Suite de "Il n'existe aucun problème qu'un cookie ne saurait résoudre"

La Poudrière:

Cela faisait maintenant plusieurs semaines que l'incident du racketteur dans la boutique de Yui avait eu lieu, et celle-ci avait depuis noué d'étranges liens, entre confiance et méfiance, avec le client qui l'avait sauvée ce fameux soir.

Quelques jours après l'agression, il était revenu à la pâtisserie comme il l'avait dit, pour acheter de nouveau des cookies. Lors de sa première visite il avait demandé une grande quantité de cookies, et cette fois-là ce fut pire, il en demande une quantité énorme. Quantité que Yui n'avait pu lui fournir immédiatement.
Elle lui avait alors proposé de le livrer chez lui une fois que tous les cookies de sa commande serait prêts, plutôt qu'il ne revienne à la boutique, Yui ayant peur pour celle-ci. Il aurait en effet très bien pu faire sauter la pâtisserie lors de sa précédente intervention, aussi Yui avait dans l'idée qu'il fallait mieux pour sa boutique qu'il s'en tienne éloigné le plus possible.

Qu'elle ne fut pas sa stupeur en découvrant le magasin de son client pour la première fois, mi farces et attrapes, mi armes réelles en tout genre. Elle ne comprit alors que mieux pourquoi son client s'était retrouvé à brandir deux grenades dans son magasin, dont au moins une était fausse mais très réaliste.

Non loin d'être rassurée vu la quantité d'armes se trouvant dans le magasin, Yui préférait néanmoins livrer ses commandes, plutôt que d'imaginer son client revenir dans sa pâtisserie, muni d'on ne sait quelle(s) arme(s).

Son client, satisfait de la tournure des choses, s'était présenté et avait alors décidé de prendre commande de cookies toute les semaines.
C'est ainsi que Yui s'était retrouvée à passer un de ses jours de fermetures à faire des cookies plus que d'autres pâtisseries, et à les livrer à la boutique de C4 chaque semaine, le même jour à la même heure.

Une routine s'était installé et Yui avait appris à faire confiance à C4, au moins sur le fait qu'il ne représentait pas de danger immédiat pour elle, qu'il était gentil bien qu'un tantinet spécial et surtout qu'il était un très bon client.

Et ce jour-là c'était justement jour de livraison. Comme chaque semaine, Yui se mit en route avant les heures d'ouvertures de sa pâtisserie pour le magasin de C4. Il faisait froid en milieu d'automne, mais les couleurs entre les rouges, jaunes et marrons qui habillaient les feuillages des arbres et les lits de feuilles au sol, la mettaient de bonne humeur, et c'est pleine d'entrain qu'elle se trimballait un caddie rempli de boîtes pleines à craquer de cookies à travers le Quartier Est.

*Aahh ! Quelle belle journée qui commence !*

Son attention portée sur la beauté de son environnement, l'avait empêchée de remarquer qu'elle n'était pas seule, que quelqu'un marchait dans ses pas, dans l'ombre.

Une fois arrivée à destination, c'est toute guillerette qu'elle franchie la porte de La Poudrière, laissant dans l'entrée son caddie, pour ne pas gêner la circulation dans la boutique, et n'emportant qu'un carton au comptoir.

- Bonjour monsieur C4 ! Voilà votre livraison de la semaine ! J'ai testé une nouvelle recette, cranberries et chocolat blanc, vous me direz ce que vous en pensez !

Posant son carton sur le comptoir, elle retourna à son caddie pour continuer le déchargement.

Il ne perdait pas de temps, à peine livré, à peine mangé ! Yui ne s'en étonnait plus étant donné qu'il faisait ça à chaque livraison, la seule chose qui l'intriguait était sa capacité à engouffrer autant de cookies chaque semaine. À tel point qu'elle s'interrogeait vraiment sur son alimentation, et si celle-ci n'était justement pas uniquement composée de cookies...

- Désolée, je sais bien, mais j'ai encore du mal...

La politesse, la hiérarchie, avaient toujours été des maîtres mots dans son éducation très traditionnelle, aussi avait-elle beaucoup de mal à faire tomber cette barrière, surtout avec un client. Qui plus est quand elle se méfiait toujours un peu du dit client.

Enfin pour le moment elle n'avait pas s'en faire, il ne s'était rien passé d'étrange ou de dangereux depuis le soir de leur rencontre, rien en plusieurs semaines. Aussi l'appréhension de Yui s'atténuait petit à petit, sans complètement disparaître. Il n'y avait qu'à voir son magasin pour se convaincre qu'un minimum de méfiance était de mise.

C4 était venu l'aider à décharger les cartons de cookies et ils avaient d'ailleurs presque fini quand une autre personne entra dans le magasin.

*Oh ! Lui !!!*

Yui se figea net. C'est lui, cet homme, celui qui était venu la racketter dans sa pâtisserie plusieurs semaines auparavant. Il avait quelques balafres en plus sur le visage et sur son avant-bras gauche, celui qui n'était pas tatoué, mais c'était bien lui, aucun doute possible. Son tatouage sur le crâne, son tatouage sur l'avant-bras droit, c'était lui.

*Mais que que que, qu'est-ce qu'il fait là lui !!*

Le caddie vide, le dernier carton entre les bras, Yui regardait avec horreur et stupeur le malfrat qui ne manqua pas de s'en rendre compte.
Il la regarda, avec son affreux sourire narquois et son regard vicieux tout en lui adressant la parole de manière moqueuse.

- Hey salut ma jolie ! Ça faisait longtemps, je t'ai manqué ?

Incapable de bouger, de détacher son regard du malfrat, Yui se cramponnait de toutes ses forces au carton de cookies dans ses bras. Ce fut le malfrat qui débloqua la situation en arrêtant de la regarder et en tournant son regard vers C4.

- Salut l'barjot ! Tu te souviens de moi ? Apparemment ta petite copine elle se souvient de moi elle !

Son sourire narquois était de plus en plus large et déformait presque son visage tandis qu'il regardait C4 avec une attitude provocante. Il s'avançait tout doucement vers lui et avait dépasser l'endroit où se trouvait Yui.
C'est à ce moment là qu'elle s'aperçut qu'il était armé d'une batte de baseball.
Alors qu'elle sentait son cœur s'emballer de peur, la porte d'entrée s'ouvrit de nouveau.
Elle regarda dans sa direction et ses muscles se raidirent alors plus fort encore.

- Tu te rappelles, je t'avais parlé de mes potes, je me suis dit qu'il était temps que je te les présente.

Le malfrat adressant toujours la parole à C4, était suivit de quatre malabars aux allures plus effrayantes les unes que les autres.
Yui, paniquait et c'est sans pouvoir bouger ni parler qu'elle assistait impuissante à la scène qui se déroulait sous ses yeux.