Je reconnais l'endroit. C'est bien sur cette rue que nous avons déposé Terry. Et quelques mètres plus loin se trouve la demeure de son supposé ami. Notre destination. Nous continuons à suivre la jeune femme qui semble bien connaître le chemin. Son pas rapide et constant ne nous laisse ni le temps, ni le souffle pour discuter. Nous avons beau avoir fait le déplacement des abords de la plage jusqu'à cette demeure du quartier Est, nous ne savons toujours rien de cette jeune femme... Si ce n'est qu'elle semble être une amie de Luna. Tu parles d'un enquêteur ! Bien heureusement, notre guide ne semble pas avoir de doute sur notre couverture. Ce n'est qu'une fois arrivé que je décide de prendre la parole tout en avançant vers la maison.

C'est ici. Visiblement vous connaissez le coin... Vous y venez souvent ?

Je tends l'oreille, à l'affût du moindre bruit venant de l'intérieur mais aucun indice d'une quelconque activité ne semble en ressortir. Pas étonnant, à cette heure-ci, il est très probable que les résidents soient déjà au lit. A défaut de percevoir un son, je sens une odeur nauséabonde au palier de la porte. L'endroit semble mal entretenu, voire même abandonné...  Sans perdre davantage de temps, je frappe vigoureusement la porte et attends une éventuelle réponse de l'intérieur... En vain. Je tente désespérément d'ouvrir mais rien n'y fait, le verrou semble tenir.

On dirait qu'il n'y a personne... Et j'ai l'impression qu'il n'y avait personne ici depuis un bout de temps. Je veux pas faire le pessimiste mais je crois bien que nous sommes venus pour rien... A moins que vous n'ayez de quoi ouvrir cette porte.

Bon tout ce cirque avait assez duré. On était enfin devant la demeure de ce Terry, mystérieux homme aux connaissances étranges d'un monde bizarre. Et une porte les retenait sur le pas... de la porte.

Pousse-toi.

Niel fonça droit sur la porte vermoulue par le temps qui craqua. Un nouvel élan, et le bois finit par céder.
Aveuglé par la poussière et l'obscurité il fit quelques pas à l'intérieur en se massant l'épaule.

Y'a quelqu'un?

Je garde mon rôle, celle d'une femme peu sûre et apeurée. Face à cette demeure, je suis impuissante. Qu'est-ce qui m'a pris de venir ici ? Est-ce que je suis réellement importante ? Ont-ils réellement besoin de moi. Peter me demande si je connais le coin alors que nous arrivions enfin à destination.

" C'est l'adresse que Luna m'a donné. J'ai donc particulièrement fait attention de ne pas venir par ici... Et pour cela, je dois connaître les environs afin de faire le bon détour." Répondis-je.

Peter ensuite, enquête plus soigneusement, tente d'écouter s'il y a des voix à l'intérieur, frappe à la porte, essaie de l'ouvrir, sans vraiment arriver à un résultat. Vers la fin, il commence à abandonner, me demandant si j'avais de quoi ouvrir la porte. J'allais secouer la tête négativement, accompagné d'un soupir de soulagement malgré moi. Oui, soulager de ne pas avoir à rencontrer cet homme. Quand soudain, le second homme, Niel n'y va pas de main mort. Il demande à Peter de se pousser et commence alors à enfoncer la porte. Ce qu'il parvient à faire.

Après qu'il ait ainsi forcé la porte, une odeur insupportable attaque mes narines tandis que l'homme se masse les épaules tout en criant pour voir s'il y a quelqu'un. Je regarde Niel, la manche de mon haut qui couvre mon nez, l'interrogeant d'un regard effrayé. Est-ce qu'il va rentrer aussi ?

Ma foi, Merci, Niel. Une fois Peter rentré, je pense que tout ceci se terminera bien tristement et de façon ennuyeuse, mais au moins, je pourrais tourner la page.

Ce n’est qu’une fois la question posée que je me rends compte de son absurdité. Nous sommes venus à l’improviste, il y avait donc de forte chance que mes compagnons n’aient de quoi défoncer ou crocheter une porte. Ca aurait même été inquiétant si c’était le cas… Bon, vu l’état des lieux, il serait peut-être possible d’enfoncer la porte sans avoir recours à quelconque instrument. J’aurais voulu éviter d’en arriver là, de peur d’alerter les personnes se trouvant aux alentours. Et puis, qui sait ? Il restait encore possible que cette adresse n’abrite que des personnes tout à fait normales.

- Pousse-toi.

Avant que je ne puisse faire quoi que ce soit, Niel m’écarta du passage et fonça droit sur la porte. Son énorme coup d’épaule réussit à faire craquer la porte. Sans attendre, il reprit son élan pour redonner un coup qui réussit cette fois à enfoncer la porte. OK, on dirait qu’on ne peut plus faire marche arrière maintenant. Je m’approche de l’ouverture faite par Niel, l’odeur était encore plus insoutenable une fois la porte ouverte.

- Reste là, on va voir ce qu'il y a à l'intérieur.

D’un geste de la main, je fais signe à la jeune fille de nous attendre dehors tandis que mon autre main couvre inutilement mon nez. Aucune pièce n’est éclairée, seule la lumière venant la rue me permet de distinguer que l’entrée donne sur un couloir. Soit les propriétaires dorment, soit ils sont absents. Mais vu l’absence de réaction suite au vacarme provoqué par Niel, je pencherais pour la seconde option. Néanmoins, il faut rester prudent, histoire d’éviter les mauvaises surprises. J’utilise la fonction lampe-torche de mon téléphone et commence à avancer prudemment. Et merde ! Cette odeur est insupportable ! Comment des gens pourraient encore vivre ici ?

- Il y a quelqu…

Le choc de la découverte me coupe littéralement le souffle. Là, juste devant moi, se trouve un corps pendu au beau milieu du couloir. Ce dernier avait déjà commencé à se décomposer depuis un moment, ce qui explique l’odeur… Les propriétaires n’étaient ni absents, ni au lit, ils étaient morts.

- Niel. Inutile d’en savoir plus sur ce Terry. Je pense qu’on peut appeler les flics.

L'odeur finit par s'expliquer quand la poussière se dissipa, la lueur dégagée de l'entrée dévoilant un spectacle des plus macabres.

Bordel de merde.

J'hochai la tête à la remarque de Peter.

Ouais, et à se tirer vite fait avant que je sois de nouveau suspect.

J'étais vraiment proche du corps, et je dus mettre la main sur mon nez pour ne pas avoir la nausée. C'était pire que l'autre corps qui se vidait de son sang cette fameuse-nuit.

Terry est beaucoup plus dangereux que ce qu'on pensait.

Quand je me suis réveillée dans la maison d'Aria. J'admets. J'ai eu peur avant d'avoir honte de m'être assoupie a la sauvage. Peur a cause du vide. Du trou noir dans la mémoire. Juste un vague souvenir d'un sourire flottant sur le visage de mon amie. Et puis... Plus rien. Pendant un temps que je n'arriverai pas a compter.
Comme ce jour, avant.

Alors je me suis levée en paniquant.

"Je suis partie faire les courses ! ^^"

Le mot même qu'Aria laissé sur a table n'a pas calmé cette angoisse irrationnelle. Y'a comme un bug. Un truc qui va pas. Comme si cette simple phrase écrite adoptait la calligraphie atroce qu'avait employé mon bourreau quelques mois auparavant.
Terry.

J'ai comme une flippe. Un genre de sentiment irrationnel. Je sors de l'appartement comme prise d'une folie furieuse. Mes pas me dirigent vers une adresse auquel je n'ai jamais osée me rendre depuis tout ce temps. Parce que j'avais peur. Parce que j'ai toujours peur. Mais... Mais là. J'ai besoin de savoir. Est ce que... ?
Pendant que je cours. Je projette. Toquer a la porte. Voir son visage. Je me vois prendre le roux chétif au collet. Hurler quelques insultes rageuse. Quelques coups aussi. L'espace d'un instant, la scène mentale prend de la profondeur. Elle parait si réelle dans mon esprit. Je me sens plus humaine.

L'espace d'un temps qui me parait infini. Je me retrouve enfin sur les lieux ou j'ai lâché ce putain d’animal. La porte est forcée. J'ai un bref instant d'arret. Comme une hésitation ultime. Et pourtant un pas me rapproche des lieux. Puis un deuxième. Puis une odeur de mort s'echappe de la bouche qui sert de porte. La curiosité prend le pas sur la confusion. Je m'enfonce dans les entrailles de la maison.
Le lieu est abandonné. Depuis quelques mois même si j'en crois la couche de poussière et le cadavre qui pend mollement au plafond.
Pas d'étonnement. Pas de "Pouah" Pas même de dégout. Juste un froid pragmatisme.

Mon regard tombe sur un corps face contre terre. Je crois capter une lueur rousse. Ou alors ce n'est que mon imagination ? Mon pied pousse doucement le type pour voir son visage et j'ai comme une pointe de déception.
Ce cadavre n'est pas celui de Terry.
Pourtant il me dit quelque chose.

Je ne me pose pas la question pour le moment. Je ferais mes recherches plus tard. Sur cette fille. De toute facon. Je ne peux pas la faire survivre au vu de son début de décomposition. Je suis Nephil moi. Pas faiseuse de miracle.Le type mort quant à lui... Ouais c'est frai si j'en crois mon expérience. J'ai encore moyen de lui pauser quelques question. Mais vu le grabuge environnant. J'ai pas envie qu'on me choppe en tête a tête avec lui avec un cadavre pendu en guise de décors romantique.

C'est donc avec cette froideur étrange que balance un kekkai pour transporter ce type au visage familier dans une voiture. Ou plutôt dans le coffre. T'facon, c'est peut être pas un traitement humain. Mais je doute que notre type s'en plaigne. La voiture quant a elle. Bah... Je prends soin de voler au voisin au passage. Piquer les clef en quelques coup de kekkai ajustés. Parce qu'au fond. Les lois humaines ne sont plus vraiment de problème depuis mon contract. J'imagine.

J'embarque donc sans douceur le colis dans le coffre. J'hésite un bref instant au sujet de la destination. Pas dans mon van par sécurité. Il pourrait être contractant vu que Terry l'est ? Nan ?
Mais ou chopper du matériel de soin pour rendre ce type viable si ce n'est dans mon van ? Le QG c'est hors de question. Par contre l'appart' de John est toujours désert il me semble. Étroit. Mais il doit rester du matériel de soin et quelques conserves.