Après une petite promenade en ville et un arrêt dans un magasin de vêtement, je prend tranquillement le chemin du retour de la villa. Nous sommes assez loin mais avec a sortie de cet après-midi, les enfants sont fatigué et somnolent déjà. Il faut dire que les essayages, ça leur plait. Ce sont de futurs petits mannequins, ils adorent s'habiller et se déshabiller pour essayer des tas de vêtements. Plus tard, je sens que les armoires déborderont.

En tout cas, maintenant, ils piquent tous les deux du nez, confortablement blottis dans la poussette avec leurs doudous et autres couvertures. Je voudrais qu'il soit là, lui aussi, pour en profiter avec moi. mais maintenant, je suis seule et ce n'est pas vraiment facile. Enfin, je vais pour tourner au coin de la rue lorsqu'une voix retentit dans mon dos.

-Excusez-moi ! Excusez-moi, je crois que vous avez fait tomber ceci. Je suis désolé, je l'ai...
... Je vous connais, non ?

"- Je... Qu'est-ce que c'est?"

Mon regard à tout de suite été attiré par la peluche dans sa main. Mais cette dernière n'appartient pas aux jumeaux. Je vérifie que le tigre de Julian et le dauphin d'Hana soient bien à leur place avant de venir jeter un coup d'oeil au pauvre petit nounours dans la main du jeune homme.

"- Pauvre petit ours. C'est gentil mais cette peluche ne nous appartient pas. En tout cas, merci de ton geste. Si ça avait été à eux, ils t'en auraient été très reconnaissant.  
Et oui, on se connait. Tu es le petit stagiaire du Commissariat, c’est bien ça?"

-Ah bon ? Dans ce cas j'imagine qu'il y a un enfant quelque part qui doit être très triste... Et des parents qui vont passer une su-per nuit.
Je... Oui ?

Oui, comme au Commissariat, il semble capable de se perdre très vite dans ses pensées ou de peiner à retrouver le sens de la conversation. Pourtant, il est attentif et fais bien tout ce qu'on lui demande, même si les autres le trouvent un peu bizarre. Enfin, au Commissariat, tant que tu ne fais partie du groupe, que tu n'es pas réellement intégré à une équipe, tu seras toujours considéré comme bizarre ou suspect de toute façon. C’est le milieu qui veut ça et la mentalité de là-bas. En tout cas, pour son stage, de ce que je sais, il se débrouille plutôt correctement.

-Ah mais oui c'est bon, je vois. C'est marrant ça. Vous travaillez au Commissariat ?

"- Plus maintenant. Mais j'y ai travaillé un certain temps par le passé. J'ai été sous les ordres de l'agent Dexter-Angus avant de travailler à mon compte mais toujours en lien avec leurs services. Alors, je connais un peu de monde là-bas et je passe encore régulièrement. Nous nous sommes déjà croisés plusieurs fois depuis le début de ton stage. "

Il est vrai que lorsque je me rends au Commissariat, mise à part mes cheveux un peu plus longs que par le passé, je continue d'adopter ce mode vestimentaire qui a fait mon identité et collé à ma réputation de petit génie. Pour la plupart, je suis toujours un homme, beaucoup n'acceptant même pas l'idée qu'une femme puisse les surpasser, et cela ne me gêne pas. C'est mon héritage, ce que j'ai semé. Et maintenant que je l'ai accepté, je vis bien avec cela.

"- J'espère qu'ils n'en profitent pas trop pour te demander de faire toutes les photocopies et leur amener le café. Ils ne sont pas méchants mais ils aiment bien parfois que les petits nouveaux fassent le travail à leur place. à l'époque, je suis passée par là, moi aussi.
Sur quoi porte ton stage?"

-Eh bien... J'avoue que je n'y échappe pas non plus ahah. Mais je crois que je suis plutôt épargné quand même, et de toute façon j'y prête pas vraiment attention. Et sinon je fais des études de droit et on nous envoie en stage pour découvrir « le terrain ». En gros ils veulent nous préparer au métier d'avocat en nous faisant découvrir comment se passe une affaire avant d'arriver au tribunal.

"- Oh, c’est une démarche intéressante. Même si je ne me plaindrais pas de ne pas avoir eu à découvrir le milieu des magistrats pour ma part. "

Oui, j'ai toujours été une femme de terrain et je pense que cela se serait mal passé si on m'avait envoyé dans une cour pour voir comment cela fonctionnait de leur côté. Chacun à sa place et les moutons seront bien gardés. Mais en soi, l'idée est bonne et doit se révéler très formatrice. Pour ceux qui apprécient ce genre d'études évidemment. Et j'avoue pour le moment avoir du mal à imaginer le jeune homme devant moi en train de plaider, vu sa facilité à se couper de tout ce qui l'entoure.

"- Et alors, as-tu déjà pu te faire avis sur notre travail? Est-ce que cela ressemble à l'idée que tu en avais avant?"

-Eh bien... Pour être honnête, c'est moins palpitant qu'on pourrait le croire. Beaucoup de paperasse, de prises de notes et d'attente... Dit comme ça, on peut comprendre pourquoi nos profs nous y envoient en stage tellement ça ressemble à nos métiers... Après c'est peut-être parce que je suis seulement stagiaire, du coup je ne participe pas aux opérations avec de l'action.

"- On glorifie trop les hommes de terrain. Oui, ils interviennent mais grâce à toute la mécanique mise en place derrière eux. C’est réellement un travail d'équipe mais ce dernier est long et périlleux avant d'arriver à un résultat, souvent en demi-teinte."

Et oui, la réalité ne ressemble que peu souvent à ce qui est rendu dans les films et autres séries policières qui pleuvent et pullulent sur les écrans. Nous ne recevons pas un appel qui soudain tous les marins qui provoquent la mobilisation entière du Commissariat. Et monter un grand coup prend des semaines , des mois, et même des années pour certains. Et puis, tous les agents ne sont pas agents de terrain, loin de là et heureusement, car nous ne serions rien sans le soutien logistique.

-Mais vous, pourquoi vous avez quitté la police ? Vous faites quoi maintenant ?

"- Eh bien, pour le moment, je suis Maman avant tout. Mes enfants aussi ont besoin de moi et j'ai déjà donné pour aider les autres alors, j'ai choisi de m'occuper un peu de moi et de ma famille. Mais je pense encore régulièrement là-bas, pour donner et prendre des nouvelles. "

La vérité est là, sans tout dire pour autant. Personne ne sait qu'en réalité, je suis toujours affiliée en secret au service de la Boite de Pandore. Et Catsburg comme Logan ne vendront pas la mèche, tenant trop malgré tout à mon aide discrète et efficace. Les jumeaux s'agitent un peu, curieux de découvrir une nouvelle tête autour d'eux. Et comme la poussette s’est stoppée, le bercement  de cette dernière également. Alors, pour attirer mon attention Hana babille quelques débuts de mots en français alors que Julian semble préférer les sonorités du japonais pour apprendre à s'exprimer. Ce qui donne un mélange assez rigolo de l'extérieur.

"- Dis donc, vous deux, vous ne seriez pas un peu jaloux? Je suis toujours là, hein? "

- Ils sont adorables ! C'est des jumeaux ? Et c'était du Français ça, non ? Ils ont quel âge ? Ils s'appellent comment ?

"- Des faux jumeaux, pour être exacte. Et oui, en effet, c’est bien du français que ma petite demoiselle babille. Mon petit homme préfère le japonais de son côté. Monsieur imite Maman et mademoiselle Papa, c’est mignon. "

Oui, s'il y a bien une chose qui m'attendris à chaque fois, ce sont eux. Leurs expressions, leurs regards, leurs essais de langage, leurs découvertes. Tout est sujet à émerveillement avec eux et leurs sourires sont les plus beaux des cadeaux, avec leurs rires qu'ils m'offrent régulièrement et sans retenue. Mes lumières, Mes amours, ma dernière raison de me battre...

"- Ils ont un peu plus d'un an maintenant. 13 mois 1/2 pour être précise mais personnellement, je ne les vois pas grandir. Hana est l’aînée et la meneuse du duo, Julian est plus curieux et observateur de son côté. "

Déjà plus d'un an. Le temps passe si vite. Je dois me retenir de soupirer en pensant au fait qu'ils sont aussi orphelins de Père depuis peu, comme je e sens vide sans lui également. Mais la vie est ainsi faite et je n'ai pas d'autre choix que de continuer à avancer. Pour leur offrir un avenir à l'abri de tout ce que je vis aujourd'hui.

- Votre mari est Français ?

"- Oui. Enfin, était serait plus juste...  "

Ma voix est devenue plus douce, plus triste aussi mais mon sourire demeure malgré tout tandis que Julian tend ses bras vers moi. Je viens le porter alors que sa soeur essaie d'attirer l'attention d'Edward. Il a les même yeux qu'elle, d'une teinte similaire à ceux de son père. Je suis persuadée qu'elle l'a noté, elle aussi. Mon fils dans mes bras gazouille en essayant de reproduire la chanson des poissons. Que je viens lui chanter doucement, ce qui le fait applaudir. Vil flatteur, tu es bien un charmeur, comme ton père.

"- Vous connaissez le français? Ce n’est pourtant pas la langue la plus prisée par ici. "

-Oh... Désolé, je ne savais pas...

"- Il n'y a pas de mal, ne t'en fais pas. "

Même si la pensée est douloureuse, je ne lui en veux pas. Il ne pouvait pas deviner et sa question était légitime. Alors, il ne faut pas qu'il s'en veuille. Il n'y est pour rien, moi non plus même si j'en doute encore souvent. Eux sont là, nos enfants, le fruit de notre amour. La plus belle preuve que notre amour a existé, qu'il n'était pas qu'une fable ni un rêve. Peu importe ce que le monde a pu penser de nous, notre amour était véritable et profond, c'est tout ce que j'ai besoin de me souvenir pour continuer à avancer et chérir son souvenir.

- Mes parents ont insisté pour que j'apprenne une deuxième langue au collège. Les choix n'étaient pas vraiment nombreux. Mais bon, disons que vu mon amour de l'apprentissage, on ne peut pas vraiment dire que je « connais » le Français. Et vous alors, vous êtes Japonaise ? Vous avez immigré, ou bien vous avez toujours vécu ici ?

"- Mes parents sont venus s'installer aux USA pour leur travail quand ma mère était enceinte. Je suis donc Japonaise, élevée dans la pure tradition orientale sans jamais avoir mis le pied sur l’île du Soleil Levant.  "

Julian calé dans mes bras observe de son regard curieux le monde qui l'entoure alors qu'Hana a repérée le petit ours en peluche dans la main d'Edward. Et faute de réussir à articuler vraiment correctement, elle sait se faire comprendre, désignant de son petit doigt agité le 'gnougnou' qui reste hors de sa protée mais qui l'intéresse tout particulièrement. Cela me fait sourire. comme son père, elle sait ce qu'elle veut.

- C'est lui que tu veux ? Bah alors, je croyais que tu avais ton dauphin perso toi ?

"- Oh, elle l'a. Plus d'autres. Mais la nouveauté est toujours plus intéressante pour cette demoiselle. "

En même temps, je peux aussi comprendre. C'est ça façon à elle de garder l'attention centrer sur son cas même si c'est son frère qui se trouve dans mes bras. Lui s'en moque, simplement occuper à découvrir la vue et les alentours, pour l'instant absorbé par le vol d'un pigeon proche. Hana en profite donc pour tenter de faire les yeux doux à Edward avant de saisir le petit ours en peluche de sa poigne déjà bien marquée.

- Ok, ok, il est pour toi... Enfin si maman est d'accord ?

"- Oui, elle peut l'avoir. Mais je pense que pour le moment, c’est moi qui vais le garder, le temps de le laver avant qu'elle ne le mette à la bouche.  "

Evidemment, ma fille se met à bouder en voyant que le nounours passe dans mes doigts et que je ne lui laisse pas tout de suite. Je lui permets malgré tout de faire un câlin à la peluche avant de déposer dans le sac accroché aux poignées de la poussette. Julian n'a pas raté le chemin de la peluche et semble soudain plus intéressé aussi. Mais non, pour le moment, il restera à sa place, ce brave Teddy.

"- Je crois que je pourrais avoir une pièce remplie de peluches qu'ils seraient toujours ravie d'en avoir une nouvelle à papouiller. Ça et jouer avec les chats de la maison. Heureusement que ces derniers sont bonnes pâtes. "

- Effectivement, je pense que c'est le mieux. On ne sait pas trop où il a traîné...

"- Vu les marques de pas, déjà sous un certain nombre de pieds... "

Et vu qu'il n’est pas de première jeunesse, je pense qu'il a connu aussi de nombreuses mains et autres visages qui l'ont câliné et à qui il va sans doute manqué un petit peu. Mais il sera moins triste que le Teddy finisse sa vie avec une nouvelle famille que tout seul sur le trottoir

- Je crois que je vais vous laisser. Après tout vous voulez sûrement terminer votre petite promenade en famille tranquillement. Et en toute franchise, j'ai eu une grosse journée et je serai pas mécontent d'arriver à la maison. J'imagine qu'on se recroisera dans les semaines à venir de toute façon. J'espère qu'Hana est contente de son nouveau doudou, en voilà une qui n'a pas perdu sa journée !

"- Je vous tiendrais au courant des nouvelles aventures de ce petit ourson à l'occasion. En attendant, rentrez bien et reposez-vous un peu. A la prochaine, Edward."

H&J => "Aa oh Ed"

Les jumeaux se manifestent une nouvelle fois, essayant de répéter ma dernière phrase. Je salue Edward et l'observe disparaître au bout de la rue avant de venir remettre Julian à sa place dans la poussette. Il boude un peu, préférant rester dans mes bras. Mais maintenant, il est temps pour aussi de rentrer. Il y a un Teddy qui a besoin de prendre un bain et deux petits bouts à qui cela ne fera pas de mal non plus.