de leur fille ? Est-ce qu’ils voient vraiment cet apparent animal comme un bon moyen de faire leur deuil ?
C’est sûrement pas à moi d’avoir un avis là-dessus, j’imagine. Mais le côté mignon petit chaton qui vient quémander de la nourriture, je comprends tout à fait. Je tomberais aussi dans le piège, je dois bien l’avouer.

« - Oh, de toute façon tu as déjà quitté ma voie, alors tu peux continuer à me trahir, hein ! »

Ouais, j’ai dit ça avec l’intonation théâtrale, une main – douloureuse, la faute de mon épaule – sur le front, et le regard vers le plafond. Mauvais acteur, je sais ; mais au moins, j’aurais essayé. Je pousse une porte, découvre un plumard vide. Je passe à la salle suivante, et découvre que c’était le placard à balais final.
Oh. On a terminé ça veut dire, je crois.

Je glisse un petit sourire à ma camarade, et récupère un air plus normal, et plus guilleret. Pause à l’humour, place aux bonnes nouvelles.

« - Rien. On a fini, je crois. Félicitations pour ta première véritable mission, Marguerite ! »

Et sur ce, je prends la cage d’escalier, pour me carapater jusqu’en bas, et déguerpir du lieu. Pas encore, évidemment, mais là est bien l’idée.

Mon pauvre, il a l'air de tellement souffrir. Comment pourrais-je vivre en sachant que j'ai brisé le cœur du seul individu qui ne m'a jamais vraiment aidé. Nooooon...

Je lui souris d'un air entendu, ayant compris qu'il plaisantait. Je suis contente qu'il le prenne comme ça. Pendant un moment, j'ai cru qu'il serait vraiment blessé ou vexé. Mais je sais qu'à l'avenir, je continuerai à le voir. Après tout, c'est un des premiers à m'avoir donner une chance de progresser! Voyant que tout est terminé, je saute de son épaule pour attirer avec grâce au sol.

- "Merci. Mais j'ai également eu un mentor d'exception donc ça aide grandement! Ca m'a beaucoup appris sur comment gérer les ombres. J'irais voir Aleister Chase pour avoir plus d'informations concernant les traqueurs"

Je me dirige donc tranquillement vers la sortie. Je sais que j'aurai pas toujours un protecteur rien que pour moi, donc il faudra que je deviennes plus vaillante et plus prudente.

- "Tu sais, je crois que je commence vraiment à m’accommoder à cette vie. Je veux dire, la vie de Seraph. Je me dis que ça doit pas être simple pour tout le monde, en particulier ceux qui ont une vie humaine active. Mais au final, il y a que des avantages non? On mange ce qu'on veut, on a une faction qui nous soutient, on sait qu'on aura toujours des gens autour de noms qui sont sincère et amicaux et même les pires membre de notre faction sont infiniment moins pire que les pires des êtres humains"

Peut-être aussi que je suis encore en période de grâce, durant laquelle on se voit comme sur un petit nuage...

Un mentor d’exception, qui lui a beaucoup appris sur le combat des Ombres. Comme t’y vas, Marguerite ! J’ai peut-être beaucoup parlé, mais je ne t’ai certainement pas beaucoup instruite ; mais, j’dois avouer que tes compliments me font sourire. Je t’apprécie vraiment l’amie, j’espère que tu trouveras ta place aux côtés d’Aleister.

« - Je sais pas. Je veux dire, je suis content pour toi, mais … Cette vie a énormément d’avantages, comme d’inconvénients. Si t’as une vie humaine qui te tient à cœur à côté, c’est compliqué de la maintenir en place. Enfin, c’est le mec qui prétend devoir quitter son bar depuis six mois qui te dit ça, mais ça finira bien par arriver. »

Je soupire. Je vis dans une bulle, encore : la journée, je fais mon petit rôle de Seraph, sans jamais réellement me salir les mains ; et le soir, je tiens mon bar et passe mon temps avec Luna. J’ai de la chance, beaucoup de chance – et un jour, sûrement, tout ça devra s’arrêter. Alors, je profite d’ici là, vraiment.

« - Mais bon. On est une faction comme tu dis, et la vie par chez nous est plutôt tranquille, je te l’avoue. Pas de problème de salaires, d’aides, de voisins. Et puis, toi, c’est pas chiant parfois, de ne plus être considérée comme une personne par les humains ? J’imagine qu’au QG, tu dois te sentir vraiment chez toi. »

J’ai beau être Protecteur, je dors tellement peu à la base que j’en ai presque oublié le numéro de ma chambre. Faudrait peut-être que je m’acclimate à nouveau du coin, parce que depuis que je suis en couple, eh bien … Ma traque des nouveaux a pris du plomb dans l’aile. La version officielle, c’est que j’ai privilégié la qualité à la quantité ; mais la vérité, c’est simplement que je déserte un peu l’affaire, faut bien le dire.

Ah. Voilà que la porte coulissante pointe le bout de son nez. Sera bientôt l’heure que Marguerite relâche son Kekkai, tiens.

Howard marque un point, imaginons quelqu'un qui a encore une famille, ou pire, qui a des enfants. Gérer ça et la vie Seraph, ça doit être très compliqué. Je les envie pas. Je crois que le plus effrayant, c'est de s'imaginer que les familles sont en danger. Je ne pense pas que la mienne le soit. Après tout, comment remonter jusqu'à eux? Je suis morte.

Mais il a pas tord que j'apprécie beaucoup de pouvoir parler avec des humains et être traitée, presque, comme telle. Je lui souris alors qu'on sort.

- "Je vois ce que tu veux dire. Quand tu as une vie qui te plaisait avant de faire ton voeur, ou une vie que ut peux continuer malgré ton voeu, c'est plus difficile de s'imaginer vivre que avec la faction. Je pense que, si j'avais encore ma famille proche, je ne serai probablement pas venue au QG, pour ne pas commencer quelque chose que je pourrais regretter" dis-je en commençant à m'éloigner de l'entrée, m'approchant des limites du Kekkai "Mais oui, c'est très difficile d'être un humain dans le corps d'un chat. Encore plus quand j'étais même pas capable de parler ou de porter des choses comme une humaine. Mais je préfère ne pas trop y penser, maintenant que je suis reconnue en tant qu'humaine"

Je m'arrête aux limites, du Kekkai. Je dois avouer que même si je n'aimais pas l'intérieur mort des dimensions, ça me permettait au moins de pouvoir discuter avec des gens sans éveiller de soupsçon.

- "Mais je me demande si c'est possible de pouvoir devenir humaine, ne serait-ce que quelque temps. Plein de truc me manque. Mais au moins, j'ai des amis pour m'occuper" dis-je en soupirant. Je regarde Howard, puis souris "Enfin, je vais rompre le Kekkai. On pourra continuer à discuter si on est seul sur le trajet"

Le pas calé à celui de Marguerite, je la suis docilement jusqu’aux limites du Kekkai, écoutant d’une oreille ce qu’elle me dit et y réfléchissant de … Ben, pas de l’autre, ça fonctionne pas comme ça. Mon regard vient se perdre sur la fine paroi qui s’offre à nous, y scrutant des détails qui n’y existent pas. Mais, ça me permet de davantage me focaliser sur ce que je tente vainement d’imaginer, là-haut.
Ce à quoi devait ressembler sa vie, lorsqu’elle n’était que chat, si on peut dire. Comprendre tout ce qu’on lui disait, mais être muet de notre langage ; se faire porter sans cesse, déranger, et autres tortures qu’endurent constamment ces petits félins. Oh, oui, une petite gratouille derrière l’oreille ou sur le ventre de temps à autre, ça doit bien être sympathique, mais il y a un moment où le consentement pourrait être une bonne idée. A partir de l’instant où c’est une humaine qu’il y a dans ce corps, il y a des termes qui qualifient toute cette affaire.
Et puis, il y a aussi le sommeil. J’imagine que sa transformation n’a pas su dominer, et que la nature a dirigé son rythme de sommeil. Devenir ce genre de boule de poils, et ne pouvoir goûter à leurs si fameuses siestes permanentes, ça doit être aussi une espèce de torture. Vraiment.

Comme pour m’intimer de répondre, la barrière se relâche, et je tourne un œil vers ma camarade, puis vers la rue devant nous. A l’autre bout il y a quelqu’un, mais personne d’autre. Assez de temps pour échanger encore quelques répliques, j’imagine ; après tout, je connais bien des gens qui discutent avec leur animal.

« - Qui sait, peut-être que Kyu a prévu ça, que tu puisses inverser ta transformation. Ou pas, je ne sais pas. J’espère vraiment pour toi, j’imagine que simplement avoir le choix, ce serait libérateur. Et franchement arrangeant aussi. D’ailleurs, n’aies pas honte. Si jamais tu as envie d’objets pour t’amuser, du genre peu humain … Je peux m’arranger pour te refiler ça discrètement, t’inquiète pas. »

Et voilà, je vais devenir Howard Evans, le dealer d’herbe à chat et de petites boules à clochette. Ça claque comme affiche, non ?

Je le regarde, essayant d'avoir un regard réprobateur mais c'est difficile quand j'ai envie de rire. Howard me fournirait tout ce que je désire pour m'amuser. Je vais envahir la chambre de Lenna avec mes arbres à chats et autres jouets.

- "Howard, voyons..." dis-je avant d'éclater de rire "Merci, mais je pense pas que Lenna va aimer avoir plein d'objet dans sa petite chambre"

Et puis, j'ai de l'honneur quand même. Je ne vais pas être humiliée en jouant avec une souris en plastique devant des humains qui me regardent en riant me trouvant mignonne. Je n'ai absolument jamais couru après un laser ou joué avec un humain, non vraiment... Du moins, j'espère que jamais personnes ne l'apprendra sinon ma réputation est morte.

- "Enfin, c'était un plaisir de travailler avec toi pour ça!"

Mais je crains que je ne doive retourner dans le silence félin. Ca serait idiot de se faire attraper par un humain un brin trop curieux

Hmm. Je l’ai pas convaincue avec ma proposition – ou bien, elle n’ose pas me demander une petite faveur. Oh, si elle timide, je lui ferai arriver quelques cadeaux, alors. Par l’intermédiaire de Lenna. Donc, faudrait que je reprenne contact avec elle, tiens. Ce qui ne me déplairait pas, je dois bien l’avouer ; j’aimerais savoir si elle arrive à remonter la pente. Parce que, quoi qu’elle en dise, je sais que tout ne va pas bien.

« - Boh, un petit truc de temps à autres … »

Un regard complice, et j’éclate de rire à mon tour, heureux de l’ambiance. Tranquillement, je retourne vers un ton plus classique, et je ralentis un peu le pas, repoussant rapidement l’idée de lui serrer la main. Déjà, c’est une patte, et en plus, c’est pas très pratique faut l’avouer.
Alors, je vais me contenter de choses plus formelles.

« - Pareil. Au plaisir de te revoir, mission ou non. »

Vraiment, elle est prometteuse. Une véritable volonté de bien faire, une bonne humeur qui instaure l’esprit de groupe, un souci des autres – l’attirail du bon Protecteur, tant qu’elle n’aurait pas voulu devenir … L’autre chose. J’imagine qu’elle s’en sortira très bien aussi, et puis elle a des talents certains dans cette branche-là ; mais, une collègue de sa trempe, ça m’aurait plu.
Non parce que, sans déconner, on est deux. Deux, juste, deux. Pourquoi personne ne veut rejoindre nos rangs, hein ? On mord pas, on est gentil, accueillant, tout ça …
Quoique, l’histoire de la morsure, ç’aurait pu changer avec Marguerite. Ça fait toujours deux sur trois, nan ?

Je ne veux pas de jouet, mince. J'ai parfois l'impression que les gens oublient que je suis humaine sous ce tas de fourrure. Ce n'est pas parce que j'ai effectivement parfois des pulsions félines que ça veut dire que j'aimerais y succomber... Et même si j'y succombais, personne ne le saura jamais.

Je lui souri et le regarde.

- "Je te donnerai bien mon numéro, mais c'est pas très facile d'avoir un téléphone pour moi. Mais tu sais où me trouver, et tu peux toujours me laisser une lettre glissée sous la porte de chez Lenna. Je sais lire" dis-je en m’arrêtant "Je pourrais pas t'en renvoyer une, malheureusement. Tu ne pourras jamais voir à quel point j'avais une magnifique écriture manuscrite!"

Non vraiment, j'écrivais de magnifique lettre pour mon cher et tendre, à l'époque. Je soupire, qu'est-ce que la vie était innocente à cette époque. J'en serais presque nostalgique. Mais quand je regarde les gens qui m'entoure, Lenna et Howard, je me dis que mon avenir sera beau.

- "Allez, de retour au jeu du chat histoire de ne pas éveiller les soupsçons"

Je miaule et je me frotte ensuite aux jambes d'Howard. Tout ceci fut bien sympathique

[The end j'imagine?]