A son grand damne, la réponse de Russel fut bien décevante – aucune à proprement parler, et pas vraiment d’informations. Bah, c’était tout le genre de l’ex-détective d’être mystérieux sur ses activités, et le jeune homme ne briserait pas cette tradition ce soir. Non, au lieu, d’insister, il se contenta de tracer le regard de son interlocuteur, apparemment plongé dans la contemplation d’une famille un peu plus loin. Intrigué, John mima son collègue.

A bien y regarder, c’était une véritable scène de ménage qui prenait place. Un gamin était en train d’hurler à s’époumoner devant un magasin de jouets, et son père tentait de le raisonner tandis que sa mère était presque honteuse de la situation. Et puis, ça alternait.
Il faut dire, la boutique que visait le pleurnichard n’était pas n’importe laquelle. C’était la grande spécialiste en jeux-vidéos, toujours antre aux dernières nouveautés, coin de tests et autres choses dont un enfant pouvait raffoler – et pas que ; nombreux était les jeunes adultes à se rendre fréquemment dans le coin.

« - Cinq dollars que le gosse gagne. »

C’était évident. Aucun parent n’appréciait que des inconnus assistent, et surtout subissent, une crise de leur enfant ; et la solution pour que tout cela s’arrête semblait bien simple : gâter le caprice. Oui, résister serait encore plus bénéfique, mais la plupart du temps les gens étaient pressés, alors John ne se faisait pas trop de souci pour son argent. Dans le pire des cas, ce n’était pas comme s’il avait toujours des soucis à ce niveau-là. Non, vraiment, depuis qu’il travaillait, tout avait tellement changé dans son train de vie.

[1-3 : Les parents luttent, et l’enfant calme ses pleurs.
4-6 : Le gosse gagne, et va dans la magasin.]

Le membre 'John Fallen' a effectué l'action suivante : Les joies du hasard

---

'Dé classique' :

Alors que Russel observait cette petite famille, John proposa de parier. Le garde du corps soupira, haussant légèrement les épaules avant de simplement dire.

"Très bien, je suis."

Une minute plus tard, les parents, bien trop gênés par le comportement de leur enfant en public, lui, cédèrent. Le trentenaire lâcha un second soupir. Pourquoi les parents cèdent ainsi à leurs enfants ? C'est encore plus honteux que de laisser la gamin faire ce qu'il veut de la sorte ! Et il ne pensait pas cela parce qu'il venait de perdre un pari stupide, oh que non.

Le Nephil déposa le billet de cinq sur la table. Il observa une nouvelle fois la rue, et plus précisément le couple avec la femme qui souhaitait se rendre dans un magasin de vêtement et l'homme dans un magasin de jeux vidéo.

"Mmh... 10$ que la femme gagne l'échange."

[1-2: le couple se dirige vers le magasin de vêtement.
3-4: Le couple se dirige vers le magasin de jeux vidéos.
5-6: Ils se séparent en deux et vont chacun vers le magasin qui les attire.]

Le membre 'Russel Blake' a effectué l'action suivante : Les joies du hasard

---

'Dé classique' :

Léger sourire de victoire du jeune homme, après avoir vu le glas des cinq dollars de son ami sonner. Effectivement, le bambin avait remporté l’âpre lutte contre ses parents, et ainsi permit à John d’agrandir son patrimoine. Il leva les yeux au ciel et posa sa main sur le billet, jusqu’à ce qu’une relance l’arrête dans son mouvement. Doubler la mise, en pariant sur le couple d’à côté ? Pour sûr !

« - J’te suis. »

Le garçon leva un sourcil, intrigué par ce qu’il allait se passer. Qui des deux vaincrait, jouerait le mieux d’arguments divers et variés ? Son espoir était que ce soit l’homme, mais le sort lui dévoila bien vite que son collègue avait choisi le bon parti.
Soupirant, il alla poser ses dollars initiaux sur ceux de Russel, et reporta son regard à nouveau sur la foule.

« - 20 sur … »

Vite, trouver quelque chose. Là, une grand-mère était à terre, probablement heurtée par un passant malintentionné ou maladroit. L’idée était là, et satisfait, il reprit la prole.

« - ... La mamie. Je dis que c’est un mec qui va la relever. »

Totalement au pif, ce parti. C’était simplement pour en avoir un, et laisser le hasard choisir du vainqueur – mais à ce rythme de surenchère, il se pourrait bien que leur petit jeu finisse par atteindre des sommes pharamineuses, et attire des yeux mauvais. Bah, peut-être que cela animerait un peu plus leur après-midi alors, tant est que les fourbes soient assez patient pour attendre que John soit plus en forme.

[1-2 : Personne ne la relève, et elle se débrouille toute seule.
3-4 : Une femme.
5-6 : Un homme.]

Le membre 'John Fallen' a effectué l'action suivante : Les joies du hasard

---

'Dé classique' :

Ces petits paris qui s'étaient installés entre Russel et John avaient le mérite de faire passer le temps. Malgré tout, cela n'avait rien d'une activité louable. Parier de la sorte sur ce qu'allait devenir les différents passants de la rue commerçante, c'était en soi, quelques peu irrespectueux envers ces derniers. Néanmoins, Russel appréciait ce genre de jeux. Ou au final, le hasard et l'observation déterminait le vainqueur.

"Je suis."

Maintenant, qu'allait-il se passer ? Est-ce que la grand-mère allait se faire relever par un homme, comme l'avait supposé John ? Une femme ? Ou alors un tout autre dénouement ? Et bien, il se trouve que ce fut une femme qui avait aidé la Grand-mère à se relever.

"On dirait bien que ta chance du début t'as abandonné."

Oui, l'ivrogne se prenait au jeu. Tandis qu'il lâchait cette petite provocation, il sirota une autre gorgée de son café de façon relativement arrogante. Cherchant du regard d'autres éléments sur quoi parier. Finalement, ce fut la table d'à côté qui attira son attention. Trois hommes buvaient chacun un demi et semblaient discuter de leur journée de travail. Mais ce qui attirait l'attention du trentenaire, c'était le plus jeune des trois. En effet, ce dernier observait une table plus loin où se trouvait un autre homme qui lui buvait son demi seul.

"N’empêche, quel genre de comptable fait une erreur qui nous fait perdre plus d'un million !?" S'écria le plus ancien.

Le plus jeune acquiesça timidement, ne semblant pas savoir où se mettre tandis que le dernier homme des trois, frappa la table fortement en délivrant sa colère.

"Je te le fais pas dire ! Le boss va le virer, c'est clair. En attendant, c'est nous qui ramassons les pots cassés ! Putain ! Si on coule et qu'à cause de ça, je me retrouve sans boulot, je pense que j'irai lui casser la gueule. Pas vrai le rookie ? Tu viens juste d'être embaucher et on te file un supérieur incompétent, tu dois être remonté aussi, nan ?"

Le jeune but une gorgée de son demi, comme pour se donner du courage et lâcha avec véhémence.

"Evidemment ! Ma femme vient de tomber enceinte, et perdre mon boulot maintenant, nous donnerait un gros coup au moral et financier..."

Le plus vieux frappa amicalement l'épaule du plus jeune, comme pour lui montrer sa compassion.

"Bien dit. Un homme doit subvenir à sa famille ! C'est un garçon ou une fille ?"

Le plus jeune afficha une légère grimace.

"On ne sait pas encore."

Ma foi, voilà une situation intéressante. Rien qu'en observant ce petit échange informatif, on peut deviner que le coupable n'est pas forcément celui que l'on croit. M'enfin, Russel se disait que ce n'était pas à lui de dévoiler cette vérité.

Décidément, sa première réussite n’avait été qu’une feinte dessinée par l’architecte de la chance, et le jeune homme afficha une petite grimace en découvrant qu’il venait à nouveau de perdre. Et si les paris se continuaient, cela voudrait donc dire qu’il avait la possibilité de dépenser davantage – ou de tout récupérer, au choix. Mais il ne se faisait pas grandes illusions sur l’issu de l’affaire.

Prêt à sortir une nouvelle liasse de son portefeuille bien assez rempli, il comprit que les oreilles et yeux de Russel s’étaient déjà portés autre part. Volage l’animal. Le garçon haussa un peu ses épaules, et se mit lui aussi à jouer l’espion, captant que la discussion déjà bien entamée semblait assez intéressante – ou à défaut de vraiment l’être, au moins quelque peu passe-temps.
Une histoire de comptes mal faits, ou falsifiés. Un type fraichement embauché qui prétend être un père en devenir et qui est mal à l’aise quand on lui pose des questions ; et enfin, un vétéran de l’entreprise à la langue bien pendue. Presque de quoi faire une pièce de boulevard, si on rajoute la jeune femme infidèle avec le patron. Et puis un autre personnage, de quoi faire sa petite spécificité – peut-être pas sa saveur, personne ne dit que ce serait un réel succès.

Totalement avachi sur son siège, John sourit en coin et écouta la suite de la conversation, l’air étrangement pensif plongé sur le fond de son verre.

« - Ah, un p’tit gars j’espère. Parce que tu fais du bon taf, et que tu pourrais bien faire carrière dans notre boîte, si l’autre abruti de gars fait pas couler le tout. Et puis, t’auras pas vraiment le temps de la surveiller si jamais t’avais une fille, donc elle pourrait mal tourner avec des racailles. »

Un pur texan l’animal, fils des clichés les plus insultants pour l’État – quoique, la moustache glorieuse en moins.

« - Ah, merci. J’espère aussi. Mais dites, c’est si grave pour la boîte, cette perte ? »

Sa voix se faisait un peu plus fluette, et son teint blanchit quelque peu. Et le verre qu’il descendait n’avait qu’un effet limité. Brutalement, une grosse main vint s’abattre sur le haut de son dos, le tapotant plus que virilement.

« - Fais pas cette tête le rookie. Mais ouais, c’est un sacré trou dans la cagnotte qu’on a là, j’sais même pas si on avait cette somme pour te dire. Pour pas que le boss te vire lors du ménage, va falloir être sacrément bon… Ou rentrer dans ses petits papiers. »

Et non, il manquait le clin d’œil graveleux. Mais c’était une belle tentative. Sur son siège, le nouveau se faisait de plus en plus petit, malgré sa lutte permanente pour récupérer de la contenance.
Décidemment, une scène amusante.

Il n'y a pas de stricte vérité, mais il paraissait évident que quelque chose clochait dans l'échange parmi les trois hommes. Mais ce qui avait marqué Russel, c'était les coup d’œil du jeunot vers l'autre homme plus loin. Serait-ce possible que cet homme éloigné du groupe ait un lien. Ce dernier se leva pour aller commander un autre demi, l'expression impassible. On a du mal à croire que c'est la tête d'un type qui est en rapport avec les affaires de ces trois autres hommes... Mais alors pourquoi le jeunot le regardait avec autant d'insistance ?

"Jacky, faut que tu comprennes que dans la vie, il faut se battre pour garder sa place. Tu comprends ?" Exprima soudainement le plus vieux, montrant clairement des signes d'ébriétés.

"Oui, oui je comprends..." Répondit le plus jeune en sirotant son demi.

Dans l'esprit du Nephil, il était clair que quelque chose allait éclater, mais quoi ? Est-ce vraiment la faute du comptable que leur entreprise à perdu 1 million ? Voilà une question qui se verra en suspends pour le prochain épisode.


(poste court car je dois y aller xD)

Décidemment, tout semblait s’accélérer. Le vieux plus ou moins ivre et le texan échauffé, le jeunot se mit soudainement à sourire faussement, posant les mais sur son sièges.

« - Oh, euh, désolé, il faut que je revienne. »

Et sans attendre, il se dirigea, la marche vidée de la moindre hésitation, à la table de l’homme qui aimait les demis. Oui. C’était son nom de code, désormais. Brusquement, il se mit à être un peu plus gauche, et prononça quelques salutations inaudibles, mais empestant le tact gauche.
A son ancienne table, les deux collègues avaient repris une discussion de plus belle, inintéressante à souhait – mais comme s’ils souhaitaient, involontairement, se priver des bribes de blabla extérieurs par leur propre voix. Evidemment, de là où se trouvaient les deux Nephils, il n’y avait pas le moindre souci.

Camouflant brièvement les autres bruits, le serveur revint à leur encontre, désireux de savoir si d’autres besoins étaient désirées.

« - Oh, euh, un autre jus de mangue s’il vous plaît. »

Et la commande de Russel prise – ou non -, le brave homme s’en retourna sur ses pas, mettant un terme à ce bref interlude. Les éclats retrouvèrent leur chemin jusqu’aux deux curieux, et l’enquête improvisée put reprendre son cours.

« - Ecoute, gamin. C’est pas comme ça que ça marche, c’est pas cinquante-cinquante. »

Clairement, ils avaient loupé un bout de l’affaire. Mais cela devenait de plus en plus passionnant, comme lorsque l’on se perd à mater une série policière. Et qu’on ne la lâche plus de la soirée, tout à fait pris au jeu.

« - Mais, j’ai pris des risques ! Et puis, tu sais bien que j’ai des emmerdes, avec mes emprunts … »

Oh. John esquissa un sourire, son cerveau commençant à assembler diverses pièces du puzzle. Il avait des coupable, un motif – il ne manquait plus que le mode opératoire, et il pourrait … Hmm … Ne rien faire ?

Ainsi, l'échange entre les trois hommes se vit quelque peu chamboulé par le plus jeune qui s'en alla. Et alors que Russel allait écouter la suite de la conversation, le serveur arriva, comme une interférence. John commanda du jus de mangue, le trentenaire prit un petit verre de whisky sentant qu'il en aurait bien besoin pour assimiler le reste de ce qui allait suivre.

"C'est quand même dégueulasse ce qu'on fait Johnny avec Damy.
- T'inquiètes pas André, il est aussi dégueulasse que nous pour s'être fait avoir dans un premier temps." Répondit le plus vieux.
Il avait manqué une grosse partie de la conversation mais ces éléments montraient qu'il y avait anguille sous roche. Ainsi, serait-il possible qu'en réalité, le jeunot soit le bouc émissaire d'une grosse machination ? SI tel est le cas, et que le jeune homme dit la vérité à propos de sa vie privée, alors il est en réalité dans de beau draps. Sa vie va certainement se transformer en un véritable enfer. S'il aime sa femme, alors il divorcera afin qu'elle n'écope pas de ses dettes. Pauvre jeune homme, le profil typique d'un futur suicidaire, ou bien d'un futur contractant. Enfin mieux vaut le premier que le deuxième.

Soudain, le jeune homme qui portait le nom de Jacky revint avec le groupe, le visage légèrement rouge, probablement que lui aussi commençait à être saoul.

Oh, sacré retournement. L’hypothèse que John s’était formulé n’était peut-être pas la bonne, tout compte fait. Il avait cru le gamin fautif, et qu’il avait embarqué l’homme au demi avec lui, mais les dernières paroles semblaient jouer en faveur d’une autre vérité. Celle que tout ça n’est qu’un plan pour s’enrichir en faisant porter le chapeau au petit nouveau, dans un sadisme et une méchanceté totale. Une belle brochette de connards, donc.
Et ce n’était probablement pas terminé. Surtout quand le bouc émissaire s’en retournait, visiblement plus très sobre, vers la tablé initiale.

« - Eh les gars, franchement, j’suis bien heureux d’être arrivé dans cette boîte. A part la petite connerie de l’autre là, vous êtes vraiment les collègues les plus sympas que j’ai croisés. Et j’le pense, hein. »

Oh. Pauvre homme, qui se faisait berné par les ceux en qui il semblait porter sa confiance. John soupira un coup devant la scène, mais se contenta de rester sur sa chaise. Après tout, il n’avait pas encore tout à fait récupéré.

« - Ouais, allez, assis-toi petit. T’as pas mal bu, t’es sûr que ça va ? »

Et il manqua le siège. Littéralement. Il s’étala sur le sol, et se cogna la tête contre le bord d’une table voisine, tombant net inconscient. Un léger flottement s’installa dans la salle, jusqu’à ce que quelqu’un se décide à le briser, et d’appeler les urgences.

« - Je suis médecin, poussez-vous ! »

Une voix avait émergé d’une autre place, et un homme se ruait sur le corps inanimé du pauvre embauché. Au bout de quelques instants, l’habitué des blouses blanches se prononça, le regard droit sur le sol.

« - Il s’est brisé la nuque. Il est mort. »

Le Nephil écarquilla les yeux, surpris par la tournure subite de l’action. Il tourna la tête vers son camarade, et lui glissa quelques mots.

« - Tout compte fait, je crois que mes jambes vont un peu mieux. On sort d’ici avant qu’il y ait trop d’animations ? »

Tant pis pour les paris, et les spectacles divertissants. Tout ça venait de prendre une tournure beaucoup trop sérieuse.

Tout ça ne faisait plus vraiment sens, en fait. D’abord, une histoire sordide de magouilles douteuses dans une boîte, puis une contre-magouille, un accident mortel ; et enfin, l’arrivée d’un flic pour chapeauter le tout. Qui semblait tout de même utiliser à plein escient son autorité, étant donné qu’il meuglait à tous de ne plus bouger, tandis qu’autant de témoins pouvaient témoigner de la nature malencontreuse du décès. La mort dans l’âme, et préservant son soupir par instinct de conservation – parce que oui, contre toutes apparences, il en possédait un. Léger, minime, mais existant. Ce lui qui lui soufflait qu’il valait mieux insérer un câble dans une prise que ses doigts, entre autres.
Au milieu des tables, une voix hésitante s’éleva, hasardant quelques mots.

« - Monsieur l’agent, c’est vraiment un accident. Il a trop bu, il a glissé, et il est … »

Le gaillard lui-même avait du mal prononcer toutes les syllabes nécessaires. Après tout, il venait d’assister à la mort d’un de ses collègues, et tout vilain qu’était l’homme, il était toujours en mesure d’éprouver des sentiments.
Sans prendre la peine de peser les paroles de son interlocuteur, le policer répliqua, comme s’il essayait de davantage se mettre en confiance lui, que les civils présents.

« - C’est une piste. Mais personne ne bouge, mes collègues vont arriver sous peu et nous allons prendre toutes vos dépositions. Que personne ne tente de sortir, sinon il sera en garde à vue. »

Au moins, c’était clair. Peu de temps après, deux autres de ses camarades pointèrent leur nez, commençant le sondage minutieux des personnes présentes. Finalement, il en arriva à la tablée des deux Nephils, questionnant d’abord le plus jeune. D’abord circonspect et blasé, John consentit à témoigner. De toute façon, il n’avait pas franchement le choix.

« - Comme disait l’autre, je l’ai vu boire, glisser, mourir. Voilà voilà. »

C’était abrupt. Mais John en avait assez d’attendre ici, ça devait déjà faire un sacré paquet de minutes qu’ils poireautaient ici, et c’en était bien lassant.

Voilà qu'ils devaient attendre pour des futilités. Certes, un homme était mort, mais peu importe comment on voit la chose, ce n'était ni plus ni moins qu'un accident. Après, il pouvait comprendre que certaines choses soient nécessaires afin de garantir la sécurité des concitoyens du pays. Mais tout de même, arrêter un commerce, sans mandat ainsi que ceux présents... N'était-ce pas là, un peu fort ? Bien entendu les renforts arrivèrent, en compagnie d'un véhicule d'urgence et tout le tralala après quelques minutes.

Des questions furent posées, pertinentes ou pas, Russel n'en savait rien. Finalement, l'un des policiers arriva pour leur poser des questions. John parla de ce qu'il avait vu, sans évoquer le complot qui s'était tramé auparavant. Probablement qu'en parler, les ferait rester pour exécuter un long témoignage qui n'a probablement aucun rapport avec l'affaire actuelle. De toute façon, même si on l'avait drogué, il était impossible de prédire un tel accident. Bref, le pire qu'il puisse y avoir, si coupable il y a, ce sera homicide involontaire.

"De même." Répondit le plus sobrement possible l'ivrogne.

Bon sang, il n'avait qu'une hâte, sortir de cet endroit.

"Mmh... Vous étiez plutôt loin de l'action donc je ne pense pas que vous soyez lié à l'affaire. Vous pouvez y aller." Lâcha la personne qui était venue les interroger. Avec ça, les deux Nephils étaient libres. Plus qu'à rentrer travailler, enfin.

Et voilà. Après moult rebondissement, les deux camarades allaient peut-être enfin pouvoir rentrer, quittant ce café macabre. Surtout que maintenant, John était plus que sur pied – il se sentait quasiment capable de taper un nouveau sprint, et d’affronter de nouveaux adversaires. Non, vraiment, l’ennui peut être un moteur d’énergie exceptionnel.
L’instant suivant de leur pseudo relaxation, le jeune homme se leva de son siège, presque d’un bond, et sourit à son collègue.

« - On y va ? J’me sens requinqué là, t’en fais pas pour ça. »

Surtout qu’il faut bien avouer qu’à eux deux, ils étaient devenus un sacré aimant à emmerdes aujourd’hui. Alors, même si la journée avait été bien intéressante en rebondissements, il fallait bien admettre que le gaillard arrivait à saturation. Juste, s’allonger sur son lit, attraper un paquet de gâteau et regarder une série, voilà ce qu’il souhaitait. Ou même accompagner Alice dans un dîner ennuyant à mourir, ça aussi lui semblerait plus entraînant que d’assister à un nouveau drame sur son chemin. Parce que le gamin était pas censé mourir – et surtout, pas d’une manière aussi ridicule, désuète.

« - Pas de détours pour moi. J’veux juste flâner, ça sera bien suffisant. »

Reste à savoir si Russel avait quelques plans de prévus. Pas de rachat de veste apparemment, même si ç’aurait été nécessaire ; paix à son âme de manteau.
Alors, avec une vivacité rare, John se dirigea vers la sortie de la bâtisse, non sans oublier de déposer un billet pour payer les consommations. Partir en voleur ne ferait que de lui rallonger une après-midi déjà trop longue – et aussi, il a raccroché quant à toutes ces conneries. Qui plus est, le service-basket n’a jamais été son truc, faut dire. Trop aléatoire, et trop à visage découvert. Non, s’infiltrer piller les réserves la nuit, voilà quelque chose de plus intéressant. Enfin, à l’époque, évidemment.

Parfait, le départ était donc noté. Un sourire figé sur les lèvres, le gaillard franchit le seuil en compagnie de son collègue et mentor, se dirigeant sans détour vers leur appartement. Pas que le leur, en soi ; et même, absolument pas le leur, en fait. Celui du père d’Alice, qui les hébergeait parce qu’il fallait bien que les gardes du corps de sa fille logent quelque part – ce qui tombait bien, car le plus jeune n’avait pas tout à fait d’habitat digne de son nom. Oh, oui, un vieux trou dans le Sud, mais c’était loin d’être fameux ; qui plus est, le temps de trajet chaque jour serait un handicap.

Et même s’il avait désormais les moyens d’emménager dans le coin, demeurait le souci de l’identité. En l’absence de véritables papiers, obtenir tout le nécessaire était assez complexe, pour ne pas dire hors de portée du garçon. Quel drame, il allait devoir continuer à vivre avec une jeune femme à la fois fort sympathique et haïssable. Etrange dualité, il faut bien l’avouer.

La marche déterminée, la route ne devrait pas être très longue. Au diable sa fatigue, l’impatience l’avait requinqué – et puis, il aurait tout le temps de s’étendre et de prendre un bon bain bouillant, une fois rentré. S’il survivait à l’engueulade de sa patronne, à cause du retard notable des deux employés. Et s’il le fallait, il prendrait la faute sur lui ; car c’est bien à cause de ses frasques de téléportation que celui-ci a pu exister.
A cette idée, John déglutit. La pensée de se faire disputer n’était jamais agréable, faut dire. Et lui qui avait du mal avec l’autorité, acceptait encore moins que ce soit elle qui s’occupe de ça. Rien de misogyne là-dedans – simplement un principe de défi constant.