Une clope au bec, j’erre dans quelques rues du quartier, avant que l’heure de notre rendez-vous sonne. Et, je dois l’avouer, avec une pointe de stress qui fait trembler d’un peu mes doigts.
C’est la première fois que je me retrouve dans ce genre d’emmerdes financières, en fait. J’ai déjà eu des problèmes d’argent ; pendant une vingtaine de mois, j’ai plutôt vécu avec un joli zéro sur mon compte en banque. Mais de là à avoir des dettes, jamais.
Qu’on se le dise, maintenant que je sais ce que ça fait, je peux clairement dire que je trouve ça insupportable.

J’écrase mon mégot contre le mur et le fourre dans mon cendrier portable, pour m’appuyer contre un mur, le regard vague. Comment tout ça fonctionne, alors ? On massacre des Ombres, et on se fait de la thune, voilà ? Ou bien, plutôt quelques quêtes, une récompense, et on est bon ? Va savoir. Parce que j’en sais rien de la façon dont il compte se procurer de l’argent, en fait.
M’enfin. Si je dois encore tenir la main d’une jolie femme pour toucher six mois de salaires, tout ça pourrait s’achever bien vite. Quoique, avec les pauvres capacités sociales dont j’ai fait preuves hier, je me demande bien si je peux toujours être aussi arrogant – allons, tutoyer si vite, quoi ? Alors que j’avais toutes les raisons de me faire tout petit ? Ah, j’enrage presque aussi peu de tenue.

Finalement, trop en avance, j’allume une autre cigarette et la déguste tranquillement, un œil plongé sur l’écran de mon téléphone. Site après site, page après page, je continue de fouiller chacune des offres d’emplois de bar de la ville, cherchant même les affaires en perdition pour proposer de les reprendre. Dans le fond, j’ai un CV plutôt correct – appréciable, même. Certes, pas de traces d’une quelconque grande école de commerce ou de boulot prestigieux, mais le chiffre du Dawn parlent pour eux-même. Je pense pouvoir dire sans briser tous mes principes d’humilité que je touche ma bille dans le domaine.
Donc, distraitement, je copie quelques adresses dans un coin bloc-note de mon appareil, puis remballe le tout avant que Maximillian arrive.

*J'ai trop de tune*

C'était ma pensée du jour alors que je ne parvenais plus à mettre dans mon inventaire ma console de jeu. Mince quoi. Le fric prend trop de place. Mais je peux pas le déposer en banque, j'ai rien pour justifier inrp sa provenance. Damn... Pis ça prends de la place dans la chambre. Si 'Man tombe dessus, elle va m'assaillir de question. Bon... Je vais devoir en jeter un peu. Ah non, mieux, je vais en donner à des clochard PNJ. Ça me ferait ptete des points bonus en réputation ! Ok let's go ! D'ailleurs, j'ai un rendez vous au Quartier Sud, je crois bien...

Ah oui avec le faux super saiyen ! Il me veut quoi déjà lui. Fin, je verrais quand j'y serais. En chemin donc, je donne 10 000$ à un clodo, puis à un autre, etc. J'en ai donné à dix environ. Ça allège vite fait mon inventaire. Ok, j'étais pratiquement rendu au point de rendez vous. D'ailleurs je vois le faux-super saiyen. Damn, il fume. Il capte vraiment rien aux super saiyens. Ça fume pas un super saiyen bon sang. Je m'approche de lui, je force un sourire et quand j'arrive à sa hauteur, je lui prends la clope avant de l'écraser au sol. En plus, j'ai déjà test, c'est dégueulasse ce truc.

"Mec, ça fume pas un super saiyen tu sais ? Sinon, pourquoi tu m'as demandé de venir déjà ? Pour chasser, c'est ça ?"

Je pondère gentiment quant à la raison, c'était probablement ça en vrai.

Ma clope échouée sous sa semelle, je prends un air ahuri quelques instants ; juste le temps de saisir ce qu’il vient de se passer. Euh, je suis pas censé être un faux Super Saiyen dans sa tête ? Genre, si je fume, ça pourrait pas confirmer son idée et tout ? Boh, va savoir, ça se trouve j’ai gratté quelques échelons après notre dernière mission. Ou pas, je n’en sais rien en fait.

Je récupère rapidement ma contenance, et lui tends la main, un sourire frais à la main. Je ne vais pas lui faire la gueule pour une pauvre cigarette, quand même – déjà, mon paquet n’est même pas à moitié entamé, et en plus j’ai de belles cartouches qui traînent dans ma chambre du QG. Donc, je suis encore tranquille de ce côté là.

« - Salut Max’ ! Hmm, comment dire … Plus ou moins ? Pour faire court, j’ai des dettes. Et je me suis dit qu’on pourrait faire quelques … Quêtes ? Ensembles, histoire de me renflouer un peu et aussi de mieux se connaître. T’en dis quoi ? »

A chaque fois que je retourne cette réplique dans ma tête, elle me paraît bien maladroite et sans pincettes. Surtout que ça fait vachement hypocrite, en fait. On se parle vraiment pas souvent, et là, paf, j’ai des ennuis, et je viens le voir aussitôt pour me renflouer. Ouais, décidément, je n’aime vraiment pas cette situation.

Bref. Poignée partagée ou non, je m’étire un coup et attends la suite des événements ; paré à faire des tas de choses surprenantes comme à simplement éliminer des Ombres. Quoique, je me demande s’il peut coupler les deux. Du style : en vaincre une en faisant un coup retourné, avec les yeux fermés, à cloche-pied … Je pourrais en trouver plein, tiens. Heureusement que je ne suis pas designer pour son pouvoir étrange, sinon je pense qu’il y serait déjà passé.
A moins qu’il soit un gymnaste accompli, aussi. Qui sait, ce gars renferme plein de qualités, après tout.

A l’instant où il résume le tout, j’affiche une grimace incontrôlable. Ugh, il vient de faire un sommaire parfait des choses, et ça ne me donne vraiment pas la part belle – enfin, à vrai dire, je ne l’aie pas. Mais bon, j’imagine que de me persuader que je suis un type bien ne fonctionne pas tout le temps, surtout quand c’est faux, hein ?
Alors, s’il refuse, je peux tout à fait comprendre. Et puis ça m’aura offert une petite balade dans des coins que je ne connais pas si bien, donc ça reste tout même un sortie intéressante.

Tout Maximillian qu’il, une fois le doute installé, il le balaye d’un revers et d’un sourire. Je réprime un soupir de soulagement lorsqu’il accepte joyeusement de m’aider, préférant être un type normal plutôt qu’une caricature théâtrale qui ressent douze émotions à la seconde. Pas que ce soit tout à fait faux, mais il y a une partie de moi que je préfère ne pas encore lui dévoiler, voilà tout.

« - Merci Max' ! Il me faut… Mille deux cents dollars, je crois. »

Ouais, si mes souvenirs sont bons c’est bel et bien ce que son devis disait. Quoique, même si je n’ai pas franchement vu le papier accompagné de toutes les jolies signatures d’expert, j’ai envie de le croire sur parole. Je suis bien trop dans le tort pour ça, surtout que de mon point de vue j’aurais imaginé quelques centaines de plus. Autant me sentir soulagé de ce prix et assuré de son honnêteté, alors.

Reste que je me questionne sur ses tarifs. Dix mille pour tenir la main d’Alice, ça me paraît assez … Eh bien, je sais pas, beaucoup non ? Va savoir. Peut-être que le standard chez lui c’est le million ; il n’a jamais été dit que Kyu ait un quelconque sens de la réalité du marché.

Dans une pure caricature de dessin animé, je laisse un de mes yeux se fermer à demi, marquant mon incompréhension momentanée. Mille deux cents, ce n’est rien pour lui ? Genre, une broutille, comme si je lui demandais de m’avancer deux dollars pour un ticket de métro ? Eh bah putain mon gars, je savais que tu te faisais du fric, mais là tu m’épates – même, j’admets que j’ai une partie de mes remords qui s’envolent bien vite. Un peu trop pour ma morale habituelle, d’ailleurs… Mais, ça a vraiment une importance ?
Je prends un sourire à mi-chemin de la franchise et de la gêne, et fourre un main dans ma poche, presque paré à le suivre.

« - Euuuh… Mes quêtes rapportent moins, tu vois … Mais ouais, j’ai ma journée, carrément même ! »

Ben, un mois de taf, et allez, je dépasse un peu les mille balles une fois les impôts passés, quoi. Loin de ses … Je sais pas combien, mais beaucoup. M’enfin, assez blablater sur ce sujet sans fin, la conclusion est simple : il est bien plus friqué que moi. Voilà, c’est clos.
Je scrute un peu les environs d’un coup de regard, avant de le ramener sur Maximillian, l’air plus naturel.

« - T’as une idée de par quoi commencer ? Des Ombres, un truc un peu différent ? »

Ok j’avoue, il y a un côté enfantin en moi qui lutte pour reprendre le dessus, là. Pas que j’ai tout à fait saisi le fond de ses capacités étranges, mais l’idée, c’est qu’on aura une quête. Et au risque de me répéter, j’aimerais bien qu’elle soit un peu funky, quoi ; ça pourrait être sacrément marrant à faire, tant est que ça ne risque pas sa vie.
Bref, allons y, quoi.

Ok, j'ai trouvé une quête qui donne 500$, mais je la mets de côté. C'est pas assez pour Howard. On va donc chasser du mob jusqu'à avoir une somme adéquate. Ses quêtes rapportent moins, bouarf, je dois avoir de la chance. Ou alors j'ai activé plus de pré-requis que lui parce que je suis un PGM. Mais bon osef, pour l'instant je lui réponds qu'on va partir chasser. Je l'invite donc dans ma team.

[Invitation dans l'équipe MaxyQuest. Nombre de membre actuel: 1. Accepter/Refuser]

Bon, ça c'est fait, je commence à marcher dans l'espoir de trouver un mob à dégommer. Évidemment, vu que j'ai pas mal de chance, après seulement environ dix minutes de marches, une ombre de niveau 1 pop. Et bien, ça commence bien ! Je crée un kekkaï, invoque ma lame avec un geste classe, puis me met en garde du faucon. Ok ! Je suis paré et prêt à la recevoir. Come on le mob, fonce sur moi !

Décidément, j’aime bien l’interface qu’il fait apparaître ; et elle m’arrache un sourire involontaire. Même si je suis loin d’être un joueur régulier – même, pour ainsi dire, ma dernière partie doit remonter à bien longtemps -, voir ce genre de trucs apparaître demeure un rêve de gosse. Bon, avec quand même sacrément moins de pixel qu’à l’époque, faut bien l’avouer.

Et donc, la grande quête commence. Laquelle ? Aucune idée, mais si mon désormais … Chef de groupe … Avance, eh bien je le suis. Jusqu’à ce qu’il finisse par s’arrêter, déployer un Kekkai, son arme et faire face à une bête. Pas bien large l’animale d’ailleurs, genre à la frontière entre l’ombre et l’Ombre, quoi.

Je lève les yeux au ciel, laissant mon camarade s’occuper de celle-ci, puis appelle mon pistolet et scrute les environs, bien décidé à ne pas me laisser ca… carr … Merde, comment elle disait déjà ? Bah euh, ne pas rien faire, quoi.
Alors, comme pour me donne raison, ou éviter que je m’ennuie, un membre du gang des rachitiques pointe le bout du nez à son tour, et vient se jeter à corps perdu sur moi, sans aucune espèce d’importance quant à sa survie.

Hmm. Bang, comme on dit, puis disparition. Suivante, donc ? Ou plus ? Allez, va savoir, mais j’ai bien envie de me dépenser un peu, juste histoire d’oublier un peu le stress que cette dette de mes deux me flanque depuis hier, quoi. Ah, en voilà deux autres.
Je lève mon arme à nouveau et me prépare à encaisser les suivantes, retombant un instant dans l’euphorie de mes débuts.

[Ombre 1 morte, deux 1 qui apparaissent]

Bon, à deux contre un, je m’y prends comment ? Elles sont trop proches pour que je les canarde sans respect, alors il va falloir que je m’y prenne presque au corps-à-corps ; et bon sang que je déteste cette distance bâtarde. Ouais, ça fait deux ans que je suis Contractant et que je râle quand j’en viens à moins d’un mètre, mais c’est plus fort que moi : je suis mal à l’aise de cette façon, voilà tout.

Faisons ça stratégique, alors. Je sprinte sur l’une, déployant un bouclier entre elle et moi juste avant l’instant fatidique du contact ; puis je pointe mon canon sur l’autre, et tire une première balle qui vient perforer son torse, sans la faire se dissiper. Merde, trop de précipitation, erreur de débutant. Je fais feu une seconde fois et la vois s’évaporer dans la foulée – puis, tranquillement, je fais des pas de côté pour esquiver l’autre bête qui grimpe tant bien que mal ma barrière. J’attrape mon pistolet par la crosse et assène un premier coup sur la plus ou moins tempe de mon adversaire, avant de l’enchaîner d’un deuxième et d’un troisième impact, écrasant ce qui lui sert de boîte crânienne. Bon, voilà ça de fait, déjà.

Je tourne la tête vers Maximillian, et hausse un sourcil quand je vois quelques billets à terre. Uhm, putain, on dirait vraiment un jeu-vidéo son truc en fait, c’est vraiment bien foutu. M’enfin, pas le temps de jouer au Picsou et de tout glaner pour le moment, je préfère m’occuper des prochaines Ombre. Parce que, ouais, j’ai l’impression qu’on est tombé sur une mine de faiblardes. Et c’est pas pour me déplaire, le combat sans risque.
Un petit sourire s’esquisse sur mon visage quand le nouveau challenger fait son apparition – et contre toute attente, voilà qu’elle monte en grade ! Peut-être qu’elle a grimpé jusqu’à une simple sous-nutrition, qui sait ?

[Ombre niveau 2]

*Slash*

Bim bam boum, Slash, bastoooooooon ! Combat, violence, sang, ah non pas de sang, souuuuuuuuuus !!! Voilà ce qui se passe quand l'ombre de niveau 2 arrive. Elle est morte à peine en dix secondes après que je sois arrivé sur elle. Damn, vraiment faible. Mais avec ça, on a déjà atteint plus de la moitié de la dette D'Howard. Il ne reste donc plus qu'à faire une quête qui sera beaucoup plus marrante. Alors, je l'avais gardé vite fait bien fait. Ah voilà, c'est celle là. Je la mets en quête commune pour le groupe.

[Embrasser sur la bouche 10 personnes différentes en moins d'une minute. Difficulté: Difficile. Récompense: 500$]

Bon voilà, elle est mise en commune. Honnêtement, seul c'est chaud mais à deux, ca fait 5 filles à embrasser en moins d'une minutes. Ce qui donne 12 secondes par nanas. Suffit ensuite d'aller dans la rue et paf, c'est fait.

"Ok Howard, chaud pour la quête ?" Dis-je avec un visage on ne peut plus sérieux.

Ah, mais ce ne serait pas un peu illégale comme quête, ça ? Je crois dans les maigres souvenirs de droits qu’il me reste, ça ressortait davantage de l’attouchement sexuel que du geste normal.
D’un autre côté, est-ce que j’en ai encore quelque chose à faire, de tout ça ? Ah, on me signale dans l’oreillette que oui – mais, je crois que je vais faire une exception aujourd’hui.
Faut croire que Carmilla avait raison en m’appelant gigolo, parce je ne saurais plus lui donne raison qu’en me pliant aux règles de Maximillian ; m’enfin, je vais peut-être me trouver une nouvelle voie professionnelle, qui sait ?

« - Bon. On compte jusqu’à dix, et ensuite on fait cinq chacun ? »

Disons qu’il a accepté, ce sera plus simple pour continuer sur mon idée. Sinon, eh bien, il faudra recommencer. Et toute éthique désormais oubliée, ma seule crainte est d’y perdre ma joue – tout Seraph que je suis, une gifle reste une gifle, quoi qu’on dise.
Sans plus attendre, j’entame mon compte, jusqu’à venir le conclure de ce si grand nombre.

« - … Dix. »

C’est parti. Au gong je m’éloigne du rouquin, mes victimes déjà repérées du coin de l’œil. Va falloir prendre des risques, donc.
Rapidement, je pose ma main sur l’épaule d’une vieille grand-mère, et m’empresse de lui rouler une pelle gentille, avant de m’éclipser tandis que ses yeux se perdaient à saisir la situation. Un pour moi, donc.
Numéro deux, j’aborde brièvement une dame aux allures de couguar, avant de passer à l’étape qui l’intéressant sans s’attarder davantage sur les étapes ; puis, provoquant une déception faramineuse chez elle, je m’en vais encore, mon méfait accompli.

Uh, encore trois. Les garçons aussi ça compte, non ? Je m’approche tout souriant d’un gaillard au téléphone, pose mes doigts sur le combiné sans qu’il ne puisse réellement comprendre la suite des événements. Alors j’achève l’action, mêlant un bref instant ses lèvres sombres au miennes, et je m’enfuis le pas rapide, tournant à un coin pour qu’il me perde de vue.
Merde, avec ma précaution je viens de perdre les deux derniers de vision. Pas les enfants, hein ? Bon, eh bien, trichons un peu alors – faisons deux d’un coup, parce que j’ai totalement perdu le fil de la minute, pour tout avouer.

Là, un couple. Reste ça, j’imagine. Je me dépêche, attrape la nuque du mec et lui ravale la façade en tout exagération, puis abuse encore et toujours de cette surprise momentanée pour faire la même chose à sa meuf. Et hop, ceci fait, je sprint pour retrouver le Blairoux, espérant vraiment qu’il soit parvenu à faire la pareille de son côté.
Sérieux mec, j’ai pas la foi d’aller embrasser cinq autres inconnus.

Ce n’est … Pas validé ? Genre, j’en ai embrassé cinq de personnes, non ? Et lui tout autant, je me trompe ? Alors pourquoi ça fonctionne pas encore ?
Grinçant presque des dents, je détourne le visage à la vitesse de l’éclair pour regarder le résumé de quête. Putain, il dit vrai sur le temps ; et pire encore, reste une personne à galocher. J’ai pas envie de recommencer à bécoter n’importe quel passant, au risque de me prendre une mandale par le premier sang-chaud que je croise.
D’un autre côté, cinq cents balles, quoi. Je ne peux pas laisser passer une occasion pareille, hein ?

Bon, bah, je crois que je n’ai pas le choix. J’inspire un grand coup – toujours très vite, parce que les secondes défilent quand même, quoique j’ai l’impression d’affronter Freezer vu ma vitesse de pensée -, fait face au rouquin, hésite un instant, puis me lance. Pas littéralement évidemment, mais je viens coller avec force mes lèvres sur les siennes, violant son intimité de toute ma volonté ; et surtout, de mon désespoir monétaire. Putain, je suis vraiment devenu un gigolo. Je te déteste Carmilla, toi et ton sarcasme prémonitoire.
Avant que Maximillian puisse protester, ou faire un coming-out sorti du chapeau, je recule rapidement, attendant presque à ruisseau de stress la validation de l’objectif. Je te promets, interface de mes deux, que si t’acceptes pas ça dans ton compteur, que je trouverais un moyen de te pourrir la vie. Et concept abstrait et magique ou non, sache que je vais te ruiner l’existence, crois-moi.

« - Euh… Ça a fonctionné ? »

Pitié, me balance pas une tirade pour m’annoncer un râteau, l’ami. Je n’éprouve pas la moindre attirance amoureuse ou sexuelle pour toi, c’était simplement pour … Eh bien, l’argent. A force de le répéter, je crois que je commence à accepter le fait, tiens.

C'est... C'est impossible ! Moi..? Moi le Grand PGM Maximillian ! Je viens de me faire prendre mes lèvres par le FSS ? Moi ? L'incroyable traqueur Seraph ? Par ce protecteur de mes deux ? Mais...Mais c'est impossible ! Je refuse d'y croire ! Je refuse d'admettre cette vérité qui hante mon esprit ! Le FSS pour le bien de la quête, m'a embrassé parce qu'il avait pas réussi à trouver une cinquième personne ! Mais c'est un noob !!!

Enfin, la quête est validée, c'est toujours ça. Mais...Mais... Je me sens violé dans mon plus profond de mon être. Même si c'est dans un jeu, j'ai bien ressenti sa salive, sa langue, la façon dont ses lèvres se sont collées aux miennes... Excalibur en est devenu minuscule, c'est pour dire. Je comprends ce qu'Etchou a ressenti... Va falloir que je m'excuse. Je secoue violemment la tête comme pour me réveiller d'un mauvais rêve tandis que 500$ tombe par terre ce qui prouve la validation de la quête.

"Howy... Tu... Tu..."

[Quête: Dire je t'aime à Howard Evans. Difficulté: Facile, Récompense: 10$]

"Ah mince... Euh, Je t'aime..."

Bon, j'empoche dix dollars, mais j'ai le sentiment d'avoir perdu quelque chose de super précieux dans le processus. Fin tant pis.

[Quête: Caresser la joue d'Howard Evans. Difficulté: Facile, Récompense: 20$]

Je m'en vais pour lui caresser la joue, comme le veut ma quête... MAIS IL A PAS DE BOOBS BON SANG !!! Fichu quête inutile !

Il vient de me faire quoi, là ? Une déclaration en bonne et due forme, surprenant bien exécutée quant on connaît l’animal ? Ahem, je suis un peu paumé dans ma réponse, là – pas que je ne sache pas de quel côté mon cœur penche, mais plutôt que ça me ferait mal de lui briser le cœur, à ce rouquin. Bon, ok, on sent qu’il se fait violence avec sa demande, mais ça doit être le traque ; sauf que le truc, c’est pas à la bonne personne qu’il s’adresse, en fait. Je dis pas que j’aimerais jamais les hommes, mais celui face à moi, en tout cas.

Je recule d’un pas, pour me dégager sans violence de la caresse, et prends un air gêné, quoique souriant. Bon, ça fait longtemps que ça ne m’était pas arrivé, il faut juste que je reprenne mes mots. J’inspire un coup, avance ma paume pour forcer une distance entre nous deux, et reprends la parole.

« - Écoute Maximillian, je t’apprécie, mais… Je préférerais qu’on reste simplement ami, désolé. »

Ouais, je viens de flanquer un râteau à un camarade. Mais si je n’ai pas envie de sortir avec lui, c’est bien mon droit, non ? Et puis, je suis persuadé qu’il parviendra à s’en remettre … J’ai comme l’impression que c’est un coureur de jupons, tiens. Au pire, s’il le faut, on ira chasser des Ombres ensemble souvent, même, on prendra un verre à l’occasion. Par contre, on oublie tout de suite d’autres quêtes du genre de celle-ci, sinon, ça va raviver sa blessure.

Bon, reste que je me demande combien on a glané depuis le début, là. Assez ? Pas assez ? Ah, je ne sais pas ce que je préfère, bordel. Ça pouvait pas se passer différemment ? Parce que je suis mal à l’aise là, en fait.

Je me sens mal, j'ai comme la nausée. Je veux dire, j'ai déjà embrassé Etchou, c'était pas super. Mais le FSS, c'est autre chose. Je sais que c'était pour la quête, mais le fait qu'une autre quête pop pour me demander de faire 'ça'. C'est... déroutant. Mais bon, je suis un PGM, et une personne telle que moi, ne recule pas devant l'adversité d'une quête. Donc je lui caresse la joue, je lui avoue un amour fictif alors que lui me répond aussi. Il dit qu'il veut bien qu'on reste ami. Ah...On était ami ? J'ai pas d'option ami dans mon interface donc je pourrais pas dire.


*...*

Ma tête se vide alors que je vois le contenu de la deuxième quête. Est-ce que...Est-ce que je suis vraiment obligé de dire ça ? Mince...

"Tiens, c'est l'argent de la quête plus ceux des ombres, ça devrait couvrir ta dette, spece de noob."

*Ah oui la quête, c'est vrai...*

"Ahem... Je serais toujours là pour toi, alors n'hésites pas à me contacter si tu as besoin."

Voilà, c'est dit. J'empoche mes 1$10, durement gagné. Le FSS, c'est un peu mon...mon...rival... AH mince, j'en peux plus ! Je veux le frapper !!!!


La quête pop... Je serre mon poing. Je vois que la quête donne beaucoup pour un contenu qui a pas l'air très difficile. Je crispe mon visage, je mets ma main tremblotante sur l'épaule droite d'Howy, mes traits du visage se font le plus amoureux possible alors que je le regarde. Je vais le frapper, encore quelques secondes le temps que j'empoche la récompense de ma quête, et je le frappe. Je le frappe jusqu'à ce que sa barre d'hp soit au rouge.


Ah...Je rage. Yep yep, je rage.

D’accord. Un instant j’ai eu l’impression que je saisissais ce qu’il passait par la tête de ce mec, et puis maintenant, j’ai compris que c’était juste une illusion. Du genre celle gigantesque, qui paraît tellement énorme que t’y crois, et qu’ensuite tu réalises ta connerie.
Mais donc, il voulait vraiment sortir avec moi, ou ce n’était qu’une quête ? Parce qu’après il m’a vite donné de l’argent et m’a balancé de belles paroles, avec un air bien loin de celui qui vient d’encaisser un râteau. Pas qu’il soit non plus un parangon de Soleil et de sourire, mais il a plus la face du mec dérangé par ses mots que par son cœur, quoi.

Je m’apprête à le remercier, quand il pose sa main sur mon épaule et m’adresse un regard presque empli de sentiments, encore à l’opposé total de son action précédente. Sérieux, on dirait que le comportement de ce mec est une suite de commandes sans logiques entre elles, comme s’il tentait de faire bugger la matrice en alignant les contraires. Et ça m’étonnerait pas que ça finisse par fonctionner un jour, tiens.
Sans bouger, je prends un regard sympathique mais ne bouge pas, à moitié curieux de voir ce qu’il va suivre – ou plutôt, de savoir sur quel bouton hasardeux son cerveau va décider d’appuyer ensuite.

« - Euh, merci beaucoup Maximillian, je t’en dois une, vraiment. Si tu veux qu’on continue, pas de souci, ou si jamais je peux t’aider pour quelque chose plus tard... »

Rien de salace là, qu’on soit d’accord. Juste que je déteste les dettes, et que ça me plairait d’offrir un verre à ce rouquin, sans déconner. Mais je ne vais pas encore étaler les raisons qui me pousseraient à faire ça, ce serait radoter mentalement – et je crois être encore un peu trop jeune pour ce genre de soucis. Quoique, je me demande si le fait d’être Contractant nous fait rentrer dans une nouvelle table d’âge ; comme avec les chiens, un truc comme ça.
Non, oublions l’idée, c’est absolument con.

Je me sens irrité, je sais pas pourquoi ! J'ai l'impression que le jeu fait tout pour m'ennuyer. J'ai envie de frapper sa face de FSS, mais ma quête me l'interdit. C'est pénible. Très pénible. Mais je dois jouer RP, je dois jouer ma quête. Je vais faire de mon mieux pour supporter ce type avec une arme de lâche. Bon Howy me remercie, j'acquiesce gentiment alors que ma quête se valide et que je reçois ma récompense pour lui avoir touché l'épaule et regarder de façon amoureuse. Je dois avouer, être super fort pour jouer la comédie.

Dans tout les cas, il me propose de continuer si je veux ou de m'aider plus tard si j'ai besoin. Nan c'est bon, en soi, je lui devais ça vu qu'il est venu parfois me sauver. Mais je dois avouer, ça me frustre.

"Nan, nan, c'est..."

[Quête: Répondre: Ce sera avec plaisir mon cher Howard. Difficulté: Facile. Récompense: 1$]

"... C'est... Ce sera avec plaisir mon cher Howard."

Bon j'en ai marre, je me casse. Et ainsi, je pars.

Logique, quand tu nous tiens. Il me dit qu’il est volontiers partant pour continuer à chasser, et ensuite il fait volte-face et s’en va comme s’il mettait vraiment un terme à notre séance. Je suis censé comprendre quoi de ça, en fait ? Qu’il n’a pas de temps à perdre et que je dois me grouiller, ou bien qu’une force divine nommée quête l’a contraint à cette phrase, mais que lui pense tout l’inverse ? Tout compte fait, je ne le connais pas encore assez pour trancher, tiens donc.
Je hausse les épaules un bref coup, puis me décide à déceler la vérité dans tout ça. Si c’était la deuxième option, j’espère qu’il n’y aura pas un redite du quiproquo.

« - Euh, attends. Ça veut dire qu’on va chasser des Ombres là, ou plutôt qu’on se dit au revoir et à la prochaine ? »

Ah ouais, je semble quand même assez paumé comme gars, là. Peut-être que le combo dettes, galoches inopinées, baiser sur roux et non-sens complet commence à m’attaquer sévèrement, en fait – et, ça me paraît logique, pour être honnête.
Bon, eh bien, solution de repli en attendant sa réponse. Je sors en vitesse une clope de ma poche, brandis mon Zippo préféré et l’allume sans problème, tirant une taffe dessus tandis que mon regard revient sur l’arrière de la touffe de mon camarade. Pas du tout une envie de prendre un air plus mystérieux ou de le forcer à me l’arracher encore, mais disons plutôt que ça me permet de  focaliser mes pensées sur autre chose que mon incompréhension : le cancer des poumons que je ne peux pas choper, parce que je suis Seraph. Et ça, sans déconner, c’est quand même plutôt agréable comme pensée : ok, je garde le malus de l’addiction, mais j’en crèverai pas. Ce qui est assez cool.

Inspiration, expiration. Aaaah, fiouuuu, ça fait du bien. Bon je suis calme, yep parfaitement calme, telle une rivière qui suit son cours, je suis complètement imperturbable. Ok je suis open, je vais taper du mob histoire de bien me calmer. C'est là que FSS m'interpelle une seconde fois pour me demander ce qu'on fait. Hein ? Bah c'est bon, on a fini, Hasta la vista baby comme on dit, nan ? Je veux dire, qu'est-ce qu'il veut qu'on fasse ? Chasser des ombres ensembles ? Ok, je sais bien qu'il a maintenant une aura orange et que ça ressemble un peu plus à un SS, mais on me l'a fait pas. Je sais très bien que c'est un FSS. Donc je lui répond catégoriquement.

"No..."

[Quête: Partager un moment de chasse intense avec Howard, tout en lui tenant la main. Difficulté: Extrême. Récompense: 50 000$]

Je file vers lui, et j'aggripe sa main.

"Allons chasser de l'ombre mec. Toi et moi, et on se lâche pas la main, compris ?"

Ok, je cours, à la recherche d'un mob, enfin de plusieurs mob, en tenant la main d'Howy. On va se faire masse fric là, c'est sûre. Faut juste que je supporte sa main. Mais je suis un PGM, je peux me battre avec une seule main, np np.

Je vais faire une concession avec moi-même. Une très simple, assez évidente et plutôt arrangeante. Simplement, décréter que, qu’importe ce que fera Maximillian, et aussi étrange que ce sera, j’arrêterai de me prendre la tête pour savoir si c’est de son propre chef, ou dû à ses quêtes. Parce que je vais pas m’en sortir, sinon.
Donc, chasser des ombres, la main dans la main, c’est ça ? Va falloir que je m’améliore avec la gauche alors, mais bon, tentons le coup. Et aussitôt ça pensé, je me fais emporté par l’élan de mon collègue, mue par une fougue sur laquelle je ne poserai encore aucune question.

Et puis, après une belle course menée par le Blairoux, on finit par arriver devant un petit repère à bêtes. Bon, pas de quoi nous décrocher la mâchoire de stupéfaction face à leur taille, mais avec le handicap main gauche que cette histoire apporte, on dira qu’affronter des maigrelettes n’est pas de tout refus.
Bref, ni vu ni connu, je déploie un Kekkai et brandis mon flingue droit vers une de nos ennemie, perçant l’air d’une balle dans la foulée. Et je rate magistralement ma cible. Ah, merde, faut croire que je ne suis vraiment pas doué de ce poignet-là. Alors, j’enchaîne un deuxième, puis un troisième tir, transperçant par miracle la caboche du monstre ; si on commence à monter en gabarit, je prie pour que mes compétences décident de virer ce cap de niveau, parce que sinon j’ai l’impression que ma survie dépendra des talents du rouquin.

M’enfin, il en reste encore quelques unes. J’en fiche une nouvelle en mire, et me replonge dans la concentration traditionnelle précédant le feu, visant vainement le haut du crâne de ma cible. Oh, et puis ça va bouger dès qu’elles seront au contact aussi, non ? Je veux dire, j’ai eu du bol d’en faire une presque tranquillement, mais ça m’étonnerait que les coups d’escrimes du gaillard de à l’autre bout de mon bras n’aient aucune répercutions sur mes appuis.

[Ombre 1 morte]

Eh bien, voilà que ça bouge du côté de ma moitié épéiste, tiens. Un coup il frappe, l’autre il pourfend, et le dernier il récupère son équilibre en m’arrachant une bonne partie du mien – et forçant quelques balles au passage à aller s’encastrer dans un mur, ou, par je-ne-sais quelle miracle, dans la poitrine d’une autre rachitique.  Bref, son plan me semble plutôt cohérent, en fait : il schlasse celles qui approchent, et j’explose celles qui sont loin. Ouais, ça tombe sous le sens, même.

Au bout de quelques minutes, je commence à plus ou moins parvenir à balancer entre les déplacements imprévisibles de Maximillian, et ma précision hasardeuse de la main gauche. Bon, pour être tout à fait honnête, j’ai opté pour la stratégie du cocu : je vise volontairement à côté, et je prie pour que toutes les inconnues de l’équation en annule le résultat pour que le tout finisse dans la caboche de la bête. Et sans déconner, la plupart du temps ça marche. Ou du moins, ça touche déjà une partie de son corps, ce qui représente déjà une bonne chose.
Mais reste que c’est assez sportif comme chasse, honnêtement. On s’occupe d’animaux de petites envergures, et je sens déjà que mon endurance en pâti déjà un peu – presque comme si l’on s’attaquait à des êtres de l’envergure de celle que l’on a croisé avec Lenna. Ok, j’exagère peut-être un peu sur la comparaison, mais l’idée est là : c’est moins facile que c’en a l’air.

Et puis, finalement, le troupeau commence à s’effacer, laissant place au potentiel chef de meute. Plus grande, plus forte, plus effrayante ; de quoi faire frissonner un rookie, ou bien foutre sur leur gardes deux types gradés prétendument expérimentés. Du bon challenge quoi, si je commence à saisir la façon de voir les choses de mon camarade.

[Que des Ombres de niveau 1 avant, maintenant une 7 vient d’apparaître]

Ok, erreur stratégique. J’y suis allé un peu trop gentiment sur les petites, et voilà qu’un cercle un peu trop serré commence à se former autour de nous, comme si on avait besoin de cet handicap en plus de celui déjà bien conséquent que forme leur maman. Oui, j’ai décidé que la plus imposante serait la mère de toute, histoire de … Eh bien, sans raison, autre que ça m’a fait marrer mentalement quand j’y ai songé. Ce qui fait très pensée de mec torché ; fait étrange, sachant que je suis plus sobre que sobre. Qui sait, c’est peut-être le fait d’enchaîner les quêtes absurdes qui m’attaque la raison ? Bah, reste que j’ai du travail sur la planche.

J’encaisse les zigzags fous de mon rouquin en lice pour la place de préféré, puis pointe une énième fois mon canon vers les Ombres en plein assaut, déchirant le crâne de la plus proche d’un simple balle ; puis, douteux d’enchaîner assez vite, je me mets à mon tour à me dandiner au bout de ma main. J’esquisse un coup, abats ma crosse sur la tempe d’une et explose une dernière – ensuite, rebelote.
Bon, je fais moins le malin parfois, aussi. Des doigts griffus viennent me déchirer de minces lambeaux de peau, profitant des moments où le déséquilibre dû à notre duo étrange prend le dessus sur ma volonté.

Le temps passe – ou plutôt quelques secondes -, et j’en viens à éliminer la moitié de nos assaillantes, commençant à sentir le contrecoup d’autant de tirs. J’espère que le Blairoux s’en sort bien de son côté, car je lui laisse honnêtement le plus gros travail, en fait. A sa place, avec une génitrice de cette taille face à moi, je doute pouvoir m’en sortir aussi bien au corps-à-corps. Non, sans déconner, déjà que je suis une buse au contact, alors avec un malus en plus, je ne donne pas chère de ma peau.

Je tire, je tire, puis je pars. Littéralement, sur le côté, entraîné par un coup brutal de mon camarade, ne me ramassant pas au sol uniquement grâce à un heureux réflexe – enfin, heureux, heureux, pas tout à fait. Disons juste que pendant que ma tête valdinguait à l’ex-position du Blairoux, j’ai vu un OVNI griffu apparaître soudainement dans mon champ de vision et que j’ai réagi assez vite pour l’éviter, tout comme pour me rétablir un équilibre sommaire. A un rien il me faisait la mèche celui-ci, ç’aurait été con, quand même.

Le manège plus ou moins stabilisé, ma tignasse se relève et j’aperçois le reste de l’apéro qui s’approche de nous, bien décidé à arracher la moindre de nos tripes. De la gueule, mais pas, malheureusement pour elle, juste de la gueule. Pas encore à bout de souffle, j’achève deux belligérantes et ne m’occupe pas de l’antépénultième à cause d’une lame qui vient s’immiscer dans mon champ de vision. Je détourne le regard, découvre que la maman s’est faite vaporisée, souris, puis reviens à mon extermination de nourrissons. Bon, bon, mon collègue a fini sa part du travail, j’imagine que c’est à moi de faire de même, et rattraper en même temps mon retard.
Coup de crosse, gâchette frappée, et voilà que le bal s’arrête, par manque de danseurs. Je ramène mes iris vers le détenteur des poils roux, remarquant au même moment la masse d’argent sur le sol. Ah ouais, quand même, il y a au moins une dizaine de milliers dans ce tas, ça déconne pas ses quêtes – je comprends mieux la difficulté, d’un coup.

« - Eh bien, c’était quelque chose, ça ! Ça n’a jamais vraiment été mon trip de chasser, mais j’te concède que je me suis bien amusé. Je commence à être claqué par contre, tu m’en veux pas si je t’abandonne lâchement pour le reste ? »

Autant être honnête, j’ai quand même un peu trop abusé question chargeurs vidés. Ce serait con qu’on finisse par être sérieusement blessé tout de même ; et avec les handicaps que ses missions apprécient nous coller, je doute pouvoir tenir encore des heures.

Peuh, avec ses mots, il me donnerait presque envie de rester pour lui donner tort, tiens. Sauf que, bon, ce sera pour une autre fois. Une où j’économiserai un peu plus mes balles, histoire de mieux gérer mon endurance, quoi ; mais, reste que je lui mettrai sa misère ce coup-ci, par contre.
Bref, donc, partager ? Eh bien, si je prends la moitié de ça, ça fait quand même un paquet d’argent conséquent, vraiment, conséquent. Je me sentirais mal d’amasser autant de pognon sans rien faire, donc autant pas tout à fait faire du cinquante-cinquante.

Je m’avancer vers le tas et en récupère une partie, peut-être un dixième, un peu plus qui sait, je souris au Blairoux, et je commence à m’en aller, tranquillement.

« - J’vais prendre que ça, je saurais pas où ranger le reste sinon. Merci pour tout, l’ami ! Rentre bien, et fais attention à toi. »

Mine de rien, ça remplit déjà déjà entièrement mes poches et mes bras toutes ces conneries, alors en prendre plus aurait été un vrai calvaire jusqu’à la voiture. Je ne sais pas comment il fait de son côté pour transporter des sommes aussi conséquentes sans souci, mais je m’imagine bien qu’il a une combine. Avec autant d’interfaces vidéo-ludiques comme il en a, un compteur d’argent doit bien pouvoir se fignoler. Ou alors une espèce d’inventaire, quelque chose dans le genre.

M’enfin, voilà une affaire de réglée. Moi qui avait peur de demeurer endetté et de perdre la face vis-à-vis de ce Maeru, voici que j’ai même bien trop pour le payer. Une bonne partie ira dans quelques réparations quant à mon épave tiens, ça lui fera pas de mal. Et le reste, eh bien, dans l’alcool et de la bouffe, peut-être. Mais tout ça purement dans une étude professionnelle de ces liqueurs, hein ? Pour mes futurs entretiens d’embauche que je vais rater, rien de plus.