Ce jour-là, Maël ne voulait pas rentrer chez lui. Depuis sa rencontre avec Howard Evans et sa certitude que l'individu était un criminel accompli, l'instituteur ne vivait pas des jours tranquilles. Il conservait sur lui en permanence le chèque que lui avait fait le sus-nommé M. Evans comme une preuve qu'il serait impossible de trouver en fouillant sa demeure. Le délai demandé par l'homme était pratiquement écoulé et paradoxalement, la tension n'avait de cesse de croître comme si le pire restait à venir. Alors que finalement, ce n'était qu'un transfert d'un compte à un autre compte. Rien d'inhabituel, c'était simplement le montant des réparations de son véhicule embouti par un automobiliste (un chauffard pour le coup) qui souhaitait se passer d'assurances. Non, rien de bizarre ou de suspect. Mais pourtant, cette sensation était tenace.

Lorsqu'il se retrouvait seul chez lui, il ne tenait pas en place, regardant discrètement par sa fenêtre tous les quart d'heure presque certain d'y voir des voitures noires dégueulant des hommes vêtus du même noir et probablement armés jusqu'aux dents ou des flics ou le FBI ou... peut être même des aliens flics intergalactiques venus l'appréhender... Lui qui était d'un naturel calme et posé, cette image qu'il s'auto renvoyait l'irritait. Alors, il ne rentrerait pas chez lui, il tâcherait de prendre l'air et de penser à autre chose, ne serait-ce qu'une heure. Peut être appellerait il son frère et sa sœur et iraient ils ensemble boire un verre dans un bar. Il n’appellerait pas Andy, son meilleur ami devait être en plein travail. Oui c'était une bonne idée !

Il fut déçu que Lucas et Héléna ne puissent se libérer mais qu'à cela ne tienne, il irait quand même se boire un petit jus de fruits et tâcherait de passer un bon moment. Il commencerait peut être même à corriger les copies de ses élèves qu'il avaient dans sa voiture de prêt ! Et le voici entrant au Notting Hill Coffee, c'était un lieu qui avait bonne mine pas comme le Black Swan, il ne pouvait qu'être un bar sympa, non ?

Pendant ma lecture, ma main gauche faisait des va et vient entre la table où était posé ma boisson chaude et le livre dont je tournais la page. Ce que je retiens, c'est que tout ceci à l'air affreusement douloureux. Je ne peux m'empêcher de grimacer. J'en viens à me poser la question de savoir ce qui est le plus douloureux entre me transformer en une personne pour la première fois et l'action d'accoucher. Ma foi, j'espère que ça l'est moins.

Et alors que je me pose cette question capitale, j'entends la voix familière de celle que j'attendais. Je lève la tête, mon sourire vient automatiquement accompagnée mes yeux qui commencent à briller en la voyant. Elle et ses deux petits enfants. Des jumeaux. Ils sont à croquer au sens figurés du terme évidemment. Mais l'envie de leur faire des papouilles est belle et bien présente. Je lui réponds ainsi qu'à ses enfants, toujours avec le sourire.

"Bonjour Naoto. Bonjour Hana et Julian. Ils sont à croquer, mais je pense qu'on doit te le dire souvent. sinon, il fait un peu froid, mais je vais bien."

Je pose mon livre et alors que j'allais l'inviter à s'asseoir, mon regard se perd un peu plus loin. Plus précisément, vers une silhouette familière qui franchi les portes du café. Ne serais-ce pas mon collègue qui s'occupe des aînés de mon école ? Maël, en charge d'une classe de CM1. Un bel homme, incontestablement. Je fais mine à Naoto de patienter quelques instants en me levant, puis je me dirige vers lui.

"Bonjour Maël, quel heureux hasard ? Que penseriez vous de m'accompagner moi et une amie pour une discussion ? Je pense que vous avez quelques points en commun." Souriais-je.

De plus, il est toujours amusant d'avoir un homme dans une conversation typiquement féminine. Les réactions des messieurs sont particulièrement divertissantes.

L'homme était occupé à chercher un endroit réunissant quelques critères précis (plutôt éloigné des quelques clients, près d'une fenêtre, éclairé en priorité par la lumière naturelle plutôt que les ampoules et une table suffisamment large pour accueillir sa commande et le travail qu'il comptait commencer) lorsqu'il fut approché. Il lui fallut un instant avant de reconnaître sa collègue de boulot.
_ Oh, Aria, bonjour ! Quelle agréable surprise de vous voir ici. Comment allez vous ?

Quel incroyable hasard que de croiser une des institutrices travaillant dans la même école que lui, jamais il n'aurait pu se l'imaginer mais cela était parfait. A défaut d'avoir son frère et sa sœur, il passerait ce moment agréable avec cette collègue qui l'invitait justement à lui tenir compagnie sous prétexte qu'il aurait des points communs avec une de ses amies !
_ Ma foi, ce n'est pas de refus. Ma curiosité est piquée dans ces points communs dont vous parlez ! Je vous suis ! Dit il dans son éternel sourire timide. Rencontrer une inconnue n'était jamais facile mais cela restait presque identique que la rencontre d'un parent à ceci près qu'il n'aurait pas à parler de ses enfants... à moins que cette amie soit justement la mère d'un des enfants à qui il enseignait !

Il fit un signe à sa collègue et s'approcha du bar pour y passer sa commande. Un cheese-cake, dessert qu'il avait découvert grâce à Andy qui était d'origine anglaise accompagné d'un thé vert au jasmin. Il se retourna, chercha Aria du regard et la rejoint elle et son amie qui avait l'air quelque peu méfiante.

Accompagné de Maël, je me retourne pour retourner vers ma table pour voir une amie, quelque peu sur la défensive. Je souris, tentant avec mon expression chaleureuse de la rassurer. J'aspire à cela tandis que je présente les deux personnes à chacun.

"Laissez moi vous présenter. Naoto, voici Maël, un collègue dans l'école primaire où j'enseigne. Maël, voici Naoto, une très bonne amie à moi. そうして、二人は日本人。"(Et vous êtes tout deux japonais.) Dis-je en levant les deux bras joyeusement.

Certes, j'ai relativement simplifié ma phrase au point où on a l'impression que je parle à des enfants et que j'agis comme telle. Mais je sais à quel point il est agréable de rencontrer des personnes de son origine. Cela crée des liens, à cause des sujets communs liés à la culture et la langue. Je pense honnêtement que les deux peuvent s'entendre. J'apprécie beaucoup Naoto, et même si je crois qu'elle préfère rester discrète en temps normal, je me dis que la présenter à quelqu'un de la même origine qu'elle peut créer des liens forts agréable. Je m'assois sur la table et j'invite Maël à me suivre dans mon action.

" Je dois avouer que je suis un peu tendue malgré moi. Cela me fait agir de façon un peu différente. Je me dis que l'avis d'un homme peut également m'aider pour mon problème." Poursuivais-je, sirotant ma boisson chaude.

Voilà qui surprit Maël, cela faisait un bon moment qu'il n'avait pas entendu du japonais ! Et il se surprit encore plus de s'entendre répondre dans sa langue natale spontanément.

_ はじめまして - マエール と言いいます (Hajimemashite - maēru to ii imasu | Ravi de vous rencontrer pour la première fois, je m'appelle Maël).
L'homme s'assit et bu une gorgée de son thé. Il n'était pas aussi bon que celui qu'il avait eut l'occasion de boire lorsqu'il était au pays mais il était loin d'être mauvais. L'homme posa ensuite ses yeux sur les enfants dans la poussette et ne pu s'empêcher de sourire. Non, ils ne faisaient pas parti de ses élèves, pour sûr ! C'était donc sur cette origine japonaise commune que cette rencontre se faisait. Ce n'était pas plus mal.

_ Le monde est petit en effet, enchanté de même miss Naoto. Dit il en relevant les yeux vers leur mère. Il avait été bien inspiré de ce rendre dans ce lieu pour décompresser, il était légèrement gêné mais s'il pouvait aider alors il s'en ferait un plaisir.

_ En quoi puis-je vous aider ? Demanda Maël espérant que ça ne soit pas lié à la grossesse d'Aria. Il s'y connaissait, plus ou moins, après tout il avait été père et avait donc aidé sa défunte femme à chaque étape mais il n'avait pas spécialement envie de replonger dans ce genre de souvenirs, c'était toujours aussi douloureux. Peut être aurait il pu tourner la page s'il n'avait pas perdu son fils par dessus le marché mais là... là, c'était juste insurmontable !

[HRP]Désolé de vous avoir fait attendre, la semaine a été particulièrement chargée et ça risque d'être aussi le cas pour celle a venir mais je tâcherais de répondre aussi vite que possible, promis ![/HRP]

A l'écoute du sujet, Maël ne pu s'empêcher de soupirer. Lui qui avait tant espéré que ça ne soit pas sur la famille c'était bien loupé ! Et étant un homme de principes, il ne pouvait tout simplement pas se lever et partir, la future maman avait besoin de conseils et il se devait de lui en donner dans la mesure du possible ! Oh bien sûr, il ne pourrait pas parler des sensations de l'accouchement ou de l'allaitement bien que sa défunte femme lui en ait parlé mais... mais il ne pouvait pas non plus parler pour le père du bébé à naître, il ne le connaissait même pas !

_ L'éducation est une notion parfaitement personnelle. Vous êtes bien placée pour savoir que des enfants n'ont pas le même comportement en partie dû à la façon dont leurs parents les traitent. Sans considérer votre enfant comme l'un de vos élèves, votre expérience de maîtresse devrait grandement vous aider. Au Japon, chaque enfant est élevé dans le respect, la modestie et la politesse, je crois que ce sont trois piliers immuables que chaque parent se doit d'enseigner à son ou ses enfants. Mais je ne doute pas un instant que vous ferez une bonne mère.

L'homme se mit alors à penser aux projets qu'il avait pour son propre fils, ce qu'il voulait lui transmettre comme ses valeurs ou sa langue natale... c'était dur et ça ne s'estompait pas avec le temps qui passait. Aucun parent ne peut se remettre de la perte d'un enfant et l'homme pensait que c'était justement cela qui avait causé la démise de ses parents. Bien qu'ils aient choisi de perdre leur fils, ils n'ont jamais pu se pardonner ce choix, Héléna en avait parlé mais désormais Maël vivait quelque chose de similaire.

_ Je ne puis parler au nom du père ne le connaissant pas cependant apprendre qu'on va devenir père est forcément une excellente nouvelle. Je pense qu'il va être transporté de joie.
L'homme prit une cuillère de son cheese-cake qui était loin d'égaler celui que faisait Sonja ou même Andy lorsqu'il lui arrivait de cuisiner mais il était loin d'être mauvais, cette pensée le fit sourire c'était exactement ce qu'il s'était dit du thé qu'il avait avec son gâteau. Il en bu d'ailleurs une gorgée avant qu'il ne refroidisse.

Tandis que l'homme regardait Naoto faire goûter son gâteau à ses têtes blondes, il réfléchissait à comment parler de sa (brève) expérience de père sans pour autant verser dans le drame. Et tout cela était bien compliqué de bien des manières. Une nouvelle gorgée de thé et une nouvelle cuillère de cheese-cake pour temporiser sa réponse et y réfléchir sans en avoir l'air.

_ Je ne pense pas que ça soit lié à ce que le père fait ou pas. Je comprends bien que d'un point de vue financier, l'arrivée d'un enfant n'est pas négligeable et il est possible que les premiers temps soient compliqués et c'est dans ces moments là que les amis sont le plus importants. Le père fait des études mais ceci n'est pas un fait définitif, ces études vont se finir à un certain moment et ça va se transformer en véritable travail.

La vraie question était de savoir s'ils s'aimaient suffisamment pour rester ensemble à la naissance de l'enfant mais Maël se garda bien de l'évoquer. Aria était suffisamment stressée sans rajouter un soupçon de doute inutile.
_ Si j'avais appris la nouvelle alors que j'étais étudiant, je ne pense pas que ça aurait changé quoi que ce soit. L'arrivée d'un enfant est une excellente nouvelle qui parfois n'attends pas le "bon moment" pour survenir. J'aurais probablement pris un petit job à côté pour faciliter les premiers temps quitte à sacrifier quelques heures de sommeil mais j'aurais été l'homme le plus heureux du monde.
Maël sentit qu'il avait été à deux doigts de dire qu'il avait été l'homme le plus heureux du monde impliquant qu'il avait déjà vécu cette expérience. Quelle chance qu'il ait pu se corriger avant d'en dire trop ! Il s'imagina alors faire goûter à son fils du cheese cake comme Naoto le faisait avec ses jumeaux. Cela devait être tellement génial comme expérience...

La mission semblait accomplie, Aria était rassurée ou plutôt en donnait l'impression et Naoto semblait prête à lui donner quelques vêtements pour aider son amie dans ses premiers jours de maternité. De toute façon aucun bouquin ne pouvait réellement préparer à la parenté ! Cela ne faisait que décrire certains faits dits communs et même interroger les amies devenues mères n'était pas vraiment une aide parce que chaque mère a sa propre expérience fonction au nombre d'enfants, du sexe, de la vie de famille, du milieu, de l'environnement, de la sage-femme... tellement de variables autour de la naissance, tellement de possibilités rendant chaque naissance parfaitement unique. Au final, on ne peut que partager son vécu en précisant bien qu'il n'en sera probablement pas de même pour les autres.

La fille de Naoto chercha à goûter le thé de sa mère qui lui refusa avant de se tourner vers l'instituteur. Le japonais n'accéda pas non plus à la requête de la fillette, du thé n'était pas franchement indiqué pour de jeunes enfants ! L'homme alla même jusqu'à éloigner sa tasse pour éviter d'un part que la fille de Naoto se brûle si jamais elle parvenait à attraper la tasse et aussi pour réduire la tentation. Si l'objet de sa convoitise n'est plus dans son champ de vision, elle en aura forcément moins envie !
_ Je pense qu'il est normal d'avoir des doutes, ce n'est pas un changement anodin dans votre vie, le tout est de rester positive, on dit que les émotions de la mère affecte le ou les fœtus mais je ne peux l'affirmer... Évitez donc de vous faire trop de mauvais sang, restez optimiste. Dit il avec un petit sourire. Quel piètre encouragement, il n'y avait qu'à espérer que l'essentiel soit compris !

Les paroles de Naoto et de Maël raisonnèrent dans ma tête comme pour m'encourager. Je retourne le sourire à mon amie après qu'elle est approuvé ma demande. Bon, j'imagine qu'il n'est plus l'heure de s'éterniser sur moi maintenant. Je décide après une gorgée de mon chocolat de relancer la discussion sur autre chose, ou plutôt quelqu'un d'autre.

"J'imagine que ça doit être très difficile de s'occuper de deux enfants. Un c'est déjà difficile mais deux..."

Selon l'ouvrage, les parents ne dorment pas beaucoup les premiers mois. Personnellement, je doute avoir ce soucis, de même pour Naoto. En revanche Maël aurait du soucis. Il est humain et a donc besoin de sommeil. J'en profite également pour prendre des nouvelles de mon collègue. On ne se parle pas beaucoup, il faut le reconnaître. C'est donc une agréable surprise de le voir ici et ainsi de permettre un peu de temps pour savoir comment il va.

"Maël, comment ça va ? Ta classe n'est pas trop bruyante ?"

La conversation changeait de sujet ce qui n'était pas un mal. Cela permettrait surement à Maël de se sentir un peu plus à l'aise. Aria s'enquit de savoir comment il allait et si sa classe n'était pas trop bruyante... avant que Naoto lui demanda à quel niveau il enseignait. En voilà des questions intéressantes ! C'était un domaine dans lequel il baignait !

_ Tout va bien, Aria, je vous remercie. Un malheureux accident de la route m'aura bien causé du tracas mais l'affaire semble réglée. Un chauffard qui a brûlé un feu et m'a embouti... Rien de cassé, heureusement... Bref, sinon la classe, ça va, un peu dissipée mais ça reste des enfants et le planning scolaire ne suit pas leur rythme donc à un moment, forcément ils pètent un plomb... normal je dirais !
Si seulement leur emploi du temps pouvait être réaménagé en fonction de leur courbe d'énergie quotidienne, les choses seraient quand même bien plus simple ! Mais ça, les têtes pensantes s'en fichaient !

_ J'enseigne à des 4e grade (HRP : équivalent américain pour le CM1), vos charmants jumeaux ont encore un peu de temps avant d'avoir une chance de m'avoir comme professeur... Dit ensuite l'homme à l'attention de Naoto qui semblait rêveuse tandis que sa fille lui tirait les cheveux. Sans y penser, le japonais avait déjà fini son Cheese-cake preuve qu'il n'était pas aussi mauvais que ça et finissait son thé avant que ce dernier ne refroidisse ce qui le rendrait beaucoup moins bon !!

Pour ainsi dire, je ne pouvais m'empêcher de laisser un sourire marqué mon visage en voyant les brèves interactions des enfants avec leur mère, d'un autre côté ce que conta Maël me surprit davantage. Un accident de la route. Fort heureusement ce n'était rien de grave. Du moins il n'y a eut aucune blessure physique. Il faut croire qu'il y aura toujours des fous sur la route. J'en soupirerai avant que mon attention soit portée sur son avis au niveau de sa classe. Le problème, c'est que chaque enfant à son propre rythme d'apprentissage. Or l'école impose un rythme. Certain parvienne à le suivre, d'autres moins bien.

"Pour ma part, j'enseigne au 1er grade(CP). Dans 5 ans environ, j'aurais donc le plaisir de m'occuper de tes petits bouts de choux."

Je souris, satisfaite, même si en réalité, il y a d'autres écoles où elle peut les envoyer. Je ne les aurais donc pas forcément si elle décide de changer d'avis.

"Naoto, tes enfants seront entre de bonne main." Souriais-je

"Néanmoins, c'est vraiment malheureux ce qui t'es arrivé Maël. Ignorer un feu..J'espère que ce chauffard se verra retirer le permis."

Cela aurait pu tourner en un accident bien grave. Pire encore, des piétons qui traversent la chaussée...

_ Oh, objecta Maël, je ne suis même pas sûr que cet hurluberlu d'Howard Etans ou Errans ou un truc comme ça l'ait son permis...

L'homme observa le manège des jumeaux de Naoto. Ils étaient vraiment trop drôles l'un comme l'autre. Mais la fatigue semblait être tombée sur la fillette comme du plomb dans de l'eau. Il ne lui fallut pas longtemps pour s'endormir tandis que son frère jouissait des bras de sa mère et de la vue qui s'y offrait.
_ Pour ma part, j'ai choisi d'enseigner au 4e Grade, c'est un âge avec lequel je me sens à l'aise. Pour ce qui est de définir qui sont les plus sages... Difficile à dire, je dirais que ça se vaut. Il y a des garçons adorables comme insupportables et pareil chez les filles. Mais j'avoue avoir plus de mal avec les filles, j'ai un peu plus de mal à les comprendre dirons nous.

Il ne se l'expliquait pas, mais il avait toujours remarqué que les filles l'irritaient plus vite que les garçons peut être parce qu'il était lui même un garçon ? Mais toujours était il qu'il restait parfait impartial avec les unes comme avec les autres ! Pas de favoritisme ni de traitement de faveur ! Il était juste, c'était son métier après tout !

Howard Etans... Errans ? Je connais bien un Howard Evans, mais... Oh peu importe, le monde n'est pas si petit et même s'il l'est, que ce soit le protecteur qui est eut un accident de voiture ne me concerne, ni ne m'intéresse nullement. Alors que je continuais le sourire aux lèvres à regarder les petites scènes entre la mère et ses enfants, cette dernière nous pose des questions relatives à l'éducation. Notamment quel est le genre qui serait le plus sage et si on a choisi à quel niveau on voulait enseigner. Pour ma part, j'ai simplement comblé un poste vacant. Mais Maël à apparemment choisi le niveau auquel il voulait enseigner.

"J'ai juste rempli un poste vacant." Fis-je en sirotant ma boisson chaude.

"Généralement les filles sont plus sages. Du moins de ce qu'on m'a dit. Dans ma classe, je n'ai pas de soucis majeur." Répondis-je avant de regarder Julian avec un petit air espiègle.

"Tu te demandes qui te donnera du fil à retordre parmi tes enfants ?"

De nombreuses études ont démontré que les filles se débrouillaient mieux à l'école que les garçons. Et l'un des facteurs qui explique cela, serait parce que les jeunes mâles sont un peu plus turbulents. Personnellement, je n'en sais rien, je ne suis pas spécialiste dans le domaine. Je me contente donc de simplement lire ce que les grands savants humains de ce monde content.

Ne dit on pas qu'il faut se méfier de l'eau qui dort ? Que les chiens qui aboient le plus forts sont ceux qui sont le moins dangereux ? Naoto ravalera peut être ses paroles un jour, lorsque son adorable garçon deviendra moins sage et que sa jolie fille se calmera... C'était des changements qui se voyaient entre le 1er Grade et le 5e quand des enfants sages l'étaient subitement moins et que ceux qui étaient déjà turbulents se posaient un peu - même si la seconde option était largement plus rare !!
_ Je suppose que Julian est celui qui est sorti en premier ? Cela en est peut être la raison. On croit que des jumeaux celui qui sort le premier est le plus vieux mais c'est en réalité faux, c'est le second à sortir qui est le plus vieux car il est le premier à être formé dans le ventre maternel. Dit Maël.

Il était persuadé que c'était la raison pour laquelle le garçon était plus tranquille que la soeur sans pour autant en avoir la preuve, si ça se trouvait il faisait complètement fausse route ! Il sentit alors son téléphone vibrer dans sa poche. Il venait de recevoir un sms et supputa qu'il s'agissait de son frère qui devait désormais être libre et chercher à rejoindre Maël pour discuter du temps qui passe. Toutefois, l'instituteur ignora le téléphone. Il ne voulait pas donner l'impression de s'ennuyer !

Un petit sentiment de bien être naît en moi en conversant ainsi de tout et de rien avec Maël et Naoto. Il n'y a vraiment rien d'exceptionnel dans cette conversation. Un plaisir simple auquel je m'accoutume dés que l'occasion se présente. Naoto me demande si je souhaite changer. Honnêtement, je ne me suis pas posé la question. Preuve que le niveau dans lequel j'enseigne me satisfait. Je secoue donc la tête, accompagnant mon geste par une réponse plus verbale.

"Non. Je suis heureuse d'enseigner à ce niveau-là."

*Peut-être que plus tard, je me surprendrais à vouloir changer.* Songeais-je un doigt jouant avec une mèche de mes cheveux. Naoto nous informe que c'est Hana du haut de ses un an qui mène la danse. Du peu que j'ai vu, cela ne m'étonne guère. Elle a l'air d'avoir son caractère la petiote, même si actuellement, elle s'est légèrement assoupie. Maël vient alors avertir Naoto qu'on ne peut pas se fier aux apparences. Il est vrai qu'à cet âge-là, c'est encore difficile de savoir qui mènera la vie dure à la Seraph. Néanmoins, j'ai plutôt confiance en l'instinct de la détective pour savoir ce genre de chose.

"Les filles ont plus souvent un fort caractère lorsqu'elles sont jeunes. Je me souviens d'Helena, une élève, qui faisait porter son cartable par un autre enfant sous prétexte qu'elle était fatiguée." Gloussais-je en me remémorant ce petit événement.

"En revanche, elle s’assagisse plus rapidement que les garçons. Pour les jumeaux, je dois avouer ignorer qui est l'aîné. Même s'il me semble que législativement, c'est le premier qui est reconnu comme tel."

Voilà à nouveau Maël en train de penser à ce que ça vie aurait dû être si on ne lui avait pas tout pris. Était-ce là son prix pour avoir tourné le dos à l'entreprise familiale ? D'une certaine manière, il ne pouvait pas s'empêcher d'être jaloux des deux femmes avec lesquelles il parlait, elles qui avaient encore leur enfant... Mais il était inconvenant d'éprouver de tels sentiments et l'homme s'insurgea contre lui même. Il leva la main pour faire signe à un serveur qui passait par là et lui commanda un jus de fruits. En attendant qu'Aria et Naoto prennent éventuellement elles aussi une nouvelle commande, l'homme débarrassa la table.

Maël l'observa. L'homme semblait préoccupé et on pouvait lire sur son visage qu'il lui tardait de quitter ce lieu ou de finir sa journée. Le japonais garda le silence en écoutant les deux mamans discuter et laissa son ouïe capter les bruits alentours. On en était revenu aux enfants de l'une et de l'autre - enfin surtout aux jumeaux - et Maël ne pouvait rien en dire. Il venait de rencontrer Naoto et ses enfants.
_Excusez moi ! Dit il avant de finalement sortir son téléphone de sa poche et de consulter l'écran. Il s'agissait bien de son frère.
"Enfin fini, fais moi signe si tu veux bouger ! Bisous" Concis comme message, c'était bien du Lucas tout craché. Ils étaient bien frères tout les deux puisque l'instituteur faisait le même genre de message, cela le fit sourire.

Naoto confirme ma pensée. L'aîné est donc le premier qui sort, législativement parlant. M'enfin, ce genre de détail était important au temps de la monarchie. Aujourd'hui, l'héritage ne va pas qu'à l'aînée. Dire que l'un est l'aîné par rapport à l'autre peut créer des frictions non désirable selon moi. Une sorte frustration pour celui qui est considéré comme le plus jeune alors qu'il ne voit pas son jumeau comme quelqu'un de plus grand. Mais là, ce n'est que mon avis, la rivalité entre enfant dépend de chacun.

Maël décrocha finalement son téléphone et il s'en excusa. Je lui fit un sourire qui signifiait que personnellement, je ne lui en tenais nullement rigueur. En soi, je l'avais un peu forcé à participer à cette conversation dont le contenu peu aisément dissuader une personne qui n'est pas concernée. Je déguste mon chocolat chaud, observant furtivement ma montre avant de tourner mon regard vers Naoto.

" Est-ce que tu as quelque chose de prévu ensuite Naoto ?" Demandais-je.

Je pensais lui demander de m'accompagner pour faire quelques courses, en prévision de l'arrivée de mon enfant. Mais je ne voudrais pas l'ennuyer. Après tout, ses deux adorables petits monstres semblent occuper beaucoup de son temps.

Le serveur s'en alla et revint une poignée de minutes plus tard avec le jus commandé par Maël. L'homme en bu une gorgée tandis que les filles semblaient faire des plans pour la suite. C'est alors que Naoto adressa la parole à l'instituteur. L'homme sourit.
_ Je suis né et ais grandi au Japon. Toutefois ma famille n'en est pas originaire. Ma mère était française et mon père issu d'une famille anglaise vivant en France. Voilà pourquoi j'ai un nom si... occidental. Pour ma part, je n'ai jamais connu rien d'autre que le Japon jusqu'à mes 18 ans où j'ai décidé de venir en Amérique.

Il s'arrêta là, inutile d'en dire plus, inutile de raconter comment ce départ s'est passé et comment ça a conduit sa mère au suicide et son père à la folie. C'était privé ça... C'était son fardeau.
_ Y avez-vous vécu ? Ajouta-t-il à l'intention de Naoto.

Maël souriait de façon mélancolique. Le voilà qui repensait encore une fois au Japon, à ses paysages et à sa vie là bas.
_ Quand il s'agit de mes origines européennes, je ne peux malheureusement pas faire le pont à qui que ce soit, je n'ai jamais appris le français. Je connais quelques mots, certes mais pas suffisamment pour discuter avec un pratiquant ou pour le transmettre à quelqu'un d'autre.

Nouvelle gorgée de jus, il n'était vraiment pas mauvais et bien plus frais que celui bu avec Howard ! S'il en avait l'occasion, ce serait avec plaisir que Maël reviendrait dans ce bar en compagnie de son frère et de son meilleur ami sans aucun doute. Peut être même que c'est ici qu'ils iraient boire avec Héléna lorsqu'elle arriverait enfin du Japon. Maël se mit alors à penser à sa sœur qui, elle par contre, parlait plutôt bien le français.

_ Est-ce que le Japon me manque ? Hmm - Maël prit une seconde pour y réfléchir. D'une certaine manière, oui. La vie y est à la fois plus soutenue et plus sereine, c'est très paradoxal comme idée mais pourtant je n'ai connu ça nulle part ailleurs. Shibuya ou encore Shijiku ont un train de vie à cent à l'heure. Les gens sont pressés, ça bouge tout le temps, on ne voit pas le temps passer. Mais à côté de ça, il y a des endroits d'une sérénité inimaginable comme les Jardins de Kawachi Fuji ou encore la forêt de bambous de Sagano. On ne voit pas le temps passer non plus mais dans le bon sens. Mais l'Amérique est un pays intéressant, parfois j'ai l'impression de voir la vie nippone où tout le monde est pressé, où les villes ne dorment jamais.

Mais bientôt, plus rien ne pourra lui interdire le retour au pays. Il ne savait pas trop s'il s'agissait là d'une bonne nouvelle ou d'une mauvaise... Cela impliquait la mort de son père et bien qu'il lui en voulait encore, il restait son père ! Tout était si compliqué dans les traditions familiales funéraires...

_ Je crois qu'il faut visiter le Japon au moins une fois dans sa vie, quand bien sûr, cela est possible...

La conversation continuait de battre. Les deux personnes d'origines japonaises conversaient gentiment, Naoto posant des questions par curiosité à Maël. Celui-ci répondant amplement à ces dernières. Ces récits que nous contaient Maël faisaient honnêtement rêver. Il est vrai que je ne me suis jamais rendue au Japon. Manque de temps principalement. Si je souhaite me rendre dans le pays du soleil levant, ce sera pour y rester au moins une année. Mais bon, maintenant que je ne suis plus étudiante, c'est relativement difficile de s'absenter pendant une année sans quitter mon travail.

"Il y a bon nombre de pays qu'il faut voir au moins une fois dans sa vie. Mais, c'est un certain coût que de voyager, il faut le reconnaître." Fis-je en sirotant ma boisson.

"Tu penses y retourner un jour Maël ?" Demandais-je.

"Naoto, peut-être que tu as l'intention de t'y rendre également, avec tes enfants ?"

_ Y retourner ? Répéta Maël songeur. Est-ce qu'y aller pour l'enterrement de son père - par simple obligation familiale - est considéré comme "y retourner" ? Techniquement, l'homme refoulera sa terre natale mais pas par gaieté de cœur... De son point de vue, retourner quelque part est quelque chose de volontaire et de plaisant. Fouler à nouveau la terre du Pays Lointain de l'Est devra se faire pour le plaisir et non pour l'obligation. Alors va-t-il y retourner ? Probablement...

_ Oui, je pense y retourner, je ne pense pas y rester longtemps mais il va falloir que j'y retourne.
L'instituteur préféra rester vague. Après tout cette notion de "falloir" peut aussi reposer sur l'impatience de retrouver l'air nippon !

L'homme comprit le point de vue de Naoto concernant sa demi réticence à visiter le pays de ses origines. C'est vrai qu'avec des enfants de bas âge un tel voyage peut être compliqué et finalement empêcher la jeune femme de profiter du Japon.
_ Et vous, Aria pensez-vous visiter ce pays un jour ? Je me doute qu'avec votre enfant à naître, ça ne doit pas être dans vos projets à court terme mais pourquoi pas un jour ?

Les deux femmes étant amies, peut être s'y rendraient elles ensemble dans une dizaine d'années mais Maël ne le suggéra pas. Ce n'était pas utile. Il sentit à nouveau son portable vibrer et encore une fois, il l'ignora. Cela devait être son frère qui s'impatientait ou s'inquiétait, au choix ! Ou peut être même Andy qui souhaitait se joindre à eux... De toute manière, pour l'instant, Maël était occupé !!

Tandis que les deux femmes répondaient à sa question, l'instituteur termina son jus de fruit et fit à nouveau signe au serveur pour que cette fois-ci il amène la note. Le japonais ne pouvait pas se permettre de rester plus longtemps surtout avec son téléphone transformé en vibreur permanent.
_ Je crains devoir vous quitter chères amies. Quelques obligations m'appellent ailleurs. Dit il poliment. La note fut posée sur la table et l'homme y regarda le montant. Il considéra la somme fort raisonnable compte tenu de leurs consommations ce qui fini de donner bonne impression du lieu à Maël.

Devait il proposer de payer pour tout le monde, c'est potentiellement ce qu'il serait attendu d'un homme respectable mais d'un autre côté, il est d'usage que chacun paye sa part dans une rencontre comme ça... Et tandis que le serveur était reparti à l’affût du moindre signe de la table pour venir récupérer le dû, Maël tira son portefeuille de sa poche intérieure.
_ Sachez que ce moment fut en tout cas fort agréable. Ajouta-t-il à l'attention des filles.

Toutes les conversations amicales ont une fin. Et voilà qu'un des acteurs de cette dernière décide de s'en aller. J'imagine que tout ceci touche à sa fin. Mais avant que Maël ne s'en aille, je me dois de le remercier pour ses précieux conseils.

"Il n'y a pas de soucis. Je t'ai un peu forcé à participer à cette conversation. Permets moi de te dire merci pour les conseils que tu m'as prodigué. J'étais ravie de rencontrer en dehors du travail." Fis-je avec un sourire sincère.

Puis, je reviens vers Naoto, réitérant ma proposition d'un moment plus tôt.

"Naoto, es-tu toujours d'accord pour m'accompagner faire quelques courses ?"

Rien de bien méchant, juste des achats pour préparer l'arrivée de ma nouvelle famille. Mais je m'en voudrais de lui forcer la main. J'ai l'impression qu'elle a fort à faire avec ses propres enfants.

Ce moment fut en effet fort agréable et s'il en avait à nouveau l'occasion, Maël ne raterait pas une nouvelle occasion de passer un moment de détente en compagnie de ces deux dames. Ce qui était certain, c'était que l'homme reviendrait au Notting Hill Coffee avec ou sans Aria et Naoto, le lieu lui avait vraiment plu !

Mais désormais l'heure était aux "retrouvailles" avec son frère et Andy qui s'était invité lui même à la proposition de Maël, ce n'était pas dérangeant, de toute façon, les deux frères n'avaient rien de privé à se raconter de toute manière. L'instituteur se mit à penser à sa sœur et se dit qu'il devait vraiment lui envoyer un message !

Le temps d'une après midi, il s'était détendu et en avait oublié Howard Evans et ses actes malhonnêtes et c'était donc mission accomplie, après tout il n'était pas rentré pour se changer les idées !




[RP terminé pour Maël ]

Après un dernier signe de la main pour dire au revoir à Maël, je tourne mon attention vers Naoto. Un sourire se dessine sur mon visage alors que je vois ces deux petits bouts de chou endormis paisiblement. Peut-être est-ceci qu'on appelle l'instinct maternel..? Je ne saurais dire. Mais le compte à rebours que m'énonce la mère me semble bien petit pour du shopping. J'imagine que je me contenterai d'un court accompagnement ? Dans tout les cas, je décide de payer ma consommation ainsi que celle de Naoto, en remerciement pour m'avoir servi de conseillère. Je lui dois bien cela.

"Et bien, ne tardons pas trop. Tu pourras me quitter dés que t'es deux petit monstres auront sonner l'alarme." Dis-je avec un air attendri à leurs égards.

C'est amusant de voir qu'un nom péjoratif peut se transformer en de l'affectif suivant sur qui on l'emploie. Bien entendu, je n'ai pas la moindre mauvaise pensée envers la progéniture de Naoto. Diantre, je ne devrais même pas me justifier dans mon esprit.

[HRP: Alors, soit on poursuit sur un autre topic, soit on ellipse la partie shopping. Comme tu veux ^_^. Dans tout les cas, j'en ai terminé ici.]