-"Je ne t'avais jamais vu avec un sourire comme ça... maintenant je suis sur qu'au moins, il te rend heureuse."

Mon propre sourire ne se trouve que renforcé par ses paroles. Oui, avec lui, j'étais heureuse. Il m'avait offert ce que je n'aurais jamais pu espérer, je ce que je savais exister mais que j'étais persuadée de part mon éducation ne pas mériter. J'avais tant reçu de sa part qu'aujourd'hui je n'arrivais pas à m'imaginer le monde sans lui, son nom toujours présent, de près ou de loin, dans mon esprit.

-"Laisse moi deviner: l'autre partie de l'histoire ne s'est pas faites de la manière la plus diplomatique qui soit."

"- L'inauguration de l'Aquarium. Je devais y aller avec Minato mais il était absent, en mission à l'étranger. Alors, je l'ai invité. Pour lui remercier, Et parce qu'un Sharks venant voir les requins, c'était cocasse. La visite s'est bien déroulée mais lors de la découverte des requins au public, j'ai repéré une Ombre. J'ai alors levé mon Kekkaï, nous y enfermant tous les deux."

Mon regard se voile. Ses mots, son ton, son attitude, tout en moi l'avait blessé à ce moment. Cruelle. Oui, je l'avais été même si cela n'avait pas été mon attention. Je déglutis un peu, tandis que je fixe l'horizon devant moi sans rien en voir réellement.

"- Elle était très forte et nous n'avons pas été trop de 2 contre elle. Elle était bien amochée quand elle a manqué de me tuer, transperçant ma Persona à ma place. David l'a alors achevé, avec une telle hargne avant de réaliser que j'étais vivante et de me rejoindre. mais dans nos états respectifs, il nous fallait des soins, urgents et vitaux pour lui."

Mes poings se sont serrés, au moins autant que ses dents ne l'avaient été ce jour là. l'appelle à Brook, la voiture que je conduis, l’infirmière qui nous récupère et qui commence à s'occuper de lui. Le silence qu'il gardait alors que sa main ne lâchait plus la mienne, même une fois inconscient.

"- Je l'ai emmené à l’hôpital, ou il a fallu l'intervention d'un Nephil soigneur pour le sauver pour de bon. De mon côté, avec quelques anti-douleurs, je suis rentrée chez moi. Perdue. Je ne savais plus quoi penser que faire ni même comment réagir. Je m'en voulais, terriblement et j'ai songé à ne plus jamais le revoir. plus ne plus risquer de nous mettre en danger, l'un comme l'autre."

Une pause. Oui, j'avais honte d'avoir os penser le fuir. Mais cela bien traverser l'esprit. Pour notre sécurité à tous les deux. Nous étions des ennemis et à partir de ce moment, nous le savions. Impossible de faire semblant. Notre amour était donc condamné à mourir à peine éclos. c'était ce que je croyais, à cette époque. Et pourtant...

"- Mais malgré le danger, une fois remis, il est venu me voir à l'agence. Il voulait savoir. Et finalement, nous n'avons pu que nous incliner devant l'évidence. Nos sentiments étaient plus forts que ces factions et ces mondes qui étaient censés nous séparer.
La suite... Pas besoin de te faire un dessin, si?"

-« La haine est la pire et la plus fidèle compagne de l’amour, la hargne de David est aussi une façon de t’aimer en soit. Enfin je suppose que tu n’as pas besoin de moi pour l’avoir compris. »

La haine, oui. Son regard calculateur, froid et son arme pointée sur moi en cet instant, cette seconde où je me suis demandée s'il allait le faire. Appuyer sur la gâchette, céder à cette pulsion si sombre que nous avons tous enfouis au plus profond de notre être. Et puis son regard qui change, ses mots, ses gestes et ses attentions. Oui, j'ai très bien compris ce qu'il est. Un animal dressé qui se muselle pour être certain de se contenir. Un reflet de moi-même, à la fois si semblable et si différent.

-« L’amour par-delà toutes les différences, et en étant conscientes de celle-ci… je trouve ça presque aussi effrayant que beau en fait… »

"- C'est clairement les deux. Même pour moi. "

-« Je ne vais pas te dire d’être prudente, tu le sais. Et je ne te dirai pas non plus que tu ne te défends plus seulement pour défendre ta vie à toi, ça n’as jamais été le cas en réalité. Mais reste prudente. Et même si j’ai horreur de devoir te le dire… ne te laisse pas non plus totalement aveugler par l’amour, n’oublie pas qu’à cause de ce que nous sommes, nous avons toujours une arme bien létale sur nous, une arme qui a déjà servi. »

"- Je le sais..."

Oui, il avait raison. Je ne pouvais pas me permettre de faire comme toutes ses héroïnes de films et de romans à l'eau de rose, éperdues d'amour qui ne savait plus différencier leurs rêves de la réalité. J’aurais plus que jamais besoin d'être capable de garder les pieds sur Terre et de rester parfaitement consciente de la précarité de ma situation. Car aussi à l'aise financièrement que je puisse être, tous nous séparaient, malgré l'amour que nous nous portions.

"- Est-ce que tu as des projets, pour ta part? Même sur du court terme? Ma question va peut-être te paraître idiote mais depuis que je suis obligée de réfléchir en terme d'avenir, cela me fait un peu bizarre. Mais au fond, je trouve cela agréable. "

Était-ce le fait d'être amoureuse? D'être enceinte? D'avoir traversé autant d'épreuves marquantes en si peu de temps ou un peu tout ça à la fois qui me faisait changer ma vision du monde? Peut-être. Je n'étais plus cette ombre inexistante qui luttait désespérément pour espérer atteindre un jour un petit point de lumière, j'étais moi-même devenue la lueur de quelqu'un. Et cela n'avait pas de prix.

-« Pour l’avenir… bah je suis entré en deuxième année à l’unif, plus que 4 ans normalement. Et pour Alexis j’espère la revoir un de ces jours, arriver à la faire sourire un peu plus peut-être. »

"- Félicitation pour ton année. Et pour le reste, c'est un beau programme. j'espère pour toi qu'il se réalisera. "

Je souris gentiment, piquant toujours machinalement dans le panier dont le contenu réduit à vue d’œil. Et moi qui me disait que je ne toucherais à rien, visiblement les deux petits monstres apprécient la cuisine de cette chère Annabel. A croire qu'ils veulent en plus donner raison au Doc' car à force de me faire manger comme cela, je vais forcément finir par grossir et j'avoue que l'idée ne m'enchante guère. Si je pouvais faire illusion encore un peu, cela m'arrangerais grandement.

-« Et sinon bah, je réfléchis à l’occasion à la possibilité de quitter le nid familial, je pense que j’arriverais à me débrouiller, mais bon…
M’éloigner pour attirer mes ennemis loin de mes parents, ou rester près d’eux pour mieux les protéger ? j’avoue que j’en reviens souvent à ça en fait. »

"- Ce choix sera le tien, je ne peux pas te donner de conseils là-dessus. J'étais déjà partie pour ma part avant de devenir Seraph. Et visiblement, je ne suis pas du genre à prendre les meilleures décisions qui soient."

Je me permets de rigoler un peu à ma propre réplique. Oui, je savais me montrer de bon conseils mais quand je regardais mon parcours, j'avais l'impression que beaucoup de mes décisions, bien que mûrement réfléchies, avaient entraîné bon nombres de conséquences imprévues et de soucis plus ou moins importants.

"- Dans tous les cas, si tu as besoin d'un coup de main, tu sais où me trouver. Je ferme l'Agence mais j'y habite toujours pour le moment."

-« Toi, ne pas toujours prendre les bonnes décisions ? Je présume que tout dépend du point de vue, mais vu le contexte tu me donne l’impression de t’en sortir franchement bien. »

Ah bon, à ce point? Dans ce cas, je fais encore plus illusion que ce que je croyais. Car si en effet je parvenais à m'en sortir dignement, c'était aussi parce que je reculais de mon mieux l'inévitable. Comme une future rencontre avec ma famille pour leur apprendre mon état et la réalité de ma situation, par exemple. Après, finalement, il restait vrai que je m'en sortais plutôt bien pour le moment. J'espérais que cela continuerais encore longtemps, même après ma grossesse.

-« Et puis, tout soucis séraphique mis de côté, une décision qui va offrir au monde deux petits bouts peut-elle vraiment ne pas être bonne ? »

"- Toute décision peut être bonne et mauvaise. C'est le contexte et les gens qui la prennent qui en fixent la réalité. Alors je prie pour faire partie de la 'bonne' catégorie."

Offrir au monde deux petits bouts. Wouh, j'avais encore sérieusement du mal à m'y faire et son regard vers mon ventre me fit légèrement rougir. Et dire que j'avais encore à peine conscience de leur présence. Ils ne bougeaient pas, restaient si discrets que j'aurais pu encore les ignorer longtemps si David n'avait pas fini par m'ouvrir les yeux. Et dire que je vais devenir Maman, alors que je ne les avaient même pas vus venir? J'espère que je saurais me rattraper.

-« Je note, de toute façon j’ai toujours ton numéro de portable. Enfin la prochaine fois j’espère que ce sera pour la déco de ma chambre d’étudiant ou une invitation à un repas, et pas pour une nouvelle disparition. »

"- J'aimerais autant. Car je me vois mal me remettre à poursuivre quelqu'un tout en ressemblant à une baleine."

L'image me fait rire tandis que le ciel se couvre légèrement. C'est fou comme le temps passe vite en bonne compagnie. Et même s'il en est une qui me manque atrocement, je profite également de celle dont je peux bénéficier. Après tout, je ne sais pas quand j'aurais l'occasion de recroiser Aleister non plus alors autant en profiter.

"- En tout cas, c'est ta mère qui va être content, j'ai mangé au moins pour deux sur ce coup-là, si ce n'est plus. Mais je vais devoir rentrer maintenant. Il me reste encore beaucoup de choses à régler de mon côté. "

-« Toi avec un ventre de femme enceinte de neuf mois… non je n’y peu rien, je n’arrive pas à visualiser, même après t’avoir vu avec ce pull rose. Tu auras intérêt à faire des photos, qu’on ait des souvenirs.
D’ailleurs en parlant de ventre rond, ils sont pour quand tes deux choux-roses ? »

"- Logiquement ce devrait être pour fin avril mais le Docteur m'a prévenu qu'une grossesse double ne va jamais jusqu'à 9 mois. Alors je ne sais pas vraiment. Il pourraient donc être là pour l'arrivée du printemps ou plus tard. Ce sera selon leur bon vouloir. "

C'est fou comme tout cela pouvait à la fois me paraître lointain et trop proche. L'idée des photos m'avait fait grimacer mais au fond, pourquoi pas? Après tout, ce n'était pas comme si personne ne le saurait et une grossesse n'a rien d'exceptionnelle en soi. Enfin, j'y réfléchirais. Peut-être.J'avoue que j'ai encore trop tendance à réfléchir en terme de preuves et autres alors laisser trop de traces derrière moi, cela me gêne un peu.

-« Je dirais que tu manges pour trois, au sens propre comme au figuré, et content que la cuisine de ma mère vous convienne. »

"- A qui ne conviendrait-elle pas en même temps? C'est tellement délicieux..."

-« Dis Naoto, avant que tu partes, j’aimerais te poser une dernière question, toi qui a plus vécu que moi. Le fait que l’amour que l’on ressent pour une personne est proportionnel à la haine que l’on peu déchainer sur celle ou ceux qui s’en prennent à cette personne, c’était une leçon que je devais découvrir de moi-même ? Ou tu espérais simplement que je n’en arrive jamais là. Ou alors haine et colère n’ont aucun rapport entre eux, malgré ce que j’ai pu dire ? »

Une seconde, mon regard croise le sien avant d'aller se perdre sur l'horizon. J'avoue que je ne m'étais pas spécialement attendue à ce que cette question tombe maintenant même si il me paraissait évident qu'elle sortirait un jour. Mon sourire a disparu mais mon expression reste calme malgré tout. Je soupire un instant avant de revenir le fixer, des excuses plein les yeux.

"- Même si je t'en avais parlé, cela n'aurait rien changé. Cette haine, cette colère, cette douleur, on ne peut réellement la comprendre qu'après l'avoir vécue. J'avais seulement espérer, un peu naïvement, que tu n'aurais pas à en faire l'expérience aussi tôt. Car il est des choses qu'on ne peut pas éviter éternellement. Pas dans notre condition. "

Oui, un jour ou l'autre, tout le monde ressentais cette volonté de faire payer à une autre personne le prix fort de sa propre détresse. A raison ou à tort mais c'était le propre de l'être humain. Et cela n'était que plus valable encore pour les Seraphs et les Nephils. J'esquisse l'aube d'un sourire à l'intention d'Aleister, repensant à cette soirée et cette recherche qui avait manqué de se terminer par un véritable drame.

"- J'aurais pu, non j'aurais du t'éviter cela. Mais si tu avais refoulé cette haine, si nous n'avions pas pu arriver à temps, je ne voulais pas la voir se retourner contre toi et te détruire. Alors, j'ai fait un choix. Je t'ai laissé assumer tes actes tout en restant là, pour le cas où tu aurait besoin de moi. Je n'ai pas été que complice. Au fond, j'ai été aussi bourreau que toi. "

-« Des petits bourgeons à naitre ? J’espère qu’ils ne seront pas trop difficiles avec leur maman d’ici là.
J’espère juste pour eux qu’ils ne seront pas trop prématurés… enfin je dis ça mais tu vas aussi devoir les porter de ton coté. »

"- Les supporter, surtout. Et rassure-toi, ils savent déjà très bien comment m'en faire baver."

Oui, j'avais dis cela en rigolant mais au final, ce n'était pas tout à fait faux. Maintenant que je savais d'où venaient les nausées et les crises de fatigues, je me doutais que toutes ses manifestations physiques étaient aussi une façon de leur part de se venger de mon comportement inapproprié. Même si je ne le voulais, je finirais par être sage. C'est eux qui finiront par me dresser et avoir le dernier mot, je n'en doute pas.

-« C’était inévitable que quelque chose du genre arrive ? Enfin c’était déjà arrivé tu vas me dire, j’ai déjà mes mains sales depuis un certain temps. Sans ça ce serait plus simple avec David d’ailleurs.
Qu’est-ce qui rend ce genre d’épisode inévitable au final ? Notre situation de conflit permanent, ou le fait que nous possédions à tout moment une arme en main, avec tout ce que cela implique ? »

"- Le simple fait que nous soyons humains et que nous nous laissions guider par nos sentiments. La raison à beau être puissante, le cœur, lui, restera malgré tout toujours supérieur. "

-« Une arme pour ne pas tuer, tu parles, belle hypocrisie, je n’ai même pas envisagé un instant de l’utiliser contre Jasmine… »

Une arme qui ne tuait pas? Je n'avais jamais entendu Aleister parler de cela de cela auparavant. un nouveau pouvoir qu'il aurait acquis récemment? possible. Ce qui pourrait aussi expliqué le fait qu'il n'ait pas songé à l'utiliser. Ça couplé au fait que le temps jouait contre eux et qu'une arme que l'on sait inoffensive n'est pas aussi dissuasive qu'une arme mortelle.

-« Tu n’as rien à te reprocher, au contraire tu as fait le seul choix possible, autant pour ma mère que pour toi-même…
Ta seule erreur, la seule chose dont tu es coupable, c’est de t’être liée d’amitié avec un gamin aussi tordu et psychopathe que moi en fait. Et aussi incapable de profiter des bons moments qu’il tente de s’offrir. »

"- Ma seule véritable erreur est d'avoir gâché plus de 20 ans de ma vie à chercher à changer l'inchangeable."

Je lui adresse un sourire optimiste. Oui, il y a eu des moments difficiles, il y en aurait d'autres. mais aujourd'hui était un bon jour alors autant en profiter tant que nous le pouvions. Je fixe un instant les quelques nuages épars qui se dessinent dans le ciel, soupirant doucement. Je pense à David, me demandant ce qu'il fait en cet instant, et me promet de l'appeler, pour le rassurer. Comme il ne voulait pas que je vienne, qu'au moins il sache qu'il ne m'est rien arrivé.

"- Je sais que c'est toujours plus facile à dire qu'à faire mais.... Même si tu regrettes tes actes, ce sont eux qui te font avancer. Les assumer est un poids souvent énorme à porter et c'est à ça aussi que serve les amis. Alors, si tu doutes, si tu tu manques de force ou si tu es trop fatigué pour continuer à avancer seul, Souviens-toi de nous. Car nous, nous pensons à toi.... "

Un petit message d'encouragement. Une piqûre de rappel aussi. Ce n'est pas parce que mon état changeait que mon amitié, elle, s'en trouvait dérangée. Nous étions amis, pour le meilleur et, dans notre cas, surtout dans le pire.

-« t’en faire baver ? Ils bougent déjà, ou tu penses juste à ton appétit de femme enceinte ? »

"- Ils doivent bouger mais je ne les sens pas. Par contre, entre les nausées, les coups de fatigues imprévus, mon appétit parfois assez bizarre et les légers malaises qui vont avec, je t'assure que ce n'est pas de tout repos. Mais bon, ce ne sera que temporaire."

Et vu le nombre de femmes qui ont déjà été enceintes avant moi et qui vont très bien aujourd'hui, il n'y a aucune raison pour que mon cas se passe mal. Même si je pars avec quelques petites difficultés de parcours supplémentaires mais ça, c'est un autre problème, qui ne dépend nullement des futurs jumeaux.

-« Si on était totalement logique ce serait moins drôle c’est ça ? Enfin oui c’est vraiment ça, on s’ennuierait trop à être logique. »

Ou pas. Mais le monde était ainsi fait et nous n'avions pas vraiment le choix. Il fallait faire avec, s'habituer à ce genre de surprises et quoi qu'il arrive, surmonter les épreuves et ne jamais faire marche arrière. Avancer à tout prix, quitte à devoir se reposer sur autrui pour y parvenir. Il n'y a pas de honte à demander de l'aide. Il n'y aura que les regrets de ne pas l'avoir fait quand il était encore temps.

Je termine juste mon encouragement lorsque je sens ses bras venir de nouveau m'attraper pour me serrer contre lui. Sa tête est déjà calé contre mon épaule et à son ton, je peux sentir qu'il retiens ses larmes. Même son sourire que je pouvais entrapercevoir ne dissimulait pas le fait que ses yeux étaient plus brillants que jamais.

-« Merci Naoto, merci d’être là, merci de toujours savoir répondre à mes questions… merci, et désolé de toujours trouver le moyen de revenir à des histoires trop sombres. J’espère que tu ne m’en veut pas trop malgré tout. »

"- Ça sert à ça, les amis. J'espère que toi aussi, tu me pardonneras de te causer tous ses soucis. Car je sais bien que tu t'inquiètes pour moi quand tu n'as pas de mes nouvelles. Et avec ce que je viens de t'apprendre, je te joue un sale tour car cela va devenir pire encore. "

Oui, j'en rigole alors que tout est vrai. C'est moi qui devrais lui demander pardon mais maintenant, je préfère assumer mes actes et mes choix. Je vais avoir de nombreuses responsabilités, bien différentes de celles que j'ai toujours connues, alors autant que je commence à m'y faire le plus tôt possible. car eux ne m'attendront, c'est une certitude.

"- Allez, remets-toi. Imagine un peu l'inquiétude que tu vas donner à ta mère si tu rentres avec les yeux aussi rouge. La pauvre, elle risque de s'imaginer le pire. Ce serait une bien vilaine farce de ta part à lui faire."

-« Ma mère m’as dit une fois que le job des parents, c’était de s’inquiéter de leurs enfants, et celui des enfants de donner du soucis à leur parents. Et je crois que la remarque s’applique aussi aux amis en fait. Alors pas besoin de s’excuser, au contraire merci de tout, même des soucis et des inquiétudes. Merci pour ta confiance et ton amitié. »

Si ces mots sont vrais, alors ma famille doit être l'exception qui confirme la règle. Depuis quand n'ais-je pas eu de nouvelles de mes parents? Quand en ont-ils pris à mon sujet la dernière fois? Je serais bien en peine de le dire. Mais pour la version sur les amis, je suis d'accord. Je me contente d’acquiescer et d'offrir un grand sourire à Aleister afin de l'aider à sécher les quelques larmes résiduels du jeune homme.

-« j’ai l’impression qu’on en fini toujours là, avec toi qui me dis de penser à ma mère. Ne t’en fais pas, je suis encore capable de la rassurer de temps en temps, et papa est toujours aussi doué à ce jeu-là lui aussi. »

"- Je suis rassurée alors. En tout cas, profite bien de ta famille. Tu n'en as qu'une et elle est précieuse. "

Oui, même si elle n'est pas ce que l'on voudrait être. Même loin et inaccessible, elle restait un élément fondamental à notre existence. La preuve, avec la douleur de David lors de l'annonce de la mort de son père. Ou moi et les tourments que me cause le simple fait de devoir encore tout taire et tout dissimuler, surtout à Minato.

Je me relève à mon tour, m'étirant un peu tandis que j'ai la sensation de me sentir un peu lourde. Ça, c'est encore un coup des deux là-dedans qui m'ont fait manger comme une goinfre alors que je n'avais pas faim. Vous verrez, tous les deux, vous aurez tout le temps de regretter vos bêtises quand vous serez bel et bien là. J'aurais deux trois petites choses à vous dire de vive voix.

-« De toute façon, David lui aussi va s’inquiéter si tu ne le contacte pas non ? »

"- Si. Même si on arrive pas vraiment à ce voir en ce moment, il ne peut pas s'empêcher de prendre de mes nouvelles. Ça me permets d'avoir des siennes aussi. "

Enfin, j'observe le parc qui est toujours aussi calme avant de rajuster mes vêtements une dernière fois. mon sourire reste encore collé sur mon visage tandis que je me tourne vers Aleister.

"- Bon, je vais te laisser. J'ai encore un chat qui m'attend à la maison et lui aussi sera capable de me faire passer un sale quart d'heure si je l'oublie trop longtemps.
Prend bien soin de toi, surtout. A la prochaine.
Et sois prudent."

Sur ses mots, je m'éloigne tranquillement, toujours dans mon allure de petit bonhomme qui ne pourra plus me servir pour très longtemps. Je marche d'un bon pas avant de rejoindre l'Agence ou, en effet, Arsen guettait mon retour. Et à peine arrivée, ce chenapan me réclame toute mon attention, me laissant seulement le droit de le prendre dans mes bras avant de m'asseoir. Et là, le revoilà venu se rouler en boule contre mon ventre, ronronnant chaleureusement. Toi aussi, tu les attends?

[ => Naoto quitte le rp ]