A new Dawn:

Comme d'hab', j'ai rejoins Blondie à la fin de son service. Comme je l'ai fais peut être une trentaine de fois depuis cet été. J'ai perdu le compte de mes visites ici. Et lui des siennes dans mon Van.
Comme d'hab, j'ai suivis cette micro tradition installée entre nous. J'ai fais un bref rangeage de meuble qui était de circonstance alors qu'Howard finissait d'installer les derniers verres dans l'habitacle du lavabo qui sert de lave vaisselle. Comme d'hab, depuis que j'ai appris que mon surnom était Carmilla, j'ai pris l'habitude d'esquiver les clients habituels du bar et de ne venir seulement quand les locaux sont vides de toute énergumène alcoolisées.
Et comme d'hab, mon café trône sur le comptoir, une invitation à s'assoir près de lui. A laquelle je me conforme.

Et puis quand vient le moment ou je suis sensée me jeter dans les bras du blond et de me perdre quelque instant dans son parfum... Je reste assise. Le café entre mes mains qui m'offre à peine le courage de rester là.

- Il faut qu'on parle.

Je m'étire une peu en lançant la phrase fatidique. une tentative de paraitre détendu alors que je sens ma voix muée dans des octaves plus sombres. Mon regard de perd dans la contemplation des  chaises alignées sur les tables du bar vide. J'ai un soupons d'incertitude quant à la réaction d'Howard. Mais.. Il ne devrait pas être violent... Je crois. J’espère.

Je laisse le silence s'installer. Un peu nerveuse. Je pense qu'il a compris ou il venait en venir. Je suis un peu distante ce soir, je me surprend à retenir les élan bourré de spontanéité. Comme des envies brusques et violentes de l'enlacer. De l'embrasser. Des souvenirs physiques de notre intimité. Peut être que malgré ma peur. Je reste trop complice de mes élans d'oublies. Et pourtant...

Et pourtant... Justement, je ne dois pas oublier. Howard n'est pas un humain. Howard n'est pas de la famille. A l'instant ou il sera au courant, la personne que je connais pourrait se transformer en cet inconnu lointain. En cet ennemi. Ça me parait si abstrait et pourtant je le sais parfaitement. On imagine jamais quelqu'un que l'on aime en meurtrier. Mon frere le premier. Et peut être que c'est le cas de cet homme en face de moi. Cet homme que j’espère connaitre en sachant pertinemment que ce n'est pas le cas. Que ce ne le sera probablement jamais.

Je suis moi même fatiguée de ce malaise constant. Mentir auprès de lui et de ma famille m'épuise. Cela se voit. Aux creux qui cernent mes yeux. Aux sursauts qui hantent mes réactions aux bruits, à la retenue malaisante que j'ai envers des Nephils agréable et a hostilité que j'ai envers tout le QG quand les autres Nephils ne font pas l'effort d'être déjà connu de ma mémoire.
Je suis... Si fatiguée de jongler entre des rôles.

Alors je largue une bombe. Un pieux mensonge. Qu'il me déteste, qu'il me haïsse, me méprise. Qu'il explose, enrage, exulte. Qu'il crie, hurle. Ce serait le mieux. Pour lui comme pour moi.

"Je suis désolée Howard. Je t'aime. Mais je vais être honnête pour une fois dans ma vie..."

Je soupire. Contemple mon café comme si la couleur puissante du liquide renfermait à lui seul le secret de l'existence et de la vie. Étrangement, le café resta silencieux. Il ne répondit pas à cette question mentale.

" Mais quand je t'es rencontré. J'étais déjà en couple... Je n'en peux plus de mentir a tout le monde et de mener une double vie."

Pour la famille. Je dois faire un choix. Cela fait 6 mois que cette situation précaire se prolonge. 6 mois que cela dure. Et aujourd'hui. J'ai enfin décidé de prendre une décision

La main sur la machine, je me laisse bercer par ses bruits. Doucement, progressivement, cette espèce de crime à l’ouïe s’est mué en son presque agréable, annonciateur d’une visite des plus appréciables - fruit de nos multiples entrevues. Enfin, cette sérénade de fausses notes prend fin et me délivre une tasse, que j’attrape et viens déposer devant Luna ; un sourire niais aux lèvres.
Et puis, rien. Bluedie reste là, manquant à ce câlin presque traditionnel. Je fronce légèrement les sourcils, intrigué par ce changement, et entame de contourner le bar pour en savoir plus sur ce qu’il pourrait la tracasser.

« - Il faut qu'on parle. »

Je m’arrête, la toise, muet et décontenancé. J’ai la désagréable impression de reconnaître cette scène, de deviner le but de sa visite Je la vois en train de s’étirer, de tenter de garder un air qui se voudrait décontracté ; mais elle échoue joliment. Je la sens nerveuse face à moi, qui est étrangement calme.
Je recule de quelques pas, pour venir m’appuyer sur le meuble de la cafetière, le regard toujours profondément dans celui de Luna – et, à défaut de le trouver, sur son visage. Je ne sais pas ce que je suis censé faire, comment je dois réagir. Peut-être que je dramatise quelque chose qui n’en vaut pas le peine, que je me plante totalement sur ses intentions – mais je suis persuadé que non. Alors, est-ce que je devrais me mettre en colère, meugler des insultes que je ne pense pas et que seule la circonstance demanderait ? Non. Simplement, je maudis ce silence trop long, et qui m’impose un suspens dont je ne veux pas.

« - Je suis désolée Howard. Je t'aime. Mais je vais être honnête pour une fois dans ma vie… »

Je vois le glas se profiler devant moi, la corde prête à heurter les parois solides et résonnantes de cette cloche. Je serre les dents, je devine mes pupilles se contractant ; et j’attends. Je ne lui ferai prendre aucun raccourci dans ses mots, ne prolongerai aucune pause. Qu’elle aille jusqu’au bout, puis je laisserai mon corps réagir.

« - Mais quand je t'es rencontré. J'étais déjà en couple... Je n'en peux plus de mentir a tout le monde et de mener une double vie. »

Et puis, il sonne. Son écho est fort, puissant, martèle mon cerveau et rebondit sur les parois de mon crâne. Je reste de marbre encore quelques instants, poignardant presque inconsciemment Luna de mes yeux cinglants. Qu’est-ce que je suis censé faire, putain ? J’ai pas envie que tout s’arrête ici et maintenant, mais je peux pas non plus lui pardonner sur un claquement de doigts de m’avoir menti. Même si je suis pas le mieux placé en termes de secrets, ils sont d’un autre genre. Je laisse mes ongles remonter le long de la vitrine sous moi, la fendant presque tant j’appuie.
Et puis putain, pourquoi elle m’a rien dit au début ? Pourquoi elle choisit l’autre, et pas moi ? Finalement, j’étais juste son plan cul option garderie de petit frère ? Six mois pour du vent ? Juste, coucou, c’était cool, mais en fait j’ai déjà quelqu’un, maintenant j’me casse et c’est tout ? Bordel, ça marche pas comme ça une relation ! Y a peut-être pas de guide exact, mais non, ça se fait pas comme ça. Je t’aime, merde.

Enfin, je quitte mon siège de fortune pour me rapprocher du comptoir, fusillant toujours la malheureuse.

« - Alors, c’est comme ça ? J’étais juste un plan cul, donc ? »

Je ne sais pas pourquoi je prends des pincettes encore. J’ai peut-être l’espoir que ça soit une sale blague, ou simplement je ai pas la foi de l’injurier de tous les noms. Six mois, ça s’éclipse pas en quelques mots, aussi remonté que je sois.
Et puis, ne nie pas, Luna. Va jusqu’au bout de tes aveux ; si tu disparais de ma vie, fais le bien.

La colère ne tarde pas a répondre a mes mots. Mais je suis étrangement plus calme que je ne l'imaginais. Cette scène, je me la répète depuis plusieurs semaines dans mon théâtre mental. Et sentir les accents emportés dans la voix d'Howard. Comme mue par une détermination libératrice. Je n'aurais plus a mentir à personne. Je n'aurais plus a avoir peur de la moindre erreur, du moindre bruit, du moindre mouvement surnaturel.

Dans mon siège, je refoule des larmes sincères. La situation me donne envie de vomir. J'ai honte. Honte d'avoir fait durer une histoire qui n'aurait pas du avoir de lendemain. Honte d'avoir exposé Tommy au danger par mon insouciance et mon égoisme. Honte de devoir finir comme ca. De revenir une dernière fois pour saccager toute cette confiance, cette joie, cette complicité que j'ai pu construire avec Howard. Et pourtant. Je suis obligée de continuer sur ma lancée.

- Nan. Tu n'as pas été que ca. Je t'aime aussi Howard. Et t'imagine ps comment ta simple présence a pu me rendre heureuse. Mais...

Je me renfrogne.
Inspire, expire. Ca ne va pas du tout. Tout ce que tu fais, c'est lui dire que tu l'aimes. Alors soit méprisable Luna. Aussi haïssable que tu puisses l'être. Prépare ton armure la plus glacée. Vire toute cette culpabilité, ces sentiments, cette honte. Soit creuse. Soit cette inconnue qu'il n'a jamais rencontré. Qu'il se rende compte que lui aussi ne te connais pas aussi bien qu'il ne le pensais.
Accepte ton dernier rôle. Qu'importe si Howard s'y reprend a deux fois avant de se mettre en couple. Ce qui compte. C'est qu'il te haisse au point que tu n'oses plus jamais rejaillir dans sa vie.

Ne reste de mon visage qu'une face gravée dans la glace. Et puis, je me redresse, presque mécaniquement. Comme l'automate que je suis sensé être.

- Je... J'allais pas bien. Et... je me suis complais trop longtemps dans cette situation trop longtemps. Tout est de ma faute. Je n'aurais pas du prolonger cette relation.Ce fut une erreur de calcul de ma part. Je suis désolée"

C'était chaotique. Mais le mot était lancé. Tout ces moments heureux n'étais que des erreur de calcul. Même si j'ai demandé a quelqu'un d'être présent si tout ça dégénérait. J'ai quand même une légère appréhension

Je la regarde, et plus elle parle, moins je saisis. Elle m’aime, mais me quitte. J’ai été son refuge, trop longtemps, mais désormais elle veut en sortir. Alors, je le répète, je le clame, je le hurle : Pourquoi ? Pourquoi maintenant, de cette manière ? Ça n’a aucun sens, bordel.

Mes yeux se baladent à nouveau sur le visage de Luna, décelant moins d’émotions à mesure que les secondes avancent. Ses mimiques deviennent absentes, ses mots plus robotiques. J’ai envie de faire sonner mon poing contre la table, de gueuler en quémandant plus d’informations, mais je me contiens. J’ai aimé cette relation, et même si je déteste cette séparation, je ne veux pas que cela s’arrête sur un Howard violent. Parce que dans tout ça, je suis innocent, et je le resterai.
J’ouvre lentement la bouche, pesant les sons que je vais émettre. Pas d’hésitations, de lapsus. Juste, le fond de mes pensées.

« - C’est impressionnant comment tu arrives à t’enfoncer à chaque phrase, et pourtant à t’embrouiller. De l’homme que tu aimes je suis passé à un plan cul, puis à une erreur de calcul. Je suis quoi, alors ? Juste un type qui t’a arrangé un soir, et que t’as pas eu la foi de quitter, parce que, merde, ça te donnait des frissons d’être infidèle ? »

Mes paroles deviennent plus tranchantes, miroir de la colère qui me traverse. Je ne blesserai que par des syllabes, et je continuerai tant qu’elle ne m’aura pas exposé toutes ses pensées. Je ne veux pas qu’elle me dise ce que je veux entendre, mais simplement la vérité ; et non pas des explications bateaux pour esquiver les grands mots.
Je m’esquive du comptoir d’un pas vers le mur, puis croise les bras, sans jamais ne serait-ce que faire osciller mon regard.

Putain. J’aimerais recommencer cette soirée, et qu’elle me dise autre chose. Hein, pourquoi je pourrais pas ? J’avais enfin réussi à trouver une accroche dans ma vie humaine, et voilà qu’elle s’évapore avec fracas. Pourquoi, bordel ?

J'encaisse le coup en serrant les dents. Mais je reste glacée. Ça ne m'atteint pas. Ou du moins, ça ne dois pas m'atteindre. Ca ne devrait même pas m'atteindre. Ce n'est que du vent, des accusation d'un crime imaginaire. Et pourtant sa colère est palpable. Elle fait peur et en même temps, blesse quand vient l'heure pour lui de cracher son venin. Les mots sont des armes. Et j'ai l'impression de me prendre de multiples éclats de verres sur le visage.

Il ne sais pas a quel point il se trompe et il a raison en même temps. J'ai pas eu le courage, j'ai pas eu la force de quitter ce qui fut un temps ma seule source de joie. J'en paye le prix. J'ai envie de me recrocviller sur moi même. Mais je n'ai pas le droit. Pas encore.

Alors j'encaisse. Le robot s'est mué en sac de sable qui pends mollement au dessus du sol. Un sac de sable silencieux et inexpressif, basculant imperceptiblement sur sa chaise. Un sac de sable qui se met a parler d'une voix que personne ne lui connait.

- C'est ca.

Pas de colère. Pas de provocation. Pas de joie non plus. Un simple constat ponctué d'un hochement de tête presque imperceptible. La honte qui revient, le remord. La peur. Comme un mélange toxique qui remonte dans l'estomac.
J'ai envie de partir. Je me dégoute. Et pourtant, je suis comme figée à cette chaise. Incapable de me mouvoir, incapable de supporter le poids de mon propre corps si jamais je parvenais à poser le pied à terre. Dans la tête du sac de sable, c'est le trou noir. Le néant.

- Désolée.

La voix s'éteint d'elle même. Un souffle que je n'ai pas articulé, par peur de briser le silence pesant qui commence doucement à m'entourer de tout son poids. Un poids aussi lourd que le regard qui vrille dans mes prunelles si jamais j'ose lever les yeux. Alors je contemple le café. Seule source de chaleur du bar. Seul refuge à mes yeux pour qu'ils ne sanglotent pas.

J’inspire longuement, longtemps. Ça y est, c’est dit. Est-ce que c’est fini ? Sûrement. Je n’ai plus envie de crier, de frapper cette table. Juste qu’elle me laisse seule, qu’elle parte. Car la colère pourrait revenir, plus intense, plus marquée. Je veux garder le contrôle sur mon corps, ne laisser filer que quelques bribes assassines. Rien d’autre.

Enfin, ce regard froid disparaît et vient se perdre à son tour dans la contemplation de la tasse de café. Je suis perdu. Ses excuses sont inutiles, son aveu est tout. J’aime cette femme, et je la hais. Je laisse planer un nouveau mutisme des secondes entières, puis mes yeux remontent dans les siens, meurtriers. Même ce résidu de tendresse qui y logeait a disparu – ils sont désormais tout à sa perte.

« - Inutile. Pars d’ici, et ne reviens plus. Au revoir, Luna. »

Je me tourne vers le lavabo, cherchant un verre déjà propre à astiquer. Je veux oublier, je veux fuir son visage ; juste, trouver un havre où me perdre quelques temps. Assez pour accepter que cette ancre à l’humanité que représentait Luna a détruit lui-même sa chaîne, et que je suis désormais à la dérive.
Mais je ne chercherai pas de nouvelles attaches. J’ai tout fait pour rester humain, mais je me fais sans cesse jeter. Alors, ma place n’est probablement pas ici.

Mu par un nouvel élan haineux, j’ose un œil en arrière, sans prendre la peine de vérifier si elle est encore là. Je m’en fous. J’ai besoin de parler, pas que l’on m’entende. Tout ce que je peux dire ne fera rien revenir en arrière, alors je peux me lâcher.

« - A l’avenir. Pense que tu n’es pas seule dans un couple. »

La forme est celle d’un conseil, le fond aussi. Elle est égoïste, inconsciente. Elle rend les gens dépendants, puis leur arrache ce qu’ils aiment. Tu es un monstre Luna. Le genre qui ne se perçoit que trop tard, inévitable.
Mais quelque part, j’ai envie que tu sois heureuse.

Je te hais.

Maintenant que je suis dos à lui et prête pour le départ. Je me permet d'esquisser un sourire cynique en l'entendant parler de couple. Je sais. C'est pas le summum du courage. Mais...

Comme si lui même n'avait pas de cachoterie de son coté. Comme si j'étais la seule menteuse du lot. Si j'étais humaine. M'exposerait il pas lui aussi au meurtres des Nephils ? Peter Jensen était un humain avant d'être lié à ce monde. Cette nature n'avait pas empêcher des contractants de le tuer.

C'est... Tellement injuste. Injuste, ouais. Qu'il m'en veuille alors que lui aussi est en tord. Qu'il se lie a des gens en les laissant être de potentiels dégâts collatéraux de cette guerre. J’agis autant pour moi que pour lui. Mais... Mais. Pourquoi ca accapare mon esprit ? Tout ca... Tout ca n'a plus d'importance

Alors je sourie, pas sûr qu'il apprécie de savoir que je me moque silencieusement de lui et de son petit raisonnement "humain". Pas sûr non plus qu'il apprécie de savoir que je n'en suis pas une. Pas sûre qu'il aimerait apprendre que lui, moi. C'était creux. C'était du vent. C'était des couches successives de mensonges et d’omission qu'il avait appelé cela une relation. Moi, j'ai appelé ça une erreur.

Quand je goute l'air nocturne de cet hivers. Mes traits semblent figés dans la figure. Comme si on me les avait grimés avec une lame de rasoir. Une expression sans joie, sans saveur. Pas l'onde d'un bonheur qui parcourt mon visage. Juste un sourire qui est à la joie ce que le grain de sable est à l'horlogerie.
Je fais quelque pas dehors. Appréciant l'air glacé. Ca me revigore. Ou du moins ai je l'impression d'être plus vif d'esprit. Mon regard se fixe sur la rive du trottoir opposé.

- Ça s'est passé mieux que je ne le pensais. On y va ?

Je me tourne vers la silhouette qui avait accepté de me suivre. Elle s'est posé a coté du bar l'air de rien. Un cran de sécurité. Au cas ou... Au cas ou un kekkai avait été ouvert...
Je n'ai pas pris la peine d'informer mon accompagnateur de la nature d'Howard. Mais j'imagine qu'il est assez intelligent pour la déduire. J’espère pas. Mais au fond il doit le savoir. C'est rares que les contractants craignent les humains.

- Et... merci de ta présence. J'aurais pas aimer que ça dégénère.

Ca sonne comme un aveux. Je pousse un grand soupire de lassitude. Ça forme comme un petit nuage au dessus de ma bouche.

- Tu aurais une clope Russ' ?

Au diable les bonnes résolutions. Le bien, le mal. Tous ces concepts humains. J'ai besoin d'alcool et de fumette ce soir. Je peux bien faire une entorse à ma conscience aujourd'hui non ? Apres avoir enfin réussi a agir comme quelqu'un d'intelligent et responsable, une exception a mes principes est le bienvenue.

Je reste longuement muet, ma vaisselle propre en main, jouant plus de mon apparence occupée que de mes gestes. Je ne m’autorise pas même à respirer, encore moins à penser ; je suis juste dans l’attente d’un certain bruit, salvateur. Celui qui me libérera de cette tension – ou plutôt, m’autorisera à la faire exploser.
Enfin, la porte claque. Je lâche la tasse et le torchon d’un même coup, me ruant droit vers l’escalier de ma chambre, n’entendant qu’à peine l’écho du fracas de mon geste malavisé. Je gravis quelques marches, puis m’autorise un maudit regard en arrière. Et je m’arrête net, m’injuriant mentalement au plus haut point de ce que je viens de faire.

Là, dehors, à côté de Luna, se tient Russel, le type de l’autre bar. Un contractant lui aussi. Et surtout, à coup sûr son véritable mec. Sans qu’il ne puisse l’apercevoir, je lui adresse le plus beau bras d’honneur de ma collection. C’est lâche, mais franc. Ce type vient de pourrir ma vie humaine, de détruire la relation qui s’était le mieux construite, et le couple dans lequel j’avais eu les sentiments honnêtes. Putain, il aurait pas pu ne pas être là ?
Dans un éclat de rage, j’invoque mon arme, et le vise. Longuement. J’hésite à tirer, même si je le raterai. Je sais que ça ne m’offrirait rien d’autre que la mort une telle connerie, mais j’ai envie de le faire. Le Howard habituellement calme vient de se muer en bête enragée.

Et puis, je relâche tout, et m’enferme dans la pauvre pièce qui me sert de dortoir. J’en attrape les draps, les gestes par la fenêtre ; et je fais de même avec tous les petits trésors que Luna a oubliés chez moi. Cette colère que j’ai contenu en bas, elle éclate maintenant ; et je ne fais rien désormais pour lutter. Je fouille presque frénétiquement la salle en quête des fragments d’elle que je n’ai pas vu au premier abord, et je finis par ratisser entièrement ma chambre. Elle ne ressemble plus à rien maintenant, avec les meubles bariolés, les tissus déchirés et les objets abimés qui la jonchent.

Je m’arrête, et je m’assoie au milieu de ce bordel. J’ai honte de moi, de cet accès de colère. Je suis censé être un adulte, en mesure de contrôler ses émotions ; mais la vision de Russel m’a fait perdre les pédales. Je ne sais même plus si c’est lui ou Luna que je hais. Tout ce que je sais, c’est que je dois ranger, oublier.
Je crois que ça va prendre du temps.

A New Dawn, voilà un bar qui lui rappelait des mauvais souvenirs. Un lieu où sa curiosité avait coûté la vie d'une jeune femme. Si bien qu'il aurait souhaité ne jamais y retourner. Mais ses émotions à ce sujet importaient peu. Luna, une Nephile avait besoin d'une garantie au cas où son petit ami Seraph devenait fou de rage. Elle voulait rompre avec lui. Russel n'était donc qu'une assurance, ni plus ni moins.

Mais ce rôle convenait parfaitement au trentenaire. Il ne pouvait pas prétendre comprendre Luna, mais il avait traversé quelque chose de similaire. Clope au bec, l'ivrogne muni de sa mignonnette en main, patientait dehors insensible au froid hivernale. En somme, le Nephil n'avait pas froid, il ne grelottait pas sous les coups de vents, ni même ne serrait des dents. Il était juste là, à attendre, le plus tranquillement du monde.

Quelques minutes passèrent, et fort de son expérience en tant que garde du corps auprès d'une princesse capricieuse, l'attente ne l'irritait pas. C'était même pour lui, un moment presque paisible. Il entendait quand le ton haussait, mais il devinait que cela n'allait pas plus loin que de la violence verbale. Une rupture...horriblement banale.

Pourtant, les circonstances derrière cette rupture sont probablement triste et atypique. Russel savait qu'Howard était un contractant Seraph. Le premier, parce qu'il avait rencontré le jeune homme à l'Ange Déchu, Le second, tout simplement parce que l'ancien détective s'était un tant soit peu renseigné sur les membres du QG Nephil.

Le trentenaire continuait de consommer sa cigarette, laissant la cendre tombée naturellement au sol. Isaac avait raison, toute chose fini éventuellement par tombé sans qu'on ait besoin de leur donner un coup de main. Sous cette pensée insouciante et presque stupide, Russel se remémorait l'instant de 'rupture' avec Lenna. Il n'avait jamais su comment décrire sa relation avec la Seraph. Une amie ? Une petite amie ? Ou bien quelque chose de plus compliqué ? Difficile d'évaluer proprement cette relation. Mais une chose était sûre, elle était malsaine sur bien des domaines. Tout ça, parce qu'ils étaient dans des factions opposées. Qui sait, si le Nephil avait ex-causé son vœu auprès de Kyu... Ils vivraient heureux à l'heure actuelle.

Russel secoua violemment la tête, s'enlevant cette pensée faiblarde et méprisable de la tête. Pour une raison simple , être dans le même camp que cette 'femme' lui était insupportable. Rien que d'y penser, un sentiment de nausée l'envahissait, et ce n'était certainement pas du à la mignonnette englouti. Il allait la tuer, Quand ? Il ne le savait pas encore, mais éventuellement, il la tuerait, et cette fois, contrairement à ses lui passées, il n'hésiterait pas. Au diable les réponses et sa curiosité.

Finalement, la porte d'entrée de A New Dawn s'ouvrit, laissant place à Luna qui l'informa de la conclusion de la rupture. Russel laissa tomber ce qui n'était devenu qu'un simple mégot, l'écrasant simplement au sol puis acquiesça simplement d'un mouvement de tête, une expression relativement neutre illustrait son visage. Il n'avait pas de mot réconfortant à partager avec la jeune Nephile. Il n'était pas doué pour ça, et quand bien même il trouverait une bonne réplique à dire, cela sonnerait hypocrite de sa part.

Après tout, il était juste un élément extérieur au problème de Luna. En somme, le fond ne le concernait pas, du moins si on refuse de lui en parler. En revanche, il aurait agit, si dans la forme, ça avait dérapé comme on lui avait demandé.

Commençant sa marche pour quitter les alentours du bar, la jeune femme partagea avec lui quelques mots de reconnaissance. Encore une fois, Russel ne fit qu'acquiescer d'un hochement de tête, tournant son regard vers la jeune femme, semblant l'interroger tandis qu'elle demandait une cigarette. Il chercha dans la poche de son manteau son paquet, l'ouvrit, puis mit en valeur une cigarette pour qu'elle soit facile à prendre. De là, il tendit le paquet ouvert vers Luna. Par la même occasion, il mena son briquet vers elle. Le muet ouvrit finalement la bouche, tâchant de faire preuve de tact dans une maladresse presque comique pour son vieil âge.

"Tu veux boire un coup ?"

Tout simplement parce que lorsque cela lui était arrivé, il était partit boire un coup. Pourtant, cela ne lui avait fait aucun bien, que ce soit sur le moment ou bien après. Il n'avait eut personne avec qui partager sa peine, si ce n'est une bouteille de Whisky... ou bien deux, difficile de se rappeler aujourd'hui.

Ainsi, bien que maladroitement, Russel proposait de devenir le confident de Luna pour la soirée. Parfois, avoir quelqu'un pour nous écouter se lamenter, sa aide.

"J'ai eut une expérience similaire par le passé. Une femme d'un camp opposé au mien." Ajouta-t-il calmement, en s'allumant une autre clope.

Il a l'air un peu surpris que je demande une clope. Mais me la tend assez pour que je la saisisse maladroitement. J'ai plus trop l'habitude de manipuler le petit tube entre mes doigts. Mais Russel se charge d'allumer la cigarette. Et bientôt, il ne reste plus qu'une braise rougeoyante et fragile qui perce l'air nocturne.

- Tu veux boire un coup ?

La question me fais sourire un peu. Mais je prends le temps d'inspirer une boufée de nicotine avant de réfléchir a la question. Je retiens un éternuent, vu que je me suis déshabitué à la présence de fumée dans les poumons. Une tentative de paraitre digne dans un moment qui n'est pas vraiment propice a cela.
Puis je réfléchis a sa question : Ai je envie de me bourrer la gueule ? Probablement. J'ai pas habitué le personnage qui m'accompagne à fumer. Je crois qu'il m'a même jamais vu un verre à la main depuis que l'on s'est rencontré. C'est donc tout naturel que je le lui réponde

- Tu lis dans mes pensées. J'te suis

J'ai pas envie de réfléchir ce soir. Même quand il est question de choisir son bar. Mes pas se mettent en pilotage automatique. Brutalement, la voix de Russel emplie a nouveau le silence. C'est peut être con, mais il ne m'a jamais vraiment habitué a parler aussi longtemps.

"J'ai eut une expérience similaire par le passé. Une femme d'un camp opposé au mien."

Une étincelle plus tard. Et c'est deux braises qui flottent dans la nuit. Il a saisis la nature d'Howard. D'un coté ca ne me surprend pas vraiment. Mais... Je n'ai jamais entendu le Nephil parler de lui. Alors...  Je ne sais pas quoi répondre. Et en même temps, j'ai pas envie de parler. Le contractant qui m'accompagne est un homme de silence. Alors je me contente de l'écouter avec intérêt. Lui épargnant des questions intrusives et stupides qui me traversent le cerveau. Est ce que ca s'est bien passé ? Évidement.. Il est évident que quand on voit Russel, on devine facilement au premier coup d'oeil sa joie de vivre et son sourire sincère ! Tsss

Mes yeux semblent dévorer du regard la braise de sa clope. Et je me retrouve presque pendue aux lèvres de mon interlocuteur. Attendant qu'il daigne à continuer.

J'écoute avec détachement le récit de Russel. Il fait écho au mien avec une tristesse dérangeante. Encaisser le mauvais rôle n'est pas facile. Et le respect que j'ai pour le contractant se mue timidement en empathie.
Bientôt, nous sommes dans un bar du quartier est, je jette machinalement le mégot a l'entrée avant de pénétrer dans les lieux. L'écart de température me fait imperceptiblement tourner la tête. Heureusement, la place n'est pas bondée.

Je suis Russel. Hésite un instant avant de choisir deux shots de Tequila. Ouais. Je n'ai pas bu depuis plusieurs mois et je commence directe par le gros morceau. Mais je n'ai pas envie de réfléchir. Pas envie de regretter.
Ca y est. Je suis pompette quand je m'assois auprès de Russel.

- J'comprends. Personnellement, pour moi. C'était l'accumulation de mensonges qui me bouffait. T'imagine pas combien de fois j'ai semblant de le croire quand on se promenait ensemble et qu'il disait qu'il avait vu un ami en bas de la rue et qu'il se cassait pour faire un kekkai et buter une ombre. Et moi je me cachais. Presque heureuse qu'il me prenne de la sorte pour une conne.

Je prends mon deuxieme shooter avant de continuer de débiter mon flot de parole.

- Je sais pas ce qu'il en est de toi. Mais... Mais je flippais toujours qu'il découvre ma nature. Qu'a cause d'une petite erreur. Blondie sache tout et se change en mec déterminé a me buter. Ca sert a rien d'être avec quelqu'un quand on sait pertinemment qu'il nous ment et que l'on fait toujours mine de le croire, parce qu'on a peur. De manière générale, ca sert a rien d'être avec quelqu'un qu'on ne connaitra jamais.

Dire que j'étais pas heureuse serait mentir. Il y avait toujours du bonheur caché dans la complicité de nos échanges. Dans nos mots et nos gestes et... Je commande un autre shooter. Le temps qu'il arrive. Je reprends la conversation. Plus inquiète.

- Si t'étais a ma place... Qu'est ce que tu ferais ? J'veux dire. Au niveau de la faction ?

Les paroles de Russel m'ont fait vaguement caresser le maigre espoir que peut être. On pourraient fuir ces conneries. Mais même ivre. Je sais que ce sera mort. Trop de mensonge ont pourris la racine d'un amour douteux. Et ce qui survivait a été profondément enterré au moment où j'ai pénétré le New Dawn pour prendre le déguisement de la femme infidèle.
En parler semble être tellement plus... Raisonnable et...

Le troisième shooter se présente devant moi. Mais je bloque dessus. Les dernieres phrases de Russel dégrise faiblement ce qui peut l'être. Est ce que je dois demander a Russel de le faire ?
Techniquement, rien n’empêche de le faire. Il doit être désemparé. Et s'attend a tout sauf une visite de courtoisie. Je ne doute même pas un instant que Russel peut vaincre Howard. Le commandement serait ravi et... Mais... Nan. Je... Je veux pas. Je suis pas une traitre. Mais je veux pas que Howard meurt par ma faute.

- Je... ne pense pas. Je pense que... Qu'il y a moyen que..

Et mon discourt pu la traitrise a des kilomètres. Comment... Comment protéger Howard sans être a ce point suspect ?

- Nan, je pense qu'il peut toujours être utile pour... Pour la famille.

Je n'ai pas l'air sûre de moi. Mais cette quatrième option qui se profile à le mérite de le protéger de me faire espérer. S'il est traitre. Aucun Nephil ne l'attaquera. Peut être même qu'on vivra heureux ensemble. Lui, a l'abri de cette guerre

- Il est amoureux. Je pense qu'il y a moyen qu'il finisse informateur... Mais pour ça. C'est encore délicat a le présenter. Mais... Mais je pense. Que ça pourrait le faire.

Je ne l'imagine pas loyal envers la faction. Mais en même temps... J'avoue que je ne connais de lui que la face émergée de l'iceberg.

Les paroles de Luna était hésitantes, certainement en partie à cause de l'alcool, mais également parce que le sujet évoqué ici, la mettait mal à l'aise. Russel faisait mine de jouer l'ignorant, mais il n'aimait pas le fait que Luna ne soit pas tout simplement honnête et ne se laisse pas tout simplement bercer par le doux elixir qu'était l'alcool.

"Un informateur..." Reprit Russel, un air exagéré.

Cette façon que Luna essayait de jouer les durs, se croire être une manipulatrice, était insupportable. Elle croyait pouvoir manipuler Howard afin qu'il serve les Nephils ? C'était idiot et il était clair que Luna n'avait rien d'une comédienne douée à se jouer des autres, et encore moins d'un air proche d'elle.

"Excuse moi, je n'aurais pas du mettre cela sur tes épaules."

Russel termina son verre, puis se leva, s'étirant la nuque très simplement.

"J'ai un peu bu, mais ça ne devrait pas poser de problème. Je reviens dans... trente minutes environ" Dit-il finalement avec une connotation suffisamment claire pour que Luna comprenne sa prochaine intention.

Il déposa un large billet afin que la jeune Nephile puisse consommer autant qu'elle veut pendant son absence, si bien entendu, elle le laissait partir.

Je bug un instant. J'ai pas compris. Quel truc sur les épaules ? L'alcool n'aide pas. Et puis...
J'ai comme une étincelle qui me parcourt l'échine en comprenant où veut en venir Russel. Je reste stoïque quelques secondes. Mon cerveau est traversé par le néant.
Nan. Je veux pas. Je...

- Nan...

Pas un crie. Juste un murmure. Trop tard. Il vient de sortir. Je peux encore le rattraper. Je m'enfuie par la porte, sur ses talons. Arrive en retard de quelques secondes. Je profite de la rue déserte pour disparaitre. Le kekkai sors presque instantanément comme une extension de mon esprit. Et... Et maintenant ?
Je bouillonne et les idées entremêlent et l'alcool n'aide pas.

- A... A quoi tu joues R...Russel ? Je t'ai dis que.. Que tout est sous contrôle.

J’articule un peu trop a mon gout. Et le titubement de mes pas n'ajoute pas trop de crédibilité à l'ensemble de mes mots. Mais... Mais... Bordel. Je... Pourquoi Howard est obligé de mourir ? Je l'aime putain. Je veux... Je veux juste disparaitre de sa vie et chialer comme une pisseuse quand je serais seule. L'univers serait pas foutu d'exaucer mon voeux? Bey non plus ?

Il se moque de moi. Ouais. Je sais. Je suis pathétique. A essayer de paraître loyale et manipulatrice alors que je suis une pauvre meuf qui vient de se bourrer la gueule après avoir tout fait pour se faire larguer.

Je recule de mon pas un peu pataud jusqu'à sentir la porte du bar dans mon dos. J'aime pas la proximité avec Russel. Et à l'heure actuelle. Je serais pas qui me fait le plus flipper entre lui et un quelconque seraph prêt a me décapiter. Nan. Au moins, le seraph. Je serais sûr de ses intensions.

« Si c'que tu m'as dis est vrai...  La putain d'vérité. Tu la connais

Je sens poindre dans ma voix un accent de mauvaise augure. Je sais quand je pète un câble. Et je reconnais largement les symptômes.
J'ai presque gueulé ces paroles à mon interlocuteur. Je sais pas pourquoi je suis en colère. Pas même contre qui je le suis. Russel ? Howard ? Moi ? Bey ?  Et pourtant, le son de ma propre colère me calme. Je me fige. Je me reconnais pas. J'ai honte de m'emporter. Je crois que je vais chialer.

-  La vérité. C'est que j'ai cru que je pouvais mener une vie normale."

J'inspire difficilement. Une tentative de me calmer.  

- Et que je me suis plantée... Sur toute la ligne »

L'élan de violence est douché. J'ai a peine articuler mes mots. J'ai même un doute s'ils sont vraiment parvenu a l'oreille du détective. Mais je m'en moque. Je crois... Je crois que je suis tout simplement pas faite pour être Nephil. Je... Je sers a rien. Autant abandonner tout de suite la partie plutôt que de continuer cette scène pathétique.

Il n'y a pas de honte à dire qu'une situation nous dépasse. Mais tenter de garder la face, dire que tout va bien alors que concrètement, tout va mal, c'était juste une horreur à supporter pour ceux qui regardait. En soi, Howard est un Seraph, le tuer ne va pas à l'encontre de la faction Nephil, bien au contraire. Maintenant, Luna voulait le sauver, en se mentant à elle-même. En affirmant qu'elle avait la main mise sur lui alors que bien entendu, cela ne semblait pas être le cas. Ce genre de pensée, c'est ce qu'il y a de plus dangereux, aussi bien pour elle-même que pour la faction.

"Une vie normale..." Murmura Russel dans une pensée interrogative.

Qu'est-ce qu'une vie normale ? Aimer quelqu'un naturellement, fonder une famille, être heureux, Vieillir puis mourir ? Est-ce que devenir Nephil empêche cela ? Probablement.

"Et donc, qu'as tu l'intention de faire ?" Demanda alors Russel, d'un ton tellement calme qu'il était difficile de croire qu'il s'était énervé un instant plus tôt.

"Si tu ne sais pas, j'ai une solution à te proposer." Affirma-t-il.

Ce que je veux faire ? J'en sais rien. Au point ou j'en suis je m'en remets a lui. S'il juge que howard doit mourir... Je pense que... Que je vais probablement révoquer de kekkai, faire demi tour et commander d'autre shots de tequila jusqu'à ce que l'alcool me fasse oublier mon propre prénom.

- Je m'en remets à toi.

J'aime pas le ton que j'emploie. Il est un peu trop absolu. Comme si Russel était une sortie de secours que j'attendais. J'aurais pu juste me taire. L'écouter en silence. Ca m'aurait laissé le luxe de refuser. Mais laisser le Nephil décider à ma place n'est pas une mauvaise chose. C'est une manière détournée de prendre une décision. Une décision qui sera plus objective et sage que tout ce que mon cerveau alcoolisé pourra essayer de faire.

J'inspire profondément. J'essaie vraiment d'être sereine. Mes mains s’agitent nerveusement dans mes poches et trahissent mon anxiété. Mais... Mais je suis prête a laisser Russel prendre une décision. Et je m'y conformerai du mieux que je peux. Du moins je.. Je l’espère
C'est même la première fois que je laisse un Nephil me dicter ce qu'il va se passer.
Espéreront que... Qu'il ne sera pas question de tuer Howard.

- Je dois t'avouer que...

Mon cerveau tente de réfléchir. Mais y'a comme un dysfonctionnement. Je savais pas que... Que je supportais beaucoup moins l'alcool. Vraiment...
Alors je lui sors la strict vérité.

- J'en sais strictement rien.

Silence... Je soupire

- Écoute. Je pense que ce soir. Je suis pas en état de décider si quelqu'un doit crever. Je... Je pense que je préfère prendre une décision plus tard. Je pense surtout que... Que rien ne presse.

C'est probablement la seule chose intelligente que j'ai dite ce soir.

Pour Russel, cette réponse de Luna était la plus honnête qu'il avait entendu de la soirée. Il ferma les paupières, pondérant sur ce qu'elle proposait avant de finalement lâcher un simple constat par rapport aux mots de la jeune femme.

"Je vois."

De là, il écrasa son mégot au sol, observant de façon neutre Luna. Puis, pour une raison inconnue, peut-être par empathie, il activa son pouvoir. Il s'avança légèrement vers la Nephile, avant de poser sa main sur la tête de cette dernière. Il fit quelques va et vient sur ce support fixe.

*Spèce d'idiote va.* Songea-t-il alors qu'il reprenait sa position initiale, un léger sourire au visage.

De là le temps repris son cours et patientant la pénalité de trois secondes, il lâcha désinvolte, essayant de relaxer la tension qui s'était accumulé lors de ces dernières minutes.

"Toute cette parlotte m'a donné soif, je retourne boire."

Et sur ces mots, il retourna vers le bar afin de se délecter d'un petit whisky, bien mérité. Enfin, selon lui.

J'attends le jugement du détective avec un peu d'angoisse. Mais le "je vois" n'a pas de suite. Peut être est ce mieux ainsi ?
L'espace d'un instant, Russel "saute" dans mon champ de vision. Je n'explique pas trop comment. Probable qu'il ait simplement changé de pied d’appui. Et mon cerveau a pas réussit a capté le mouvement. Tellement la Tequila l'avait un brin déconnecté de pas mal de fonction neuronales. Déjà que de base, les bruns sont pas connu pour avoir un large éventail d'intelligence. Je pense que l'alcool et mon code génétique ne font pas bon ménage.

Je passe machinalement ma main dans mes cheveux. M'enfin.
Suite au verdict, je me contente de lui répondre, un peu perturbée :

- Je crois que j'ai assez bu. Encore merci d'avoir été là pour moi. Vraiment

Et je sais pas pourquoi... Mais je pense vraiment ces mots.

"Ok Bonne nuit. Fais attention sur le retour." Dit-il sans se retourner, une simple main lever pour la saluer.

Il retourna ainsi dans le bar, cherchant du regard la table où il était. Sans étonnement, le billet avait disparu de la table. Probablement Luna, ou bien quelqu'un d'autre. Enfin, peu importe. Il avait d'autre... L'ivrogne chercha dans sa poche, l'argent tant convoité sans le trouver. Son visage passa au bleu rapidement.

"Tch..."

Le trentenaire ne put s'empêcher de claquer la langue. Il était à sec, sans argent pour se payer sa récompense. Maintenant que faire ? Essayer de rattraper Luna dans l'espoir qu'elle ait prit ce fameux billet ? Non, au vu du personnage et de sa précipitation pour le poursuivre, il était peu probable qu'elle ait prit le billet. Un des clients, ou le barmen lui-même avait donc prit le billet... Mais qui ? Il observa les alentours, trouva le ou plutôt les coupables probables avant de soupirer. Il n'avait pas envie de commencer une bagarre, il abandonna donc sa soirée agréable pour sortir définitivement du bar. Son ancienne agence était toujours inoccupé, loger là bas pour une nuit, ne devrait pas ennuyer le propriétaire. Avec un peu de chance, ce qu'il avait perdu après son déménagement de ce lieu, s'y trouvait.

[ Fin du rp pour moi, ce fut un plaisir.]