Si c'est ce que vous souhaitez, Princesse...

Oh, je n’aime pas ça. Cette façon qu’il a de rester faussement calme alors que déjà, il s’approche de moi pour venir m’attraper et me soule ver comme si je ne pesais rien avant de faire comme s’il prenait de l’élan pour me lancer plus loin. En direction du bassin visiblement. Je m’accroche un peu plus à lui tandis qu’il reprend la parole.

... Vos désirs sont des ordres!

"- Tu n’oserai pas ! "

Enfin, malgré tout, j’en doute un peu. Alors, je m’agrippe un peu plus fort à lui. Comme ça, s’il décide de vraiment me jeter parmi les poissons, il ne s’en sortira pas indemne non plus. Il n’y a pas de raisons pour que je sois la seule à finir tremper après tout. En tout cas, j’espère surtout que personne ne passera dans le coin sinon, nous risquons d’avoir quelques ennuis.

Je crois que si. Mais tu peux toujours me faire changer d'avis. Si tu y arrives, je te pose. Sinon...

"- Je ne négocie pas avec les requins, de quelques Natures qu’ils soient…"

Je sais parfaitement que ce n’est pas la bonne réponse à donner mais tant pis. Je lui rends son sourire et son regard, tachant de me montrer malgré tout plus sure de moi que je ne le suis vraiment. Je ne peux cependant m’empêcher de jeter un rapide coup d’œil au bassin ou les poissons semblent très intéressés par notre présence.

"- Pauvres poissons, tu risques de les traumatiser tu sais. Et ce bassin n’est pas assez grand pour voir nager une sirène."

Comment ça, j’essaye de gagner du temps ? Bon, ce n’est pas faux mais en temps, je crois que je suis aussi curieuse. Je reviens plonger mon regard dans le sien avant d’ajouter, avec un brin d’amusement au fond de la voix.

"- Et qui te dis que je sais nager en plus ? Tu prendrais le risque de me voir me noyer ? Après tout ce que tu as fait pour me sauver la dernière fois ?"

Clairement, mais ça reste dans le domaine du possible. Les poissons sauront nous faire une place, même si on est deux. Néanmoins, je crains moins l'eau que toi apparemment.

Là-dessus, je pense qu’il a raison, en effet. Vu ma tenue, je pense que je crains bien plus de rentrer en contact avec l’eau que lui. Ce qui n’est pas très juste d’ailleurs, non ne sommes même pas à égalité. Il faudrait que je remédie à ça prochainement. Mais là, j’ai d’autres chats à fouetter, plus urgents également.

Voyons Princesse, vous savez bien qu'avec moi, vous ne craindrez rien. Si ce n'est l'eau.

"- L’eau n’est malgré tout pas ce que je crains le plus…"

Non, je ne dois pas dire ça. Ni le penser. Pour le coup, je me fiche de savoir qu’il désire ou non mettre sa menace à exécution. Je rougis un peu plus violemment, dissimulant un pue mon visage en affermissant de nouveau mes prises sur lui. Je n’ai pas tant peur qu’il me lâche dans l’eau. Je crois qu’en fait, j’ai peur qu’il me lâche, tout court. Qu’il disparaisse, lui aussi.

Je crois que me taquinerie est allée un peu trop loin. Je m'excuse, Naoto.

Non, ce n'est pas sa faute et je le sais très bien. Ce n'est que moi qui soudain, me suis mise à paniquer pour rien. Comme si chaque fois que les choses pouvaient simplement bien se passer, il fallait que ce soit moi qui y créé des problèmes. Non, je n'avais pas la poisse, j'étais juste incapable de simplement comme tout le monde. Et le résultat était flagrant. Une fois de plus, je gâchais de moi-même un moment que j'appréciais.

"- Tu n'y es pour rien. Je suis la seule fautive alors, pas la peine de t'excuser. "

Je reste dans ses bras, simplement assise avec lui sur un banc nous offrant une jolie vue sur le bassin où les poissons évoluent gaiement. Je voudrais sourire mais je me sens vraiment idiote pour le coup et j'ai du mal à lever le regard vers lui. Je me mords un peu la lèvre. A nouveau, je me sens un peu perdue.Comment fait-il pour toujours être si calme alors qu'avec lui, je suis incapable de garder mon sang-froid?

"- Ce n'est rien. Juste, une vieille angoisse qui a joué les invités surprises. Mais merci... D'être rester, même si je suis vraiment la dernière des imbéciles."

Je te l'ai dit : Je ne te quitte pas. 

Comme j'ai envie de croire à ses paroles. Pourtant, au fond de moi, cette peur subsiste. Pourquoi? A cause du doute qui est déjà bien ancré. Sur la personne qu'il serait réellement, derrière tout ça. Mais sa main qui vient reprendre la mienne et la serrer, ses lèvres qui viennent simplement se poser sur mon front, douces et rassurantes, suffisent à gommer plus loin cette inquiétude sourde. Cette fois, mon sourire revient de lui-même, même si un peu timide au début. Et j'ose enfin relever le regard vers lui.

"- Voleurs et princesses, sirènes et requins, toujours les gens finissent par se séparer. Je voudrais seulement... que si cela arrivait... Nous l'ayons choisis... "

Voilà, c'est idiot mais c’est dit. Pas de disparition sauvage, pas de mort, pas de fuite ni rien de ce genre. Simplement que l'on puisse décider nous-même de notre sort. Moi qui n'ai toujours vécu que pour complaire à ma Famille, pour rendre une certaine image et ressembler à ce modèle que je m'imposais, je veux juste être libre, pour de bon. Même de mes sentiments, bien que cela ne soit pas aussi aisé que je le voudrais. Je relève encore un peu la tête, avant de venir lui voler un baiser au milieu du silence aquatique des lieux.

"- A ce rythme-là, nous ne finirons jamais la visite. On sera obligé de revenir..."

Ça ne me déplairait pas, mais il ne faut pas abuser des bonnes choses, sinon, elle perdent leur saveur. Allons-y. 

Bon, je note dans un coin de mon esprit que visiblement, l'Aquarium lui a plu. Même si je ne compte pas forcément revenir prochainement, cela me fera toujours une idée de secours au pire. En attendant, je me relève et suis David en direction du Hall qui est à présent complètement vidé de sa foule. Pour le coup, le silence est presque un peu inquiétant, surtout sachant qui se cache derrière ses immenses vitres encore dissimulées par leurs lourds tissus.

"- C'est déjà presque l'heure. Viens, suis-moi. Si on veut pouvoir profiter du meilleur point de vue, c'est par là qu'il faut aller."

Non, je ne suis jamais venue ici avant. Mais j'ai pu consulter les plans et puis, je me suis renseignée un peu malgré tout. Les meilleurs places ne sont pas au sol mais au premier étage, là où se trouvent les accès des soigneurs et des sortes de petites loges mises en place pour ce genre d'occasions. Trois d'entres elles sont encore vides et avec un peu de chance, nous pourrons en avoir une rien que pour nous.

Du coup, nous longeons les portiques avant de présenter les tickets à un des employés qui nous indique l'escalier à prendre pour nous y rendre. La musique de fond a été coupée avant d'être remplacée par la musique du Grand Bleu et, alors que nous arrivions enfin dans la petite alcôve surélevé, par les Dents de La Mer.

La musique à atteint son plus haut niveau tandis que le noir se fait. Déjà, le speaker prend la parole dans un silence digne des plus grands fonds marins. Ils ont bien préparés leur entrée en scène, c'est indéniable. Je suis le discours, mon regard ne pouvant malgré tout s'empêcher de scruter l'ensemble des lieux, comme pour m'assurer qu'il n'y a aucun risque aux alentours.

Et puis, au nom de chaque requin, une tenture tombe, provoquant des exclamations de surprises et de frayeurs mêlées à de la fascination envers ces animaux à la fois monstrueux et si intrigants. Et lorsque que le dernier tissu s’effondre, il révèle un imposant requin juste devant nos yeux. Comme si la bête semblait nous toiser du regard.

Enfin nous, surtout David. Une seconde, j'aurais presque l'impression qu'une sorte de lien s'est créé entre eux avant que le spécimen ne se mette aussi à se mouvoir, d'un mouvement unique mais élégant, à la fois puissant et léger. David ne lâche pas l'animal du regard, comme hypnotisé et une seconde, je ne peux m'empêcher de me demander ce que cette créature peut réveiller en lui. Car si je ne suis pas une Princesse, il est vraiment un voleur. Serait-il vraiment un requin, là ou à nouveau, je ne suis qu'une fausse sirène? Peut-être. Je l'envierais presque pour le coup.

Les applaudissements fusent, les commentaires aussi. Le brouhaha reprend sa place même si d'où nous sommes, nous en restons relativement protégés. Et maintenant, le Maire vient couper le ruban officiel, ouvrant officiellement les lieux sous les hourras explosifs des spectateurs présents. Et en parlant d'explosif, déjà, un des requins, le marteau en l'occurrence, fonce sur la vitre, faisant reculer vivement les premiers rangs en leur arrachant un cri de frayeur. Evidemment, le speaker rassure les gens qui déjà semblent oublier l'incident mais ce n’est pas mon cas, car l'animal semble toujours comme... dérouté.

"- Ce n'est pas normal. Son comportement... Il se passe quelque chose..."

Je n'ai fait que murmurer ces mots mais déjà, je me penche. Pour chercher un indice. N'importe quoi mais quelque chose. Et au fond du public, je le repère. Un homme qui semble étrangement voûté. Une Ombre? Ici? Merde, avec toute cette foule, cela risque de finir en carnage et je ne veux pas revoir ça. Les requins s'agitent, sans doute ont-ils simplement l'instinct que quelque chose se prépare. Je dois agir avant qu'il ne sois trop tard.

Mais je tourne le regard vers David. Et si? Non, je ne veux pas le savoir. Et de toute façon, je n'ai pas le temps de lui demander. Alors, tant pis. La protection de tous ces gens passe avant tout. Même si cette simple réflexion me créé un poids sur la poitrine.

"- Ne pose pas de questions et baisse-toi! Je t'expliquerais... "

Et déjà, j'écarte les mains, me baissant à côté de lui tandis que mon Kekkaï en forme d'étoile à 7 branches s'étend, venant englober le hall d'entrée et emprisonnant dans cette autre dimension l'Ombre en la désolidarisant de son vecteur Humain. Maintenant seule au milieu d'un Hall vide, la créature crie sa rage avant de chercher l'auteur de ce mauvais tour à son égard. Moi, la seule chose que je réalise, c'est que David est toujours là, à côté de moi. Et pour le coup, c'est ce qui m'inquiète le plus.

Spoiler:

Inutile d'expliquer... Tu es une femme cruelle, Naoto. Ce n'est pas toi qui disais que si nous devions nous séparer, ce serait parce que nous l'aurions choisi? 

Saleté. Enfoiré de chat. Oui, pour le coup c'est la seule chose qui me vient en tête. Bien sur qu'ils n'ont rien prévu mais moi, je suis persuadée qu'ils l'ont fait exprès. Black and White, j'ai hâte d'avoir une explication avec vous, peu importe votre couleur. Sa tristesse me blesse, je la ressens aussi au point d'en oublier quelques secondes la présence dangereuse autour de nous. Son arme jailli dans sa main et je crois qu'une seconde, j'espère presque qu'elle me soit destinée. Mais non, la balle part en direction de l'Ombre qui déjà nous a trouvé. Il la touche, la forçant à reculer alors que David me tend sa main libre.

Dépêchons, elle va revenir.

"- Il faut descendre, pour avoir plus de place. Sinon, elle risque de nous bloquer."

Ne pas penser à la vérité qui se trouve sous mes yeux. J'ai une mission à remplir avant. Une Ombre à éliminer. Des vies à sauver. Quitte à être la grande perdante de cette histoire, une fois de plus. Je suis déjà debout, entraînant David à ma suite dans l'escalier en quatrième vitesse. Nous pouvons entendre l'Ombre crier tandis qu'elle remonte nous chercher sans nous trouver mais déjà, nous émergeons dans le hall et la créature nous remarque. Un regard mauvais de sa part et déjà, elle se jette sur nous.

"- Distance ou corps à corps pour toi?"

Nous allons faire équipe alors autant savoir tout de suite quelle stratégie sera la plus adaptée à notre situation. Je brandis mon semi-sniper et ajuste mon tir, réussissant à le toucher au flanc mais pas assez pour vraiment l'handicaper. Il va trop vite, il me faut revenir à une arme plus conventionnelle. Je cours sur le côté gauche, pour ne pas laisser l'Ombre nous faire face en même temps. Ainsi, en l'encerclant, nous devrions maximiser nos chances.

"- Tout ce que j'ai dis, je l'ai toujours pensé. Sincèrement."

Non mais sérieusement, Naoto. Les grandes déclarations et autres, tu te les gardes pour plus tard, il y a plus important en cet instant. Mais je voulais qu'il le sache, malgré tout.

Maintenant que j'ai dit ce que j'avais sur le cœur, je peux me concentrer sur ma cible. Déjà, David vise sa jambe gauche mais malgré la précision de son tir, le monstre parvient à rester assez debout pour se jeter littéralement sur lui. Et les griffes foncent à une vitesse phénoménales vers David qui se retrouve cloué au sol et déjà, blessé. Je voudrais hurler mais au lieu de cela, mon arme tire en l'air alors que Yamato Takeru se matérialise devant moi. Mon regard est devenu froid, calculateur. L'Ombre est ma proie, je ne la laisserais pas s'échapper.

"- Droite toute !!!"

Ma voix résonne dans le dos de la créature pour l'attirer alors que ma Persona fonce vers la gauche. Je n'indique pas ma direction à l'Ombre, je l'embrouille en lui indiquant une fausse piste. ou en offrant à David la meilleure solution de repli que je puisse lui offrir pour le moment. De mon angle de tir, je vise le coude que je parvient à toucher, forçant le monstre à se redresser vers moi. Yamato attaque alors, en fondant depuis la gauche, ne faisant qu'effleurer sa tête. Nouveau tir vers sa jambe cette fois, pour le focaliser sur moi tandis que ma Persona ne fait que lui tourner autour, telle une mouche inquiétante.

"- Il se régénère trop vite, il nous faut être plus précis et réactif. Je me charge des jambes."

Non, je ne lui demande pas son avis. C'est moi qui ai déclenché ce combat, je le mènerais à son terme. Mais l'Ombre parvient à frapper violemment ma Persona avant que je ne replace un nouveau tir, l'éjactant contre un mur, me forçant à accuser le coup. Je me plie en deux, me tenant le thorax, avant de me redressée, légèrement essoufflée. Toi non plus, tu n'es pas décidé à y aller de main morte on dirait.

Le temps de rependre mon souffle, la créature s'en reprend à David qui est resté continuer à s'en prendre à sa jambe. Non, pas comme ça. Elle est trop forte. Je tente un tir mais ma balle ne fait que frôler l'épaule de l'Ombre. Même ainsi, elle me donne du fil à retordre. Ma Persona reprends enfin tous ses esprits lorsque le monstre finit par envoyer David littéralement voler contre une surface en verre proche.

"- DAVID ! "

Non, je ne te laisserais pas t'en approcher davantage. Yamato Takeru est repartit et harcèle la créature, attirant toute son attention sur moi. Je veux qu'il me voit, qu'il ne pense plus qu'à moi. Il doit en oublier David. Je n'ose même pas regarder s'il se relève de son côté. je me contente de tirer. Jambe d'abord, coude, puis flanc, tête et essayer de viser la nuque. Ma Persona s'approche et frappe, à l'opposé de mes tirs. Mais j'accélère le rythme soudainement. Je sais que je vais m'épuiser si cela dure trop mais je n'ai pas le choix.

Alors, un dernier coup dans son genou, lui qui griffe ma Persona laissant apparaître une vilaine marque sur mon bras ainsi que de front jusqu'à ma joue, me faisant chuter contre le bord des escaliers. Je fais revenir le semi-sniper et vise, le thorax exposé. Mon coup part et fait mouche mais la créature à assez d'élan pour fondre sur moi, griffes en avant. Et je n'ai rien pour me protéger. Et malgré le choc rude et m'arrachant un cri de profonde douleur, je ne suis quasiment pas blessé. Ma Persona ma fait rouler un peu plus loin et si j'ai si mal au niveau de la poitrine, c'est parce qu'elle s'est sacrifiée pour moi.

"- Crève, ordure !!! "

Malgré la douleur que j'éprouve, les larmes coulant de mes yeux sans que je ne les contrôle nullement, je tire à nouveau. Et l'Ombre ne peux éviter de nouveau. Le bras est violemment touché, après le thorax.

A mon tir, font échos de nouveaux coups de feu. Millimétrés et on ne peut plus précis. Ces derniers finissent par avoir raison de l'Ombre qui ne peut régénérer assez vite pour se remettre de telles attaques. Moi, je suis toujours allongée au sol, à peine surélevée sur me coudes, ma poitrine me faisant tellement mal que je peine à respirer. Mon bras gauche me fait mal, la griffure est profonde et assez longue pour couvrir tout mon bras, l'entaille sur mon visage qui me démange sur la joue fait aussi couler du sang depuis mon font devant mon œil sans cacher ma vue.

Et détournant le regard, j'aperçois David. Qui me vise, avec ce regard froid et calculateur que je ne connais que trop bien. Celui des tueurs, des chasseurs, uniques aux grands prédateurs. Dont je suis actuellement la proie. Je ne bronche pas, je soutiens son regard, les yeux déjà remplis de larmes de cette perte que je ressens encore trop vivement et je crois que sur le coup, je ne lui en aurais même pas voulu, de me tirer dessus. Il serait dans son droit après tout, il aurait raison de le faire.

Pourtant, il n'en fait rien. Il révoque son arme avant de courir vers moi mais s'arrête avant de me toucher. Comme s'il ne réalisait que maintenant son état. Un peu comme moi, lors de cette autre nuit. Lorsqu'à mon tour, j'étais entrée en mode 'chasse'.

Na... Naoto. 

"- Chut... Tout va bien maintenant...  "

Je me suis efforcée de relever le bras, posant simplement mon doigt sur ses lèvres pour le faire taire. non, ne dis rien, s'il te plait. Je sais que je ne raconte que des mensonges. Rien ne va et je ne pourrais jamais faire comme si je ne savais plus. J'avais voulu y croire mais une fois de plus, la réalité m'avait rattrapé. Et la vérité me semblait encore une fois bien plus douloureuse que l'ignorance dans laquelle je m'étais laissé baignée.

"- Remontons... là-haut... Plus discret ... à l'abri... Pour lever le Kekkaï....  "

Oui, je fatigue et je le sens. Jamais je ne me suis sentie aussi vide. La perte de ma Persona m'a profondément blessé, bien plus que je ne l'aurais cru. Plus la découverte de la vérité. A travers ses vêtements déchirés et le sang dans son dos, je peux toujours la voir, cette marque rouge à l'opposé du bleu de la mienne. Et même si cette fois c'est lui qui est recouvert d'éclat de verre, le comique de répétition de la situation ne me fait nullement sourire.

Déjà, je me relève et propose mon aide à David pour remonter au plus vite. Même si je sens que les escaliers ne vont pas me plaire tant que ça.

Je n'ai même pas le temps de réaliser ce qu'il se passe que déjà, David me porte. Je voudrais protester mais je encore si mal à la poitrine, le souffle tellement court que je n'ai pas vraiment la force de le faire. Et déjà, nous voilà arriver dans l'alcôve où nous nous trouvions pour l'inauguration. Pour le moment, je maintiens mon Kekkaï, le temps que nous tachions de nous soigner un minimum. Et déjà, il s'affaire en tirant de son sac de quoi au moins procédé aux premiers soins. Ce qui me rappelle cette autre nuit. Sauf que cette fois, c'est lui qui a été martyrisé par les éclats de verre.

Je... je... Pardon... Je suis désolé... Je ne... Pardon... 

"- Tu n'as rien... à te reprocher... Arrête avec ça.... Et je n'ai rien.... C'est toi qui est le plus blessé... Le verre..."

Je sais ce que ça fait, de se retrouver le corps ainsi constellé. Mais en même temps, je n'ai pas le courage, encore moins la force de l'arrêter. Une fois mon visage et mon bras nettoyé, je lui prend sa trousse de secours avant de venir m'occuper de le soigner. Encore une fois, il ne pense qu'à moi, s'oubliant complètement. Et je ne veux pas de ça. pas comme avec Yamato Takeru. Je ne veux plus jamais voir ça. Personne ne devra jamais... Se sacrifier. Pas pour moi en tout cas.

Je sanglote encore un peu, plus atteinte que je ne le voudrais tandis que je m'occupe de nettoyer ses mains avant de passer à son flanc puis à son dos. Le verre me renvoie à cet épisode sur le toit, ou nos rôles étaient inversés. Je tente de me montrer le plus douce possible mais ce n'est pas mon fort et je suis persuadée de lui faire mal. Mais je reste silencieuse, les yeux baissés, le regard encore humide. Une fois ses plaies soignées du mieux que j'ai pu, je lui passe son châle sur les épaules, au moins pour ne pas laisser sa peau à l'air libre suite à ses blessures.

"- Ça devrait aller comme ça... Désolée, je ne suis pas très douée... Mais on ferait mieux... De ne pas trop s'attarder dans le coin... Je ne pourrais pas maintenir mon Kekkaï indéfiniment.... "

Et sortir dans notre état devant la foule risquerait d'attirer vraiment trop l'attention. Encore un fois, on ne peut pas dire que nous nous facilitons la tâche. Ma main est doucement posée sur l'épaule de David, comme pour le rassurer. De quoi, je n'en sais rien moi-même. Mais je n'ai pas encore le courage d'affronter son regard. En fait, je devrais partir. Tout de suite et maintenant. Alors pourquoi j’hésite encore? Mon front vient doucement se caler au bas de sa nuque avant de soupirer doucement.

"- C'est... ma faute... Depuis le début... Je regrette tellement... Mais je ne... t'embêterais plus..."

Et sur ces mots, je me redresse, me lève et me dirige à pas lents mais déterminés vers la sortie. Il aurait du me tuer, cela aurait résolu bien des problèmes. Je lui offre donc une nouvelle occasion de le faire. Avant qu'il ne soit trop tard pour faire machine arrière...

Je m'attendais à beaucoup de choses mais pas à ça. Qu'il me tire dessus, qu'il me frappe avec son arme, qu'il décide d'en finir avec cette ennemie que je représentais désormais. Sa main est déjà venue saisir la mienne, m'arrêtant dans mon geste avant que nos regards ne se croisent de nouveau. Mais il passe tellement d'informations, tant de sentiments contradictoires autant dans les miens que dans les siens que je ne parviens plus à rien décrypter.

Je n'ai même pas peur pourtant, je reste suspendue à son souffle. Comme si je savais qu'il allait dire quelque chose qui ne vient pourtant pas. Et le contact froid du métal dans ma main, lui, me fait violemment frissonner alors qu'il m'a relâcher sans même que je ne m'en sois rendue compte. Mes doigts se resserrent dessus instinctivement. Cela reste un objet venant de lui, malgré les circonstances. Mais quel en est le sens?

Va t'en. Je reste ici. 

Je voudrais parler, mais cette fois c'est dans ma gorge que les mots restent enfouis. Noués profondément, retenus par une main invisible, je peine toujours à respirer mais je ne suis plus certaine de la raison réelle de cette douleur. Non, je ne veux pas partir. Je ne peux pas le laisser ici. Mais c'est lui qui me le demande. Et puis déjà, il agit comme si je n'existais plus, ce qui ne fait que remonter les larmes à mes yeux. Après une dernière inspiration difficile, je parviens à lâcher quelques mots un peu branlants.

"- Comme tu... voudras... 'Monsieur'..."

J'ai l'impression de m'arracher littéralement la poitrine en articulant consciencieusement ce mot en français. Je pose ma main sur la poignet de la porte donnant accès aux escaliers et soudain, je me mets à courir, laissant les clefs m'échapper des doigts et demeurer sur la moquette du pas de la porte. Mais déjà, je dévale les étages, le regard rempli d'une eau que les poissons m'envieraient surement. C'est donc à ça que sert un Aquarium? Si j'avais su...

Arrivée à la limite de mon kekkaï, je le laisse se dissiper, faisant soudain revenir le bruit et les odeurs de la vie autour de moi. mais je ne les vois pas, ne les ressens pas. Je me contente d'avancer rapidement, sans me faire remarquer, tous les gens encore complètement focalisés sur les nouveaux bassins et les requins. Moi, je passe les portiques d'accès avant de me retrouver à l'air libre.

Je reprends ma course sur le parking avant de ralentir progressivement pour finalement m'arrêter. Et réaliser que même mes pas me trahissaient. Cette voiture, je savais pertinemment à qui elle appartenait. Je tente de refréner une nouvelle montée de larmes mais cette fois, je n'en ai plus la force. Je me recroqueville sur moi-même, laissant s'échapper ma peine et ma douleur mêlée, mes doigts crispés sur mon crâne et mes yeux semblables à des rivières sans fin.

"- Ce n'est... pas juste... Pourquoi!?..."

Seule ma voix trouble la légère musique baignant d'une ambiance aquatique le parking. Personne aux alentours, seulement ce qu'il reste de moi. Maintenant que j'ai vidé mon sac, je me sens extrêmement faible, vidée, complètement épuisée. Alors, je me contente de rester là. Assise à même le sol, dos contre la roue arrière passager, mes genoux remontés jusque sous mon menton, enserrés par mes bras et la tête complètement relâchée déposée sur le tout. je suis misérable mais je m'en moque. De toute façon, à cet instant, je n'existe plus. Croire que Naoto aurait le droit d'exister pour elle-même n'était qu'une erreur, seul les héritiers Shirogane ont leur place ici-bas. Alors je sais ce qu'il me reste à faire...

Depuis combien de temps suis-je ici? Je n'en ai plus la moindre idée. Mes yeux sont encore humides mais les larmes ne coulent plus. Sont-elles taries, mes yeux trop secs d'avoir tant pleuré? Possible. Mon corps est encore secoué de sanglots espacés et diffus mais se mêlent à ces derniers des frémissements liés au froid extérieur. Sans doute lié à ma fatigue et au contraste avec la chaleur de l'Aquarium. Ce lieu que j'avais tant apprécié et que je souhaitais maintenant ne jamais avoir découvert.

Je relève à peine les yeux, mon regard brouillé est du même rouge que le tissu de la robe offerte par David. Avait-il prévu le dénouement de cette journée? Le rouge était-il là simplement pour me faire comprendre dès le début qu'il était bien un membre de cette faction que j'étais censée combattre? je ne sais pas, je ne sais plus. Mais je parviens à aligner quelques idées, dont la plus claire reste la suivante: Partir. Rentrer. Ne pas rester ici.

Je prends une profonde inspiration avant de tenter de mobiliser mes membres engourdit lorsque ds pas rapides résonnent tout près avant que je ne sente une étreinte contre moi. Cette dernière m'arrache un léger grincement de dents, mon souffle est encore court et saccadé, mais cette odeur et cette chaleur ne peuvent venir que d'une seule personne. Et autant mes yeux s'écarquillent de surprise autant déjà d'elles-mêmes mes mains sont venues s'agripper à lui, parfaitement conscientes des zones à éviter pour ne pas risquer de le blesser davantage.

Naoto. Je ne peux pas te le dire. Je n'arrive pas à te le dire. Mais je t'en supplie, vois en moi, comprends ce que je ressens. Dis-moi que tu sais et que pour toi aussi c'est ainsi. Vois aussi ce que je suis, ce que je peux être. Ce que je ne veux pas être. Pas avec toi. 

Je ne dis rien mais chaque mot résonne en moi avec un échos nouveau. Je n'ai plus peur. Ou plutôt je réalise que je n'ai jamais eu peur de lui. Jamais. Même lorsque son arme s'est trouvé pointée vers moi. Alors, je souris faiblement malgré les les quelques gouttes d'eau salées qui se frayent un chemin de ma peau sur sa veste. Si je le pouvais, je rigolerais mais au lieu de ça, je le serre un peu plus fort contre moi. Profitant simplement de cet instant avant de parvenir à articuler une réponse.

"- Tu le sais pourtant... Tu as toute ma confiance... Toujours..."

Sans doute que je pourrais faire mieux mais pour le coup, je n'y arrive pas. Est-ce que je sais? oui, j'ai compris. Est-ce que je suis prête à l'admettre? Je n'ai plus vraiment le choix. Est-ce que je suis capable de le dire... Malheureusement non. Mais cela ne changera rien en soi, le résultat est le même. Nous n'avons plus besoin des mots pour nous comprendre.

"- Peu importe ce que tu es... Ou qui tu es... Tu es et restera David... C'est tout ce qui compte pour moi."

Peut'il sentir à quel point mon cœur s'emballe? Combien il lui es devenu cher et même indispensable? Non, je ne suis plus décidée à le lâcher, j'ai besoin moi aussi de sa présence, de ses attentions, de sa chaleur, de son odeur et de ses bras. Et puis, est-ce la peur de le voir soudain partir de nouveau, le contrecoup du combat, cet enchaînement de révélation qui me rends soudainement si intrépide mais d'un geste franc et décidé, je viens l'embrasser. Pas d'un simple frôlement de lèvres comme un peu plus tôt mais un vrai baiser cette fois.

Ce baiser n'a pas du tout le même gout que ceux que nous avons déjà échangés auparavant. Peut-être ce le sang qui a coulé, la réalité qui a éclatée, l'arrière gout salé des larmes persistants sur mon visage, cette course qui nous a séparé avant que l'on se retrouve. je n'en sais rien, au fond, je m'en fiche même pas mal. Mais cet instant à un véritable parfum de conte de fée. De ceux que je n'ai jamais cru, auxquels je n'ai jamais rêvé et que pourtant, aujourd'hui, je vois se produire devant moi.

Merci, Naoto. Merci d'exister, d'être là. Je suis un véritable imbécile, et je ne mérite pas d'être avec toi. Mais je suis heureux que tu ne sois pas partie pour de bon. Pardon de te l'avoir demandé. 

Si je croyais en Dieu, je crois que je serais capable de le remercier. Lui, comme n'importe lequel de ces autres formes ou dénominations. Je souris bêtement, mes larmes taries bientôt que les sanglots demeurent encore pour leur part. David vient se caler un peu plus contre moi et je profite de sa présence également pour coller mon nez dans son cou avant que mes doigts n'entrent en contact avec le liquide poisseux qui s'est remis à couler de ses plaies. Et ce brusque retour à la réalité me fait presque l'effet d'un électrochoc.

"- Il faut rentrer te soigner, rapidement. Tu ne peux pas rester comme ça, c'est trop dangereux. "

Non, maintenant que nous nous sommes enfin trouvés, je ne veux pas risquer de le perdre. Cette simple pensée suffirait presque à me faire paniquer mais déjà, je me reprends. Cette fois, c'est à moi de prendre les choses en main. Alors, je me détache de lui avec toute la délicatesse dont je capable pour l'aider à se relever, avec moi. Non, je ne le lâcherais pas. Mais je m'inquiète de son état qui est quand même assez préoccupant.

"- Je suppose que... tu ne voudras pas que je t'emmène à l’hôpital, n'est-ce pas?"

Je pourrais comprendre qu'il refuse, je ferais pareil dans son cas. Mais il faut trouver un endroit sur et vite. Et des endroits réellement neutres, à présent, je ne suis pas certaine qu'ils nous en restent beaucoup.

Je peux sentir que David ne va pas bien. Mais je suis tout simplement impuissante et cela me mine complètement. Il faudra que je prenne des cours de premier secours voir même d'infirmières, vu que je n'ai pas systématiquement un soigneur sous la main. Je le laisse sortir son portable et suis la conversation avec attention. Brook, ce nom me dit vaguement quelque chose mais sur le coup, je n'arrive pas à faire le lien et déjà, il raccroche.

J'ai une amie à la Clinique du Sud. Mais je ne peux pas conduire. C'est l'accident assuré. 

C'est là que cela fait tilt dans mon esprit. Clinique du Sud, Brook. L’infirmière afro-américaine qui s'était occupée de moi lors de ma convalescence. Il la connait? Mais elle aussi est une Seraph. Le sait-il? Peu importe, j'aurais tout le temps de me creuser le problème plus tard. Pour le moment, le plus important, c'est David.

"- Je m'en charge, ne t'en fais pas."

Je récupères ses clefs avant de l'aider à s'installer sur le siège passager. Son sac ne contient plus rien qui pourrait vraiment nous être utile, nous l'avons vidé de tout son matériel de soin. Je prends place derrière le volant et observe la voiture. Je n'ai que rarement conduit ce genre de véhicule, plus portée sur les deux roues, alors il va falloir pourtant que je fasse avec. Je mets le contact et retrouve malgré tout très rapidement les réflexes de conduite lié à la voiture.

Je sors du parking et malgré l'urgence de la situation, je roule doucement, tentant de limiter au maximum les secousses et autres mouvements saccadés que la voiture pouvait produire. Mais je cherche la Clinique avec un frayeur grandissante. Pourvu que David tienne jusque là, que je n'arrive pas trop tard, qu'il n'ai pas de séquelles. Et enfin, nous arrivons sur le parking de la Clinique ou je gare au plus près de l'entrée.

"- Cette Brook, il faut que j'aille la chercher? Tu crois que tu vas pouvoir marcher? Est-ce que... ça va aller? Pour toi?"

Ne t'en fais pas, Brook est douée, même si... 

Cette fille, en effet, je la reconnais. C'est bien la même que la dernière fois. Alors, il se connaissent? Pourtant, je ne sais pas pourquoi, mais de la part de David cela m'étonne un peu. Mais qui suis-je pour juger de ses fréquentations après tout? Je la laisse faire son métier même si je n'arrive pas à avoir vraiment confiance en elle soudainement. Mais je n'ai rien de mieux à proposer, je suis inutile alors je me contente de patienter. En silence. Attentive.  

Ah, quand même! C'est vous qui lui avez appris à se mettre dans cet état? Apprenez-lui plutôt à respecter la loi, ce sera ça de gagné pour le quartier. Et toi, le Geek, je croyais que tu ne voulais pas "traiter avec l'ennemi". Doublement ennemi d'ailleurs. A moins que la jolie robe soit un indice. 

Brook, tu peux être un peu moins toi pendant deux minutes. 

Je sais, c'est l'amie infirmière qu'il te faut, j'ai remarqué rien qu'avec ta tronche. Venez aussi, Miss Shirogane, votre bras mérite mieux. Ne vous en faites pas, je connais l'un de ses gars qui va pouvoir le remettre à neuf, même si il y a du pain sur la planche. Je m'occupe juste de le garder en vie jusqu'à ce qu'il puisse venir ici.

Tout d'abord, il y a eu la colère. Bien sur, je n'ai que ça à faire, apprendre à moi-même puis à autrui à voler au milieu des éclats de verre. Et de quoi elle se mêle à propos du respect de la loi? Qu'elle apprenne la politesse pour commencer. Et la retenue, ça lui servirait car la subtilité n'est pas son fort. J'en ai la preuve une seconde plus tard. "Traiter avec l'ennemi". Donc ils sont bien au courant de leurs natures respectives. Puis viens la gêne, avec la remarque sur la robe. Rouge aussi du sang qui a été versé. Le mien comme le sien.

Moi qui me préparais à répondre me tais à la réplique de David et laisse l'afro-américaine tout reprendre en main. Ici, c'est son domaine, son territoire, ses plantes-bandes. Même en temps que Seraph, je n'y suis pas à ma place. Ce n'est pas elle qui va le soigner alors? Ce nouveau détail m'inquiète mais déjà, elle se saisit de David et le sort de la voiture avec la force de l'habitude, le plaçant sur un brancard proche. Je sors aussitôt de la voiture, absolument pas dans le but d'obéir à l'infirmière. Je veux seulement m’assurer qu'il n'est pas venu sans le savoir se jeter dans la gueule du loup. Moi, parano? A peine.

"- Qui va s'occuper de lui? Je n'ai pas besoin de soins, ce n'est que très superficiel...."

Pourquoi cette conversation m'en rappelle une autre? Parce que j'avais eu la même avec cette jeune femme quelques temps plus tôt peut-être? Sans aucun doute. Enfin, même dans mes paroles, je suis moins convaincante que la dernière fois. Je sens bien que le coup au thorax m'a bien atteint, que la fatigue me gagne, et mon bras et mon visage me tire méchamment mais ce n'est rien face à la peur dont je n'arrive plus à me débarrasser. Je les suis, restant au plus près d'eux. Pour ne pas risquer ne serait-ce que de me faire distancer.

"- Est-ce qu'il y a... Quelque chose que je peux faire? Je voudrais l'aider... vous aider, s'il vous plait..."

Quelqu'un de bien, pas de panique. Ce geek m'énerve, mais il ne mérite pas de mourir si facilement. C'est ça ou vous rentrez chez vous, Miss.

"- J’ai compris…. Je reste et… je me tais."

Je ne pipe plus mot et me contente de les suivre. David ne dis plus rien non plus de son côté et son silence m’inquiète. Pourtant, je devrais le savoir. Aux rapports des interrogatoires, c’est bien ce que tous les flics laissaient remonter à coup sur. Que jamais il ne disait rien. J’observe les gestes précis et minutieux de l’infirmière, perdues entre le malaise grandissant envers cette femme qui semble tellement bien le connaitre contrairement à moi et ma culpabilité grandissante.

Avec sa manie de rester muet quand il a mal, je vais avoir besoin que vous me disiez ce qu'il a. Qu'est-ce qui s'est passé?

Et vous avez intérêt à être exhaustive. J'ai jamais vu ce type se mettre dans cet état, même quand il s'agit de ses histoires de gangsters. Après tout, sa peau ne lui appartient pas, comme il dit.

Sa peau ne lui appartient pas. Quelle horrible vérité. Qui manquerait presque de m’arracher un sanglot. Sur le coup, j’ai du mal à articuler, le tatouage des Sharks finissant par apparaitre sur son dos une fois le travail de découpe de l’afro-américaine terminée. Je retiens mon souffle mais toujours, David reste muet. Et son état n’ira pas en s’améliorant comme ça. Je dois laisser toutes ses histoires de côtés, encore pour quelques minutes, faire comme si je ne savais pas. Je me force donc à articuler, avec autant de conviction que possible.

"- Tout est ma faute… Nous étions à l’Aquarium, pour l’inauguration… J’ai apercu l’Ombre et… Le combat s’est engagé…"

Arrête de faire l’enfant Naoto. Elle veut des détails sur les plaies de David, pour le sauver. Ce n’est pas le moment de te perdre dans tes déboires sentimentaux. Reprends-toi, redeviens objective et contente-toi de rapporter les faits et rien que les faits.

"- Au sol, elle était hargneuse. Elle a attaqué David en premier. Elle l’a frappé, il s’est retrouvé au sol, ses griffes dans le flanc, j’ai repris son attention mais comme j’étais aussi en mauvaise posture, David a réattaqué et elle l’a envoyé d’un coup violent à travers une porte en verre. J’ai fait mon possible pour qu’elle le laisse et au final, il l’a achevé mais après s’être relevé, au milieu des éclats de verre. Puis, pour ne pas rester trop exposés, nous sommes montés dans une loge de l’étage, pour nous soigner un minimum. Avant de venir ici…. "

J’ai presque retrouvé mon ton de détective mais je sais que cela se sens bien, pour les gens qui me connaissent. Je suis fragile, vulnérable à cet instant. Je viens serrer mon bras blessé sans le réaliser vraiment, me sentant inutile au possible alors que le sang de David coule toujours. Sur ce tatouage et cette marque qui à présent m’est invisible mais que je sais bien présenté.

"- Je vous le confie… Je ne peux plus rien faire de toute façon… Et il va avoir besoin de repos, je suppose. Je serais juste à côté… Si vous avez besoin de plus d’informations…"

Et sur ces mots, après un dernier regard douloureux à David qui semble complètement à bout de force, je m’apprête à quitter cet espace clos. Je ne suis pas certaine qu’en cet instant, ma place soit vraiment ici.

Je vois. Je vais faire un check-up. Merci. Moi qui pensais qu'il n'attaquait que quand il ne risquait rien, il aurait trouvé du courage ? Je retire ce que j'ai dis, vous avez une bonne influence sur lui au final. Espérons qu'il s'en serve à meilleur escient à l'avenir.

"- Espérons, en effet… "

Espérons surtout que ce genre de situation ne se reproduira pas de sitôt. J’ai beau avoir malgré tout l’habitude de me battre, j’ai toujours fait cavalier seul. Ou avec des personnes qui ne représentaient rien dans ma vie. Des collègues, des noms de passage et rien de plus. Faire partie des Seraphs était déjà une épreuve en soi, une nouvelle Famille m’ouvrant ses portes avec les responsabilités qui allaient avec mais ça, ça n’avait jamais été prévu. Et je ne savais pas comment géré la situation.

Rassurez-vous, il s'en sortira. Il a la peau dure.

"- Merci… "

Alors que je vais pour partir, je sens quelque chose agripper ma robe. Je n’ai pas besoin de me retourner pour savoir qu’il s’agit de David. Mais déjà, il relâche la pression de ses doigts avant de finir par tomber évanoui. Trop de douleur, trop d’émotions, trop de révélations. Oui, je ne suis vraiment pas le genre de personne qu’il lui faut, c’est une évidence. Alors, pourquoi je reste là malgré tout ? Pourquoi est-ce que je n’arrive pas à la considérer comme un ennemi, à la fois en tant que Nephil et en tant que membre d’un gang.

"- Et maintenant, il va se passer quoi ? Qu’est-ce que je suis sensée faire ? "

Je ne me suis pas rendue compte tout de suite que je parlais à voix haute et au final, je crois que je m’en moque. Je tiens toujours la main de David, simplement pour même là, il sache que je reste avec lui. Comme il avait promis de ne pas me quitter. Je grimace légèrement, la douleur se réveillant doucement dans mes côtes mais je ne tiens pas à m’en soucier. Ce n’est pas le plus important.

"- Dites-moi, vous semblez bien le connaitre. Mieux que moi en tout cas. Vous pouvez… me parler de lui ? Rien qu’un peu ?"

Si vous restez, mettez ses mains dans l'eau, ça ramollira les bandages.

Je hoche de la tête avant de m’exécuter aussitôt. Oui, lui tenir la main alors que ces dernières sont dans un état lamentable, c’était vraiment la pire des idées que j’ai pu avoir. Pourtant, j’avais toujours du mal à me décider à le lâcher. Mais ces soins passent avant tout. Une fois ses mains déposées doucement dans l’eau de la bassine, j’observe les gestes de l’infirmière avec unes certaine attention. Il a vraiment besoin de cette poche de sang ? C’est donc plus grave encore que je ne le craignais ? Quand à ma question, est-ce qu’elle acceptera d’y répondre ?

- Vous parler de lui? Je dois dire que même si on se connait depuis cinq ans, je ne sais pas grand chose. Il ne parle jamais de choses qui lui sont personnelles. Et comme il a un don pour toujours blaguer ou dévier les conversations, on s'y habitue. Voyons... Je sais que sa mère est morte quand il était très jeune et qu'il est parti en France pour étudier après son décès. Il ne parle jamais de son père, donc je présume qu'il ne le connait pas. Il est... vraiment trop attaché à son gang. Il dit que c'est normal, mais ses valeurs et sa vie ne tournent qu'autour des Sharp Sharks.

5 ans et elle ne savait rien ? A ce point-là ? Mais je ne peux qu’être d’accord avec ses mots. Rien de personnel, tout prendre à la légère, cela le résumait bien. Sa famille qui visiblement était inexistante, pas étonnant qu’il n’en parle pas. Et son attachement aux Sharks. Au-dessus de tout ? Vraiment ?

- Donc je vous conseille d'être prudente, tout de même. Il est moins attaché aux Nephils qu'aux Sharks, mais s'il venait à avoir le même lien, il vous trahirait sans doute sans vergogne. Qui a son obéissance, a sa raison. Et vu ce que les Sharks ont fait de lui, je n'imagine pas ce qu'il deviendrait chez les Nephils. Dans une autre vie, il aurait pu être un type bien, pourtant... Le reste, vous devez le connaître, non? Sa boutique d'armes, ses mots français, ses manières, le don qu'il a de dire peu mais toujours vrai, enfin vrai pour lui... Je vais soigner votre bras. Et il faut qu'on vous trouve un rechange, on vous croirait sortir d'un film d'horreur.

"- Merci pour vos conseils, je tâcherais de m’en souvenir."

Cette phrase, elle ne cesse de résonner dans mon esprit à présent. « Qui a son obéissance, a sa raison. » Est-il vraiment à ce point dépendant de ce gang ? Les Nephils pourraient-ils devenir plus importants que le reste ? Et moi, au final, quelle est ma place dans cette histoire ? Malgré ce qu’il s’est passé, ce que nous nous sommes dit, je ne tiens pas à devenir un ‘maitre’ supplémentaire pour lui. Mais aurais-je le courage de m’en aller pour autant, j’en doutais sérieusement.

Vous vous êtes prise un coup, vous aussi?

"- Oui… Non… Je ne sais plus très bien… Si c’était moi ou… simplement par procuration…."

Pourtant, je la sens bien, cette douleur. Entre le coup qui avait envoyé ma persona contre le mur et celui qui m’avait expédié au pied des escaliers, là où l’Ombre avait manqué de me tuer… Rien que d’y repenser, je sens les larmes monter alors que je réalise que la disparition de mon invocation m’a aussi beaucoup atteint. Je me crispe par reflexe, comme pour me protéger d’une menace qui pourtant n’existe plus ici.

"- Je n’ai pris… qu’un coup en direct… L’autre seulement par procuration… Mais visiblement, les effets sont les mêmes…. Et puis, j’ai été envoyé roulé au sol, violemment… Au final, je m’en tire vraiment bien… Contrairement à d’autres…"

Pour le coup, j’avais un peu l’impression d’avoir échouée sur toute la ligne. David était dans un état critique, ma Persona s’était sacrifiée pour moi, créant un vide que je n’aurais pas soupçonné en moi. Et moi, j’étais là à me morfondre. Décidément, je n’étais vraiment pas bonne à grand-chose. A noter : refuser une prochaine sortie, cela ne me réussissait vraiment pas.

Tu l'as protégé ou pas, ta moitié? Venez, il ne devrais pas se réveiller, mais au cas où, il faudrait pas qu'il vous voit en petite tenue. Sauf si vous êtes déjà là?

Déjà là? Pour le coup, je ne comprend pas tout de suite à quoi elle fait allusion, mais lorsque enfin, mes neurones parviennent à se connecter pour me donner la solution à son allusion, j'écarquille violemment les yeux, me crispant légèrement sous l'effet de ses paroles avant de passer au rouge pivoine. Non mais, qu'est-ce que c'était que cette question? En tout cas, je qui déjà passé dans le box d'à côté car non, je ne tiens pas à me déshabiller devant lui, même s'il est inconscient. C'est inconvenant et cela le restera.

Brook interpelle une autre infirmière, pour lui demander de nous ramener d'autres vêtements tandis qu'elle compose un message sur son portable. Moi, je me suis simplement assise dan un coin, attendant qu'elle me donne la marche à suivre. Même si je sens la fatigue proche, je la refoule. ce n'est pas le moment de tomber de sommeil, vraiment pas.

Bon, voyons l'étendue des dégâts. Ôtez-moi cette robe. Elle est bien jolie, mais elle va pas faciliter les choses.

Je m'exécute même si la retirer est finalement plus difficile que je ne l'aurais cru. Ma plaie au bras n'est pourtant pas si importante que cela à mes yeux mais elle est étendue malgré tout, sur toute la longueur de ce dernier. Mon visage est plutôt superficiel mais c'est au niveau du torse que j'ai le plus mal. Et je n'avais vraiment pas remarqué le bleu qui est déjà bien voyant sur ma peau pâle.

"- La douleur est supportable. Et je suis en meilleur état que la dernière fois. Mais c'est au niveau du thorax que cela reste le plus douloureux pour le moment.... "

Elle me demandera forcément ou est-ce que j'ai mal alors autant lui faciliter la tâche. De mon côté, je reste persuadée que la douleur de ma poitrine n'est pas vraiment dû aux coups physiques que j'ai reçu mais surtout à l'impact psychologique que cette journée à eu sur moi.

Ça va. Vous vous en sortez plutôt bien cette fois-ci. Je vais juste vous donner des anti-douleurs pour ne pas que vous souffriez. Ce genre de maux guérit assez bien seul. Vos os sont solides, mais évitez les bousculades ou les gestes trop brusques. Je sais, vous n'aimez pas ça, mais en un mot : Ne vous agitez pas trop, au moins cette semaine!

Je me contente d'acquiescer à ses paroles. Me tenir tranquille pendant une semaine, je devrais pouvoir le faire. Je la laisse me placer un un pansement épais sur le front ainsi qu'un bandage de taille correct sur mon bras avant de voir entrer une autre infirmière, avec des vêtements de rechange. Un jogging et un tee-shirt avec une veste légère. De quoi pouvoir repasser du mode 'jeune fille de sortie' à celui de l'inspecteur traditionnel. Ou presque.

Brook me laisse seule et je l'entendant discuter avec quelqu'un avant. Elle l'emmène voir David. C'est donc lui, le soigneur en question? Je me presse un peu pour m'habiller, quitte à grogner légèrement et me rappeler de ses mots: ne pas forcer. Je me calme et termine de me vêtir avec l'aide d'Hortense, qui n'a l'air ravie de me voir dans cet état, avant de reprendre le reste de mes affaires et de tout enfiler dans un sac plastique piqué dans le box.

Je remercie Hortense et lui demande l'autorisation de retourner voir David, ce à quoi elle acquiesce avec un sourire un peu niais qui me ferait presque rougir. Non, ce n'est pas le moment. Et oui, je m'inquiète toujours autant pour lui. Je veux savoir entre quelles bonnes mains il se trouve à présent. Et qu'elle n'est pas ma surprise, en entrant doucement dans le box, de reconnaitre le commandant Nephil. Ashlan.

"- Bonsoir Messire Ashlan. Cela faisait longtemps. "

Oui, je ne compte m'étendre en formule de politesse mais si c'est lui qui vient se charger de David, je ne devrais pas avoir à m'en faire. Après tout, c'est bien à lui que Manori faisait appel pour être sauver alors, il doit être un bon soigneur. Je n'aurais donc plus à m'en faire pour lui.

-« Enchanté monsieur Naoto. Quel bon vent vous amène par ici ?
Enfin quoi qu’il en soit, sachez que ma promesse de la plaine au fleur tiens toujours, j’ai l’impression que vous en auriez un peu besoin… »

"- Je vous remercie de votre proposition mais je vais à nouveau la décliner. Vous avez déjà fort à faire et de mon côté, ce ne sont que des égratignures."

Mon regard fixe Ashlan même si je ne cesse de dévier vers David, pour m'assurer qu'il se remet. Il a retrouver des couleurs et semble en meilleur état mais il reste à mes yeux dans un état grave, par ma faute. En tout cas, je prends en note que pour le commandant Nephil, je fais toujours office d'homme. Sachant que c'est Brook qui l'a amené là, cela m'étonnerait presque vu son franc parler. Mais son sourire transformé en tous me prouve qu'elle n'a rien dit à ce sujet-là. Je reste donc dans un coin, aux aguets mais toujours inquiète.

Désolée de vous pousser dehors, tous, mais dès que David sera transportable, il faudra l'évacuer. Garder ce box, qui est sensé être vide, aussi longtemps risque de me causer des problème. Je ne suis qu'infirmière ici.

"- Vous avez raison. Merci déjà de nous avoir pris aussi vite. Je vais vous laisser, ma présence n'est plus d'aucune utilité à présent. Je le laisse donc entre de bonnes mains... "

Comme il est dur de devoir se montrer aussi neutre que possible quand je panique intérieurement. Je voudrais lui parler, encore une fois avant de partir, mais je sais que ce n'est pas possible. Encore moins devant ce type. Ce Nephil, il ne comprendrait pas. Je me contente de m'approcher du brancard sur lequel David est étendu, ses clefs de voiture dans ma paume ouverte pour montrer que je ne lui veux aucun mal.

A sa hauteur, je viens les lui glisser entre les doigts, profitant juste une seconde de trop de ce dernier contact avant de reculer doucement et de saluer tout le monde de façon très traditionnelle, dissimulant tout sentiment supplémentaire. Je ne dois pas compliqué les choses. David a besoin de soins et de repos, pas de moi dans l'immédiat. Je sors donc du box avant de me diriger vers la sortie de la Clinique ou à peine arrivée à la porte d'entrée, je prends une grand bouffée d'air frais.

Un instant, j'hésite à faire demi-tour. Jusqu'où puis-je faire confiance à Brook? Est-ce que ce Ashlan va vraiment prendre soin de David comme il en a besoin. il semblait mieux, c'est vrai, mais rien ne me prouve que tout cela dure. Mais même si je revenais, je ne serais d'aucune utilité et je crois que c'est ce qui me mine le plus. Au final, le plus grand danger de cette histoire n'a pas été l'Ombre ou le combat mais bien moi. Je serre les poings et me mords la lèvre violemment, à me la faire saigner avant de me décaler d'un coup, pour laisser le passage à un nouveau brancard.

Je soupire profondément avant de me mettre lentement en route. Non, je ne compte pas appelé qui que ce soit et même si je ne suis pas rentrée, je préfère faire le chemin à pied. J'aurais bien besoin de tout ce temps pour faire le point sur ma situation actuelle. Moi qui croyais déjà savoir ce qu'était que d'avoir des ennuis, je n'ai jamais autant nagé dedans pour autant. Peut-être que le revoir n'est pas une bonne idée. Non, ce n'est PAS DU TOUT une bonne idée même. Mais arriverais-je pour autant à m'y tenir? Je ne crois pas que j'en aurais la force.

C'est donc la tête en pleine ébullition et le coeur douloureux que je finis de rentrer chez moi où, malgré les miaulements un peu désabusés d'Arsen, je lui emprunte la peluche violette pour la serrer dans mes bras.

[ => Naoto quitte le rp. Au plaisir les gens ^^]