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Cela ne fait pas longtemps que je suis dans cet établissement ni dans cette ville. J'ai d'abord eu du mal à m'intégrer, il faut dire que la vie en Amérique est très loin de ressembler à celle de la France. Beaucoup de différences de culture, mais je dois avouer que ceci me plaît. Je me sens bien ici. Je récupère le goût de vivre et je dois dire que pour le moment ce que j'ai vu satisfait les attentes que j'avais avant d'arriver ici. Je n'ai pas encore eu le temps de visiter énormément, mais ceci n'est qu'une question de temps. Les études sont bien évidemment difficiles, mais en même temps c'est partout pareil. Aujourd'hui j'ai décidé pour la première fois d'aller étudier à la bibliothèque, j'espère qu'il y aura une place de libre. Je n'arrive pas encore à me mélanger avec autrui. Bien sûr j'ai déjà parlé avec quelques personnes, mais c'était que des banalités futiles, puis pour travailler je préfère être seule, j'arrive plus facilement à me concentrer ainsi. Pourquoi ? C'est simple, quand une personne peut m'intéresser c'est-à-dire qu'il a un intérêt quelconque pour qu'on est des choses en commun, je risque de papoter certes c'est bien pour récupérer mon côté sociable, mais pour le côté travail cela me fait défaut. De plus on ne sait jamais si cette personne au final n'est pas un cancre et qu'elle soit la juste pour passer le temps et non bosser.

Bref je me dirige enfin vers la bibliothèque, mes affaires en main. Aujourd'hui je suis habillée de façon plutôt sobre c'est-à-dire un djean clair et un t-shirt simple noir pour les chaussures ce sont des bottines niveau accessoire je n'en porte pas. Une tenue pour passer inaperçue, même si mes cheveux empêchent un peu cet effet de discrétion. J'ouvre la porte de celle-ci, la porte grince, je fais une grimace. Je n'aime pas ce genre de bruit strident. Je continue d'avancer à la recherche d'une table libre, mais il y a beaucoup de monde, elles ont tous l'air d'être prises, je vais donc devoir m'asseoir à côté de quelqu'un, cette idée ne m'enchante pas, mais je n'ai pas d'autres choix. Je cherche donc une personne de seule à sa table, j'en vois vite une c'est un jeune homme à cette table. Je vais donc lui demander si cela ne dérange pas.

- Bonjour excusez-moi de vous déranger, cela ne vous dérange pas si je m'installe en face de vous ?

Je reste debout attendant sa réponse avec impatience et jouant avec mes mains montrant ma nervosité d'un refus.

S’il voulait être en mesure d’avoir son année – et cela faisait tout de même parti de ses objectifs pour l’année – il était nécessaire de travailler. Parfois, pas tout le temps. En tout cas, Gamaliel avait de la chance sur ce point-là parce qu’il faisait partie de ceux qui avaient effectivement appris à travailler pendant leur jeunesse et qui pouvaient donc bosser sans que ce ne se fasse à la dernière minute avant le rendu. Et, logiquement, plus le travail était abattu rapidement et mieux c’était. C’était l’une des raisons pour lesquelles il avait commencé à travailler sur son mémoire de fin d’études le semestre dernier – mais il n’avait bien évidemment toujours pas terminé. Malgré le travail bibliographique qu’il avait abattu pour s’en débarrasser et être en mesure de se concentrer uniquement sur l’écriture du mémoire, il avait besoin de consulter à nouveau certains documents – puisque vouloir tout prédire s’était avéré utopique.

 Il était donc venu dans la bibliothèque la plus importante du quartier Est, celle qui était près de la fac – et donc de chez lui – et dans laquelle on pouvait trouver certains livres assez spécialisés de par la proximité du milieu universitaire. Naturellement, il était venu très tôt, se levant exprès, juste pour avoir une place. Cela allait faire cinq années qu’il fréquentait la bibliothèque et il savait très bien que les tables de travail – il n’y en avait pas beaucoup puisqu’elle était aussi à destination du grand public – n’étaient pas assez nombreuses pour satisfaire tout le monde aux heures de points. Il s’était donc assuré une place assise et, tout aussi important, de pouvoir sélectionner les ouvrages dont il avait besoin avant de s’installer. Que l’on ne vienne pas lui prendre sa place au moment où il les allait les chercher – comme cette fois lors de sa première année ici.

 Cela faisait maintenant quelques heures qu’il s’était installé. Les livres dont il avait besoin empilés sur sa droite, ceux qu’il avait déjà utilisés sur sa gauche, et un ordinateur portable assez léger comme ceux qu’utilisent les autres étudiants devant lui, le traitement de texte ouvert sur son ébauche de mémoire. Qui faisait déjà une soixantaine de pages, puisqu’il avait vraiment été motivé. Il avait juste besoin de créer de nouvelles citations depuis des livres papiers tout en notant leurs références dans le texte – et de le travailler plus en profondeur. Après il pourrait réellement continuer à développer tout cela et débuter son analyse personnelle à proprement parler – dont les grandes lignes directrices étaient inscrites.

 Au bout d’un moment, quelqu’un qu’il n’avait jamais vu auparavant était venu le tirer de ses rêveries. Une fille qui voulait vraisemblablement s’installer là – parce qu’il y avait une place de libre à se table vu qu’il était seul dessus. Gamaliel réfléchit un instant en relevant les yeux, se demandant s’il avait le droit de refuser. Il ne voulait pas spécialement le faire, mais il n’était pas vraiment qu’en une telle situation il soit réellement permis de signaler un refus – socialement parlant en tout cas. Mais dès que l’idée lui vînt à l’esprit il comprit que la plupart des gens se ficheraient totalement de tout cela et répondraient tout simplement oui par habitude à moins qu’ils n’attendent quelqu’un. Et que demander n’était alors qu’une formalité qui n’accomplissait pas grand-chose et ne mettait personne à risque – contrairement à ce que laissait envisager la nervosité visiblement visible de la jeune fille.

« - Bien sûr que tu peux t’installer ici » lui répondit-il rapidement avant d’ajouter en souriant un « - Je ne vais pas te manger, tu sais ? »

 Il avait employé un ton assez familier en espérant la mettre à l’aise plus qu’autre chose. Parce qu’il n’y avait vraiment aucune raison de s’inquiéter quant à la demande qu’elle venait de formuler – il n’était gêné en rien. D’ailleurs, même s’il y avait eu gêne l’étudiant avait assez avancé pour être confiant dans le fait qu’il n’avait probablement plus vraiment besoin de la bibliothèque – même s’il s’était trompé la dernière fois. D’ailleurs, il venait de se replonger dans les annotations dont il avait orné un livre de sa propre possession, l’un de ceux sur lesquels il travaillait spécifiquement pour son mémoire, plutôt qu’un autre ouvrage de la bibliothèque.