S’il y avait bien une chose dont on peut être sûr dans cet univers, au milieu des innombrables théories qui tentent, en vain, de le caractériser, c’est que John se faisait terriblement chier en ce début d’après-midi. Le repas était fini, Alice s’était à nouveau éclipsée pour ses affaires personnelles - c’est-à-dire celles où elle devait bien s’habiller et éviter de s’afficher avec un blaireau de jeune homme -, et il avait fini de regarder ses douze séries du moment. Alors lorsque le doux bruit des clés ôtées de leur panier a résonné dans le couloir, le gaillard s’est relevé brutalement et a accouru pour voir qui l’avait provoqué. Russel.

Et c’est comme ça qu’il s’est retrouvé à se dandiner aux côtés de son mentor, se baladant dans la grande rue commerçante de la ville en quête de la veste de celui-ci. Le plan de l’après-midi était simple, en fait : trouver le pressing, récupérer le vêtement, et rentrer. Mais l’adulte-enfant ne le voyait pas de cet œil, non. Il a envie de faire plus, d’occuper les quelques heures avant le retour de son employeuse, en somme.
En passant devant le cinéma, le garçon s’arrêta brusquement. Les films à l’affiche avaient l’air drôlement sympathiques, et ce serait un crime de ne pas aller les voir, allons. Et puis, ils avaient tant de temps devant eux…

« - Eh, Russel. Ça te dirait d’aller au cinéma avant, ou après ? Le film Deadpool a l’air plutôt cool, j’en ai lu des bonnes critiques. »

Cette première demande était presque calme et posée. Mais s’il refusait, alors John prévoyait de le bombarder de diverses autres propositions : il était hors de question d’arrêter si tôt une après-midi qui s’apprêtait à être amusante. Ah ça, non.
Qui plus est, la rue toute entière regorgée d’invitations en tout genre.

C'est dans une conversation banale que John proposa d'aller voir Deadpool. Un héros, ou plutôt anti-héros de l'univers de Marvel. Il avait quelques comics lorsqu'ils étaient jeune, et même maintenant de temps à autre. Il devait admettre que le personne de Deadpool était intriguant, et il comprenait largement la popularité de ce dernier. Un immortel qui ouvre sa bouche sans cesse sans aucun moyen de le faire taire. En soi, les différents pouvoirs imaginé par Marvel et regroupé dans la série X-Men pouvait laisser penser à des contractants.

"Pourquoi pas." Répondit alors brièvement Russel à son compagnon, tandis qu'ils arrivaient finalement devant le pressing. De là, le trentenaire récupéra son manteau entouré d'une housse plastique.

"Quel cinéma ?" Demanda alors le Nephil.

Devant le magasin, John restait planté là, sans bouger. Une manière très simple de résumer son état d’esprit était de le décrire comme surpris – mais ce mot était très loin de couvrir le panel gargantuesque d’émotions qui se baladaient au creux de la tête du jeune homme. Russel avait accepté sa proposition, vraiment. Et du premier coup. Ce n’était assurément pas censé se passer comme ça ; non, le plan était qu’il décline la proposition, et que son gamin-associé insiste encore et encore jusqu’à ce qu’il craque.

Sauf que la victoire avait été rapide, et totale, presque à sa grande déception. Enfin, tout l’intérêt de le lutte effrénée entre Bip-bip et Coyote était que le second ne parvenait jamais à ses fins ; et c’était ses échecs à répétition qui maintenaient sa motivation et ses tentatives inutiles à flot. Si jamais il attrapait le piaf de malheur, c’était alors la fin de toute cette épopée.
Mais ce jour-là, cette grande histoire s’arrêta alors que les bases de ses prémices n’étaient qu’à peine posées – pour dire.

Finalement, son collègue sorti du pressing, sa sobre et élégante veste à la main ; et l’interrogea sur l’emplacement du fameux cinéma, toujours sous son air absolument neutre. Fébrilement, le questionné se tourna d’un quart et pointa une bâtisse du doigt, demeurant muet plus de secondes qu’il ne le fallait.

« - Euh… C’est celui-ci. »

Mécaniquement, il se mit en marche, profitant de son mouvement pour tenter d’arrêter celui de ses pensées. Il fallait qu’il récupère la main sur la situation ; pas qu’il continue à se noyer dans son ébahissement total. Lentement, une idée se forgea sous le feu de son incompréhension, et il tendit la tête vers son ami.

« - Tu aimes bien cet univers ? Tu lisais des comics quand t’étais gosse ? »

Il n’était jamais trop tard pour en savoir plus sur quelqu’un. Surtout si celui-ci avait le potentiel de s’avérer encore plus sympathique qu’il ne l’était déjà.

Par chance, le cinéma semblait très proche du pressing, et c'est ainsi que John le pointait du doigt. Néanmoins, Russel observait son collègue avec un air plutôt intrigué. Le jeune Nephil avait l'air comme nerveux. Le trentenaire ne put s'empêcher d'hausser légèrement les épaules à ce comportement quelque peu atypique pour une simple sortie. De plus, la question de John fit marquer un sourire à Russel qui répondit de façon très détendu.

"Autant que le John Doe du coin."

L'appréciation des comics, une partie intégrante de sa jeunesse. Pour ainsi dire, comme a peu près tout le monde, il avait posé ses yeux sur un comics en étant jeune. Ce n'était pas un loisir passionnel, loin de là, mais cela avait eut la faculté de le divertir. Il arrivait à comprendre les personnes qui étaient à fond dedans.

"Pas toi ?" Demanda-t-il en retournant la question.

Un léger sourire se traça sur les lèvres du jeune homme. Même si l’expression de son collègue lui semblait vieillotte, c’était le contenu qui comptait – alors, Russel Blake était amateur de comics. Ce n’était pas une chose si extraordinaire en réalité, mais elle en connait le bougre, ç’avait le mérite de surprendre. Le garde du corps était du genre tout le temps sérieux et peu blagueur, alors l’imaginer en train de se passer mentalement les aventures de Spiderman et comparses avait un quelque chose de détonnant. Et d’amusant.
Voilà, la stupeur heureuse était passée, John arrivait à rassembler des mots pour former des phrases cohérentes dans sa tête ; et les en sortir ne semblait pas plus difficile.

« - Quand j’étais gosse, mon père aimait pas trop ça, on va dire. Mais j’ai commencé il y a quelques semaines à lire ça et j’t’avoue que je m’en bouffe tous les soirs. Tu lis plutôt quel super-héros ? »

Ce qu’il fallait comprendre, c’était qu’il regardait l’ex-détective avec des yeux pétillants en même temps qu’il parlait. Enfin, il avait trouvé un sujet lambda qui pourrait intéresser réellement son ami, et il ne comptait pas le laisser s’envoler aussi facilement. Non, il allait l’user jusqu’à la semelle, puis il en rachèterait une nouvelle paire pour recommencer. Sauf s’il trouvait un autre centre d’intérêt, évidemment ; mais un quelque chose lui disait que cela n’allait pas être simple.

Et si Russel allait à des conventions là-dessus ? Non, ce serait absurde. Mais, peut-être qu’une surprise est possible …

Réflexion, réflexion. Gambit, ce nom disait bien quelque chose à au garçon, mais il éprouvait quelques difficultés à remettre là il avait pu tomber dessus. Assurément pas un comics, car jamais il n’en a lu un avec ce personnage en héros principal ; et aucun film à sa connaissance ne le mettait en avant sur son affiche. La mine crispée et le doigt mimant presque une réprimande envers personne, il enrageait presque de ne pas réussir à trouver.

« - Gambit, Gambit, Gambit… Je le connais… Mais où … »

Occultant tout à fait la question suivante de son ami, John poussa encore ses recherches mentales un peu ; jusqu’à ce qu’il finisse par franchir la porte du cinéma et découvre la file d’attente déjà bien installée pour la billetterie.
Puis soudain, une révolution prit place dans son esprit. Ça y est, il savait.

« - Que j’suis con ! Il est dans le film de Wolverine, avec le Deadpool raté ! »

Voilà, il était enfin parvenu à résoudre cette question d’importance primordiale – maintenant, il pouvait répondre à l’interrogation suivante de son camarade, nettement bien plus simple.

« - Ouais du coup, désolé du blanc que je viens de mettre, mais … Je voulais retrouver, ha ha. Sinon yep, je viens de me mater l’intégrale des films Marvel de ce siècle, et quelques comics au passage. »

En réalité, il avait déjà légèrement prospecté DC des années auparavant ; mais ses connaissances dans le domaine étaient si légères et clichées qu’il était plus sage de les taire.

« - M’enfin, grande question. DC ou Marvel ? »

A la vue de la queue devant eux, ils avaient encore un peu de temps pour discuter. Au moins un bon cinq minutes, si ce n’est davantage.

Une qualité que l’on pouvait déjà reconnaître à Marvel, c’était la grande réussite du MCU ; ce que DC tentait de copier sans grand succès – sans compter Suicide Squad qui n’était pas encore sorti, l’univers cinématographique de la firme ne comptait que deux films. Ce qui, il faut l’admettre, est vraiment peu, surtout si l’on remarque qu’ils ont décanonisé la trilogie Nolan pour la remplacer par des œuvres qui sont, d’un point de vue très subjectif, d’un niveau inférieur.
Mais, toujours dans ce domaine, la société mère de Spiderman n’est pas non plus sur un sans-faute. Le nombre de reboot de franchises, d’annulation d’histoire et autres farces du genre ces quinze dernières années avait quelque peu perdu John dans son visionnage des films ; et c’est seulement grâce à quelques sites de fans qu’il était parvenu à donner un ordre chronologique à ce qu’il avait vu. En même temps qu’il découvrit que la Fox s’occupait de la moitié des films de la firme, empêchant ainsi un nombre conséquent de super-héros de se croiser sur le grand écran. Un grand univers donc, mais avant tout un sacré bordel.

M’enfin, évidemment, le choix ne s’arrêtait pas là-dessus. Il y avait les comics avant tout, et le petit favori de John depuis toujours était – pour rester dans le cliché bien installé de sa personnalité – chez DC. Non pas Batman comme une immense majorité des gens, mais plutôt Arrow ; dont il avait tenté en vain de piquer les manières lors de ses vols par le passé. Sans succès il va de soi, ses compétences étant très légèrement inférieures à celles du Robin des Bois moderne.

Trémoussant légèrement ses pieds, le jeune homme finit par relever la tête vers son camarade, une réponse finalement trouvée.

« - Je dirais DC, en fait. Mais j’aime beaucoup mater du Marvel aussi ; après tout, pourquoi me priver de ce plaisir, aussi ? »

Question rhétorique. Même s’il avait une préférence, il était loin d’être puriste ; alors, c’était une relation non exclusive comme on peut dire.

« - M’enfin. D’autres favoris en-dehors de Gambit ? »

Dis-moi qui est ton héros préféré, et je te dirai qui tu es. Ou pas.

Si John était un puriste, son amitié avec son collègue serait arrêtée sur le champ. Spiderman, un héros de DC Comics ? Et Russel, un Seraph ? Obama, un officier du Ku Klux Klan ? Ou même, un chat, un chien ? Non, décidemment, un fanatique aurait fait trop grand cas de cette si mince erreur.
Sauf que le jeune homme n’était pas de ces gens-là. Certes, il appréciait les œuvres de cette boîte d’édition, mais de là à mener une guerre pour un simple logo … Non, ce serait absurde. En fait, il se contenta de se taire, un sourire au lèvre – c’était rare qu’il surclasse la culture de son ami dans un domaine, alors il préférait profiter de cet instant au lieu de le détruire en forçant la correction.

Qui plus est, la réponse de l’allumeur de l’hérésie était assez intéressante – parmi la fournée incroyable de super-héros qu’il lui était proposée, son choix s’était arrêté sur un qui n’en était pas un. L’inspecteur Gordon, la figure-même de l’intégrité policière au travers des comics. Si Batman était l’image de l’homme parfait dans ses choix moraux, James était son pendant à un degré moins… Divin ? Enfin, assurément, Russel avait de bons goûts.

« - Au passage, Spidey c’est Marvel, mais t’as bon sur le reste. J’aime beaucoup Arrow … Le délire d’arrêter les riches corrompus, tout ça, t’sais que ça me botte … »

C’était le moins qu’il puisse dire. Il avait même eu un arc par le passé pour l’imiter, mais ç’avait été plus fortuit qu’utile. Et puis, il n’était définitivement pas taillé pour ce genre de chose – sa stature était loin d’être assez impressionnante pour faire trembler de peurs les méchants.
A son grand damne.

« - M’enfin, y a une série qui sort en ce moment centrée sur Gordon, je suis sûr que tu pourrais bien aimer. T’en regardes de temps à autres ? »

John savait que son collègue passait du temps dans sa chambre, ou dehors. Ce qu’il y faisait demeurait un mystère – jonché d’alcool, mais tout de même un mystère.

Spiderman, c'est Marvel ? Lui qui avait cru que tout les héros finissant par 'Man' était de la même boîte. Il fallait croire que c'était une belle erreur de sa part. Tâchons de faire attention à l'avenir, songea le trentenaire en acquiesçant envers cette résolution. John expliquait ensuite qu'il aimait Arrow. Russel ne connaissait pas tellement ce dernier et préféra ne rien dire à ce sujet. Il savait qu'il y avait une série dessus, tout comme Flash actuellement à la télévision. On peut d'ailleurs imaginer que ce sont les progrès techniques qui permettent de rendre 'réel' ce qui autrefois n'appartenait qu'aux comics.

Par ailleurs son collègue l'informa qu'une série était centrée sur Gordon. Amusant. Le Nephil ne savait pas que ce personnage mineur pouvait susciter l'intérêt d'une série. Peut-être qu'il n'était pas le seul à voir dans ce personnage fictif, une noblesse oblige louable.

"Je vois, je l'ignorais. Mise à part les informations, je ne regarde pas tellement la télévision." Avoua-t-il.

Surtout maintenant. Cette idée de rester à rien faire sur un canapé lui laissait un goût amère dans la bouche. Il avait la sensation en faisant cela, de perdre du temps. C'était étrange, puisqu'il n'avait aucun problème à se rendre dans un bar pour y boire de l'alcool. Peut-être qu'inconsciemment, cette visite des bars faisaient partie d'une collecte d'information. Ridicule.

" Arrow... Je comprends mieux ton arme de prédilection maintenant." S'amusa à dire Russel.

Inconsciemment, on émule tous plus ou moins des personnages que l'on admire. Le fait que l'âme de John soit une arbalète... Etait-ce une coïncidence ? De même, le fait que sa propre arme soit un revolver..? Après tout, les armes sont l'inventions de l'homme, en rien ce n'est une âme. Cette représentation de l'âme que les contractants ont... C'est vraiment étrange.

Oui, ça se tenait bien qu’un contractant ne regarde pas souvent la télévision – pour ainsi dire, même un individu lambda n’était pas tenu à y passer ses soirées -, mais c’était le fait que son collègue ne l’allume que pour se renseigner sur l’actualité qui surprit John. Ainsi donc, Russel faisait en sorte de conserver un pied dans le monde réel, alors que chaque jour l’éloignait davantage de celui-ci ? C’était louable, car si un jour tout cessait, il ne serait pas perdu. D’un autre côté, il y avait-il encore beaucoup de Nephils, ou de Seraphs, qui étaient toujours engagés dans la vie dite réelle ?
C’était une question que se posait souvent le jeune homme. Avec de tels talents, prendre le contrôle des organisations ne devaient pas être si compliqués ; mais tout portait à croire que rien ne fonctionnait de cette façon. Etonnant.

« - Tu vas rire, mais je sais tirer à l’arc. Du coup, ça m’a quelque peu aidé au début, mais je me demande bien pourquoi c’est d’une arbalète dont j’ai hérité … Tu penses que, parfois, Il se plante ? »

Avec une baïonnette, qui plus est. Quelque chose de fondamentalement différent de l’arme d’Oliver Queen, bien que probablement plus pratique. Enfin, un arc a bien des usages, même au corps à corps ; mais il est lent à utiliser, et moins perforant à faible portée. Surtout, très encombrant en fait.
Un instant, il convergea toutes ses pensées dans l’unique but de trouver un héros affublé d’une arbalète, mais échoua. Une preuve que Marvel ou DC avaient encore des progrès à faire : allons, il était abruti de ne pas réaliser le fabuleux potentiel de cette arme.

Peut-être parce que la réelle est un peu plus compliquée à utiliser. Oui, ça pourrait être une piste.

Finalement, la voix de la vendeuse de tickets eu raison de la discussion, et les deux collègues s’en allèrent voir leur précieux films ; luttant, mais parvenant à trouver deux sièges côtes à côtes. De délicieux pop-corn en mains, John était entré dans sa phase dite de mutisme. Comprendre que désormais, rien d’autre que la séance – et les publicités avant – ne comptait pour lui, même les sages paroles de son ami. Ainsi, lorsque la séance débuta enfin, il fut presque comme aspiré par les images qui défilaient sous ses yeux.

Enfin, la scène post générique prit fin. Et les iris du jeune homme pétillèrent de joie, d’émerveillement. Il avait tout adoré – la légèreté du ton, sa vulgarité, la fidélité à l’ouvrage, tout. C’est non sans entrain qu’il se leva de son siège et ouvrit la marche à Russel, sautillant presque sur place. Non, vraiment, il se repassait mentalement quelques scènes marquantes ; comment oublier celle sur la glace ? Et les licornes ? La référence cachée au Deadpool raté ?
Décidemment, une œuvre qui le marquerait, même si ce n’était évidemment pas de l’art magistral. C’était court, simple, efficace. Et cohérent. Quoi demander de plus, quand on regarde quelque chose au sujet d’un super-héros farceur et briseur du quatrième mur ?

« - P’tain, il était génial ce film, franchement. T’en as pensé quoi ? »

Le ton était largement donné, et le contredire pourrait mettre son camarade dans une position délicate. M’enfin, pas forcément un problème pour celui-ci, étant donné qu’il était d’ordinaire assez franc, surtout vers les gens qu’il connaissait bien.
Du moins c’était ce qu’imaginait John, et il pensait tout autant que les deux s’apprécier autant, ou presque. Une idée osée, peut-être.

Le film Deadpool avait été très instructif pour Russel. C'était légèrement atypique, et probablement que les humains normaux ne se posaient pas la question. Mais le trentenaire ne pouvait s'empêcher de se la poser. S'il rencontrait un contractant avec les mêmes pouvoirs que ce Deadpool, alors comment le neutraliser ? De même pour cet homme au corps d'acier. Ce n'était pas une blague, si des contractants avec de tel pouvoir existait, alors le combat pourrait se prouver difficile. Surtout qu'il n'est pas difficile d'atteindre ce genre de pouvoir par le biais des vœux. Qu'est-ce que souhaite l'homme en général ? La richesse, l'immortalité, la popularité, être le plus fort ?

Bien des vœux qui pouvaient rendre des contractants totalement imprévisible et surpuissant. Russel avait encore de la marge, sans parler des ombres, l'ennemis naturel, il y avait également cette guerre contre les Seraphs qui rajoutaient une difficulté supplémentaire, là où il n'y en avait pas besoin.

Finalement John le sortit de cette phase songeur avec un enthousiasme que Russel lui connaît bien. Il avait apparemment apprécié le film.

"Intéressant." Répondis honnêtement Russel.

Le principal problème du film, cependant, est qu'il ne donnait aucune solution à comment vaincre un immortel. Après, on peut l'imaginer, mais ce ne seront au final, que des mesures temporaires.

"Si tu devais te battre contre Deadpool, comment tu t'y prendrais ?" Demanda alors le Nephil à son collègue.

La réaction de Russel surprit quelque peu John. Lui qui s’attendait à avoir une discussion sur le film même, voilà que son camarade lançait le débat sur les capacités du personnage éponymes, et posait avec une question rudement compliquée. Comment vaincre un contractant immortel, à la régénération rapide ? Déjà que la deuxième capacité impliquait une difficulté conséquente, la première changeait totalement la dimension du combat : il n’était plus question de tuer, mais de neutraliser, purement et simplement. Mettre l’individu dans une telle position, que même avec un corps intact il ne pourrait s’enfuir de là.
Songeur, le jeune calma quelque peu son entrain et répondit le ton plus plat.

« - C’est compliqué. Je me vois mal parvenir à le vaincre vraiment avec mes capacités, s’il se régénère rapidement. Après, s’il peut mourir temporairement, ça change la donne. Je ferai en sorte de le tuer, puis je l’attacherai et le bétonnerait. Ou le jetterai dans l’eau, j’sais pas. »

Après brève réflexion, c’était une façon de faire bien brutale, quoique sûrement efficace. Mais clairement surprenante de la part de quelqu’un qui se cherchait encore dans cette guerre, bien que ses pensées commençaient à voguer de plus en plus vers un extrémisme presque malsain. A savoir si c’était grâce à Lenna, ou de sa faute.

« - Attends, c’est un peu violent ça quand même. Et puis il faut savoir qu’il est immortel… M’enfin, toi, tu ferais comment ? »

Probablement, son collègue trouverait une solution plus pratique et moins gore. Ou alors, la place du pseudo Deadpool n’aura rien d’envisageable. Vraiment.

Une fois, l’arme de John avait été entaillée. La douleur qui s’ensuivit était indescriptible. Peut-être que si l’on essayait, on pourrait dire que c’est comme lorsque l’on reçoit une blessure à l’intérieur de son esprit-même, comme si quelque chose se brisait en son sein. La seule certitude exprimable, c’était qu’il ne voulait plus revivre cela, car il avait été marqué plusieurs jours par cet incident.
Alors, si l’on détruisait entièrement son arbalète, que se passerait-il ? Sa mort, peut-être. Probablement, en fait ; même, à coup sûr. Et chez un immortel, alors ? C’est une piste.

Pas tout à fait convaincu, mais loin d’être en position de tout à fait nier, le jeune homme fait une moue indécise.

« - Tu penses ? Je sais pas si le vœu englobe tout. Peut-être que son âme sera en mesure de ressusciter au bout de quelques temps, ou que son corps sera vide de toute pensée. Je sais pas, à vrai dire. M’enfin, il y a forcément quelqu’un qui a fait ce vœu, j’me dis … Il est tellement évident. »

Evident, mais plutôt rare, tout compte fait. Qui prend réellement au sérieux Bey quand il se pointe avec ses belles paroles ? Pas John, en tout cas. Russel, peut-être, mais son vœu n’était clairement pas de cette trempe – ni Alice, Leeroy ou qui que ce soit d’autre. Finalement, tout ne rentrait pas dans des clichés, étonnement.

« - T’as déjà rencontré quelqu’un comme ça ? »

Avec son expérience, c’était envisageable. Mais si c’était vrai, alors sa question prendrait une toute autre envergure : ce ne serait plus de la curiosité, mais tout bonnement un moyen de venir à bout d’un vieil ennemi.

Russel était donc quelqu’un de prévoyant. Une redoutable qualité, il va de soi – et en toute circonstance, donc. Même au cinéma, vraiment impressionnant. Secouant sa tête d’une moue presque respectueuse, le jeune homme ne savait plus vraiment quoi répondre. Tout avait été dit sur ce sujet, et il n’avait plus vraiment d’idée à apporter de pierre à apporter à l’édifice de théories.
Alors, il se mit en marche vers la sortie du cinéma, tentant de récupérer son entrain passé pour relancer une discussion.

« - Et sinon, le film en lui-même, t’en as pensé quoi ? T’aimes bien ce genre d’humour, ce côté absurde ? »

Le sérieux était largement parti, là-dessus. Mais John tenait à avoir l’avis de son ami sur le film, en fait. Un autre que son intérêt pour les pouvoirs du héros – qui, même s’il se tenait, ne prenait pas vraiment compte l’œuvre elle-même. Juste une ligne du scénario. Et encore.
Mais bon, il fallait comprendre le gaillard, aussi. Qui, après être sorti d’une séance géniale, n’avait pas envie d’en discuter avec son entourage ? De simplement répéter des scènes marquantes, des blagues bien dosées, ou tout simplement n’importe quoi, mais quelque chose ?
Russel, peut-être.

Ayant fait le tour de la conversation qu'avait lancé Russel, John reprit sur le sujet, un peu moins sérieux. Il est vrai qu'au départ, ils étaient venu voir un film pour passer un bon moment, et non pas pour trouver des solutions contre de potentiels ennemis contractants. Ainsi, le trentenaire poussa sa réflexion vers le côté divertissant de l'oeuvre.

"Et bien... Commença-t-il pour amorcer son point de vue. C'est un film atypique, le personnage principal donne évidemment cet effet, mais la réalisation en elle-même embellit l'auto-dérision que procure le film."

Il s'arrêta un instant, cherchant un mot pour conclure l'impression qu'il avait eut de film. Finalement ce mot fut le même que le premier qu'il avait émit.

"Intéressant."

Russel avait décroché quelques sourires par-ci par-là face aux répliques désinvoltes de Wade Wilson. Cela avait été un bon moyen de se détendre en soi. A l'avenir peut-être qu'il se concentrerait un peu plus à ce loisir. En commençant par exemple, par la série où Gordon est le personne principal, selon John.

"Et toi ?"

Toujours une simplicité dans la façon de poursuivre la conversation.

Waw. En quelques mots, Russel était parvenu à faire descendre d’un cran le merveilleux souvenir que ce film avait inscrit dans l’esprit de son collègue – ce ton si pragmatique ne jouait clairement pas en la faveur de l’œuvre. D’un côté, il y avait Wade Wilson. Un type totalement déjanté qui abusait de l’absurde de ses pouvoirs pour réaliser des actions encore plus folles… Et hilarantes. De l’autre, il y avait un homme qui parlait de ça comme de faits atypiques.

Non. Un pigeon rose, ça c’est atypique. John sérieux, ça aussi. Ou même, une Alice qui s’amuse, voilà c’en est un exemple. Mais nan, Deadpool est bien trop loin de la dimension de ce mot pour pouvoir être qualifié par lui. C’est abruti, génial, pervers, satirique, vulgaire, drôle… Mais, pas un seul à la fois. Et clairement pas simplement atypique. C’en est, mais loin de l’être uniquement.

Voilà, tout ce que le garçon aurait pu s’égosiller à répondre à son ami. Sauf que ç’aurait été futile – et clairement une preuve de son côté fanboy latent.

« - Ouais. J’ai adoré, vraiment. C’était très drôle, fidèle, euh… ‘Fin, c’était trop cool, quoi ! J’ai bien envie de me le remater quoi, et puis lire d’autres comics sur Deadpool. Et j’espère vraiment qu’ils vont faire une suite, comme ils le sous-entendent. Limite j’irai voir l’avant-première. »

Oui, il le pensait. Un instant, il ne se posait plus réellement quant à sa survie jusqu’à la sortie de ce nouvel opus ; non, juste ces quelques secondes, John était humain, avec des préoccupations humaines.
Et c’était agréable. Très.

Victoire ! L’impassibilité latente de Russel avait abdiqué ! Il avait concédé avoir apprécié le film – un exploit, presque. Un sourire s’esquissa sur les lèvres du garçon, et il ralentit quelque peu sa marche pour revenir aux côtés de son camarade, fier d’avoir obtenu de lui un tel aveu. Mieux, une nouvelle séance cinéma était en train de se profiler ; même si elle n’allait probablement pas avoir lieu avant quelques années. Enfin, on pourrait voir ça comme un objectif de survie, aussi absurde qu’il soit.

« - Il y a pas un film qui t’a réellement fait un effet ? Je veux dire, quelque chose profond, dont on se souvient après. Pas forcément sauter de joie, ni pleurer, juste … Lorsque le générique se défile, se dire simplement que, merde, c’était génial. Ou effroyablement génial, au choix. »

Une relance comme une autre, mais elle se valait. Découvrir ce qui pouvait déployer les foudres d’intérêt de son ami, imaginer seulement à quoi il ressemblerait si jamais il était presque fanatique d’une œuvre ; voilà des pensées qui passaient tristement pour quasiment interdites. Pourquoi fallait-il que l’ex-détective soit toujours aussi triste, pragmatique ? Oh, il y avait sûrement une raison derrière cela.
Mais d’ici qu’il la trouve, le gaillard se mettrait en tête d’inverser la tendance. Faire sourire Russel, lui offrir des moments sympathiques – voilà, d’autres buts bien amusants. Loin du cliché niais évidemment, juste une espèce de défi amical.

Effectivement, John n’avait jamais vu ce film – il faut dire, celui-ci ne rentrait pas dans le registre super-héroïque qu’il s’était imposé pour le moment. Mais remédier à cet oubli était plus qu’envisageable, aussitôt qu’il reprendrait une de ses presque nuits dédiées à l’agrandissement de sa culture cinématographique.
Quoi qu’il en soit, il hocha de la tête, avant de la relever en apercevant l’écriteau qui se profilait non loin. Un petit saut par les toilettes, ce ne serait pas forcément une mauvaise idée – après tout, il avait passé la matinée à se gaver d’un nouveau soda, et évacuer le tout allait finir par être nécessaire. Si la nature retire le besoin de boire, elle est inefficace quant aux besoins de sorties, quand on désobéit à sa non-soif.

« - Je reviens. »

Sobre, mais il n’allait pas non plus lui détailler l’exact déroulement de ses actions. Un urinoir, une cible, un jet, un petit râle facultatif. Non, définitivement, ça n’avait pas sa place dans une discussion qui se veut normale. Ou, presque.
Prestement, il s’engouffra dans les cabinets pour soulager sa vessie, puis alla se laver les mains. La classique, en soi ; mais cela devenait un peu moins orthodoxe quand il leva les yeux sur le miroir. Oh, une ombre. Dans les toilettes, encore – à force, cela allait devenir leur point de rendez-vous officiel. Une bonne manière d’arrêter les boissons gazeuses, tiens.

Sans se faire prier, le garçon sorti en trombe de la pièce exigüe et attrapa par le bras son collègue, l’entraînant dans sa course en émettant quelques explications succinctes.

« - Euuuuh, code tu-sais-quoi ! »

Oui, ouvrir un Kekkai au milieu d’une cohue de gens n’était pas une des meilleures idées ; et les salles environnantes étaient soit enregistrées, soit avec quelques témoins. Alors, il fallait se dépêcher de trouver une ruelle ou un coin vide, avant que le monstre ne se décide à lâcher la traque qu’il venait d’ouvrir sur le Nephil.

[Ombre niveau 8]

Tandis qu'il conversait gentiment, Russel remarqua John passer un coup d’œil sur l'écriteau des toilettes. Comme appeler par ces dernières, il s'en alla dans leur direction après avoir prévenu le trentenaire. L'homme, quant à lui, se contenta de patienter, se disant qu'il pouvait très bien attendre John en dehors du bâtiment afin de fumer. Cependant, au vu du personnage qu'était son collègue, il préféra ne pas prendre cette décision, de peur que l'absent croit avoir été abandonné.

Le Nephil patienta donc, observant sa montre de temps à autres. Il se surprit à lire les autres affiches en tête du cinéma. Et alors que ses pensées se dirigèrent vers elles, John arriva à toute vitesse, semblant paniquer. A tel point que Russel vu son bras agrippé par le jeune homme. Une interrogation parcourait la tête du Nephil quand des mots atypiques sortirent de la bouche du fuyard.

Néanmoins ce fut de courte durée, le trentenaire comprit rapidement que son moment nicotine allait devoir patienter à cause d'une ombre qui était apparut. Suivant John dans sa course, enfin, forcé de suivre John plutôt, le garde du corps et son collègue arrivèrent dans une ruelle dénuée de monde. Confirmant qu'ils étaient seuls, le Nephil lança un kekkaï, englobant ainsi l'ombre. Cette dernière fit son apparition bien rapidement.

Russel plissa des yeux, elle avait l'air franchement puissante, cela n'allait pas être évident, même à deux. Un miracle qu'il n'ait pas été rattrapé plus tôt à vrai dire.

"John, Attaque-la par derrière."

Invoquant son arme d'âme, Russel prit directement l'initiative en tirant sur la créature. Le plan était fort simple. Il s'agissait d'une ruelle, donc, aucune possibilité pour l'ombre de s'échapper par les côtés, sont seuls moyen était donc de reculer où d'avancer. En demandant à John de l'attaquer par derrière grâce à son pouvoir de téléportation, cela empêchait l'ombre de pouvoir s'échapper, ainsi que de se défendre correctement. Les deux attaques venant tout deux à des angles à 180° de différence.

[1. L'ombre esquive puis parvient à s'échapper de la ruelle.
2. L'ombre attaque droit devant elle, et esquive la balle.
3. Le tir rate, et l'ombre parvient à faire un bond en sautant sur Russel.
4. Le tir touche l'épaule de la créature qui se jete sur John.( Qui n'a pas encore utilisé son pouvoir de téléportation.)
5. La balle touche le ventre de la bête qui s'arrête quelques instants.
6. L'ombre est touché au niveau de la jambe, l'arrêtant net dans sa tentative de faire quoique ce soit.]

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'Dé classique' :

Il y a des choses qui s'expliquent, et d'autres qui ne se prêtent pas à ce genre d'exercices. Non pas qu'elles soient particulièrement ardues à décrire, mais c'est plutôt par respect envers le personnage et sa dignité que l'on rejette la discipline.
Oui, John s'était téléporté de l'autre côté de la ruelle, bloquant logiquement la sortie à l'ombre musculeuse qui tentait de s'échapper après avoir magistralement esquivé la balle de Russel. Oui, la même bête parvint à sortir de l'espace exiguë, par la même issue bloquée par le même jeune homme. Comment ? C'est là que les histoires ne se content pas.

Mais un effort sera fait, qu'importe la future réputation du gaillard, déjà bien entachée par ses frasques. Pour faire court, cela met en jeu une tentative de plaquage sur le monstre, un échec,  et une fuite ainsi facilité de ce dernier. Pas très glorieux.

Néanmoins,  le garçon ne s'avoua pas vaincu si vite et se remit sur pieds prestement, courant à grandes enjambées pour rattraper un peu son adversaire qui ralentissait pour trouver un meilleur terrain, et lâcha deux carreaux.

[i][1 : Rien. Juste, rien.
2 : Un carreau frôle l'ombre.
3 : Un se plante dans son dos.
4 : Épaule.
5 : Les deux dans le dos, l'affaiblissant un peu.
6 : Bas du dos + Jambe, elle s'arrête un instant et est plus lente][/i

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'Dé classique' :

Le bonheur d'avoir son manteau dans un film plastique avec lui, était que ses actions de combat s'étaient retrouvées chamboulés. Il avait en effet, dû passer son vêtement vers son bras gauche pour pouvoir ensuite tirer avec son bras droit. Chose étant le confort n'était pas à son comble, et son tir, loin de faire mouche avait raté lamentablement. D'autre part, son collègue, n'avait guère fait mieux, l'ombre s'échappa donc, jugeant probablement que la position dans laquelle elle était, n'était pas des plus avantageuses.

Russel poursuivit donc la créature noire, un peu en retard. Cependant, le jeune Nephil, lui, parvint à faire mouche avec son carreau, faisant lâcher à l'ombre, un léger cri rauque. Elle s'arrêta dans sa course, dans la rue principale, jaugeant du regard son assaillant. Ainsi, elle alla attaquer John , griffe devant elle, afin de parer d’éventuelles carreaux.

Le trentenaire, quant à lui, pointa son revolver vers la jambe de la créature.

[1. Russel rate encore une fois ses tirs.
2. L'ombre pare les balles de Russel avec ses griffes, ne souffrant aucun dommage si ce n'est une petite fissure sur ses griffes.
3. Un tir fait mouche les autres rates où sont parés par la créature noire.
4. Deux tirs font mouches, ralentissant un peu la créature.
5. Trois tirs font mouches, immobilisant l'ombre quelques instants.
6. Jackpot, tout les tirs touchent, faisant chuter la créature lourdement au sol.]

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'Dé classique' :

Si toutes les courses-poursuites se passaient de cette manière, ce serait une véritable déception quant à l’irréalisme des films. Pas que John ignore que tout était amplifié à l’extrême dans ce genre d’œuvre, mais il y a certaines modifications qui ne passent pas inaperçus. Lui qui imaginait devoir poursuivre l’Ombre jusqu’au bout du Kekkai – qui, soit dit en passant, était d’une taille remarquable au vu des capacités de son collègue -, voilà qu’elle rebroussait chemin d’elle-même et chargeait ses poursuivants. Bon, le critique intérieur du jeune homme concédera que ce genre de bête est une exception à la règle qui veut que celui qui se fait coursait, court. Et dans la direction opposée à celle de ses assaillants, de préférence. En général ça augmentait les chances de survie.

Long blabla à part, les balles de Russel furent une aubaine pour le gaillard – lui qui pensait courir droit sur l’ombre après sa première salve, s’était retrouvé à devenir cible et non plus chasseur ; et même si ses réflexes s’étaient accrus, ils n’étaient en rien prodigieux. Alors le léger ralentissement dans le jeu de jambes du monstre permit à John de s’arrêter un instant, pour se téléporter dans le dos de son ennemie et ainsi éviter sa griffe. Tout en la mettant désormais face, quoiqu’à une bonne distance, de son partenaire. Bah, il était loin d’être vulnérable.

Se retournant prestement, le jeune homme décocha deux nouveaux carreaux sur son adversaire, cherchant à l’affaiblir pour éviter qu’elle ne puisse atteindre la veste sous plastique de son collègue.
Non parce que des blessures, du sang, ok. Mais déchirer l’objet initial de leur venue, c’était inadmissible.


[1 : Comme son senpai, John rate ses tirs.
2 : Pas grand-chose, c’était précipité. Des éraflures tout de même.
3 : Les fesses, et à côté.
4 : Un fesse, et haut de la jambe. Ralentie.
5 : Un sur chaque jambe. Davantage ralentie.
6 : Les deux sur la même jambe. Ça l’arrête dans son mouvement et elle tombe à terre.]

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'Dé classique' :

Vraiment, tout cela devenait frustrant. Déjà, les tirs de John avaient été ridicules – belle preuve que ses entraînements avec son collègue profilaient encore de beaux jours devant eux -, puis l’ombre avait décidé de reprendre sa cavale, mais pas là où elle l’avait arrêtée. Elle qui aurait pu gentiment continuer de courir au beau milieu de la grande rue, voilà qu’elle avait eu l’once d’intelligence de bifurquer sa course pour se terrer dans une petite ruelle sombre ; le genre d’endroit où elle est parfaitement à l’aise, et que ses assaillants ne le sont pas franchement. Enfin, cela limite l’angle de tir, ce qui pourrait un avantage … Si l’ennemie ne pouvait pas se fondre dans l’obscurité pour réapparaître à des hauteurs illogiques.
Et comme si ce n’était pas assez, le garçon, qui s’était rué sur le nouveau monstre lorsque celui-ci avait fait son entrée tout proche de la veste fraîchement repassée de Russel, s’était vu voler sa proie. Enfin, le terme est mal choisi, mais entre l’instant où il avait fait deux pas vers sa proie, pointé son arme et tiré un carreau, une balle était venue mettre un terme à la courte et misérable vie de la bête rachitique. Le jeune homme s’autorisa un soupir, avant de lancer son regard vers son camarade, pour mettre au point une stratégie d’attaque contre la première ombre.

Sauf qu’elle était juste derrière son collègue, en train de lever sa griffe pour l’abattre sur son dos mal protégé. Une seconde de réflexion fut donnée au petit blondinet pas si blond, et il se téléporta juste au-dessus de l’assaillante, tombant sur elle grâce à la gravité et plantant sa baïonnette dans son épaule, les plaquant tous deux au sol – non sans blesser le genou droit du sauteur, habitué à des réceptions plus acrobatiques et maîtrisées.

Ce n’était qu’une question de peu de temps avec l’Ombre se débarrasse du garnement qui la handicapait, mais c’était peut-être assez pour offrir une ouverture à Russel.
C’était aussi qu’il fallait qu’il en profite, parce que ces usages répétés commençaient à peser sur l’endurance de John.

Bon. Voilà qui était fait. Bon an mal an, John se releva et s’épousseta légèrement les vêtements – plus un effet de style qu’un geste utile -, avant de balayer les environs du regard. La scène qui se profilait devant ses yeux était en réalité bien triste à voir : était là un homme qui pleurait la perte d’un être cher à son cœur. Enfin, presque. La vérité était que Russel se tenait debout au-dessus des tristes restes de sa veste, murmurant quelques mots à son attention. Des prières pour que son trépas se fassent accompagnée ? Des injures envers l’infâme Ombre ? De simples lamentations ? Assurément, le jeune homme n’en savait rien ; il était trop loin pour entendre. Mais malgré ça, il imaginait la terrible souffrance qu’endurait son collègue à cet instant. Il était toujours difficile de voir un de ses alliés se faire déchiqueter au combat, quand bien même ce n’est qu’un manteau.
Qui sortait tout juste du pressing, en plus.

Respectueux, le gaillard s’approcha de son ami – qui se réfugiait déjà dans l’alcool -, et lui posa une main sur l’épaule, la tête baissée et le ton grave.

« - Courage. Je te soutiens Russel, c’était une veste remarquable. Mais le criminel a payé … »

Toujours solennel, il reprit sa marche et dépassa l’éploré, contemplant à son tour le cadavre de la partie trop tôt. Sale blessure que voilà. Et dire que la journée avait si bien commencé … Qui plus est, il faudrait l’annoncer à Alice.
Quoique, il n’était pas certain qu’une perte du genre l’intéresse. Pas assez vivante qu’elle dirait peut-être, et donc sûrement pas morte. Un point de vue qui se défend, mais la raison n’avait clairement pas sa place dans un moment tel que celui-ci – les deux étaient dans une espèce de communion malheureuse, et leur annoncer maintenant qu’une veste, ça peut se racheter, serait déplacé.

« - Il faut qu’on y aille. On l’enterra dignement, dans le cimetière des manteaux. »

Alias la poubelle. Ouais, ça perd en charme dit comme ça.

Certes, cette relique n’était qu’un manteau. Qui n’était lui-même qu’un bout tissu, composé à son tour d’une agglomération de molécules, fiers tas d’atomes si on vulgarise l’affaire. Donc, somme toute, pas grand-chose.
Mais ce serait occulter l’aspect sentimental de tout cela. Un vêtement avait une histoire, une raison d’être acheté ; on ne les envoyait pas dans le sacro-saint pressing sans avoir quelque chose en tête, aussi insignifiante soit-elle. Ainsi, Russel n’avait pas perdu qu’une veste aujourd’hui. Non, il avait aussi perdu une partie de lui-même. Peut-être était-ce trop ésotérique pour que John partage ses pensées avec une personne – drame que cela.

Silencieux, le jeune homme fit demi-tour et suivit son collègue. Evidemment, pour relever un Kekkai il valait mieux être dans un endroit discret, et non pas au beau milieu d’une ruelle commerçante. A moins que l’on veuille dévoiler le système de Contrat au monde entier, et ainsi devenir soit un super-héros, soit un paria monstrueux à éliminer. Et connaissance quelque peu la paranoïa des hommes, et suite à une bonne lecture des comics X-Men, la seconde option semblait plus plausible. Malheureusement.

« - T’en as d’autres aussi belles, ou faut qu’on passe en acheter une nouvelle ? »

Tout bien réfléchi, il pourrait être sage de rentrer maintenant. Ce serait triste qu’une nouvelle ombre déchiquète son achat frais, et les forcent à recommencer le bazar.
Donc, rentrer ? Après tout, l’après-midi avait déjà était bien remplie, et le gaillard était plutôt satisfait de sa petite balade – enfin autre chose que des ombres de nuit, des journées à lézarder ou des diners mondains. En somme, une sortie normale, avec un ami. Ok, un ami assez distant et sérieux, mais un ami quand même.

L'affaire était donc close. Il ne restait plus qu'à rentrer. Au final, il n'avait absolument rien gagner de cette sortie, si ce n'est la chasse de deux ombres. Ce qui n'est pas un mal en soi. Tuer les ombres signifient qu'il sauvait des innocents. Ce n'était donc en rien une perte de temps. Malgré tout, un léger regret s'attardait dans son esprit.

Il tenta de le balayer en un soupir tandis qu'il songeait aux propos de John.

"Non, rentrons, nous avons assez traîné pour aujourd'hui."

La chaleur n'était pas tellement le point fort du trentenaire. Et avec le petit sport qu'il venait de faire, une bonne douche s'annonçaient très relaxante. Ainsi, en retirant son kekkaï dans la petite ruelle, l'ivrogne était déjà prêt à s'en aller quand il sentit un regard derrière lui. Il se retourna pour voir, non seulement John, mais également deux autres jeunes hommes.

*Oie oie, on est pas dans le Quartier Sud ici.*

Ces derniers avaient leurs yeux tellement écarquillés qu'on pouvait craindre qu'ils sortent de leurs orbites.

"Co...Comment vous êtes arrivé ici !?" Cria le premier en cachant dans sa poche rapidement un petit sachet contenant une poudre blanche franchement suspicieuse.
"Bon sang, j'ai encore rien prit, mais ça à l'air d'être de la bonne frère." Interpella le second.

"On y va." Lâcha Russel pour John.

Des drogués, aucune raison de s'en inquiéter donc. Leur témoignage ne sera jamais prit au sérieux.

Lorsque le Kekkai s’ôta de la vue du jeune homme, celui-ci s’étira presque par habitude. Le combat était terminé, le repos était donc de mise – et même si ses sauts à répétitions avaient entamé son endurance, il ne doutait pas d’être capable d’enchaîner dans peu de temps avec un autre affrontement. Il se mit à marcher, jovial, quand quelques voix désemparées l’alpaguèrent.
John tourna légèrement la tête et découvrit deux gaillards presqu’affolés, désireux d’en savoir davantage sur cette soudaine apparition ; et avec un sachet notablement blanchi par son contenu à la main. Un large sourire aux lèvres – effrayant s’il peut l’être -, le Nephil prit la parole.

« - Nous sommes des envoyés de Dieu. Lâchez cette poudre et n’y retouchez jamais, sinon la prochaine fois nous ferons plus que simplement apparaître. »

Et sur ces mots, il agrippa la veste de son collègue pour les transporter de l’autre côté de la ruelle, là où les regards des pécheurs n’étaient pas. Arrivés, le prétendu messie passa un bras sur l’épaule de Russel, essoufflé mais hilare.

« - Bon, j’suis crevé là. Mais bon, ça valait le coup nan ? T’as vu leur tête ? Et puis ça passera pour une hallucination, pas de problème. »

Une bonne action aussi. Peut-être. Toujours est-il qu’il n’y avait aucun risque à faire ce genre de choses, quand les témoins étaient déchirés – personne ne ferait attention à leurs racontards, ou alors ça ferait l’office d’une grande messe dans la paroisse du coin. Bah, et puis, avec de la chance ils arrêteraient leurs conneries de drogues.
M’enfin, John s’était amusé à jouer ce pseudo-rôle. Et rien que pour cela, ça valait le coup.

Luttant pour reprendre son souffle, et pour que ses jambes arrêtent de trembler, le jeune homme s’affairait à se tenir presque droit.

« - On rentre ? Je tiendrai pas un sprint, là. »

Russel aurait du savoir que John n'allait pas se taire devant ses pauvres miséreux accro à la poudre blanche. Et voilà qu'un ancien voleur apportait la bonne parole à des drogués. Le trentenaire félicitait intérieurement la reconversion du jeune homme en bon samaritain tandis qu'il fut transporté afin de servir d'exemple divin.

Résultat, un collègue exténué. Le Nephil soupira, servant de support à John afin qu'il ne s'effondre pas. Difficile de rentrer dans ces conditions. Russel chercha du regard un café pour faire une pause, afin que son allié récupère de tout l'effort qu'il venait de fournir.

"On va faire une pause avant si tu veux bien." Prévint le trentenaire tandis qu'il se dirigeait vers le café le plus proche.

Il fit s'asseoir John sur une chaise, puis se mit sur la chaise d'en face, attendant que le serveur arrive. Ce dernier enfin présent, le Nephil commanda sa propre boisson.

"Un café s'il vous plaît."

En fait, cette ultime téléportation avait totalement exténué le garçon. Lui qui se pavanait presque après sa bonne action, subit brutalement le contrecoup de ce qu'un pas pouvait lui donner après un tel abus de ses pouvoirs - un état larvaire. Physiquement simplement, car son esprit regorgeait encore d'absurderies en tous genres.
Il se laissa porter sans protestation par son collègue jusqu'au café le plus proche, puis s'affala sur la chaise qui lui était offerte. Quelques regards le toisèrent avec mépris, croyant probablement à un ivrogne bien matinal, puis s’effacèrent par ennui. Leur énergumène n’était ni très causant, ni très vivace, alors la contemplation ne valait pas le détour.

Le serveur présent, John mit un certain temps avant de saisir que c’était à lui de commander. Il réfléchit quelques instants, puis trancha.

« - Oh, désolé. Un jus de mangue s’il vous plaît. »

Quoi ? Pas très viril comme commande ? Et alors ? S’il vous voulait cette boisson, alors il pouvait la demander. Surtout qu’elle était assez sucrée et le requinquerait quelque peu – histoire de rentrer avant la nuit. Il se releva un peu sur sa chaise, puis adressa un sourire à son collègue.

« - Merci Russ’, j’crois que j’y suis allé un peu fort. M’enfin, c’était drôle, nan ? »

C’était presque s’il demandait son approbation, et ça l’était peut-être en réalité. La vérité était que le gaillard avait légèrement paniqué sur le moment, absolument pas habitué à la situation, et s’était contentait de prononcer les premières conneries qui lui passaient par la tête.
M’enfin, il avait déjà fait pire. Comme tout exposer à une vendeuse de glace qu’il connaissait depuis de simples minutes, ou s’offrir en otage à un Seraph de passage. Vraiment, dès lors qu’il tentait d’improviser, ça finissait rarement de la bonne manière.

Que son esprit têtu et absurde l’accepte ou non, John devait avouer qu’il avait fait n’importe quoi avec ses pouvoirs. En abuser autant, se mettre dans une telle fatigue, pour une action aussi abrutie ne valait définitivement pas le coup. Enfin, si, de son point de vue. Mais pas de celui de la raison, aka Russel Blake. Le garçon baissa un peu la tête, silencieux ; puis, il la releva, les lèvres jointes.

« - Ouais, désolé. Ça m’a paru cool sur le moment, mais c’est vrai que ç’aurait pu très mal tourné à cause de ça. »

Ceci réglé, restait la question de son endurance. Dans l’état actuel, il était clairement inconcevable qu’il aille où que ce soit, mais il ne voulait pas non plus moisir sur ce siège. Parce que tôt ou tard, il faudrait bien rentrer chez Alice et reprendre leur job, et sans être une larve non plus. Ça, ça marche dans les couloirs de la faction, mais pas quand le taf est de protéger une vie.
Brisant ce non-échange, le serveur revint et déposa les précieuses commandes sur la table ; et à l’instant de son départ, le jeune homme attrapa son verre et le vida d’une traite, auscultant mentalement son corps pour savoir s’il glanait un peu d’énergie. Que dalle.

Après un rapide soupir, John se décida à relancer la discussion. Quitte à rester ici quelques temps, autant ne pas s’ennuyer.

« - Sinon. Tu sors parfois en dehors du taf, et des chasses ? »

La question était étrangement normale, et partait d’un véritable désir d’en savoir plus sur son ami – même s’ils travaillaient ensemble, les deux ne connaissaient pas tant que ça les habitudes de l’autre. Enfin, en dehors du coté contractant du terme, il va de soi.

John reconnaissait sa faute, mais connaissant le personnage, cela n'allait pas le faire changer pour autant. Russel se demandait parfois s'il passait sous les yeux de John comme un collègue horriblement pénible à avoir. Le Nephil était conscient que ses capacités sociaux et notamment ceux en humour, n'était pas à leur apogée. Soupirant tranquillement, laissant le doute sur le sens de celui-ci.

"Comme tout le monde, j'imagine." Répondit-il.

Souvent pour traquer une certaine personne, parfois pour faire quelques petits boulots datant de son ancien travail et rarement pour se détendre. Sirotant une autre gorgée de son whisky, Russel passa son regard sur la rue. Depuis la terrasse, il était facile de voir les gens défiler comme des milliers de fourmis. Pas mal avec des sacs, contenant leurs achats. Dans ce qu'il y avait de notable... Un couple, un peu plus loin ne semblait pas d'accord sur le prochain magasin à visiter. Des parents subissaient les caprices d'un petit garçon qui voulait rentrer dans un magasin de jouet et enfin, une grand-mère avait du mal à avancer dans la foule et se faisait bousculer dans tout les sens.

Sur qui porter son attention ?

[1-2: Le couple.
3-4: La famille.
5-6: La grand-mère.]

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