Bar 'A New Dawn':

Ma tenue de boulot enfilée, mes blessures camouflées et mon corps lavé, je quittais prestement l’Empire pour rejoindre mon petit bar ; le moment de travailler était arrivé.
En arrivant sur place, petit check rapide des livraisons : tout était nickel. Décidemment, ces braves types de Bunker Hill commençaient réellement à prendre au sérieux leur profession ; cette petite pensée me fit sourire. Les choses avançaient de partout, c’était une excellente nouvelle.


La soirée était bien entamée, le moment de la semaine le plus intéressant était enfin arrivé – le samedi soir. J’avais beau passer pas mal de mes soirées au QG, à discuter avec les nouveaux ou prévoir de futures formations, je crois bien n’avoir jamais délaissé un seul samedi.
Il faut dire que c’était le jour où les gens sortaient, le moment où le bar était actif ; et aussi, le bon jour pour me faire mon salaire. Parce que oui, j’avais beau avoir une chambre et une existence bien rodée à la maison, je devais tout de même payer mes impôts… Et puis, j’aime mon taf.

Et aujourd’hui n’échappait pas à la règle : la salle était bondée, les bouteilles bien entamées, l’alcool commençait à monter à la tête des clients – un vrai samedi, quoi. De mon côté, j’étais tranquillement derrière mon bar, servant à ceux qui demandaient ; et vérifiant leur ardoise bien sûr. Une discussion par ci, et par là, mais jamais quelque de bien consistant. Les clients venaient pour boire et voir leurs amis, moi pour les servir… Nos intérêts divergeaient.

Comment la louper, celle-ci. Une belle femme venait de faire son entrée dans le bar, attirant le regard de tous les types seuls de la salle – et aussi ceux des gars casés, mais c’était plus discret. Je me demande bien pourquoi… Toujours en est-il que son allure trahissait l’amusement qu’elle ressentait dans ce jeu de séduction presque naturel chez elle. C’était pas tous les jours qu’une aussi jolie demoiselle passait par ici, et elle semblait venir tout droit vers mon comptoir, alors… autant jouer un peu.

« - Barman, un Sex on the beach ! »

Et en plus, elle est provocatrice. Les jeux sont ouverts, voyons qui va lui offrir le verre...
Je lui sers ce verre, observant les plus rapides qui étaient déjà en train de l’aborder ; puis je refuse gentiment les billets des types.
Dommage pour vous, le gagnant, c’est moi.

« - C’est pour moi. Eh bien, quelle entrée ! »

Voyons déjà un peu si elle est vraiment là pour draguer ou s’amuser. Avec un peu de malchance, ce sont les femmes qui l’attirent ; dans ce cas, je prendrais un malin plaisir à assister à ce duel stérile entre mâles pour la conquérir.
Certes, je suis un Protecteur chez les Seraphs… Mais quand il n’y a pas de danger, j’ai bien le droit de m’amuser, non ?

« - Je t’ai jamais vu ici ; une envie soudaine ? »

Les types étaient toujours là, à l’affut de la moindre de mes erreurs. C’est triste pour vous, mais c’est mon bar… Alors j’ai un petit avantage. Comme celui de pouvoir mettre à la porte ceux qui s’en sortent mieux que moi ; mais bon, j’suis bon joueur.
En la regardant réellement pour la première fois – oui, parce qu’avant je regardais aussi autre chose que son visage, il va sans dire-, j’ai eu comme l’impression de la connaître. Pas comme dans la technique vaseuse de drague qui consiste à sortir une réplique pompeuse juste après cette révélation ; mais sérieusement. Après, préciser mon idée… Le plus simple, c’est peut-être de lui demander son nom.
Alors, je lui offre un petit sourire, et lui répond tranquillement.

« - De rien, j’allais pas me laisser marcher dessus. Howard, et toi ? »

Ça fait un sacré bail que je n’ai pas essayé de séduire une jolie femme, tiens… Faut dire que depuis que je suis devenu Seraph, j’ai été assez occupé – et mes samedis soirs trop chargés pour en profiter. Enfin, j’ai bien le droit à une petite pause de temps en temps, non ?
Allé, on dira que c’est pour me réconforter après l’humiliation que je me suis prise par le petit Aleister il y a à peine quelques jours… Je me suis quand même sacrément rouillé depuis ma promotion.

Enfin, histoire de ne pas la laisser seule face à son verre, je me sers un whisky à mon tour.

Cassandre ? Décidemment, il doit bien y avoir un endroit où on s’est rencontré… Bah, on verra ce point plus tard.
J’aime bien son franc parler : elle a des atouts, et je peux dire sans me mouiller qu’elle les utilise consciemment.

Sans plus attendre, je lève mon verre, acquiesçant sa réplique un peu pompeuse.

« - Exactement ! Mais est-ce vraiment une rencontre ? Je suis persuadé de t’avoir déjà rencontrée par avant. Et c’est pas une technique un peu nulle de drague, je suis plus fin que cela, tout de même. »

Autant clarifier la situation, avant d’entamer mon joli verre de whisky – qui, au passage, est vraiment excellent.
Le plus dur vient maintenant à vrai dire : il faut trouver une manière de séduire cette jeune et jolie demoiselle. Le mur étant brisé, les prétendants repoussés, autant profiter de ce petit tête à tête pour avoir une charmante discussion.
Le jeu est lancé, à toi l’initiative !

Elle me flatte, et je la gratifie d’un sourire en retour ; elle m’a tout l’air à l’aise avec ce genre de discussion. Alors je n’ai pas intérêt à la décevoir, ce serait triste de finir cette soirée bredouille.

Je sais qu’elle me teste, qu’elle veut voir comme je m’en sors si elle me lâche dans un coin de gêne ; mais ne t’inquiètes pas jolie Cassandre, je retomberai bien. Je n’ai toujours pas la moindre idée d’où je l’ai rencontrée, donc détournons un peu la question. Sinon dans mes rêves, bien sûr. Mais on va passer la petite parenthèse philo-romantique pour le moment, chaque chose en son temps.
C’est bien connu que les verres délient la langue, tôt ou tard un indice finira par filtrer – et je le saisirai.

« - Ça me reviendra sûrement un peu plus tard… Mais sois sûre que je ne t’oublierai pas une nouvelle fois : je m’en voudrais d’être incapable de me souvenir d’un si joli visage. »

Le premier pion était avancé, c’était donc mon tour. Qu’est-ce que je peux donc sortir ? Hmm... On va sortir le cavalier, je n’aime pas les détours inutiles.

« - Tu préfères passer la soirée ici, ou une petite balade te plairait ? »

J’appellerai Samuel pour qu’il prenne le relais, il me doit bien ça.

Elle essaye de me prendre au piège… C’est fourbe, mais cela n’en est que plus intéressant ; la facilité ne m’a jamais vraiment intéressé. Alors, soyons plus habile – pardon, le plus habile.

« - J’attends de découvrir le reste, pour savoir s’il est encore plus intéressant… Mais je n’en doute pas. »

Un petit sourire, et on en revient à l’idée de la sortie. Elle a accepté, c’est l’important ; maintenant, il faut un lieu. Peut-être du côté du pont, au nord ? C’était un lieu bien beau quand j’y étais passé, la dernière fois- peut-être l’est-il davantage de nuit.

« - Tout à fait, rien ne sert de presser notre charmante discussion. Je connais un joli pont vers le nord, avec une belle vue et de la place pour s’assoir… »

Je glisse l’idée sans vraiment lui demander, de toute manière je sais qu’elle attend que je choisisse, c’est comme un test. Quant à prévoir pour encore plus tard, c’est-à-dire la fin de soirée, nous n’y sommes pas encore.
Je vide encore un peu plus mon verre, daignant enfin servir les clients qui entouraient encore Cassandre. Ainsi, ils auront quelque chose à faire, cela nous donnera un peu plus d’intimité.

Evidemment, c’est l’heure des questions, et c’est à moi d’ouvrir le bal.

« - J’aimerais bien en savoir davantage sur toi Cassandre… Qu’est-ce que tu apprécies ? »

Hormis moi, il va de soit.

Tu m’aurais répondu que tu appréciais des trucs, j’aurais été autant servi – Bah, passons. Ça ne me dérange pas que tu joues la mystérieuse, ce n’en est que plus drôle finalement : je me demande bien ce que je vais réussir à obtenir de tes passions au fil de la discussion… Enfin, c’est à mon tour d’y venir ; tachons de s’en sortir honorablement.

« - Ce sont des bons choix… J’apprécie les charmantes rencontres et… Hmm, l’inconnu. Découvrir de nouvelles choses, sonder l’obscurité. »

C’est un peu vague ; mais là est le jeu, non ?
Quoiqu’il en soit, tu me parais bien sportive Cassandre – il faut dire qu’avec une silhouette comme la tienne, il est impossible de s’en sortir avec autre chose que du sport. Qu’est-ce que cela pourrait être ? Natation, dance ?

« - Avec un corps beau comme le tien, tu fais probablement du sport, je me trompe ? Sinon, il va falloir te mettre à l’abri, toutes les jeunes femmes vont t’envier. »

C’est un peu moins fin ce coup-ci, mais je me suis un peu rouillé ces derniers temps ; il faut dire que je drague rarement les petites nouvelles. Parle-moi davantage de toi Cassandre, ou alors il va que je ruse pour en savoir plus – quoique, cela ne me dérange pas vraiment.

C’est vrai que je dois avouer que je suis particulièrement gâté ce soir, mais rien n’est joué encore… Il faut encore la séduire avant de crier victoire.

Par contre, qu’elle ne pratique que peu de sport pour avoir un tel corps m’étonne beaucoup. C’en est presque de la triche d’être ainsi sculptée si on n’a jamais eu besoin de faire des efforts pour y arriver… Enfin, ça ne me dérange pas vraiment non plus, ce détail, c’est son affaire.

« - Je fais un peu de sport tous les jours, de la muscu’, des trucs du genre… Je prends vite, c’est plutôt arrangeant. »

Bon, il vaut mieux omettre la partie Ombre et entraînement au combat pour le moment ; ça, c’est uniquement si elle finit par être contractant. Et Seraph. Ce serait drôle tiens, j’aurai des tas de prétexte pour la revoir, ha ha…


"- Sinon, tu bosses souvent ici? Et si tu devais me conseiller la spécialité de la maison, que me proposerais-tu?"

Une spécialité ? Laisse-moi réfléchir… On va la jouer classique, un truc qui plaît en général – et qui l’intriguera sûrement.

« - Je possède le bar mais j’y passe que deux ou trois soirs par semaine, je suis assez occupé. Quant à la spécialité… »

Je ménage un peu l’effet en semblant réfléchir, et j’en profite pour me perdre davantage dans ses yeux. C’est vrai qu’ils sont beaux.

« - Le ‘Mysterious One’ ? Et je te propose un p’tit challenge avec, à toi me dire ce qu’il y a dedans. Je t’assure que tu vas l’apprécier. »

Bon, il existe pas encore ; mais mon dosage de l’alcool est plutôt pas mal je dois l’avouer, alors improviser un bon truc devrait être de mon ressort.

Ok, je suis pas tout à fait le proprio, c’est vrai. Pour être exact, je suis le manager et barman en chef, en charge maintenir à flot la bâtisse et les réserves d’alcool ; et je verse une partie à un type qui m’a loué l’affaire. C’est presque pareil, et puis elle ne s’en rendra pas compte, si ?

Mais bon, ce qui était vraiment intéressant, c’était son défi… Un gage, si elle perd ? J’en veux !

« - Je suis ton homme, Cassandre ! »

Et en plus, elle finit son verre. Quelle femme ! Du respect et de la classe, ça me plaît. Bref, occupons-nous de ce cocktail.

J’attrape quelques bouteilles savamment choisies, puis commence à préparer ma petite affaire sous le comptoir, hors de sa vue. Un fond de vodka, un peu de sirop de fraise et d’épices ; et légèrement de crème liquide pour conclure le tout. C’est assez simple, mais l’originalité des composants pourrait rendre son analyse un peu plus complexe que prévue.

Je tends le verre, dont la robe s’était teinte en un beau rose, à Cassandre l’agrémentant d’un sourire charmeur.

« - Et le voilà ! Voyons tes qualités d’analyste maintenant, je n’attends que ça. »

Je suis plutôt bon joueur, mais ça m’arrangerait que tu perdes. Etonnant, non ?

Si le petit mot de russe n’est pas simplement un petit effet, c’en serait vraiment drôle : voilà que je ne m’enticherais que des jeunes femmes russes… Après Saskia et son accent aussi prononcé que les formes de cette charmante Cassandre, voilà que cette dernière use de certains mots. Tiens, ça pourra bien faire office de relance si jamais la conversation tarie – ce qui, évidemment, n’arrivera pas.

Quant à notre petit défi, c’est plutôt pas mal. Vodka, juste, crème, idem et même un peu de cannelle. En revanche, elle n’a pas repéré le petit fond de piment dans le sirop d’épices… Donc je suis sensé avoir gagné.

« - Tout bon… Mais manque le piment. Bien joué quand même, tu as goût très développé : c’est rare, et… appréciable de discuter avec des gens raffinés. »

Non, je peux pas conclure là-dessus. Elle était si proche du but, ce serait presque criminel de gagner de cette façon. Et puis, pour ses beaux yeux je peux bien faire une petite entorse à notre petit jeu, non ?

« - Enfin, pour si peu… Je peux te donner une seconde chance, si tu me le demandes. »

Saute sur l’occasion Cassandre, je n’attends que ça – et si tu es bonne perdante, ça m’arrange encore plus. Maintenant, je dois trouver un nouveau défi… Quelque de différent, ce serait dommage de la soûler si tôt dans la soirée.

Et tandis que mon imagination commence à vagabonder, j’attends la demande de cette demoiselle, je plonge mes yeux dans son regard auburn,  toujours aussi séduisant. Vraiment, je ne regrette pas d’avoir devancé tous ses gentils prétendants quelques minutes auparavant ; sa discussion en vaut la peine.

Belle joueuse et fière – plus de challenge donc. Qui dit challenge, dit plaisir ; je sens qu’elle me plaît de plus en plus. Pas le droit à l’erreur ce soir, sinon je vais passer à côté d’une fleur rare.

Plus la peine de chercher un second défi maintenant, il va falloir trouver un gage… Tant d’idées se bousculent dans ma tête ; mais j’ai envie d’aller un peu trop vite en besogne. On va la faire languir un peu, ce n’en sera que plus drôle. Et puis, je suis persuadé qu’elle aurait fait pareil à ma place.

« - Belle joueuse, j’apprécie. On verra plus tard pour le gage, n’abattons pas toutes nos cartes dès le début. »

Bon, après la petite pirouette, il faut atterrir. Si jamais je laisse un blanc s’installer maintenant, je vais perdre pas mal de mon crédit : je dois relancer sur quelques choses. Un truc qui pourrait l’intéresser, la faire parler … D’elle ?

« - J’aimerais lever un peu le voile sur toi, Cassandre. Que fais-tu dans la vie ? »

Etant considérés ses vêtements, sa tenue et son langage, elle ne sort pas des bas quartiers – à l’inverse, elle me semble assez aisée pour des milliers. Même son grain de peau très blanc en dit un peu plus sur ses origines riches… Je me demande bien comment une telle personne peut bien avoir fini dans mon bar, mais je ne vais pas m’en plaindre : la soirée aurait été bien plus fade si cette belle Cassandre n’était pas venue franchir ce palier.

Eh bien, mademoiselle est donc réellement de la haute – quel honneur ! J’ai beau fanfaronné, je n’ai pas discuté avec tant de personnes si aisées que ça au fil des années : durant mes voyages, je m’installais dans les coins pauvres… Et Bunker Hill n’est pas ce qu’on peut qualifier de véritablement riche. Même dans le QG Seraph je n’en ai pas côtoyé tant que ça ; le genre très hautain n’est pas celui que je préfère. Mais cette Cassandre me semble être un peu plus ouverte que ça, ou, en tous cas, joueuse.

Et donc, une fana de combat ? C’est donc ce sport qu’elle pratique qui a contribué à sculpter son corps d’Aphrodite – la leçon est retenue, je ne chercherai pas à la mettre en colère. Quoique mon expérience en tant que Seraph m’ait pas mal appris de choses, affronter quelqu’un sans barrière n’est plus trop dans mes habitudes…

Je baisse mes yeux vers mon verre presque vide, le sourire aux lèvres et le contemple l’air un peu perdu dans mon imagination.

« - S’amuser… »

Je relève le regard vers Cassandre, et ma mine s’agrandit encore.

« - Je te comprends tout à fait. Il y a quelques années, j’ai tout quitté pour voyager, découvrir de nouvelles choses… Les meilleures années de ma vie, j’en garde des souvenirs géniaux. »

Vraiment, tout ça était génial… Mais avant de trop m’égarer, il faut reprendre un le fil, tout de même.

« - … Quoique ce soir pourrait aussi en être un, tiens. Ça fait un bail que je ne me suis pas autant amusé lors d’une discussion. »

Et zut, j’ai trop dévié la discussion : elle m’en disait plus sur elle, et je suis parti sur moi-même… Je tâcherai de me rattraper plus tard.

Si j’avais continué mes études de droits, et que j’étais devenu avocat – ou pire, juge-, je ferais peut-être parti de ces dirigeables ambulants, trop sûrs et d’eux, méprisants et méprisables. Pourtant, à la place de ce futur doré et vantard, me voilà ici, barman sans diplômes, Protecteur sans niveau… Je ne fais pas partie de ces idéalistes bobos gauchistes et pauvres qui luttent pour la classe ouvrière, haïssant les riches ; je suis simplement un type qui combat chaque jour qui combat pour ceux qui en ont besoin, vouant ma vie – et mon Vœu – à leur obtenir une vie meilleure. Dit de cette façon, je passerais presque pour un héros tiens. Ah, si seulement…

Et me voici parti dans un petit rire seul, me rendant compte de la situation : Cassandre venait de m’en dévoiler davantage sur elle et sur nos points communs, et, comme un imbécile, j’étais parti en débat intérieur sur ma légitimité et d’autres conneries du genre… Décidemment, fuyez le sérieux, il revient au galop – comme ne dit pas l’expression.

Sans que me laisser la nécessité de me morfondre sur ma petite erreur stratégique et forcer un retour dans une face plus séductrice, les dernières paroles de cette belle jeune femme aux yeux ambres me font subitement redescendre sur Terre.

Le moment délicat était finalement arrivé, celui-ci où tout se jouait : un succès amenait à une nuit agitée et fort sympathique, une erreur à une fin classique quoiqu’agréable de discussion. L’un, comme l’autre, se trouvait être une possibilité attirante ; mais je dois avouer que la première me plaisait un peu plus que l’autre. Etonnant.

Bon, reprenons les réflexes – pas de phrases beaufs, pas de blagues salaces, pas de sous-entendu trop visible-, il faut être fin. Et paraître en même temps intéressé et ne voulant que cela, tout en se dévoilant comme distant et porté sur autre chose. Décidemment, pour un néophyte, la séduction devait s’avérer réellement compliquée.

« - Oh, pour la rendre inoubliable ? Je dirais… Me faire voyager. »

Tout en parlant, je pose mon coude sur le bar vient poser lentement mon menton sur mes doigts, me rapprochant un peu plus du visage de ma charmante interlocutrice. Le regard toujours plongé dans le sien, la voix plus profonde, mon Roi était désormais à découvert.

Charmeuse, surprenante, anticonformiste et très audacieuse – voilà le petit portrait que j’ai pu dresser d’elle pour le moment. Et, le fait qu’elle se glisse presque contre moi avant que je ne puisse lui donner mon surprenant accord ne fait que renforcer ce dernier adjectif ; un des plus importants à mes yeux. Des filles mignonnes et tranquilles c’est bien sympa quelques temps, mais si elles n’ont pas un minimum de cran et de caractère, ça devient très vite ennuyant.

Enfin, ce petit aparté à part, il est temps de revenir dans le vif du sujet. Coyote Girls, un film que j’ai vu dans ciné’ moisi d’une de mes escapades – quoique, ce fut pour la bonne cause -, à base de bimbos, de serveuses, et surtout les deux à la fois… Mais si Cassandre se propose comme étant ma serveuse attitrée, je ne vais pas m’en plaindre. Très étrange.

« - Je crois que j’ai besoin tu rafraichisses mes souvenirs… »

Le regard toujours autant plongé, un sourire balayant mon visage et la voix qui se veut plus profonde, je me réjouis intérieurement de la tournure des événements.

Doucement, j’ôte mon gilet de costume et le pose sur les épaules de la jeune femme. Autant que ses vêtements soient en accord avec son rôle – ça ne la rend que plus séduisante.

« - Je suis sûr que tu joues très bien. »

Bon, c’était un peu nul ça. Mais faire un sans-faute retirerait un peu du challenge de cette soirée ; et même si elle parsème déjà la route elle-même d’embûches, ajouter encore de la difficulté ne rend que le succès plus désirable.

Si j’étais un imbécile, j’aurais probablement sifflé cette belle et sexy femme qui se tient devant moi. Ce petit gilet ajoute un côté très séduisant et difficile à expliquer à Cassandre ; et j’en redouble d’envie de la séduire.

Quant à cette petite histoire de shaker, elle se débrouille plutôt bien, y a pas à dire. C’est propre, pas une goutte par terre ; même si les shooters sont assez simplistes, je connais pas mal de barman qui seraient fichus de louper ça. Elle possède bien des talents, je me demande quel est le prochain qu’elle va me sortir – une merveilleuse danseuse ? S’arranger une piste au milieu du bar doit pouvoir s’arranger…

J’attrape le petit verre, l’analyse comme si j’étais un professionnel, puis lui sourit et l’approche un peu du sien.

« - Belle prestation, mais où s’arrêtent donc tes qualités ? »

Ah, que de flatteries… Enfin, elle verrait probablement d’un mauvais œil que je continue à éluder la question.
Alors, je prends un air plus sérieux, me redressant un peu.

« - Vous m’intéressez mademoiselle. Je pense que vous ferez une remarquable serveuse, je vous engage ! »

Et puis je ris un peu, cherchant son sourire pour m’y perdre. Allé, ne laissons pas lambiner son charmant petit travail, il est temps de boire !
Alors je lève mon verre, lui signifiant que je suis prêt à trinquer et à le prendre cul sac. A ton signal, ma belle.

Il ne faut pas que je prenne trop goût à ce petit shooter – qui a plutôt de belles saveurs, au passage -, sinon je vais finir ivre ce soir. Et je n’ai pas envie d’oublier cette soirée avec Cassandre ; ce serait vraiment fâcheux d’oublier un voyage avec une hôtesse si exquise.

Mais voilà que ma jolie interlocutrice part déjà sur des tas de faux projets quant à son embauche d’un soir – à moins qu’elle ne profite de ses charmes pour m’extorquer une place ici pour de vrai ? La voir plus souvent ce ne serait clairement pas un désagréable…

« - Il se trouve que je forme aussi des gens à mes heures perdues ; ça tombe bien. Quant à ton salaire et ton temps de travail… Je veux voir si tes talents de négociations sont à la hauteur de ceux de barmaid. »

Et de séductrice, évidemment ; mais, il n’est pas encore temps de la noyer de compliments davantage : il faut doser l’affaire petit à petit, et finir en apothéose. Ou lamentablement échouer et finir ma soirée à essuyer des verres salis par des ivrognes plus doués que moi… Non, définitivement, ça ne se terminera pas comme ça.

Une petite idée germe dans ma tête. Il est un peu tôt pour la mettre en scène tout de suite, mais en arriver là devrait être sympathique pour diriger un peu plus cette soirée vers ce qu’il me plairait.
En attendant, j’attrape mon torchon, commence à astiquer le verre à shooter et me mets à côté de Cassandre, adossé au bar, prenant un air de véritable barman. Quitte à jouer un jeu de rôle, autant vraiment prendre mon rôle au sérieux – surtout que j’ai un peu d’expérience dans le domaine.

Le côté petite fille fragile, j’y crois pas vraiment. Je suis persuadé que c’est le genre de femme qui peut te retourner un molosse assez de temps pour s’enfuir, si jamais elle a des ennuis… Mais le but n’est pas la vérité, c’est ce qu’elle veut me faire passer comme message ; et il est bien reçu. Plus que reçu, il est même apprécié je pourrais dire.

Enfin, elle sait où pointer lors de ses négociations : l’embaucher pour passer du temps avec elle en amont, et en aval, ne serait pas de refus, loin de là.

« - Excellente idée cette petite formation, j’ai même une idée parfaite du professeur qu’il te faudrait… »

Moi, évidemment. Pas que je n’aime pas partager, mais je n’ai pas l’intention de laisser le moindre de mes collaborateurs me voler la vedette face aux beaux yeux de Cassandre ; elle m’a assez charmé pour que je m’en aille tranquillement.

Son second argument n’est pas des moindres non plus ; avec une si belle femme au comptoir, on va avoir une recrudescence de consommations chez les plus séducteurs du bar – ainsi que chez les moins talentueux, il va de soi. Ses chevilles sont énormes, mais je ne crois pas que cela compte dans notre petit jeu : il faut se vendre le plus possible, tout en camouflant ses défauts. Et si elle en a, alors je passerai à côté volontiers.

« - En échange ? Un point de chute. Il se trouve que ce bar a le bon goût d’être fourni avec un logement de fonction, et il pourrait être tiens dès que tu le voudras… Plus de longs trajets, et il est très bien doté. »

Ce n’est peut-être pas à la hauteur de tous ce qu’elle m’a proposé auparavant, mais il faut tôt ou tard dévier le sujet vers un sens un peu plus grivois ; maintenant, à elle de me signifier si l’envie d’aller plus loin l’habite.

Les choses prennent une tournure plus … intéressante. Mon signal a été capté, et bien retourné ; désormais il est de temps de passer aux choses plus sérieuses. Enfin, ce n’est qu’une façon de parler – je ne compte pas réellement être froid et intelligent, mais je me comprends.
Le petit souci, c’est que ma petite bicoque n’est pas un palace comme mademoiselle semble en fréquenter : ce n’est qu’une modeste chambre avec un lit et quelques commodités. Heureusement que je n’y passe pas souvent, et qu’elle est donc rangée, sinon ça aurait été un peu plus compliqué ; m’échapper pour faire du rangement démonterait un peu l’humeur chaleureuse ambiante.

Un verre de plus pourrait peut-être troubler un peu ses standards, mais ce serait tricher… Me rattraper avec du talent pour le plaisir serait plus habile en fait. J’aime le challenge, et je déteste me vendre avec de beaux atours ; le naturel finit toujours par faire plus d’effet.

« - Mince, me voilà percé à jour ! »

Mon regard se veut joueur ; et ma main hésite à aller chercher mon téléphone pour passer un coup de fil à mon associé. Aller trop vite en besogne me porterait préjudice, il me faut poser la question avec subtilité.
Alors, je sers un client de passage – il faut bien faire mon quota -, puis je me rapproche d’elle lentement.

« - Mademoiselle est intéressée par une visite ? Ça peut s’arranger, vous êtes disponible vers quelle heure ? »

Je lui laisse beaucoup de latitude, certes … Mais elle me semble redoutable en affaire et en séduction ; alors, il vaut mieux m’assurer de son envie avant d’être trop entreprenant.

Il n’y a plus de doutes, il faut que j’en vienne à l’important rapidement ; sinon, elle n’hésitera pas à s’échapper pour s’amuser… Avec ce que je commence à percevoir de son caractère, je pense qu’elle prendrait autant de plaisir à passer du temps qu’à me fuir – donc, il ne faut pas que je lui laisse le temps de choisir la seconde option.
Dit de cette façon, ça paraîtrait presque illégal, mais il n’en est rien : ce n’est qu’un jeu entre adultes consentants. Et pour ma part, je dois avouer une certaine impatience qu’il me faut encore comprimer quelque peu.

« - Parfait, je vais donc contacter mon collègue pour le prévenir de ce contrat afin qu’il s’occupe des formalités rapidement. Il serait fâcheux de vous faire perdre davantage de temps, même si je doute que sans vos allures de Cendrillon vous soyez moins séduisante… Non, je suis sûr que vous serez magnifique à chaque instant. »

Le jeu de rôle était sympathique, mais une pénurie de compliments pourrait m’être fatale à un moment aussi fatidique ; alors, voilà.
Je saisi mon portable dans ma poche et envoie un message à mon remplaçant : « Une belle soirée m’attend, j’ai besoin de toi illico. On s’arrangera pour les heures, mais tu me dois bien ça. ». Ce qui n’est pas faux – après tout, je l’ai bien aidé en l’embauchant ici pour le sortir du Sud.

Une fois cette petite affaire, je tends la main vers Cassandre avec mon allure la plus noble, et je m’exprime presque pompeusement.

« - Si cette princesse agrée de me suivre. »

Attendant l'accord final, je suis prêt à l'emmener à l'étage aussitôt que sa main sera mienne.

Comment est-ce que cela commence déjà ? Ah oui… Il était une fois une princesse à la chevelure unique et au regard dévorant ; elle était enfermée en haut de sa tour de bourgeoisie, loin de tout plaisirs charnels et d’autres tout aussi agréables. Condamnée à errer avec de vieux croupies dans des bals ennuyant, elle rêvait de fuir, de rencontrer son Prince des pauvres.
Et ce fameux soir, celui où l’anti-Cendrillon a fait son apparition, son promis était là : un blond sauveur de ceux en besoin, protecteurs des assoiffés et refuge pour erres. Elle fut sous son charme, et lui de même – et comme tout conte qui se respecte, ils finirent par une nuit agréable sans sommeil.

Préciser qui joue quel rôle serait inutile, et je sais très bien que cette histoire est très exagérée ; mais c’est le genre de récit qui me permet de garder mon calme pendant que nous sortons lentement de la salle, la démarche princière. C’est bien la première fois que mes clients me voient faire une telle chose, et tous les regards sont tournés vers nous deux – quoique, beaucoup le sont surtout vers le magnifique dos et le non moins beau fessier de ma compagne d’une nuit. En tenir rigueur serait inutile, mon collègue ne va tarder à arriver et à remettre un peu d’ordre là-dedans ; dans le pire des cas, ce ne serait que quelques petites bouteilles de perdues… Ma soirée les vaut bien.

Une fois arrivée dans le fameux logis, il est temps pour moi de passer réellement aux choses sérieuses – l’heure du jeu gentil a assez duré, maintenant il faut faire place à son côté fougueux.
Avant qu’elle ne puisse visiter réellement la pièce, je me retourne vers elle et approche mes lèvres tranquillement des siennes, puis clos mes yeux et l’embrasse réellement, aussi bien que je le peux.
M’écartant lentement, je brise le silence.

« - J’ai des tas d’idées d’autre jeux si tu veux… »

J’ai l’impression de revivre le début de notre soirée, mais dans un tout autre registre : il n’est plus questions d’ingéniosité dans un quelconque cocktail mystère, mais plutôt dans un domaine quelque plus … sportif. Quoique l’idée qu’elle me parle à nouveau du fameux Coyote Girl m’effleure l’esprit, mais la répétition ne semble pas être son genre – elle préféra du nouveau, sans cesse du nouveau. Cette nuit est un jeu pour elle, et je ne me voile pas la face.
Alors il faut qu’elle soit inoubliable.

Sans arrière-pensées tout à fait condamnables, j’ai comme une sorte de retour en enfance. Quand on jouait aux cartes au collège, et qu’on se prenait à imiter les héros des dessins animés – à se lever en fanfare, et à hurler que l’on utilisait notre carte maîtresse. Et c’est exactement ce que je m’apprête à faire, bien que mon adversaire du jour soit bien plus charmante que ne l’était mes amis pré pubères… Garder le suspens aurait pu être une idée, mais je crois que je l’ai assez faite languir pour ça.

Toujours proche d’elle, je remonte lentement un doigt le long de son corps jusqu’à le poser sur ses lèvres.

« - Mais avant mes jeux, ton fameux gage sera de me faire voyager dans le monde des cowboys.  »

Un mélange – peut-être pas aussi subtil que je l’aimerais – entre une proposition beauf et sensuel, voilà quelque chose qui devrait tout de même faire l’affaire. Je ne veux plus que tu sois une gentille jeune femme sage Cassandre ; il est de temps de montrer ton côté sauvage.  

Et je me retire rapidement, comme une invitation à me suivre, un sourire franc sur le visage.

A nouveau elle se prête au jeu – et elle y est toujours aussi douée. Une démonstration digne d’une amazone, sensuelle sans tomber dans l’érotique ; les vêtements toujours présents, mais faisant comme s’il n’y en avait presque plus. Son corps et sa grâce sont remarquables, et en faire triompher un sur l’autre m’est impossible… Mais, je ne me plains d’avoir l’opportunité de tenter cette comparaison.
Avant de répondre, une envie subite de prend, mais je résiste. Mon âme d’enfant essaye en vain de prendre le dessus sur ma conscience et de me forcer à crier un petit ‘Yihaaa’. Etrangement, une autre partie de moi a envie de finir la soirée d’une façon agréable et m’empêche une sévère perte de crédibilité.

« - J’aimerais faire le difficile et te dire que tu pourrais faire mieux… Mais, non. C’était parfait, Calamity Jane. »

Le gong avait été repoussé, mais l’inévitable finit toujours par arriver. Dans un ultime gain de temps, je m’approche pour l’embrasser, puis reprend ma précédente position. J’ai bien une idée d’un jeu auquel j’aimerais la faire jouer – et elle a la même idée, j’imagine -, mais il me faudrait une façon détournée et pleine de tact pour l’amener. Briser subitement nos périphrases détruirait une partie du plaisir de cette soirée ; et là-dessus, je pense aussi qu’on a le même avis.

« - A mon tour, j’imagine… Est-ce que tu as déjà eu envie d’être critique ? A mon tour de te montrer ce que je sais faire, et au tiens de me noter. »

Lui donner le pouvoir, et lui offrir un peu de repos – son souffle se fait court, et ce serait triste qu’on doive s’arrêter à cause d’une soudaine attaque de fatigue -, devrait lui octroyer quelques plaisirs. Et de mon côté, je connais deux trois trucs qui devraient la satisfaire. Alors, en attendant sa réponse, je pose mes mains sur ses hanches et laisse mes doigts se balader doucement le long de son dos.

La surprendre ? Je sais quoi faire ; mais il n’y a qu’une chance pour deux que la convainque vraiment… Elle a consenti à pousser le jeu très loin, alors je ne dois me défiler et continuer sur la lancée.

Lentement je soulève Cassandre – avec une certaine aisance – et la mets debout, près de moi. Je retire ma chemise, et attrape mon portable dans ma poche. Rapidement, grâce mes enceintes dans la pièce je diffuse une musique country, puis me lève pour être toujours plus proche d’elle.

Il est là le coup de poker – Cette petite danse peut paraître ridicule aux yeux de la demoiselle, ou alors comme une touche amusante à ce petit jeu ; et qui me permet de commencer à retirer nos vêtements.

« - Une danse ? »

Une escale au Texas m’avait apprise les rudiments de cette danse que j’avais perfectionné lors d’une soirée à thème bien arrosée – il devrait me rester assez de techniques pour ne pas passer pour le plus piètre des danseurs. Et nos quelques verres aidant, il se pourrait bien que cette danse lui plaise.

J’aime cette soirée. Non, je l’adore : je ne me suis pas autant amusé à jouer pour séduire depuis longtemps, cela donne un côté irrésistible à Cassandre. Je me serai tant donné pour la conquérir que la récompense n’en sera que plus parfaite.

Quoiqu’il en soit, l’invitant à se joindre à moi, j’esquisse quelques pas. Aussitôt qu’elle m’aura rejoint, je lui montrerai l’étendue de mes connaissances sur le domaine, et la guiderai si besoin.

Ce jeu ne semble pas avoir de fin ; mais cela le rend encore plus appétissant. Cassandre semble moins habile dans cette danse que dans la précédente, mais ce n’est pas grave – je suis persuadé qu’elle apprend très vite. Me plaçant face à elle à quelques pieds d’écart, je lui souris.

« - Suis mes pas, je suis sûr que tu prendras très vite la main. »

Ce n’est peut-être pas la danse la plus sexy – la palme revient sans faute au flamenco -, mais elle a de quoi éprouver ses pratiquants, et les forcer à se reposer un peu… Ce qui viendra sans faute.
Je me mets alors à esquisser des mouvements, cachant ma concentration derrière une mine réjouis : des pas en avant, en arrière, des petits tours, le tout parfaitement en rythme avec la musique.

Trop pris dans ma démonstration je ne vois pas le temps passer, et la musique se coupe finalement, me laissant tout juste le temps de finir mon dernier mouvement, sans évidemment briser ma synchronisation. Je m’approche de Cassandre, pose à nouveau mes lèvres sur les siennes puis la soulève pour la poser sur lit, délicatement.
A voix basse, je reprends.

« - Tu es décidemment pleine de talents… Aurais-je l’honneur d’en voir un autre ? »

Dire qu’elle prend enfin l’initiative serait faux ; mais c’est la première fois qu’elle rapproche d’elle-même autant son visage du mien. Mais je ne l’embrasserai pas tout de suite, j’ai envie de profiter un peu de ce moment sensuel où nos voix sont basses. Comme si nous voulions éviter que quelqu’un entende nos échanges, alors que nous sommes seuls – enfin, plus par plaisir mutin que par honte, évidemment.

Tandis qu’elle commence à balader ses doigts sur mes épaules, avec une douceur remarquable, je bois quasiment ses paroles. La suite du jeu démarre maintenant, celle où, pour la citer, tous nos sens vont être comblés. Déjà que ma vue et mon ouïe étaient satisfaites par sa seule présence, j’ai hâte que mes trois autres s’épanouissent.

« - Hmm, avec plaisir … Après la vue et l’ouïe que tu sublimes déjà, j’ai hâte de voir ce que tu feras au toucher. »

Cette fois-ci, je n’y tiens plus, et je l’embrasse à nouveau, tendrement. Puis je laisse mon corps dans ses talentueuses mains, prêt à la laisser contrôler entièrement mon corps. Je ne sais pas ce qu’elle compte exactement me faire, et même si quelques idées osées me traversent l’esprit, je préfère me donner tout entier à la découverte. Cette soirée est un ensemble de merveilleuses surprises, et je doute que cet instant y fasse défaut.