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Cela faisait déjà presque une heures que je marchais dans les plaines. Les lueurs du crépuscule donnaient à ce paysage des couleurs surréalistes. Le ciel était teinté de rose au loin et le sol recouvert d'un joli orange. Moment propice pour rêvasser et admirer, mais je n'avais pas la tête à ça. J'étais peut être recherchée par le police et je venais de perdre le seul être qui m'était cher. Mes pieds endoloris me firent sortir de ma torpeur. Je me posai contre une petite butte, face au coucher de soleil, seule, au beau milieu des plaines. Ce moment de solitude me fit me rendre compte d'une chose, je déteste l'ennui, heureusement pour moi j'avais pensé à prendre mes cigarettes. J'en allumai une puis fermai les yeux.

L'emménagement était terminé depuis quelques jours, je suis enfin installé, prêt à commencer le travail dès demain. Il va falloir que je prépare les cours que je vais donner, et me familiariser avec la partie recherche du campus. L'emménagement c'est fait, mais il me reste quelques jours de dépaysement à subir...

    Pas de meilleur moment que celui-ci pour sortir se détendre, une petite course jusqu'aux plaines, et vu l'heure, peut-être se poser pour regarder les étoiles le temps d'arriver. Le ciel était dégagé, la saison était plutôt propice aux étoiles, il y aurait surement de quoi faire là-bas.

    J'enfile donc mon pantalon de jogging noir, un T-shirt léger, sans manche, et mon survêtement bleu marine classique. Je sors, ferme la porte, et descend au rez de chaussé. Une fois en bas, je démarre quelques échauffements puis pars en direction des plaines à l’extérieur de la ville, dans un rythme léger, la course allait durer une trentaine de minutes vu que je compte prendre quelques détours.

    De la musique dans les oreilles, je ne vois pas le temps passer et j'arrive tranquillement dans les plaines une fois le chemin de terre passé. Je termine le peu de chemin en marchant, pour me reposer sans couper toute activité brutalement, et me retrouve finalement au milieu des plaines, le crépuscule était là, le ciel était magnifique, seuls quelques petits nuages étaient présent là où le soleil était entrain de se coucher, les colorant d'un rose hypnotique tandis qu'autour le ciel tournait au orange.

   Finalement je m'assit au milieu de ses plaine, sors ma bouteille et m'hydrate après cette course. Mon souffle commençait à se calmer et je commence à regarder autour de moi. Personne... Personne à part une femme, assise un peu plus loin. Des cheveux bleus, original, elle vient d'allumer sa cigarette et en relevant la tête m'a surement aperçu arriver. En même temps vu le peu d'activité dans la zone, le moindre mouvement attire le regard.

   Bon, quitte à être ici seul et y rester quelques temps en attendant la nuit... Je me relève et me dirige vers la femme en marchant tranquillement, le jogging était passé, plus de fatigue, faut dire qu'il n'aura pas été long finalement. Elle me voit parfaitement approché, j'arrive près d'elle et :

  "Bonsoir, je m'appelle Rekor, c'est la première fois que je vous vois ici, vous venez souvent ?"

"Bonsoir, je m'appelle Rekor, c'est la première fois que je vous vois ici, vous venez souvent ?"

Le jeune homme qui s'avançait vers moi était en tenue de sport, aller faire son jogging si loin de la ville à cette heure ci n'est pas commun. La pensée de l'envoyer se faire voir me traversa l'esprit mais je n'avais même plus la force de m'engueuler.

Salut, moi c'est Anna.

Je lui parlais sans le regarder et continuais à fumer en regardant le soleil s'en aller.

Et c'est pas étonnant que vous ne me voyez jamais vu que je sors jamais de la ville. Je sais pas trop pourquoi d'ailleurs, je vois pas ce qui me retient....M'enfin...

"Salut, moi c'est Anna"

   Elle venait de prononcer ça sans vraiment me regarder, elle fixait le coucher de soleil. J'arrive à côté d'elle tandis qu'elle continue de fumer tranquillement. Elle semblait très calme, presque las.

"Et c'est pas étonnant que vous ne me voyez jamais vu que je sors jamais de la ville. Je sais pas trop pourquoi d'ailleurs, je vois pas ce qui me retient... M'enfin..."

   Elle continuait à fixer le soleil, quand je disais qu'il émettait un rose hypnotique sur les nuages. Je ne sais pas trop si elle a réellement envie de parler, mais bon, si elle n'en a pas envie elle me le fera comprendre, elle à l'air directe.

"C'est typiquement humain, on se refuse à faire quelque chose parce qu'on ne l'a jamais fait, on risque de perdre notre temps. Mais finalement quand on passe le pas, le spectacle en vaut la chandelle pour le coup, non ?"

   Je m’accroupis et regarde dans la même direction qu'elle, un silence se forme tandis qu'elle expire sa fumée. Bien, on va voir si elle veut un peu de compagnie, sinon je me mettrais en route pour le retour. D'un geste de la main je lui montre une butte collée a la sienne, indiquant que je lui demande si je peux m'assoir.

"Je peux ?"

C'est typiquement humain, on se refuse à faire quelque chose parce qu'on ne l'a jamais fait, on risque de perdre notre temps. Mais finalement quand on passe le pas, le spectacle en vaut la chandelle pour le coup, non ?

"Ce coucher de soleil l'inspire" Me dis-je. Mais il n'a pas tort.

Je peux ?

Vous gênez pas, elle est pas à moi cette butte.

Je tirai un coup sur ma cigarette puis le regardai. Il n'avait pas de traits particuliers si ce n'est ses yeux d'une étrange couleur et sa petite barbiche.

Alors, vous faites quoi de beau par ici?

"Vous gênez pas, elle est pas à moi cette butte."

   Bien, plutôt directe comme je disais, mais puisqu'elle accepte, je m'adosse à la seconde butte en m'étirant un petit peu, j'avais parlé un peu trop vite en disant que les effets du jogging étaient passés et je sentais mes jambes un petit peu engourdies, ça passera vite tout de même.

"Alors, vous faites quoi de beau par ici ?"

   Une question simple, mais qui m'a un peu prise au dépourvu, je ne m'attendais pas à ce qu'elle engage la discussion d'elle-même après la première impression. Comme quoi, ne jamais juger trop vite, je l'observe à nouveau maintenant que nous sommes assis cote à cote, ses cheveux n’étaient pas la seule chose à être bleue, ses yeux l'étaient aussi. Elle portait des vêtements assez classiques, plus fonctionnel que pour attirer le regard de la foule. Au début de sa manche je pouvais apercevoir le début d'un tatouage, surement un rosier.

"Je viens souvent ici pour me vider l'esprit, le coucher de soleil est magnifique, mais les étoiles la nuit sont bien visible et c'est un spectacle plutôt plaisant, surtout en été"

   J'ai l'impression de passer pour le fana de la nature et des petits oiseaux, ce qui n'est pas vraiment le cas, il n'y a qu'ici que ce côté de mon caractère ressort. Je laissais aller mon regard vers ces fameux nuages, la couleur rose commençait à disparaitre, le soleil finissant sa descente derrière l'horizon. J'imagine que j'ai l'air un peu perdu dans mon esprit.

"Et vous, qu'est-ce qui vous a décidée à venir ici en bravant vos habitudes ?"

"Je viens souvent ici pour me vider l'esprit, le coucher de soleil est magnifique, mais les étoiles la nuit sont bien visible et c'est un spectacle plutôt plaisant, surtout en été"

Et bien dit donc, j'avais probablement affaire à un type sensible, je ne sais pas pourquoi mais ça me fit sourire.

"Et vous, qu'est-ce qui vous a décidé à venir ici en bravant vos habitudes ?"

Je n'en avais moi même pas la moindre idée. J'étais partie de chez moi la veille, laissant toutes mes affaires derrière moi et...Ho mon dieu! Je repensai à mes chats que j'avais laissés, affichant une mine inquiète. Si il y avait bien quelqu'un en qui j'avais confiance sur cette foutue planète c'était mes trois petites boules de poils. Émergeant de mes pensées je lui répondit:

C'est vrai que c'est joli par ici, surtout pendant cette période de l'année...Ce qui m'a fait sortir de la ville? Quelque chose d'horrible, vous n'avez pas idée. J'avais besoin de faire le vide dans mes pensées, mais j'ai pas l'impression que ça ait marché.

Sur ces mots je sortit mon paquet de cigarette de la poche.

Vous fumez?

Je lui tendis le paquet.

"C'est vrai que c'est joli par ici, surtout pendant cette période de l'année...Ce qui m'a fait sortir de la ville? Quelque chose d'horrible, vous n'avez pas idée. J'avais besoin de faire le vide dans mes pensées, mais j'ai pas l'impression que ça ait marché."

  Quelque chose d'horrible ? Mhh... Je vois difficilement ce qu'on peut considérer comme horrible, ça dépend de chaque personne.

"Pour le vide, attendez la nuit des étoiles, c'est encore plus bluffant que le coucher."

   Juste avant de me dire ça elle avait l'air préoccupée, comme si elle venait de se rappeler quelque chose qu'elle avait à faire, ou qu'elle était en retard. Avant que je puisse me poser plus de question elle sort son paquet de cigarettes et me le tend en m'en proposant une.

"Non merci, j'ai arrêté pour une promesse que je compte tenir."

   Cette promesse, je l'avais faites à mon frère, durant ses dernières semaines, hors de question de m'y remettre, même quand la situation paraissait idéal pour une petite cigarette. Et merde, parler de cette promesse m'a fait tirer une tête de déterré sans même que je m'en rende compte, ça va se terminer en duo de la mélancolie si je continu à ressasser ça.

"Quelque chose d'horrible du coup ? Je me demande ce qui peut faire sortir dans les plaines un soir."

   Et voila, je voulais changer de sujet et je lui pose indirectement une question sur sa vie privée, pas très malin. Bien, dans le pire des cas on se renfermera chacun sur nos pensées et je pourrais quand même profiter de mon moment de vide. Autant tenter d’éclipser cette question en repartant sur plus banal.

Je suis professeur de Chimie à la FAC du quartier Est, et vous ?

Non merci, j'ai arrêté pour une promesse que je compte tenir.

Je rangeai donc le paquet dans ma poche.

Quelque chose d'horrible du coup ? Je me demande ce qui peut faire sortir dans les plaines un soir.

Mmh...Si il savait...Je n'avais pas envie d'en parler mais il changea vite de sujet.

Je suis professeur de Chimie à la FAC du quartier Est, et vous ?

Vous êtes prof? Mmh, vous semblez plutôt jeune pour enseigner à la Fac non? Et pour vous répondre, j'étais serveuse pendant un moment mais je me suis faite virer. Du coup là je passe mes journées à glander chez moi. Faut dire que je suis pas une grande bosseuse...

Vu comme c'était partit nous allions nous raconter toute notre vie, inconnus que nous étions.

"Vous êtes prof? Mmh, vous semblez plutôt jeune pour enseigner à la Fac non? Et pour vous répondre, j'étais serveuse pendant un moment mais je me suis faite virer. Du coup là je passe mes journées à glander chez moi. Faut dire que je suis pas une grande bosseuse..."

   Hahaha... Je laisse échapper un rire un peu plus fort que voulu. Faut dire, tout le monde lui fait la même remarque, c'est vrai qu'il était jeune et qu'il faisait jeune, mais c'est à croire qu'un professeur avait forcement 50ans, les cheveux blancs et radotait.

"Ca va être ma première année en tant que prof, d'où le fait que je paraisse jeune."

  Virée de son boulot de serveuse ? La vie doit pas être évidente, surtout si elle ne vie plus chez ses parents. M'enfin, c'est ce que je vais vivre bientôt, même si j'ai deux emplois assez surs. Passer ses journées à glander... Je suis passé par la après la mort de Dwayne, mais c'est son boulot et son nouvel objectif qui lui avait permis de relever la tête. La vie n'épargne décidément personne.

  Pendant ces réflexions un petit silence s'installe, tandis que le ciel s'obscurcit de plus en plus et que les premières étoiles apparaissent. Je m'en rend compte et je lève la tête, a moitié couché sur la butte. Et je me laisse aller à regarder ces fameuses étoiles, on les voyait de mieux en mieux de secondes en secondes, bientôt avec l'obscurité totale ou pourrait toutes les voir, cette nuit était en effet une très bonne nuit pour les fans d'astronomie comme pour les débutants en la matière.

  Je me laisse tellement envouté par ce spectacle que je laisse un sourire effleurer mes lèvre, un sourire qui reste, pas un passager.

Ca va être ma première année en tant que prof, d'où le fait que je paraisse jeune.

J'espère pour lui qu'il n'aura pas d'élèves aussi chiants que moi me suis-je dite...

Le silence s'était tranquillement installé, le ciel s'assombrissait et au sol, seul la lueur rougeâtre de ma cigarette brillait. En levant la tête je vis une étoile filante passer.

Vous savez ce que sont les perséides? Ce sont des pluies d'étoiles filantes en quelque sorte, elles durent du onze au quinze aout. Il y a en moyenne un étoile filante par minute.

Je commençais à radoter, j'étais du genre à parler toute seule, peu importe qu'il y ai un auditoire intéressé ou non.

J'ai rarement assisté à ce spectacle, comme je l'ai dis je ne sors quasiment jamais de Palema et à cause de la pollution lumineuse on y voit que dalle. La dernière fois que je les aient vues c'était avec ma mère et...Ho pardon, je commence à raconter des anecdotes vaseuses, ça enlève tout le charme de ce spectacle.

Je rit doucement avant d'éteindre ma clope contre un caillou.

"... Savez... perséides... ?... pluies... en quelque sorte,... durent... onze... en moyenne... minute."

   Mince, elle venait de me dire quelque chose mais j'étais trop ailleurs, perséides ? Je suppose qu'elle parle des pluies d'étoiles filantes pendant les nuits des étoiles, elles sont arrivées il y a une semaine a peu près. A chaque fois que c'est l'époque j'ai quelque chose à faire et je les rate. ça doit vraiment être un spectacle à part, encore différent de cette nuit.

  Finalement la nuit noire est arrivée, je pense que nous ne verrons pas plus d'étoiles plus tard, mais le ciel est déjà remplie, Grande Ours et Petite Ours étaient présentes.

"J'ai rarement assisté à ce spectacle, comme je l'ai dis je ne sors quasiment jamais de Palema et à cause de la pollution lumineuse on y voit que dalle. La dernière fois que je les aient vues c'était avec ma mère et...Ho pardon, je commence à raconter des anecdotes vaseuses, ça enlève tout le charme de ce spectacle."

  Elle a l'air un petit peu plus ouverte, j'imagine que le ciel y est pour quelque chose, une beauté comme ça, ça change les idées, c'est bien pour ça que j'y viens de temps en temps. Si cette ambiance pouvait la détendre, j'imagine que c'est une bonne chose, elle avait l'air un coup perdu, un coup paniquée, et si elle est au chômage, peu importe qu'elle l'apprécie ou pas, la vie ne doit pas être parfaite.

"Pas besoin de s'excuser, je vois que le ciel nocturne fait son effet." Je prononçais ça en lui souriant, sourire peut-être invisible avec cette obscurité ceci dit. "Alors, pas déçue de la sortie nocturne ? C'est mon frère qui m'a fait découvrir ce qu'il savait en astronomie."

Pas besoin de s'excuser, je vois que le ciel nocturne fait son effet.

Mouais, si seulement c'était le seul facteur. Faut dire qu'en ce moment j'étais très...troublée. Je devais passer pour une folle. Heureusement ce type avait l'air de s'en moquer.

Alors, pas déçue de la sortie nocturne ? C'est mon frère qui m'a fait découvrir ce qu'il savait en astronomie.

Non je ne suit pas déçue, ça fait du bien de sortir de son quotidien de temps en temps.

Le silence commençait de nouveau à s'installer et moi à m'assoupir. Ce nid d'herbes était bien plus confortable que prévu.

"Non je ne suis pas déçue, ça fait du bien de sortir de son quotidien de temps en temps."

  Je ne lui fais pas dire, j'avais bien besoin de ça avant de commencer tout ce qui m'attend demain. J'ai dit que je commençais mon boulot de prof mais ce n'était qu'à moitié vrai, la rentrée n'étant pas encore effectuée, il n'y avait pas de cours à tenir. On allait simplement me faire visiter (alors que c'est la FAC dans laquelle j'ai étudié...), puis me fournir le programme afin que je prépare mes cours.

  On me fera aussi visiter la partie recherche du Campus, car je vais aussi entrer dans la recherche en même temps. Et ça ce sera mon vrai Job en attendant la rentrée... Je ne me voile pas la face, je vais être pris pour un larbin dès demain puisque ce sera mes débuts, j'espère juste pouvoir démontrer rapidement que je suis plus que ça, afin de pouvoir naviguer de mon côté en solo et choisir la branche de recherche que je souhaite intégrer.

  L'ambiance est devenue encore plus calme, ni elle ni moi ne parlons maintenant. Elle a même l'air à deux doigts de s'endormir, faut dire l'air est frais mais pas glaciale. Bon... Si elle s'endort je vais devoir jouer les nounous je suppose, je me demande si elle fait confiance facilement ou si elle est juste légèrement insouciante, on se connait à peine après tout. M'enfin, si elle venait à vraiment s'endormir je la surveillerai, je supporterai assez mal d'apprendre plus tard qu'une femme a été agressée alors qu'elle dormait seule dans la nature.

  Bon, dans tous les cas c'était pas encore le moment de rentrer, alors autant en profiter jusqu'au bout. Je m'allonge du coup de tout mon long en utilisant la butte comme oreiller, je mes un peu de temps à trouver une position qui ne me détruit ni le dos, ni la nuque, mais après ça je me retrouve tête vers le ciel, couché. J'en profite pour remettre un écouteur sur mon oreille gauche, pour continuer à entendre Anna à ma droite. Je vais quand même faire attention de ne pas être celui qui s'endort.

Je ne sais pas trop si je me suis endormie ou si j'étais vraiment absorbée par mes pensées, n’empêche qu'il commençait à se faire tard. Émergeant de mon sommeil je vis que Rekor s'était lui aussi plutôt bien installé. Je lui tapotai l'épaule pour attirer son attention.

Faut que j'y aille, ça fait deux jours que je suis pas rentrée chez moi et il faut que je m'occupe de mes chats, les pauvres ils doivent être affamés...

Je me levai, époussetai ma veste puis continuai:

J'ai pas de téléphone mais si tu veux je peux te donner mon adresse si t'as envie qu'on boive un coup quelque part ou que sais-je.

Ah, le passage au tutoiement était devenu instinctif pour le coup. Cette rencontre était totalement imprévue mais ce jeune prof avait l'air sympathique.

"Faut que j'y aille, ça fait deux jours que je suis pas rentrée chez moi et il faut que je m'occupe de mes chats, les pauvres ils doivent être affamés..."

  En effet, pauvres bêtes, ils vont surement lui faire la fête en la revoyant. Bon, puisqu'elle s'en va et que j'ai déjà bien profité du spectacle, je vais rentrer en même temps, va me falloir du repos pour la journée de demain.

"Bon, si je me retrouve seul, je vais rentrer aussi. Je vais avoir besoin de repos pour demain, on va me faire visiter tous les locaux et les labos... Enfin bref, Je t'accompagne un bout de chemin ?"

  Je l'ai tutoyé sans même m'en rendre compte, comme quoi, partager un moment, même de silence, ça aide à se rapprocher.

"J'ai pas de téléphone mais si tu veux je peux te donner mon adresse si t'as envie qu'on boive un coup quelque part ou que sais-je."

  Boire un coup ? Pourquoi pas, après une journée sous les ordres de mon futur chef que je ne connais même pas encore, j'en aurais peut-être besoin, je sors donc mon portable, hop, le pense-bête. D'ailleurs elle vient de me tutoyer aussi, normal si elle propose de boire un coup remarque, on a pas 40 ans, on se tutoie encore facilement.

"Bien je t'écoutes. Et même si t'as pas de téléphone, tu veux mon numéro au cas ou ?"

Attends une minute...

Je notai mon adresse sur un bout de papier puis lui tendis.

Voilà, 09 rue des cerisiers, dans le quartier Sud. Et pour te répondre, oui ce serait sympa que tu me raccompagnes.

Je lui souris puis commençai à marcher en direction de la ville. On allait peut être devenir amis mais il y avait quelque chose qui me chagrinait. Il n'avaut aucune idée de qui j'étais vraiment...Aurais-je du lui dire? Sûrement pas, ça aurait tout gâché. Je pensai à ce que j'allais faire en rentrant, à la suite des événements. Qu'allait-il se passer? Ma seule raison de vivre avait disparue. Tout ce qui me poussait à continuer, à me lever chaque matin, tout ça s'était évanoui.

"Attends une minute..."

  Elle sort un bout de papier et note ce qui doit être son adresse, elle n'a pas vue que j'avais sorti mon portable pour noter, tant pis. Elle me le tend, 9 rue des cerisiers, Quartier Sud. Quartier Sud... Parait que c'est pas terrible là-bas, pas le genre d'endroit ou on se promène pour voir du beau monde. M'enfin, si c'est pour aller au bar, où juste passer l'inviter ça devrait pas être horrible.

"Voilà, 09 rue des cerisiers, dans le quartier Sud. Et pour te répondre, oui ce serait sympa que tu me raccompagnes."

  Bien, j'entame donc la marche en retournant vers le chemin de terre qui relie à la ville. Quartier Sud, je lui ai proposé de l'accompagner un bout de chemin, mais je l'accompagnerai peut-être chez elle, après tout puisqu'elle m'a donné son adresse, ça fera moins stalker de lui proposer maintenant. Après si elle y habite, elle doit connaitre la réputation du quartier, et savoir par où passer... Bha je lui proposerai le moment venu on verra bien.

   "Du coup au final, glander ça se résume à quoi ? Tu dois pas rester toute la journée chez toi j'imagine."

  Merde, j'ai failli trébucher sur une branche, on voit rien du tout tellement ça s'est assombri, les étoiles et la lune n'éclairent absolument pas assez. Au moins j'ai évité le ridicule, je me suis rattrapé.

Du coup au final, glander ça se résume à quoi ? Tu dois pas rester toute la journée chez toi j'imagine.

Après avoir dit ça, Rekor trébucha et manqua de peu la chute, ce qui me fit bêtement rire.

Et bien avant ça consistait à traîner en ville avec mon petit ami...

L'évocation de Tyler m'avait perturbée, je me tus pendant quelques secondes avant de reprendre:

Mais maintenant je ne sors plus beaucoup, disons que c'est pas la joie.

Il est vrai que depuis quelque jours je ne voyais personne, mais ce que je ne lui disais pas c'est que c'était aussi à cause de ma potentielle recherche par la police.

Et toi, tu fais quoi pour t'occuper en ville? Je veux dire quand tu bosses pas.

Au moins, le risque de chute l'aura fait rire, remarque j'aurais rigoler aussi situation inversée.

"Et bien avant ça consistait à traîner en ville avec mon petit ami..."

   Un petit silence s'enchaina alors que sa phrase mourrait. Hmm... Surement séparée, mais ça doit pas être le genre de fille à se morfondre facilement, donc ça a pas du bien se passer. Soit.

"Mais maintenant je ne sors plus beaucoup, disons que c'est pas la joie."

   Ça m'avance pas beaucoup, remarque, je sors pas beaucoup non plus depuis pas mal de temps. Ca pourrait être l'occasion de ressortir un peu, surtout que mes amis de la FAC sont presque tous partis de Palema, et que je leur ai donné trop peu de nouvelles dernièrement pour les rappeler comme si de rien n'était...

"Et toi, tu fais quoi pour t'occuper en ville? Je veux dire quand tu bosses pas."

   Haha... J'aurais du la voir venir la question... Je suis censé répondre que je me morfondais sur la mort de mon frère et tuer l'ambiance juste avant qu'on se sépare ? Non... Bon on va oublier ce dernier mois et répondre comme si je venais de finir mon Doctorat.

"Bha disons que je sors pas beaucoup, pour être prof en FAC et chercheur, faut un doctorat, et je fais parti de ceux qui travaillent comme des fous alors... Disons que je préparais mes exams plus que je sortais, et le peu de temps que je passais hors des livres, je retrouvais des camarades de promo chez eux ou au bar. Maintenant que je suis calé, je vais pouvoir plus profiter de mon temps libre."

Bha disons que je sors pas beaucoup, pour être prof en FAC et chercheur, faut un doctorat, et je fais parti de ceux qui travaillent comme des fous alors... Disons que je préparais mes exams plus que je sortais, et le peu de temps que je passais hors des livres, je retrouvais des camarades de promo chez eux ou au bar. Maintenant que je suis calé, je vais pouvoir plus profiter de mon temps libre.

C'est bien ce que je pensais, un bosseur. Sur le chemin du retour nous discutâmes de tout et de rien. Une fois devant chez moi je ne fus pas étonnée de voir mes chats sortir à vive allure de la chatière pour se frotter contre moi.

Et bien dit donc, on dirait que vous êtes contents que je sois rentrée!

Je les caressai puis me tournai vers Rekor.

Bon, je te dis à la prochaine. Et merci de m'avoir raccompagnée.

Sur ces mots il me dit au revoir et je rentrai chez moi.