La route qui mène à la maison de Chloé est dégagée de toute ombre aujourd'hui au grand désespoir du petit qui m’accompagne depuis ladite école. Tommy adore les ombres. Il en élimine difficilement seul quand elle sont faible. Alors quand une grosse apparait, c’est moi qui met la main à la patte pour l’éliminer. Et il me sert de public turbulent qui commente mes faits et geste de « Ouaiiiis. »  
Mais nan. Pas de spectacle ce soir. Le môme en serait presque déçu. On en a pas tué depuis la semaine dernière. Il voudrait sortir son costume et éliminer les monstres. Gosh, que cet enfant ne comprend vraiment rien à ce monde. Il n’a pas d’enjeux pour lui. Les ombres sont méchantes, et lui est le gentil de l’histoire. Fin. Je l’envie un peu ce bêta.

Bon. Pas son côté misogyne ou je dois porter le costume rose. – Faudrait vraiment que je le prenne entre quatre yeux pour qu’il arrête ses clichés hommes femme que transmet l’école et dans sa série favorite. Ca commence doucement à me gonfler ces petites remarques à la con.
Ah la maison est en vue. Ah… Et Tommy veut cordialement chercher des noises pour essayer de tuer le méchant cette semaine. En tant que vrai ranger, il s’est mis dans la tête d’être aussi efficace que sa série et d’éliminer une bestiole avant chaque nouvel épisode. Je canalise le gosse. Utilisant une stratégie de dernier recourt pour m’accaparer son attention.

Mes mains soulèvent son petit corps sous les aisselles et le démon se retrouve sur mes épaules en moins de temps qu’il ne faut pour gueuler à voix haute une incantation fétiche de l’enfant. : « Hey Tommy ! transmutation Megazord ! »

Je sens qu’il s’agite le bestiau. Il hurle de joie avant de faire des bruits de bouche pour ponctuer une chorégraphie relativement kitch de la série. Perché sur mon dos. Le résultat doit être... Ridicule. Au moins, la mission est réussie. Il a oublié sa quête suicidaire. Au moins l’espace de quelques minutes.
Mon sourire s’épanouis. Puis je le vois…
Merde… Merde. C’est vrai que je lui avais demandé de me rejoindre à la maison de Chloée. Mais… Mais d’où il est en avance ?  

« Euh… Bonjour Howard ? C’était à 14h le nan ? »

Je sais que je suis une tanche sur les horaires, probablement autant que pour offrir des premiere impression assez uniques… Mais… Mais… Pourquoi ?

Je suis en avance. A croire que mon hypothèse hautement scientifique s’est avérée juste : sous certaines augures, voire je dirais même perspectives, mon sens de l’orientation peut devenir subitement hors-norme. A comprendre, en mesure de retenir rapidement les indications absolument capitales que me livre Maps, et ainsi arriver à destination sans encombre – même, avec un peu de marge. Waw, je serais presque frétillant tant ce sentiment d’hyper ponctualité est rare chez moi.

J’avoue, une seconde j’ai hésité à prendre un bouquet. Puis je me suis dit que ce serait un peu trop cliché, ouais. Alors, j’ai renoncé. Toujours est-il que maintenant je suis là, devant sa porte. Et que personne n’ouvre quand je toque. Ce serait fou que l’heure qu’elle m’ait donnée soit à respecter, non ? J’esquisse un sourire, puis viens poser mon dos contre le mur, attendant tranquillement que quelqu’un arrive.
Et puis, ce petit brin de Soleil est assez agréable. Je ferme un peu les yeux, profitant de la chaleur qui me couvre, puis soulèves mes paupières en écho d’une petite voix qui rit.

Là-bas, je vois un gamin qui court autour d’une jeune femme – aux cheveux bleus. Cette fois-ci, j’affiche une véritable mine enjouée, tandis que je réalise qu’aucun des deux ne m’a encore aperçu. Amusé, j’observe un peu la scène, en retrait.
Jusqu’à ce que le gosse vole littéralement jusqu’aux épaules de Luna, et qu’elle se mette à meugler un slogan de mon enfance. Je bug un instant, puis éclate franchement de rire, détruisant avec toute la pseudo-discrétion dans laquelle je m’étais terré.

J’avance vers le duo de Rangers, goguenard, pour m’arrête devant eux, baladant un regard circonspect de l’une, à l’autre. Il doit pas avoir loin de dix ans le petit, donc à coup sûr son petit frère ; ou un job pour se faire un peu d’argent.

« - Salut, hmm, il se trouve que Maps a mieux fonctionné que prévu. M’enfin, mes excuses pour cette petite interruption …  C’est ton fils ? »

Evidemment que non. Mais j’me demande bien ce qu’elle va répondre à ça – même si, j’avoue, j’aurais pu faire une meilleure entrée. Parce qu’entre nous, je viens de briser un moment presque fusionnel là, je m’en voudrais presque.
Aussi, je comprends mieux pourquoi c’est une adresse qu’elle m’a filée et non l’emplacement de son van. Soit elle taf ici, soit elle y passe pas mal de temps. M’enfin, il m’a l’air marrant, le mini Luna. Et sans même le décider, je laisse un sourire venir se grimer de nouveau sur mes lèvres.

Déjà qu’il se moque un peu de nous, ses mots acheve de m’exaspérer. Je lève les yeux au ciel face à cette question stupide – Juste le temps de voir la bouille de Tommy toujours sur mes épaules. La réponse laconique vient presque trop naturellement.

- Ouais. Il est de toi.

Réponse du même niveau que la question. J’ai vraiment la tête d’une fille qui a un môme a 12-13 ans ? Ouais bon, j’avoue, j’ai bien la gueule de quelqu’un pas très fréquentable. Mais de là à dire que je suis assez stupide pour me faire infecté par un parasite pendant 9 mois sans réagir…
Répartie qui ne sied pas au power rangers de l’étage au-dessus. Il le manifeste à force de geste brusque et de crie trop aigu pour le bien de mes tympans. Mais soit. Je lâche le démon au sol avant que ce dernier ne me cause une scoliose à force de mouvements brusques. Je suis super héroïne, mais les mômes super héros ne sont définitivement pas bon pour mon propre bien.
Une fois mini Théo à terre, je le retiens a demie par l’épaule.

« J’ai le DvD de power rangers Dino Force. Si t’es sage, je te le mets pour tout l’après-midi. »

AKA si tu n’agresses pas Howard, le contractant qui est probablement Seraph ou Nephil solitaire. Donc si tu ne tentes pas de te suicider comme tu aimes tant essayer de le faire. Je tente les présentations.

« Howard, Tommy mon petit frère. Tommy, Howard, un type gentil. »

La pointe de sarcasme est perceptible dans ma voix. Mais je n’ai pas d’autre truc qui vienne à moi. Dire amoureux serait un peu fort, dire que c’est Bruce Wayne serait chelou et incompréhensible aux oreilles du garnement. Dire qu’il est gentil est probablement la seule chose que pourrait comprendre le môme sans partir dans un trip.

« Et je suis sûr qu’il aime power rangers. N’est ce pas Howard ? »

Sourire mielleux. L’air de dire « Hey, j’ouvre la porte. Occupe-le pendant ce temps s’il te plait blondie »

Chahut, Cohue, chaos. Le gosse se débat sur les épaules de sa sœur, meuglant quelques mots à l’encontre de cette dernière qui rattache sa lignée à un type purement inconnu – et qui ne porte aucun signe d’admirateur des Rangers, sésame vers la sympathie inconditionnelle du petit.

« - Ah ? T’es … »

Le blond tenta de répondre, mais une voix aigüe déjà omniprésente s’élevé encore, obstruant toute syllabe cherchant une sortie aux lèvres du pseudo-papa.

« - Nan ! T’es ma sœur ! Et lui c’est pas Connard ! D’ailleurs, t’es qui toi ? »

Question ô combien inattendue, et pourtant d’un génie sans égal. L’enfant croisa les bras, en quête d’une réponse ; et la première qui lui vient fut un changement rapide de hauteur, provoqué par Luna. Ah. Mais d’ici, c’est vachement moins pratique pour toiser le gars, en fait.
Alors, Tommy s’agita un peu, comme pour paraître plus impressionnant qu’il ne l’est – un échec cuisant, si quelqu’un veut savoir -, jusqu’à ce que la merveilleuse femme derrière lui prononça de doux mots presque divins.

« - Ok Luna ! Promis ! »

Le changement de comportement était radical, mais tout à fait justifiable : on venait de lui proposer le DVD d’une saison qu’il n’avait pas vue entièrement, et ce contre un peu de tenue pendant les prochaines heures. Un sacrifice hautement rentable, donc.

Laissant les présentations être faites, Tommy tendit la main vers le désormais nommé Howard, remarquant – sans y porter la moindre importance – la mine un peu renfrognée de celui-ci lorsque son qualificatif sonna.

« - Salut ! Moi, c’est Tommy ! J’espère que t’es vraiment gentil avec Luna ! »

Après un moment de silence, qui semble presque surjoué pour montrer un respect envers le gamin, Howard serra la poignée offerte.

« - Salut Tommy ! Bah, bien sûr, j’aurais trop peur que tu t’occupes de moi, sinon. »

Trop jeune pour saisir l’essence du sarcasme, le petit garçon sourit et retira son bras, gardant un sérieux presque religieux.
Qu’il perdit lorsque qu’une seconde phrase vint chatouiller agréablement ses tympans. Dans l’attente d’une réponse favorable, le garnement commença à se trémousser.

« - Oh, euh ouais, j’aimais bien … »

Regard mauvais, yeux terrifiants. Le message était passé, et le blondinet déglutit presque.

« - … Et j’aime toujours évidemment. »

Ça y est, le gong était sonné. Tommy se rua sur le désormais super copain de sa sœur, et le harcela de diverses questions quant à la série, alternant entre monologues passionnés sur les protagonistes et démonstration de chorégraphies Rangers.
De loin, le regard presque implorant la guillotine de Howard se voyait. Mais il était tout bonnement invisible aux pupilles du petit. Cet air voulait dire quelque chose comme « Ouvre vite, je t’en supplie, j’étais pas prêt. ».

Apres quelques secondes tragiue à chercher la bonne clef, les mécanismes du verrous se dénouent. Un petit grincement plus tard et c'est la porte qui s'entrouvre doucement. Je révoque ce fardeau par la phrase magique qui libère Howard du grand monstre qui le retiens prisonnier.

"C'est bon petit rangers. Notre mission est accomplie. vous pouvez disposer du canapé comme vous le souhaitez pour voir le précieux DvD."

Une tempête pénètre dans la porte et s'engouffre dans le salon un peu bordélique même si on note l'effort de Chloée de ranger l'espace. Je regarde un instant Howard avant de simplement dire avec un grand sourire, un genre de trailer un peu weird

"Et c'est pas le moins dysfonctionnel de ma famille"

Sur ces mots rassurant. Je rentre dans la chambre et désape un peu mon manteau. L'injonction de tommy a regarder les Power rangers m'oblige a m'esquisser pour aller offrir le précieux au môme. Le DVD est a l'étage. Dans la chambre de Chloé

"Je reviens tout de suite les garcons. Ne faites pas de bêtise en mon absence."

Je quitte le salon. entame l'ascension de l'escalier.

Enfin libre de ce marmot. Pas que je n’aime pas les gosses, mais quand ce dernier se jette sur moi tel un bourreau, ça a le don pour me laisser quelque peu sur mes défenses. Je laisse échapper un soupir quand le monstre relâche son étreinte et se réfugie dans son semblant d’Eden, camouflant presque le bruit de ses pas par une voix nasillarde et à la joie plus qu’apparente.
Lentement, je balance mon regard vers Luna, l'air circonspect après son aveu.

« - Oh. »

Pire que lui ? Elle a quoi d’autre, un Doberman fou ? Une sœur Belieber ? Nan, j’ose même pas mettre des mots sur ce que ça pourrait être. Je suis ici pour passer une bonne journée, pas pour entrapercevoir des cauchemars.
Je la suis dans le salon, sans pour autant me désaper – il serait de mauvais goût d’ôter ma chemise devant un gamin d’à peine dix ans. En fait, qu’importe son âge, un gamin reste un gamin.

Je réprime un nouveau éclat de souffle lorsque l’annonce de notre petit tête à tête avec Tommy tombe, puis viens m’assoir à ses côtés. Dans le fond, pourquoi est-ce qu’on pourrait pas avoir une discussion sympathique ? Je tourne la tête, pour apercevoir une petite frimousse qui me toise.

« - Dis. T’es l’amoureux de Luna ? »

Hmm. Rude question. Oui, non, peut-être ? Je reste un instant muet, presque gêné par la spontanéité innée de cet enfant, puis je me décide.

« - Euuuh… On peut dire ça, en quelques sortes. »

Ses yeux s’allument. Ils ne brillent pas non, ils s’allument littéralement, comme deux phares. Je vois ses lèvres s’accélérer, puis le message trouve enfin la sortie, comme avec de la latence.

« - Ouais ! Trop cool ! T’es gentil avec elle, nan ? T’es un peu mon frère, donc ? Dis, on peut jouer ensemble aux Power Rangers ? J’ai plein de costume ! Allez ! »

Avec un regard déconcerté, j’admire presque ce petit débiter un flot continu de blabla, avec une cohérence incertaine, mais pourtant existante.

« - Si tu veux, mais je sais pas si tu as des costumes à ma taille … »

Oui, j’éclipse quelques questions pour passer à la dernière ; mais sinon, ça n’aurait pas de fin. Sa tête se fige enfin, songeuse – enfin, si c’est véritablement une des facultés dont il a été doté.

« - Bah, j’suis sûr qu’on peut en acheter un ! Maman elle a de l’argent… Mais, tu trouveras pas mieux que mon costu… »

Il s’arrête brutalement, interdit si je peux dire. J’adoucis un peu mon regard, intrigué par ce changement si brusque de comportement. Sa mine devient un peu gênée, ses mains serrent le canapé.

« - Si t’es l’amoureux de Luna, alors je peux te faire confiance, hein ? Les gens ils m’ont dit de pas le montrer aux inconnus, mais toi t’en es pas un, hein ? »

Je recule légèrement la tête, haussant en canon les sourcils. Où est-ce qu’il veut en venir ?

« - Oui, je crois. »

Toujours avec cette vivacité, Tommy se ranime. Son stress disparaît, et sa bouche arbore un radieux sourire.

« - Ah ! Super, alors, t’auras pas mieux que ma tenue ! Parce que, tadaaaaa. »

Je l’observe se lever soudainement, puis en écho de son dernier mot une sensation familière me transperce. Je risque un coup d’œil par la fenêtre, et c’est cette faible lueur verdâtre qui me répond. Bordel, ce gamin vient d’ouvrir un Kekkai. Craignant ce que je vais voir, je déplace lentement mes iris jusqu’à lui, puis je déglutis.
Putain de merde. Il a une tenue de Power Rangers – superbement réalisée, au passage -, et un énorme symbole de Nephil gravé sur le casque. Je répète, cet enfant d’à peine dix ans est un putain de Nephil. Je serre les dents, puis me lève, cherchant ma voix la plus grave et impressionnante possible.

« - TOMMY ! Tu retires ça immédiatement ! Et tu le fais plus jamais devant des gens, ok ? »

Derrière sa visière, le petit se renfrogne soudainement, frappé par un ton qu’il n’imaginait pas. Contrait, il relâche cette tenue qu’il affectionne tant, puis réapparait vêtu de son attirail ordinaire, le visage triste.

« - Mais… Désolé… »

Je respire un grand coup, puis frotte un peu les cheveux de l’énergumène, en quête d’un air plus chaleureux.

« - Bon. C’est pas grave cette fois, mais tu le refais plus, ok ? »

Je le vois hésiter à nouveau, cogiter presque. Puis, l’air résigné, il contracte ses lèvres et me fixe.

« - D’accord Howard. »

Je souris, puis le fige par une pensée qui me traverse. Non, non, je veux pas de ça.

« - Dis … Est-ce que ta sœur peut voir ça ? »

Je sens que je regretter cette question, mais il faut que je la pose. Si jamais je sortais avec une contractante et que je l’ignorais, ça pourrait poser quelques problèmes. Du genre, gros.

« - Euh, nan, elle peut pas ! »

On dit que les enfants ne mentent jamais, hmm ? Je prie pour que ce soit vrai, alors. Je soupire presque par habitude, puis je m’étends sur le canapé, baladant mes yeux jusqu’à l’écran éteint. Allez, viens vite Luna, j’ai pas envie qu’il fasse de nouvelles conneries du genre.

J'abandonne lâchement Howard aux serres de mon petit frère, dévoreur de patience. Mes jambes parcourent l'escalier. J'entre en vitesse dans la chambre de Chloé. Palais de propreté et du rangement. Mon regard se perd sur une photo souvenir de nous trois avant de continuer son chemin de l'armoire. Je tombe sur ce précieux DVD. Il n'en faut pas plus pour que mes doigts s'en emparent comme d'un diamant d'innocence. Aussitôt l'artéfact retiré, je reprends machinalement le chemin du rez de chaussé. Puis soudain, l'onde familière apparait. Mon regard se fige. Tout mon corps se crispe et mélusine apparait aux creux de mes mains. Kekkai. Mon cerveau semble faire la connexion.

Comment ai je pu oublier que Tommy est un cas social et un contractant aussi inconscient ? PUTAIN !
Je descends. Mes pas glissent sur le parquet sans le faire grincer. Avec une discrétion que je ne soupçonne pas d'avoir, je pose le pied sur la dernière marche.

« - TOMMY ! Tu retires ça immédiatement ! Et tu ne le fais plus jamais devant des gens, ok ? »


En entendant ca, Mélusine s'éclipse de mes doigts en bonne guitaxe. Je constate qu'il n'y a pas de bruit de combat.
Le kekkai se relâche. Et avec lui ma respiration revient. Je ferme les yeux. Essayant de me glisser dans le rôle de l'humaine banale que je suis.

« - Dis … Est-ce que ta sœur peut voir ça ? »

Mon cœur se serre. S'arrête un bref instant J'ai dit explicitement a Tommy de ne jamais dire à personne que Théo et moi pouvions voir son costume. Qu'il ne dévoile jamais nos nature respectives.

« - Euh, nan, elle peut pas ! »

La respiration reprend. J'émerge du chambranle de la porte avec un air satisfait. Comme si je surprenais la conversation a mon sujet. Même si c'est un peu le cas.

- Je ne peux pas quoi ?

Les deux tête convergent vers moi. Je me surprends à trouver que l'entrain dans ma voix parait vrai. Pourtant, mentalement, je ne peux m'empêcher à l'engueulade que j'aurais avec Tommy quand nous serons deux. Je veux qu'il arrête de se foutre en danger. De nous foutre en danger. De m'empêcher aussi d'avoir une vie normale. Du moins, autant que ma vie puisse être normale.

- Je vous ai pas entendu de là-haut. Félicitation Howard. T'as l'air d'être le seul avec moi à supporter la puissance de ce Power Rangers.

Sourire tout aussi faux. J'agite le précieux Graal de mon frère avant de le rentrer dans le lecteur. L'écran s'anime sous l'influence de milliers de pixels. Et le cerveau de mon frère redevient digne du plus beau encéphalogramme plat de l'univers. Notant l'air faux du blond. J'ajoute avec une pointe d'inquiétude. J'imagine parfaitement pourquoi il est dans cet état. Mais je pose la question rhétorique. Restant bien das mon rôle d'humaine

- T'as l'air pas bien Howard. Tu veux boire un verre avant de partir ?


Nan. Ne reste pas ici. Partons loin de cet endroit.

Lorsque la voix de Luna résonne dans ce petit salon, je m’autorise à reprendre une respiration plus académique. Jusqu’à ce saisisse le sens de ses paroles et que je me raidisse, de concert avec ma tête qui pivote vers elle. Oh, merde. Si elle n’est pas contractante, c’est qu’elle est humaine, et donc que toutes nos cachoteries lui semblent bien mystérieuses. Je force un nouveau sourire, puis conçois une excuse en vitesse.

« - Boh, rien. Un jeu, t’inquiète. »

Ok, c’est bateau comme prétexte. Mais ça m’étonnerait que le petit rajoute son petit grain de sel, surtout après la mini soufflante qu’il vient de se prendre. J’ose un regard vers lui, et le découvre simplement en train de hocher la tête avec vigueur. Bien.

« - Ah, quoi, Tommy est bruyant d’habitude ? Voyons, il faut juste savoir s’y prendre, et c’est un ange ton frère ! »

Les yeux au ciel, je surjoue totalement cette réplique. Mais qu’importe ce que je dirai, elle ne me croira pas – alors, autant raconter n’importe quoi.
Ouf, voilà qu’elle abandonne le sujet et offre le si désiré DVD au marmot, détruisant sur l’instant toute tentative, aussi infime soit-elle, de penser chez lui. C’est impressionnant l’effet qu’a cette série sur lui, il est presque hypnotisé par elle. Peut-être plus que presque, en fait. Lentement, je me lève du canapé et avance un peu vers Luna, la face encore déboussolée par le stress que ce gosse m’a filé. Bordel, ils peuvent pas y faire plus attention, dans sa faction ? Putain de Nephils.

« - Nan, ça va aller, t’en fais pas. On y va ? »

Adroitement, ou maladroitement – je ne sais pas -, je ponctue ma réplique par un léger sourire. J’espère qu’on va quitter cette baraque rapidement, vraiment rapidement. J’ai pas envie que Tommy fasse une nouvelle connerie et nous compromette tous les deux aux yeux de sa sœur.
Non, je veux pas avoir à lui présenter ce monde. Elle est humaine, et c’est parfait ainsi.

Je sourie. Presque trop heureuse que cela se passe ainsi. Presque heureuse que Howard n’ait pas attaquer Tommy. Peut-être n’est-il pas un mec aussi extrême qu’il l’a laissé penser en parlant de Lenna. Peut-être que ce n’est pas un tueur. Peut-être qu’il y a un espoir quelque part que…
Je me surprends à avoir envie de lui avouer. Mais ce n’est pas le bon moment. Je le connais sans vraiment le connaitre. Et puis… Nan, ce serait une grosse connerie. De tout gâcher de la sorte. Autant… Autant continuer de faire semblant. D’apprécier sincèrement chaque discutions et de mettre son cerveau en off quand les mots laissent place aux gestes. J’aime vraiment Howard, l’homme avant le contractant. Pour l’heure Howard aime cette Luna. Elle aussi femme avant d’être ennemie
Alors… Alors faisons en sorte que jamais il ne rencontre cette Luna au visage bariolé d’une marque rouge. C’est égoïste. C’est dangereux. Mais… Mais peut être que quand on sera plus proche… Peut être… Peut-être qu’il n’y aura plus de mensonge. Plus de peur.
Mais pour l’heure je dois tenir.

- Avec plaisir Mr Wayne.

Mon bras vient naturellement autour du sien. Mon corps s’avance vers l’avant, épouse la courbe de son torse avant que ma tête se délocalise sur son épaule.

Apres ce bref instant. Je me dirige vers la sortie. Verrouillant la porte pour enfermer Tommy a l’intérieur de chez lui. Choé ne tardera pas a rentrer j’imagine.