East Park:

Je ferme les yeux, renforçant ma prise sur mon instrument. C'est une tradition weirdo que j'ai hérité de mon père. S'écouter une dernière fois avant que la musique monopolise toute ma concentration et me coupe du monde. Alors j'énumere mentalement : Le banc trop dur sur lequel je suis assise, le léger vent frais qui vient percuter mon visage. Comme une excuse de dame nature pour la brulure douloureuse que m'inflige le soleil de juillet. Les bruits d'enfants, l'odeur de la pelouse coupée. Tout ça n'existera plus quand je m'activerai a chorégraphier les mouvements de mes doigts sur les cordes de ma guitare

Je relève la tête en contemplant un instant le parc où il y a peu je m'étais faite agressée. Une grimace perturbe ma concentration, mais j'ôte cette pensée parasite de ma tête. A peine enlevé de mon esprits, des dizaines d'autres songes du même acabits refond surface. Déjà, la mort de Pompidou quand ces tocards d’agresseurs avaient portés plaintes, me forçant à piquer la bête. Il y a aussi la faim qui commence doucement à faire paraitre mes côtes plus saillantes. Et le manque qui entrave mon cerveau, ma dépendance aux joint ne m'a jamais parut aussi toxique que maintenant.
Le van quant à lui est toujours immobilisé dans un parking souterrain du centre commercial parce que je n'ai pas trouvé d'autre solution alternatives que cette clim' improvisée. Mais c'est d'autre problèmes que je ne peux pas vraiment résoudre dans l'immédiat.

Nan, faut que je joue aujourd'hui. Ne serais ce que pour récolter quelques pièces pour bouffer, prendre une douche dans un centre d'aide, grappiller quelques paroles capable de percer ce manteau de solitude qui s’enroule autour de moi comme une chape de plomb.

Mes doigts s'activent presque par mégarde. Les démons me paraissent soudainement plus loin de mes préoccupation. Presques des ombres oniriques floues qui s'estompe dans mon horizon mentale. Et il n'existe maintenant plus rien que le son d'une guitare acoustique en train de jouer un morceau de métal.

HRP : La gueule de la musique ♪ La première minute seulement...

East Park... Quel endroit superbe ! Le soleil frappait relativement fort, mais toujours mon ombrelle à la main, je prenais le minimum de risque pour ma peau. Heureusement un petit vent refroidissait l'ensemble, et mon sac contenait des bouteilles d'eau pour me rafraîchir au cas où.

Je marchais tranquillement, même si j'étais légèrement préoccupée. On me réclamait de plus en plus une chanson originale, mais Vivi était un peu trop occupée pour créer un morceau en ce moment. Je recevais régulièrement des propositions mais ils étaient tous un peu trop... Comment dire... Propre sur eux ? Je cherchais un artiste plus torturé. Mais ça courrait plus les rues par notre époque.

J'étais perdue dans mes pensées, mais un son de guitare au loin m'attira. Le style de musique me plaisait, et de ce fait j'aurais peut-être la chance de trouver la perle rare qu'il me fallait !
La musique était jouée par une jeune femme, semblant absorbée mais ayant son étui à guitare devant elle pour récupérer des pièces. Il faudrait que je discute avec elle, quelques personnes s'étaient arrêter pour l'écouter jouer et lui donnait un peu d'argent.

Mes pas m'emmenèrent prés de son banc et, je vint près d'elle en attendant qu'elle finisse son morceau. Quand ses doigts relâchèrent le manche, je lui fis une petite tape sur l'épaule pour aller directement au but :

-Bonjour, ça te dirait de travailler avec moi pour faire un morceau de musique ? Rémunéré bien entendu.

Je me tourne brutalement vers la voix, me retenant de tressaillir sur la surprise. Nan, c'est pas un clown horrible qui m'a agressé il y a un ou deux mois. C'est bon, juste une jeune femme qui partage la même couleur de cheveux. J'ai un instant de vide où j'essaie de remettre en ordre les idées, ne serait ce que pour comprendre ce que cet être humain à tenté de me communiquer "Euh... ". Le son de ma propre voix parait me surprendre
Puis d'un coup, je choppe mes esprits et j'essaie de les refourguer dans mon cerveaux. Genre comme une valise blindée qu'on essaierait de fermer correctement de deux minute du départs.
C'est bon, neurones en marche ? Check. Les connexions nerveuse se font et d'ici quelques seconde je serais capable de penser de manière cohérente. Genial

Ma méfiance naturelle revient presque aussitôt, je cache pas une certaine indignation en zieutant mon interlocutrice. On m'a déjà proposé des trucs pas nets du même acabits dans le quartier sud. Mais nan, faire des "Morceaux de musique" dans un bar à putes clandestin c'est pas vraiment mon genre... Du moins tant que j'arrive encore à bouffer et a pas devenir dingue sous le manque... D'ici là, je peux dire qu'actuellement ce n'est pas encore le mien.

"Dit comme ça, ça m'a l'air juste d'être une proposition douteuse. Mais comme t'as pas l'air d'une maquerelle, je te laisse 15 secondes pour rattraper ce que tu viens de dire où je te fais bouffer ma guitare. ♪"

Je suis pas particulièrement sèche, pas non plus menaçante. Nan, plus faussement enjouée... Crier ca ferait fuir le gamin qui s'est approché pour m'offrir une pièce - Maigre salaire que j'empoche sans rechigner. En parlant, j'ai même réussit à esquisser un sourire polie un peu forcé.

"Y te reste plus que 14 secondes ma chérie... Maintenant 13... ♪"

Elle sembla avoir dû mal à réaliser pour quelques instants, ayant du mal à revenir à la réalité. Je connais cette sensation, de sortie brutale de la concentration. Après avoir repris ses esprits, elle me fit un regard légèrement méfiant. Apparemment, ma phrase avait été mal formulée, et de ce fait elle a cru que je souhaitais la payer comme si elle était une prostituée.

Je fis un petit pas en arrière et une révérence. Toujours mettre les formes.

-Excusez moi, j'ai mal formulé ma requête. Je me nomme Alys, je suis une youtubeuse qui est actuellement à la recherche d'un ou d'une musicienne pour composer et jouer une musique pour moi, ma spécialité étant le chant. J'aime beaucoup le style de musique que vous jouez, et de ce fait je souhaiterai savoir si vous êtes intéressée par cette collaboration ou non.

Bon, j'espérais avoir rattraper le coup. Une guitare dans la tête, au premier sens du terme, me déplaît très fortement.

Je me radosse au banc public pour scanner mon interlocutrice. Plus septique qu'une fosse, l'odeur en moins peut être. Je sais pas, pensez moi stupide peut être... Mais à force d'être dans la merde, l'idée que quelqu'un m'aide me parait être vraiment devenue... abstraite. Et pourtant, pour avoir soigné des gens qui par fierté s’enfermaient dans leur solitude coûte que coûte, bah... Je sais qu'il vaut mieux laisser de côté cet aspect de moi même. La fierté, c'est bien beau, mais ca ne remplie pas un ventre. D'ailleurs en parlant de ventre, faut que je bois. Ca devient urgent mon taux de déshydratation

Mais je sais pas, j'ai pas l'impression d'être convaincu moi même. J'dirais qu’actuellement 80% de moi est un peu indécise, principalement à cause de la peur de se faire de faux espoir. Les lapins, j'en ai connus. Ceux qui te disent "Ouais je connais un ami d'ami qui bosse dans un label musical. Il va te pistonner toussa toussa..." Tss
D'un autre côté mon karma avait déjà été incroyablement pourris. J'avais quand même garder l'espoir de me sortir de cette mauvaise passe qui commençait doucement à durer. Alors, j'ai essayé d'accepter. Pour voir cette échange mènera.

"C'est sérieux ? Bon bah mes excuses pour cette entrée en matière... Mais après... J'avoue que j'ai pas trop l'habitude de me faire aborder pour ca Je pause mon regard sur la femme avant de reprendre " Mais... J'veux dire comment ca marche c'est un job ponctuel ou un travail au black de temps en temps ? qu'est ce que vous attendez ?"

Elle s'excusa, pour son entrée en matière dés plus... Spéciale ? Faut dire je reconnais que mon entrée en matière n'était pas des plus subtils, mais elle devait vraiment avoir eu de sacrés problème pour penser à ça en premier ! Après elle me demanda des détails sur le travail que je lui proposais. Sa voix était légèrement entrain de déraillée et elle suait à grosse goutte.

J'ouvris mon sac et lui tendis une bouteille d'eau :

-Promis, il n'y a rien dedans. Et pour le travail, on fait au moins une chanson ensemble, et si ça marche bien je vous proposerai régulièrement de travailler comme guitariste et compositrice.

Le petit air frais était tomber, et la chaleur commençait à devenir lourde et étouffante. Je lui fis un petit sourire et lui tendis une main :

- Si vous me faites confiance on peut aller dans un endroit un peu plus frais pour discuter. Je vous laisse choisir.

Je bois l'eau tiède qu'elle me tends, vidant de moitié du contenant d'une traite. Après cette rasade bienvenue, j'avoue que je me sens moi même plus ouverte a la conversation. Une partie de moi réfléchie a sa proposition. J'aurais pu demander un grec, parce que mine de rien pour quelques dollars, ca remplis l'estomac pour deux repas.
Mais elle m'invite... et une partie gamine de moi sourie mentalement. Quand j'étais petite, et avant de finir en rad' d'argent, j'avais la meilleure creperie de la ville en ligne de mire, petite ambiance familiale, climatisée a outrance et pas la moindre once de pop love musique dans la play list qui sert de fond sonore. J'avoue que le boutiquier aurait voulu m'acheter, il s'y serait pas pris mieux.

"Je connais une excellente crêperie. Ils ont une recette glace à la vanille, caramel et praline. La meilleure du monde !"

Ou comment passer pour quelqu'un de mature et sérieuse aux yeux d'un potentiel employeur. Mais je m'en fout. Je suis même pas certaine que cette fille m'embauche et au final, ces promesses me paraissent bien lointaines et illusoires. Par contre, là maintenant tout de suite je ne rêve que de mon caprice de gosse !

Elle accepta la bouteille sans broncher, et en vida la moitié d'un seul trait. Tant mieux, on pourra peut-être avoir une discussion censée maintenant ! Mais juste après elle sembla se perdre dans les méandres de son esprit... Mais pas pour longtemps. Elle choisis comme lieu, une crêperie pour manger une grosse glace. Je ne pus réprimer un petit rire, comme quoi même les personnes qui ne sont pas sympathique au premier abord peuvent être de véritables enfants intérieurement.  

-Hihihi ! Je vous laisse nous guider, ne sachant pas où se trouve cette fameuse crêperie !

Elle ramassa ses affaires, et nous partîmes, ne parlant quasiment pas, car pour ma part, il fallait économiser un maximum sa salive vu la chaleur.
Après une petite dizaine de minutes de marche, le lieu tant convoité se révéla. On aurait dis une crêperie à peine plus grande que la moyenne, mais qui faisait plus restaurant traditionnel qu'un simple restaurant sans âme.  Elle entra en première, vu qu'elle semblait être dans son domaine.
Elle commanda pour elle, et quand ce fut mon tour je fis un petit sourire au vendeur :

-Bonjour ! Je voudrais une glace à la cerise si vous avez !

Il nous désigna une table, et nous nous assîmes. Je regardai, la guitariste qui semblait être retombée en enfance, et lui demanda :

-Alors, que souhaitez-vous savoir sur le travail que je vous propose ?

Je savoure la première lueur de sucré fondre sur ma langue. Y'a pas a dire, la nostalgie, c'est bon a manger. Un peu amer parfois, mais pas quand ca prends la forme d'une glace en coupe avec des morceaux de crepe dentelles, je m'en resservirai jusqu'à que mon ventre explose.
Bon a coté, j'essaie quand même d'écouter distraitement la question de Alys. Mais j'ai encore cette distance, cette voix qui me dis de ne pas m'emballer au sujet de ses projets musicaux. Je risque d'être déçu si je m'implique plus que nécessaire.

"Bon, déjà, j'imagine que je suis payé au lance pierre pour chaque composition." Après tout, l'industrie musicale ne s’embarrasse pas de salaire fixes. "Et j'aimerai le nombre de composition que vous voulez que je fasse... Euh.. disons... En un gros mois de travail. Combien de temps sont elles sensés durer et combien vous me les achetez " T'façon, j'ai une bonne réserve de partition écrite qui sont dans mon van. De mémoire je pense même être capable d'en jouer une ou deux en live. assez rapide pour que même si elle à l'oreille absolu, elle ne soit pas en mesure de me mémoriser le texte en une fois.

La glace semblait parfaitement la satisfaire, et la mienne était aussi délicieuse. Je vous ai déjà dis que j'aimais les cerise ? Non, ah j'aurais dû... Enfin bref, les glaces semblaient avoir gelée le cerveau de la personne en face de moi, car elle réfléchit un moment.
Bon elle repris ses esprits et me posa une question quand au salaire, et à la fréquence dont j'aurais besoin d'elle. Je souris de sa question, et de manière un peu désinvolte m'adossa complètement sur ma chaise.

-Hé bien, déjà je peux déterminer si vous jouez de la musique comme ça dans la rue pour gagner de l'argent, et que vous mentionnez ça en premier vous en avez besoin. Probablement SDF non ? Le marché pour le premier coup, vous venez habiter chez moi pour le temps de la chanson. Nourri et loger à mes frais. Je prends aussi toutes vos dépenses personnelles à hauteur de 100 dollars par jour. Après, suivant si votre prestation me plaît ou non, on pourra retravailler ensemble. En échange, vous faites la musique, vous la jouez et je ne sais pas si vous fumez ou autre mais ce sera en dehors de mon appartement. Ah, et au cas où vous ne l'auriez pas compris, je ne suis pas une commerciale ou autre de grandes entreprises, je suis youtubeuse à mon compte.

J'espérais l'avoir convaincue... Je la regardais droit dans les yeux, pour lui prouver que je ne mentais pas. J'ai beau aimer exploiter les gens, je tiens mes contrats jusqu'au bout.

A quoi je m'attendais ? A ce que l'on m'offre un travail honnête et pas prise de tête ? Nan, je m'attendais à rien, éventuellement à la glace que cette fille avais consentis a m'offrir. Y'avait bien des belles promesses a côté que je m'étais juré d'ignorer. Mais maintenant qu'elle cherchait à m'embarquer dans quelque chose de fumeux et que le stratagème semblait se mettre en place, j'avoue que je me mordait l’intérieur de la joue en pensant que j'aurais pu y croire.

J'écoute la tirade presque malgré moi. Avant même qu'elle n’achève son "Chef d’œuvre", ma main vient faire une jolie facepalm. Nan, c'est pas un geste fait sous l'émotion genre :"Oh mon dieu ! mon rêve se réalise enfin !". Ou du moins, pas le genre d'émotion qui vous fait pleurer de joie. Nan. Si ma main était sur mon visage, c'est pour ne pas qu'elle se retrouve dans la gueule de l'autre pouf. Ouais." Déjà,  premier point : je ne suis pas SDF."  cinq mots. En m'écoutant, je me demandais comment ils arrivaient à contenir tout le mépris que je pouvais avoir pour cette pauvre petite salope narcissique. Ah si.. En l'insultant mentalement comme je viens de le faire. Du moins, je suppose...
J'aurais pu m'arreter là, l'annonce plombait déjà la pimbêche et ses airs trop sûrs d'elle. Et pourtant, j'ai comme les idées claires. Comme un truc sec et glaçant qui claque sur le bout de ma langues, des pensées acides qui ne demandent qu'à être extériorisés par les mots et faire bien mal.

"Le deuxième, je ne le répèterai pas. Je ne te dois rien. Alors tu ravales tes "Vous faites", "Vous venez". Sinon je jure qu'avec un peu de patience, c'est ma batterie entière que je t'fait bouffer... "

Le tutoiement était revenu de manière familière, même mon ton décontracté avait finis par surpasser la l'indignation naissante. Je lui tire mon sourire le plus faussement amical, essayant de rester calme là où tout me disait de taper un scandale.

"Troisièmement, j'ai demandé un salaire. Pas du mécénats abusif. Déjà, tu recrute des SDF pour te flatter l'égo hypertrophié, ou pour être sûr de pouvoir m'exploiter et d'avoir en prime ma reconnaissance ? Je me dis ca parce que t'as pas répondu a ma question : Combien t’envisage de me faire composer/jouer/interpréter de musique ? Qu'est tu veux exiger de moi en brut. Et me prends pas pour une demeurée fini, Même un youtuber est régulier dans son contenu, nan ?
Je remange ma glace avec envie. Apres tout, c'est pas parce que cette gamine avait tenté de m'embrouiller que j'allais déprécier la saveur de cette glace. Une question me taraude cependant  Entre deux bouchées, je reprends sur le ton de la conversation l'air de rien.

"Tu sais au moins combien de temps il faut pour composer et arranger une seule musique ? "

Si elle répond mal, je pète une durite

Très bien, elle semblait ne pas être commode au final. J'écoutais ses remarques, bon elle n'est apparemment pas SDF, malgré sa petite odeur. Sa main était repliée, et j'ai l'impression qu'elle va le tendre directement dans mon visage, et vu comme elle me menace quand je lui parle à l'impératif... Je pense qu'elle est sacrément énervée.
Je m'imaginais la scène. Je me suis retenue de rire, même si j'avais sacrément envie. Par contre ce que j'appréciais moins c'est qu'elle me tutoyait, mais j'allais quand même l'écouté jusqu'au bout. Ensuite elle me demanda combien je voulais la payer pour de vrai. C'est vrai j'avais oublié ce détail... Je mangeai ma glace pendant ce temps là. Feignant légèrement l'indifférence.
Juste après avoir fini son discours moralisateur à deux balles, elle me demanda si je connaissais le temps de composer une musique, je lui souris et repris tous son discours point par point.

-Bon premièrement. Excuse moi, pour le premier point. C'est l'impression qu'on me donne quand on mendie de l'argent en premier lieu.

Deuxièmement, il ne faut pas s'étonner que je vous parle comme ça. Je suis comme ça et ça ne changera pas. Tant pis si ça vous déplaît.

Troisièmement, je vous ai choisi parce que j'ai apprécié le morceau que vous avez jouer dans la rue. Pour les musiques à créer maximum 1 toutes les 3 semaines, minimum 1 tous les 2 mois. Sinon, 1 morceau déjà fait toutes les 3 semaines. Niveau paiement, je vous ai dis ce que je vous donner, et pour le salaire donnez moi un prix par morceaux, habituellement je fais de la collaboration donc on se fait de la pub réciproque. Et pour le reste. Je l'avoue que je ne sais pas.


Je me réinstalla tranquillement, me demandant si elle allait bouillir ou non. Enfin, j'avais toujours un peu de glace sous le nez et en effet elles étaient bonne.

Toujours aussi méprisante. Déjà je mendiais pas, je jouais sur un banc. S'pas de la mendicité. Mais... Tu sais quoi ? Je ne prends pas la peine de l'écouter. Je ne cherche même plus a comprendre ce quelle dit. Dans mon cerveau, je me surprends à imaginer un singe faisant des cymbales - Faut vraiment que j’arrête de mater les Simpsons. Du coup passé ce temps perdu à ne rien faire, je continue de manger en repensant facilement au temps où j'étais gamine. Puis le fil continue et vire vers ce douloureux présent : Est ce que si je demande l'hospitalité à maman je l’obtiendrai ? Pas sûr, j'ai aucune preuve administrative que je suis leur fille depuis mon changement de prénom. J'avoue, que je pourrais renouer avec mais... Hum... Désolée, je pense a plein d'autre choses. Parce que si j'écoute le flot de connerie trumpiste que débite mon interlocutrice, je risque de m'énerver. Et si je m'énerve davantage, je crois que ce sont tous mes instruments qui vont passé par son tube digestif.
D'un coté ou de l'autre.

Alors je mange à grande cuillerées affamées. Puis une fois la coupe complément vide, je soupire. Ma glace est fini, et son discours aussi " Vous savez quoi ? C'est pas parce que t'aime ma musique que je devrais me sentir honoré.e Parce que c'est comme ca que tu le présentes. Comme si l'univers tournait autour de ton boule. Alors va te faire mettre, si tant est que quelqu'un veuille bien de toi... "

Avec une nonchalance je sors du resto avec ma guitare. Dehors, fini la clim, la chaleur et la lourdeur du temps m'accablent à la sortie. Je devrais me sentir encore un peu fière. De ne pas troquer ma dignité contre ce genre de marché chelou. Mais au fond je n'arrive même pas à être en colère. Nan, cette meuf a réussit a me blaser alors que j'étais joyeuse quelques minutes plus tôt. Y'a pt'être un truc qui bug chez elle, ou chez moi. Qui sait ?

Elle semblait... M'ignorer. Elle m'ignorait juste royalement, semblant juste manger sa glace et penser à autre chose. Une fois mon explication fini, elle tapa légèrement sur la table, et dis que comme quoi j'étais égocentrique, que j'avais l'impression qu'elle était à mon service, et cætera... Enfin bref, elle se barra sans demander son reste.
Ahlala, quelle perte... Son talent ne sera jamais reconnu, pour la simple et bonne raison qu'elle à un ego démesuré... Tant pis. Au moins j'aurais essayé.

Je finis ma glace tranquillement et régla la note auprès du vendeur. Je sortis en le remerciant, et en lui laissant un petit pourboire pour le bruit que l'on avait fait.
Dehors il faisait aussi lourd, voir plus lourd que lorsqu'on était arrivé. Bon, hé bien rentrons, un bus montant près de chez moi passait tout près. Je m'installa à l'arrêt de bus, au maximum à l'abri du soleil, et attendit le moyen de locomotion, me permettant de rentrer.