Heureusement, ce n'était pas un bar du quartier sud. Pour sûr, elle n'y aurait pas mis les pieds. En entrant dans celui de Howard, elle regarda à l'intérieur, tout autour d'elle pour voir surtout quel genre d'endroit, c'était, comme si elle découvrait un autre monde.
Finalement, ce n'était pas si mal d'être seuls dans un bar. Au moins, il y avait de la confidentialité et elle n'aurait pas à supporter des mecs un peu trop lourd ou bourré. Ouais, heureusement que Howard avait fermé le bar aujourd'hui et qu'il n'avait pas un employé pour s'en occuper quand il n'était pas là.

Alice suivit alors le signe de la main, et remarqua les sièges juste là-bas. Elle s'y dirigea assez lentement tout en l'écoutant parlé puis elle finit par s'y asseoir.

- J'ai effectivement un rendez-vous.

Toujours et encore les mêmes. Toujours et encore la même rengaine. Au final, elle s'y était presque habitué. Jour de repos au niveau du travail ne voulait pas dire aucun rendez-vous arrangé par son père. Elle se demandait presque comment il pouvait trouver autant de jeune homme prêt à se marier. Quoique l'autre mois, il avait quand même fait tous les frères d'une grande famille. C'était dire.

- Mais je lui enverrais un SMS pour lui dire que j'ai mal au ventre et que je préfère rester au lit.

Comme il ne s'agissait d'une rencontre et non d'un mec follement amoureux d'Alice, ce dernier ne devrait pas venir chez elle pour s'assurer qu'elle allait vraiment bien.

Avant même qu'il ne pose la question à propos de la France, la jeune femme avait justement sorti son portable pour envoyé un petit SMS. Howard pouvait facilement se douter pourquoi elle faisait ça, sachant qu'elle l'avait dit quelques secondes plus tôt. En tout cas, elle ne comptait pas regarder son portable une fois de plus pour ne pas se faire distraire.

- La France ? Je n'y ai pas mis les pieds depuis plusieurs années.

Malheureusement, les revenues qu'Alice possédait étaient sur un compte bancaire sur lequel son père avait tous les droits. Comme il lui avait formellement interdit de retourner en France, il serait prêt à bloquer ses comptes pour lui en empêcher. Ouais, sympathique le paternel. En même temps, le pauvre, ses deux enfants avaient envie de rester avec leur mère après le divorce, ne lui laissant guère le choix pour un héritier. Pas de bol, c'était tombé sur Alice, car Arthur avait toujours eu une meilleure force de persuasion qu'elle malgré son côté siscon qu'il avait dû abandonné pour laisser sa sœur avec son père en Amérique.

- Mais de ce que je me souvienne. C'était un pays vraiment magnifique. Je n'en ai pas vraiment fait le tour non plus. Mes parents étaient toujours occupés. Les paysages sont beaux, sur ceux des montagnes. Il y a des coins vraiment festifs où il fait très bon d'y vivre. Si j'en avais la possibilité, j'y retournerais bien.

Elle croisa les jambes et posa son regard sur Howard tout en souriant très légèrement avec un air nostalgique.

Alice leva légèrement les yeux vers le plafond, comme pour mieux réfléchir ou plutôt mieux visualiser. C'était plus facile sur une surface plate que sur le visage d'Howard.

- J'avais plusieurs maisons en France. La principale était dans Paris même, rien de très intéressant, du moins du côté paysage. Le week-end et pendant les vacances, j'allais en campagne. C'était là que travaillait ma mère en général. La campagne l'inspirait beaucoup, surtout notre jardin. Il était plein de fleurs, ou de plante différente. On avait un très bon jardinier.

Bon, elle avait plus l'impression de raconter sa vie plutôt qu'autre chose.

- D'ailleurs, je ne sais pas si tu as fait attention, mais la plupart des tableaux de ma mère, qui date d'au moins quelques années, c'était le paysage qui se trouvait autour de la maison de campagne. Je pense que tu peux voir à quel point c'était magnifique et tu peux facilement te faire une image de l'endroit dans lequel j'ai grandi. Ça a l'air franchement idyllique, mais je suis riche, je vivais dans un autre monde que le reste. Si tu veux savoir vraiment à quoi ça ressemble, tu ne devrais pas me demander.

Alice avait vraiment un bon avis quant à son vécu en France. Bien sûr, elle avait vécu dans un vrai conte de fées, contrairement à tous ces gens qui vivent dans la banlieue de Paris, ou dans les très petites campagnes. Il y avait un gouffre entre la réalité de certaines personnes et sa propre réalité.

- En ce qui concerne Paris, ce n'est pas vraiment ma ville favorite. J'y allais juste pour les cours et autre éducation un peu barbante.

Un peu comme les cours de danse. Heureusement, en étant muette, elle avait échappé au cours de chant.

Les yeux d'Alice tournaient en direction du sifflement que faisait la bouilloire. L'heure était donc venue de goûter le thé qu'il avait dans son bar. L'endroit était d'ailleurs moins miteux qu'elle ne le pensait. En même temps, dans la haute, ils avaient un sacré jugement sur ce genre d'endroits ; poussiéreux, sales et remplis d'ivrogne.
Pour ce soir, ce sera donc du thé noir russe. Ce serait une première. Elle n'en avait jamais goûté avant. Cela pouvait paraître étrange pour quelqu'un qui avait l'argent et assez de pouvoir pour se faire importer n'importe quoi et n'importe d'où. En même temps, elle était habituée à ses bons vieux thés qu'elle trouvait subliment bons.

En ce qui concernait un endroit où elle voulait aller, elle n'avait pas besoin de réfléchir trop longtemps pour y répondre.

- Je n'ai pas d'endroit en particulier que je souhaite aller voir, ou alors ce sera revoir ma villa en France, pour la nostalgie du bon vieux temps.

Enfin il voyait le genre. Lui aussi devrait éprouver un minimum de nostalgie lorsqu'il repassait à un certain endroit dans le monde. Alice ne le connaissait pas, mais tout le monde en avait au moins un. La grande certitude.

- Et toi ? Où aimerais-tu aller ?

Pour certains, c'était problème d'argent ou de temps, pour d'autres c'était l'envie où la liberté qu'ils leur manquaient pour apprécier voyager. Alice faisait partie du deuxième cas.

C'était un grand aventureux alors, tout le contraire d'Alice. Si elle devait répondre à sa question, ce serait sans réfléchir.

- Bahamas.

Dormir dans le froid dans les montagnes, ce n'étaient pas vraiment son truc. Elle serait le genre de femme à se plaindre sans arrêt parce qu'elle a froid, ou parce qu'une bestiole grimpe sur sa jambe. Même si elle essayait d'y échapper, elle avait toujours ses petites manières de riches. Ça aurait été pareil pour n'importe quel gosse de riche, habitué au confort. C'était difficile de s'en détacher, vraiment. Un peu comme le matin quand il était l'heure de se lever et qu'on n'avait pas envie, car on était bien au chaud dans notre petit lit douillet.

- Sans hésiter. Dormir en haut d'une montagne, ce n'est pas vraiment mon truc, mais ça ne m'empêche pas d'y aller faire un tour, pour voir le paysage.

Elle devait tout de même s'avouer que la vue devait être superbe et ferait office d'une bonne inspiration pour un tableau. Si seulement elle avait pu faire peintre, peut-être qu'elle serait partie sur l'Himalaya. En attendant, la vie en avait décidé autrement, en lui crachant à la figure « Tu seras directrice de Nightrays Production et tu seras contractante chez les Nephils », un truc de ce style. Un avenir loin d'être radieux.

Le confort du chalet. C'était bien une envie de petit vieillard ça. Elle eut un léger petit sourire sur la tronche en entendant ça. Eh bien. Après tout, il n'avait pas tort le gaillard, autant profité d'un maximum de confort. Après le confort était bien relatif. Pour lui, Alice devait avoir baigné dedans depuis qu'elle était toute petite, alors que justement pour elle, le confort, ce devait être quelque chose d'encore plus extraordinaire.

- Un film ? Pourquoi pas.

Ce qu'elle aimait ? Contrairement aux apparences, elle ne regardait pas seulement des vieux de truc à l'eau de rose, puant la romance à chaque plan d'une scène. Elle s'avouait quand même qu'elle regardait parfois ce genre de chose hein. Sinon, elle aimait beaucoup les films d'action ou même d'horreur. En matière de film, elle était plutôt ouverte d'esprit. Et encore heureux, puisque son métier allait de paire avec tout ça.

- Je n'ai pas spécialement de préférence. J'aime toute sorte de film, excepté ceux qui partent un peu trop dans la science-fiction.

Les vaisseaux spatiaux, ce n'était pas vraiment son truc. Non, tout comme la narratrice, elle ne pouvait pas supporter Star Wars.

Alice écoutait les propositions de Howard tandis qu'il versait la boisson chaude dans les tasses. Les films qu'il avait proposés, elle les avait déjà vues, mais Imitation Game était vraiment cool.

- Imitation game est vraiment bien. J'aimerais bien le revoir.

Oh ? Il habitait juste au-dessus. Ils n'avaient qu'à monter alors. Elle se doutait bien que son appartement ne sera pas bénit dans le grand luxe, elle restait tout de même un peu sceptique sur la propreté et le confort de l'endroit. Elle était beaucoup trop habituée à son confort personnel, dans son canapé haut de gamme, devant son écran d'une qualité équivalente à son canapé. Ici, il n'y aurait rien de tel.

La jeune femme se leva alors du siège où elle était assise pour pouvoir suivre Howard en haut du bar.

La jeune femme s'avança alors dans l'antre d'Howard avec un air d'inspecteur. Évidemment qu'elle était sévère, mais bon, autant elle pouvait râler un petit coup, autant elle savait qu'il ne pourrait pas y faire grand-chose dans l'immédiat. Et si pour une fois, elle avait décidé de ne pas être désagréable ? Après tout, c'était un fan de sa mère, une exception, par-ci par-là, ne faisait pas de mal.

- Je veux bien.

Ouais le coin n'avait pas spécialement l'air confortable mais elle s'y installa tranquillement, faisant attention à se que sa robe ne se froisse pas ou se mette dans une position embarassante. Elle ne voulait pas tellement lui montrer sa culotte, enfin… Pour le moment wink wink.
Elle se pencha légèrement en avant pour pouvoir attraper sa tasse de thé et commencer à la siroter doucement le temps que le blond mette en route le film.

Elle avait l'impression que cela faisait des lustres qu'elle l'avait vu, mais en comptant le peu d'années qu'il y avait entre la sortie du film et aujourd'hui, on pouvait remarquer qu'il n'y avait que très peu de différence. Elle avait été le voir avec Cassandre et Jack et non avec un père trop occupé par son travail.

La tasse de thé qu'elle avait fini, il n'y avait pas si longtemps était de retour sur la table de chevet juste à côté du lit. Elle ne comptait pas se servir une tasse de thé elle-même, à moins qu'elle soit invitée par Howard pour le faire. Mais au lieu d'une invitation à une tasse de thé supplémentaire, elle avait eu le droit à une main balandante sur la jambe, presque à l'entrée de sa robe. La jeune femme au début victime d'attouchement non consentis, glissa son regard sur le côté pour tenter d'apercevoir les traits de son visage dans le noir, avec pour seule lumière la télé.
Comment aurait-elle pu être d'accord dès le début et elle devrait simplement le repousser avant que toute cette histoire aille beaucoup trop loin. Elle avait tourné la tête en même temps que lui et s'apprêta à parler, cependant cette main qui commençait à s'entremêler à ses cheveux l'arrêta directement. Elle appréciait la douceur de cette main et ne pouvait même pas s'empêcher à la comparer celle de John, comme un manque.

Elle le laissa l'embrasser, répondant qu'à peine au baiser puisqu'elle n'était pas vraiment sûre de la situation qui était en train de se créer dans cette pièce. La chaleur de quelqu'un d'autre ne la laissait pas indifférente, comme si au final, elle avait toujours cherché ça depuis sa mort. Cette étreinte, et ce souffle chaud le long de sa peau ne lui donnaient qu'encore plus envie de continuer un peu plus loin. Bien sûr, une seule chose allait peut-être convaincre de faire un stop : elle n'avait jamais rien fait de tel.

- A-Attends…. Uhm…

Elle tourna un peu la tête sur le côté tout en remontant légèrement le haut de sa robe comme pour cacher le sous-vêtement qui avait failli être dévoilé. Mais comment lui dire qu'elle n'avait jamais rien fait ? Peut-être qu'il s'en fichait aussi et que ça ne changerait rien.

Pourquoi hésitait-elle autant ? John ? Parce qu'elle était vierge ? Un peu des deux. En vérité, elle aurait aimé donner sa première fois à John. Il était vraiment spécial pour elle, et elle s'était convaincue qu'il aurait été la bonne personne pour ça. Mais maintenant qu'il était six pieds sous terre, plus qu'un tas de cendres, n'était-il pas temps de changer d'idée ?
Elle ne faisait que le faire attendre, mais la jeune femme avait besoin de prendre une décision. Elle avait baissé son regard plus tôt, pour ne pas regarder le blond dans les yeux. Mais maintenant, elle le releva, les yeux un peu humides.

- Prends soin de moi, je ne l'ai jamais fais, d'accord ?

Elle prit une voix légèrement plus douce que d'habitude. Doucement, elle glissa ses mains sur la nuque de Howard pour le reprocher d'elle comme il était juste avant pour qu'elle puisse l'embrasser tendrement. « Allez, fais-moi oublier », pensa-t-elle au moment où elle avait réussi à capturer les lèvres du blond en face d'elle.

En y repensant, ce bonhomme l'avait bien fait changer de plein de manières. Avant de l'avoir connu, jamais Alice ne se serait abaissée à faire ce genre de choses avec quelqu'un du quartier est. Après tout, elle avait déjà décidé de le faire avec quelqu'un venant du quartier sud, un piètre voleur paraît-il. Et puis, c'était sans dire, que même s'il venait d'un endroit comme celui-ci, cet homme en face d'elle ne lui déplaisait pas physiquement.

Après ce moment fort bien agréable, la jeune femme avait le sourire collé sur le visage. Elle regarda tranquillement Howard se relever et s'enlever du lit, tandis qu'elle se redressa pour s'asseoir et cacha le haut de son corps avec le drap du lit.
Elle passa ses doigts derrière l'oreille pour y ranger ses cheveux détachés et continua à regarder Howard. Non pas qu'elle le matait parce qu'il n'était pas encore rhabillé, mais il s'agissait plutôt d'un regard pensif. Un peu comme si elle avait perdu son regard dans le vide. Son visage n'affichait néanmoins pas un sentiment de regret sur cette première fois, bien au contraire.

- Non merci, ce n'est pas la peine d'en refaire. Ne t'en fais pas.

La jeune femme regarda alors le blond diriger son regard vers l'horloge.

- Tu vas bientôt travailler ?

Dommage, pas de second round donc. Ce n'était pas bien grave. De toute façon, ce n'était une chose à laquelle elle devait s'habituer. D'ailleurs si son père apprenait ça, même si elle avait la vingtaine, elle se ferait probablement étriper.
Alice se pencha juste un peu pour récupérer ses affaires qui étaient au pied du lit pour se rhabiller tranquillement, quittant enfin le drap du lit.

Après avoir fini de s'habiller, elle se leva du lit et se recoiffa légèrement avec ses mains. Elle avait fini par avoir une petite touffe pas spécialement jolie. Même si les doigts ce n'était pas ce qu'il y avait de plus efficace, ça suffira amplement pour la fin de la journée.

- Ca aurait été avec plaisir si de toute la soirée, tu serais resté seul, malheureusement, je ne suis pas sûr que l'ambiance d'un bar me corresponde vraiment.

Non, elle ne se voyait vraiment pas au tabouret d'un bar avec d'autres gars du quartier est complètement douteux sur leur activité en venant boire dans un bar. Ce n'était définitivement pas son truc.
Elle récupéra ensuite sa veste pour la remettre.

- Je peux appeler quelqu'un pour qu'il vienne me chercher. Ne t'en fais pas.

Il n'a pas besoin de prendre la peine de la raccompagner, surtout s'il devait se préparer à ouvrir le bar. Alice attrapa alors son téléphone portable pour passer un coup de fil rapide à Jack pour qu'il vienne la chercher avec sa voiture.