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Ce soir, c'était le grand soir. Alors, je m'étais mise sur mon 31. Enfin, disons que je m'étais fait plaisir. Un Bal costumé, il y avait longtemps que je n'en avais pas fait et je trouvais l'idée ma foi assez drôle. Enfin, c'était une occasion un peu spéciale malgré tout puisque si j'avais été conviée à cette soirée, ce n'était pas uniquement en raison de ma position de 'fille de'. Non, ce soir, je serais un des personnages principal de l'évènement.

Normalement, le fils Werner devrait être présent aussi. Ma famille s'est enfin mise d'accord avec celle de mon futur époux. Il est temps que nous nous rencontrions pour de bon. personnellement, je n'ai pas la moindre idée de ce à quoi il ressemble et je m'en moque. Après tout, on ne me demande pas de l'aimer, juste de l'épouser. Pour offrir à notre nom et au sien une plus grande renommée ainsi que des avantages supplémentaires. Tout n'est donc qu'une simple question de marketing, rien de plus. Mais je jouerais mon rôle, pas de crainte à ce sujet.

Et puis, ça me manquait de pouvoir me pavaner dans les salons et les cocktails. Cela me changera un peu de la chasse aux Ombres et des entrainements au QG. Alors j'ai pris le temps de me pouponner bien comme il se doit, mes longs cheveux laissé lâchés dans mon dos et brossés à la perfection, ma tenue à inspiration asiatique aux motifs rappelant les araignées et leurs toiles me représentant bien. une fois pris dans mes filets, personne ne peux s'en sortir.

A l'heure prévue, mon chauffeur me dépose devant les porte de l’hôtel de Luxe "L’Étincelante Dame". La réception se tient au dernier étage et de nombreuses personnalités sont déjà présentes. Oui, il ne faut pas trop se faire désirer mais ne pas arriver en avance. Après tout, je n'ai pas que cela à faire. Mais je me contente de tendre mon invitation officielle au maitre d’hôtel avec un sourire charmeur tandis qu'arrivée devant la salle où se déroule la fête, j'y pénètre telle une reine dans sa propre cour.

Ça y est, les hostilités sont lancées. Parfait. Et comme prévu, j'ai fait mon petit effet. Même pas besoin de Hérault comme au Moyen Age pour annoncer mon arrivée, ma simple prestance suffit à tous les laisser quoi. Ah, si je n'étais pas moi, je m'embraserais tiens. Enfin, mon sourire demeure, tandis que déjà, quelques grands pontes se font un devoir d venir m'escorter, venant m'offrir une de ces fameuses coupes qui se promènent sur d'argent d'argent par des hommes habillés en pingouins et aussi invisible que moi j'attire tous les regards.

Je prends des nouvelles des quelques connaissances que j'ai sur place. Comment vont les cours de la Bourse, oui les cheveux prêté par le haras familial sont d'excellente monture, grand merci pour cette chouette hulotte, j'en prend soin et non, je n'ai pas retrouvé de maitre d'armes depuis ma dernière compétition. J'échange quelques rires, je demande des nouvelles des filles et fils, des épouses qui n'ont pour certaines pas pu venir et des activité de chacun.

Je fais très bonne bonne figure, au courant des spécialités de chaque nom, de chaque famille afin de faire honneur à mon nom. Et jusqu'à maintenant, cela m'a toujours très bien servi. La preuve, j'ai des tas d'appuis, des tonnes de personnes prêtes à m'offrir leur soutien en cas de souci. Enfin, il y a des nouvelles têtes dans cette salle, des personnes que je n'ai jamais rencontrées auparavant. Mais avant d'aller faire connaissance, bien se montrer et se faire voir. Alors, sinon, j'étais là pour quoi déjà? Ah oui, le fils Werner.

Bon alors, j'étais censée rencontrer le fils Werner. Mais ou est-il caché celui-là? Bon, pas de quoi s'inquiéter, je suis actuellement en très agréable compagnie et puis, c'est une réception officielle. Si le but est de nous rencontrer, en profiter pour nouer de nouveaux contacts ne sera jamais une peine perdue. Et puis, c'est à lui de venir me chercher. S'il est un tant soit peu habile, il saura me trouver de lui-même. Sinon c’est qu'il n'en vaut pas la peine.

- ... bonsoir, mademoiselle Cartier. Au nom de la famille Werner, je vous souhaite la bienvenue dans cette modeste fête.

Oh, tiens donc, une petite tête blonde vient de faire son apparition au centre de la marée des hommes me faisant déjà la cour. Et qu'elle surprise que d'entendre son nom. Mister Werner donc. Eh bien, tu fais drôlement chétif mon coco, tu as du manquer un peu d'exercice toi. Enfin, je délaisse quelques instants mes admirateurs du moment pour me focaliser uniquement sur ce cher garçon.

"- Monsieur Werner, c'est un honneur et un privilège que de pouvoir représenter ma famille, aussi modeste soit-elle, parmi les fastes d'une si belle réception. Avec tout mon respect, veuillez recevoir les plus humbles salutations de la famille Cartier."

Et après de si mielleuses paroles accompagnée d'un sourire ravissant et d'une œillade charmeuse, la révérence, exécutée de main de maître avec toute la grâce et la délicatesse qui sied à une jeune fille de la haute société comme moi. Evidemment, les murmures autour de nous vont bon train alors que déjà, certains s'éloignent. Ils ne sont pas stupides, même si tous ne sont pas au courant des raisons exactes de ma présence ici. Mais pour que le fils Werner sorte de sa réserve c'est que je ne suis pas n'importe qui et ça, tout le monde l'a tout de suite compris.

- C'est tout autant un honneur pour ma propre famille d'avoir la présence...
... hem... d'une demoiselle aussi élégante que vous..

Eh bien, tu es plutôt mignon mais même si tu as été à bonne école, tu n'as pas l'air d'être une foudre de guerre, mon cher. Enfin, au moins il a fait un effort. Remarque encore heureux qu'il soit resté dans le domaine des compliments car je pense que rien qu'autour de moi, j'aurais pu déjà avoir une horde de futurs possibles prétendants qui auraient prêt à se jeter à mes pieds pour prendre ma défense.

"- Tout le plaisir est pour moi. Je dois bien admettre que je commençais à être curieuse à votre sujet aussi, vous rencontrer est un véritable plaisir."

Voilà, les bonnes manières, les bons gestes, les bonnes attitudes. le sourire, l'allure noble, droite et parfaite qui me va si bien et le tour est joué. Mon verre encore à moitié plein entre mes doigts est déjà remplacé par un plein mais frais, contrairement à l'autre qui avait commencé à réchauffer. Je fais quelque pas pour me rapprocher de mon promis, sous les regards aussi bien envieux qu'approbateurs des invités les plus proches.

"- Puis-je vous demander si vous connaissez le programme des réjouissances? Mis à part le fait que je devais vous rencontrer, je n'ai pas eu davantage d'informations. Peut-être en avez-vous eu plus que moi."

Je ne marche pas, je lévite, je me glisse jusqu'à lui, coulant entre les personnes présentes sans même les effleurer, démontrant là un partie de mon art. Je suis là, si rayonnante et pourtant aussi invisible pour ceux qui ne m'intéressent pas. Je suis une perle rare, je tiens à ce qu'il s'en rende compte. Car doué ou pas, ce cher Werner, il va bien falloir qu'il compose avec moi.

"- Puisque nous en sommes au stade des présentations, et si nous commencions par le début? Puis-je avoir l'audace de vous demander votre prénom, très cher?"

- Le plaisir est totalement partagé.

C'est marrant mais je suis loin d'être réellement convaincue par ses propos. Pourtant, me rencontrer ne peut être qu'un plaisir en soi. Bon, je peux envisager l'idée que Monsieur ait déjà eu le cœur pris par une ravissante petite soubrette de sa maisonnée mais franchement, mon gars, t'aurais pu tomber sur bien pire que moi. Alors, souris au moins. Et comme t'as pas l'air très doué, je vais t'aider un peu en t'offrant de quoi ouvrir la conversation. Je sais, je suis trop bonne.

- Mon père va vous faire un discours d'accueil officiel. Ensuite l'orchestre commencera à jouer pour le bal et...
Puis il y a un feu d'artifice qui sera lancé sur le toit
En dehors de cela, vous avez bien entendu un accès complet aux dégustations et aux rafraîchissements.

"- Voilà qui promet une charmante soirée. J'ai grand hâte de rencontrer votre Père. On m'a fait de si nombreuses éloges à son sujet. Il est rare de pouvoir encore rencontrer des grands hommes tels que lui."

Et hop, un petit coup de brosse à reluire, ça ne fait jamais de mal. Et puis, Werner premier du nom n'était pas n'importe qui. Pour que ma Famille l'ait choisi, où plutôt sa descendance, comme meilleur parti pour leur fille unique et si précieuse, c'est qu'il devait représenté plus qu'un simple nom associé à de l'argent. Après, les détails, personnellement, je m'en passe. Tant que ça joue dans mon intérêt, je n'ai pas besoin d'en savoir plus.

- Vous pouvez. Je me nomme Ezreal Werner, et, si je ne me trompe pas, vous êtes mademoiselle Cassandre Cartier ?

"- C'est cela. On vous a parfaitement renseigné à mon sujet. En tout cas, vous avez un prénom très original, je ne l'avais encore jamais entendu. Comme ça, je serais certaine de ne pas vous oublier, remarque."

Et hop, on accompagne le tout d'un sourire ravageur et voilà le travail. Rougira, rougira pas? Est-il juste coincé ou carrément mal à l'aise? Si ça se trouve, il préfère peut-être les hommes. Ce serait cocasse comme situation mais en même temps, j'avoue que cela ne me gênerait nullement. J'imagine bien la chose, chacun s'envoyant en l'air de son côté mais restant ensemble pour le beau jeu des apparences. Dieu que ce serait excitant ! Enfin, ne rêvons pas trop.

"- Votre costume est vraiment superbe mais ne risquez vous pas d'avoir chaud avec toutes ses épaisseurs? Il serait dommage que vous vous sentiez mal. Je ne voudrais pas que l'on croit que c'est de ma faute si vous veniez à faire un malaise. "

- Vous devrez bientôt être satisfaite alors.

Oh, si tu savais réellement ce qui pourrait me satisfaire, je crois que tu partirais en courant, cher monsieur Werner. Mais ça, je me garde bien de le dire. Je repère en effet l'hôte de cette soirée au cœur de la foule, là où se trouve logiquement sa place, bien occupé à discuter avec d'autres homme de sa classe mais n'ayant pas tout à fait sa prestance. Il est classe quand même, le futur beau-papa.

- Heu... Ne vous en faites pas, je suis plus solide qu'il n'y parait.

"- Très bien, si vous le dites."

C’est moi ou il a l'air un peu ailleurs, ce cher Ezreal? Pour le coup, je me sentirais presque vexée de ne pas avoir son attention pleine et entière mais bon, je ne doute pas que cela va venir. Comme pour tous, bientôt, je lui serais tout simplement indispensable. Il lui faut juste le temps qu'il le comprenne et qu'il le réalise. Mais cela ne prendra pas longtemps. Et tandis qu'un serveur récupère ma coupe à peine à moitié vide, je remarque le signe de main du paternel en direction de son fils à mes côtés.

"- Je crois que vous êtes attendu par votre Père, mon cher. Accepteriez-vous de me laisser vous accompagner? "

Bon, en fait, ce n'est pas une question. Il sait parfaitement que je dois venir, c'est le but du jeu. mais pour les invité alentours, comme ça, cela reste encore un secret. De polichinelle certes, mais un secret quand même. Et puis, je lui permets de sauver la face là où il ne semble vraiment pas à son aise. Heureusement que je suis là pour lui sauver la mise quand même.

- Bien sûr. Si vous voulez bien me suivre...

"- Avec grand plaisir."

Je le laisse venir saisir mon bras que je lui tends, afin de lui faciliter la tâche, avant de le suivre d'un pas gracieux et élégant, le sourire aux lèvres et le port de tête altier. La première impression est souvent la bonne et je m'en voudrais de décevoir le papa Werner. Moi, je l'ai déjà entre aperçu, lors de visite à la demeure familiale, mais il y avait de cela au moins 8 ans. Sans doute le jour où ils avaient décidés de cette fameuse alliance. Enfin, nous voici arrivé à bon port. Mon cavalier aura au moins su faire ça.

- Mademoiselle Cartier, vous êtes encore plus ravissante que je ne le pensais. Je vous souhaite la bienvenue à Palema et espère que cette modeste réception vous satisfait.

"- Messire Werner. Quel honneur pour moi de vous rencontrer enfin. Veuillez recevoir les sincères salutations de la famille Cartier par le biais de ma bien maigre présence. "

Je me fend d'une révérence parfaite et encore plus plongeante que celle dédiée à mon futur promis. Le Père n'est pas la même pointure que le fils et c'est lui qui est le plus à impressionner dans le lot. Le fils, j'aurais tout le temps pour le travailler au corps par la suite. Et visiblement, il y a du travail à ce sujet.

"- Cette réception est vraiment parfaite, tout à l'image de votre famille et de votre société. J'ai appris que cette dernière se portait à merveilles depuis sa dernière acquisition. Le rachat des entreprises Mylan était un pari risqué mais une fois de plus, vous avez su démontré tout votre savoir-faire, j'en suis impressionnée. "

Un petit coup de flatterie tout en montrant mon intérêt -tout relatif mais bien nécessaire- pour la vie et le déroulement des affaires de cette famille. Eh oui, je ne fais jamais les choses à moitié, ce ne serais pas drôle sinon. Et autant frapper fort dès le départ, qu'il me considère d'office comme la belle-fille idéale. Au cas ou de possibles autres prétendantes aient pu exister, on ne sait jamais.

- Ne soyez pas si flatteuse voyons, surtout pour une petite opération aussi aisée que celle des entreprises Mylan. Je suis cependant ravi de constater que vous êtes aussi bien informée sur nos activités que je le croyais.
Puisque vous êtes enfin réunis, il est grand temps de l'annoncer à tous.

Je me contente d’acquiescer à sa remarque, notant qu'il est au moins aussi faux que moi. Même si ce mariage doit bien plus l'intéressé que nous, qui sommes pourtant les premiers concernés, il me jauge et me juge. Je t'en prie, rince-toi l’œil papy. Je suis peut-être promise à ton fils mais toi, je ne te dois rien encore. Et comme tu as pu le constater, j'ai de nombreux prétendants tous prêts à se jeter sur moi à la moindre erreur. Alors oui, annonce-leur la grande nouvelle.

- Chers amis, je vous remercie pour votre présence à cette modeste fête organisée par la famille Werner. J'espère que vous vous amusez bien et que les rafraîchissements sont à la hauteur de vos goûts distingués.
Je tiens à partager avec vous une nouvelle qui me réchauffe le coeur et en fera j'espère de même avec les vôtres. Je vous présente la promise de mon fils aîné, Ezreal Werner, une magnifique demoiselle distinguée répondant au doux nom de Cassandre Cartier. Venez mes enfants, ne soyez pas timides.

- Allons sous les feux de la rampe très chère.

"- Je vous suis, très cher."

Ah, que c'est bon. Tous ces regards, ces murmures, ces lumières et le silence qui tombe pour nous laisser apparaître tels des papillons venant juste d'éclore sous les yeux médusés d'une foule retenant encore son souffle. Je me tiens droite et fière, un port de reine accompagnant un sourire de princesse alors que je profite de cet interlude pour observer la salle.

Tous les grands pontes sont là et je ne doute pas une seule seconde qu'au moins l'un d'entre eux parmi cette foule est au service de ma famille. Il faut bien quelqu'un pour faire des rapports à mon paternel. Mais il n'aura rien à redire sur ma conduite. En apparence, je suis parfaite. Mon rôle, je le connais par cœur et le maîtrise les yeux fermés et les bras attachés dans la dos. Mais cela ne m'empêche pas de garder ma liberté de penser.

- Que d'émotions mes amis... Je leur souhaite tout le bonheur qu'ils peuvent avoir et méritent amplement. Afin de fêter ces fiançailles, ils vont avoir l'honneur d'ouvrir le bal. Allez mes enfants, montrez-nous vos talents de danseurs émérites.

En tout cas, il ne fait pas preuve de beaucoup d'imagination, ce cher futur beau papa. Enfin, on ne lui demande pas d'être un grand animateur d'événementiel non plus. Et pour l'émotion, la sienne est loin d'être flagrante. Un bon goupil en gros, je note ça. Et bien entendu, après l'annonce, vient le temps d'ouvrir le bal. Honneur qui nous revient de plein droit. Quitte à déjà les éblouir de ma présence, autant que je le fasse aussi par mes multiples talents, qu'ils s'en mordent tous les doigts de me voir si proche d'eux et parfaitement inaccessible.

- Puisque vous faites sensation, il serait dommage de ne pas continuer, n'est-ce pas ? Si vous voulez bien continuer de me suivre...

"- Toujours, Ezreal..."

Tu as l'air ravi. Tu parviens encore à le dissimuler aux autres mais avec notre proximité, c'est râpé. Enfin, je peux comprendre et tant que tu ne gâches pas tout, je ne dirais même rien d'ailleurs. Par contre, tu as intérêt à te montrer à la hauteur. Je ne suis pas certaine que ton cher paternel apprécierait que nos fiançailles tout juste officialisées soient rompues par la faute de la chair de sa chair.

Placés au centre de la salle, main dans la main et en position, l'orchestre compte 4 mesures pour rien avant d'entamer une valse viennoise traditionnelle. Une dans faite pour les hommes, ou les femme n'ont rien d'autre à faire que de suivre leur cavalier. Pour le coup, j'ai de a chance, il se débrouille plutôt bien à ce jeu-là. Aussi, je me laisse aller sereinement, suivant ses pas avec assurance tandis que j'active mon pouvoir, plus par habitude qu'autre chose.

Oui, cela m'amuse de découvrir des fantômes ou des âmes accrochées à droite à gauche, un peu perdues, évoluant au milieu de nous sans pour autant que personne ne les voit. Sauf moi. Mais là, je reste une seconde un peu surprise. C'est qui, lui? Et pourquoi lui ressemble t'il autant? Il n'est pas simplement présent, ce n'est pas comme avec les autres. Je n'ai jamais vu cela. Et mon sourire s’agrandit alors que je suis persuadée que son regard a capté le mien. Alors, je me rapproche pour venir souffler quelques mots à l'oreille de mon promis.

"- Maintenant que nous sommes officiellement fiancés, il va falloir me dire la vérité. Qui est donc ce double de vous-même? "

- Heu... navré, je ne vois pas de quoi vous parlez. A moins que vous ne parliez d'un de mes frères ?

"- Très cher ami, ne me prenez pas pour plus sotte que je ne suis, voyons. "

Et je continue de l'observer. Cet être qui est un parfait double d'Ezreal avec un air un peu plus... Non, beaucoup plus joueur. Même un brin sauvage voir presque pervers. C'est sans doute ce que beaucoup de gens appelleraient le côté obscur de la force vu que la mode est à Star Wars. Mais je sais trop ce monde rempli de magie pour ne pas y penser. Oui, ceci pourrait expliquer cela. Mais je vais me taire à ce sujet pour le moment. Cependant, je ne me départi nullement de mon sourire.

"- Je parle de cet homme, qui visiblement ne fait qu'un avec vous. Et qui semble plus que ravi de ma présence... "

Je parle toujours très bas, de façon à ne pouvoir être entendue que de lui. La musique couvrira nos paroles, nos mouvements le souffle de nos voix. Et la danse est longue, c'est une particularité des valses, alors cela me laisse encore quelques instants pour en profiter. Enfin, je vais lui laisser le temps de bien intégrer tout ça, laissant mon regard revenir se fixer dans celui du deuxième.

"- Ma vue n'est peut-être pas aussi bonne que la moyenne, c'est vrai, mais cela ne m'empêche pas d'être clairvoyante.  "

- Et qu'est-ce qui donne cette... clairvoyance ?

"- Le simple fait d'être différente, peut-être..."

Après tout, pas besoin d'être un génie pour se rendre compte que je ne suis pas tout à fait normale. L'albinisme n'est pas une maladie grave en soi bien qu'elle puisse le devenir mais elle reste un phénomène rare et qui toujours attire avec elle de nombreuses questions. Alors oui, je joue sur les mots comme je joue avec tout dans ma vie. Je stop cependant mon pouvoir, pour ne pas risquer de trop me fatiguer. J'ai découvert un joli secret, je saurais m'en servir, qu'il accepte de m'en dire plus ou non.

"- Enfin, laissons cette histoire de côté. Il est vrai que vous êtes un formidable danseur. Je n'ai que rarement eu l'occasion d'avoir un cavalier aussi expérimenté. Vous êtes vraiment plein de talents cachés. "

Et voilà, n'en parlons plus. Même si je ne me gêne pas pour glisser une dernière allusion à ce que j'ai aperçu un peu plus tôt. Pas la peine de le bousculer. De toute façon, nous serons forcément amenés à nous revoir alors je ne doute pas une seule seconde que nous aurons l'occasion de reparler de cet épisode. Mais seul à seul, sera plus propice à la discussion. Ici et maintenant, il y a trop de monde.

- Merci. Vous êtes également très douée, c'est agréable d'arriver à s'harmoniser le temps d'une danse. Je ne doute pas un seul instant que vous possédez vous-même beaucoup de talents que je ne demande qu'à découvrir.

"- Ce sera avec plaisir que je vous les ferais découvrir. En échange de découvertes sur vos propres talents, cela va de soi... "

Non, je n'abandonne pas l'idée d'en savoir plus à propos de ce double de lui-même que je suis certaine d'avoir vu se manifester. Lui aussi m'a vu, c’est une certitude. Il m'a fixé de façon trop prononcée pour que ce ne soit qu'un simple hasard. Mais je n'en rajoute pas plus et dans mes propos, rien ne prouve que je parle de nouveau de cette histoire, je sais me tenir malgré tout. Et il serait inopportun de faire fuir mon promis à peine quelques minutes après l'annonce officielle de nos fiançailles.

A moins que vous ne souhaitiez continuer à évoluer au gré des mélodies, je vais... prendre un peu l'air. Tout ce monde rend les lieux assez suffocants.

"- Eh bien, je pense que je vais vous suivre. Rien ne vaut un bon bol d'air frais après une danse rythmée et bien menée. Et puis, j'apprécierais d'avoir un peu moins de monde autour de moi quelques instants. "

Je ne me fais pas d'illusions. Même si nous sortons, tous les regards, ou du moins la plus grande majorité, resteront tous fixés sur nous. Nous sommes les stars de cette soirée et tout le monde va guetter aussi bien nos erreurs que nos succès, chacun avec des raisons qui lui sont propres. Les nobles ne sont rien de plus que de vulgaires vautours. Mais moi, je suis un aigle, majestueux et impérial, qui les surplombe tous. Alors, sachez rester bien à vos places, messieurs dames.

Je prends le bras de mon cavalier comme il se doit avant de le suivre en direction de l'extérieur et du balcon. Il n'y a personne encore aussi avons-nous les lieux pour nous tous seuls. Et à présent que nous y somme, mis à part le seigneur de cette soirée à savoir monsieur Werner père, je ne vois personne qui oserait venir nous y déranger. Enfin, c'est tant mieux, cela nous laissera un peu de temps tranquille, c'est appréciable dans ce genre de réception.

Et il faut bien admettre que la vue est vraiment splendide. Comme quoi, il n'y a pas forcément besoin de grands feux d'artifices pour remplir un ciel nocturne de jolies décorations. Les simples feux de la ville, les vagues que l'on peut deviner au loin sous le rai de lumière unique perdu d'un phare encore en état de marche.

Je délaisse un instant le bras de mon promis pour m'approcher de la rambarde ouvragée pour y appuyer es coudes. Je respire à plein poumons l'air frais rempli de lointains relents d'iode. La fraicheur ne me permettra pas dans ma tenue de demeurer longtemps ici au risque de tomber malade mais je profite malgré tout de ce petit intermède. Ici, on ne nous entendra pas. Pourtant, je parle doucement mais si bien assez distinctement pour qu'il puisse m'entende.

"- Tu peux arrêter de faire semblant de sourire ici, ça te reposera les zygomatiques. Sinon, pas trop déçu?  "

- Je suppose que j'aurais plus bien plus mal tomber. Et vous ?

"- Mon avis a t'il vraiment une importance quelconque? "

Non, je ne te snobe même pas, je replace juste les choses dans leur contexte. Nous sommes des privilégiés, la crème de la crème, l'élite de ce monde mais malgré tout, nous ne sommes rien de plus que des oiseaux en cage, dorées et rutilantes certes, que tout le monde nous envie, mais des cages malgré tout. Des prisons dont nous ne pouvons casser les barreaux, trop murés par nos bonnes manières et nos habitudes de richesse et nos volontés de ne pas quitter ce monde tellement hors d'atteinte.

"- Je ne suis pas spécialement déçue, sans être ravie pour autant. Un mariage arrangé n'est qu'un des multiples devoir qui nous incombe. Au moins, j'ai la chance d'être promise à un homme de mon âge et plutôt mignon, il faut l'avouer. "

Combien de gamines d'à peine seize balais se retrouvaient à devoir se marier pour la bonne cause à des vieux libidineux et bedonnant ayant au moins trois fois leur âge? J'avais la chance de valoir assez cher aux yeux des miens pour m'éviter cette horreur, même si je n'éviterais pas de devoir remplir le rôle qui est le mien. Vu comme il est coincé, je reviens au vouvoiement, afin qu'il cesse de s'inquiéter de la sorte. Je ne vais pas le manger après tout.

"- Comme nous sommes là, y a t'il des questions que vous aimeriez me poser? Cette soirée étant celle de nos fiançailles, autant en profiter pour apprendre à se connaitre, qu'en pensez-vous? "

- Sans doute que non aux yeux de la plupart des gens, mais aux miens oui.

"- Bel idéaliste et doux utopiste. Cela vous sied plutôt bien. "

Pas de condescendance ni de pitié. Une simple observation des faits. Nous beaux, jeunes et riches. Selon le monde entier nous avons tout ce que nous pouvons désirer. Mais il nous manque pourtant une chose, que nous aimerions pouvoir chérir autant que les bonnes gens que nous voyons évoluer au pied de nos tour d'argent. La liberté.

Je profite de la vue qui, en raison de sa faible luminosité, n'agresse nullement mes pupilles. Même si je ne distingue pas aussi bien qu'un humain lambda chaque détail, certains trop sombres ou trop clairs pour moi, je n'en ai pas besoin pour me délecter de ce spectacle. C'est beau, oui. Mais coûte cher aussi dans un sens. Un prix que nous seuls connaissons pour devoir le payer.

- C'est une bonne idée, bien que je sois loin d'être doué pour ce genre d'exercice. Je ne sais pas trop... Avez-vous déjà quelqu'un dans votre vie ? Enfin... officieusement.

"- Pourriez-vous être jaloux d'un homme ayant croisé le chemin d'une fille qui, jusqu'à il y encore quelques minutes, vous était aussi indifférente qu'inconnue? Je m'en sentirais presque flattée..."

Bon, là, je m'amuse, c'est clair. Mais bon, je ne vais pas pleurer non plus. Je ne suis pas de ces pauvres gamines pleurnichardes à qui l'on cède tout. J'accède au même résultat avec un standing 100 000 fois plus élevé et tout en subtilité. C'est là que réside tout mon art. Je me suis lentement retournée pour lui faire face et ainsi voir également si d'autres personnes nous observent mais visiblement, nous sommes seuls.

"- J'ai rencontré beaucoup de gens et peu ont vraiment fait battre mon cœur. Peut-être une personne, dernièrement. Mais je sais que tout ceci ne pourra jamais être qu'un jeu sans lendemain. Alors ne vous en faites pas pour ça. Je sais parfaitement ou se trouve ma place. "

Alors, rassuré blondinet?

- Je doute que vous puissiez laisser quelqu'un indifférent, à moins que cette personne soit sourde et aveugle.

"- Vous êtes un flatteur, Ezreal. Mais j'apprécie le compliment à sa juste valeur. "

Rien qu'à mon apparence, je ne peux ne pas attirer le regard. Mes cheveux blancs immaculés, mon regard de rubis et mon teint aussi pur que de la porcelaine ne peuvent pas en effet laisser indifférent. Et par la suite, c’est forcément mon nom qui attire l'attention. Alors non, il est vrai que l'indifférence n'est pas quelque chose que je côtoie bien souvent. J'ai trop de valeur pour n'être rien de plus qu'une figurine dans une vitrine de luxe. Enfin, quitte à être honnête, je ne cache pas ma rencontre récente, histoire de voir aussi comment lui prend les choses.  

- Je vois. C'est un peu dommage. Sachez cependant que, en ce qui me concerne, vous êtes tout à fait libre de vivre votre vie comme vous l'entendez, tant que cela n'entache pas la réputation des Werner.

"- Mais ne ne serons jamais libre mon cher. Nous aurons nos chaines à porter, que nous les voulions ou non. Cependant, j'apprécie votre sincérité et honnêteté. Sachez que je suis parfaitement consciente des enjeux de cette alliance qui se joue avec nous et qu'en raison de cela, je n'attend rien de vous qui soit au delà de nos devoirs à tous deux. Si vous avez trouvé votre bonheur ailleurs, je n'y verrais aucune atteinte personnelle. "

Même si je crois bien que je me sentirais déçue de ne pas pouvoir le compter comme une de mes proies complètement dépendante de moi. Cependant, je saurais vite m'en remettre, surtout s'il accepte réellement mes incartades. Avec un kekkaï, je n'aurais aucun chance d'être découverte alors je compte profiter du moindre avantage qui me sera offert. Au loin, je peux capter le regard du père Werner posé sur nous, visiblement intrigué.

"- Votre Père semble en tout cas prendre ce mariage très au sérieux. En parlant de cela, si je n'avais jamais rencontré le votre, avez-vous eu la chance de rencontré le mien avant ce jour? "

- Disons qu'à défaut d'être véritablement libres, j'aime à penser que nous pouvons nous accorder pour profiter au mieux de notre cage commune.

"- Jolie philosophie. Qui je l'espère se réalisera.  "

Une cage commune, c'est exactement ça. Mais finalement, la partager avec un si charmant garçon ne serait pas pour me déplaire. Même si j'avoue que mon coeur étant encore volage, je n'ai pas envie de le voir lui aussi accroché à la chaîne qui sera que formera ces alliances qui nous seront passés au doigts bien trop tôt.

- C'est fort aimable de votre part. A l'heure actuelle, je suis au regret - ou j'ai la joie, suivant le point de vue - de vous apprendre que je n'ai aucun bonheur nulle part.

"- Pourtant, vous ne devez pas manquer de succès. Cela me surprend un peu. En même temps, être la première à pouvoir dans ce cas tenter de faire votre bonheur est un véritable honneur. "

C'est vrai quoi, il est mignon. Peut-être un peu gauche et niais sur les bords mais il est intelligent, réfléchi et plutôt bien fait. Sans compter ce secret que je suis persuadée qu'il me cache. Je ne relance pas mon pouvoir, pour ne pas risquer d'attirer d'Ombres ou autres dans les environs mais je n'oublie pas pour autant ce que j'ai vu. Et j'aurais mon explication. Une vraie, pas cette excuse qu'il m'a sortie un peu plus tôt.

- En effet, cette union est très importante pour lui. Votre famille est tout de même puissante et reconnue dans le monde entier. Mais hélas je n'ai pas encore eu l'honneur de rencontrer votre père.

Cela ne m'étonne pas trop en soi. Père est toujours très occupé et le centre de ses intérêts se trouve en France. Son quartier général est la ville de Paris et encore, maintenant il aime à partager quelques temps la Russie de Mère mais jamais depuis mon départ il n'a daigné se déplacer. Peut-être aurons-nous la chance de le voir pour la cérémonie du mariage. Avant, j'en doute. Enfin, qui sait, un voyage officiel pourrait très bien l'amener dans les environs et le faire venir à la rencontre de mon fiancé, maintenant que les choses sont officielles.

- Souhaitez-vous que je vous ramène quelque chose ? A moins que vous n'ayez froid, auquel cas nous pouvons rentrer.

"- Je pense que rentrer serait une meilleure idée. Ma tenue n'est pas adaptée à la fraîcheur ambiante et il serait de mauvais ton que je tombe malade après une si belle soirée. Mais ne vous sentez pas obligé de m'accompagner si vous préférez demeurer encore un peu à l'air libre."

- Navré de vous décevoir, mais je n'ai aucun succès à ce niveau-là. Ni vraiment le temps de m'y attarder de toute façon. Je pense que vous feriez davantage mon bonheur en vous concentrant sur le vôtre.

"- Vraiment? Pourtant vous êtes loin d'être dépourvu de charme. "

Et puis, s'il l'avait un tant soit peu cherché, il aurait pu avoir toutes les femmes qu'il désirait à ses pieds rien qu'avec son nom en évocation diffuse. Il ne se serait donc vraiment pas attardé sur ce sujet? A cause de 'l'autre' ou bien ce serait encore autre chose? Dans tous les cas, cela ne me donne que plus envies de pouvoir le prendre et surtout le garder dans mes filets. Mon bonheur, je saurais très bien m'en occuper, ne t'inquiète pas pour ça, mon chou.

- Je ne serais pas digne de vous si j'osais vous laisser évoluer seule dans ce repaire de requins qui ne demandent qu'à vous croquer voyons. Et je pense que l'annonce du feu d'artifice ne tardera plus.

"- Vous êtes un véritable gentilhomme, Ezreal. "

Oui, il était certes un peu particulier et cette histoire me trotterait dans la tête encore un moment mais il savait se tenir et se montrer digne de ce que l'on attendait de lui. Au moins à ce jeu-là, nous saurions tous les deux faire illusion sans le moindre problème. Je reprends donc son bras avant de la suivre, rentrant en sa compagnie parmi la foule des riches bedonnants massés à l'intérieur. A peine un pas esquissé et déjà, verre se retrouve entre mes doigts, déposés par un serveur agile et trié sur le volet. Oui, une réception comme tant d'autres, ou presque.

"- Dites-moi donc, mon cher fiancé, avez-vous déjà eu l'occasion de voyager? Ou bien Palema est-elle votre seule horizon depuis toutes ces années?"

- Je ne fais que mon devoir.

Eh oui. Se pavaner, se montrer mais aussi répondre aux questions, se montrer le plus intéressé possible par tout ce qu'il se passait autour de nous autant que par les affaires récentes des organisateurs de la réception du jour. Ensuite, sourire et dire amen à tout, partager les avis des autres sans donner le sien s'il ne va pas dans leur sens, acquiescer et se montrer belle et oisive. Je ne compte pas boire le verre entre mes doigts bien que je doute pas du grand cru qui se trouve à l'intérieur. Mais ici, il vaut mieux rester à l'affût. Après tout, nous n'avons pas droit à l'erreur.

- J'ai eu l'occasion de me rendre en Europe, notamment en France, en Allemagne et en Italie, mais il n'était question que des affaires familiales.

"- Je vois. Étant originaire de France, j'espère que vous avez apprécié ce pays dont je ne peux que vanter les mérites, bien que l'Allemagne et L'Italie soient, selon les échos que j'en ai eu, très agréables également."

Et déjà, l'annonce du feu d'artifice arrive. Ce qui veut dire que la soirée doit déjà être bien avancée. Remarque, je ne l'ai pas vue passée, c'est plutôt bon signe dans un sens. Je suis donc mon cavalier qui nous guide à travers la foule vers les ascenseurs qui n'attendant plus que nous. Et comme nous ne sommes pas n'importe qui, pas besoin de se masser avec d'autres personnes dans ce dernier. Nous montons seuls et parmi les premiers, afin de pouvoir avoir les meilleurs places pour profiter au mieux du spectacle.

"- Eh bien, même d'ici, la vue est vraiment sublime. Et en votre charmante compagnie, elle n'en est que plus agréable encore."

- J'avoue ne pas avoir eu l'occasion de visiter réellement ces pays. Mes déplacements étaient purement professionnels et le temps manquait cruellement pour les découvrir. Si d'aventures nous avons l'occasion de nous rendre ensemble en France, et si vous le voulez bien, j'apprécierais grandement que vous me fassiez découvrir la France.

"- Ce sera avec grand plaisir, n'en doutez pas un instant."

Bah oui quoi, je ne suis pas chauvine mais la France, ça a quand même sérieusement la classe. Entre le nombre de spécialité, les monuments, toute l'histoire qui va avec et son côté cosmopolite, rien qu'à Paris, tu as le monde en miniature entre tes doigts. Alors oui, je suis fière de mes origines. L'Amérique c'est sympa aussi mais rien ne vaudra à mes yeux la terre de mon enfance. Même si la Russie me plait aussi, j'ai un faible pour les paysages si naturels et divers de la ville lumière et du pays qui l'abrite.

Déjà nous sommes installés sur la terrasse, aux meilleures places. Dis donc, le papa Werner à vu les choses en grand. Je ne le connais peut-être pas pas mais sa démonstration me de ce soir me prouve simplement à quel point il tient à ce mariage d'intérêts. Les invités enfin en place, notre hôte de la soirée se permet un nouveau petit discours avant que le coup d'envoi ne soit lancé. 3, 2, 1, décollage des fusées pour illumination totale du ciel Palemien.

Et il a vu les choses en grand une fois de plus. J'adore les feux d'artifice, un moment ou ma vue défaillante dévient égale à celle de n'importe qui. La musique a parfaitement été choisie, les enchaînements sont superbement maîtrisés, les fusées tirées d'assez loin ne nous explosent pas les tympans et nous laissent profiter d'un spectacle grandiose. Oui, tu marque des points de ce côté-là, vieux grigou. Pas certaine que cela plaise beaucoup à ton fils mais c'est le jeu, ma pauvre Lucette.

Plus de 20 bonnes minutes se sont écoulées avant que le flot des fusées ne deviennent impressionnant, signifiant par la même occasion la fin de ce spectacle. Le bouquet final est à l'image du reste de la soirée, somptueux et grandiose. Et le silence tombe sur le toit durant quelques secondes avant que le tonnerre des applaudissements ne remplace le fracas des explosions nocturnes. Et enfin, parler redevient possible, un léger brouhaha s'étant déjà reformé dans les allées des invités présents.

"- Eh bien, c'était vraiment un spectacle sublime. Je ne saurais comment vous remercier de m'avoir permis d'y assister."

Le ballet des serveurs qui s'était fais très discret à repris de plus belle tandis que déjà, certains invitent les personnes présentes à se rediriger vers les ascenseurs pour ne pas souffrir de la fraîcheur nocturne qui reste un brin mordante. De mon côté, je n'ai pas quitté le bras de mon fiancé, en promise docile, tandis que mes sourires se laissent bien voir par tout les invité présents. Son Père tient à faire remarquer notre alliance par des mots, moi je fais mieux. Je rend ce fait concret à leurs yeux et ancré dans leur mémoire.

"- Ce fut vraiment une soirée merveilleuse, cher Ezreal. Et bien que je ne m'appelle pas Cendrillon, je vais cependant devoir songer à vous laisser avant que la nuit ne se termine. Mais j'aurais grand hâte de vous revoir, mon fiancé. "

- Je suis ravi qu'il vous ait plu, bien que je n'ai absolument rien à voir avec son organisation.

"- Votre simple présence n'en rendait que la soirée plus agréable, cependant."

Il joue le modeste, le réaliste aussi, mais ce n'est pas avec de la demie-mesure qu'il pourra me conquérir. Même s'il a la chance face à de nombreux prétendants de ne pas avoir à faire cet effort, je reste une éternelle joueuse et je suis curieuse de savoir si le jeune homme coincé et intriguant rencontré ce soir vaudrait la peine que je m'attarde davantage sur son cas ou cas. Après tout, des amants, ce n'est nullement ce qui me manque.

Mais tout ceci sera pour une prochaine rencontre. Je ne souffre pas réellement d'un couvre-feu en tant que tel mais je sais pertinemment que ce soir, je suis très attendue à la demeure familiale. Père n'aura pas pris la peine de se déplacer, Mère non plus, mais avec nos fuseaux horaires éparpillés de par le monde, le rapport devra se faire avant la fin de la nuit. Donc, il est temps que je m'en retourne chez moi.

- Votre départ m'attriste, mais puisqu'il y la promesse de nous revoir alors je saurais m'en accomoder.
Permettez-moi de vous raccompagner jusqu'à votre véhicule.

"- Vous êtes une véritable gentleman, cher Ezreal. C'est tout à votre honneur."

Evidemment, tout le monde nous cède le passage et nous arrivons dans le hall sans la moindre encombre et avant la foule des invités s'ennuyant et désirant quitter les lieux. Je fais commander ma voiture, qui ne tarde pas à venir se garer au pied des marches de l'Hotel, toujours au bras de mon Prince Charmant. Et avant de le quitter, un dernier 'regard'. Oui, je n'ai pas rêvé, il est bien toujours là. Cela ne fait qu’agrandir mon sourire lorsque la portière s'ouvre et que le groom la retient pour m'inviter à pénétrer dans l'habitacle.

"- Il ne me reste qu'à vous souhaitez une agréable fin de soirée, Monsieur Werner. Toutes mes félicitations à votre Père, cette réception était grandiose. Et au plaisir de 'vous' revoir. "

- Disons que je fais de mon mieux.

"- Eh bien vous vous débrouillez à merveille, très cher."

- Elle a été grandiose uniquement grâce à votre présence. Passez également une bonne fin de soirée, et ce sera toujours un plaisir de vous revoir également.

"- A notre prochaine rencontre, alors... "

Sur ces mots, la portière est refermée par le chauffeur tandis que mon regard ne quitte pas mon fiancé. La voiture démarre tranquillement avant de se perdre dans le trafic fluide et peu dense de cette fin de soirée. Le retour se fait dans le silence tandis que je me repasse le film des dernières heures. Cette apparition derrière lui, cet autre homme, le même que lui, j'ai hâte de découvrir la réalité à son propos.

Mais pour le moment, je vais simplement continuer de profiter de ma vie telle qu'elle est. Je ne suis pas encore mariée à ce que je sache. Et puis, je vais forcément devoir passer par la case rapport auprès de Père et Mère. Je sais déjà ce que je vais leur dire. Que tout s'est bien passé. Et que pour le moment, leurs projets d'avenir à mon égard se réalisent comme ils le désirent.

[HRP => RP terminé. Merci à vous deux. ^^]