A new Dawn:

J'entre dans le bar. La chaleur étouffante des lieux me sied comme un vêtement que j'ai l'habitude de porter. Je matte le barman... C'est un Rookie. Il me voit, son regard me matte comme si j'étais un insecte agaçant. Bon. Howard n'a probablement pas tarit d'éloge a mon sujet. J'imagine que la bonne nouvelle s'est vite répendu comme une bonne vieille peste. Et mon visage probablement entouré a la personna non grata.
Le rookie se dirige vers moi et se penche pour me parler

- Howard est pas là ce soir.

C'est dit d'une manière neutre et polie. L'air de penser qu'il n'est clairement pas au courant. Bon... Je me fais probablement trop de film a ce sujet. Je suis trop parano du regard des autres... pour changer. Néanmoins j'esquisse un sourire tendu avant de lui répondre d'un ton que j’espère calme.

- Je sais Oliver. J'ai capté qu'il est jamais là le lundi.
- Ca ne va pas ? On te voit plus. Vous êtes plus ensemble ?
- Nan. Justement. Il a laissé un courrier important chez moi par erreur. Tu lui fileras ?

Prétexte foireux. Il a l'air un peu surpris. Mais acquiesce et prends l'enveloppe. Il disparait temporairement sous le comptoir. De mémoire, ils a du foutre ca dans les pourboires. M'enfin. j'en profite pour le remercier et partir sur le champs.

Ai je des regrets ? Peut être. Mais je sais que c'est la bonne décision. Celle d'une Nephil loyale à sa famille. Alors je m'en fiche des remords que je peux avoir. Ils sont due à l'espoir que jai de pouvoir mener une vie normale. Un espoir vain. Presque risible. Presque.

Je jette un regard au New dawn. Comme un dernier adieu au bâtiment qui aura vu naitre et périr une amourette de plus.
J’espère que le prochain propriétaire saura perpétrer l'ambiance des lieux

En retard, je pousse la porte du bar et lance ma veste sur le porte-manteau, sans offrir le moindre salut à Oliver. Je suis décidemment de mauvaise humeur, et même si je déteste que cela se voit, je n’arrive pas à le cacher. Le visage de Luna reste rémanent dans mon esprit, obstruant avec toutes pensées positives, rendant caduque toute tentative de concentration.
Je marche rapidement vers ma chambre, cherchant à me perdre dans ma douche avant que le service prenne. Le nouveau s’occupera des préparations, j’le payerai plus s’il le faut. Au beau milieu des escaliers, une voix m’arrache un instant à mes grommèlements.

« - Howard. Ta copine est passée et a déposé une lettre pour toi … »

Je m’arrête net. Il vient de dire quoi ? Elle est passée là, et a laissé un mot pour moi ? C’est une mauvaise blague ? Presque mécaniquement, je me retourne, et descends lentement les marches jusqu’à saisir l’objet que me tend le nouveau, le visage inexpressif.

« - Merci. »

Il lâche prise, mais continue à me toiser ; m’observer, même. Je sais ce qu’il se demande, et pour une fois, mes problèmes sont de nature humaine – quelque chose que je pourrai enfin confier. Sauf que je n’en ai pas la moindre envie. C’est ma vie, et je vais continuer à me taire dessus.

« - Tu sais, si ça va pas, on peut discuter … »

Je me force à esquisser un sourire, puis je fourre le prétendu trésor dans ma poche, le temps d’atteindre ma pièce.

« - T’inquiète. »

Je referme la porte derrière moi, à verrou. Je m’affale sur le lit, puis regarde longuement le bout de papier au bout de mes doigts. Pour quelle raison tordue est-ce qu’elle m’enverrait une putain de lettre ? Elle a mon numéro, et elle sait où j’habite ; alors, on peut discuter face à face. Surtout que je suis pas sûr qu’elle ait une véritable adresse postale.
Je soupire, puis pose mes yeux sur les premiers mots. Va y, dis-moi tout.

Salut Howard.

Je t'envoie cette lettre pour mettre les choses au clair. Avant tout, je veux t'avouer que j'espère pas arranger grand chose entre nous. Ou plutôt je sais que même si j'en ai l'espoir, ça ne restera que des pensées d'enfants. Des contes irrationnels.
Mais je te dois des explications. Des vraies. Avec une majuscule. Pourquoi, alors que l'on est bien, quelques grains de sables ont fait que nos vies se sont séparés brutalement sur un énième mensonge ?
Ouais. Ce n'est pas le premier du lot. Tu le sais tout autant que moi.

[Dessin au stylos rouge du symbole Nephils]

J'imagine que tu comprends. Que peut être tu avais l'intuition sans avoir réussit a mettre le doigt dessus.
Comme je l'ai dis ce soir la. C'est ma faute. Je dois t'avoir que je l'ai pressenti juste en voyant l'état de ta chambre notre premier soir. Impression qui s'est confirmée au fil que nos rencontrent se multipliaient que les rendez vous se prolongeait à une heure avancée de la nuit. Tu suivais assidument mon cycle du sommeil sans bailler avant le café. Alors le doute est devenue une évidence. Une évidence que j'ai voulu cacher sous le tapis. Le temps de digérer qu'une ancre de normalité n'en était pas une. Mais j'ai continué à l'accrocher a cette certitude : Je pouvais toujours prétendre ne pas connaitre ta nature.

Je dois t'avouer. Au début, je m'en foutais. J'étais a peine Nephil et la guerre m'a toujours semblée être abstraite. Pas sérieuse. Je me disais que je pouvait soigneusement éviter que ma faction ou toi soient au courant de vos existences mutuelles.
D'un coté, j'ai jouée les fantômes. La petite bonne Nephil discrète. De l'autre, la petite humaine docile qui te croit quand tu dis que t'as croisé une connaissance au bout de la rue et que tu dois lui parler. La petite conne qui accepte tes justification étranges pour excuser tes blessures, tes absences, tes omissions. Et le pire ? C'est que ça ne me gênais pas que tu insultes a ce point mon intelligence

Et puis. La guerre est devenue terriblement réelle. Et avec elle, ses injustice et ses cadavres. A ce moment, j'ai réalisé que je ne te connaissais pas. J'avais peur de te causer et d'être découverte. Le mensonge est devenu vital. Parce que pour un lapsus, pour une erreur, je pouvais me retrouver face a toi, parfait inconnu. séraph avant d'être howard

Et... Tu sais quoi ?
C'est fatiguant de mentir a tout le monde. D'avoir peur de quelqu'un qu'on aime. J'en ai souffert, ma santé mentale en a souffert, ma Famille aurait pu en souffrir. Alors j'ai décidé de rompre, de maintenir l'illusion d'avoir toujours été normale.

Mais si je prends contact avec toi ce n'est pas pour faire un bref historique de notre relation même si je m'en souviens avec autant de douceur que de rancœur. Ouais, je suis nostalgique. Mais c'est normal j'imagine.

Je t'envoie ce message comme un ultimatum.. Les événements m'ont donnés raison. Et je suis contente d'avoir pris la bonne décision. A ton sujet. Au sujet des seraphs.
Je te laisse le choix. Le choix le plus bénéfique pour ma famille. Le plus honnête et équitable que je puisse te proposer.

J'ai envie de te proposer de jouer les informateurs. Mais j'imagine que ça ne se fera pas. Je le propose. Parce que j'ai l'espoir vain que l'on puisse se remettre ensemble, sans la peur que je pourrais avoir a ton égard. Sans la méfiance qu'implique notre nature. Sans conflit.
Mais je connais ta réponse n'est ce pas ?

On pourrait aussi fuir Palema. Mais ca me parait être une blague que de coucher sur papier un petit fantasme illusoire.
Alors je te laisse jusqu'à demain
Parce que demain, ma famille saura ou tu vies, quel est ton travail. Tes habitudes de vie, ton apparence.

Je te préviens. Simplement parce que je ne suis pas une meurtrière. Pas une manipulatrice  Je ne sais pas quant est il de toi. Et j'ai peur d'avoir la réponse. Dans le doute, je préfère croire qu'il y avait un peu de sincérité entre nous
Je ne te prends pas en traitre. Si jamais cette lettre n’aboutis pas.  La prochaine fois que l'on se verra sera moins douce et moins propice au romantisme

-Luna


Ps : Pour ce qui est de Tommy. Oublie son existence. Je tiens à te prévenir. Si jamais il lui arrive un truc. La terre ne sera jamais assez grande, l'univers assez vaste pour te terrer. Car si jamais il lui arrive quelque chose. On se reverra. Et il ne sera plus question de faction...

Je refuse de penser. Je préfère éteindre mon cerveau quelques minutes encore, comme pour tricher. Je reste longuement allongé sur mon, le regard planté dans le symbole Nephil tracé sur la lettre. Je comprends tout ce qu’il est inscrit sur ce bout de papier, mais je refuse de l’assimiler. Cette séparation humaine était plus douloureuse, mais je la préfère mille fois à ce que je viens de lire.
Enfin, j’ôte mon dos de ce havre de souvenirs qu’est mon drap. Je déchire frénétiquement ce manuscrit annonciateur de malheur, et laisse virevolter ses bouts aux quatre coins de la pièce. Plus jamais je ne veux poser les yeux dessus. Lentement je me désape, puis rentre dans ma douche et fait couler l’eau, très chaud ; puis, je m’assoie sur le bassin trempé. Là, je suis protégé. Ici, rien ne peut m’atteindre. J’ai toujours fait cette concession avec moi-même, celle que je pouvais réfléchir à tout là-dedans, et que rien n'était en mesure de me blesser.

Alors, Luna est Nephil. Tout prend un sens tellement logique, maintenant – pourquoi elle parvenait à dormir si peu sans être fatiguée, pourquoi elle acceptait si docilement mes excuses ratées, pourquoi mes absences inopinées ne lui posait aucun souci. Depuis qu’elle est venue pour rompre, j’avais tout lié à son amant. Sauf qu’en fait, elle n’en a pas. Je ne sais pas pourquoi Russel était présent ce soir-là. Peut-être qu’il sait déjà ma nature, qu’il devait la protéger. Ou m’éliminer. Je ne sais pas quel choix m’effraie le plus.
Mais désormais, je comprends sa décision. Dans un sens je me sens apaisé. J’aime Luna, et elle m’aime ; mais comme dans un mauvais remake de Shakespeare, une querelle familiale s’oppose à notre union. Sauf que dans cette réalité, elle comme moi avons choisi notre camp.
Car à sa place, j’aurais agi de même. Peut-être avec moins de mensonges, qui sait ? Je me vois mal jouer l’homme infidèle, froid et manipulateur ; je pense que je l’aurais mise à ma nature, puis me serais contenté d’aviser. Plus risqué, peut-être. Je veux pas me battre contre elle.

Je ne sais plus quoi penser. Une partie de moi est soulagée de ne pas avoir été dupé dans cette relation que j’ai sincèrement appréciée, et une autre est terrifiée de ce qu’il va se passer, ensuite. Evidemment, elle m’a proposé une solution à notre différent. Mais je ne peux pas l’accepter. Je suis Protecteur, et pas que. Ce n’est plus une question de trahison maintenant, mais de moi-même. Je ne peux décemment pas tout plaquer et m’enfuir ; j’ai des responsabilités, que j’ai voulue, et que je continue de m’imposer à mesure des mois.
Bordel. Je te déteste encore, Luna. Je te déteste d’avoir fait ce Contrat, d’avoir découvert ma nature. Je te déteste de ne pas avoir eu le courage de me dire la vérité en face.

Et, je te déteste d’avoir détruit ma vie. Parce que je ne dois pas me voiler ma face – je n’accepterai pas ta proposition. Alors, tu vas tout dire, hein ? Demain, peut-être, des Nephils viendront me chercher. Ou pas. Mais désormais, plus aucun soir ne sera sûr. Donc, je dois tout quitter. Brutalement. Dès que je serai sorti de mon petit coffre-fort aqueux, il faudra que je parte.
Peut-être que dans un sens je devrais te remercier, d’avoir accéléré ma reconversion. Sauf que rien ne marche comme ça. Les menaces n’aboutissent pas à une gratitude, c’est tout l’inverse.
Mais sache que moi, je ne dirai rien. Je m’en fous que l’on connaisse mon nom – après tout, ça se pourrait bien qu’il soit déjà publique -, et je n’ai pas envie de donner le tien. Tu n’as jamais été un danger pour moi, ni pour personne. Pas un Seraph ne t’a déjà mentionnée, et je veux pas prévenir le mal, pour une fois. Vois ça comme un dernier cadeau de mon amour, aussi niais que cela sonne à nos oreilles. Et même si je sais que tout ce je suis en train de penser, tu ne l’entendras jamais, j’ai besoin de le dire. Pour peut-être te le répéter un jour, là où j’ai rencontré Blake.

Quant à Tommy, je ne sais même pour pourquoi tu as pris la peine d’écrire ces mots. Jamais je ne le tuerai. Tout au plus, je le neutraliserai. Mais j’apprécie ce gosse, et me refuse à devenir un tel monstre. Mais ça, je ne sais pas si tu le comprendras un jour. Tu as peur de moi, non ? Tu es terrifiée de découvrir un Howard sanguinaire, meurtrier, à des années lumières de celui que tu as aimée, non ? Sois rassurée. Seraph ou humain, je suis le même. Sauf que ça, tu le pigeras pas non plus.

Je me lève, m’extirpant de ce presque paradis, et me rhabille. J’aurais sûrement dû coucher tout ça sur papier, et lui envoyer. Mais je crois que je me complais dans sa méprise. Qu’elle me craigne, qu’elle me fuit. Parce que je n’aurai probablement pas la force de l’affronter, de tenter de la tuer ; alors, je ne veux pas que si l’un jour l’ont se revoit, ça finisse en bain de sang. Je préférerais que, dans une espèce d’accord tacite, on se barre chacun de notre côté, comme pour ne jamais se revoir.
A une exception. Là-bas, je veux t’y voir, Luna. Le seul endroit où l’on pourrait parler sans que les factions pèsent sur nos épaules. Oh, je ne crois pas vivre un amour par intermittence ; mais au moins tenir une discussion honnête. Pour la première fois depuis que l’on s’est aimé, peut-être.

J’attrape un sac dans une armoire, et le bourre avec autant de fringues que je peux ; et j’y glisse la petite réserve d’argent que je tiens quelque part. Je le ferme, et je cavale les escaliers. Devant Oliver, je m’arrête, et lui tends tous les papiers du bar que je gardais encore là-haut.

« - Je démissionne. Il y a tout ce qu’il faut pour tenir la bâtisse, arrange-toi avec les autres. Adieu. »

Et sur ces mots, je trace jusqu’à sortir. J’entends ses phrases étonnées, perplexes ; ses interrogations en cascade. Mais je reste muet, et avance droit vers le QG. Il ne comprendrait rien si je lui disais tout, ou j’en ferais un autre Seraph. Et tôt ou tard, quelqu’un viendrait me chercher ici, et le tuerait à la place. Alors, tout est mieux ainsi.

Adieu, vie humaine.

La créature aurait pu se fondre dans la nuit si les lampadaires n'étaient pas allumé. Elle est pas grosse. A peine une taille au dessus des petites ombres que j'affronte habituellement. Elle se redresse, sent mon regard et me voit de ses yeux. Comme une tache d'encre mouvante dans mon champs de vision, elle se redresse.
Cours dans ma direction avec une rapidité surnaturelle. Mais je suis prête. Mélusine, ma guitaxe vient spontanément à mes mains. Mes pieds cherchent le meilleur appui. Et quand elle arrive, je suis prête. Comme montée sur un ressort.

Avec un naturel désarmant j’esquisse une griffe qui m'auraient égorger. D'un pas en arrière qui m'auraient éventré. Mon arme frappe un grand coup, comme si je devais défoncer une barricade. Nan. L'ombre résiste. Pas assez d'élan. Pas assez de force physique.
La contre attaque est rude.  Mon aine se marque d'une triple griffure profonde. Je serre les dents pour ne pas hurler. J'enrage.
Un coup de pied plus tard. Je rétablis la distance de sécurité. Voilà...Elle est juste a portée. Mes deux mais agrippent mon arme, la hache revient sur mon épaule pour un coup verticale.  
La bete se jette sur moi. Mon coup part et l'impact est terrible.
L'ombre se recroqueville sur le pavé. Elle est morte sur le coup, et son corps s'évapore doucement dans l'air nocturne.

Je frappe de toute mes force le cadavre de la bête. Quand elle a totalement disparu. Je m'acharne à fendre le bitume comme une demeurée. Une fois, deux fois, beaucoup de fois.
La douleur me réveille. M’empêche de déglinguer le trottoir bien entamé

Je serre les dents. révoque mon kekkai dans un lieux discret avant de rejoindre le QG.
Je matte le pan de trottoir maintenant intact. Mon regard se perd dans la contemplation du New Dawn. J'avais pas remarqué que je chassais aussi près. Je me renfrogne.

Tuer des ombres... Et dire que j'hésitais a tuer ces bête par empathie il y  a de cela quelques mois. Comme si ces trucs pouvaient ressentir la joie, la tristesse ou le deuil. Comme si ces trucs avaient une conscience.
Alors je les tues. J'essaie de rentabiliser ma rage. Être utile à la famille. Rien d'autre.
Je vais couper toute relation avec mes amis humains, sauf Chloé. Et emménager au QG. Après tout. Je dois faire le deuil de mon humanité. Aux grand maux. Les grands remèdes. Ce ne sera pas la séparation la plus douloureuse que j'ai pu traverser dans ma vie.

Adieux, vie humaine.

[Ombre level 3]