Le Black Swan:

Quels chauffards dans cette fichue ville ! Maël ruminait, fulminait même à cause de son accrochage avec un barge qui lui avait coupé la priorité et s'était envolé aussi vite qu'il était apparu après avoir donné 200 balles et un mot à l'instit. "Howard Evans" avec un numéro gribouillé en dessous. L'homme avait lu et relu le nom de l'individu plusieurs fois et n'avait pas dépensé un centime de l'argent que l'autre lui avait donné. Vu son empressement, qu'est-ce qui prouvait à Maël que cet argent n'était pas sale ? Cet Evans pouvait tout aussi bien être un dealer ou un baron de la pègre, pour ce que le japonais en savait... Toujours était il que ce jour là, le bestiau était bigrement pressé.

Au bout d'un poignée de jours, Maël appela enfin le numéro et on lui répondit au bout de la troisième sonnerie. Pile au moment où l'homme commençait à se dire que le numéro était un faux et que cet argent était effectivement sale. La discussion fut courte. L'autre lui proposa une rencontre. Pourquoi faire ? Le tuer et récupérer l'argent ? Toutefois, l'homme se laissa convaincre et accepta. Andy lui avait brièvement parlé du Black Swan et il fut donc hors de question pour Maël d'y aller les mains dans les poches. Il fit le tour de sa maison bien vide - un jour, faudrait qu'il se décide à la vendre et à prendre un petit appartement qui ne lui rappellerait pas sans arrêt Sonja et Haru... - et s'arrêta dans la cuisine. Un couteau, c'était peut être too much, pour peu que l'autre soit vraiment un truand notoire, il aurait tôt fait de le désarmé et le planter avec sa propre lame... Non pas de couteau... Il opta pour un poing américain, celui qu'Andy le força à prendre après avoir enfin accepté que son meilleur ami aille au rendez vous seul.

Maël arriva un peu avant l'heure convenue et constata de lui même qu'effectivement le bar faisait assez mal famé et qu'il aurait peut être dû accepter qu'Andy vienne avec lui. On le regarda étrangement, les habitués du bar devaient se demander ce qu'un type en costard pouvait bien faire ici et d'autres de le dévisageait pour savoir si c'était un homme ou une femme. Jusque là, rien de nouveau dans la vie de l'instituteur. Il espérait toutefois que l'autre ne tarderait pas à se montrer...

Évidemment, fallait que ça arrive. Qu’un jour où je reçois l’appel d’un Seraph paniqué – j’vous le donne dans le mille, Andrew – et je déballe pied fusionné au plancher, je m’emplafonne un type en pilant trop rapidement pour les freins de mon débris roulant. Bon, le type va bien, je vais bien, mon épave s’en est sorti bien mieux que je l’aurais imaginé, mais j’ai quand même bien défoncé son coffre, au garçon. Et bien sûr, déjà que j’ai pas franchement le pognon pour lui rembourser tous les dégâts, j’avais encore moins le temps de m’arrêter, de sortir mon stylo, de m’engueuler avec lui un bon quart d’heure histoire de se chauffer, puis d’enfin s’attaquer lentement et douloureusement au constat. Parce que, aussi con que ça puisse paraître, j’avais un type à extirper de ses emmerdes pendant ce temps.
Alors j’lui ai glissé tout mon liquide, mon nom et mon numéro. C’est pas mal déjà, et puis j’ai filé aider mon camarade.

Je tire une taffe sur ma clope, avançant sans me presser en direction du bar convenu. Ouais, le gars en question a fini par m’appeler, et on a trouvé un petit moment pour discuter de ce petit carambolage, pour planifier un peu comment j’allais devoir débourser du fric pour réparer sa voiture – honnêtement, je suis fautif à 100 % dans cette affaire, je vais pas me le cacher. Je me demande juste d’où je vais tirer le pognon une fois les choses couchées sur le papier – des quêtes de Maximillian ? Ben en fait, c’était pas sarcastique. C’est pas une mauvaise idée.

Bref, en m’approchant de la bâtisse j’aperçois le fameux type, et viens à sa rencontre pour le saluer. J’avance une main, et ose un sourire un peu gêné.

« - Bonsoir. Même si tu t’en doutes, je suis Howard. »

Au cas où ma face aurait miraculeusement disparu de sa mémoire, qui sait ? M’enfin, j’espère qu’il sera pas trop de mauvais poil maintenant, discuter avec un mec échauffé m’a jamais vraiment branché. Ça risquerait trop de finir sur un départ spontané de ma part, et un constat caduque. De toute façon, j’ai plus grand-chose à perdre, non ?

Oh, et si quelqu’un se demande comment s’en est sorti Monsieur Parapluie dans tout ça, il va bien. Il s’était foulé la cheville après avoir affronté une Ombre, et flippait que d’autres rapplique. La classique donc, le connaissant.

L'autre était enfin là. A première vue, il n'avait pas l'air d'être là pour faire couler le sang mais certains cachaient bien leur jeu. L'homme vint directement vers l'instituteur et lui tendit une main en se présentant. Maël considéra la main un instant avant de la serrer brièvement.
_ Bonsoir, Fallen... Maël.
Malgré tout ce temps à Palema, l'homme avait gardé un léger accent japonais et il arrivait que son nom soit prononcé à la japonais - Maeru - et ce soir là ce fut un "Mearu" qui fut prononcé. L'homme ne prit même pas la peine de reformuler, ce n'était pas la peine. Au mieux, c'était qu'un détail, au pire ça faisait faux nom intraçable, enfin presque.

Howard semblait gêné, regrettait il son inconscience ? Une chance que personne ne fusse blessé ou pire... tué. Maël l'observa à la lumière traîtresse des lumières de la rue et du bar mêlées. Il n'avait pas l'air d'un mauvais bougre, ce n'était peut être pas un dangereux criminel finalement. Le japonais mit la main dans sa poche intérieure et en ressorti une enveloppe scellée qu'il tendit au conducteur fou.
_ On devrait plutôt laisser les assurances gérer le reste... reprenez cela, je vous prie.

S'ils avaient été au Japon, il aurait dû s'incliner en tendant le "paquet" à Howard mais tout cela était loin désormais, il avait apprit qu'il était possible de respecter quelqu'un sans pour autant s'enticher de traditions bizarres. De toute façon, s'ils avaient été au Japon et à une autre ère, Maël aurait été en droit de provoquer l'autre homme en duel ou d'exiger une réparation conséquence, un lopin de terre, la main de sa fille ou n'importe quoi d'autre de valeur. Ainsi le maître d'école écarta tout ça de son esprit. Il n'avait pas le temps et le loisir de rêvasser à une vie passée. Une légère brise fit flotter les cheveux de Maël. Il faisait moyennement froid et la veste qui faisait office de manteau n'était pas bien épaisse. Soit l'affaire se régler dans l'instant soit le professeur devrait proposer à l'autre d'entrer dans le bar à moins qu'Howard en ait l'initiative... Comment les choses devaient se finir ? Ils allaient ressortir de là comme si de rien n'était et meilleurs amis du monde, bras dessus bras dessous complètement bourrés ? Tout ça ne plaisait pas trop à l'homme mais parfois, on a pas le choix, il faut faire certaines choses.

Contre mon gré, un de mes sourcils s’emballent lors de sa présentation – en dehors d’un prénom que je n’avais encore jamais entendu, c’est son nom qui me force cette réaction. Un parent du Nephil fiché, ou une simple coïncidence ? Va savoir. Ça vaudrait peut-être le coup que je me débrouille pour tout se passe hautement bien alors ; histoire de savoir s’il peut ou non être utile à la faction.
Bref, la poignée achevée je récupère les billets qu’il me tend, et sans les compter je les fourre dans ma veste. Eh bien, je m’attendais pas à ce qu’il me rembourse si vite. Tout au plus une fois le constat réglé, voire même pas du tout, comme espèce de punition de ma fuite lâche.
M’enfin. Quant à laisser les assurances gérer tout ça, je ne sais pas. Autant être honnête tout de suite, j’ai pas de ces choses-là, malheureusement. Oh, pas que je n’en veuille pas ou que je n’en ai pas les moyens – quoique, sur ce dernier point, ça sera bientôt le cas -, mais plutôt que jamais aucune boîte n’a voulu se risquer à couvrir ma guimbarde. Surprenant, hein ?
Un peu moins hésitant, je reprends la parole.

« - Merci. Mais, c’est là que ça blesse, en fait … Mon épave est tellement vieille que personne veut l’assurer, ce qui rend notre affaire assez compliquée à gérer. Je te propose qu’on aille s’installer dans un coin là-dedans, et qu’on discute de ce que je te dois. Ça te va ? »

Certains pourraient dire qu’un peu de vouvoiement ne m’aurait pas tué, mais ma haine naissante de ce formalisme m’intime de sauter l’étape. Et puis, quitte à être liés par l’argent, autant l’être avec un peu plus de proximité, ça nous fera pas de mal. Donc, d’un revers du bras je lui indique l’entrée du bar, et attends tranquillement qu’il me réponde, prêt à écouter ses vociférations possibles sur la galère que je lui offre.
Soyons honnêtes, je vais lui devoir plusieurs milliers de dollars. Que je ne lui donnerai pas sur le champ. Alors, s’il s’énerve, ce serait plus que compréhensible.

J’espère que Maximillian est libre ces prochains jours, parce que je vais avoir besoin de lui. Vraiment, avoir besoin de lui.

Un bref rictus anima le visage d'Howard. Connaissait il quelqu'un de la famille Fallen ? A sa connaissance, Maël n'avait pourtant pas de famille en dehors de l'Asie et peut être éventuellement en France mais c'était moins sûr sur ce point là. Toutefois, l'instituteur ignora cela, préférant ne pas poser la question, il aurait bien le temps de le faire plus tard dans le pire des cas. Mais c'était bien la première fois qu'il avait l'impression que quelqu'un connaissait son nom. Peut être était seulement quelqu'un avait qui il avait travaillé lors de ses premiers temps aux Etats-Unis. C'était peu probable puisque le visage de l'homme ne disait absolument rien à Maël. Et c'est sur ces pensées que l'autre lui apprit qu'il n'avait pas d'assurance. Formidable ! Ne s'était il donc jamais fait contrôler par la police ?! Comment peut on rouler sans assurance de nos jours, avec tous ces contrôles ?! Le japonais ne pu s'empêcher de claquer la langue de mécontentement. Cela allait fichtrement compliquer les choses et pire encore, l'autre s'était permis de le tutoyer !
_ Bien... je vous suis monsieur Evans.

La seule chose qui avait poussé Maël à accepter de le suivre à l'intérieur était que l'homme semblait vraiment vouloir trouver une solution à tout ça et qu'il souhaitait malgré tout payer les réparations de sa poche. Cela et le fait que l'homme commençait vraiment à avoir froid. Et à nouveau, la pensée des deux hommes sortant du bar éméchés, bras dessus bras dessous, nouvellement meilleurs amis du monde, chantant faux vint à l'esprit de Maël. Et alors qu'ils se dirigeaient vers l'intérieur du "Black Swan", le jeune étranger aperçu du coin de l’œil son frère et son meilleur ami au bout de la rue menant au bar. Leur non discrétion légendaire les avait encore trahis. S'ils rentraient l'air de rien dans l'établissement, Maël n'en serait pas surpris. Il se douta qu'ils étaient tous les deux bien armés. Difficile de leur en vouloir vu les derniers événements, ceux précédant l'accident avec Howard Evans et cette rencontre. Fallait tout de même noter que la mort était probablement l'épouse de la famille. Dans quatre matins, c'est la mort du patriarche qui leur serait sans aucun doute annoncée. Mais cela, ils s'y étaient préparés, cela était une mort prévue. Triste à dire mais bien la réalité. Edouard Fallen a dû, lui aussi, regretter ses décisions et ses actions et finir par devenir en devenir fou, rongé par sa culpabilité.

C'est avec un certain plaisir que Maël constata que dans le bar, il y faisait non seulement terriblement bon mais qu'en plus ça n'avait pas l'air d'être un bouge sale. Malgré l'ambiance obscure dû aux rares éclairages, le lieu avait l'air propre et hygiénique. Des badauds jouaient au billard au fond, jeu auquel Maël ne s'était essayé qu'une seule fois, il en était arrivé à la conclusion que ce n'était pas un truc pour lui. Et, peut être dû à l'heure, la salle n'était pas bien pleine. Trouver une table ne serait donc pas compliqué. Ni pour eux ni pour son frère et son meilleur ami s'ils décidaient de rentrer aussi.

Profitant de ce mince instant de mutisme entre l'accord oral de s'installer, et la recherche tacite d'une table vide et tranquille, je me terre brièvement dans mes pensées. En fait, je crois que je suis en train de perdre mes talents sociaux, à mesure que je cache dans ma vie de Contractant, que les jours s'écoulent depuis que Luna m'a fait quitter mon bar. Bien sûr, ma sempiternelle tournée nocturne – purement à titre observatoire – des bars de la ville me force à côtoyer des humains, mais, même là, j'agis différemment. Je viens pour un entretien, et y agis dans l'unique but de me faire refuser, pour continuer à chercher. Tout simplement.
Alors, peut-être que je suis trop familier avec ce Mearu. Ou bien, trop louche à prétendre ne pas avoir d'assurance et de vouloir tout régler à l'amiable, comme plus rien ne se fait dans le coin de nos jours. Va savoir.

Le découvrant immobile, affairé à scruter les sièges vides, j'esquisse un air de salut au barman, et invite d'un geste de la tête mon premier interlocuteur à me suivre dans un coin, là où l'on est à la fois le plus éloigné de la musique, et des discussions ambiantes. D'ailleurs, les deux sont probablement liés.
Je m'assoie, et avant de zieuter la carte je sors un papier, un crayon et mon téléphone. Autant être franc, je ne prétends honnêtement pas pouvoir additionner de tête toutes les sommes que les diverses réparations vont afficher, et je culpabiliserais de lui rembourser moins. D'autant plus si ce type peut m'offrir des informations précieuses sur un ennemi actif.

« - Je ne sais pas comment te donner un gage que je vais tenir ma promesse et te rembourser, alors autant commencer par compter ce que je te dois, environ. »

S'il est venu ce soir, c'est qu'il sait probablement précisément ce que j'ai embouti dans sa voiture – et moi, j'imagine que je devrais être en mesure de lui assurer la sûreté de mon engagement, j'imagine. M'enfin, je trouverai bien. J'ai pas vraiment le choix, faut dire.

« - Déjà, est-ce que tu as un garage affilié, pour qu'on se calque sur leurs tarifs ? »

Même si les variations ne doivent pas franchement être notables d'une bâtisse à l'autre, ça vaut le coup d'être posé dès le départ. Bref, il a tout en main pour mener les comptes désormais ; et moi, le temps de mettre au point un moyen de payer.

Les deux hommes s'étaient enfin installés à une table loin de tout et de tout le monde. Howard avait il honte au point de ne pas vouloir qu'on entende qu'il doit de l'argent ? Maël réfléchit. Une chance qu'Andy connaisse un garagiste sympa qui était prêt à leur faire une fleur sur le prix... A y réfléchir, c'était peut être l'occasion de changer de voiture, il fallait dire que le véhicule du japonais n'était pas tout jeune non plus.

_ Il faut dire que vous ne m'avez pas raté...
Un gage, le terme était facile. Ce n'était pas un gage que voulait Maël mais que sa voiture (aussi pourrie soit elle) soit réparée fissa ! Il en avait besoin pour aller travailler et même s'il pourrait emprunter celle d'Andy pour un temps, son meilleur ami finirait par en avoir besoin. Encore heureux que l'homme travaillait près de son emploi laissant l'opportunité à Maël de continuer à aller travailler. Ce n'était pas tant le fait qu'il habitait loin de l'école dans laquelle il enseignait que résidait le problème, il pourrait faire le voyage à pieds ou en vélo mais c'était ce qu'il emportait chaque jour. Ses affaires personnelles, le travail qu'il allait faire faire aux enfants, celui qu'il devait leur rendre, son ordinateur... Rien de bien lourd pourrait on lui faire remarquer mais quand même, après une journée de travail quelque chose de peu lourd peut sembler peser une tonne. Il fallait dire que malgré les apparences, l'homme ne lésinait pas sur les moyens pour rendre son cours vivant. Il devait être le seul prof dans son établissement à jouer avec les enfants.
_ Le devis établi par un garage à trois rues de chez moi a estimé la réparation complète à près de 1200 dollars. L'homme qui nous a reçu nous a fait un prix. Il y a tout l'arrière à refaire. Je ne sais pas à combien vous rouliez mais la limite autorisée avait été dépassée et bien comme il faut, c'est certain.

Ah, si seulement ce jour là il n'avait pas reçu ce père au moins aussi stupide que sa fille et avait remis cet entretien stérile à un autre jour, il n'en serait pas là ! 1200 dollars de réparation et encore avec la ristourne ami... c'était pratiquement le salaire mensuel du professeur. Il doutait qu'Howard soit en mesure de sortir autant d'argent comme cela. Cette affaire allait prendre une éternité, à n'en pas douter !

Maël balaya la salle du regard, rien de nouveau à l'horizon et visiblement Andy et Lucas ne s'étaient pas encore décidé à entrer. Le serveur par contre, probablement poussé par le zèle s'approcha d'eux en traînant le pied. Il n'avait pas l'air ravi de faire son travail. Quand il fut là, Maël commanda un jus de fruit. Le serveur attendit qu'Howard parle pour retourner au comptoir préparer les boissons.

Alors, le devis est déjà établi. Parfait, voilà qui va bien accélérer nos affaires – et d’un simple coup de crayon, j’esquisse la somme due sur ma feuille. Va savoir si ça me servira réellement d’aide-mémoire, ou si je le fais purement pour me donner bonne conscience face à lui. Un peu des deux, peut-être.
Impassible face à l’annonce, je quitte lentement ma mine gênée pour en afficher une nouvelle, plus sereine. Le montant est loin de m’avoir fait tomber des nues, en fait ; mieux, avec mes connaissances très brouillonnes, c’était dans mes estimations basses. Donc, mon plan Maximillian tient la route finalement, tant est qu’il accepte que je traîne avec lui uniquement pour l’argent. Et pour passer du temps ensemble, évidemment !

Posant un instant en hiatus la discussion, un serveur débarque visiblement lassé, et nous interroge quant à nos boissons – ce qui, en fait, est plutôt logique quant au lieu. Le menu toujours retourné face contre table, je soutiens une courte seconde le regard de l’employé puis commande un Coca, laissant de côté un quelconque liquide alcoolisé pour le moment. Honnêtement, avec l’ambiance tendue qui règne entre Maeru et moi, je ne vais pas tenter d’empirer les choses.
Ceci fait, le garant de nos commandent s’en retourne vers le comptoir, nous offrant quelques temps pour reprendre notre échange.

« - J’étais … Très pressé, on dira. Mais je suis en tort, je ne pas vraiment qualifié pour avoir un gyrophare. Enfin bref, je te rembourserai donc de 1200 dollars. Est-ce que tu préfères que je te fasse un chèque que tu empocherais d’ici une dizaine de jours, ou que l’on se revoit dans ce même délai pour que je te paye en espèce ? »

Expliquer pourquoi je ne peux pas débourser une telle somme sur le champ ne me paraît pas si compliqué – après tout, avec l’allure de ma caisse, il ne doit pas franchement s’attendre à ce que je sois des plus aisés du coin. Reste à espérer qu’il ne se flanque pas en tête que je lui verserai de l’argent sale, parce que j’ai pas vraiment de solutions pour lui prouver le contraire. Dans le fond, les pouvoirs du Blairoux passe outre les imprimeries officielles, non ? Alors je me demande si Kyu a songé à synchroniser les numéros de série avec la réalité, ou si ces bouts de papier auront une allure on ne peut plus louche. Grand question, j’imagine.

Howard resta évasif. Il reconnaissait rouler trop vite mais ne s'étendit pas sur le sujet. Ce n'était pas Maël qui allait insister. Tout le monde avait ses petits secrets et il valait mieux parfois ne pas les connaître. Le serveur au pas traînant amena les boissons peu de temps après. Le choix posé pour le remboursement était compliqué en tous points pour Maël. Le chèque pourrait être refusé et le liquide pourrait provenir d'un crime et dans les deux cas, le jeune instituteur serait bien embêté. Ah ! quelle galère...

Maël prit le temps de boire une gorgée de son jus de fruit qui était moyennement frais avant de répondre.
_ Un chèque me semble bien plus pratique pour tout le monde. Le liquide a le don d'attirer les malfrats.
Il ne semblait pas à Maël que Palema soit une ville mal famée mais d'un autre côté, il ne sortait pas assez pour s'en rendre bien compte. L'homme aperçu alors ses deux compères entrer discrètement dans le bar... enfin discrètement était un bien grand mot. Ils devaient s'attendre à ce que le lieu soit rempli et semblèrent bien déçus que ça ne soit pas le cas.

_ Êtes vous certain que d'ici une dizaine de jours votre chèque sera encaissable ? Je ne voudrais pas avoir à faire avec un rejet de la banque impliquant un embarras gênant pour nous deux. Moi moral et vous financier. D'autant plus qu'il va bien falloir réparer votre véhicule par la même occasion, il me semble qu'il a accusé le coup lui aussi.
Et il était fort probable que les réparations de la voiture de cet Howard coûtent bien plus cher !

Une main sur ma boisson, je continue à écouter docilement Maeru, hochant le menton à ses propos. Alors, le mot est tombé, hmm ? C’était évident qu’il allait s’imaginer quelques histoires pas des plus nettes à mon sujet ; et je ne peux pas dire que j’ai tout pour l’éviter. Un type sans assurance, prétextant vaguement une urgence et refusant un constant, proposant de payer sous les dix jours en espèce – non, clairement, à sa place j’aurais aussi songé à une magouille de type louche. Et honnêtement, je me demande s’il n’y a pas une part de vérité là-dedans, étant donné le moyen peu conventionnel auquel je vais me soumettre pour rassembler mes dettes.

Je pondère brièvement, puis bois une gorgée en réfléchissant à l’affaire. Le délai, je pense honnêtement pouvoir le tenir ; après tout, je vois mal Maximillian refuser une opportunité de … De … Faire son truc ? A plusieurs ? Enfin, qu’importe quoi, mais la chose bizarre qu’il avait fait dans le musée, il y a des mois. Pour ce qui est de retaper mon épave, j’imagine que je pourrais négocier auprès du Commandement pour qu’il se charge des frais. Quoique, ce serait assez ironique qu’Aeson m’écoute davantage au sujet de soucis humains, alors qu’il n’en a que faire des mes recommandations relatives à nos collègues prometteurs.

« - Oh, pour mon véhicule, c’est plus ou moins celui de fonction, alors mes supérieurs s’en chargeront. Mais, pour le délai, je suis certain de le tenir ; et je peux t’avancer les deux cent premiers dollars tout de suite, ceux que tu viens de me rendre, si tu veux. »

Je suis creepy, en fait. Ce type me parle d’un ton sérieux, mature – et moi je réponds comme si j’essayais de m’arranger avec un pote, presque familier. Triste déchéance sociale que je vis, je crois ; il serait bien urgent que je récupère mes manières.
Bref, reste à le rassurer quant à la légalité de mes revenus. Et ça, ça s’annonce pas simple : je suis un mec qui fait des urgences, qui a une voiture de fonction et qui peut s’amasser plus de mille dollars moins de deux semaines. Qu’on se le dise, je pue le truand.
Pour sauver les apparences, je me fends d’un nouveau sourire, et me confonds en quelques explications.

« - Et ne t’en fais pas pour l’argent, il ne sera pas sale. Mon travail est assez compliqué à décrire, mais je ne baigne dans rien d’illégal ou du genre. En tant que ex-barman, je manque vraiment d’expérience dans ce domaine pour m’y lancer. »

Concrètement, on pourrait dire que je suis un vigilant. Mais en moins badass, plus magique et nettement moins universel. N’empêche que c’est déjà quelque chose, et que je ne pense pas que les lois aient prévu le coup pour nous – enfin, dans un sens, ça veut dire qu’on agit en-dehors d’elles.
Alors, ouais, je suis en train de lui mentir.

Le doute devint alors une certitude. Ce type trempait dans des affaires louches sinon pourquoi se sentait il obligé de préciser que l'argent ne serait pas sale ? A moins qu'il soit capable de lire dans les pensées mais soyons sérieux, ça n'existe pas les pouvoirs magiques !! En y pensant, Maël regarda le serveur traîner la patte vers ses deux compères à la discrétion des plus relatives. L'autre détail qui confirma au chevelu que les propos tenus par Howard étaient louches concernait sa voiture. Dans un premier temps, il raconta que "son épave" était tellement vieille que personne ne voulait l'assurer pour ensuite tourner ça en "voiture de fonction". Quelle entreprise irait donner des guimbardes pareilles en véhicule professionnel et le tout sans assurance ?! Celles ci étaient prises en charge par les entreprises en échange d'un abattement fiscal annuel leur faisant, dans la majorité des cas, gagner pas mal d'argent. Non, ce type là mentait et plutôt mal en plus. Mais l'instituteur se garda bien de le signaler. Pire encore, il faisait semblant d'y croire. Lui aussi mentait pour le coup. La vie était basée sur le détail près ! Toujours était il qu'il devenait urgent pour Maël de conclure cet entretien rapidement maintenant qu'il était persuadé avoir à faire avec un bandit. Dans quelle type d'affaire louche pouvait il tremper ? Kidnapping, fausse monnaie, cambriolage, recel, trafic quelconque ? Ce qui exposait passablement Maël a être associé d'une façon ou d'une autre à cette activité criminelle...

_ Inutile d'avancer quoi que ce soit, si je vous ai rendu votre enveloppe, ce n'est pas pour la reprendre maintenant. Quant à la provenance de vos revenus, je ne doute pas qu'ils soient légaux. Si vous m'assurez que dans dix jours votre chèque sera encaissable, cela me suffit amplement.

C'était en partie vrai, il ne doutait pas, il en était certain. Ah ! que ses collègues auraient apprécié cette ironie et cette habile nuance sur les termes. L'homme s'était mit à observer ce monsieur Evans à la recherche d'un quelconque signe. Maël ne savait pas exactement ce qu'il recherchait sur le visage de l'autre homme mais il ne voulait pas rater cet indice. Peut être que plus tard, avec l'aide de la police, il pourrait mettre un terme aux agissements criminels de ce monsieur Evans, que cela soit son vrai nom ou pas... Enfin, s'il n'était pas assassiné avant !!

Alors, il me croit. Je me fends d’un sourire simple, amenant mon verre à mes lèvres, et je bois une bonne moitié de la boisson. Tiède, comme toujours – glaçons ou non, j’ai l’impression que tout se ramène, au mieux, à une simple fraîcheur. Peut-être que si j’y allais à l’azote liquide, j’obtiendrais de meilleurs résultats. Hmm, pas forcément une bonne idée.
Toujours est il que je ne suis pas l’aise. Mon excuse pue les magouilles, ma mine l’absence d’assurance, et mon compte en banque la misère. A croire que je commence à saisir ce que disait Lenna, quand elle prétendait qu’un hybride entre Contractant et Humain était impossible, ou sinon miraculeux. Il va falloir que je réapprenne à parler, sincèrement.

Je pose mon verre, et tends une main sans tremblement. A défaut d’être habile, je ne suis au moins pas stressé – cette situation n’a pas grande importance, et une vie est loin d’être en jeu.

« - Alors, il sera encaissable dans dix jours, tout au plus. Tu as ma parole. »

Et qu’il me rende la poignée ou non, j’attrape un chéquier dans me veste et m’applique à le remplir, redécouvrant une activité que je pratiquais fréquemment il y a un mois encore. Les choses changent vite, vraiment.
Alors, je fais glisser jusque Maeru le bout de papier, et redresse mon dos.

« - Est-ce que je peux te payer un verre ? »

Voilà que je tente de me faire passer pour un type généreux et qui ne regarde pas à la dépense ; tandis qu’il y a encore une pincée de minutes j’avançais avoir des soucis financiers. M’enfin, c’est une bière ou quelques centilitres de whisky que je vais lui offrir, pas davantage ; et quand on doit plus d’un millier de dollars, je ne pense pas que ce soit un sacrifice capital.

Il ne semblait pas s'être aperçu du scepticisme de Maël et c'était parfait. Cet Evans devait probablement jubiler intérieurement d'avoir fait gober son mensonge au professeur. Si le japonais avait été plus aventureux, il aurait pu songer à filer l'autre et découvrir dans quel genre de crime il donnait mais il écarta immédiatement l'idée. C'était surtout un coup à se faire repérer, attraper et tuer. Quant aux deux zigotos qui l'avaient suivi dans la plus inexistante discrétion, il était évident que l'art de la filature leur était tout aussi étrangère.

L'air de rien, Maël prit le chèque, y jeta un coup d’œil bref, le plia et le rangea dans la poche arrière de son pantalon, se relevant légèrement pour y arriver. Il n'avait même pas vérifié le montant, il était sûr qu'il était exact, lorsqu'on gagnait de l'argent de façon criminelle, l'exactitude des dettes était un détail sans importance. Après tout, le professeur lui avait accordé le délai avant de présenter le chèque à la banque. Du point de vue d'Howard tout était passé comme une lettre à USMail ! Quand Howard proposa à Maël de lui payer un verre, le jeune homme se rendit compte qu'il en avait oublié son jus de fruit. Son verre était encore plein à un peu plus de moitié. Le voilà qui se sentait bien embêté. D'un côté, il avait terriblement envie de mettre un terme à cet entretien mais d'un autre côté, il ne voulait pas que cet empressement soit mal interprété (ou plutôt précisément bien interprété dans son cas) engendrant par la même occasion quelques ennuis. Si ça se trouve, le sieur Evans était un tueur à gages... Il y avait tellement de possibilités, le monde du crime était très vaste et les façons de sa faire de l'argent illégal ne devait pas manquer.

_ Je n'ai même pas fini mon verre, je pense que je ne vais pas en prendre un autre. Je suis dubitatif sur la fraîcheur du jus. J'aurais dû préciser que je ne le voulais pas à température ambiante...
Si ça se trouvait, cet endroit était un repère de criminel et tous ici étaient des complices à cet Howard, l'arme à la ceinture, prêts à dégainer en cas de pépins ! Il devint évident que l'homme devait ficher le camp au plus vite. Il devait désormais faire un signe discret à Andy et Lucas afin de leur faire comprendre qu'il était temps de filer !! Et cette partie n'était pas simple !!

Évidemment, çe n’était pas envisageable de dévier d’une discussion sérieuse et importante à une autre plus légère, en me contentant de lui offrir un simple verre. Dommage, au moins j’aurais tenté.
Alors, quoi maintenant ? On va se regarder dans le blanc des yeux jusqu’à ce qu’ils finissent son verre, ou bien payer et s’en aller maintenant, après une brève poignée de main et un regard des plus formels ? Probablement, tout compte fait. Et pourtant, j’aimerais bien profiter un peu plus de cette rare entrevue humaine, un peu trop peut-être – parce que je sais que c’est bien le pire instant pour me montrer sympathique.
Je hausse les épaules, et sonde le fond de mon verre avant de continuer.

« - Oh, d’accord. Probablement pas leur meilleur jour, alors. D’habitude ils sont plutôt bon pour servir. »

Banal, banal, banal. J’ai l’impression d’avoir le manque d’inspiration d’un premier rencard, tandis que la situation n’a strictement rien à voir ; mais bon, le stress me semble assez équivalent. Un retard de paiement, quoi que ce soit, et ce type peut m’épingler comme conducteur sans assurance et dangereux, me collant possiblement un procès et grillant définitivement mon existence hors du QG.
Donc, il vaut mieux que je sois souriant et agréable, j’imagine.

« - Excuse-moi d’être indiscret, mais tu fais quoi dans la vie ? »

Je sais que je passe de l’impoli qui oublie le vouvoiement au mec qui s’excuse de poser une question lambda, mais je suis encore et toujours perdu dans mon incompétence naissante à tenir une discussion normale. Mais peut-être que m’aventurer sur ce terrain pourrait aider à lever le voile sur mes fonds surprenant et à retardement, tant est que j’arrive à improviser au bon moment.
Et, cette fois, je crois que je tiens un bon prétexte, qui sonnerait presque véritable tant il s’inspire de faits réels – et un demi-mensonge vaut moins qu’un entier, non ?

Maël bu une gorgée de son jus et enchaîna avec une seconde. Il avait réussi à capter l'attention de sa famille mais il n'était pas parvenu à leur faire comprendre qu'il fallait partir. Ces andouilles devaient s'imaginer que le jeune professeur venait à peine de les remarquer et les engueulait de loin... C'est d'une oreille distraite qu'il entendit Howard dire que d'habitude les boissons étaient de meilleure qualité. Encore un élément à ajouter au dossier du "crime organisé". C'était donc un habitué, Maël était donc bien dans un nid de vipères ! Mais quand l'autre lui demanda quel métier il exerçait, c'était d'une oreille attentive qu'il perçu la question. Subtile façon d'enquêter l'air de rien pour ensuite organiser son méfait.

_ Oh, je suis manutentionnaire dans une grande surface. Je mets les produits en rayon et accueille les livraisons. Mentit l'homme sans aucun regrets. Il ne pouvait tout de même pas risquer de mettre les enfants en danger ! Rester vague sur son métier imaginaire était primordial désormais, il risquait de se trahir ! Il connaissait le métier puisqu'il a été l'un de ses premiers à son arrivée aux Etats-Unis mais que savait l'autre sur les habitudes des magasins et leur fonctionnement était un mystère. Ne pas donner de nom pour éviter les situations compliquées...

Maël ne posa pas le traditionnel "Et vous ?" qui était supposé faire suite à ce genre de question. Il était persuadé que la réponse serait un mensonge. De toute façon, Howard avait déjà été vague sur le sujet quand il a dit que sa voiture était le véhicule de sa société... Encore une gorgée de son jus. Il fini le verre et le posa sur la table.
_ D'ailleurs, je ne vais pas devoir trop m'attarder... on commence tôt le matin pour accueillir les premiers camions de livraison et remplir les rayons avant l'ouverture du magasin !

Son excuse était toute trouvée pour partir assez rapidement sans avoir l'air suspect, finalement cette question avait été une aubaine inattendue ! C'était parfait, du moins autant que cela puisse l'être eut égard à la situation.

Logique, logique. Je sais ce que c’est toute cette histoire de livraisons, et les horaires infâmes que ça demande – d’ailleurs, une chance que j’ai été Seraph à l’époque où je me chargeais encore de ces trucs-là, sinon mes collègues auraient été bien en peine de récupérer des cargaisons à six heures du matin. J’esquisse un air compatissant, et lève les yeux au ciel avec une sincérité véritable.
Je commence à apprécier ce type, en fait. Bon, il est très formel et tout à fait impersonnel, mais il a tout l’air de quelqu’un d’honnête et capable de laisser sa chance à un mec étrange tout droit sorti d’un bolide des années 80 ; alors, il ne peut pas foncièrement être mauvais.

« - Oui, je comprends. Il y a encore pas si longtemps, je tenais un bar, donc les histoires de camions qui se pointent à des heures imbuvables pour livrer, je connais bien tout ça. Alors, je vais pas te faire perdre plus d’heures de sommeil, Maeru. Bon courage pour demain matin, et tu as ma parole que d’ici dix jours tu pourras encaisser mon chèque. Bonne soirée ! »

Dans un relent de politesse et de savoir-vivre, je me lève de ma chaise pour lui tendre une main franche.
Cet entretien s’est relativement bien passé, tiens. Pas vraiment de colère vive, un peu de discussion, quelques présentations ; non, vraiment, une fois que j’aurais négocié avec Maximillian pour gratter quelques dollars, je pense que tout rentrera dans l’ordre. Au mieux ce sera oublié, au pire il sera pris d’une phobie des vieilles épaves en plein croisement. Mais toujours est-il que je doute qu’il me fiche dans sa liste noir des habitants de cette ville, ou alors j’ai réellement un mal fou à interpréter ce que pensent les gens de moi. Faut dire, c’est un humain ce gars, donc sa manière de réfléchir commence à sacrément s’éloigner de la mienne.

Enfin l'heure de la séparation. Maël ne savait pas quoi penser de cet entretien hormis le fait que son vis à vis était un criminel sans aucun doute possible. Pourrait il accepter de l'argent sale pour réparer sa voiture ? Il n'en avait guère le choix. Andy devait bien récupérer sa voiture et de son côté, le japonais avait besoin d'un véhicule pour aller bosser. Après tout, il n'était pas supposé savoir que cet argent venait d'activités frauduleuses et d'ailleurs, il n'en avait même pas la preuve. Si ça se trouvait, il se faisait une mauvaise opinion de l'homme... Tout était subitement confus. L'homme consulta sa montre.

_ Cela devrait aller. Dit il, tout simplement, sans plus de détails que cela. Pour aller, oui ça allait aller, il ne travaillait pas le lendemain, c'était un jour blanc pour l'école en hommage à la mort de l'homme qui lui a donné son nom... ou un truc dans le genre... A vrai dire, Maël s'en foutait pas mal, tout ce qu'il avait retenu c'était que ce jour là, il ne travaillait pas.

_ Et bien à une prochaine fois... Lança le professeur en se décalant de la table et commençant à se mettre en route vers la sortie. Toutefois, en guise de bonne foi, Maël tendit sa main vers Edward. Qu'il la serre ou pas ne changeait pas grand chose, c'était juste une politesse. Plus tard, Andy et Lucas auraient le résumé de la soirée et de ce qui s'y est dit. Peut être qu'eux aussi penseront que cet argent est sale ou alors trouveront peut être une justification plausible... Ah... quand même, tout ça à cause d'un parent con comme un manche à balais en plus qui a fait sortir le professeur plus tard qu'à son habitude...


> Terminé pour Maël. Je te laisse une occasion de répondre si tu le désires sinon je l’annote terminé =)

Dans un sursaut de manières, je me lève à mon tour et lui serre la main, le visage toujours éclairé. Après lui avoir rendu de brefs au revoir, je me rassois et commande un nouveau verre, sortant mon téléphone.

[Salut Maximillian. On peut se voir demain?]

J’ai l’impression de l’utiliser, d’être hypocrite avec lui. Et pourtant, pourquoi ? Il est sympathique ce gars, et ce n’est pas vraiment comme si je lui extorquais de l’argent en faisant ça ; en soi, il ne lui appartient même pas. Ou peut-être que si. Mais est-ce que ça compte tant que ça ? Oh, je sais pas.
Je soupire, finis mon verre et paye, avant de m’éclipser à mon tour du bar. Dehors, je m’allume une clope et commence à marcher, abandonnant ma tournée des employeurs du jour pour me diriger vers le quartier Nord. Une petite balade ne me fera pas de mal, que ce soit pour trouver un angle à présenter au Blairoux, une manière plus fine de me comporter avec des êtres humains normaux ou même de renflouer mon compte sans être suspect.
Parce que bon, mon banquier a bien dû remarquer que je suis à découvert, là ; et que surtout, mon salaire du mois n’est toujours pas arrivé. Et ça, c’est pas vraiment normal chez quelqu’un qui avait cœur à posséder un livret toujours à flot et alimenté drôlement correctement pour le salaire qui allait avec. Comme si je ne faisais que très rarement des courses, tiens.

Oh, un héritage surprise, ça passerait ? Un peu gros, peut-être. Alors je pourrais tenter le coup des économies en liquide que je conserve depuis quelques années et que je décide de placer ? Reste le problème des numéros de série, j’imagine – tout paraît vrai, ou va falloir que j’en dilapide un peu de-ci de-là pour mêler le tout à de l’argent réel, pour que la suite passe sans problème ? Une solution, sûrement.

[Idem, merci pour le RP ♪]