Bar "A New Dawn:

Minuit, une soirée bien classique en approche. Des clients à foison, de la musique bien choisie et des stocks d’alcools pleins – enfin, déjà entamés maintenant. Je vois Carmilla dans un coin, toujours à repousser des dragueurs tous aussi déçu les uns que les autres, et l’heure des bagarres et loin d’être arrivée. Un autre soir service unique, mon collègue bien décidé à me laisser gérer seul depuis que je l’ai sorti de ses activités pour continuer ma discussion avec Cassandre.

A vrai dire, à un détail près. Ethan Lewis. Pour je ne sais trop quelle raison, j’ai à garder un garçon d’à peine quinze ans dans mon bar, l’endroit où l’accès même lui est prohibé – je risque ma licence là-dessus, mais ça fait partie de mon taf quant à la faction. Il fallait que quelqu’un l’héberge cette nuit, et à cause de mon grade et tout ça, c’est tombé sur moi ; pas sûr que mon métier soit dans les bases de données, tiens.

Un Seraph me l’a amené il y a à peine cinq minutes, et nous voilà tous deux derrière le comptoir, sans trop savoir quoi faire. D’un côté, les commandes ne sont pas prêtes de s’arrêter, et de l’autre je ne peux pas décemment le laisser en freelance dans le bar ; non, vraiment, ce serait irresponsable. Et illégal. L’envoyer à l’étage serait une solution envisageable, s’il y avait quelque chose là-bas pour s’occuper… Parce qu’à part un sac de fringue, une trousse de secours, une radio et d’autres bricoles ce n’est vraiment pas la folie. Et je n’ai pas assez d’eau chaude pour une douche party solo de six heures.

Je me tourne entre deux demandes face à blondinet, toisant son air timide de mon regard et lui offrant un sourire chaleureux.

« - Il y a quelque chose que tu aimerais faire ? »

Autant commencer par-là, et si sa proposition me semble trop impensable, j’aviserai. Un barman adjoint, ou quelqu’un à la planche, ça pourrait faire office de découverte du monde du travail, non ? J’ai plein d’idée du genre tiens, mais je ne suis pas sûr que ça enchante un gosse de son âge.

Vraiment, c'était la première fois que je m'étais les pieds dans ce genre d'endroit. Ils étaient toujours en train de me dire « Ne vas pas ici, ce n'est pas pour toi », « ce n'est pas de ton âge ». Mon physique faisait encore plus jeune que mon réel âge. Je ne savais pas si c'était à cause de ça qu'on me traitait comme un enfant toujours et encore. J'avais 15 ans, mais c'était comme si j'en avais 10. Au fond, je m'en fichais un peu, je me contentais de faire ce que l'on me disait. Ce soir, la personne qui devait me surveiller habituellement au QG était partie en mission, alors on avait désigné un protecteur de la faction pour s'occuper de moi. J'avais plus l'impression de gêner surtout, il était en plein travail.

J'étais assis sur un tabouret, qui m'avait donné du fil à retordre puisque j'étais assez petit. Les autres clients du bar se demandaient à chaque fois ce qu'un garçon comme moi faisait ici. Ce n'était pas fait pour les mineurs, mais la plupart des personnes de mon âge s'amusaient pourtant bien plus que moi avec l'alcool ou les drogues. Les adultes ne comprenaient jamais, toute une espèce à part entière.

Bref, Howard finit par m'adresser la parole au bout d'un moment, et je tournai la tête vers lui pour l'écouter parler. C'est vrai que rester dans mon coin sans rien fait n'était pas très palpitant et surtout, je m'en voulais un petit peu qu'il soit forcer à s'occuper de moi pour ce soir.

- Je ne sais pas trop... J'aimerais bien vous aider, s'il vous plaît.

Je levai un peu les yeux vers le plafond pour constater que les lumières étaient tamisées. J'espérais juste que cela ne se remarque pas trop en milieu humain. Le fait que ma zone ne soit pas encore très grande me rendait encore plus suspect. Si toutes les lumières du bar étaient tamisé ou clignotaient... On ne m'aurait moins suspecté, mais là, c'était tout autre chose.

Définitivement, ce petit gars pourrait être la définition même de la timidité. Assis sur son petit tabouret dans un coin, les mains jointes et le regard plongé dans une contemplation du sol, on croirait presque que je l’ai puni. Pourtant … Il a quinze ans le gaillard quand même, pratiquement l’âge de Saskia, j’imagine donc qu’il est bien plus débrouillard qu’il en a l’air. Sauf que sa réponse ne m’aide pas vraiment à le considérer dans ce sens, malheureusement.

M’aider… Eh bien, je ne peux décemment pas le laisser servir les clients ou même s’aventurer plus loin dans le bar, alors il va falloir qu’il se contente de petits trucs dans ce coin-là. Une peu de vaisselle, ou simplement me tendre des verres aux moments propices ? Pourquoi pas.
Mais tandis que je me retourne pour attraper un torchon, une éponge et tout ce qu’il faut pour s’occuper de la plonge, un détail accapare mon attention. Les lumières au-dessus du comptoir sont en train de lâcher, voilà un boulot dont il pourrait se charger ! Reposant ce que je venais de prendre je retourne le voir en lui tendant les clés de la chambre à l’étage.

« - J’ai une idée alors. Les lampes seront bientôt griller par ici, est-ce que tu peux monter à l’étage récupérer des ampoules de rechange ? Il doit y en avoir dans un des tiroirs de la commode ; et si tu trouves un truc qui te plaît pour t’occuper, n’hésite pas. »

Ça devrait déjà lui prendre un peu de temps, après j’aviserai. Et avec un peu de chance, j’ai peut-être deux trois livres qui traînent là-haut et qui pourraient lui plaire… Tout ce que j’espère, c’est qu’il ne tombera pas sur un vêtement qu’aurait oublié Cassandre, je perdrais un peu mon côté sérieux dans cette affaire.

Pour me proposer de changer des ampoules, ce contractant ne devait vraiment pas être au courant de mes pouvoirs. Il fallait aussi dire que la personne m'ayant déposé ici était très vite repartie sans expliquer les détails. Je soupirai un peu et levai encore une fois les yeux vers le plafond. Je ferai mieux de lui dire avant qu'il n'ai une mauvaise surprise, et surtout, pour éviter de changer une ampoule susceptible de bien fonctionner sans ma présence.

Je descendais alors lentement le tabouret sans me casser la figure et me tourna directement face à lui. Je n'hésitai pas à tirer un peu sur sa manche pour attirer un peu plus son attention, et surtout pour lui dire de baisser un peu son oreille. Il ne fallait pas que des personnes autour de nous puissent nous entendre. Je n'étais pas paranoïaque, mais j'avais tendance à faire attention plus que les autres à propos de ne rien révéler aux humains.

- Désolé, je ne peux pas changer des ampoules. Il faudrait que je vous parle de mes pouvoirs d'abord, il n'y a pas un endroit ?

Je lâchai alors directement sa manche et fis exprès de me décaler de quelques mètres pour libérer la lumière qui était juste au-dessus de ma tête pour me mettre en dessous d'une autre. Celle que Howard voulait changer fonctionnait très bien au final, contrairement à l'autre qui se trouvait maintenant au dessus de ma tête blonde. Il devait très certainement avoir compris le petit truc et m'emmener dans un coin pour parler de ce petit problème. Je pensais qu'il connaissait mon pouvoir et qu'il m'avait pris en charge malgré ce petit problème. Je m'étais trompé.

Quand je tournais mon regard vers la flopée de gens autour de moi, personne ne semblait remarquer cette histoire de lumière qui pourrait largement paraître pour une coïncidence pour un humain normal. Et puis, certains, bourrés comme ils étaient, ne faisait pas du tout attention à la luminosité dans la pièce.

Ethan est vraiment impressionnant. Une parole, un simple regard aurait suffis à accaparer mon attention, mais il a préféré me tirer la manche, comme un enfant impressionné par la foule autour de lui. Enfin, bon, on a compris, il est timide ; je dois arrêter de le répéter.
Plus important, il refuse de changer les ampoules ; ou plutôt, il me dit en être incapable, dû probablement à ses pouvoirs… Et en guise de démonstration, il recule un peu. Eh bien, quoi ? Ce n’est pas un pouvoir, ça, marcher. Quoique, ma vue me paraît soudainement claire, et … Ah, j’ai compris. En reculant il a permis à la lampe au-dessus de moi d’arrêter de clignoter, et c’en est une autre qui a pris le relai. Une capacité qui ressemble à celle du briquet de Dumbledore tiens, si ce n’est que le garçon face à moi est légèrement moins barbu et âgé. Un tout petit peu.

« - Pas besoin de s’écarter pour ça. Tu as quinze ans, je peux passer pour ton grand frère, et il y a des tas de jeu-vidéos où l’on a des pouvoirs, alors … Je t’écoute. »

C’est amusant comment la plupart des gens imaginent que parler de ce genre de chose en public est ultra risqué, alors que c’est absolument faux. Le nombre de types qui discutent en public de leur dernières techniques dans un MMO en vogue, parlent de personnages de mangas ou même de choses étranges comme des jeux de rôle sur forum, est assez conséquent pour se fondre dans la masse. Surtout si cela ressemble à un échange complice entre frères.

Bon, après il faut éviter de parler des mots clés de factions, car sinon là on peut s’attirer des ennuis si des oreilles trop indiscrètes entendent ce genre de choses. Fort heureusement, je n’ai pas eu pour le moment de contractants qui se soient dévoilé dans ce bar – excepté Nylian, mais c’était en-dehors, et elle n’était qu’humaine spéciale. D’ailleurs, je me demande bien ce qu’elle est devenue depuis le temps… Rien de mal, j’espère.

Il pouvait effectivement passer pour mon grand frère, et très certainement grâce à la couleur des cheveux, et à la forme du visage, comme si j'étais sa version miniature. Il me parlait comme si les pouvoirs étaient quelque chose de naturel pour les jeux vidéo, mais je devais lui avouer, que les jeux vidéo, je n'en avais touché presque aucun. Mon pouvoir était tel, qu'on ne m'achetait pas de console de jeux puisque je ne pouvais les utiliser, ou que je ne pourrais plus l'utiliser. On avait diagnostiqué une « amélioration » au niveau de la zone. Elles grandissaient à chaque fois.

- Je ne sais pas trop. J'ai joué que très peu à des jeux vidéos, mais si je peux en parler ici.

Je fis tout de même attention à parler assez doucement. J'étais timide, et même j'avais envie de rester discret.

- En fait, mon pouvoir c'est d'absorber l'électricité quand je touche des objets, ou même un peu à distance, je crois. Alors... Les ampoules fonctionnent très bien, il n'y a pas besoin de les changer. Et, je risque certainement d'être un désastre. Enfin, votre portable, doit être à moitié batterie déjà non ?

Et c'était le cas de tous les clients ici. Je pouvais le savoir, la plupart des téléphones portables qui étaient dans sa zone étaient déjà presque sans batterie, tout dépendait s'ils étaient pleine batterie en entrant au bar.

Je baissai alors doucement les yeux, exactement comme si je devais m'excuser de quelque chose ou m'en vouloir. En même temps, mon pouvoir n'était pas de tout repos, et on m'interdisait pas mal de chose, comme entrer dans un hôpital. C'était plutôt dangereux avec moi dans les parages. Au début, je pouvais y aller avec certaines restriction, mais maintenant que ma zone était devenue plus grande, c'était niet.

L’œil grand ouvert, je scrute un peu la salle. Il est vrai que les seules lumières à être défectueuses sont celles à se trouver juste au-dessus d’Ethan ; et de plus, en prêtant l’oreille je peux intercepter quelques râleries de dragueurs déçus de ne pouvoir enregistrer le numéro d’une charmante demoiselle à cause d’une batterie capricieuse… Les malheurs des Iphones, et des Ethan. Mais parions sur le produit Apple, je préfère tirer sur une ambulance déjà en feu.

Dans le même temps, je sors mon portable et voit un joli 8% affiché en haut à droite – ça va être bien pratique pour prévenir mes collègues en cas de pépin soudain. Bref, je tapote un peu l’épaule de mon petit camarade, un sourire compatissant sur le visage. Ça ne doit pas être un pouvoir très facile à vivre, et je ne serais pas étonné d’apprendre que certains Seraphs refusent de partir en mission avec lui à cause de ce souci ; d’ailleurs, n’a-t-il personne pour le garder dans le monde humain ? J’ai l’impression que la vie de ce garçon est terriblement compliquée.

« - Je comprends mieux maintenant … Mais, dis-moi, que fait ton personnage de cette électricité accumulée ? »

Oui, autant bien centrer le ton autour d’un prétendu jeu-vidéo et qu’aucune oreille contractante indiscrète ne comprenne le vrai sens de nos paroles.
Pour en revenir à sa capacité, j’imagine bien que toute cette accumulation doit servir à quelque chose : sert-il de grosse batterie vivante ? Du genre, peut-il conduire l’électricité dans un objet de son choix, ou fonctionne-t-il par sorte de surchauffe ; je veux dire, au-delà d’un certain seuil, son corps est-il dépassé et carbonise-t-il tout ce qu’il touche ? Pas mal d’idées me traversent l’esprit, certaines intéressantes et d’autres beaucoup moins… Enfin, je ne peux pas vraiment deviner. Tout ce que je lui souhaite, c’est que le revers du malus soit assez utile pour valoir tout ça. Sinon, décidemment, je n’aimerais pas être à la place de ce jeune homme.

Mon regard descendit vers le portable que Howard venait de sortir de sa poche. Évidemment, il n'y avait déjà plus beaucoup de batterie dessus puisque cela faisait un moment qu'il était à ma portée, dans ma zone d'absorption. Il me demanda ensuite qu'est-ce que je faisais de tout ce que j'absorbais. C'était une très bonne question. Doucement ses doigts vinrent se poser sur l'écran du portable de mon interlocuteur. Alors qu'il venait de descendre à 7% de batterie, le portable ré-affichea 8%. Enfin, comme je ne faisais qu'émettre de l'électricité, une quantité environ égale à celle que j'absorbais, la batterie valsait entre le 7 et le 8.

- Je.. Enfin mon personnage peut émettre de l'électricité dans des objets pour les faire fonctionner. Ça permet de compenser en quelques sortes, mais il est obligé de toucher l'objet.

Je finis par sortir aussi mon portable que je n'étais capable d'utiliser seulement lorsque j'avais un contact physique avec lui.

- C'est pas vraiment pratique, mais au moins je peux joindre quelqu'un, même si personne ne peut me joindre.

Mes seules méthodes pour vraiment communiquer efficacement étaient tous les vieux moyens et procédés comme les lettres. C'était carrément nul. Enfin, de toute façon, je pouvais toujours demander à quelqu'un pour m'aider un peu sur ce côté-là. Je n'avais jamais eu vraiment de problème.

Je marque un temps d’arrêt, le regard plongé dans celui d’Ethan. Je m’attendais à quelque chose d’assez spectaculaire, et voilà qu’il fonctionne véritablement comme le briquet de Dumbledore, en moins performant ; terrible, terrible. J’espère que malgré son expérience assez exceptionnellement longue de contractant – parce que oui, pas loin de dix ans de service ce n’est courant -, il n’en est qu’aux prémices de la maîtrise de ses pouvoirs. Car si c’est bien le cas, je suis persuadé qu’il peut découvrir des talents bien plus utiles que celui-là… Ou alors, ce gamin est vraiment tombé un jour où Kyu était de mauvais poil.

« - Pour le PvP… Euh, les combats contre les joueurs, ça lui donne aucun avantage ? »

Voler la batterie du téléphone d’un contractant peut être très fourbe et assez mesquin, mais je ne crois pas que les ombres en possèdent un. Ou alors elles sont véritablement devenues high-tech ces derniers temps – peut-être une piste à creuser ?

Un raclement de gorge se fait entendre de l’autre côté du comptoir. Un client un peu impatient qui n’a pas apprécié que je le laisse poireauter plus de trois secondes ; le genre de type bien désagréable quand il est enivré, en somme. Je délaisse Elekboy quelques instants le temps de servir monsieur pressé, puis je me retourne vers ce premier.

« - J’ai quelques idées en tête pour s’amuser un peu ce soir. Est-ce qu’il peut voler l’électricité à distance, sur une cible voulue ? »

Il y a bien un petit espace pour danser, et Ethan pourrait remplacer le système de lumière. Un plan de carrière pour lui tiens, reste à voir si ça l’intéresserait vraiment de passer son temps à faire office de briquet magique.  

Howard n'avait vraiment pas l'air rassurer quant à mon pouvoir, surtout au niveau des combats puisqu'il me demanda quand même avec hésitation s'il pouvait me servir. Pourtant, cela paraissait évident que je pouvais faire quelques trucs comme... Même après dix ans je n'étais qu'au début du contrôle de mes pouvoirs, mais je n'avais vraiment que commencé mon apprentissage Seraph à mes dix ans, quand on m'a jugé assez grand pour pouvoir faire partie de ce petit groupe. Avant ? J'avais essayé de vivre comme un enfant normal, mais ce n'était pas facile avec ce pouvoir d'absorption qui me rappelait tous les jours que j'étais bel et bien différent de mes autres camarades de classe.

- Bah, il peut électrocuter les autres.

J'aurais bien aimé lui faire une petite démonstration, simplement entourer mon corps d'électricité, mais vu le lieu, ce serait malvenu, alors je restais tranquille jusqu'à qu'il m'annonce qu'il avait trouvé quelque chose d'intéressant à faire pour ce soir. Je penchai la tête sur le côté et répondis innocemment.

- Il ne vise pas un objet en particulier, mais tout ce qui est à sa distance simplement est prit pour cible.

C'était d'ailleurs dommage que je ne puisse pas viser. Cela me paraissait tout à fait normal puisqu'il agissement passivement. Si je pouvais viser, ce ne serait plus un pouvoir passif !

Logique, et plus pratique qu’un simple vide-batterie : un taser ambulant. D’ailleurs c’est un peu le principe de l’outil, mais en version plus organique cette fois on va dire – autant dire que j’imagine que c’est plus paralysant que létal. Je n’ai pas envie d’apprendre qu’Ethan est déjà capable de tuer à son âge, même si c’est une arme qu’il faut avoir à son arsenal quand on est contractant, qu’importe sa maturité. Mais qui serait assez infâme pour s’en prendre à des enfants ? La question ne se pose peut-être pas en fait.

« - Hmm, pas mal ça, pas mal du tout. Juste une paralysie, ou ça peut aller plus loin ? »

Même si j’ai mon avis là-dessus, je préfère une réponse tranchée. Mais quoique je pense ou dise, je sais très bien que ce garçon agit en autonomie et que je n’y changerai rien … Alors, je demande juste un peu de tranquillité quant à sa survie. Ou à l’inverse, l’assurance qu’il faut que je le forme à survivre, si j’en ai les moyens.

Quant à son absorbe-électricité, le fait de ne pas avoir le choix fait un peu tomber à l’eau mes plans d’animation, mais je ferai avec. Provoquer une large zone tamisée pourrait avoir des effets non-voulus – pas désagréables, au contraire, mais ce n’est pas dans mes projets immédiats de transformer cette bicoque en maison close -, alors je vais me diriger vers autre chose… Lié à sa capacité inverse peut-être.

« - Ok, je vois. A l’inverse, quand tu alimentes un objet, as-tu une espèce d’autonomie ? Enfin, je bavarde, mais je sais pas si tu as envie de participer à mes idées farfelues. »

Je dis ça en riant légèrement, soudainement moins convaincu que ma perspective de jeux de lumières lui plairait. Après tout, ce serait en quelque l’exploiter, et je crois savoir que le travail des mineurs est prohibé…

- Je ne sais pas vraiment. Je ne sais pas tout ce qu'il pourrait être capable de faire avec ces pouvoirs. Pour l'instant ça se limite à de la paralysie, peut-être qu'il en viendra à des brûlures internes, et ensuite peut-être la mort. J'en sais que très peu sur ses pouvoirs.

J'utilisais rarement mes pouvoirs en fait, même en combat contre les ombres. J'étais du genre à les battre rien qu'avec mon marteau qui était suffisant. J'avais aussi lu des livres sur l’électricité pour en connaître les effets et les conséquences. Je ne me permettrais pas d'utiliser cet élément si je n'en connaissais pas les aboutissants, il n'y avait rien de plus dangereux. Je ne l'avais pas fait de moi-même, je me rappelais très bien de mon ancienne tutrice qui m'avait obligé à lire ces livres, me permettant de comprendre et de savoir plain de choses sur l'électricité.

- De toute façon, une paralysie suffit pour tuer un ennemi !

J'affichai alors un petit sourire dans ce que je venais dire, comme si je n'avais jamais pesé mes mots. J'écoutai ensuite la deuxième question de Howard, et encore une fois, je pensais le décevoir.

- Il doit toucher l'objet en question, ça fonctionne même avec plusieurs.

Mes yeux regardèrent presque le sol. Peut-être avais-je ruiné ces plans pour ce soir ? D'ailleurs, il ne m'avait même pas mis au courant. Je me demandais bien ce qu'il voulait faire en jouant avec mes pouvoirs. Enfin, tant qu'il ne comptait pas faire de mal à personne, pourquoi pas et au moins ça aurait évité l'ennui la plus totale.
Je relevai alors mon regard vers Howard pour le fixer.

La progression d’un contractant est décidemment assez chaotique. Cela fait des années qu’Ethan est un Seraph, et à ses dires il ne semble avoir découvert qu’une infime partie de ses pouvoirs, tandis que du haut de sa dizaine de mois d’ancienneté, Aleister maîtrise avec brio ses capacités. Même à mon échelle, j’oscille entre une conséquente série de semaines sans résultats, et de simples journées où s’enchaîne découvertes par paquets. Nous nous améliorons presque au gré des humeurs de Kyu, tant est qu’il en ait à vrai dire.

« - Il faudrait entraîner un peu ton personnage, je connais un moyen de faire ça. Voir ses pouvoirs s’accroître est toujours plaisant … »

Je coupe court à ma phrase quand sa réplique fuse. L’air qu’il a pris, sa façon de prononcer ceci – je grime l’espace d’un instant son visage en celui de Peter, le premier de classe vantard et orgueilleux que j’ai connu au lycée. Allons Ethan, ne me prend pas cette mimique supérieure, tu y perds en charisme.

« - Possible, je ne suis pas expert dans le domaine. Mais, contre un type un peu balaise, ta paralysie ne va pas s’essouffler un peu vite ? »

Tout compte fait, je vais peut-être abandonner mes idées de soirée lumières festives. Déjà, ça va être relativement compliqué de former le gamin à ça en deux minutes, et de plus mes clients n’ont pas signé pour ça.
Que faire de lui, alors ? Ah…

« - Ouais, ouais … T’as envie de faire des cocktails ? Ça pourrait être amusant. »

Il gère les diluants et moi l’alcool, ça pourrait le faire, non ?

Lorsque Howard commença à grimacer légèrement, je ne compris pas pourquoi. Avais-je dit quelque chose de travers ? Pourtant, quand je faisais une introspection de ce que je venais de dire, je ne trouvais rien qui aurait pu lui faire cet effet-là, alors lentement, je penchai un peu la tête sur le côté en le regardant et surtout en me questionnant. Mais très vite, je passais sur un autre sujet beaucoup plus intéressant : s'améliorer. Oh que oui, ça m'intéressait fortement.

- J'aimerais beaucoup l'entraîner, mais c'est difficile.

Je me souvenais de ces entraînements interminables que j'avais dû subir un peu plus jeune, vers la dizaine d'âges pour savoir utilisé un marteau qui faisait trois fois ma taille. Me voilà un peu plus grand, mais il restait toujours un peu trop grand pour moi !

La question d'Howard me fit tout de même réfléchir, au moins remonté un peu dans le passé pour savoir si j'avais déjà affronté un type de la sorte.

- Mmh, je ne sais pas ! Je suppose que si.

Ma réponse restait toujours un peu indécise, je n'arrivais pas à lui donner une réponse concrète. Pour sa deuxième question, je fus nettement un peu plus curieux.

- Je sais pas ce que c'est, mais je suis partant. Si tu m'apprends comment on fait.

De toute façon, je comptais l'aider un minimum dans sa tâche. Il faisait office de garderie, mais je n'avais pas 5 ans non plus. Je pouvais lui apporter mon aide au moins pour ce soir, même si un mineur ne devrait pas travailler dans un bar. Je le savais, et pourtant.
Je me levai alors du tabouret sur lequel j'étais assis après avoir tourné avec au moins une fois.

Pour sûr qu’il est compliqué de perfectionner ses capacités, mais il on finit toujours par trouver un moyen de progresser. J’en ai un en tête pour ses pouvoirs d’ailleurs, mais j’imagine qu’en dix ans il a déjà dû être tenté… Enfin, ce n’est pas une raison suffisante pour m’empêcher d’essayer – j’ai dans la tête que c’est aussi une question de volonté, et qu’entraîner de force un gosse haut comme trois pommes n’est pas quelque chose de très, disons, volontaire pour ce dernier. En plus, ça me permettra d’y aller à la cool, et honnêtement j’en avais marre de faire preuve d’autorité sur mes récentes séances.

« - On se trouvera un moment tous les deux pour voir ça, t’en dis quoi ? »

Comme je l’imagine, il est tout de même capable de voir – derrière son air momentané de Peter – que ses connaissances et pouvoirs ont des limités facilement atteintes. Pour des types moyens comme nous, trouver un molosse qui nous brise en quelques instants n’est pas si compliqué… Alors, il vaut mieux réduire l’écart le plus tôt possible si l’on veut survivre.

Ceci réglé, je montre d’un revers de la main l’étalage complet des divers jus de la maison, tous bien rangé par mon petit côté maniaque. Tout de même, si le chaos régissait cet arrière de bar, comment pourrais-je m’en sortir ?

« - Le principe est simple. Je propose un verre mystère gratuit à ceux qui veulent, et nous deux on se charge de l’affaire. Toi, tu inventes des mélanges de jus jusqu’à deux tiers du récipient, et je m’occupe de compléter avec un peu d’alcool. Partant ? »

Avec la collection ahurissante de bouteilles du bar, je pense bien qu’Ethan trouvera son bonheur.

Sur la proposition d'entraînement, je hochais vivement la tête. Par conte, j'espérais qu'il ne se passera pas exactement de la même manière que celui avec Aleister. Mon arme avait fini légèrement fissurée et j'avais eu beaucoup de mal à contrôler la douleur. Rien que d'y penser, j'avais des frissons de peur à nouveau. Enfin, tant que ce n'était qu'un entraînement de pouvoir.

- C'est d'accord. J'ai envie de m'améliorer pour apporter encore plus d'énergie à Kyu !

Je ne savais pas pourquoi je faisais ça. Je devais le faire, comme une vérité générale que l'on m'avait inculquée depuis petit. Après tout, mon vœu n'était qu'allumer une lampe pour une nuit. Tuer les ombres et les Nephils, j'avais l'impression que c'était une mission que je devais mener à bien pendant toute mon existence. Pour moi, tout ça, c'était la normalité.

Par contre, cette mission que venait de me donner Howard avait l'air vraiment amusante. Je regardais donc tout l'étalage qu'il venait de m'indiquer et m'y dirigea pour regarder les différents jus.

- Oui je suis partant !

Je n'en avais jamais fait, mais peu importe non ? Il suffit de mélanger que des trucs bons dedans, et tout ira bien !
Je commençais alors par prendre un verre et le poser derrière le bar. C'est alors que j'avais commencé à farfouiller un peu dans les bouteilles pour tenter de trouver ce que j'allais mettre dans ce récipient à servir.
J'aperçus d'abord une bouteille qui m'était complètement inconnu : « Jus de canneberge ». Peu importe ce que c'était, hop, un peu de ce jus avait fini dans le verre, et la suite sera remplie de jus d'ananas, de kiwi, de papaye, de sirop d'érable et de smoothie à la banane. J'ajoutais ensuite, un peu petit carré blanc, que l'on appelait communément du sucre. Oh et puis un deuxième. Les choses sucrées étaient les meilleures ! J'hésitai encore un moment et j'en mis alors un troisième. Je pris alors une paille qui était rangée sur le côté et je commençais alors à mélanger ; c'était surtout pour cacher tout le sucre que j'avais mis dedans et qu'il se dilue bien !

Une fois fini, j'apportais alors le premier verre à Howard.

- J'en ai un ! Tu comptes goûter ?

Eh bien, en voilà un gosse assidu à la tâche ! Mais malgré mon hochement vigoureux de tête, je ne peux m’empêcher d’avoir une triste pensée… Cette idée d’énergie, elle ne sort pas de lui, c’est évident. Ethan a grandi au sein de la faction, et a été modelé en tant que parfait petit soldat – alors, je crains que son esprit ne soit finalement qu’un tissu de manipulations. En tant que Protecteur, je devrais suivre les consignes sans broncher ; mais j’ai accepté ce rôle tout en voulant préserver mon intégrité. Gamin, on en reparlera de ça.

M’extirpant de ma torpeur dépressive, le petit blondinet tremble soudain d’excitation aussitôt que mon plan lui ait exposé. Je ne m’attendais pas à tant d’envie de sa part, mais allons-y, ça n’en sera que plus drôle.
Je le laisse commencer à mélanger les différents jus, et j’avoue être dépassé après seulement quelques instants. Qui mélange du kiwi, de l’ananas, de la papaye et… Je perds le fil de sa mixture étrange, haussant ostensiblement les sourcils quand je remarque que les quantités qu’il verse n’ont aucune concordance logique. Quelques gouttes par ci, un quart de verre par là ; vraiment, j’hésite entre le génie ou l’imbécilité pour qualifier son œuvre.

« - Hm… On va garder la surprise. »

La bouche crispée, j’attrape le récipient et le complète avec de la vodka – le meilleur alcool pour anesthésier des goûts ratés -, et le pose sur le comptoir, prenant la parole haut et fort.

« - J’offre un verre mystère à celui qui veut ! »

Aussitôt, le type assis face à moi me fait un signe pour que je le serve. Soyons fou.
Je lui tends l’immonde breuvage en lui soufflant doucement un bon courage, et appréhende sa réaction.

Sans se faire attendre, le gars recrache aussitôt sa gorgée.

« - C’est quoi ce truc putain ? »

Je lui tends une serviette, puis décale la tête vers Ethan.

« - Fais-en autre, mais… Hm… Essaye de mieux coordonner les goûts, ok ? »

Je regardais l'action passer sous mes yeux. Lorsque le monsieur cria que mon verre était absolument immonde, je gonflais un peu la joue droite pour montrer mon désaccord total et surtout mon insatisfaction. Je soupirai légèrement. Normal après tout, ce n'était que mon premier verre.

- Je vais essayer, disais-je avec une petite moue.

Je repris donc un second verre propre et le posai devant moi. Je restais bien quelque temps à le regarder. Ouais, je réfléchissais à comment j'allais le remplir. Sans doute que mettre autant de chose dans le verre n'était pas une bonne idée. Je n'avais jamais bu de boisson de la sorte, alors c'était dur de s'imaginer quelque chose de bon pour tout le monde. Mon verre de toute à l'heure me paraissait pourtant correctement.

Je me tournai vers les bouteilles pour essayer de chercher le sirop que je voulais mettre dedans. Le sirop était une bonne idée ou non ? Je penchai la tête sur le côté, comme si je me posais réellement la question, puis sans vraiment passer plus de temps dessus, j'attrapais la bouteille de sirop de groseille.
Je mis alors un petit fond de sirop de groseille et fis un petit sourire attendrissant. C'était la totale éclate pour moi ! Une nouvelle activité s'offrait à moi. Ça changeait des cours, des devoirs, et des histoires de Seraph.

La suite maintenant. J'ouvris le réfrigérateur pour essayer de trouver un jus qui selon moi, passerait bien dans ce verre avec le sirop de groseille. Pour rester dans la simplicité, et parce que j'aimais beaucoup ça aussi ! Je prie une bouteille de jus d'orange et la posai à coté du verre. J'ouvris le bouchon et versai délicatement le contenu de la bouteille dans le verre jusqu'à le remplir de trois-quarts. La couleur du verre faisait un jolie dégradé du rouge au jaune. C'était vraiment splendide !

- Voilà ! Howard ! J'ai fini ! Celui-là est bon ?

Je me tournai alors vers lui, le verre tenu par mes deux mains. Je lui tendis pour qu'il puisse mettre de l'alcool dedans.

Lorsque mon tuteur de soirée prit le verre que je venais de faire, je le regardais attentivement verser l'alcool dedans puis donné le verre à quelqu'un. Je penchai un peu la tête sur le côté avec un regard insistant sur la personne qui avait commencé à le boire. C'était bon, hein ? Non ? C'était forcément bon ! Je n'avais pas envie de faire deux échecs d'affiler. Déjà que je ne me sentais pas vraiment à ma place avec tous ces adultes.

En tout cas, un petit sourire s'installa sur mes lèvres quand il m'annonça que mon verre n'était pas si mal que ça. Ce n'était pas parfait, mais je m'étais amélioré.

- Un peu plus complexe ? Mais je vais pas réussir. Le premier était raté, il était complexe.

Je pris tout de même un nouveau verre et restai planté devant un petit moment. Il y avait plein de fruits, mais comment est-ce que je pouvais faire quelque chose de bon ? J'avais ouvert le frigo et était resté penché dessus assez longtemps.

- Diiis… Aide-moi un peu, s'il te plaît. Je vais encore faire quelque chose de mauvais.

J'avais demandé un peu de d'aide de la part d'Howard. Je ne voulais pas vraiment lui causer d'ennuis, non plus à ses clients d'ailleurs. Aaaahh… Et s'il faisait faillite à cause de mon incompétence ?

Comme Howard était vraiment gentil, il m'aida à confectionner un nouveau cocktail grâce à des conseils. C'était pas mal tout ça, mais des jus jaune, y'en avait plein, non ? Je penchai un peu la tête en regardant les différents jus que je pouvais utiliser. J'attrapai alors comme il le voulait, un jus de couleur jaune. Celui-ci, c'était du jus de citron. J'en versai donc un peu comme il l'avait demandé.

La suite du contenu serait un peu de sirop de couleur rouge. Je regardais donc les sirops un à un avant de me décider. Mon choix s'était plutôt porté sur le sirop de fraise. Je versai dans le verre un peu de sirop. Pour ce qui était du jaune plus doux, je me demandais bien ce qu'il sous-entendait par là. Du jus jaune et pas fort ? De l'orange ? Tout en attrapant la bouteille, j'observais la couleur de cette bouteille. Non, le jus d'orange, c'était… Orange.
Au final, quand je parcourais mon regard sur différente bouteille, ce dernier s'arrêta pile sur celle qui contenait du jus d'ananas. Comme je pensais qu'il s'agissait d'une bonne idée, je finis donc le verre avec le jus d'ananas avant de l'apporter à Howard. Par contre, la suite me gênait un peu. Qu'est-ce que c'était de la liqueur ? Je ne connaissais pas ça moi.

- Liqueur ? Qu'est-ce que c'est ? Ca se boit ?

J'avais fait là une bonne supposition, je pense ! S'il voulait en mettre dans le verre, c'est que ça se boit. Tout en parlant, j'avais lâché un léger sourire, comme si cette soirée m'amusait plus qu'autre chose.

Je venais de comprendre son explication, un peu près. Je me tournais vers l'étalage où se trouvaient toutes les liqueurs

- Une liqueur douce ?…

Je fronçais les sourcils en regardant les bouteilles une à une. C'était quoi une liqueur douce ? Y'en avait des pas douce ? Je grimaçai un petit peu, essayant de chercher une bonne liqueur comme si ma vie en dépendait. C'était une mission à laquelle je ne pouvais pas faillir. Doucement, ma main commença à attraper la bouteille d'une liqueur rougeâtre… Myrtille apparemment. Mais quelques secondes après, je lâchais la bouteille. Non, c'était autre chose qu'il me fallait.

Évidemment, comme c'était de l'alcool, je ne devais sans doute pas goûté. Tout de même, je pris celle qui m'inspirait le plus, c'est-à-dire de la liqueur d'abricot. Je tournais mon regard pour voir si Howard me regardait ou non, mais comme il avait l'air de remplir mon verre avec autre chose, je tentai d'ouvrir la bouteille. Un tout petit peu… non ? Une petite goutte.

Je soupirai, je ne pouvais pas faire ça. Ma conscience me disait que ce n'était simplement pas bien. Je refermais alors la bouteille avant de la lui tendre silencieusement.

Une fois le verre donné, je fixai alors la personne pour savoir ce qu'elle allait en penser. Comme m'avait dit Howard, j'avais que la moitié de bon sur ce qu'il avait prévu, mais j'y pouvais rien si je n'avais pas de goût ? Ah… Cette pensée me donnerait presque envie de pleurer. Je repris mes esprits avec un air sérieux affiché sur le visage. Au final, tout comme mon tuteur de ce soir, j'affichai un léger sourire à cause de la tête du client. C'était drôle, en fait comme travail.

Mine de rien, tout ça fatiguait pas mal. Et contrairement à d'autres contractants qui n'avaient pas besoin de dormir, moi, c'était mon cas. Sans compter que dans tout ça, j'avais eu ma journée de cours aujourd'hui. Heureusement, demain, c'était week-end, alors je pouvais tout de même veiller tard. Un bâillement m'échappa alors que quelqu'un venait de crier que c'était tourné général.

Ma tête se tourna dans tous les sens. Comment ça tournée générale ? Qu'est-ce qui se passait ? Je penchai ensuite la tête sur le côté en voyant la liasse de billets donnée par le même homme qui venait de crier dans le bar. Bizarrement, tout le monde autant de moi, c'était mis à crier sans que je comprenne vraiment la situation.

Hein ? Pourquoi ? Je peux pas t'aider ?

Il devait faire ma nourrice alors qu'il travaillait. C'était sans doute un peu trop demandé à la même personne. Avec moi, il ne pouvait pas vraiment se concentrer sur ses tâches, je pense… La moindre des choses étaient au moins d'être sages ou même mieux : de l'aider ! Puis Howard est vraiment sympa. C'est grâce à lui que je m'amusais autant ce soir. Ça ne vaut vraiment pas toute autre nounou que j avais eu avant, même si je pense que ce n'était pas vraiment un compliment pour lui d'être bonne nounou.

J'attendais bêtement derrière Howard le temps qu'il prenne une décision. Il avait l'air de mettre pas mal de temps. Enfin, de toute façon, la décision lui revenait. S'il voulait pas de mon aide, tant pis, mais disons, que je préférerais l'aider. Il avait l'air d'avoir beaucoup de travail. Je ne voulais pas non plus le gêné, et je pouvais comprendre qu'à cause de mon âge et de parfois ma maladresse, je pouvais lui causer des ennuis. Et ça, je ne voulais pas !

Alors quand il m'annonça la décision, c'est à dire, celle de m'envoyer dans sa chambre, j'affichai tout de même une petite mine déçu, mais je ne désobéissais pas.

D'accord

Je pris donc la direction de la chambre d'Howard à l'étage. En y entrant, je pouvais donc voir là où vivait le barman. Je souris un petit peu avant de m'approcher du bureau où il y avait les cahiers et les crayons. Mais cette technique était pour les enfants de moins de dix ans au moins. Moi, j'étais plus vieux.
Mon regard se trouva intéressé par les étagères remplies de livres. Comme je ne jouais jamais aux jeu vidéo, ou je ne regardais jamais la télé comme les autres enfants, j'avais pris l'habitude de faire autre chose. Cet autre chose était justement les livres. Je regardais un peu près les couvertures de quelques livres avant de me décider de prendre un livre qui racontait une histoire fantastique qui se passait dans un autre monde ; de quoi faire rêver quelqu'un comme moi -ou pas en réalisant que moi aussi j'avais des pouvoirs-.

Bref, je m'étais allongé sur le lit pour commencé à lire tranquillement. Arrivé un peu près à 3/10 du livre, mes yeux commençaient légèrement à se fermer, et arrivé à la moitié, c'était le sommeil qui s'était emparé en moi. J'étais allongé sur le dos avec le livre sur le torse, et par dessus ma main qui le gardait contre moi. C'était l'heure de rejoindre le monde des rêves.